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104. (1874) Leçon d’ouverture du cours de littérature française. Introduction au théâtre de Molière pp. 3-35

C’est bien le Contemplateur, avec ce profond regard où éclate la force de la pensée, et ce front où semble errer encore un triste nuage de mélancolie, fatal attribut de tous ceux à qui il a été donné de scruter et de connaître la nature humaine. […] Les siècles ont transformé la société, ils ont enseveli les pompes fastueuses de Versailles; il n’y a plus ni roi, ni cour; mais l’homme n’a point changé; nos travers ont pris un autre nom, un autre habit sans rien perdre de leur nature, et en riant des Sganarelle, des Géronte, des Trissotin, des Purgon, des Orgon, de M. […] Les serviteurs de Joachim, à cette nouvelle, expriment leur joie, à laquelle, dans leur chant alternatif, ils associent assez poétiquement la nature entière : Les pastourelles chanteront, Pastoureaux jetteront œillades Les Nymphes les écouteront, Et les Dryades danseront Pan viendra faire ses gambades, Revenant des champs Elysées ; Orpheus fera ses sonnades ; Lors Mercure dira ballades, Et chansons bien autorisées. […] Adieu, mon fils. — Adieu, mon père, Lié suis, de bref je mourrai. » Voilà qui est touchant, pathétique et simple ; c’est la nature qui parle, et l’Iphigénie de Racine n’a peut-être pas fait couler plus de larmes que ce naïf dialogue.

105. (1885) La femme de Molière : Armande Béjart (Revue des deux mondes) pp. 873-908

Que l’on se rappelle son portrait dans le Bourgeois gentilhomme : sa beauté toute dans le regard, le sourire et les manières, cette beauté, où la nature a la moindre part et la volonté de plaire la plus grande était, par excellence, une beauté coquette. […] Sans pousser plus loin qu’il ne convient la ressemblance du personnage et de l’actrice, il est probable que celle-ci n’eut pas trop à violenter sa nature pour entrer dans l’esprit du rôle, et qu’Angélique, avec son humeur impérieuse et son ironie froide, ne pouvait être mieux représentée que par Armande. […] Toute profession très absorbante, — et aucune plus que celle-là ne prend son homme tout entier, — imprime une marque spéciale aux idées et au langage ; quelle que soit l’originalité de caractère que la nature ait donnée à un comédien, il sent et pense, voit et parle d’une manière qui lui est plus ou moins commune avec tous ceux qui montent sur les planches. […] Il y a trop de faits précis articulés, trop de détails complaisamment énumérés sur des actes qui, par leur nature même, ne sont exactement connus que des seuls participans. […] Mais il est fâcheux pour Molière qu’une fois marié il n’ait pas pris à son égard une attitude nette et n’admettant aucune interprétation de nature à froisser Armande.

106. (1900) Quarante ans de théâtre. [II]. Molière et la comédie classique pp. 3-392

Coquelin semble avoir été formé à plaisir par la nature pour les rendre à merveille. […] On est raseur par nature, on peut très Lien n’être fâcheux que par circonstance. […] Car il viole une loi de nature. […] Mais l’important, c’est de montrer sa propre nature à travers le personnage, c’est de rester soi. […] Peut-être l’avait-il pris simplement dans l’observation de la nature.

107. (1899) Salut à Molière, dit par Coquelin cadet, le soir du 15 janvier, pour le 277e anniversaire de la naissance de Molière, sur la scène de la Comédie-française pp. 3-8

Il voit aux prises la nature et la société, il devine l’éternel drame des passions mêlé aux passagères comédies de son temps.

108. (1852) Molière, élève de Gassendi (Revue du Lyonnais) pp. 370-382

J’accoutume mon âme à souffrir ce qu’ils font… Oui, je vois ces défauts dont votre âme murmure Comme vices unis à l’humaine nature; Et mon esprit enfin n’est pas plus offensé De voir un homme fourbe, injuste, intéressé, Que de voir des vautours affamés de carnage, Des singes malfaisants et des loups pleins de rage. […] Passe pour sa morale, mais le reste ne vaut pas la peine que l’on y fasse attention. » Chapelle, à son tour, s’écrie : « que Descartes n’a formé son système que comme un mécanicien qui imagine une belle machine sans foire attention à l’exécution ; le système de ce philosophe est contraire à une infinité de phénomènes de la nature que le bonhomme n’avait pas prévus. » Chapelle l’accuse encore d’avoir rêvé, ne lui accordant d’autre éloge que d’avoir mieux rêvé qu’homme au monde, quand il n’a pas pillé ses rêveries.

109. (1663) Nouvelles nouvelles pp. 210-243

Il y en a de si naturelles qu’il semble que la nature ait elle-même travaillé à les faire. […] Ce sont des portraits de la Nature qui peuvent passer pour originaux.

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