Les mémoires de mademoiselle de Montpensier nous apprennent plus loin que, dans le commencement de la campagne de Flandre, au mois de mai 1667, le roi étant en marche pour l’armée, accompagné de la reine, de mesdames de Montespan et de La Vallière, dames de la reine, et d’elle, Mademoiselle, on s’arrêta trois jours dans une ville dont le nom est resté en blanc, et que là s’établit la liaison intime du roi et de madame de Montespan, Mademoiselle explique très distinctement la disposition qui fut faite pour assurer la communication secrète de l’appartement du roi à la chambre de madame de Montespan, et la manœuvre de l’un et de l’autre pour se trouver ensemble le plus longtemps qu’il était possible.
Mais on n’est tenté d’établir un parallèle qu’entre des objet qui ont quelque analogie ; si d’Alceste à Philinte, par exemple, la distance était incommensurable, on n’eut jamais apprécié l’un par l’autre ; il fallait donc, pour produire de l’effet, humaniser la vertu du misantrope en lui donnant quelques unes de nos imperfections.
Le roi fut si satisfait des mérites de cette troupe, qu’il lui permit de s’établir sur le théâtre du Petit-Bourbon, et de jouer alternativement avec les Italiens. […] De là naquit un jargon précieux, qui ne tarda pas à envahir la cour et la ville, et que Molière s’avisa de tourner en ridicule, lui, le nouveau venu, à peine encore établi. […] ce qu’il a fait : arriver à la réforme sociale par des détours ; songer à épurer les mœurs avant de chercher à établir les lois, Le dix-huitième siècle viendra poursuivre son œuvre; la comédie perdra de sa gaîté pour entrer dans une voie philosophique ; la tragédie se fera sentencieuse ; le théâtre secondera l’indépendance des esprits. […] Pensez-vous qu’il établira à l’instant une école primaire ; ou même que, d’accord avec le bailli, il fondera une institution de rosières ? […] Ce n’est pas que nous blâmions certes l’attachement à l’existence, mais tout ce qui tend à établir la prééminence du corps sur l’âme, des besoins naturels sur les facultés de l’esprit, mérite d’être énergiquement combattu.
Deux hommes, anciens élèves de l’École normale, dont l’un fut un éminent professeur, s’étaient entendus pour y établir des conférences régulières. […] Je tiens, messieurs, à bien marquer la portée de ce que je vous dis ici, pour ne pas établir sous ce rapport entre notre temps et l’époque qui a précédé Molière une opposition qui deviendrait fausse si je la faisais trop absolue. […] Il s’établirait ainsi entre les deux sexes une séparation absolue ; les femmes resteraient des ménagères utiles et rien de plus. […] Mais, ces exceptions une fois établies, c’est évidemment aux hommes, à nous, qu’il appartient par nature d’être lettrés, érudits, savants, géomètres, jurisconsultes ; et aux femmes, suivant l’heureuse et juste expression de Molière, qui n’en a guère rencontré de plus heureuses, « d’avoir des clartés de tout ». […] Molière ne s’est pas seulement attaqué, pour affranchir la famille, aux abus d’une autorité qui du moins était légitime dans son principe, de l’autorité paternelle ; il y a d’autres dangers pour la famille ; il y a ces parasites dominateurs qui s’y introduisent, s’y établissent et l’absorbent.
Hé bien, dit le Visir, voici leur entretien : Ils parlent d’unir leur famille : L’un est pere d’un fils, & l’autre d’une fille, Qu’ils veulent ensemble établir, Et voici ce que l’un disoit à l’autre pere : Ecoutez, je prétends, mon frere, Que nos enfants soient bien, qu’ils ne puissent faillir ; Et pour que leur état soit durable & tranquille, Je n’accorderai rien si vous ne leur donnez Trente villages ruinés, Item, quelque petite ville.
Voilà comme, sur les petites choses, ainsi que sur les grandes, les hommes adoptent aveuglément la coutume de leurs peres, respectent leurs travers, faute de vouloir se donner la peine de les approfondir, & prennent pour des loix établies par la raison & autorisées par un usage réfléchi, ce qui, chez nos ancêtres comme chez nous, n’a dû son crédit qu’à une aveugle & indolente habitude.