Malgré la beauté de la saison et le mariage du roi qui retenait toute la cour hors de Paris, cette pièce fut très suivie : elle eut plus de quarante représentations consécutives.
Et il est à notre honte que les Étrangers aient plus d’attention que nous à y trouver des beautés, dont on nous interdit la recherche par des Critiques continuelles dès que quelque Auteur s’écarte un peu du style commun et populaire.
Ce qu’il avait aimé dans le monde : les larmes d’une sensibilité touchante et prompte à s’alarmer, la droiture d’un cœur fidèle unie au courage des braves ; ce qui fait le charme de la faiblesse dans la femme et la beauté de la force dans l’homme, se laissent deviner sous le voile de la sainteté dans Josabeth et dans Abner.
Sans doute, le langage littéraire est alors fort imparfait; car notre idiome, au sortir des dialectes provinciaux, se dégage avec peine de ses langes; mais si, par ce côté, notre ancien théâtre s’est rendu à jamais illisible, que de beautés éparses pourtant dans ce fatras obscur et que d’éclairs dans cette nuit!
Un bon Bourgeois de Paris vivant bien noblement, mais dans les chagrins que l’humeur & la beauté de sa femme lui avoient assez publiquement causez, s’imagina que Moliere l’avoit pris pour l’original de son Cocu imaginaire. […] Est-ce la vertu, la beauté, ou l’esprit, lui dit-il, qui vous font aimer cette femme-là ? […] Malgré ces defauts, c’est de tous nos Auteurs Comiques celui qui a mieux sçu menager le goût du Parterre, par la beauté du Dialogue, par un fonds inépuisable d’ingenieuse plaisanterie, & par des situations très-interessantes.
Tout commentateur d’un écrivain classique, se proposant à la fois d’éclaircir les difficultés du texte et d’apprécier les beautés et les défauts tant de la composition que du style, doit offrir, en explications et en rapprochements, en particularités et en observations, tout ce qui peut exercer le goût, satisfaire la curiosité, instruire l’ignorance, et procurer au savoir même des souvenirs utiles ou agréables. […] Le Misanthrope abonde en beautés nobles, élégantes, fines et délicates, qui lui sont particulières. […] Mais si le but, si le triomphe du langage est d’exprimer pleinement les idées, et de les faire passer, avec toute leur force ou toute leur délicatesse, de l’esprit qui les conçoit, dans l’esprit qui les doit recevoir ; si, enfin, le meilleur des styles n’est pas tant celui qui a les moindres défauts que celui qui a les plus grandes beautés, quel style pourrait être justement préféré à celui de Molière ?