La plupart des Auteurs, en négligeant cette partie, ont quelquefois fini leur ouvrage, souvent même lu la piece aux Comédiens, & fait quelques répétitions, avant de savoir comment ils l’intituleront. De là ces titres vagues qui n’annoncent rien, ou qui promettent ce que la piece ne tient pas ; de là ces longs titres qui ne finissent point, & qui font voir aux connoisseurs la nécessité où l’Auteur s’est trouvé d’annoncer une double intrigue ou un double caractere ; de là encore ces titres fastueux qui charment tout le monde, échauffent toutes les têtes avant la représentation, & font dire ensuite au spectateur malin : La montagne en travail enfante une souris. […] Le dernier ne l’est pas, puisque dans la piece le héros finit par céder sa femme : n’est-ce pas une bonne leçon ? […] Il auroit vu finir ses jours misérablement, si dans le temps du systême il n’eût imaginé de présenter au Régent un placet conçu à-peu-près en ces termes : Monseigneur, Dufresny vous supplie de le laisser toujours pauvre, afin qu’il existe un misérable dans la nation pendant votre régence.
Les abus finiront quand finira le monde ; Et sur ce grand théâtre on verra, de tout temps, Des méchants et des sots, des sots et des méchants. […] Brisons là, s’il vous plaît, il est temps d’en finir ; Nos goûts sont différents ; je ne saurais qu’y faire. […] Semblable à cette femme qui, dans la fleur de l’âge, après s’être signalée par ses travers, finit sur le déclin des ans par affecter tous les scrupules de la pruderie, elle conserve bien le même fonds d’humeur ; mais elle a changé les dehors ; elle ne désire point être plus réservée, plus sage, mais elle veut te paraître.
L’imbroglio finit quand on découvre le véritable sexe d’Ascagne. […] L’acte finit. […] Ils sortent sans s’expliquer, & l’acte finit. […] Avez-vous fini ? […] Je n’ai pas encore commencé, jugez si j’ai fini.
L’acte finit. […] La Princesse s’apperçoit qu’il est là, finit la lettre, & feint d’être surprise en voyant Don Rodrigue. […] Ma sœur, finissons cette conversation. […] Prince, je parle selon vos idées, & vous ne voulez pas me laisser finir ! […] C’est ainsi que finit cette comédie pleine de beautés & de défauts.
Ce que nous venons de dire sur la gradation des situations, nous épargnera la peine de nous étendre sur celle des moyens, & nous comprendrons aisément pourquoi Moliere, voulant renvoyer son Pourceaugnac à Limoges, lui fait d’abord essuyer des lavements, lui suscite ensuite des créanciers, plusieurs femmes, des enfants, & finit enfin par lui faire craindre d’être pendu. […] Finir à l’amiable ! […] Il prétend avec vous finit à l’amiable !
Finissons, finissons, vous dis-je. […] Tout cela paroît bien ressemblant, cependant M. de Saint-Foix dit dans sa Préface : « Je finis vîte, en ajoutant que la fable ou l’invention du sujet étant, sans contredit, la partie du théâtre la plus difficile, elle est aussi celle qui peut faire le plus d’honneur.