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91. (1800) De la comédie dans le siècle de Louis XIV (Lycée, t. II, chap. VI) pp. 204-293

Si nous avons lignée, elle en pourra tenir ; Mon père en mon jeune âge eut soin de m’en fournir. […] La pupille d’Ariste, qu’il a eu soin de ne point gêner sur les goûts innocents de son âge, tient une conduite irréprochable, et finit par épouser son tuteur. […] Mais ce n’est pas tout; la réflexion vous dit un moment après : Voilà pourtant à quel excès de délire et d’avilissement on peut se porter quand on est assez faible pour aimer dans un âge où il faut laisser l’amour aux jeunes gens. […] c’est celui-là qui est un sot, malgré son âge et son expérience; et celle qui répond : Que ne vous êtes-vous fait aimer? […] La semonce est forte; mais elle est si bien fondée, si morale, si instructive, que ceux qui sont tancés si vertement gardent le silence; et il n’y a que Célimène, que la légèreté de son âge et de son caractère, et les avantages que lui donnent sur Alceste son sexe et l’amour qu’il a pour elle, enhardissent à le railler sur son humeur contrariante.

92. (1705) La vie de M. de Molière pp. 1-314

Les parents de Molière l’élevèrent pour être Tapissier ; et ils le firent recevoir en survivance de la Charge du père dans un âge peu avancé ; ils n’épargnèrent aucun soin pour le mettre en état de la bien exercer ; ces bonnes Gens n’ayant pas de sentiments qui dussent les engager à destiner leur enfant à des occupations plus élevées : De sorte qu’il resta dans la boutique jusqu’à l’âge de quatorze ans, et ils se contentèrent de lui faire apprendre à lire et à écrire pour les besoins de sa profession. […] Quand Molière eut achevé ses études, il fut obligé, à cause du grand âge de son père, d’exercer sa Charge pendant quelque temps ; et même il fit le voyage de Narbonne à la suite de Louis XIII. […] Cependant il était toujours occupé de Molière ; l’âge, le changement lui faisaient sentir la reconnaissance qu’il lui devait, et le tort qu’il avait eu de le quitter. […] Molière revenu de son abattement, dit à Baron, qui était de la compagnie ; mais d’un âge à négliger une pareille conversation : Voyez, petit garçon, ce que fait le silence, quand il est observé avec conduite. […] Bien des gens s’imaginent que Molière a eu un commerce particulier avec Mr R…i Je n’ai point trouvé que cela fût vrai, dans la recherche que j’en ai faite ; Au contraire l’âge, le travail, et le caractère de ces Messieurs étaient si différents que je ne crois pas qu’ils dussent se chercher ; et je ne pense pas même que Molière estimât R… J’en juge par ce qui leur arriva à l’occasion de B… j R… ayant fait cette pièce la promit à Molière, pour la faire jouer sur son théâtre ; il la laissa même annoncer.

93. (1838) Du monument de Molière (Revue de Paris) pp. 120-

C’est à lui, à ce propriétaire, qu’on devra élever une colonne, au bas de laquelle on gravera ses noms et prénoms, son âge et sa profession, avec ces mots : — Il a vendu la maison de Molière.

94. (1816) Molière et les deux Thalies, dialogue en vers pp. 3-13

Semblable à cette femme qui, dans la fleur de l’âge, après s’être signalée par ses travers, finit sur le déclin des ans par affecter tous les scrupules de la pruderie, elle conserve bien le même fonds d’humeur ; mais elle a changé les dehors ; elle ne désire point être plus réservée, plus sage, mais elle veut te paraître.

95. (1866) Petite comédie de la critique littéraire, ou Molière selon trois écoles philosophiques « Introduction » pp. 3-17

Si vous dites, pour citer une théorie qui jouit aujourd’hui d’une faveur incroyable, non seulement parmi les pauvres sols tout éplorés qu’Alfred de Musset traîne à ses talons, mais auprès des esprits les plus graves de notre époque, si vous dites que le vrai poète doit être une espèce de don Juan fatal, victime prédestinée de cet insatiable besoin d’aimer qu’on appelle le génie, et semblable au pélican qui donne à ses petits son propre cœur en pâture, s’il vous plaît de répéter cette déclamation, nous vous laisserons faire, et, quand vous aurez fini, nous vous rappellerons simplement l’admirable possession de soi d’un Cervantes et surtout d’un Shakespeare, qui dans la force de l’âge et du talent, cesse tout à coup d’écrire et se met à cultiver son jardin, comme Candide, après avoir eu la tête traversée par un effroyable torrent d’idées et d’images, dont quelques flots auraient suffi pour faire perdre l’équilibre à la plus ferme de nos cervelles.

96. (1853) Des influences royales en littérature (Revue des deux mondes) pp. 1229-1246

Doit-on croire qu’à cet âge des hommes comme ceux-là ne fussent point en possession de leur génie ? […] Dans cet enfantement laborieux et sanglant de la société moderne, que d’œuvres puissantes, éternelle méditation des âges suivans !

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