L’intérêt est pour la femme honnête et sensée qui gémit des désastreuses folies de son mari, sans pouvoir les empêcher ; il est pour la jeune fille aimable et sensible qu’un père extravagant veut sacrifier à sa chimère ; il est, enfin, pour le jeune homme plein de franchise et d’amour, dont cette même manie repousse l’ardente et honorable poursuite. […] Je m’attacherai seulement aux paroles qui se rapportent plus directement à la pièce dont je viens de m’occuper moi-même ; et mon zèle prouvé pour la gloire de Molière, ne m’empêchera pas de souscrire à la sentence portée par l’auteur de l’Art poétique.
Don Garcie pourroit faire arrêter Don Silve, qui le brave jusques dans son palais : mais il lui dit qu’il peut se retirer sans crainte ; saura bien le trouver ailleurs, pour empêcher qu’Elvire soit à lui. […] Ramassons maintenant les traits les plus frappants de la piece italienne & de celle de Moliere : pesons leur juste valeur ; instruisons-nous dans l’art de l’imitation, en voyant ce que notre Poëte a bien ou mal imité ; & lorsqu’il sera au-dessous de l’original, un respect mal entendu ne nous empêchera pas de le dire, puisque l’Auteur s’est rendu lui-même justice sur son ouvrage.
Isabelle veut excuser Octave ; mais le Roi l’empêche de parler, ordonne qu’on la mette dans une tour, & charge Don Pedre d’aller arrêter Octave, afin qu’il répare l’honneur d’Isabelle en l’épousant. […] Don Juan lui demande des nouvelles de la Signora Lizetta, pour l’empêcher de manger en le faisant parler.
Le Dissipateur est représenté journellement : tout le monde sait que le prodigue Cléon dissipe une fortune immense ; que Pasquin, ne pouvant empêcher sa ruine, imite le chien de la fable, & mange ce qu’il ne peut garantir ; que Cléon sacrifie l’honnête Julie à la coquette Cidalise ; que ses faux amis, ceux qu’il a le plus généreusement obligés, lui ferment leur bourse quand il est dans le besoin. […] Oronte paroît, on se persuade que Javotte a tout découvert ; au contraire elle a fait tout son possible pour empêcher son pere d’entrer.
Ainsi moquons-nous de cette chicane, où ils veulent assujettir le goût du public ; ne consultons dans une comédie que l’effet qu’elle fait sur nous, laissons-nous aller, de bonne foi, aux choses qui nous prennent par les entrailles, et ne cherchons point de raisonnement pour nous empêcher d’avoir du plaisir. » Pendant tout cet acte de La Critique de l’École des femmes, Molière se raille à plaisir de ces raffinements mystérieux, comparant ces critiques, huches sur l’art poétique, à ces gourmets qui trouvant une sauce excellente, voudraient examiner si elle est bonne d’après les préceptes du Cuisinier français. […] Elle était ainsi la femme déclassée, et l’on dirait que Pascal lui-même a voulu tracer le portrait de cette créature malheureuse : « Le peu de temps qui lui reste l’incommode si fort et l’embarrasse si étrangement, qu’elle n’essaye qu’à le perdre : ce lui est une peine insupportable de vivre avec soi et de penser à soi ; ainsi, tout son soin est de s’oublier soi-même et de laisser couler ce temps, si précieux et si court, sans réflexion, en s’occupant de choses qui l’empêchent d’y penser.
Souper n’est condamné qu’à porter des poignets de plomb pour l’empêcher de mettre trop de plats sur la table : il lui est défendu aussi d’approcher du Dîner plus près que de six lieues sous peine d’être pendu.