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122. (1863) Histoire de la vie et des ouvrages de Molière pp. -252

« C’est le duc, madame », répondit la spirituelle interlocutrice, et l’on ne dit pas que la demande, qui passerait aujourd’hui pour licencieuse dans la bouche d’une femme, ait en aucune façon choqué la cour et le Roi, et les ait empêchés d’applaudir à la repartie. […] « Elle a les yeux petits. — Cela est vrai ; elle a les yeux petits, mais elle les a pleins de feu, les plus brillants, les plus perçants du monde, les plus touchants qu’on puisse voir. — Elle a la bouche grande. — Oui ; mais on y voit des grâces qu’on ne voit point aux autres bouches, et cette bouche, en la voyant, inspire des désirs ; elle est la plus attrayante, la plus amoureuse du monde. — Pour sa taille, elle n’est pas grande. — Non ; mais elle est aisée et bien prise. — Elle affecte une nonchalance dans son parler et dans ses actions… — Il est vrai ; mais elle a grâce à tout cela, et ses manières sont engageantes, ont je ne sais quel charme à s’insinuer dans les cœurs. — Pour de l’esprit… — Ah ! […] Ces vers n’ont vu le jour que par la bouche du comédien Molière, qui les avait faits. […] Tous les autres vices des hommes sont exposés à la censure, et chacun a la liberté de les attaquer hautement ; mais l’hypocrisie est un vice privilégié, qui de sa main ferme la bouche à tout le monde et jouit en repos d’une impunité souveraine. » Leur colère redoubla en entendant ces plaintes d’un homme assez hardi pour déplorer les persécutions dont il était l’objet. […] Suivant cette version, c’est ce mot tartufoli, prononcé avec une sensualité toute mondaine par ces bouches mystiques, qui aurait fourni à Molière le nom de son imposteur.

123. (1772) De l’art de la comédie. Livre premier. De ses différentes parties (1re éd.) [graphies originales] « CHAPITRE XXIII. Des Reconnoissances. » pp. 399-421

Oui, mon cœur s’est ému dès le moment que vous avez ouvert la bouche ; & notre mere que vous allez ravir, m’a mille fois entretenu des disgraces de notre famille.

124. (1772) De l’art de la comédie. Livre second. De ses différents genres (1re éd.) [graphies originales] « CHAPITRE IX. Du Genre larmoyant. » pp. 103-122

Les Auteurs du genre prétendu moderne & philosophique voient que les Romains savoient amener des situations attendrissantes sur la scene, & plaçoient déja dans la bouche des acteurs ces exclamations bruyantes, qui sont du moins sures d’étourdir les oreilles quand elles ne vont pas au cœur : je veux dire ces oh !

125. (1747) Notices des pièces de Molière (1670-1673) [Histoire du théâtre français, tome XI] pp. -284

Et cet avare Écho qui répond par ta bouche, Serait plus indulgent à l’amour qui me touche. […] parle, si tu veux, et ne te fais point, de la sorte, arracher les mots de la bouche.

126. (1885) Études sur la vie et les œuvres de Molière pp. -461

— Cela est vrai, répond Molière par la bouche de Cléonte, elle a les yeux petits, mais elle les a pleins de feu, les plus brillants, les plus perçants du monde, les plus touchants qu’on puisse voir. — Elle a la bouche grande ? […] — Oui, mais on y voit des grâces qu’on ne voit point aux autres bouches ; et cette bouche, en la voyant, inspire des désirs, est la plus attrayante, la plus amoureuse du monde. […] Je le regrette, car cette parole si sincère ne dut que se frelater, en passant par la bouche emmiellée de l’hypocrite. […] Jour était pris, on vous amenait au théâtre, et, bouche béante, vous entendiez conter votre fait par messieurs de la comédie, aux grands éclats de rire du parterre et de vos bons amis qui, vous serrant de près, vous clouaient à votre place, pour vous empêcher de sortir avant que la chose fût finie et que vous eussiez avalé toute l’amère pilule.

127. (1772) De l’art de la comédie. Livre troisième. De l’imitation (1re éd.) [graphies originales] « CHAPITRE IX. » pp. 180-200

Cet amen paroîtra plaisant à mes Lecteurs dans la bouche d’un interlocuteur de comédie.

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