Lisandre, au lieu de songer à ce qu’il pourra dire à Manille, ne songe guère qu’au bonheur où le mettra la vue de Lucinde ; il oblige Fripesauces à lui faire cent recommandations, après lesquelles il ne laisse pas de poser des questions futiles.
Quand Molière a écrit les Femmes savantes, le Misanthrope, même le Tartuffe, il songeait à nous divertir, et ne se proposait pas de faire un sermon sur les planches. […] Mais, de même que certaines gens font de fort belle prose sans y songer, certains ouvrages, sans avoir été écrits dans un but moral, ont plus que d’autres une influence sur les mœurs, et peuvent insinuer lentement dans le monde, d’une manière presque invisible, mais irrésistible, des éléments de moralité ou de corruption ; il y a des auteurs qui, sans être des moralistes proprement dits, méritent pourtant d’être étudiés comme tels, à cause de leur puissance observatrice, de leur sens droit, de leur popularité, enfin à cause du caractère universel et supérieur de leur génie. […] « Mon esprit se refuse à convenir que l’on doive condamner un écrivain pour avoir songé seulement à nous amuser et à nous intéresser, ni qu on puisse exiger que tous, partout et toujours, se considèrent comme ayant charge d’âme, obligés de nous moraliser. » Galien-Arnoult, Réponse au remerciement de M.
Dans la piece françoise, Jupiter, loin de songer aux affaires du ménage, s’étudie à faire oublier l’époux, en lui débitant des fleurettes que nous avons déja citées ailleurs, & qui, n’en déplaise aux amateurs des jolis madrigaux, rendent la scene de Moliere inférieure à celle de Plaute, sur-tout si elles sont débitées par un acteur qui, loin de passer légérement sur la délicatesse outrée de Jupiter, veuille au contraire en faire sentir toutes les petites finesses. […] Le sommeil t’a surpris, t’a montré ton image, Et ne t’a fait qu’en songe accomplir ton voyage. […] Est-ce songe, est-ce ivrognerie, Aliénation d’esprit, Ou méchante plaisanterie ? […] Il faut donc qu’au sommeil tes sens se soient portés, Et qu’un songe fâcheux, dans ses confus mysteres, T’ait fait voir toutes les chimeres Dont tu me fais des vérités.
Grâce à lui, le siècle de Louis XIV est pour bien des gens le XVIIe siècle tout entier, et l’on ne songe point que c’est seulement en 1661 que Louis XIV commença à régner par lui-même, que la seconde moitié de ce siècle et les quinze premières années du siècle suivant peuvent bien lui appartenir, mais que l’époque antérieure, aussi glorieuse, ce me semble, est celle de Richelieu et de Mazarin. […] , auquel on avait confié l’éducation du dauphin avant de songer à Bossuet. […] Que ses portraits, image fidèle et précieuse de la société du temps, soient des chefs-d’œuvre de vérité et de vie, nul ne le conteste ; mais qui a jamais songé à comparer les beaux portraits que Rigaud peignait à la même époque aux toiles inspirées de Lesueur et de Poussin ? […] Si l’on voulait juger de l’esprit de l’époque par les pièces contemporaines, celles de Regnard et de Lesage, qui toutes se rapportent à ces lugubres années, on croirait vraiment qu’alors la France était déjà la France de la régence ; valets escrocs, financiers ridicules, coquettes effrontées, gentilshommes aux gages de quelque vieille débauchée, tous ces héros de Lesage et de Regnard ne songent qu’à se bien divertir, sans scrupule et sans fin.
Notre Domine, ne songez-vous pas que ces Turcs me dévoreront ? […] Hé, Monsieur, songez-vous à ce que vous dites ? […] Songez, Monsieur, qu’il ne m’a donné que deux heures. […] Laissez là cette galere, & songez que le temps presse, & que vous courez risque de perdre votre fils. […] Là, tâchez de vous composer par étude : un peu de hardiesse, & songez à répondre résolument sur ce qu’il vous pourra dire.
Avant Molière, l’esprit français ne songeait qu’à se satisfaire lui-même. […] Déjà dans le roman de la Rose, le personnage de Faux-Semblant fait songer au héros de Molière. […] Ne songeait-il qu’à donner libre cours à sa douleur et à en alléger le fardeau en la laissant déborder ? […] Comme chacun songe à épouser sa pupille, ils les élèvent avec des soins très particuliers. […] Jamais il n’y a songé.
On ne songeait pas à leur donner des caractères ; l’intérêt, dans ces sortes de pièces, ne consiste pas dans la contrariété du caractère et de la passion, mais dans les complications qui séparaient les deux amants. […] Il l’aime à sa façon, et il songe à en faire sa femme, persuadé, comme le Scapin des Fourberies, que, pour son mariage, c’est assez de son consentement. […] On ne songerait pas à les noter, si Molière n’eût pas fait mieux encore, et s’il ne nous eût montré enfin la comédie épurée de tous ces moyens d’effet, et le cœur de l’homme, dans la seule diversité de ses mouvements, suffisant à tous les besoins de surprise, d’émotion, de rire, que nous apportons au théâtre. […] Sganarelle ne voit guère au-delà du gros bon sens bourgeois ; il a ramassé dans son carrefour tous les aphorismes de cette sagesse de ménage, et il s’en sert contre les autres, sans songer à en profiter pour lui. […] Molière a moins songé à nous amuser qu’à nous avertir.
Au reste, ne songe point à me détourner d’un dessein qui te paroît sans doute ridicule, tous tes efforts seroient inutiles : dispose-toi seulement à me rendre toi-même cet office : tâche de faire croire à Camille que tu l’aimes, & ne néglige rien pour t’en faire aimer : rends-lui tous les soins imaginables, & n’épargne ni les présents ni les promesses. . . . . […] Camille écrit à son mari qu’elle ne peut supporter plus long-temps son absence, & le prie de revenir bien vîte reprendre le soin de la maison, parceque Lothaire songe plus à ses propres affaires qu’à celles de son ami. […] Lothaire le voit sortir un soir avec mystere, se persuade qu’il est venu pour Camille, est furieux, ne songe qu’à se venger de celle qu’il croit doublement perfide, va dire au mari que sa femme lui a promis de se rendre à ses desirs le lendemain, l’exhorte à se cacher dans une chambre voisine de l’appartement de Camille pour s’assurer par lui-même de sa perfidie, paroître à ses yeux & la punir. […] Son Intendant annonce dans un monologue que Timon est ruiné, & songe à se retirer pour n’être pas obligé de lui prêter ce qu’il a gagné chez lui.
Ce moyen, il l’a trouvé, car il ne songe guère à autre chose. […] Il n’y songeait point. […] Elle songe que ceux d’Horace sont beaux et bien peignés. […] Je ne songe qu’à complaire à Monsieur en toutes choses. […] Regnard ne s’en fait pas scrupule, car il n’y songe pas, mais il faut que nous aussi nous n’ayons pas le loisir d’y songer.
Certes elle ne songea pas à prolonger, comme si elle eût été un talent inspiré, cette lutte abominable du comédien contre le public. […] Il ne songeait qu’à s’amuser de chacun et de tous ; le reste à la grâce de Dieu ! […] Vous avez cinquante-deux ans, seigneur Sganarelle, songez-y ! Mais Sganarelle de répondre : — Est-ce qu’on songe à cela ? […] Et voilà, ce qu’un honnête comédien, qui ne songe qu’à se bourrer de prose et de vers, ne peut pas deviner.
Plus grande elle parera sa poupée, jusqu’à ce que, la poupée ayant tort, elle n’ait plus le temps de songer qu’à sa personne. […] Un homme qui se sent faible, qui sait ce que sa vertu lui coûte et de quelles imperfections il est encore plein, songe moins à pester contre les autres qu’à les plaindre, à les aider, à les relever. […] L’homme à qui la probité d’un mendiant arrachait des larmes et qui s’étonnait avec attendrissement que la vertu s’allât nicher là, n’a jamais pu songer à jeter le ridicule sur la vertu. […] Le langage d’Henriette est franc, parce qu’elle ne soupçonne point de mal dans une action qu’elle voit faire à tant de monde ; celui d’Armande est plein d’images impures, parce qu’elle a sali sa pensée en la traînant sur des détails auxquels Henriette n’a pas songé. […] Je vous demande pardon, Messieurs, de terminer cette étude par des paroles si austères, quand je ne devrais songer qu’à vous remercier de votre sympathique attention.
Il est, par exemple, dans tous les pays, des gens de rien, de petits artisans, qui n’ont pas reçu la moindre éducation, qui n’ont pas la moindre notion des choses les plus ordinaires, & qui se mêlent cependant de faire les politiques ; qui négligent totalement leurs affaires domestiques pour songer à celles de tous les Princes du monde : des sots qui n’approuvent jamais ce que font les ministres, & qui puisent dans leur ignorance la vanité de croire que les affaires prendroient entre leurs mains une meilleure tournure. […] Que le Lecteur décide ; mais qu’il songe auparavant, qu’il y a dans tous les pays dix mille fous qui s’avisent de crier à tort & à travers contre les Ministres, & qu’il n’y a pas dans toutes les Cours du monde deux sujets qui soient assez extravagants pour vouloir s’allier à leur maître.
On vient, tout exprès chez cette beauté à la Mode, pour la voir, tout exprès pour l’entendre ; elle, de son côté, elle ne songe qu’à montrer beaucoup d’esprit et un charmant visage ; quant au cœur, peu lui importe ! […] Ni les uns ni les autres ne songent même à posséder cette belle : ce qu’ils veulent avant tout, c’est une bonne parole et devant témoins ; c’est un tendre regard, en public ; ce sont des lettres qu’ils puissent montrer à tout venant ; et quant au reste, le reste viendra, si veut Célimène. — Et justement voilà pourquoi Célimène, fidèle au rôle qu’elle s’est imposée, est si prodigue envers les uns et les autres de bonnes paroles, de tendres regards, de billets doux ; là est sa force, et elle a besoin d’être forte pour se défendre.
Si vous voulez bien songer que Molière a écrit le rôle du Misanthrope, et vous représenter tout ce que ce rôle suppose de noblesse et de grandeur naïves, si vous voulez voir, par ce rôle d’Alceste, combien la nature avait fait l’âme de Molière grande et cornélienne, combien il était naturellement fait pour sentir toutes les joies et tous les bonheurs d’une vie foncièrement régulière et foncièrement honnête, et si après cela vous songez à Madeleine Béjart et à mademoiselle de Brie, à tout ce mélange affreux, vous conclurez avec moi qu’il a dû bien souvent ressentir le remords, l’hypocondrie de cette dégradation de sa grandeur naturelle ! […] Si l’on veut, messieurs, comprendre tout le prix des idées et des maximes de Molière sur la culture des femmes, sur le degré de liberté qu’il convient qu’elles aient, il faut songer qu’il y a toujours eu un courant contre ces idées, un courant fâcheux, qu’il est nécessaire de combattre. […] Elle songe en elle-même que rira bien qui rira le dernier, — un proverbe qu’elle a peut-être inventé, — et qu’après tout ce n’est pas pour lui que sont les biens solides de la terre. […] Ils nous offriront à la lecture une autre espèce d’intérêt qui nous échapperait au théâtre où nous songeons trop à chercher un divertissement, pour faire l’effort de nous instruire. […] ——— Songer prudemment à utiliser sa jeunesse, c’est déjà peut-être cesser d’être jeune.
Mon maître songe à la croquer à cause de sa richesse ; car pour sa beauté, ce n’est pas ce qui le touche. […] La profession amene quelquefois à de gros mariages : par exemple, la Dame de céans, qui songe à manquer de parole à Dorante pour donner sa fille à mon maître. . . . […] Mais songeons, avant que de l’entreprendre, qu’il n’est pas à la portée de tout le monde, & que le parterre, avec les trois quarts & demi du spectacle, sont composés de personnes qui fréquentent peu la Cour.
S’ils savent tous les mystères de sa pensée, ils ne songent pas à s’en faire un mérite ; ils ont recueilli le fruit de leur persévérance, voilà tout : leur modestie n’accepte pas d’autre éloge. […] En cette occasion, je me hâte de le reconnaître pour justifier Mme Plessy, personne ne songe à invoquer la tradition. […] Pour résister aux entreprises de Tartuffe, elle ne songerait jamais à demander le secours de son mari ; elle pense avec raison qu’une épouse fidèle et sensée n’a besoin de personne et se protège elle-même.
« Je pense, dites-vous, je vous le nie, vous songez que vous pensez… Je suis, dites-vous, pendant que je pense… Cela est certain et évident, ajoutez-vous ; je vous le nie, vous rêvez seulement que cela vous parait certain et évident. » Votre méthode, dit encore le P. […] Ainsi Armande dit à Henriette : Songez à prendre goût des plus nobles plaisirs, Et, traitant de mépris les sens et la matière, A l’esprit, comme nous, donnez-vous tout entière… Mariez-vous, ma sœur, à la philosophie.
mon songe de la nuit derniere pourroit bien se vérifier. […] Dis-moi, Sceledre, n’admires-tu pas le rapport qu’il y a entre le songe qu’elle nous a rapporté & ce que tu crois avoir vu ?
L’un & l’autre ne songent point au héros de la piece. […] Elle croira s’être endormie pour faire un beau songe.
La Fontaine, dans Le Songe de Vaux, donne à madame Fouquet le nom de Sylvie. […] Racan, dit Boileau, avait plus de génie que Malherbe, mais il est plus négligé et songe trop à le copier.
Aristophane* songeait principalement à attaquer : c’est une sorte de satire perpétuelle.
À ce seul geste, et sans qu’il ait songé à s’expliquer à lui-même l’étrange vision, aussitôt — vanité de ces courages à l’épée et au premier sang ! […] Le Sganarelle de Molière ne songe guère à se faire ermite, et savez-vous à quoi il, pense, le bonhomme ? […] Avec une bonne grâce assez rare, M. le duc de Saint-Simon en convient, et il faut lui tenir compte de l’aveu, quand on songe que Molière était un comédien, un excommunié, quand on songe que Lulli avait été marmiton chez la grande Mademoiselle, et bien en prit au jeune apprenti cuisinier de rencontrer une maîtresse si disposée à lui pardonner ses polissonneries : « J’aimais fort à danser, dit-elle dans ses Mémoires, et celle qui l’aimait autant que moi, était mademoiselle de Longueville. […] Il se trouve qu’elle aime le roi, qu’elle aime en lui le beau jeune homme, l’habile danseur, le grand seigneur accompli, et elle ne songe pas qu’il est tout-puissant ; elle parle du roi comme mademoiselle de Coëtlogon parlera de Cavoye. […] » Songez à cela !
Telle est la seconde règle, et avant Molière les comédies n’étaient que des tissus d’aventures singulières où l’on ne songeait point à peindre les mœurs252.
Elle va même jusqu’à dire que, si son mari était un peu plus présentable, elle n’aurait jamais songé à recevoir Clitandre autrement qu’en sa présence. […] Mais les hommes distingués qui prennent sérieusement à cœur le relèvement du théâtre national songent surtout à combler les lacunes causées par l’absence d’un répertoire classique. […] Mais aucune des traductions qui ont paru jusqu’ici n’avait assez de valeur pour que, le premier succès épuisé, on pût songer à les maintenir au répertoire. […] oui : Mais, si, primitivement, la Révolution eût respecté la paix de Scèllières et d’Ermenonville, qui sait si la réaction de 1815 aurait même songé à la troubler ? […] Ma foi, j’aurais joué ce petit monsieur l’auteur qui se mêle d’écrire contre des gens qui ne songent pas à lui.
Le lendemain au matin le drapier le fit appeller, lui disant qu’ayant songé la nuit au voyage qu’il vouloit entreprendre, il ne trouvoit pas à propos de paroître à Chartres qu’il ne fût habillé de deuil ; qu’il lui falloit du temps pour cela, & partant, qu’il l’engageoit de retourner à Chartres retrouver sa belle-sœur avec un mot de lettre qu’il lui donneroit, dans laquelle il mit la raison qui l’obligeoit de retarder encore deux ou trois jours, au bout desquels il ne manqueroit pas de se rendre, la consolant le mieux qu’il lui fut possible de l’affliction qui lui étoit arrivée. […] On ne s’apperçut point si promptement de cette boîte ; car le lendemain cet orfevre ne songea qu’à faire dépêcher son deuil pour s’en aller promptement à Paris.
Songez que le roi lui-même joue un des Égyptiens du Mariage forcé ; qu’un des Espagnols est figuré par le gentilhomme basque Tartas, capable de se tenir debout sur les épaules de deux hommes, lesquels se tiennent eux-mêmes sur trois autres : jamais dans un cirque, les clowns fussent-ils des gens de qualité, fût-ce dans le cirque Molière, les paroles n’auront en plus de prix que les pirouettes. […] Claretie n’y songe pas ; en ceci, nous approuvons leur sagesse.
Songez, s’il y avoit une affaire, & que je n’y fusse point, je serois perdu : votre petit cousin ne seroit plus digne de vous. […] Nous sommes dans l’âge où l’on n’a plus rien à dissimuler ; & ma jeunesse est si loin de moi, que j’en puis parler comme d’un beau songe. […] Ma foi, Louison, si les graces sont faites comme toi, Vénus ne doit pas briller à sa toilette. — Réservez, M. le Chevalier, vos galanteries pour Madame, & songez qu’elle va venir. — Hé non !
À défaut de Dalayrac, de Nicolo, de Boïeldieu, d’autres plus tard y songèrent, mais sans meilleur profit, aucune de leurs partitions n’étant restée.
Il composa lui-même son épitaphe : J’ai vécu sans nul pensement, Me laissant aller doucement A la bonne loi naturelle : Et si m’étonne fort pourquoi La mort osa songer à moi, Qui ne songeai jamais à elle.
Une autre fois il rend visite à une femme, & se persuadant bientôt que c’est lui qui la reçoit, il s’établit dans son fauteuil, & ne songe nullement à l’abandonner : il trouve ensuite que cette Dame fait ses visites trop longues ; il attend à tous moments qu’elle se leve & le laisse en liberté : mais comme cela tire en longueur, qu’il a faim, & que la nuit est déja avancée, il la prie à souper ; elle rit, & si haut qu’elle le réveille. […] Vous n’y songez donc plus ? […] Souvent il vous interroge, & il est déja bien loin de vous quand vous songez à lui répondre : ou bien il vous demande en courant comment se porte votre pere ; & comme vous lui dites qu’il est fort mal, il vous crie qu’il en est bien aise. […] C’étoit donc en songe, en rêve, enfin dans le sommeil ?
Songez que par ce choix vous allez vous prescrire De ne plus rien prétendre au cœur de Done Elvire. […] Delmire, songe que les têtes couronnées ne se livrent pas à ces fables qui séduisent le vulgaire ignorant. […] Seigneur, songez à vous-même, ne vous inquiétez point de moi ; pensez à répondre à ce que je vous demande : si je ne vous satisfais pas, ma vie, mon honneur seront entre vos mains ; je ne me plaindrai point.
Mais il y a cette grande différence que Corneille ne songeait qu’à la liberté individuelle, tandis que Schiller, toujours philosophe, s’inspirait de ses théories sur l’éducation générale de l’humanité, et songeait soit à la liberté politique, soit à celle de la pensée. […] Dans tous les siècles, il y a des laboureurs qui ne songent qu’aux fruits de la terre, des marchands uniquement occupés de remplir leurs magasins, des abbés plus soucieux de remplir les celliers du monastère que du salut de leurs vignerons, des Rois qui vivent moins pour le bonheur de leurs peuples que pour celui de percevoir l’impôt.
Pensant toujours à son or, ne pouvant s’empêcher d’en parler, il suppose que les autres y pensent comme lui ; il les oblige à y penser alors qu’ils n’y songeaient point. […] (dit don Juan à Sganarelle qui lui rappelle les châtiments qu’il ne manquera pas de s’attirer) n’allons point songer au mal qui peut nous arriver, et songeons seulement à ce qui peut nous donner du plaisir. » Voilà exactement ce que pensent tous les grands criminels. […] Songez davantage, en un mot, aux instincts moraux. […] Valère, songez, je vous prie, à vous bien mettre dans l’esprit de mon père. […] Voilà l’importante leçon qui ressort de ses comédies, où l’on voit les pères abandonner leurs enfants pour ne songer qu’à l’objet de leur passion, et manquer ainsi à tous leurs devoirs.
Taschereau. » Nous n’avions jamais songé à coup sûr à adresser à son imagination un pareil reproche. […] Réflexions sur le style de Molière ; il ne songea jamais à versifier cette pièce. […] « À quoi songiez-vous, Molière, dit un anonyme qui prit alors sa défense, quand vous fîtes dessein de jouer les tartuffes ? […] Molière, sans songer qu’il était au lait, saisit avec fureur le moment de rétorquer les arguments de Chapelle. […] Mais combien la surprise n’est-elle pas plus grande encore, quand on songe que c’est l’auteur de Julie, J.
L’homme ne songe pas à faire du mal au tigre, mais le tigre ne pense qu’à faire du mal à l’homme. […] Oronte est un négligent qui ne songe point à ses affaires, & est entêté jusqu’à la folie de tableaux, de bronzes, de médailles, & qui, pour comble de perfection, est vivement frappé d’un coup de pierre philosophale.
Damon, y songez-vous ? […] Damon, y songez-vous ?
Le Vieillard ne peut reconnoître le dernier pour son fils, puisqu’il l’a perdu dans sa plus tendre enfance, & qu’il ne songe plus à lui. […] Hégion désespéré ne songe plus qu’à se venger : il ordonne qu’on lie Tindare, qu’on lui mettre les fers aux pieds & aux mains, & qu’on l’envoie aux carrieres.
Frappé de cet oubli, Bernardin de Saint-pierre songe à le réparer. […] Personne n’avait songé à Molière, lorsqu’un artiste dramatique amoureux de son art, comme sont tous les artistes supérieurs, M. […] Puis, lorsque son esprit errant de livre en livre, Manque enfin de pâture… alors il songe à vivre, Et la vie apparaît à son cœur de vingt ans Belle, riche, éternelle : il est maître du temps !
Et l’on veut qu’il ait songé à nous faire pleurer dans Alceste ! […] Ni Corneille, ni Racine ne se sont mis en scène ; Molière n’y a pas songé davantage. […] Comme l’affaire de la comédie est de représenter en général tous les défauts des hommes et principalement des hommes de notre siècle, il est impossible à Molière de faire aucun caractère qui ne rencontre quelqu’un dans le monde, et s’il faut qu’on l’accuse d’avoir songé à toutes les personnes où l’on peut trouver les défauts qu’il peint, il faut sans doute qu’il ne fasse plus de comédie. » Ainsi parlait Molière, s’adressant aux gens qui persistaient à donner des clefs de ses ouvrages, comme à ceux qui voulaient s’y reconnaître eux-mêmes, gens assez nombreux, puisqu’à la représentation d’une pièce où on le satirisait, lui, il devait compter parmi ceux qui applaudissaient, par esprit de vengeance, douze marquis, six précieuses, vingt coquettes et trente cocus. […] Et puisque notre cœur fait un effort extrême Lorsqu’il peut se résoudre à confesser qu’il aime, Puisque l’honneur du sexe, ennemi de nos feux, S’oppose fortement à de pareils aveux, Oui, après la peine qu’elle a eue, cette pauvre Célimène, à lui dévoiler son cœur ; songez donc !
Le spectateur ne songe presque plus à ce que dit Orgon. […] Il est trop occupé à la recherche du bonheur pour songer à se comparer au personnage ridicule que vous faites passer sous ses yeux. […] Lubin Oui ; si j’avois étudié, j’aurois été songer à des choses où on a jamais songé. […] Armande Mais sachons, s’il vous plaît, qui vous songez à prendre : Votre visée au moins n’est pas mise à Clitandre ? […] Il est trop occupé à la recherche du bonheur pour songer à se comparer au personnage ridicule que vous faites passer sous ses yeux.
Il n’a jamais attaqué le ridicule du caractere & les travers de l’esprit : il n’a songé qu’à attendrir, sans penser à corriger.
Saint Polyeucte étant (pour nous servir des termes de l’auteur) un Martyr, dont beaucoup ont plutôt appris le nom à la comédie qu’à l’Église , il a jugé à propos de faire précéder cette tragédie par l’abrégé de son martyre, écrit par Siméon Métaphraste, et rapporté par Surius : et de faire remarquer qu’il a ajouté à son sujet, pour le rendre plus théâtral, le songe de Pauline, l’amour de Sévère, etc. […] « [*]Après la quatrième scène, Sganarelle restait seul, il se plaignait d’une pesanteur de tête insupportable, et se mettait dans un coin du théâtre pour dormir ; pendant son sommeil, il voyait en songe ce qui forme les deux premières entrées du ballet. » Première entrée : La Jalousie, les Chagrins, les Soupçons. […] « [*]On peut penser que le sieur de Rochemont est un nom supposé, puisque celui qui lui répond en parle ainsi : Mais lorsque je vois le livre de cet inconnu, qui, sans se soucier du tort qu’il fait à son prochain, ne songe qu’à usurper la réputation d’homme de bien, je vous avoue que je ne saurais m’empêcher d’éclater, et quoique je n’ignore pas que l’innocence se défend assez d’elle-même, je ne puis que je ne blâme une insulte si condamnable et si mal fondée. […] Elle justifie le jugement que nous en avons porté sur le dessein de l’auteur des Observations ; en voici la preuve, page 22 : À quoi songiez-vous, Molière, (dit l’auteur de cette Lettre) quand vous fîtes dessein de jouer les Tartuffes ? […] malgré que j’en aie, il me vient à la bouche, Et jamais je ne songe à Monsieur de la Souche, Qui diable vous a fait aussi vous aviser, À quarante-deux ans de vous débaptiser, Et d’un vieux tronc pourri de votre métairie, Vous faire dans le monde un nom de seigneurie ?
Mais je songe à quel prix tu conquis cette gloire Dont les tardifs rayons couronnent ta mémoire.
C’est fort bien fait à eux : les belles choses ne sauroient être trop souvent répétées ; mais ils ne songent point qu’ils prononcent en ma faveur & contre eux.
. — De grace, Monsieur, songez bien à ce que vous allez me dicter. — Reposez-vous-en sur moi. | Voici quelle fut cette phrase.
Loin d’être enhardis par l’exemple, qu’ils songent à quel point il faut être un grand homme pour savoir masquer de grandes fautes. […] Vous, Brin-d’avoine, & vous, la Merluche, je vous établis dans la charge de rincer les verres, & de donner à boire, mais seulement lorsqu’on aura soif, & non pas, selon la coutume de certains impertinents laquais, qui viennent provoquer les gens, & les faire aviser de boire lorsqu’on n’y songe pas.
Bien loin de s’indigner, il n’est personne qui songe à s’étonner seulement si l’on critique dans Corneille « l’air d’héroïsme à tout propos », et la « fausse gloire », et « l’emphase du style ». […] S’il avait pu, dans, sa vingtième année, céder, sans y songer, au simple attrait du plaisir, il avait eu le temps, pendant ces douze ans, de voir, de comparer, de réfléchir. […] Voilà tout le profit qu’un dévot, faux ou vrai, pouvait alors songer à tirer de sa dévotion ; et je laisse au lecteur à penser s’ils étaient beaucoup qui en fussent avides. […] On mesurera la puissance de ce courant si l’on songe qu’au siècle suivant Voltaire et Diderot en procèdent ; Voltaire, qui dès 1728, avec une sûreté de coup d’œil singulière, s’en est pris tout d’abord à Pascal, Voltaire, qui ne croit pas plus que Molière à la bonté de la nature, mais qui, comme Molière, croit à l’inutilité d’abord, et ensuite à la cruauté des moyens que les hommes ont imaginés pour combattre la nature, et ne réussir finalement qu’à être vaincus par elle. — Et Diderot, qui tire des principes du « libertinage », comme une conséquence lointaine, la religion de la nature. […] « Avoir raison aux choses que l’on fait » est une locution barbare ; « mon cœur pour sa défense », est amphibologique, si ce n’est nullement du « mérite » de Valère ou de son propre penchant, à elle, qu’Elise ici songe à « se défendre », mais du jugement que le monde fera du choix de son « cœur ».
Dieux, princes, bergers, bourgeois, gentilshommes, valets, on en trouve partout sans qu’on songe jamais à s’en plaindre : Célie, Hippolyte, Lucile, Elvire, Isabelle, Agnès, Lucinde, Eliante, Mariane, Elise, Julie, Eriphile, Psyché, Zerbinette, Hyacinthe, Henriette, Angélique, je vous aime, avec vos Lélies, vos Léandres, vos Erastes, vos Valères, vos Horaces, vos Orontes, vos Sostrates, vos Cléontes, vos Octaves, vos Cléantes, et vos Clitandres, doux noms et charmants souvenirs, aimables figures qui venez, au milieu des farces les plus risibles ou des peintures de caractère les plus hardies, apporter la grâce riante de vos jeunes amours ! […] Il sera pur463 : jamais un amant, qui aime de l’amour peint par Molière, ne songera à faire sa maîtresse de son amante, ou plutôt ce mot de maîtresse deviendra chaste dans sa bouche et dans sa pensée ; il sera toujours ému de respect devant celle en qui il vénère sa propre dignité et son honneur même.
« L’homme n’est que d’un jour, le voilà, il n’est plus ; ce n’est que le songe d’une ombre. » À ce compte, la comédie est l’ombre d’une ombre. […] et il fallut attendre que le roi fût mort, pour en venir à songer que le roi lui-même, serait quelque jour, un sujet de comédie. — « On peut tout croire, hélas ! […] si M. le comte de Mornay avait songé à la conservation de ce diadème poétique, il eut commandé qu’il fût d’un plus rude métal ! […] Tant que vous êtes jeune, vous êtes au-dessus des rumeurs qui s’attachent aux choses débattues ; nul ne songe à vous demander qui vous êtes, et ce que vous venez chercher en cette arène ouverte à la jeunesse, à l’espace, au soleil, à la force, à l’espérance, à la beauté ?
Ce ne sont pas seulement les Critiques de Moliere qu’on peut repousser par de telles réflexions : il y a beaucoup d’autres Livres que l’on censure, parce qu’on ne songe pas aux divers usages à quoi ils sont destinez, & parce que l’on y trouve cent choses que l’on voudroit que l’Auteur eût retranchées. […] Songent-ils bien que si je m’étois réglé sur leurs idées de perfection, j’aurois fait un Livre qui leur eût plu à la vérité, mais qui eût déplu à cent autres, & qu’on eût laissé pourrir dans les magazins du Libraire ?
Quatre Seigneurs égarés entrent sur la scene, se plaignent des fatigues de la chasse, trouvent qu’une biche apprivoisée de Londres est plus amusante à poursuivre que les biches sauvages des bois ; songent à se tirer d’embarras comme de bons Courtisans, sans s’embarrasser de ce que deviendra leur Maître ; déclament contre l’obscurité. […] Vous ne songez guere que je suis Courtisan, à ce que je puis voir.
Je lui ai répondu avec fermeté, qu’à mon âge on ne pouvait faire ombrage a un esprit bien fait ; que ma conduite, dont elle avait été témoin dix ans de suite, démentait tous ses soupçons ; que j’avais si peu songé au dessein qu’elle me prêtait, que je l’avais souvent priée de m’obtenir la permission de me retirer ; que je ne souffrirais plus désormais ses hauteurs, que ses inégalités abrégeaient mes jours par les chagrins qu’elles me causaient — Et qui vous retient ici ? […] Je ne songe plus à me retirer. » La dévotion de madame de Montespan n’était pas si profonde qu’elle ne saisit toutes les occasions de nuire à madame de Maintenon.
Songez donc que si vous ne l’étiez pas, nous serions timides, contraintes, embarrassées avec vous : au lieu que vous possédant comme vous voilà, nous vous ferons mille petites amitiés...
Les divagations du vieux Liseo font songer à un autre père malheureux, au roi Lear.
Grâce à vous, j’ai pu enfin découvrir — sans y songer — un mot « à préfix ».
J’aimerais autant être possédé de l’ambition de Prométhée, que de songer à écrire une comédie pour le Théâtre-Français.
Aristophane l’a réalisé, et il faut bien convenir que deux petites pièces telles que Le Songe d’une nuit d’été et Comme il vous plaira, de Shakespeare, sont deux chefs-d’œuvre, et deux chefs-d’œuvre essentiellement différents du Tartuffe et du Misanthrope.
songez que je n’ai pas mangé depuis trois jours. […] Loin de croire que Moliere, en composant la derniere scene, ait songé à la premiere, je suis persuadé qu’il l’a faite d’après une situation prise dans un vieux roman.
Un songe, une reconnoissance, Un récit & de bons acteurs. […] Ainsi, le Tartufe, vu pour la premiere fois, ne permet certainement à personne de songer à l’art inconcevable qu’il a fallu pour le composer.