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77. (1886) Molière, l’homme et le comédien (Revue des deux mondes) pp. 796-834

Dans tout cela, il faut le reconnaître, la pensée maîtresse du siècle, l’idée chrétienne tient fort peu de place. […] Jamais un médecin n’a parlé ni ne parlera de la sorte ; c’est Molière lui-même qui exprime sa propre pensée avec insistance, avec acharnement, car la tirade est très longue et je n’en donne que l’essentiel. […] Mais de pareils états d’esprit ne donnent point la véritable pensée d’un homme. Tout démontre, au contraire, qu’il aimait passionnément son art, qu’il y rapportait toutes pensées, qu’il s’y donnait corps et âme.

78. (1866) Petite comédie de la critique littéraire, ou Molière selon trois écoles philosophiques « Première partie. — L’école dogmatique — Chapitre premier. — Une leçon sur la comédie. Essai d’un élève de William Schlegel » pp. 25-96

Assurément non, et si c’était là sa pensée, je la laisserais à comprendre aux critiques français, qui s’extasient mal à propos à tous les endroits tragiques de leurs poètes comiques, et apprécient peu la pure comédie. […] Le but sérieux que je me proposerais d’examiner et de réfuter toutes ces erreurs ; le respect qu’on doit toujours garder pour la pensée d’autrui, lorsqu’elle est raisonnée et sincère ; la nécessité pénible d’avoir à répéter des sottises, et surtout ma préoccupation constante d’être un interprète à la fois intelligible, intelligent et fidèle : tout cela m’interdirait la gaieté. […] On y trouve de fortes études psychologiques et des sentences bonnes à noter dans un recueil de pensées choisies. […] L’ancienne poésie, au contraire, était de la poésie démocratique ; on s’y résignait à l’anarchie, plutôt que d’enchaîner l’imagination du poète, relativement aux desseins et à la conduite qu’il prête à ses personnages, comme à l’égard des pensées isolées, des allusions du moment et des saillies imprévues.

79. (1838) Du monument de Molière (Revue de Paris) pp. 120-

Savez-vous comment ont agi les comédiens ordinaires du roi, dès qu’ils ont eu la généreuse pensée de faire connaître Molière à la France par un monument ?

80. (1866) Petite comédie de la critique littéraire, ou Molière selon trois écoles philosophiques « Introduction » pp. 3-17

Ce sont moins des écoles que trois différents esprits de la critique, et, pour ainsi dire, trois moments par lesquels doit passer successivement la pensée de tout homme qui, dans ce siècle où chaque chose est mise en question, examine la question de la critique littéraire : 1º le moment dogmatique (l’esprit humain affirme d’abord) ; 2º le moment critique (c’est vraiment la crise de l’intelligence ; nous ne croyons plus : resterons-nous sceptiques ?) 

81. (1772) De l’art de la comédie. Livre troisième. De l’imitation (1re éd.) [graphies originales] « CHAPITRE XXV. » pp. 500-533

 Belle Philis, c’est trop, c’est trop souffrir : Rompons ce dur silence, & m’ouvrez vos pensées. […]   Mais, Philis, une pensée   Vient troubler ce doux transport, Un rival, un rival...

82. (1809) Cours de littérature dramatique, douzième leçon pp. 75-126

L’habitude de vivre par la pensée dans une autre sphère que celle où l’on est, occasionne des erreurs qui se ressemblent toutes, et qui n’offrent entre elles aucune gradation ; aussi peuvent-elles amuser dans une petite pièce, sans mériter le grand appareil d’une comédie en cinq actes. […] Le poète a voulu montrer comment celui qui conçoit une grande pensée est longtemps arrêté par l’esprit vulgaire et borné de ses contemporains, et comment l’ardeur de son enthousiasme finit par triompher de tous les obstacles. […] M. de Humboldt l’aîné a inséré, dans les Propylées de Goethe, un morceau sur la déclamation française, écrit avec autant de finesse d’observation que de profondeur de pensée.

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