Et cependant je serais d’avis que l’on continuât d’imposer au public les pièces de Molière où se rencontrent ces mots proscrits. […] Est-ce qu’ils ont jamais rien obtenu par ces avis charitables ? […] Chacun en dit son avis, mais personne ne le révoque en doute. […] Aussi, ne suis-je pas d’avis que, dans la dernière scène où Tartuffe va si loin, elle marque trop d’indignation et de dégoût. […] Permettrez-vous à un de vos lecteurs les plus fidèles de vous dire que tel n’a pas été l’avis d’une bonne partie du public et d’en chercher la raison ?
Sur Molière, par exemple, le dix-septième et le dix-huitième siècle étaient de l’avis de Boileau. […] Il cherche à connaître l’opinion des autres, fait semblant de les contredire, les écoute, se tait, et se range en apparence à leur avis. […] Naguère le cardinal de Richelieu avait fait prier madame de Rambouillet, en amie, de lui donner avis de ceux qui parlaient de lui dans son salon, et la noble dame avait refusé, avec une fierté polie, de remplir ce rôle d’espion.
Il en est, à notre avis, une autre cause, c’est l’esprit qui régnait alors en France, esprit de mots, esprit maniéré, esprit où, comme La Bruyère le disait des précieuses de l’hôtel de Rambouillet, « l’imagination avait trop de part ». […] Sur quoi, de l’avis commun du Bureau, a été arrêté que la troupe desd. comédiens tardera de monter sur le théâtre jusques à dimanche prochain, auquel jour il sera avisé ce qui sera trouvé à propos. Du dimanche 26e jour d’avril 1648 […] De l’avis commun du Bureau […] défenses sont faites aux comédiens de commencer à monter sur le théâtre jusques à ce qu’on aie nouvelles de sa reconvalescence. » (Il s’agit de la convalescence du maréchal de la Meilleraye.) […] Sur quoi Mrs les consuls ayant conféré ont été d’avis de remercier lesdits comédiens et leur donner la salle. » Le 3 mai suivant, les comédiens sont encore à Narbonne. […] Parmi les parents et amis rassemblés pour donner leur avis sur cette renonciation, il y a deux procureurs au Châtelet, sans compter M.
Le public, en applaudissant Tartuffe, est de cet avis, à coup sûr, et bafoue, dans le faux dévot, les partisans stupides du passé. […] Si j’ai droit de m’étonner de quelque chose, c’est qu’il l’ait laissé jouer ; elle présente, à mon avis, la dévotion dans des couleurs si odieuses ; une certaine scène offre une situation si décisive, si complètement indécente, que, pour mon propre compte, je n’hésite pas à dire que, si la pièce eût été faite de mon temps, je n’en aurais pas permis la représentation.” » Cet aveu ne prouve qu’une chose, c’est que l’ex-jacobin Bonaparte aimait moins la liberté que le Roi Soleil et le roi des dragonnades lui-même. […] Mais le plus complet de ces don Juan est, à mon avis, celui de Molière. […] Puis Chevalier revient à l’attitude de Molière au théâtre : « Mais l’on m’a dit à moi qu’il fit à quelques dames La réponse qu’il fait à l’École des femmes, Lorsqu’il n’en riait pas assez à leur avis ; Il leur dit : Moi j’en ris tout autant que je puis. » Ce ne sont là que des attaques sans importance, et Boursault n’est pas le plus cruel des ennemis de Molière. […] » « Il n’était pas seulement un habile poète, mais encore un grand philosophe. » « Il a joué les Jeunes, les Vieux, les Sains, les Malades, les Cocus, les Jaloux, les Marquis, les Villageois, les Hypocrites, les Imposteurs, les Campagnards, les Précieuses, les Fâcheux, les Avocats, les Ignorants, les Procureurs, les Misanthropes, les Médecins, les Apothicaires, les Chirurgiens, les Avares, les Bourgeois qui affectent d’être de qualité, les Philosophes, les Auteurs, les Provinciaux, les faux Braves, les grands Diseurs de rien, les Gens qui n’aiment qu’à contredire, les Coquettes, les Joueurs, les Donneurs d’avis, les Usuriers, les Sergents, les Archers et tous les Impertinents enfin de tous sens, de tout âge et de toute condition.
† Elle n’eut point de succès parce que ceux qui la disposoient ne voulurent point suivre les avis de Moliere qui avoit le discernement & les vuës beaucoup plus justes que des gens qui n’avoient pas été cultivez avec autant de soin que lui. […] Plusieurs autres, qui ne craignoient pas moins que lui, furent de même avis. […] Moliere avoit lû son Misanthrope à toute la Cour, avant que de le faire representer ; chacun lui en disoit son sentiment ; mais il ne suivoit que le sien ordinairement, parce qu’il auroit été souvent obligé de refondre ses Pieces, s’il avoit suivi tous les avis qu’on lui donnoit : Et d’ailleurs il arrivoit quelquefois que ces avis étoient interessez : Moliere ne traitoit point de caracteres, il ne plaçoit aucuns traits, qu’il n’eût des vûës fixes.
C’est, à mon avis, la bonne, c’est la véritable, et il ne devrait pas y en avoir d’autre.