Provost, Samson, Beauvallet, Regnier, Geffroy, Got, qui tous savaient regarder par la tradition, m’ont beaucoup empêché de me tromper. […] C’était pour se mettre en train, voyez plutôt : « Et se serait jetée sur elle, l’aurait décoiffée et poussé son insolence au dernier point en jurant le saint nom de Dieu et disant des termes que la pudeur ne lui permet pas de répéter ; que dans l’instant le nommé Raison, serrurier, étant survenu et ayant vu lesdites violences et emportements, il l’aurait fait retirer de dessus elle, et chagrine de ce qu’il l’avait empêchée de la maltraiter davantage, elle se serait avisée d’aller rompre et casser les carreaux de verre d’un châssis de sa chambre, disant qu’elle se voulait jeter par la fenêtre dont ledit Raison l’aurait fait retirer. […] La Beaupré, en colère, la blessa au cou et l’eût tuée, si l’on n’y eût couru. » Ce qui ne l’empêchait pas de jouer Georgette dans L’École des femmes, Aglaure dans Psyché et autres rôles où il ne fallait pas mettre l’épée à la main.
Un témoin raconte que le matin même du jour où Molière expira presque sous les yeux du public, madame Molière et le jeune Baron firent tous leurs efforts, en voyant son état de faiblesse pour l’empêcher de monter sur la scène, mais tout fut inutile : un homme, leur dit-il, souffre beaucoup avant de mourir.
Cela n’empêcha point que Molière ne conservât de nombreux fidèles parmi tout ce qu’il y avait d’esprits distingués en France et que son œuvre ne fût l’objet d’un travail suivi et considérable. […] l’empêchait bien. […] Mais le blâme vint ensuite, et probablement du dehors, de Paris, suivant des conjectures plausibles : il grandit en peu de temps au point d’embarrasser le roi ; et dans le récit des Plaisirs de l’île enchantée imprimé chez le libraire de la cour, on lit cette phrase rédigée avec tant de mesure qu’elle semble bien avoir été concertée entre les intéressés : « Quoique la comédie que le sieur de Molière avait faite contre les hypocrites, eût été trouvée fort divertissante, le roi connut tant de conformité entre ceux qu’une véritable dévotion met dans le chemin du ciel, et ceux qu’une vaine ostentation des bonnes œuvres n’empêche pas d’en commettre de mauvaises, que son extrême délicatesse ne put souffrir cette ressemblance du vice avec la vertu, qui pouvaient être pris l’une pour l’autre, et quoi qu’on ne doutât point des bonnes intentions de l’auteur, il la défendit pourtant en public, et se priva lui-même de ce plaisir, pour n’en pas laisser abuser à d’autres moins capables d’en faire le discernement. » Repoussé de la position qu’il avait gagnée par surprise, Molière se mit à l’assiéger par tous les moyens de circonvallation ouverte ou souterraine qu’il sut inventer.
Infidèle au titre, puisque, dans le dernier entracte, les Fâcheux n’empêchent pas Éraste de se raccommoder avec sa maîtresse ; précipité, puisque dans ce même entracte, dont les ballets fixent la durée sous nos yeux, Damis a le temps d’apprendre que sa nièce a donné un rendez-vous à Éraste, et celui de tout préparer pour le faire assassiner ; romanesque, puisque le valet d’Éraste ayant découvert le dessein de Damis, veut le prévenir en l’assassinant lui-même, et qu’Éraste, en défendant Damis et en lui sauvant la vie, obtient son consentement pour épouser Orphise. […] Peut-être manque-t-il, à celui de nos Arnolphe que les hommes de goût distinguent, un peu de cette force physique, de cette large poitrine qui nuisaient à son prédécesseur ; entraîné dans la carrière du théâtre par l’amour seul de l’art, aimant Molière avec passion, connaissant les sources où il a puisé les beautés dont fourmillent ses ouvrages, il ne peut que les sentir ; et si, en les rendant, son organe un peu faible l’empêche quelquefois de frapper aussi fort qu’il le désire, au moins indique-t-il juste33. […] et lorsque vous jetez jusqu’à votre manteau, la présence seule du mari empêche qu’on ne crie : baissez la toile. […] Sosie, tremblant parce qu’il est nuit, et qu’il craint d’être arrêté comme voleur, arrive du port pour annoncer à la belle Alcmène qu’Amphitryon a battu les ennemis ; il fait une répétition de sa harangue, lorsque Mercure, qui lui a volé sa figure et son nom, vient l’interrompre, l’empêche d’entrer chez Alcmène, et le renvoie vers le port, à grands coups de bâton.
Un homme supérieur, quand il badine, ne peut s’empêcher de badiner avec esprit. » Diderot enchérit sur cette idée : « Une farce excellente, dit-il, n’est pas l’ouvrage d’un homme ordinaire.
Si je ne savois pas comme on doit se contraindre, Je ne pourrois de vous m’empêcher de me plaindre, Monsieur.