Il gouvernait les mœurs de son temps ; au contraire Iffland et Kotzebue se laissaient gouverner par les mœurs du leur ; ils n’ont pas su les franchir et s’élancer au-delà. […] Ce sont ces séjours en province, l’étude qu’il faisait des mœurs, des traditions, des caractères et même du langage, des patois de la province, qui permirent à Molière de mettre au théâtre des types si divers de provinciaux, gentilshommes prétentieux comme M. de Sotenville, ou gens de peu, comme l’huissier Loyal de Tartuffe ou les paysannes de Pourceaugnac. […] Il est mort, ce Grand Réformateur de tout le genre humain, ce Peintre des Mœurs, cet Introducteur des Plaisirs, des Ris et des Jeux, ce Frondeur des vices, ce redoutable Fléau de tous les turlupins ; et pour tout renfermer en un seul mot, ce Morne de la terre qui a si souvent diverti les dieux.
Molière n’exagère rien ; il peint très exactement les mœurs de son temps. […] Quel que soit l’agrément d’une poésie brillante, épigrammatique, spirituelle — et la poésie n’est pas partout à sa place — on ne fait pas une comédie sans l’originalité, sans la vérité des caractères et des mœurs, avec des vers d’épitre ou de satire. […] On l’étudie avec intérêt au point de vue de la langue, de la littérature et de l’histoire des mœurs, mais elle ne se prête plus à être jouée. […] Autres temps, autres mœurs !
Qu’un Auteur tâche, par ses talents, & sur-tout par ses mœurs, de mériter l’estime des Grands ; il le doit.
Quoi qu’il en soit, Moliere n’en a pas moins tort : imiter n’est pas copier ; c’est accommoder un ouvrage étranger aux mœurs, aux usages, au goût de son pays : par conséquent Moliere devoit imiter l’Auteur Espagnol de façon à rendre sa piece aussi propre à son théâtre que l’Auteur Italien l’a rendu propre au sien.
Peut-être la nature même du pays, qui était fort peu connu, et les mœurs extraordinaires de ses habitants suffisaient pour attirer son attention.
Dans les classes inférieures, le préjugé qui asservit la femme subsistait encore, malgré l’adoucissement des mœurs.