Si ces attaques n’avaient été dirigées contre lui que par de faux dévots, l’histoire en serait bientôt faite : on n’y verrait que de simples représailles, et l’on concevrait sans peine comment un poète, qui avait annoncé et effectué le projet de démasquer toute une classe d’hommes non moins nombreuse que puissante, dut se trouver exposé aux plus violents effets de leur ressentiment : mais la question n’est pas si simple ; et, à moins qu’on ne veuille confondre dans une même catégorie les vrais et les faux dévots que Molière lui-même a si bien eu le soin de distinguer, on doit être forcé de reconnaître que des hommes sincèrement pieux furent alarmés de sa comédie au premier bruit qui s’en répandit, et s’empressèrent de la combattre dès qu’elle eut paru. […] Suivant cet abbé, un des hommes les mieux informés de l’histoire secrète du siècle de Louis XIV, M. de Guilleragues, qui s’était amusé à recueillir tous les traits de cafardée échappés au fameux abbé de Roquette, depuis évêque d’Autun, et alors son commensal dans la maison du prince de Conti, les avait communiqués à Molière qui en avait composé sa comédie. […] Les auteurs si exacts de l’Histoire du Théâtre-Français n’osent l’assurer ; mais Voltaire l’affirme, et il prétend même que La Critique du Tartuffe était donnée, sur le théâtre de l’Hôtel de Bourgogne, à la suite de La Femme juge et partie, comédie de Montfleury, dont le succès, dit-il, balançait celui du Tartuffe. Dans tous ces petits détails d’histoire littéraire, Voltaire est, en général, d’une grande inexactitude ; et ici même il en donne la preuve, en qualifiant de prologue de La Critique du Tartuffe, une simple épître en vers adressée à l’auteur de cette satire ; l’épître, sans être bonne, est moins méprisable que la Critique ; et l’on serait tenté d’y reconnaître la main qui rima le fameux sonnet contre la Phèdre de Racine.
Enfin une qualité essentielle au caractere, c’est qu’il se soûtienne ; & le poëte est d’autant plus obligé d’observer cette regle, que dans le tragique ses caracteres sont, pour ainsi dire, tous donnés par la fable ou l’histoire. […] La tragédie est un tableau d’histoire, la comédie est un portrait ; non le portrait d’un seul homme, comme la satyre, mais d’une espece d’hommes répandus dans la société, dont les traits les plus marqués sont réunis dans une même figure. […] Alain Chartier, dans son histoire de Charles VII. […] De Rubis, dans son histoire de la même ville, liv. […] « Et là, dit-il, par l’espace de trois ou quatre ans, les jours de dimanches & les fêtes après le disner, furent représentées la pluspart des histoires du vieil & nouveau Testament, avec la farce au bout, pour recréer les assistans ».
Je ne crois pas qu’il y ait, dans l’histoire littéraire, de question qui montre davantage les dangers de l’à-peu-près et du parti-pris en matière d’érudition. […] On invoque des analogies ; ainsi l’histoire d’Agnès, remarquée par Arnolphe dès l’âge de quatre ans, obtenue par lui d’une mère pauvre et par ses soins élevée. […] L’auteur a certainement vu de près Molière et Armande, elle a probablement fait partie de leur troupe, elle connaît par le menu l’histoire de leur théâtre. […] Aussi, dès les premières pages, l’incrédulité naît chez le lecteur ; il voit trop bien qu’il a sous les yeux un ramassis d’histoire suspectes, et, s’il lui prend fantaisie de les contrôler, il reconnaît que toutes celles que l’on peut contrôler sont démenties par des faits positifs, et que les autres pèchent contre la plus simple vraisemblance. […] Il n’y a pas lieu, pour le moment, de raconter en détail par quels moyens : la part de La Grange y fut trop considérable, et il faudrait mêler à l’histoire d’Armande trop de faits qui regardent plutôt son camarade.
Elle est construite en bois à la manière du temps, et a servi plus d’une fois de modèle à nos peintres lorsqu’ils avaient à traiter des sujets puisés dans l’histoire de France des temps reculés. […] Permettez-moi de vous remercier d’avoir bien voulu signaler aux lecteurs du Moliériste les documents relatifs à la troupe du duc d’Épernon que j’ai publiés dans l’Histoire littéraire de la ville d’Albi. […] Enfin, pour en terminer avec l’histoire de la rue des Jardins, je dirai encore qu’elle portait déjà ce nom au xviie siècle, nom qui vient de ce qu’elle avait été ouverte sur des jardins aboutissant aux murs de l’enceinte de Philippe Auguste. […] Peut-être le récit chimérique de Dominici contient-il un point de vérité, et ne faudrait-il voir, dans la fameuse histoire de la noyade d’Auteuil, qu’une partie de bain ou un défi de natation proposé à contretemps par des convives qui ne tenaient plus sur leurs jambes. […] Nous avons trouvé la preuve qu’il était médecin, dans l’Histoire chronologique de la médecine et des médecins, par Jean Bernier (Paris, d’Houry, 1695, in-4).
Le goût de bien des lecteurs pour les choses frivoles, et l’envie de faire un volume de ce qui ne devrait remplir que peu de pages, sont cause que l’histoire des hommes célèbres est presque toujours gâtée par des détails inutiles et des contes populaires aussi faux qu’insipides. […] On tâchera d’éviter cet écueil dans cette courte histoire de la vie de Molière ; on ne dira de sa propre personne, que ce qu’on a cru vrai et digne d’être rapporté ; et on ne hasardera sur ses ouvrages rien qui soit contraire aux sentiments du public éclairé. […] La difficulté qu’on fit de lui donner la sépulture, et les injustices qu’il avait essuyées pendant sa vie, engagèrent le fameux père Bouhours à composer cette espèce d’épitaphe, qui de toutes celles qu’on fit pour Molière est la seule qui mérite d’être rapportée, et la seule qui ne soit pas dans cette fausse et mauvaise histoire qu’on a mise jusqu’ici au devant de ses ouvrages : Tu réformas et la ville et la cour ; Mais quelle en fut la récompense ? […] Les fêtes que Louis XIV donna dans sa jeunesse, méritent d’entrer dans l’histoire de ce monarque, non-seulement par les magnificences singulières, mais encore par le bonheur qu’il eut d’avoir des hommes célèbres en tous genres, qui contribuaient en même temps à ses plaisirs, à la politesse, et à la gloire de la nation. […] Tous ceux qui sont au fait de l’histoire littéraire de ce temps-là, savent que Ménage y est joué sous le nom de Vadius, et que Trissotin est le fameux abbé Cottin, si connu par les satires de Despréaux.
Il est aussi du plus haut intérêt pour l’histoire des origines de la Comédie française. […] Jules Rolland, dans son Histoire littéraire d’Albi, a publié des documents dignes d’attention. […] L’épisode de notre histoire qui touchait à son dénouement, la Fronde, ressemblait à quelque combinaison grandiose de la Commedia dell’arte. […] Tel est le récit que nous trouvons dans les premières pages de l’histoire de La Fameuse comédienne. […] Lafosse, était un homme d’esprit, d’honneur, et incapable d’inventer cette histoire.