Parler comme on pense, et agir comme on parle, c’est là seulement qu’est le ridicule, puisque l’inconséquence a été par moi érigée en principe, et que le premier mot de mon évangile est : « Faire comme tout le monde. » Alceste est un homme logique. […] C’est qu’après toutes nos révolutions et les principes de 89, dont on fait si grand étalage, nous sommes encore aussi embéguinés de conventions sociales que pouvait l’être un courtisan du roi-soleil ; c’est que nos gouvernants ont changé, et non pas nos mœurs. […] Diafoirus dit avec admiration de son fils, qu’on eut toutes les peines du monde à lui apprendre à lire, et qu’à l’âge de neuf ans il ne connaissait pas encore ses lettres, vous verrez éclater, sur le visage de Mlle Augustine Brohan, un ravissement qui est des plus comiques ; et quand il ajoute : « Il est ferme dans la dispute, fort comme un Turc sur les principes, » etc., elle se penche vers sa jeune maîtresse, comme pour lui dire, avec des manières de compliments : « Allez-vous être heureuse ?… Un mari qui est fort comme un Turc sur les principes… » L’actrice, au lieu de tirer le public à soi, le ramène sans cesse à l’acteur qui parle, ou plutôt à Molière.
Je l’ai déjà fait entendre, la répétition pour laquelle les comédiens sont rassemblés, ne peut être qu’un prétexte, ou, si l’on veut, qu’un principe d’action propre à faire naître des incidents, des épisodes satiriques, tels que cette plaisante imitation du jeu des comédiens de l’hôtel de Bourgogne ; cette arrivée d’un marquis ridicule qui assomme Molière de ses questions, et les actrices de ses fadeurs ; enfin, cette dispute si heureusement imaginée, où Molière, blâmé d’un excès de modération envers ses ennemis, les accable, les écrase par la manière même dont il démontre qu’il a dû les ménager.
On peut dire qu’il se méprit un peu dans cette dernière pièce, et qu’il ne se contint pas dans les bornes du pouvoir de la comédie : car au lieu de se contenter de blâmer les mauvais médecins, il attaqua la médecine en elle-même, la traita de science frivole, et posa pour principe qu’il est ridicule à un homme d’en vouloir guérir un autre.
Ce philosophe, chargé de présider à l’éducation de Chapelle, fils naturel de l’Huiller, maître-des-comptes, et voulant donner des émules à son élève, admit à ses leçons Bernier, Cyrano, Pocquelin ; bientôt il est enchanté de la docilité, de la pénétration de celui-ci, et lui enseigne, non seulement la philosophie d’Épicure, mais lui donne encore les principes de cette philosophie pratique, plus douce, plus utile, et que nous lui verrons mettre en action dans toutes ses pièces. […] Précis de Il Principe Geloso, Tragi-Comédie en cinq actes. […] Dans Il Principe Geloso, Arlequin, simple domestique, sert d’espion au roi.
Quant aux jansénistes, ils étaient brouillés par principe avec les spectacles.
Molière, guidé toute sa vie par de tels principes littéraires, hésitait à livrer à l’impression l’Ecole des Maris, ce chef-d’œuvre, et Molière avait alors trente-neuf ans, âge qui le rendait parfaitement susceptible d’apprécier la valeur de son génie. […] On lui inculpe quelquefois, même à coups de poings, les principes nouveaux de la littérature.