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34. (1914) En lisant Molière : l’homme et son temps, l’écrivain et son œuvre pp. 1-315

Cette pièce, dont trois actes avaient été joués en 1664. à Versailles, devant le Roi, avec applaudissement de celui-ci, fut jouée cette même année tout entière devant le prince de Condé et tout aussitôt attaquée violemment par les dévots faux ou vrais. […] Il est très vrai, comme ce fut le principal grief des dévots contre Don Juan, que dans cette pièce Molière fait attaquer Dieu par un homme d’esprit et le fait défendre par un imbécile. […] Il ne faut pas être dévot : peut-être ; mais écarter les hommes du chemin qui conduit à la sainteté est d’une moralité que l’on peut défendre, mais qui encore est un peu contestable. […] S’il marche par la ville et qu’il découvre de loin un homme devant qui il est nécessaire qu’il soit dévot, les yeux baissés, la démarche lente et modeste, l’air recueilli, lui sont familiers : il joue son rôle. […] Un homme dévot n’est ni avare, ni violent, ni injuste, ni même intéressé.

35. (1739) Vie de Molière

Molière eut des ennemis cruels, surtout les mauvais auteurs du temps, leurs protecteurs et leurs cabales : ils suscitèrent contre lui les dévots ; on lui imputa des livres scandaleux ; on l’accusa d’avoir joué des hommes puissants, tandis qu’il n’avait joué que les vices en général ; et il eût succombé sous ces accusations, si ce même roi, qui encouragea et qui soutint Racine et Despréaux, n’eût pas aussi protégé Molière. […] Dès lors les rivaux se réveillèrent ; les dévots commencèrent à faire du bruit ; les faux zélés, (l’espèce d’hommes la plus dangereuse) crièrent contre Molière, et séduisirent même quelques gens de bien. […] On sait sur cela le mot du grand Condé : Les comédiens Italiens n’ont offensé que DIEU, mais les Français ont offensé les dévots. […] Voyez surtout cet endroit: Allez, tous vos discours ne me font point de peur ; Je sais comme je parle, et le ciel voit mon cœur : Il est de faux dévots, ainsi que de faux braves, etc.

36. (1861) Molière (Corneille, Racine et Molière) pp. 309-514

Les anciennes farces et sotties n’ont pas davantage oublié le faux dévot. […] Tartuffe n’a pas seulement l’astuce du faux dévot; il a encore l’effronterie du pied-plat qui a réussi. […] Les faux dévots citent avec componction les saintes Écritures. […] L’autorité de son nom eût rassuré les vrais dévots et forcé les autres au silence. […] Pour demeurer impuni, le gentilhomme se fait dévot.

37. (1910) Rousseau contre Molière

Don Juan a été furieusement attaqué par les dévots au XVIIe siècle. […] Vous faites le malheur de votre fille en la voulant marier à un médecin stupide, comme Orgon la sienne à un coquin de faux dévot. […] Molière donne une fort bonne raison de ce qu’il ne fait paraître Tartuffe qu’au troisième acte : « … pour bien distinguer le personnage de l’hypocrite d’avec celui du vrai dévot. […] En sens inverse, remarquez donc qu’Orgon n’est pas le seul dévot ridicule de Tartuffe. […] Mais l’enseigne des vrais dévots est de n’en pas avoir, et pourvu qu’ils vivent bien, ils laissent les autres vivre à leur guise.

38. (1843) Épître à Molière, qui a obtenu, au jugement de l’Académie française, une médaille d’or, dans le concours de la poésie de 1843 pp. 4-15

En contrastes fécond, le siècle où tu naquis, S’il eut ses grands héros, eut ses petits marquis, Ses faux savants gonflés de leurs minces mérites, Ses méchants écrivains, ses dévots hypocrites.

39. (1772) De l’art de la comédie. Livre premier. De ses différentes parties (1re éd.) [graphies originales] « CHAPITRE X. De la Diction. » pp. 178-203

Et je connois, à ces seuls mots, que Tartufe est un faux dévot. […] Chaque personnage de Moliere se peint par sa diction, chacun de ses mots décele au spectateur ce qu’il est ; mais Moliere savoit bien que tant qu’il y auroit des faux dévots, des chasseurs, des médecins, des apothicaires, des femmes savantes, ils parleroient sur le même ton, & s’exprimeroient dans les mêmes termes.

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