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64. (1739) Vie de Molière

Son père, Jean-Baptiste Poquelin, valet de chambre tapissier chez le roi, marchand fripier, et Anne Boutet, sa mère, lui donnèrent une éducation trop conforme à leur état, auquel ils le destinaient : il resta jusqu’à quatorze ans dans leur boutique, n’ayant rien appris outre son métier, qu’un peu à lire et à écrire. […] On prouva que Molière n’avait connu la mère qu’après la naissance de cette fille. […] On joua la même année la comédie de la Mère coquette, du célèbre Quinault ; c’était presque la seule bonne comédie qu’on eût vue en France, hors les pièces de Molière, et elle dut lui donner de l’émulation.

65. (1845) Œuvres de Molière, avec les notes de tous les commentateurs pp. -129

Sa mère s’appelait Boudet ; elle était aussi fille d’un tapissier, établi sous les mêmes piliers des Halles. […] Molière avait passé, des amusements que l’on se fait avec un enfant, à l’amour le plus violent qu’une maîtresse puisse inspirer ; mais il savait que la mère avait d’autres vues qu’il aurait de la peine à déranger. […] Cependant la jeune fille ne s’accommodait point de l’emportement de sa mère, qui la tourmentait continuellement, et qui lui faisait essuyer tous les désagréments qu’elle pouvait inventer ; de sorte que cette jeune personne, plus lasse, peut-être, d’attendre le plaisir d’être femme, que de souffrir les duretés de sa mère, se détermina un matin de s’aller jeter dans l’appartement de Molière, fortement résolue de n’en point sortir qu’il ne l’eût reconnue pour sa femme, ce qu’il fut contraint de faire. Mais cet éclaircissement causa un vacarme terrible ; la mère donna des marques de fureur et de désespoir comme si Molière avait épousé sa rivale, ou comme si sa fille fût tombée entre les mains d’un malheureux. […] Lassée d’attendre un parti du choix de sa mère, elle se laissa enlever par le sieur Claude Rachel, écuyer, sieur de Montalant.

66. (1682) Préface à l’édition des œuvres de Molière de 1682

Il y séjourna pendant l’Été, et après quelques voyages qu’il fit à Paris secrètement, il eut l’avantage de faire agréer ses services et ceux de ses camarades à MONSIEUR, Frère Unique de Sa Majesté, qui lui ayant accordé sa protection, et le titre de sa Troupe, le présenta en cette qualité au Roi et à la Reine Mère.

67. (1835) Mémoire pour servir à l’histoire de la société polie en France « Chapitre XXVIII » pp. 305-318

Bret, pour redresser la citation, prétend qu’il faut substituer le nom de madame de Montausier, Julie de Rambouillet, à celui de sa mère ; et il se trouve que madame de Montausier, à l’époque où parurent Les Femmes savantes, 1672, était morte aussi depuis deux ans ou environ ; M. 

68. (1884) Tartuffe pp. 2-78

C’est en mai 1664, à Versailles ; le jeune roi Louis XIV offre, en apparence aux deux reines, sa mère et sa femme, en réalité à La Vallière, ces fêtes de sept jours, les Plaisirs de l’île enchantée, demeurées illustres dans la légende dorée des fêtes. […] Il l’appelle son frère et l’aime dans son âme Cent fois plus qu’il ne fait mère, fils, fille et femme ; C’est de tous ses secrets, l’unique confident Et de ses actions le directeur prudent. […] De toutes amitiés il détache mon âme Et je verrais mourir frère, enfants, mère et femme, Que je m’en soucierais autant que de cela.

69. (1850) Histoire de la littérature française. Tome IV, livre III, chapitre IX pp. 76-132

Une mère bel esprit veut marier sa fille à un méchant poète dont elle est entichée ; le père veut qu’elle soit à l’amant à qui on l’a promise : voilà l’intrigue. […] Espèce de petit Tartufe littéraire, dont l’espèce n’est pas rare d’ailleurs, il se sert du travers qu’il a soufflé à la mère pour arriver à la fille, et par la fille à la dot. […] Molière vint au secours des filles négligées par leurs mères, comme Henriette ; des maris dont les hauts-de-chausse étaient décousus et les rabats mal repassés, comme Chrysale ; des servantes chassées, comme Martine, parce qu’elles s’obstinaient à ne point parler le français de Vaugelas.

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