Vous devriez donc songer, mon cher, que quand on trouve en son chemin un homme de ma qualité... […] En vérité, vous êtes trop fanfaron pour un homme de qualité. […] La fanfaronnade de son Marquis est inutile à sa piece ; & si nous ne voulons pas lui dire, avec Dorante, qu’il est trop fanfaron pour un homme de qualité, soutenons-lui hardiment que les gens d’une certaine façon savent être fanfarons avec plus de décence9.
La mere avoue à sa fille qu’elle ne l’aime pas précisément parcequ’elle est sa fille, mais en qualité d’être 34. […] Valere a fait entrer chez Cidalise, en qualité de Philosophe & de Secrétaire, sous le nom de Carondas, un valet nommé Frontin. […] Vous donnez sottement vos qualités aux autres.
. — Ainsi donc ces fruits du génie, ayant perdu le duvet et la fleur, nous sont vainement offerts : si quelques autres, de même qualité environ, restent dans le fruitier, qui s’en aperçoit ? […] Songez que le roi lui-même joue un des Égyptiens du Mariage forcé ; qu’un des Espagnols est figuré par le gentilhomme basque Tartas, capable de se tenir debout sur les épaules de deux hommes, lesquels se tiennent eux-mêmes sur trois autres : jamais dans un cirque, les clowns fussent-ils des gens de qualité, fût-ce dans le cirque Molière, les paroles n’auront en plus de prix que les pirouettes. […] La qualité de celui-ci passe l’ordinaire.
Il n’exige pas l’impossible, il ne réclame d’elle que les qualités d’une honnête femme, et encore, à la rigueur, il s’en passerait, pourvu que celle qui ne contente pas son amour contentât sa colère et se séparât des hommes. […] L’homme dur peut, jusqu’à un certain point, compenser cette faiblesse (la dureté est une faiblesse) par des qualités d’un autre genre qui lui concilient, sinon l’affection, du moins l’estime ; mais la femme sans cœur n’a rien. La femme peut perdre les qualités de la femme, mais elle ne peut acquérir celles de l’homme.
240 Mais il importe d’insister sur l’immoralité d’un spectacle où l’intérêt, le charme, la passion sont sans cesse inspirés par des hommes indignes, chez qui l’auteur fait survivre des qualités d’esprit et de cœur inconciliables avec la bassesse de leurs actions, en sorte qu’on leur pardonne leur vice en faveur de leur grâce, de leur sensibilité, de ce reste d’honneur qui leur a été artistement laissé ; elle gai spectacle de leurs succès finit par insinuer doucement au spectateur séduit, que le vice, après tout, n’est pas si noir qu’on le fait. […] Quoique l’homme soit un insondable mélange de bien et de mal, c’est erreur d’imaginer que les qualités les plus délicates puissent s’accoupler avec les vices les plus honteux. […] Quand on se demande quel est l’honnête homme de Molière, on se dit qu’en somme c’est celui qui fuit tous les vices, qui évite tous les travers condamnés et flagellés dans tant de comédies excellentes ; et qui sait, comme le Clitandre des Femmes savantes, à toutes les qualités de la fortune270, de l’esprit271, de la naissance272, joindre des mœurs pures, une probité intacte273, une franchise pleine d’honneur274, une bienveillance indulgente275, une tendresse de cœur élevée276, un dévouement et un désintéressement absolus277.
Peut-être Elmire est-elle moins remarquée que d’autres parmi les femmes de Molière : ce manque d’éclat même est une de ses qualités. […] Il ne peut, pas plus que Boileau, supporter « ces femmes qui se retranchent toujours fièrement sur leur pruderie, regardent un chacun de haut en bas, et veulent que toutes les plus belles qualités que possèdent les autres ne soient rien en comparaison d’un misérable honneur dont personne ne se soucie382. »II déteste également « ces personnes qui prêtent doucement des charités à tout le monde, ces femmes qui donnent toujours le petit coup de langue en passant, et seraient bien fâchées d’avoir souffert qu’on eût dit du bien du prochain383. »Il veut que, jusque dans sa défense, la vertu attaquée reste douce ; il fait exprimer ce précepte par Elmire, insultée par la lubrique déclaration de Tartuffe : J’aime qu’avec douceur nous nous montrions sages, Et ne suis pas du tout de ces prudes sauvages, Dont l’honneur est armé de griffes et de dents, Et veut au moindre mot dévisager les gens384. […] On trouverait plutôt à redire aux femmes qui, dans la pratique de la vie, par une monstruosité morale déjà signalée409, mêlent des qualités et des défauts contradictoires : toutes les entremetteuses citées plus haut410 ont trop peu de conscience, et trop de cœur et d’esprit.
Outre la pension de mille livres que le Roi donnoit à Moliere, il lui faisoit encore de tems-en-tems des gratifications : d’ailleurs Moliere jouissoit de plus de vingt-cinq mille livres de rente, ayant quatre parts à la Comédie, une comme Acteur, une pour sa femme qui étoit Comédienne, & deux en qualité d’Auteur. […] Despréaux n’ignoroit pas toutes les raisons que je viens de dire : mais en qualité de Censeur rigide, il vouloit toûjours qu’on ne cherchât à plaire qu’aux personnes d’érudition & du goût le plus délicat : cependant de tous les Poëtes modernes Moliere étoit celui qu’il estimoit & admiroit le plus ; & qu’il trouvoit plus parfait en son genre, que Corneille & Racine dans le leur. […] Ce dernier Ecrivain en qualité de Prêtre & d’homme d’une morale très-severe, en parlant des grands talens de Moliere, a declamé un peu trop contre cet Auteur & contre la Comédie.
Ceci nous mène à « l’homme qui s’est jeté dans le bel esprit et veut être auteur malgré tout le monde. » Le duc de Saint-Aignan plaisantait un jour le duc de Montausier sur sa ressemblance avec Alceste : « Ne voyez-vous pas, mon cher duc, » lui répliqua Montausier, « que le ridicule du poëte de qualité vous désigne encore mieux ? […] Bazin, « se serait avisé de reconnaître dans -Oronte, dans ce faquin de qualité tout au plus, qui prétend que le ni en use honnêtement avec lui, le duc de Saint-Aignan (Beauvillers), mauvais poëte, sans douée, comme tout grand seigneur de l’Académie française, homme d’esprit pourtant et du plus exquis savoir-vivre, le Mécène d’alors, respecté de tous, tendrement aimé du roi, comblé de ses plus hautes faveurs, cité partout pour le modèle du plus parfait courtisan10 ? […] Ce type a peu exercé la curiosité des chercheurs de clefs, plus avides de découvrir la satire d’un travers ou d’un vice que de reconnaître une vertu ou une qualité. Restent quelques personnages secondaires : Cléonte, qui trouve toujours « L’art de ne vous rien dire avec de grands discours, » Damon « le raisonneur, » Timante « l’homme tout mystère, » Géralde « que la qualité entête, » Bélise « le pauvre esprit de femme, » et l’orgueilleux Adraste, et le jeune Cléon « qui s’est fait un mérite de son cuisinier, » et Damis, que l’amitié même de Célimène ne protège pas contre les traits de sa médisance33.
Nous ne dirons rien du passage à Vienne en 1641, car il était bien impossible à cette date que Molière fût à Vienne en qualité de comédien. […] En vérité, vers 1655, les « honnêtes gens » n’étaient pas exigeants, ni scrupuleux, sur la qualité des plaisanteries qu’on leur offrait ! […] C’est-à-dire : depuis qu’il l’a rencontré, toutes ses qualités d’autrefois se sont tournées en autant de défauts. […] Mais, en revanche, elle a les qualités de ses défauts : elle est saine, franche, naturelle, et elle a, — dans les choses qui sont de son domaine, — le poids, l’autorité, la force. […] C’est pourquoi nous dirons maintenant de son style qu’il n’est pas sans défauts, mais ces défauts ne l’empêchent point d’être unique en son genre, et dans notre histoire littéraire, pour des qualités qui tiennent étroitement à ces défauts mêmes.
Voiture, l’homme le plus à la mode du temps, le bel esprit le plus accrédité de la cour à l’Académie, le plus répandu chez les femmes de qualité, et le plus recherché des femmes de bel esprit, Voiture, en se rendant une fois, une seule fois au cercle d’une femme qui l’en avait prié, illustrait sa société : cette société se trouvait fondée. […] « Souvenez-vous, dit-il, de ces cabinets qu’on regarde encore avec tant de vénération, où la vertu était révérée sous le nom de l’incomparable Arthénice, où se rendaient tant de personnes de qualité et de mérite, qui composaient une cour choisie, nombreuse, sans confusion, modeste sans contrainte, savante sans orgueil, polie sans affectation. » La causticité du duc de Saint-Simon ne l’a pas empêché de rendre justice à la maison de Rambouillet.
Ne peut-on répondre que les qualités de Montaigne, en se distribuant entre La Bruyère, La Fontaine, Montesquieu et d’autres, ont acquis chacune un développement qu’elles n’auraient pas eu en lui ? […] On relevait aussi dans Corneille Un concert éclatant de rares qualités.
Ce seigneur réunissait en partie les qualités et les défauts d’Alceste ; à sa probité rigide, à sa sincérité courageuse, il joignait son humeur âpre, grondeuse et contrariante. […] Le duc de Saint-Aignan le plaisantait un jour sur cette ressemblance qu’on s’obstinait à trouver entre Alceste et lui : Ne voyez-vous pas, mon cher duc, lui répondit-il, que le ridicule du poète de qualité vous désigne encore mieux ? […] Il me suffit d’avoir indiqué les nombreux défauts du personnage, tous justiciables de la censure du théâtre : je ne me refuse point à reconnaître ses qualités non moins nombreuses, que l’auteur n’a eu ni le dessein ni le pouvoir de dégrader, en les associant aux excès et aux ridicules qui compatissent avec elles. […] Molière subit cette loi imposée par le goût fastueux du monarque, en transportant sur les bords de l’antique Pénée, les mœurs du moderne Lignon, en substituant aux simples pasteurs de la vallée de Tempé, les bergers de qualité dont l’imagination de d’Urfé avait peuplé les vallons du Forez.
Enfin une qualité essentielle au caractere, c’est qu’il se soûtienne ; & le poëte est d’autant plus obligé d’observer cette regle, que dans le tragique ses caracteres sont, pour ainsi dire, tous donnés par la fable ou l’histoire. […] Mal-à-propos l’a-t-on distinguée de la tragédie par la qualité des personnages : le roi de Thebes, & Jupiter lui-même, sont des personnages comiques dans l’Amphytrion ; & Spartacus, de la même condition que Sosie, seroit un personnage tragique à la tête de ses conjurés. […] Charles VI. leur accorda par ces lettres patentes, la liberté de continuer publiquement les représentations de leurs comédies pieuses, en y appellant quelques-uns de ses officiers ; il leur permit même d’aller & de venir par la ville habillés suivant le suject & la qualité des mysteres qu’ils devoient représenter. […] Délicat, poli, gracieux, que n’a-t-il la qualité qui fait le comique : Utinam scriptis adjuncta foret vis comica ! […] On diroit qu’il a choisi dans ses maîtres leurs qualités éminentes pour s’en revêtir éminemment.
La seconde vérité, c’est que les défauts essentiels sont les conditions des beautés essentielles, aphorisme qui peut s’exprimer ainsi : Chacun a les défauts de ses qualités. […] Prenons les hommes tels qu’ils sont, en bloc, avec leurs qualités et leurs défauts, comme manifestations d’une même puissance, et ne demandons pas la ruse au lion, la force au renard, ni la grâce au paysan du Danube.
C’est vous, Madame, qui m’avez enlevé cette qualité d’insensible que j’avois toujours affectée ; & tout ce que j’ai pu vous dire n’a été qu’une feinte qu’un mouvement secret m’a inspirée, & que je n’ai suivie qu’avec toutes les violences imaginables. […] C’est une qualité que j’aime en un Monarque : La tendresse du cœur est une grande marque Que d’un Prince à votre âge on peut tout présumer, Dès qu’on voit que son ame est capable d’aimer. […] Devant mes yeux, Seigneur, a passé votre enfance, Et j’ai de vos vertus vu fleurir l’espérance : Mes regards observoient en vous des qualités Où je reconnoissois le sang dont vous sortez ; J’y découvrois un fonds d’esprit & de lumiere ; Je vous trouvois bien fait, l’air grand & l’ame fiere ; Votre cœur, votre adresse éclatoient chaque jour : Mais je m’inquiétois de ne point voir d’amour.
Mais ils furent voilés par les excellentes qualités qui ont fait le bon citoyen et l’honnête homme.
Disons-le a la décharge des moliéristes trop exclusifs, si Molière a plus d’admirateurs que ses deux grands rivaux dramatiques, il le doit justement aux qualités que je signale ici. […] Il y a d’excellentes pages dans les articles sur Madeleine et Armande Béjart, des pages toutes brillantes de ces qualités littéraires qui conviennent h une grande revue de vulgarisation destinée surtout aux gens du monde, auxquels suffisent des résumés élégants de travaux originaux habilement rapprochés et combinés. […] Si je souscris à votre proposition, tous les engagements que vos deux aînés ont consentis depuis leur majorité réelle peuvent être tenus pour nuls ; de plus, les créanciers de votre défunt mari, s’ils éventent la supercherie (et les gens qui perdent ont le nez fin), se feront une arme de cette fraude pour les attaquer dans leurs biens ; tout au moins les contraindront-ils à prendre valablement qualité, et tout sera à recommencer. […] De là la nécessité 4e recourir au roi et à l’archevêque de Paris, Harlay de Champvalon, qui prescrivit une enquête sur la véracité des allégations de la veuve, et s’efforça de concilier les égards réclamés par les recommandations qu’il reçut vraisemblablement du monarque avec le respect qu’il devait, en sa qualité de supérieur ecclésiastique, aux principes sur lesquels son subordonné fondait son refus. […] C’est, sans compromettre le respect dû à la droiture et à la vertu, de démontrer que ces qualités ne valent que par la mesure ; qu’elles sont inutiles et même nuisibles quand cette mesure leur fait défaut, car l’excès gâte les meilleures choses.
Car les autres Poètes Comiques n’ont que les valets pour plaisants de leur Théâtre, et les plaisants du Théâtre de Molière, sont des Marquis et des gens de qualité.
De là résultent le comique, le moral, l’intérêt même, & plusieurs autres qualités d’un drame. […] Ici le Marquis, en faisant l’énumération des défauts d’Hortense, prend occasion de louer les belles qualités de la Comtesse. […] Avec la qualité d’original dont vous venez de m’honorer tout bas, il ne me manquoit plus que celle de rêveur : au surplus, je ne m’en plains pas. […] Remontons plus haut, & faisons la guerre au noble personnage de Madame Grognac dans le Distrait de Regnard, qui ne me paroît pas dignement soutenir sa qualité.
Ici l’ironie est impitoyable ; elle tue, elle brise, elle insulte, elle livre à la haine et au mépris l’homme auquel elle s’attaque, et elle le livre tout entier, sans lui tenir compte de quelques bonnes qualités qui se seront mêlées à ses défauts. […] Ainsi don Juan pourrait avoir les qualités d’un gentilhomme, on en fait un bandit de grand chemin. […] Ces grands hommes, l’honneur de l’esprit humain, reconnaissaient très volontiers les devoirs de la critique ; ils étaient, avant tout, de véritables hommes de lettres, et ils prouvaient, par leur exemple, que cette qualité d’homme de lettres est la plus grande et la plus honorable dont se puisse décorer un galant homme. […] J’enrage de voir de ces gens qui se conduisent en ridicules, malgré leur qualité ; de ces gens qui décident toujours et parlent hardiment de toutes choses, sans s’y connaître ; qui dans une comédie se récrieront aux méchants endroits et ne branleront pas à ceux qui sont bons… Eh !
On assure que Je prince de Conti, charmé des talents de son ancien condisciple, voulut se l’attacher en qualité de secrétaire. […] L’exagération de ses bonnes qualités vous fait sourire sans que vous l’en estimiez moins ; vous dites seulement : Il est bien difficile d’être parfait, puisque cet homme ne l’est pas. […] Il en est de même des nobles qualités d’Alceste, elles se feront jour au travers de sa mauvaise humeur. […] Cette pièce fut intercalée dans le Ballet des Muses de Benserade, et le roi Louis XIV ne dédaigna pas d’y jouer le rôle d’un maure de qualité. […] Toutes les qualités qu’un honnête homme souhaite de rencontrer dans la femme qu’il épouse se trouvent réunies en effet chez cette belle, sage et spirituelle personne.
Son œuvre très considérable et d’une exceptionnelle qualité font de lui le plus grand musicien de son siècle, à mettre pour le moins en parallèle avec Lully.
Il y a des vices de bonne compagnie qui passent, aux yeux indulgents du monde, pour de légers défauts ou même pour des qualités de société. […] Aussi a-t-il nettement fixé où le savoir est bon, et dans quelle mesure la science doit être recherchée : avec amour, mais sans excès, de façon qu’elle n’envahisse pas tout l’homme et n’étouffe pas en lui, sous l’orgueil du savant, les autres qualités qu’il faut posséder d’abord181. […] Mais ce calme du sage n’est ni l’indifférence211 ni l’orgueil212 : il faut que, toujours maître de soi, l’honnête homme supporte bravement le mal sans jamais se laisser faire le bien213 ; que, malgré tous les défauts des autres, il reste pour eux indulgent, bienveillant, serviable214 ; qu’il ne soit pas simplement un homme honnête et bon, mais un homme instruit, aimable, capable de conversation, spirituel s’il peut215 ; qu’il répande autour de lui non seulement le bien, mais l’agrément, et que toutes ses qualités ne lui donnent jamais un sentiment d’amour propre216 ; qu’il ait, avec la modestie, la dignité et les bonnes manières sans affectation217 ; qu’il songe même à la façon de s’habiller, sans être négligé ni ridicule, mais aussi sans outrer la mode218 ; qu’avec une juste libéralité il évite soigneusement les excès de luxe dans la toilette comme dans la vie, et qu’il ne sacrifie point son bien ni sa famille aux inutiles satisfactions de la vanité, ou aux prétendues exigences du monde219 : ce chapitre est infini, et Molière semble n’avoir pas oublié un seul des éléments, même les plus insignifiants en apparence, dont doit se composer cette perfection de la société polie, l’honnête homme.
C’était un homme de qualité, un homme d’esprit, de belle figure, un homme de cour, mais non un de ces courtisans de profession, qui bornant leur ambition à obtenir une parole ou un regard du prince, se pâmaient de joie en s’entendant nommer pour un voyage de Mari y ou Ce Fontainebleau. […] « Il les publie, dît-il dans sa préface, pour faire valoir l’esprit de ses illustres amies, et pour ne rien ôter à si reconnaissance et à leur gloire. » Il ajoute : « Je leur dois rendre le témoignage que leurs innocentes faveurs ont adouci tout le chagrin de ma vie et m’ont mis en état de me passer plus aisément de ce qu’on appelle fortune… Les femmes de qualité ont poli mes mœurs et cultivé mon esprit ; et comme je ne leur ai jamais eu d’obligation pour ma fortune, je n’ai jamais souffert auprès d’elles de servitude ni de contrainte. »Ces paroles ne sont pas d’un homme méprisable.
Le seigneur qui en était l’original, fut si vivement piqué d’être mis sur le théâtre, qu’il s’avisa d’une vengeance aussi indigne de sa qualité, qu’elle était imprudente.
Il fallut plus d’une fois que le gouvernement fît la recherche de ces derniers, et les contraignît, sous des peines assez sévères, à déposer les qualités et les armoiries qu’ils avaient usurpées. D’honnêtes et riches bourgeois, désespérant de devenir nobles de leur chef, voulaient du moins s’allier à des familles nobles : les uns donnaient leur fille à quelque gentilhomme obéré, qu’une grosse dot affranchissait de la poursuite de ses créanciers ; les autres, en plus petit nombre, épousaient eux-mêmes quelque fille de qualité, dont les parents recevaient, pour prix de cette mésalliance, de quoi rétablir leurs affaires délabrées. […] L’homme de qualité, en vertu de son rang, dédaignait celle qui lui avait donné les moyens de le soutenir, et souvent portait à d’autres femmes les prodigalités qu’elle l’avait mis en état de faire. […] Il y a encore, au fond de quelques provinces, des Sotenville et des bons, des Sotenville en ligne directe : ils ne sont pas vêtus tout à fait comme leurs ancêtres, ils ont un langage et des manières un peu différentes ; mais les qualités héréditaires subsistent en eux, et l’air de famille est profondément empreint sur leur figure. […] Le principal rapport des deux pièces consiste dans l’intervention d’un personnage subalterne, mais assez bien venu à la cour, ici à titre de fou, là en qualité de bouffon, et qui, prenant en main les intérêts d’un amant timide, emploie tout ce que les prérogatives de son office lui donnent d’accès et de privauté auprès d’une princesse, pour sonder son cœur, s’assurer s’il ne renferme pas le germe d’une passion réciproque ; l’y déposer, s’il est nécessaire ; le développer par ses soins, et forcer enfin le double orgueil du rang et du sexe à confesser sa défaite.
L’énergie, la hardiesse souvent heureuse, la saillie, la vivacité de ses tours et de ses expressions, sont des qualités qui ne sauraient être trop étudiées et trouver trop d’imitateurs. […] Alceste voudrait rompre tout commerce avec les hommes, et il aime une femme qui n’est jamais entourée de trop d’adorateurs ; il est d’une sincérité brutale, et il est pressé par un poète de qualité de lui dire son sentiment sur de méchants vers qu’il a composés. […] Cet écrit, où sont analysées toutes les qualités et toutes les opérations du génie de Molière, serait incomplet s’il n’y était fait aucune mention de son style. […] Mais, de quelque différence qu’il marque leurs différents langages, il ne peut s’empêcher de les empreindre tous des qualités particulières de sa diction, plus ou moins correcte, plus ou moins élégante, plus ou moins énergique. […] Ses parents prirent des qualités qui s’accommodaient à cette transformation.
Les huit tapissiers ayant qualité de valet de chambre faisaient partie des officiers domestiques et commensaux de la maison du roi, compris aux états enregistrés par la Cour des aides. […] Il suivait en qualité d’externe les cours du collège de Clermont (aujourd’hui Louis-le-Grand). […] Le jeune Poquelin fit-il, pendant le deuxième trimestre de 1642, le voyage de Roussillon à la suite de Louis XIII, en qualité de tapissier valet de chambre ? […] La qualité de maître écrivain à Paris qu’il prend dans les actes d’emprunt a fait supposer qu’il était cet ancien maître de pension dont parle Ch. […] De grandes qualités s’y découvrent.
Il est de la prudence & de l’adresse d’un Auteur de finir ses actes par une scene qui ait trois qualités bien nécessaires pour captiver deux mille personnes à qui il va donner le temps de réfléchir & de le juger : les voici. […] Cherchons pour exemple deux dernieres scenes d’acte, dont l’une réunisse ces trois belles qualités, & l’autre les trois défauts contraires.
La Dame, en qualité de femme, pousse contre lui la haine au dernier point : aussi Nérine, sa suivante, lui dit-elle, pour lui faire sa cour : Oui, oui, la haine seule est digne d’un grand cœur ; Aussi bien que l’amour, la haine a sa douceur. […] Leurs sombres enveloppes N’offusquent pas d’ailleurs leurs bonnes qualités.
Comment veulent-ils, ces Auteurs si enorgueillis de la qualité de leurs personnages, comment veulent-ils qu’un marchand, un procureur, un notaire, une petite-maîtresse subalterne, puissent s’intéresser à une intrigue de Cour, qu’ils s’amusent du caractere d’un courtisan placé si loin du leur, dont ils n’ont aucune connoissance ? […] La fille du Potier, qui craint que sa qualité ne l’empêche d’épouser Antoine, pleure.
Molière veut, avant tout, que la femme conserve ses qualités naturelles de bonté, d’affection, de dévouement, de modestie. […] N’est-ce pas de ce soin que s’acquittent à merveille, au xviie siècle, chacun dans leur milieu, les Don Louis, les Clitandre, les Dorante (de la critique), les Ariste, les Cléante, les Madame Jourdain, les Eliante, les maître Jacques, les Martine, les Dorine, les Toinette… ces gens du monde, ces bourgeoises, ces valets, ces servantes de Molière, de conditions bien différentes, mais qui tous possèdent ces mêmes qualités supérieures : la bonté souriante et le bon sens. […] Que le dessein de vivre en honnête personne Dépend des qualités du mari qu’on lui donne… Et qui donne à sa fille un homme qu’elle hait Est responsable au ciel des fautes qu’elle fait. […] Les hommes doivent être modestes et bienveillants, et cette bienveillance est une qualité sur laquelle Molière insiste : Ne hasardez jamais votre estime trop tôt Et soyez pour cela dans le milieu qu’il faut.
Or, l’école avait d’abord un principe, celui des formalités, matérialités, entités, virtualités… formes substantielles, qualités occultes… Avec lui on avait réponse à tout. […] — en vertu d’une qualité concoctrice, répondait l’école. […] —en vertu d’une qualité magnétique, continuait-elle imperturbablement. […] Enfin, dans son enthousiasme, Molière va jusqu’à citer presque textuellement le plus célèbre, à coup sûr, des passages de cet incomparable auteur : « Je soutiens qu’il faut dire la figure d’un chapeau… Oui, ignorant que vous êtes, c’est comme il faut parler, et ce sont les termes exprès d’Aristote dans le chapitre de la qualité (28). » Je ne crains pas que le lecteur se soit mépris sur le ton de cette exposition.
On a dit qu’il naquit vers 1620 et l’on n’a donné à son père que la qualité de valet de chambre tapissier du roi.
Il y sejourna pendant l’été ; & après quelques voyages qu’il fit à Paris secretement, il eut l’avantage de faire agrèer ses services & ceux de ses camarades à Monsieur, qui lui ayant accordé sa protection, & le titre de sa Troupe, le presenta en cette qualité au Roi & à la Reine Mere. […] C’est pourquoi, ajoûte l’Auteur, il seroit très-difficile dans une galanterie si confuse de dire qui en étoit le pere ; tout ce qu’on en sçait est que sa mere assûroit que dans son dereglement, si on en exceptoit Moliere, elle n’avoit jamais pu souffrir que des gens de qualité, & que pour cette raison sa fille étoit d’un sang fort noble ; c’est aussi la seule chose que la pauvre femme lui a toujours recommandée, de ne s’abandonner qu’à des personnes d’élite. […] Il se nomme Nicolas di Castelli, & prend qualité de Sécrétaire de l’Electeur de Brandebourg.
Il y sejourna pendant l’été ; & après quelques voyages qu’il fit à Paris secretement, il eut l’avantage de faire agrèer ses services & ceux de ses camarades à Monsieur, qui lui ayant accordé sa protection, & le titre de sa Troupe, le presenta en cette qualité au Roi & à la Reine Mere. […] C’est pourquoi, ajoûte l’Auteur, il seroit très-difficile dans une galanterie si confuse de dire qui en étoit le pere ; tout ce qu’on en sçait est que sa mere assûroit que dans son dereglement, si on en exceptoit Moliere, elle n’avoit jamais pu souffrir que des gens de qualité, & que pour cette raison sa fille étoit d’un sang fort noble ; c’est aussi la seule chose que la pauvre femme lui a toûjours recommandée, de ne s’abandonner qu’à des personnes d’élite.
Son faste, Sa fierté, ses hauteurs font un parfait contraste Avec les qualités de son humble rival, Qui n’oseroit parler, de peur de parler mal, Qui, par timidité, rougit comme une fille, Et qui, quoique fort riche, & de noble famille, Toujours rampant, craintif, & toujours concerté, Prodigue les excès de sa civilité : Pour les moindres valets rempli de déférences, Et ne parlant jamais que par ses révérences. […] Elle craint de n’être pas de qualité comme il le lui a certifié ; elle appréhende qu’il n’ait voulu se moquer d’elle.
Peut-être cette conception populaire de la morale et de la psychologie ne suffirait-elle pas à expliquer l’universalité du succès de Molière s’il n’y fallait ajouter une qualité particulière de l’expression et du style. […] Toutes les variétés de notre tempérament, ses qualités et ses défauts, ont eu un poète, un penseur, un artiste pour les exprimer.
Car il est bien plus difficile de faire des tableaux d’après nature, c’est-à-dire, où on ne s’écarte jamais des idées du commun des hommes, que de s’abandonner à des caprices où le pinceau joue en liberté, et donne comme fait à dessein, ce qui n’est souvent que l’effet du hasard, ou quelquefois même de l’inhabileté, ou de quelque fougue d’imagination, enfin d’une sorte de libertinage de génie qui a secoué le joug... » « Il semble que Molière ait choisi dans les maîtres leurs qualités éminentes pour s’en former un talent particulier.
Voyez le jugement que l’auteur des reflexions sur la poëtique a fait de Moliere « Personne, dit-il, n’a porté le ridicule de la comedie plus haut parmi-nous que Moliere ; car les autres poëtes comiques n’ont que les valets pour plaisans de leur theâtre ; & les plaisans du theâtre de Moliere, sont des marquis, & des gens de qualité.
Eugène Yung, écrivain distingué, possédait deux grandes qualités, véritables dons de nature : il savait manier la publicité et donner une direction aux foules ; il possédait en outre les qualités d’un administrateur. […] Vous trouverez, par exemple, dans Molière comme dans Corneille, des allocutions faites par un personnage à une qualité intérieure. […] C’est ainsi que l’entend Sganarelle, quand le valet de Dona Elvire vient lui dire : « Est-ce qu’un homme delà qualité de Dom Juan ferait une action si lâche ? » et que Sganarelle lui répond : « Eh oui, sa qualité ! […] Nos qualités sont des qualités laborieuses ; elles ne cachent pas assez qu’elles n’ignorent point leur prix, et on peut observer que notre littérature, suivant la pente de notre caractère, se fait solennelle jusque dans le banal.
Mais non ; il n’y a pas de sage de la pièce ; il y a deux honnêtes gens très différents, qui ont tous les deux des qualités et des défauts et qui sont très vrais l’un et l’autre. […] Ne laissez pas de songer du reste que vous avez désormais en moi un ami chaud et de qualité à vous pouvoir servir. […] Avec les plus belles qualités du monde et celles que je prise le plus, vous êtes orgueilleux. […] N’ayez aucun idéal et n’ayez aucune qualité supérieure, c’est la maxime même qui ressort de son théâtre tout entier. […] La seconde qualité à encourager et fortifier chez les jeunes filles, comme déjà l’indique ce que nous venons de dire, c’est le désir de plaire.
Le Roi y dansa vêtu en Maure de qualité.
Il se trouve en qualité de maréchal de France à Puycerda en 1678.
Toute la pièce était conçue pour mettre en relief ses diverses qualités, art de la parure, chant, danse ; et Euryale, représenté par La Grange, détaillait en son honneur un portrait qui dut être salué de longs applaudissemens : « Elle est adorable en tout temps, il est vrai ; mais ce moment l’a emporté sur tous les autres, et des grâces nouvelles ont redoublé l’éclat de ses beautés. […] vous êtes une bête. — C’est une chose étrange, réplique Armande sans s’émouvoir, c’est une chose étrange qu’une petite cérémonie soit capable de nous ôter toutes nos belles qualités, et qu’un mari et un galant vous regardent la même personne avec des yeux si différens ! […] Le poète dut éprouver les mêmes souffrances que son héros, avec ce surcroît d’irritation et d’inquiétude que donne la qualité de mari, c’est-à-dire la crainte de perdre non pas seulement ce que l’on désire, mais ce que l’on possède, et le souci de l’honneur en danger. […] Après sa mort, à une époque indéterminée, un grossoyeur de notes et d’anecdotes, de petits papiers et d’extraits de jurnaux, dont le recueil manuscrit est venu jusqu’à nous, le sieur Jean-Nicolas de Tralage, parait-il, s’amusait à dresser un double catalogue des comédiens qui « vivaient bien » et de ceux qui « vivoient mal, » et, parmi ces derniers, il rangeoit « la femme de Molière entretenue à diverses fois par des gens de qualité et séparée de son mari ». […] Avec ce tact qui était une de ses qualités royales, Louis XIV fit respecter à la fois sa dignité, celle de l’archevêque, Harlay de Chanvalon, fort méprisable comme homme, mais, en somme, son archevêque de Paris, et la justice due à Molière : il congédia la veuve en disant que l’affaire ne dépendait pas de lui et il manda au prélat « qu’il fît en sorte d’éviter l’éclat et le scandale. » Le soir des funérailles, la foule s’amassait devant la maison mortuaire, non sans doute, comme on le dit habituellement, pour insulter le cercueil : les Parisiens n’ont jamais été de grands rigoristes.
Jourdain, ses bizarres prétentions, ses études tardives pour devenir homme de qualité, le gros bon sens de sa femme et de Nicole, la dispute des trois professeurs, enfin la manière adroite dont le marquis traite sa maîtresse aux dépens du bourgeois, tout se réunirait pour élever Le Bourgeois gentilhomme au rang des chefs-d’œuvre, si les deux derniers actes n’étaient sacrifies aux charges trop grotesques de la cérémonie. […] Avec des qualités aussi éminentes on doit penser que Molière se fit plus d’un ennemi, et que sa vie littéraire ne fut pas exempte de persécutions. […] Béjart parait être l’auteur d’un ouvrage intitulé : Recueil des titres, qualités, blasons et armoiries des prélats et barons des états de Languedoc, tenus en 1654, par le sieur J. […] Ce fut cette fâcheuse situation qui toucha Molière ; il s’applaudit d’être en état de faire du bien à un jeune homme qui paraissait avoir toutes les qualités nécessaires pour profiter du soin qu’il voulait prendre de lui ; il n’avait garde d’ailleurs, à le prendre du côté du bon esprit, de manquer une occasion si favorable d’assurer sa troupe, en y faisant entrer le petit Baron. […] Cet acteur, dit l’auteur de la Galerie historique du Théâtre Français, que l’on ne pourra jamais louer autant qu’il l’a mérité, possédait la réunion brillante de toutes les qualités, dont chacun de ses successeurs, sans même en excepter Le Kain, n’offrit qu’une portion plus ou moins forte.
En toute cette rue, Que j’ai cent & cent fois visitée & courue, Il ne logea jamais Dame de qualité, Ni fille de mérite ou de rare beauté, Qui méritât d’un Comte être galantisée. […] Le Lord Clarandon devient épris d’Eugénie ; elle est trop vertueuse pour qu’il puisse se flatter de l’avoir en qualité de maîtresse : il lui propose un hymen secret, afin de ménager, dit-il, un oncle qui s’indigneroit d’un mariage trop inégal.
Toutes les qualités qui peuvent assurer le bonheur conjugal sont prêchées : la confiance, la douceur, les soins réciproques, l’indulgence ; tous les devoirs imposés aux époux sont affirmés : affection, dévouement, secours, fidélité. […] « Mais le dessein de vivre en honnête personne Dépend des qualités du mari qu’on lui donne ; Et ceux de qui partout on montre au doigt le front, Font leurs femmes souvent ce qu’on voit qu’elles sont : Il est bien difficile enfin d’être fidèle À de certains maris faits d’un certain modèle572. » XXII.
Voyez le jugement que l’auteur des reflexions sur la poëtique a fait de Moliere « Personne, dit-il, n’a porté le ridicule de la comédie plus haut parmi nous que Moliere ; car les autres poëtes comiques n’ont que les valets pour plaisans de leur théâtre ; & les plaisans du théâtre de Moliere, sont des marquis & des gens de qualité.
. — Concours de Molière, La Fontaine, Boileau et Racine, pour exalter les brillantes qualités du roi. — Ils favorisent le règne naissant de la galanterie.
Louvois, le fier Louvois, qui, en qualité de Secrétaire d’état, appartenait à la compagnie, fut indigné de la témérité du farceur italien, et la lui reprocha avec une dureté qu’il employait quelquefois plus mal. […] Quant à Cléonte, il a d’abord sa part, en qualité d’amoureux, de cette aimable déraison que la sagesse même envierait, et dont l’insensibilité seule pourrait gronder. […] La latinité d’Apulée, comme celle de tous les Africains qui ont écrit dans la langue des Romains, est rude, obscure, remplie de termes à la fois barbares et affectés ; mais ses idées sont plus naturelles que ses expressions ; son style, infecté des vices communs à son siècle et propres à son pays, brille néanmoins de toutes les qualités d’un esprit vif et gracieux, éloquent et poétique.
Cette connaissance ne consiste pas précisément à apprécier les bonnes qualités dont on est doué, mais à connaître, à sentir ses instincts défectueux et pervers, afin de pouvoir les combattre et les réprimer. […] Lorsque les sentiments moraux sont présents dans son esprit en même temps que ses passions, l’homme, éclairé par les premiers sur la qualité des secondes, se connaît : il reste raisonnable en présence de ses passions, il apprécie leur nature irrationnelle ou perverse, et il peut leur résister s’il le veut, car il possède alors tous les éléments nécessaires pour se déterminer librement. […] Il pourra même les prendre pour des qualités ; il exaltera comme merveilleuses les circonstances les plus insignifiantes qu’il rencontre chez elle, ainsi que nous le verrons chez les deux amoureux des Fourberies de Scapin. […] L’amoureux, par exemple, exagère les qualités de son amante ; il lui attribue celles qu’elle n’a pas, et les défauts qu’elle peut avoir lui apparaissent souvent comme des éléments de perfection. […] On reste frappé d’admiration devant la grâce naïve et l’ingénuité d’Agnès, devant les séduisants caractères de ses jeunes amoureuses, dont pas une ne ressemble aux autres, et qui toutes, par différents côtés, représentent si bien les qualités aimables de la femme.
Les Magistrats, indignés avec raison de l’extrême licence des Poëtes, leur ôterent non seulement la liberté de nommer ceux qu’ils vouloient jouer, & de spécifier leurs qualités ; ils défendirent encore aux acteurs de prendre des masques & des habits qui fissent reconnoître les personnages que le poëte avoit en vue.
L’accomplissement de ce noble projet devait rapprocher sa condition de celle de la duchesse de Montausier, et c’est ce qui arriva dès que le duc du Maine eut annoncé ses heureuses qualités.
Ceux-ci tenaient le jour d’un Joseph Béjart, auquel plusieurs actes donnent tantôt la qualité de procureur au Châtelet de Paris, tantôt celle d’huissier du Roi ès eaux et forêts. […] C’était chez eux, chez le premier surtout, que les jeunes gens allaient s’instruire des qualités indispensables aux hommes qui voulaient fréquenter les cercles des « chères ». […] Elle fut interdite, Somaize33 nous l’apprend, par l’influence d’un « alcoviste de qualité ». […] « En ce même temps, dit La Grange, M. de Molière a reçu pension du Roi en qualité de bel esprit, et a été couché sur l’état pour la somme de 1 000 livres. […] Molière l’avait accompagné, ou plutôt précédé, en sa qualité de tapissier valet de chambre51.
À côté de la piquante Célimène, Molière a placé la sincère Éliante, qu’il nous dépeint comme une jeune femme remplie d’agréments, mais douce d’humeur, droite de cœur et de jugement, modeste, indulgente et sage, possédant enfin ces qualités essentielles au bonheur, sur lesquelles prévalent trop souvent des dons plus brillants et moins solides. […] On pourrait souhaiter en elle des qualités plus sympathiques ; mais c’est, dans toute la vérité de l’expression, ce qu’on peut appeler une honnête femme.
Soyez surpris, avec raison, de voir la qualité & l’intérêt s’établir des privileges dans le sanctuaire des arts : dites-vous à vous-même qu’au théâtre les vrais nobles, les vrais riches, sont ceux qui ont hérité de Moliere, de Corneille, & qui les approchent de plus près : gémissez en secret ; mais gardez-vous d’insister si vous desirez qu’on vous joue par grace dans les petits jours, ou pendant les chaleurs de l’été57, encore serez-vous très heureux. […] Les Comédiens affichent dans leurs corridors les ordres du Roi, qui défendent à toute personne, de quelle qualité & condition qu’elle soit, d’entrer au spectacle sans payer.
Je la dis, cette idée, dans une maison où je me trouvai un soir ; et d’abord une personne de qualité, dont l’esprit est assez connu dans le monde, et qui me fait l’honneur de m’aimer, trouva le projet assez à son gré, non seulement pour me solliciter d’y mettre la main, mais encore pour l’y mettre lui-même, et je fus étonné que, deux jours après, il me montra toute l’affaire exécutée d’une manière, à la vérité, beaucoup plus galante et plus spirituelle que je ne puis faire, mais où je trouvai des choses trop avantageuses pour moi ; et j’eus peur que, si je produisais cet ouvrage sur notre théâtre, on ne m’accusât d’abord d’avoir mendié les louanges qu’on m’y donnait. » Je soupçonne que l’ouvrage ne parut pas à Molière tout à fait aussi galant et aussi spirituel qu’il le dit ici ; qu’il y vit quelque autre défaut que d’être trop flatteur pour lui, et que la crainte de paraître manquer de modestie fut moins le motif qui l’empêcha d’en faire usage, que le prétexte qui lui servit pour s’en dispenser. […] Quelle était cette personne de qualité, connue par son esprit et amie de Molière, qui voulut ainsi lui servir de second dans sa querelle contre les détracteurs de L’École des femmes ? […] Assurément ni la personne, ni la qualité même des marquis dont les actions et les discours étaient sages, ne recevait la moindre atteinte de quelques traits lancés contre quelques étourdis qui s’embrassaient convulsivement, faisaient de grands gestes, poussaient de grands éclats de voix, débitaient de méchantes pointes, outraient les modes les plus outrées, et se donnaient en spectacle jusque sur les théâtres publics. […] C’est ainsi, par exemple, qu’un homme, possédé de la manie de se croire malade, et livré, par une suite de cette triste faiblesse, aux artificieuses caresses d’une marâtre qu’il a donnée à ses enfants, entend cette femme cupide se réjouir inhumainement à la fausse nouvelle de sa mort ; c’est ainsi qu’un petit bourgeois, qui a la sotte vanité de passer pour gentilhomme, est berné, dupé, volé par un escroc de qualité ; c’est ainsi, enfin, qu’un riche paysan, qui a fait la folie d’épouser une demoiselle, est témoin des rendez-vous nocturnes qu’elle donne à son amant.
On sait que Molière va reparaître ; car il est l’orateur de sa troupe ; en cette qualité c’est lui qui fait l’annonce du prochain spectacle. […] Dans la transparence de sa naïveté vous voyez toutes les qualités aimables de nos filles : elle est compatissante, témoin son affliction de la mort du petit chat ; elle est civile, rappelez-vous ses belles révérences ; elle est enfin docile, ordonnée, travailleuse ; avec cela, une petite pointe de coquetterie : c’est sa grosse passion : elle aime à être brave et leste ; ce sera bien la plus délicieuse petite bourgeoise ! […] Elle a toutes les qualités charmantes de notre amie : la droiture du cœur, la tranquillité d’âme, jointe à beaucoup de finesse native et à cette vivacité de réplique, dont Arnolphe est si déconcerté au cinquième acte ; Henriette, comme Agnès, est née pour le ménage ; mais avec tout cela, elle sait ; et cela ne diminue pas son charme. […] Mais elle a, par-dessus toutes choses, cette adorable qualité française, le bon sens ; et elle l’emploie, Clitandre vous le dira, à paraître ignorer les choses qu’elle sait plutôt que d’en faire pédantesquement parade. […] Il se fierait, pour que cela ne passât pas les bornes, à ce bon sens de race que je rappelais à l’occasion d’Henriette, à ce sens exquis de la mesure et du goût, qui est inné chez nos Françaises, et, aussi, à cette galanterie respectueuse, la galanterie du galant homme, qui ne se perd chez nous qu’à cause justement de la séparation des sexes, cette séparation contraignant l’homme à se gâcher l’esprit et le cœur dans la société des filles de plaisir. — J’ai pu, pour ma part, m’assurer plus d’une fois que cette forte éducation, cette liberté des jeunes filles anglo-saxonnes, savent en faire des créatures admirablement loyales, point du tout pédantes, nullement dénuées de charme féminin ; et je me suis pris à penser que nos jeunes filles françaises y puiseraient très probablement des qualités inattendues, propres à ranimer ces choses qui vont disparaissant : la conversation dans le salon, le conseil au foyer.