Cette Pièce a produit des effets tout nouveaux, tout le monde l’a trouvée méchante et tout le monde y a couru .
On voit que sur le théâtre des Gelosi et dans les comédies même, l’élément comique ne prévalait pas exclusivement ; le sentiment, la passion et le drame y tenaient une bonne place ; la bouffonnerie n’y était souvent qu’accessoire et épisodique, et ainsi mesurée elle n’en produisait sans doute qu’un plus grand effet.
N’y aurait-il pas eu effet de l’absurdité à choisir deux provinciales, pour attirer la risée sur deux femmes de la cour ; deux bourgeoises pour représenter le ridicule de femmes de haute naissance ; deux vieilles folles de petite condition, dont la vanité est de se faire une cour d’hommes de qualité, pour ridiculiser des femmes du premier rang, dont les hommes de la plus haute condition sont la société nécessaire, habituelle, sont les amis la famille ? […] Quelle précaution pouvait plus sûrement empêcher l’application de la pièce à la maison de Rambouillet, que la pièce elle-même, et avoir un autre effet que celui de la blesser ?
L’unité d’impression est la grande préoccupation du poète : de peur de l’affaiblir ou de la troubler, il évite soigneusement tout ce qui pourrait distraire les spectateurs en les égayant hors de propos ; il n’admet les saillies de la verve comique, que dans la mesure où elles concourent à l’effet principal. […] Ce trait, du genre d’Aristophane, bien rendu par l’acteur, est d’un grand effet, et nous pouvons juger par là de la force comique du poète grec89. […] Le comique arbitraire, ou celui des rôles de fantaisie, produit souvent un grand effet, quoique les critiques affectent de la rabaisser.
Après donc avoir passé six bons mois dans cette cocagne et avoir reçu de M. le prince de Conti, de Guilleragues et de plusieurs personnes de cette cour des présents considérables, je commençai à regarder les côtés des monts ; mais comme il me fâchait de retourner en Piémont sans y amener encore un page de musique, et que je me trouvais tout porté dans la province de France qui produit les plus belles voix, aussi bien que les plus beaux traits, je résolus de faire encore une tentative, et pour cet effet, comme la Comédie avait assez d’appas pour s’accommoder à mon désir, je suivis encore Molière à Narbonne. » Voilà de l’histoire ; c’est de l’histoire par un poète ; mais les poètes sont les historiens du cœur humain, même quand ils se nomment d’Assoucy. […] Cette passion, dont le platonisme, plus ou moins volontaire de sa part, ne saurait être mis en doute, eut un double effet : elle arracha le poète à sa retraite, à son existence de province, pour le lancer sans espoir de retour dans la lutte dramatique ; elle communiqua, de plus, à sa veine tragique un accent nouveau, particulier, qui prouve quelles traces profondes cet amour avait laissées dans son âme. […] Alors l’esprit de contradiction fait son effet. […] La troupe dont faisaient partie les Beauval était à Mâcon, lorsque, le 1er août 1670, un courrier, parti de Saint-Germain, porta à Jean Pitel et à sa femme l’ordre suivant17 : « De par le Roi, Sa Majesté voulant toujours entretenir les troupes de ses comédiens complètes, et pour cet effet prendre les meilleurs des provinces pour son divertissement, et étant informée que la nommée de Beauval, l’une des actrices de la troupe des comédiens qui est présentement à Mascon, a toutes les qualités requises pour mériter une place dans la troupe de ses comédiens qui représentent dans la salle de son palais royal, Sa Majesté mande et ordonne à ladite Beauval et à son mary de se rendre incessamment à la suite de sa cour pour y recevoir ses ordres ; veut et entend que les comédiens de ladite troupe qui est présentement à Mascon, aient à les laisser sûrement et librement partir, sans leur donner aucun trouble ni empêchement, nonobstant toutes conventions, contracte et traitez avec clauses de desdits qu’ils pourraient avoir tait ensemble, dont, attendu qu’il s’agit de la satisfaction et du service de Sa Majesté, elle les a relevés et dispensés : Enjoint à tous ses officiers et sujets qu’il appartiendra de tenir la main à l’exécution du présent ordre. […] Pourquoi requiert notre transport à l’effet d’interroger ladite Bonnard. » On voit que les bonnes servantes du temps de Molière, si regrettées aujourd’hui, ne valaient guère mieux que les nôtres.
La troupe de Molière était excellente, et Molière aussi, qui tirait de lui-même la plus grande force de son théâtre, en tirait des effets admirables dans une extrême simplicité de moyens. Un de ces effets admirables est justement l’exposition du Tartuffe, la plus naïve et la plus habilement conçue de mutes tes expositions : la plus naïve, en ce que presque tous les personnages de la pièce y sont rangés de front et que Mme Pernelle les nomme, explique et décrit, l’un après l’antre, comme, en les montrant, les figures d’un tableau ; la plus habilement conçue, en ce que Mme Pernelle la fait, sans le vouloir, avec humeur, avec colère, et que la pièce commence en plein mouvement, en plein comique, en pleine passion, en pleine situation. […] », je provoquerais une protestation de l’Académie contre le comédien-directeur qui s’est ménagé ce malheureux effet au mépris du bon sens, au mépris de la vraisemblance, au mépris du texte de Molière. […] » Il obtient le même effet de surprise, mais par la netteté du parti-pris, par la force saisissante de l’accent, et non pas par la discordance. […] Le rôle du Misanthrope étant l’incarnation même de Molière, son rôle de prédilection par excellence, il nous a paru curieux de rechercher si c’était par l’effet d’un pur hasard qu’Alceste avait des rubans verts.