Il me faut de ce pas aller faire mes plaintes au pere & à la mere, & les rendre témoins, à telle fin que de raison, des sujets de chagrin & de ressentiment que leur fille me donne. […] On pourroit l’entourer de quelques meres rusées qui lui conseilleroient de se faire des héritiers avec une jeune personne honnête & sans bien, pour qu’elle lui eût obligation de sa fortune, & qui lui vanteroient en même temps les sentiments, l’air réservé & la sagesse de leurs filles.
1775, Anecdotes dramatiques, tome III, 344-345, p. 347 Mademoiselle Poisson, fille du Ducroisy, comédien de la troupe de Molière, fait ainsi le portrait de l’auteur du Misanthrope et du Tartuffe.
Le Comte de Barcelone voit avec autant de peine qu’eux l’indifférence de sa fille : il exhorte les amants à faire leurs efforts pour la vaincre. […] Il est enchanté que le premier ait triomphé de sa fille, & dit que ce service vaut sa couronne. […] Flaminia, fille de Pantalon, ne se plaît que dans les bois, n’aime que la chasse : l’amour n’a pu la soumettre ; les soins & la constance de Lélio n’ont pu toucher son cœur.
Je ne parle pas des filles mises à mal, c’est d’une vérité trop évidente ; mais ce valet, qui croit en Dieu au fond, qui voudrait avertir et retenir son maître, et à qui sa faible raison ne permet de défendre que ridiculement la cause de la vérité61 ; qui est forcé à mentir62, à insulter63, à cacher comme une honte les moindres bons sentiments64, à partager enfin toute la vie et tous les crimes de don Juan, « parce qu’un grand seigneur méchant homme est une terrible chose : il faut qu’on lui soit fidèle, en dépit qu’on en ait, et la crainte réduit d’applaudir bien souvent ce que l’âme déteste65 ; » ce valet, nous le voyons se gâter, s’endurcir, imiter l’escroquerie du maître66, engager le Pauvre à jurer un peu 67 ; et enfin, après le châtiment de don Juan, n’avoir d’autre sentiment en face de cette mort effrayante, que le regret des gages qu’il perd68 : ah ! […] Il règne, avec ses ministres Laurent et Loyal 87, sur le peuple naïf des Orgon et des Pernelle ; il faut qu’on cède à son infernal génie, que les filles viennent lui immoler leurs grâces pudiques, et les femmes leur chasteté conjugale. […] Par sa négligence coupable, l’honneur de sa fille est aux mains du premier venu qui a l’esprit de flatter sa manie96, et qui est heureusement un honnête homme, quoique dans la réalité il y ait grand-chance pour que les choses tournent autrement.
Sa mère s’appelait Boudet : Elle était aussi fille d’un Tapissier, établi sous les mêmes piliers des Halles. […] Mais comme elle l’observait de fort près, il ne put consommer son mariage pendant plus de neuf mois ; c’eût été risquer un éclat qu’il voulait éviter sur toutes choses, d’autant plus que la Béjart, qui le soupçonnait de quelque dessein sur sa fille, le menaçait souvent en femme furieuse et extravagante, de le perdre, lui, sa fille, et elle-même, si jamais il pensait à l’épouser. […] Mais cet éclaircissement causa un vacarme terrible ; la mère donna des marques de fureur et de désespoir, comme si Molière avait épousé sa rivale ; ou comme si sa fille fût tombée entre les mains d’un malheureux. […] Raisin avait quatre enfants, tous jolis, deux garçons et deux filles ; il leur avait appris à jouer de l’épinette. […] Il n’a laissé qu’une fille : Mademoiselle Pocquelin fait connaître par l’arrangement de sa conduite, et par la solidité de l’agrément de sa conversation, qu’elle a moins hérité des biens de son père, que de ses bonnes qualités.
« À qui furent-ils plus nécessaires et plus utiles qu’à Auguste, pour éloigner de son imagination les débauches de sa fille, la défaite de ses légions, la révolte des provinces, et pour apaiser et mettre en repos cette partie impatiente de son âme qui se tourmentait et veillait sans cesse ? […] Pas un de leurs gestes, pas un de leurs mouvements qui fût indigne de la souveraineté du monde ; ils riaient même, ils se jouaient avec une sorte de dignité. » Ici l’auteur fait un retour vers madame de Rambouillet, pour remarquer qu’elle est de ce caractère, qu’elle descend du même principe, fille de leur discipline et de leur esprit , et ne tient pas moins de l’a magnanimité des César et des Scipion que de l’honnêteté des Livie et des Cornélie.