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86. (1866) Petite comédie de la critique littéraire, ou Molière selon trois écoles philosophiques « Deuxième partie. — L’école critique » pp. 187-250

Nous n’avons trouvé ni en France, ni en Allemagne, ni ailleurs, de personnages réels pour représenter parfaitement ces deux écoles275, et nous avons emprunté à Molière deux personnages fictifs, fantastiques : le Chevalier Dorante et Monsieur Lysidas. […] La France compte par milliers des disciples de M.  […] Lysidas, que la France entière s’abuse et que l’Europe s’abuse avec elle, en appelant Molière un poète comique et un grand poète comique ? […] Vous avez sur la France un grand avantage : vous goûtez les comédies de Shakespeare ; vous comprenez qu’on peut être comique autrement que Molière, par les caprices de l’invention libre, par la gaieté folle des situations, par l’exubérance d’un style tout étincelant des richesses les plus contraires, par les boutades philosophiques et morales d’un bouffon ou d’un mauvais sujet raillant les misères de l’humanité. Mais pourquoi ne comprenez-vous pas le comique du Shakespeare et de l’Aristophane français aussi bien que la France et que l’Europe ; pourquoi ?

87. (1732) Moliere (Grand Dictionnaire historique, éd. 1732) [graphies originales] « article » pp. 45-46

De Grenoble il vint à Rouen en 1658. d’où il vint à Paris, où il obtint la protection de Gaston, fils de France, qui le presenta au roi & à la reine mere.

88. (1746) Notices des pièces de Molière (1661-1665) [Histoire du théâtre français, tome IX] pp. -369

On a dit que L’École des maris était une copie des Adelphes de Térence ; si cela était, Molière eut plus mérité l’éloge d’avoir fait passer en France le bon goût de l’ancienne Rome, que le reproche d’avoir dérobé sa pièce. […] « La bourse et la ceinture que Boccace fait envoyer par la femme à son amant ne sont pas selon les mœurs, du moins en France, des présents convenables. […] Le dessein de cette seconde fête était que Roger et les chevaliers de sa quadrille, après avoir fait des merveilles aux courses que, par l’ordre de la belle Magicienne, ils avaient faits en faveur de la reine, continuaient en ce même dessein, pour le divertissement suivant, et que l’Île flottante, n’ayant point éloigné le rivage de la France, ils donnaient à Sa Majesté le plaisir d’une comédie, dont la scène était en Élide. […] Ensuite de Leurs Majestés, Quantité de principautés, Ducs, pairs et maréchaux de France, Seigneurs, et dames d’importance, Ont eu la curiosité, De voir ladite nouveauté, Que partout quérir l’on envoie, Et qu’on ne peut voir qu’avec joie. […] Ce seigneur, pendant son séjour à la cour d’Angleterre, avait fort aimé Mlle Hamilton : leurs amours même avaient fait du bruit, et il repassait en France sans avoir conclu avec elle ; les deux frères de la demoiselle le joignirent à Douvres, dans le dessein de faire avec lui le coup de pistolet.

89. (1835) Mémoire pour servir à l’histoire de la société polie en France « Chapitre X » pp. 83-88

Quelques écrivains ont fait honneur à l’influence d’Anne d’Autriche et à l’esprit espagnol apporté par elle en France, du premier essor de Corneille.

90. (1853) Histoire de la littérature dramatique. Tome II « Chapitre VI » pp. 394-434

Encore vaut-il mieux chercher nos pères dans Le Cabinet satyrique 37, que dans l’histoire de France écrite en très beau latin, par M. le président de Thou. […] Grâce à Dieu, grâce au soleil fécondant de 4789, et grâce à la Liberté, l’auguste déesse, cet animal n’existe plus sur le sol de la France, il est devenu tout à fait un homme, et sa voix compte, et sa voix donne l’empire ! […] Elle tenait à sa gloire, et jusqu’au bout de sa vie elle se battit, pied à pied, contre la vieillesse, semblable à ce maréchal de France sur les bords de la Bérésina qui tient tête aux Cosaques, pendant que l’armée en désordre franchit l’obstacle, et se sauve, à l’abri de ce valeureux ! […] c’est la règle qui devrait gouverner tous ceux qui veulent atteindre au véritable langage attique42: « On ne manquera pas, disait le Feuilleton, de remarquer dans les biographies qui viendront, plus tard, de cette artiste inimitable, qu’elle est morte un jour du mois printanier dont elle portait le nom, et que le marronnier du 20 mars, en signe de deuil, ne s’est pas couvert, ce jour-là, de ces fleurs accoutumées que le peuple de France acceptait comme un souvenir de la glorieuse et éphémère rentrée de son Empereur. […] s’il faut plaindre l’une de ces femmes, ne plaignez pas celle qui n’a perdu que le trône de France ; plaignez l’autre, hélas !

91. (1847) Le Don Juan de Molière au Théâtre-Français (Revue des deux mondes) pp. 557-567

Grace donc à cette heureuse pensée, conçue et menée à bonne fin par la Comédie-Française, nous avons pu voir, enfin, représenter avec tout l’éclat, tout le talent, toute la pompe même de décorations et de costumes qu’un spectacle aussi singulier exige, le pur et vrai Don Juan de Molière, ce drame en prose et pourtant si poétique, où la réalité s’unit au merveilleux, la fantaisie à l’observation, l’ironie sceptique à la crédulité légendaire ; drame sans modèle en France et resté sans, postérité comme le Cid, et dont les beautés irrégulières font clairement prévoir ce qu’aurait produit en ce genre la muse française, s’il avait pu lui convenir de puiser plus fréquemment aux sources romantiques. […] pendant que le texte original d’un des chefs-d’œuvre du xviiie siècle périssait en France sous les exigences de l’amitié et les rigueurs d’une censure inepte, tous ces précieux débris nous étaient conservés dans les hâtives et méprisables reproductions des contrefacteurs étrangers !

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