/ 185
173. (1873) Molière, sa vie et ses œuvres pp. 1-196

En lui rien de caché, rien de difforme. […] La partie de la muraille qu’occupait cet ouvrage de son ami, le célèbre Mignard, est cachée pour le moment derrière des étagères en sapin chargées de boîtes et de chapeaux. […] Il se cachait pour dire la vérité. […] L’auteur, faisant allusion à Molière, écrit qu’il « cache sous une fausse vertu tout ce que l’insolence a de plus effronté ».

174. (1901) Molière moraliste pp. 3-32

On connaît la fameuse tirade de Clitandre, qu’on ne saurait trop souvent citer, parce qu’elle est la sagesse même : Je consens qu’une femme ait des clartés de tout, Mais je ne lui veux point la passion choquante De se rendre savante afin d’être savante… De son étude enfin je veux qu’elle se cache Et qu’elle ait du savoir sans vouloir qu’on le sache… Donc, Clitandre et Molière ne font nullement profession de chérir l’ignorance.

175. (1874) Leçon d’ouverture du cours de littérature française. Introduction au théâtre de Molière pp. 3-35

Testament, le petit Isaac, revenant de jouer avec les jeunes garçons du voisinage « à la fossette et à pique-rome, » apprend de son père que Dieu commande qu’il soit sacrifié : l’enfant se soumet, non sans regret de la vie, aux ordres du Seigneur : Mais veuillez moi les yeux cacher Afin que le glaive ne voie, Quand de moi vaudrez approcher : Peut-être que je fouiroie.

176. (1914) En lisant Molière : l’homme et son temps, l’écrivain et son œuvre pp. 1-315

Ce qu’il a poursuivi chez les médecins, comme chez tant d’autres, c’est l’affectation, le charlatanisme, la gravité, « ce mystère du corps, comme a dit La Rochefoucauld, inventée pour cacher les défauts de l’esprit », l’absence de franchise et de naturel. […] La scène où le roi se sépare de sa fille, réclamée par les dieux, rappelle tout à fait, même par le style, l’Iphigénie de Racine : Je ne yeux point dans cette adversité Parer mon cœur d’insensibilité, Et cacher l’ennui qui me touche. […] « Onuphre n’a pour tout lit qu’une housse de serge grise, mais il couche sur le coton et sur le duvet ; de même il est habillé simplement, mais commodément, je veux dire d’une étoffe fort légère en été et d’une autre fort moelleuse pendant l’hiver ; il porte des chemises très déliées qu’il a un très grand soin de bien cacher. […] Premièrement, il doit voir au temple ou à la promenade… la personne dont il devient amoureux… Il cache un temps sa passion à l’objet aimé, et cependant lui rend plusieurs visites… Le jour de la déclaration arrive… » Vous voyez que c’est un rite, et Tartuffe doit croire qu’il faut faire une déclaration pour que la recherche soit « dans les formes ». […] Une femme se rit de sottises pareilles (une femme qui n’est ni méchante, ni criarde, ni indiscrète, ni fière à faire parade de sa vertu, ni intéressée à déclarer une intrigue dont elle ne veut pas pour en cacher d’autres et assurer sa sécurité relativement à celle-ci ; en un mot une très honnête femme de nerfs tranquilles).

177. (1910) Rousseau contre Molière

Le voilà qui dit en effet : « Ce n’est pas que l’homme ne soit toujours homme ; que la passion ne le rende souvent faible, injuste, déraisonnable ; qu’il n’épie peut-être les motifs cachés des actions des autres avec un secret plaisir d’y voir la corruption de leurs cœurs ; qu’un petit mal ne lui donne souvent une grande colère et qu’en l’irritant à dessein un méchant adroit ne pût parvenir à le faire passer pour un méchant lui-même… » Eh bien alors ? […] Et enfin Rousseau est un amoureux de la vertu, cela a été assez dit dans ce qui précède pour que je n’y insiste point ; niais notez-le bien, il est amoureux d’une vertu qui ne soit pas trop « traitable », d’une vertu volontiers ostentatoire, je le dirai pour lui en faire un reproche et je le dirai aussi pour l’en louer, d’une vertu qui ne se cache point, qui ne se dissimule point, qui n ait pas honte d’elle-même et qui n’ait pas peur d’offenser un peu et de choquer les yeux du commun des hommes. […] Un peu plus, par esprit de tolérance, ils se cacheraient de leur piété comme d’un manque de tact, adoreraient dans l’àme et n’en témoigneraient rien ; car, enfin, confesser, c’est professer, et professer, c’est censurer ceux qui ne professent pas. […] Sur quoi Brunetière dit très bien : « Les faux dévots sont pour lui tous ceux qui « étalent », c’est-à-dire qui pratiquent ouvertement ; ce sont tous ceux qui ne se cachent pas de leur dévotion comme d’une faiblesse ou comme d’un crime. […] Donnez-leur un sens droit et une âme honnête ; puis, ne leur cachez rien de ce qu’une âme chaste peut regarder.

178. (1747) Notices des pièces de Molière (1670-1673) [Histoire du théâtre français, tome XI] pp. -284

Il se passa cinq ou six jours avant que l’on représentât cette pièce pour la seconde fois, et pendant ces cinq jours, Molière tout mortifié se tint caché dans sa chambre : il appréhendait le mauvais compliment du courtisan prévenu : il envoyait seulement Baron à la découverte, qui lui rapportait toujours de mauvaises nouvelles.

/ 185