Vous avez beau crier, une comédie dont Henriette d’Angleterre accepta la dédicace, dont Boileau a fait l’éloge, une œuvre agréable et charmante, qui faisait rire aux éclats Louis XIV et sa cour, dont Molière a pris la défense, non pas sans succès, dans un intermède écrit tout exprès contre ses censeurs, une pareille comédie vaut bien la peine qu’on en parle.
Dans sa quatrième satire, écrite sur les folies humaines, Boileau a exprimé en ces termes la même pensée. […] Dans cette circonstance comme dans tant d’autres, on peut apprécier combien est vraie la réflexion suivante que Boileau a exprimée dans une pièce de vers qu’il adressa à Molière à l’occasion de l’École des Femmes: « et tes plus burlesques paroles sont souvent un docte sermon. » Le peu d’influence, signalé plus haut, que les châtiments vus de loin exercent sur les criminels, circonstance qui les exposent si facilement aux récidives, est exprimé de nouveau par Scapin dans les termes suivants : Scapin à Sylvestre. […] C’est bien encore le cas, à l’occasion de la tirade de Martine, de dire, avec Boileau, que les plus burlesques paroles de Molière représentent de savantes vérités.
Ni Boileau, ni Voltaire, tous deux nés dans la cour de la Sainte-Chapelle, où priait Saint Louis, ni Molière, lui-même, le simple enfant de Paris, élevé sous les piliers des Halles, ne se présentèrent à sa mémoire.
Je voudrais tenir ici quelque partisan outré de la règle de la voûte : « Qu’on ne puisse rien ôter d’un drame. » Ils consultent cette règle, au lieu d’avoir l’œil sur le cœur du spectateur, seule boussole du poète, quelqu’Alfieri, quelque Boileau, je suis peut être injuste envers ce dernier en le nommant ici, il sentait peut-être le mérite de cette scène mais aurait probablement désapprouvé par suite de la même règle, et faute de regarder le cœur du spectateur, le grand nombre d’acteurs du Timon et de Shakespeare. […] » Je ne suis point du tout de l’avis de Boileau qui était trop morose pour bien apprécier l’extrême gaieté. […] Il me semble évident que Boileau était un mauvais juge de la gaieté.
Boileau, Art poétique, III.
Entre 1663 et 1670, une véritable campagne de plume se mène contre les Dévots, de laquelle ne témoignent pas seulement des écrits oubliés, ni quelques passages des premières poésies de Boileau (alors ami et commensal des plus avancés « libertins »), où, parlant au Roi même, il dénonce assez vertement 17 « des faux zélés la trompeuse [p.905] grimace. »De ce mouvement deux documens subsistent, que nous ne saurions souhaiter plus illustres : Tartufe et Don Juan, — deux pièces dont aujourd’hui, après tant d’exégèses érudites et de commentaires pénétrons, le lien logique et la filiation apparaissent indiscutablement18; — deux pièces île combat, deux pièces « de colère 19, » amères d’une amertume qui « ne se contient pas, » « faites toutes deux pour exciter l’indignation et même la haine »contre les faux dévots.