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84. (1739) Vie de Molière

Au sortir du collège, il reçut de ce philosophe les principes d’une morale plus utile que sa physique, et il s’écarta rarement de ces principes dans le cours de sa vie. […] La disproportion d’âge, et les dangers auxquels une comédienne jeune et belle est exposée, rendirent ce mariage malheureux ; et Molière, tout philosophe qu’il était d’ailleurs, essuya dans son domestique les dégoûts, les amertumes, et quelquefois les ridicules, qu’il avait si souvent joué sur le théâtre. […] La populace, qui ne connaissait dans Molière que le comédien, et qui ignorait qu’il avait été un excellent auteur, un philosophe, un grand homme en son genre, s’attroupa en foule à la porte de sa maison le jour du convoi : sa veuve fut obligée de jeter de l’argent par les fenêtres ; et ces misérables, qui auraient, sans savoir pourquoi, troublé l’enterrement, accompagnèrent le corps avec respect.

85. (1682) Préface à l’édition des œuvres de Molière de 1682

S’il fut fort bon Humaniste, il devint encore plus grand Philosophe.

86. (1846) Quelques pages à ajouter aux œuvres de Molière (Revue des deux mondes) pp. 172-181

Aimé Martin a confirmé cette opinion par un curieux passage du philosophe Locke, qui, se trouvant à Montpellier en 1676, trois ans seulement après la mort de Molière, écrivait les lignes suivantes : « Recette pour faire an docteur en médecine.

87. (1877) Molière et Bourdaloue pp. 2-269

Cela déconcertait l’idée qu’il se faisait du philosophe. […] cet homme, le premier de notre temps pour l’esprit et pour les sentiments d’un vrai philosophe, cet ingénieux censeur de toutes les folies humaines, en a une plus extraordinaire que celle dont il se moque tous les jours !  […] Il ôte aussi de là le prince des philosophes anciens, Platon, et n’y laisse Aristote que fort ébréché. […] C’est, disent-ils, à quoi l’on reconnaît le philosophe, l’homme qui a sondé les profondeurs du cœur humain. […] Il y en a d’une troisième catégorie : ce sont les philosophes et les politiques, qui avoueront volontiers que le goût du théâtre est un mal ; mais c’est un mal agréable, ils l’érigent en mal nécessaire.

88. (1881) Molière et le Misanthrope pp. 1-83

Il ne faut pas l’oublier : Molière était philosophe, et de l’école d’Épicure ; il traduisit Lucrèce, il aima Gassendi. […] Ce ne fut point là, certes, une jeunesse mélancolique, et ni le comédien, ni le philosophe ne purent concevoir alors, ou je me trompe beaucoup, cette haine de l’humanité qu’Alceste devait professer un jour. […] qu’il s’enferme à la Trappe ; car de l’envoyer convertir les sauvages, il n’y a pas de raison : les sauvages mêmes ne le supporteraient pas. — Non, décidément, puisque les hommes ne sont pas parfaits et ne peuvent le devenir, le plus sage est encore de les prendre tout doucement comme ils sont  ; et le flegme aimable de Philinte est plus philosophe que l’éternelle bile d’Alceste.

89. (1772) De l’art de la comédie. Livre second. De ses différents genres (1re éd.) [graphies originales] « CHAPITRE XXXV. Du contraste des Caracteres. » pp. 386-397

J’observe comme vous cent choses tous les jours Qui pourroient mieux aller prenant un autre cours ; Mais, quoi qu’à chaque pas je puisse voir paroître, En courroux, comme vous, on ne me voit pas être : Je prends tout doucement les hommes comme ils sont : J’accoutume mon ame à souffrir ce qu’ils font ; Et je crois qu’à la Cour, de même qu’à la ville, Mon phlegme est philosophe autant que votre bile.

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