Si Arnolphe trompé sait qu’il est justement trompé, pourquoi Agnès, chargée d’un rôle d’ingénue, n’imiterait-elle pas son exemple, et ne dirait-elle pas au public par son regard, par son attitude : Je ne suis pas niaise, croyez-le bien ; je connais de longue main toutes les ruses pratiquées par les femmes, l’ingénuité de mon personnage n’a rien de commun avec moi ? […] Samson et Régnier, à l’exemple du mari de Philaminte, se trouvent tellement ridicules, que, pour désarmer la sévérité du parterre, ils jouent la scène du sonnet sur la fièvre qui tient la princesse Uranie comme une parade, et non comme une scène de comédie.
En voici un exemple curieux : Le Barbouillé. […] Cette pièce fournit plusieurs exemples de certaines libertés que Molière prendra avec ses spectateurs, toutes les fois qu’il en aura envie. […] On trouve dans tous les pays des exemples de ces trois genres de comédie. […] Valère ne nous est pas présenté comme un modèle à suivre, mais comme un exemple de la mauvaise éducation que les fils de pères comme Harpagon, doivent naturellement recevoir. […] Ces sortes de mariages ne sont pas sans exemple. » Je laisse le lecteur à décider si un pareil exemple est encore suivi, et si ce bel axiome a cours dans le dix-neuvième siècle.
L’exemple de ces trois femmes, diverses d’humeurs, et gâtées à des degrés différents par la science, n’est propre qu’à nous en dégoûter. […] Ce défaut n’est pas dans les femmes un effet de la nature ; elles ne naissent pas pédantes, elles le deviennent ; il y faut la contagion de l’exemple, une époque infectée de bel esprit, du soin, de l’application, de l’étude ; car ce n’est pas sans peine, dit La Bruyère, qu’elles arrivent à plaire moins. […] Elle donne elle-même l’exemple des égards que l’on doit à l’âge.
Un combat singulier ayant eu lieu, vers ce temps-là précisément, entre les comtes d’Aubijoux et de Brissac, les chefs notoires de la sainte ligue contre le duel allèrent « solliciter les juges de faire un exemple pour la gloire de Dieu. »Il y avait là une de ces outrances dans le bien, — selon le mot dont bientôt après devait se servir Molière, — que, par un illogisme heureux, le bon sens français réprouve. « On s’étonna, » observe non sans quelque dédain Mlle de Montpensier, qui raconte le fait, « que des gens de qualité insultassent ainsi à des malheureux » même coupables7. […] Patrocle, gentilhomme de grande vertu qui a laissé une bonne odeur de vie par ses bons exemples. » La date (1612) empêche que ce Patrocle ait été autre chose (juste père ou le frère aîné du trop crédule mari de la réelle Angélique; mais dans la Compagnie du Saint-Sacrement, les dynasties ne sont pas rares : plus d’une fois nous voyons les fils ou les cadets s’y enrôler après leurs pareils ou leurs aînés. […] Et Arnauld, dans différens écrits, proclame avec toute la netteté désirable l’impossibilité pour le chrétien de se sauver sons cette bienfaisance dont Jésus a donné le précepte et l’exemple : « Comment pourrions-nous croire que tant de personnes riches qui n’ont aucun soin de partager avec les pauvres… sont remplies de charité (envers Dieu) lorsqu’ils approchent des mystères, après ces paroles de Jésus-Christ dans la bouche d’un apôtre : Si quelqu’un a des biens de ce monde et qu’il voie son frère en nécessité et lui ferme ses entrailles, comment est-ce que l’amour de Dieu demeure en lui ?
Je ne parlerai point de la gradation des scenes & des actes ; on en sera surpris sans doute : mais je ne suivrai pas en cela l’exemple de tous ceux qui ont écrit sur l’art dramatique.
Ne nous bornons pas à un seul exemple, & voyons si l’on pourroit mettre sur le théâtre, avec plus de succès, un autre caractere déja traité : il est encore des Tartufes, heureusement pour les Béates qu’ils font vivre dans l’aisance, & malheureusement pour les honnêtes gens dont ils pressurent les bourses sous prétexte de faire des œuvres pies.