Comme Molière avait rempli le principal rôle dans ses deux derniers ouvrages, et que la verve comique de son jeu y avait été fort goûtée, ils affectèrent de louer le comédien aux dépens de l’auteur ; ils convinrent que Molière était un fort bon mime qui, par ses gestes et ses grimaces vraiment risibles, faisait beaucoup valoir des scènes grossières et insipides ; mais forcés de reconnaître son talent pour la farce, ils voulurent l’y renfermer ; ils lui firent, pour ainsi dire, défense d’en sortir, le menaçant des choses les plus humiliantes, s’il osait franchir ce cercle étroit où ils l’emprisonnaient ; en un mot, ils le déclarèrent incapable de jamais réussir dans le genre noble et sérieux. […] La Fontaine, qui paya d’une si tendre et si noble reconnaissance les bienfaits du généreux Fouquet, assistait à la fête de Vaux, dont il nous a laissé une description en prose mêlée de vers, pleine à la fois de négligence et de charme.
Il mêloit d’ailleurs des sentiments si fiers & si nobles aux enfantillages de l’amour-propre, que tout cela ensemble n’avoit rien que d’intéressant. […] Allons, cédons au noble transport qui nous anime ; écrivons, instruisons l’univers . .
« [*]La nature, qui semblait avoir épuisé ses dons en faveur de Molière, parut en être avare pour les poètes qui vinrent après lui : on négligea la perfection des plans et de l’intrigue ; on dédaigna les caractères, on abandonna la noble simplicité de sa diction ; et soit incapacité, soit indolence dans les auteurs qui suivirent ce grand homme, ses ouvrages occupèrent longtemps seuls le théâtre français, avec la supériorité et la justice qui leur étaient dues ; enfin les spectateurs, lassés d’attendre un génie capable d’imaginer avec l’art de Molière des fables nouvelles, et d’imiter aussi heureusement celles des anciens, refusèrent leurs applaudissements à des comédies qu’on leur présenta, parce qu’elles étaient dénuées d’intrigue, ou qu’elles en étaient trop chargées. […] Le sens droit de Madame Jourdain, la complaisance intéressée de Dorante, la gaieté ingénue de Nicole, le bon esprit de Lucile, la noble franchise de Cléonte, la subtilité féconde de Covielle, et la burlesque vanité des différents maîtres d’arts et de sciences, jettent encore un nouveau jour sur le caractère de M. […] Mardia, ballet et comédie*, Avec très bonne mélodie, Aux autres ébats succéda, Où tout, dit-on, du mieux alla, Par les soins des deux grands Baptistesb, Originaux, et non copistes, Comme on sait, dans leur noble emploi Pour divertir notre grand roi.
La femme d’un des meilleurs comédiens que nous ayons eus a donné ce portrait-ci de Molière : Il n’était ni trop gras, ni trop maigre ; il avait la taille plus grande que petite, le port noble, la jambe belle ; il marchait gravement ; avait l’air très sérieux, le nez gros, la bouche grande, les lèvres épaisses, le teint brun, les sourcils noirs et forts, et les divers mouvements qu’il leur donnait lui rendaient la physionomie extrêmement comique. […] Il faisait de son bien un usage noble et sage : il recevait chez lui des hommes de la meilleure compagnie, les Chapelle, les Jonsac, les Desbarreaux, etc., qui joignaient la volupté et la philosophie. […] Molière ayant suspendu son chef-d’œuvre du Misanthrope, le rendit quelque temps après au public, accompagné du Médecin malgré lui, farce très gaie et très bouffonne, et dont le peuple grossier avait besoin ; à peu près comme à l’opéra, après une musique noble et savante, on entend avec plaisir ces petits airs qui ont par eux-mêmes peu de mérite, mais que tout le monde retient aisément.
C’est ainsi qu’elle donne, pour marraine, à Louis, son second fils, la femme « de noble homme Jehan Ledoux, président à Joigny », et à sa seconde fille, la femme du chirurgien Lirot, valet de chambre du roi. […] Quand on est comédien d’une Altesse Royale, peut-on faire moins que quitter un nom bourgeois, pour en prendre un des plus sonores, précédé de la noble particule ? […] Il lui semble qu’il n’existe plus d’obstacles pour qu’elle devienne comtesse de Modène et pour que sa fille reprenne possession des droits de sa noble naissance. […] Il se prétendit noble, cria bien haut qu’à Toulouse sa famille tenait au Capitoulat, et on finit par le croire, d’autant mieux que bientôt des titres véritables, des dignités d’importance servirent de vernis à cette noblesse de fraîche invention. […] S’il s’abaissait jusqu’à la comédie, il fallait qu’elle n’eût pas-moins de cinq actes, et fût du genre le plus noble possible.
Mardi, ballet & comédie, Avec très bonne mélodie, Aux autres ébats succéda, Où tout, dit-on, des mieux alla, Par les soins des deux grands Baptistes44, Originaux & non copistes, Comme on sait, dans leur noble emploi Pour divertir notre grand Roi.