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21. (1725) Vie de l’auteur (Les Œuvres de Monsieur de Molière) [graphies originales] pp. 8-116

On en jugea dans ce temps-là, comme on en juge en celui-ci. […] Il s’en forma une meilleure, dans laquelle étoit la Beauval : Baron jugea à propos de s’y mettre. […] Moliere, dit Chapelle, puisque vous voilà, jugez si j’ai tort. […] Jugez-nous, Moliere, je vous en prie, dit M. […] il devoit du moins frapper ceux qui jugent avec équité par les connoissances les plus communes.

22. (1772) De l’art de la comédie. Livre premier. De ses différentes parties (1re éd.) [graphies originales] « CHAPITRE III. Choix du lieu de la Scene. » pp. 76-93

Dandin est fou ; il peut fort bien braver le qu’en dira-t-on, & vouloir juger au milieu de la rue : mais est-il raisonnable que Léandre, son fils, consente à rendre publique la folie de son pere, qu’il l’expose au mépris de la plus vile populace, & qu’il se couvre lui-même du plus grand ridicule ? […] « Là, Sophie faisoit à la hâte les protestations les plus tendres à Damon, lui promettoit de n’aimer que lui, l’exhortoit à juger de la violence de son amour par la démarche hardie qu’elle faisoit, le quittoit, de crainte, disoit-elle, que ses parents ne s’alarmassent de sa trop longue absence ; revenoit effectivement vers son pere & sa mere, disoit en passant un mot flatteur au pauvre Sainval, qui avoit la complaisance de parler raison avec les barbons. […] il ne faut que le sens commun & une ame, pour juger du vrai beau.

23. (1772) De l’art de la comédie. Livre second. De ses différents genres (1re éd.) [graphies originales] « CHAPITRE XXVII. Du Caractere des Professions. » pp. 284-302

Mon affaire est-elle jugée ? […] Quelqu’un viendra vous dire avec ardeur : Voilà trois cents louis ; jugez en ma faveur. […] Il y a grande différence, me dira-t-on peut-être, entre plaider & juger contre son intérêt : j’en conviens ; mais elle est toute à l’avantage de l’Avocat, puisqu’il peut se récuser plus facilement que le Juge que M.

24. (1858) Molière et l’idéal moderne (Revue française) pp. 230-

L’auteur ne fait que montrer ; peut-être l’indifférence apparente du poète, qui constate au lieu de juger, et montre tout sans rien maudire, ajoute-t-elle à la poignante horreur de la réalité. […] L’artiste a dominé l’homme, l’a vu, l’a jugé, et ne l’a pas vengé. […] Confronté avec la science et avec la vie, il est une pièce du grand procès et aide l’homme à juger l’homme.

25. (1802) Études sur Molière pp. -355

Les caractères. — Nous avons jugé le principal en parlant des imitations. […] Jugeons, en peu de mots, les deux ouvrages. […] Mais nous avons résolu, le lecteur et moi, de ne juger jamais sur parole. […] Les scènes. — Nous les avons jugées, en parlant des imitations. […] Boileau et madame Dacier préféraient, dit-on, la pièce latine ; mais persistons à ne pas juger sur parole.

26. (1901) Molière moraliste pp. 3-32

Et ce respect de Molière (bien supérieur en cela à La Fontaine) pour la femme, qu’il croit naturellement bonne et généreuse, ne répond-il pas aux préoccupations du grand philosophe moderne qui jugeait de la valeur morale d’une société selon la place que la femme y tenait, l’estime et le respect dont elle y était entourée, croyant avec raison que seule la femme sera capable d’élever, de rendre meilleur et plus pur le cœur de l’homme ; que seule la compagne de celui qui lutte et qui pense, saura lui rappeler sans cesse qu’il doit être non seulement courageux et énergique, mais très bon, très généreux et très aimant. […] Le moraliste et le grand philosophe, comprenant l’un et l’autre la nécessité permanente d’accommoder, avec l’opinion humaine qui évolue, l’appréciation des actes des hommes qui se répètent en somme à travers les siècles sans grand changement, remettent aux meilleurs de nos contemporains le soin de juger de notre conduite. […] Ils entourent le personnage vicieux ou ridicule que Molière les charge de conseiller ou de juger ; ils le connaissent à merveille, depuis longtemps. […] N’est-ce pas nous engager à ne point juger les gens sur l’apparence, mais sur ce qu’ils valent en réalité. […] Les véritables dévots : Ce ne sont point du tout fanfarons de vertu : On ne voit point en eux ce faste insupportable, Et leur dévotion est humaine et traitable : Ils ne censurent point toutes nos actions… … L’apparence du mal a chez eux peu d’appui, Et leur âme est portée à juger bien d’autrui.

27. (1746) Notices des pièces de Molière (1658-1660) [Histoire du théâtre français, tome VIII] pp. -397

Mais il est certain qu’on n’en peut juger de cette sorte sans prendre le nœud pour le dénouement ; et si je puis me servir de l’exemple d’Héraclius, tout ce qui se passe avant le quatrième acte ne tient lieu que de préparatifs pour mettre Phocas entre deux princes, dont il sait que l’un est son fils, et l’autre celui de Maurice, sans qu’il puisse connaître lequel des deux est l’ennemi dont il a juré la perte, et c’est ce qui en fait le nœud. […] « [*]On remarqua, dans Le Cocu imaginaire, que l’auteur, depuis son établissement à Paris, avait perfectionné son style ; cet ouvrage est plus correctement écrit que ses deux premières comédies, mais si l’on y retrouve Molière en quelques endroits, ce n’est pas le Molière des Précieuses ridicules ; le titre de la pièce, le caractère du premier personnage, la nature de l’intrigue, et le genre de comique qui y règne, semble annoncer qu’elle est moins faite pour amuser les gens délicats que pour faire rire la multitude ; cependant on ne peut s’empêcher d’y découvrir en même temps un but très moral ; c’est de faire sentir combien il est dangereux de juger avec trop de précipitation, surtout dans les circonstances où la passion peut grossir ou diminuer les objets. […] Son Étourdi, son Dépit amoureux, ses Précieuses ridicules, et son Cocu imaginaire, sont plus que suffisants pour prouver cette vérité, puisque la Cour les a non seulement approuvées, mais encore le peuple, qui dans Paris sait parfaitement bien juger de ces sortes d’ouvrages ; quelques applaudissements toutefois que l’on ait donnés aux deux premières de ces pièces, la troisième a beaucoup plus fait d’éclat qu’elles n’ont fait toutes deux ensemble, puisqu’elle a passé pour l’ouvrage le plus charmant et le plus délicat qui ait jamais paru au théâtre ; l’on est venu à Paris de vingt lieues à la ronde, afin d’en avoir le divertissement. […] Jugez quelle réussite cette pièce aurait eu, si elle avait été jouée dans un temps plus favorable, et si la Cour avait été à Paris ? […] Une grande troupe ou famille De comédiens de Castille, Se sont établis dans Paris, Séjour des jeux, danses et ris ; Pour considérer leur manière, J’allai voir leur pièce première, Donnant à leur porter tout franc, La somme d’un bel écu blanc ; Je n’entendis point leurs paroles, Mais tant Espagnols, qu’Espagnoles, Tant comiques, que sérieux, Firent chacun tout de leur mieux, Et quelques-uns par excellence, À juger selon l’apparence.

28. (1772) De l’art de la comédie. Livre second. De ses différents genres (1re éd.) [graphies originales] « CHAPITRE XXVIII. Les Caracteres des hommes n’ont pas plus changé que ceux des professions. » pp. 303-311

mais elle le pensera : elle aura, comme les femmes savantes, un bureau de bel esprit chez elle, où l’on jugera en dernier ressort tous les ouvrages nouveaux ; où elle ne manquera pas de critiquer la piece d’un Auteur, par la seule raison qu’il ne va pas chez elle, & qu’il dédaigne son faux savoir, autant que sa maison de campagne, & son cuisinier ; où elle ne manquera pas de faire élever aux nues les productions d’un moderne Trissotin, par la seule raison encore qu’il lui présente de petits vers dans lesquels il la nomme, avec autant d’effronterie que de bassesse, une dixieme Muse. […] Elle ne dira pas à son mari d’un ton despotique : Ce Monsieur Trissotin, dont on nous fait un crime, Et qui n’a pas l’honneur d’être dans votre estime, Est celui que je prends pour l’époux qu’il lui faut ; Et je sais mieux que vous juger de ce qu’il vaut.

29. (1772) De l’art de la comédie. Livre quatrième. Des imitateurs modernes (1re éd.) [graphies originales] « CHAPITRE VIII. M. DE SAINT-FOIX. » pp. 288-296

Je lui parlai d’une affaire de famille que j’avois en effet avec la brune, & que je voulois accommoder : je racontat cela avec tant d’ingénuité, qu’on me crut, ou qu’on jugea du moins qu’on ne pouvoit point se dispenser de feindre de me croire. […] Nous vous mettons sur les voies ; vous lui ferez le compliment amoureux que vous jugerez à propos ; nous ne sommes pas en peine de la façon dont vous jouerez votre rôle.

30. (1835) Mémoire pour servir à l’histoire de la société polie en France « Chapitre XXXV » pp. 402-412

On peut en juger par la correspondance de madame de Sévigné avec madame de Grignan. […] Au reste, nous avons vu la fin de 1677, nous allons voir 1679 ; par le point d’arrivée et par le point de départ nous jugerons des intermédiaires.

31. (1882) Molière (Études littéraires, extrait) pp. 384-490

Jugez-en par la crise du quatrième acte67. […] On jugera de son intensité par la colère même de la satire qui sut égaler la rigueur du châtiment à la scélératesse du coupable. […] Peut-être donc Molière n’a-t-il pas jugé la question d’assez haut. […] Rousseau n’a pas l’esprit assez libre pour juger l’âme désintéressée du Molière. […] S’il faut en croire Brossette, Boileau le jugeait trop tragique pour une comédie.

32. (1772) De l’art de la comédie. Livre second. De ses différents genres (1re éd.) [graphies originales] « CHAPITRE II. Des Comédies Héroïques. » pp. 9-29

Elle s’en excuse comme ne connoissant pas assez particuliérement le mérite de ses prétendants, & leur commande de choisir eux-mêmes les trois qu’ils en jugent les plus dignes, les assurant que s’il se rencontre quelqu’un entre ces trois qu’elle puisse aimer, elle l’épousera. […] S’il a tant de valeur que vous-même le dites, Il sait quelle est la vôtre & connoît vos mérites, Et jugera de vous avec plus de raison Que moi qui n’en connois que la race & le nom. […] Je n’entreprendrai point de juger entre vous Qui mérite le mieux le nom de son époux ; Je serois téméraire, & m’en sens incapable, Et peut-être quelqu’un m’en tiendroit recusable.

33. (1772) De l’art de la comédie. Livre second. De ses différents genres (1re éd.) [graphies originales] « CHAPITRE IX. Du Genre larmoyant. » pp. 103-122

Les autres, accoutumés à ne voir que des détails, ne savent pas juger l’ensemble d’un ouvrage. […] La franchise & la sincérité sont si rares, sur-tout quand il est question de se juger soi-même ! […] le plus souvent l’apparence déçoit ; Il ne faut pas toujours juger sur ce qu’on voit.

34. (1747) Notices des pièces de Molière (1670-1673) [Histoire du théâtre français, tome XI] pp. -284

Louis XIV en jugea mieux, et rassura l’auteur, alarmé du peu de succès de la première représentationa. […] Les extraits qu’il donna amplement de la harangue de M. l’abbé Dangeau nous font juger qu’on s’arrêta peu sur le mérite du prédécesseur, et qu’il semblait qu’on marchait sur la braise à cet endroit-là. […] La réponse du directeur de l’Académie, si nous en jugeons par les extraitsb, fut entièrement muette par rapport au pauvre défunt. […] La comédie-ballet des Amants magnifiques ne fut point représentée à Paris après l’avoir été à la Cour, Molière ne jugea même pas à propos de la faire imprimer. […] Il devait du moins frapper ceux qui jugent avec équité, par les connaissances les plus communes.

35. (1765) Molière dans l’Encyclopédie de Diderot et d’Alembert (compilation) pp. 2668-16723

D’après ces regles que nous allons avoir occasion de développer & d’appliquer, on peut juger des progrès de la comédie ou plûtôt de ses révolutions. […] Il ne faut que lire ce qui nous reste d’Aristophane, pour juger, comme Plutarque, que c’est moins pour les honnêtes gens qu’il a écrit, que pour la vile populace, pour des hommes perdus d’envie, de noirceur, & de débauche. […] Qu’on lise le parallele qu’en a fait, avec Terence, l’auteur du siecle de Louis XIV. le plus digne de les juger, la Bruyere. […] S’il est peint avec force & vérité, il aura toûjours, comme les portraits de Vandeyk & de Latour, le mérite de la peinture, lors même qu’on ne sera plus en état de juger de la ressemblance ; & les connoisseurs y appercevront cette ame & cette vie, qu’on ne rend jamais qu’en imitant la nature. […] Un esprit préoccupé ne peut plus juger sainement de tout ce qui a quelque rapport au sujet de sa préoccupation ; il en infecte tout ce qu’il pense.

36. (1801) Moliérana « [Anecdotes] — [42, p. 72-73] »

Voici le parallèle qu’en a fait avec Térence l’auteur du siècle de Louis XIV, le plus digne d’en juger, La Bruyère : « Il n’a manqué à Térence que d’être moins froid : quelle pureté !

37. (1801) Moliérana « [Anecdotes] — [45, p. 77-78] »

Que jugez-vous qu’il faille lui donner ?

38. (1835) Mémoire pour servir à l’histoire de la société polie en France « Chapitre XXXVI » pp. 413-441

Ce mot, La Harpe la jugé sévère contre l’auteur de tant de lettres charmantes, et à ce sujet il a mis en avant que le goût qui juge est différent de celui qui crée, distinction juste et dont La Harpe est un exemple lui-même, car il a beaucoup et bien jugé, et son goût stérile n’a rien produit ; mais il ne faut pas conclure de ce que le goût qui juge ne prouve pas celui créé, que le goût qui crée ne comprend pas celui qui juge, car le goût qui juge bien de ce qui doit entrer dans ses compositions juge nécessairement bien le choix des autres ; de sorte qu’il est absurde de dire que madame de Sévigné, douée du goût qui crée, pouvait bien être privée du goût qui juge. […] Elle a jugé comme la postérité, tous les hommes de son siècle.

39. (1801) Moliérana « [Anecdotes] — [72, p. 106-108] »

Enfin destitué de tout secours, et désespérant de pouvoir vaincre l’opiniâtreté de son âne, il prit le parti de se retenir aux ailes du théâtre, et de laisser glisser l’animal entre ses jambes, pour aller faire telle scène qu’il jugerait à-propos.

40. (1835) Mémoire pour servir à l’histoire de la société polie en France « Chapitre XXIII » pp. 237-250

« On se moquait à la cour, dit madame de Caylus, de ces sociétés de gens oisifs, uniquement occupés à développer un sentiment et à juger d’un ouvrage d’esprit. […] Cependant, on voit par une multitude de lettres adressées par le duc de La Rochefoucauld à madame de Sablé, dans le temps qu’il complétait, corrigeait, soumettait à la critique les Maximes qu’il a publiées en 1665, que madame de Sablé les jugeait, et les modifiait très judicieusement ; on voit de plus qu’elle les soumettait au jugement d’autres femmes célèbres, de ses amies, notamment à la maréchale de Schomberg, Marie d’Hautefort, alors âgée d’environ 49 ans, anciennement l’objet de cette passion religieuse de Louis XIII, qui a été tant célébrée, et à son amie la comtesse de Maure ; qu’elle rédigeait elle-même des maximes, ou, pour parler plus exactement, des observations sur la société et sur le cœur humain, observations dont il paraît que le recueil de La Rochefoucauld renferme quelques-unes ; et enfin que cette dame avait de la fortune, une bonne maison, une excellente table, citée alors pour son élégante propreté ; qu’elle donnait des dîners dans la maison qu’elle occupait à Auteuil ; et que le duc de La Rochefoucauld allait souvent l’y voir.

41. (1836) Une étude sur Molière. Alceste et Célimène (La Revue de Bordeaux et Gironde unies) pp. 65-76

On pourrait apprécier la civilisation d’une époque, par la manière dont elle a jugé le misantrope. […] Molière, pour nous faire juger des vices de la haute société, introduit, parmi ceux qui la composent, un homme probe et sincère.

42. (1772) De l’art de la comédie. Livre quatrième. Des imitateurs modernes (1re éd.) [graphies originales] « CHAPITRE V.*. Destouches imitateur, comparé à Moliere, Plaute, Regnard, Shakespeare, &c. » pp. 185-218

Parfait jugent ainsi la piece & la Nouvelle. […] Destouches est un grand homme ; mais comme il est question de juger par nous-mêmes pour nous instruire dans l’art de l’imitateur, confrontons la Piece avec la Nouvelle, & voyons si l’imitation de M.  […] Le bon-homme jugea à propos de faire cette confidence à la fin d’un grand repas, où il avoit invité ses plus intimes amis, son fils, sa fille, & les parents de sa femme. […] Cervantes a jugé à propos d’insérer sa Nouvelle dans le roman de Don Quichotte ; c’est dans la traduction de cet ouvrage que nous allons puiser.

43. (1772) De l’art de la comédie. Livre premier. De ses différentes parties (1re éd.) [graphies originales] « CHAPITRE PREMIER. Du Choix d’un Sujet. » pp. 25-38

D’après cet oracle, le bel esprit de la société trace le plan, chacun y met quelque détail ; le précepteur de l’enfant de la maison transcrit ce qu’on appelle une piece, & s’admire : les auteurs la jouent ; vous jugez bien qu’ils la trouvent divine, c’est le mot, & digne de paroître sur le Théâtre François. […] J’ai rapporté plusieurs petites tirades de cette piece, parcequ’elles m’ont servi, non seulement à rendre l’extrait de chaque scene plus rapide, mais encore parcequ’elles mettent le Lecteur à portée de juger de la versification de Moliere dans ses premieres pieces, de la comparer dans la suite avec celle de ses dernieres, & d’y remarquer à quel point l’Auteur avoit su châtier son style.

44. (1772) De l’art de la comédie. Livre second. De ses différents genres (1re éd.) [graphies originales] « CHAPITRE VI. Des Pieces à scenes détachées, dans lesquelles une Divinité préside. » pp. 61-74

Madame, en vérité, c’est juger de travers ; Mon poëme n’est fait que pour coudre mes vers. […]   Mille tendres sornettes Que l’on a soin d’orner de mots à double sens ;  Parler éloquemment cornettes,  Et prononcer sur des rubans ; De tout ce qui paroît juger sans connoissance,  Hors de propos prodiguer son encens,  Et placer bien sa médisance :  Voilà des aimables du temps Ce qui fait le mérite & toute la science.

45. (1772) De l’art de la comédie. Livre second. De ses différents genres (1re éd.) [graphies originales] « CHAPITRE XXXVII. Du titre des Pieces à caractere. » pp. 417-432

Avec ce regard tendre & ce joli visage,  (Jugez combien cet homme est fou !) […] jugez, par cet essai, Si nos Auteurs n’ont pas cette expression tendre...

46. (1772) De l’art de la comédie. Livre second. De ses différents genres (1re éd.) [graphies originales] « CHAPITRE XXVI. Des Caracteres nationaux. » pp. 268-283

Ceux qui transplantent quelque art que ce soit d’un pays étranger dans leur patrie, en suivent d’abord la pratique de trop près, & ils font la méprise d’imiter chez eux les mêmes originaux que cet art est en habitude d’imiter dans les lieux où ils l’ont appris : mais l’expérience apprend bientôt à changer l’objet de l’imitation ; aussi les Poëtes Romains ne furent pas long-temps à connoître que leurs comédies plairoient davantage s’ils en mettoient la scene dans Rome, & s’ils y jouoient le peuple même qui devoit en juger. […] Les Anglois ont jugé à propos de riposter à la piece de Boissi par une autre intitulée, l’Anglois à Paris, où ils ne nous traitent pas aussi poliment, bien s’en faut.

47. (1811) Discours de réception à l’Académie française (7 novembre 1811)

Elle apprend à connaître, à juger les peuples ; elle est pour les moralistes ce que les médailles sont pour les antiquaires. […] Le monde où nous vivons ne t’offrirait plus le modèle de ton Alceste, et peut-être jugerais-tu inutile de prouver à notre siècle que la vertu peut avoir ses excès ?

48. (1821) Notices des œuvres de Molière (VI) : Le Tartuffe ; Amphitryon pp. 191-366

Un coup d’œil jeté sur les circonstances de sa vie suffit pour en faire juger. […] Dans cette phrase, « Son extrême délicatesse pour les choses de la religion ne put souffrir cette ressemblance du vice avec la vertu », on a substitué aux mots ne put souffrir , ceux-ci, eut de la peine à souffrir  ; et cette autre phrase, « Il la défendit pourtant en public, et se priva soi-même de ce plaisir, etc. »a été changée en celle-ci : « Il défendit cette comédie pour le public, jusques à ce qu’elle fût entièrement achevée, et examinée par des gens capables d’en juger, pour n’en pas laisser abuser à d’autres moins capables d’en faire un juste discernement. » Ces changements, faits après coup, ont évidemment pour objet de transformer en une suspension momentanée la défense absolue et définitive qu’avait faite Louis XIV. Aurait-on voulu par là garantir du reproche d’inconséquence le monarque qui finit par permettre la représentation de cette même pièce qu’il avait d’abord jugé impossible de donner au public ? […] La dissertation qui précède l’Amphitryon est terminée ainsi : « Après cet examen de l’Amphitryon de Plaute, j’avais résolu de faire celui de l’Amphitryon de Molière ; mais je crois que ce que j’ai dit sur la comédie du poète latin, peut suffire à ceux qui voudront bien juger de celle du poète français. » Je ne doute pas que cette phrase n’ait donné lieu à l’anecdote rapportée par Voltaire qui n’a pas fait attention aux dates.

49. (1861) Molière (Corneille, Racine et Molière) pp. 309-514

De tout temps la critique française a jugé le rôle d’interprète peu digne d’elle, et a prétendu à l’honneur de régenter. […] Juger des fantaisies du poète. […] C’est Molière en main qu’il faut juger la question. […] Au XVIIe siècle l’église avait jugé prudent de ménager l’hypocrisie; au XVIIIe elle paya cher cette prudence équivoque. […] Impossible de les séparer; il faut les juger l’une par l’autre.

50. (1819) Deux pièces inédites de J.-B. P. Molière [La Jalousie du Barbouillé, Le Médecin volant] pp. 1-4

Ni sous le rapport de l’action, ni sous celui du dialogue, les deux farces du Barbouillé et du Médecin volant ne seront jugées indignes de Molière par aucun de ceux qui voudront bien considérer à quelle époque, à quel âge et pour quelle destination il les a composées.

51. (1747) Notices des pièces de Molière (1666-1669) [Histoire du théâtre français, tome X] pp. -419

Ainsi, lorsqu’ils ont mal jugé des pièces de Molière, et qu’ils n’ont pas rendu justice à ce grand poète, ils étaient en quelque sorte excusables. […] « Comme ses ouvrages ne sont pas tous du même genre, il ne faut pas, pour en juger sainement, partir des mêmes principes. […] D’ailleurs, une critique trop sévère ne s’accorde guère avec l’intérêt d’une troupe que la gloire seule ne conduisit pas, et qui ne jugeait du mérite d’une comédie que par le nombre des représentations et par l’affluence des spectateurs. Ce sont apparemment ces espèces de farces qu’il lisait à sa servante, pour juger, par l’impression qu’elle en recevait, de l’effet que la représentation produirait sur le théâtre. […] Tous les connaisseurs en jugeaient favorablement.

52. (1867) La morale de Molière « CHAPITRE XI. De la Religion. Principe et Sanction de la Morale de Molière. » pp. 217-240

Je ne doute point que les gens que je peins dans ma comédie ne remuent bien des ressorts, et ne jettent dans leur parti de véritables gens de bien, qui sont d’autant plus prompts à se laisser tromper qu’ils jugent d’autrui par eux-mêmes. […] L’apparence du mal a chez eux peu d’appui, Et leur âme est portée à juger bien d’autrui. […] Doué d’un bon sens solide, il a mieux jugé les cas très-délicats que présente la pratique de cette loi, et mieux exprimé comment elle doit être respectée jusque dans ses moindres prescriptions.

53. (1772) De l’art de la comédie. Livre second. De ses différents genres (1re éd.) [graphies originales] « CHAPITRE V. Des Pieces à scenes détachées. » pp. 45-60

Mais ce n’est point assez ; je veux leur prouver présentement que Moliere, s’il l’eût jugé à propos, auroit pu précipiter davantage son intrigue, sans la priver d’aucune des parties qui lui sont essentielles, & que nous venons d’admirer en elle. […] Une petite bagatelle à scenes détachées peut échapper à un homme d’esprit, même à un homme de génie ; il la donne alors sans prétention ; c’est un enfant perdu qu’il livre au caprice du public : s’il fait plusieurs actes, l’ouvrage acquiert pour lors une certaine consistance qui le fait juger avec sévérité.

54. (1772) De l’art de la comédie. Livre second. De ses différents genres (1re éd.) [graphies originales] « CHAPITRE XIII. Des Pieces intriguées par les Maîtres. » pp. 151-168

Jugez si ma joie est la vôtre Quand je fausse pour vous compagnie à toute autre. […] Laissez, par le récit que je veux qu’elle en fasse, J’aurai lieu de juger s’il faut vous faire grace : Ce doit être sa peine après ce qu’elle a fait.

55. (1922) La popularité de Molière (La Grande Revue)

Sa vie, sa conception dramatique, sa philosophie ont été scrutées, jugées dans tous les pays. […] De son vivant, malgré bien des attaques, il fut jugé le premier auteur de son siècle par le plus sévère et le meilleur des juges, et, si au xviiie  siècle, sa gloire subit en France quelque obscurcissement, elle brilla d’un plus vif éclat au xixe .

56. (1818) Épître à Molière pp. 6-18

Loin de moi l’intention de révoquer en doute la sincérité des principes de tolérance proclamés par le Gouvernement ; mais que l’on se rappelle les clameurs que la réimpression des œuvres de Voltaire et de Rousseau a excitées il y a quelques mois ; les outrages prodigués aux deux plus beaux génies du dix-huitième siècle, à ces immortels apôtres de la raison et dé l’humanité, et l’on jugera s’il y aurait aujourd’hui de la prudence à publier pour la première fois l’Essai sur les mœurs et l’esprit des Nations, ou la profession de foi du Vicaire savoyard. […] Nous ne demandons pas la licence du Théâtre, plus dangereuse encore dans des ouvrages dramatiques que dans des écrits destinés à moins de publicité, mais il nous paraît absurde que des agents de la Police jugent sans appel les productions du génie.

57. (1772) De l’art de la comédie. Livre troisième. De l’imitation (1re éd.) [graphies originales] « De l’Imitation en général. » pp. 1-4

Je mettrai l’original auprès de la copie ; il jugera lui-même : il dira, celui-ci sait imiter ; il appliquera ces quatre vers aux autres : Moi, je vois des Auteurs aussi froids que des marbres,  Comme des nains difformes & courbés, Qui, ne pouvant atteindre aux fruits qui sont aux arbres, Vivent honteusement de ceux qui sont tombés2.

58. (1801) Moliérana « [Anecdotes] — [76, p. 115-117] »

» Il s’avisa un jour, devant Chapelain, de parler mal de la Pucelle : « C’est bien à vous à en juger, lui dit Chapelain, vous qui ne savez pas lire. » Puy-Morin lui répondit : « Je ne sais que trop lire, depuis que vous faites imprimer », et fut si content de sa réponse, qu’il voulut la mettre en vers.

59. (1775) Anecdotes dramatiques [extraits sur Molière]

Pour juger du mérite de ses ouvrages, il suffit de les comparer avec tout ce que l’antiquité offre de plus parfait dans ce genre. […] Molière, comptant sans doute qu’il ne le serait jamais, en tira quelques traits qu’il jugea dignes d’être insérés dans d’autres Pièces. […] On peut juger des acclamations qu’elle reçut ; et ainsi elle garda le rôle d’Agnès, jusqu’à ce qu’elle quitta le Théâtre. […] Pour juger du mérite de ses ouvrages, il suffit de les comparer avec tout ce que l’antiquité offre de plus parfait dans ce genre. […] Que jugez-vous qu’il faille lui donner ?

60. (1886) Molière : nouvelles controverses sur sa vie et sa famille pp. -131

Le paysan athénien s’impatientait des éloges prodigués à Aristide : jugez un peu de ce que devaient éprouver les lettres ! […] Larroumet, peut-être son jugement sur les dispositions testamentaires de Madeleine s’en fût-il trouvé modifié, et les eût-il jugées moins sages et moins bien justifiées. […] Vitu en a jugé autrement, et il a presque réussi à retourner l’opinion sur ce point. […] Je n’ai point à me prononcer sur cette thèse, dont j’ai exposé le fort et le faible : chacun jugera. […] Le curé de Saint-Eustache n’en jugea point ainsi.

61. (1772) De l’art de la comédie. Livre premier. De ses différentes parties (1re éd.) [graphies originales] « CHAPITRE XXI. De l’Amour. » pp. 367-384

Jugez combien ce fonds de haine est augmenté Par l’amour que le vôtre a si bien mérité ! Jugez combien il perd dans le fond de mon ame, Par la comparaison que je fais de sa flamme Avec le feu constant, tendre & respectueux D’un amant jeune & sage, aimable & vertueux !

62. (1765) [Anecdotes et remarques sur Molière] (Récréations littéraires) [graphies originales] pp. 1-26

Jugez » dit Rousseau à M. Brossette « jugez par cet échantillon du beau ton de plaisanterie de ce temps-là. » Ils s’en vont, hormis la femme qui demeure pour attendre son galant avec qui elle est surprise par le mari qui amene avec lui son beau-pere Villebrequin.

63. (1819) Notices des œuvres de Molière (II) : Les Précieuses ridicules ; Sganarelle ; Dom Garcie de Navarre ; L’École des maris ; Les Fâcheux pp. 72-464

Le privilège obtenu par Molière pour l’impression de L’École des maris, porte ces mots : « Mais parce qu’il serait arrivé qu’ayant ci-devant composé quelques autres pièces de théâtre, aucunes d’icelles auraient été prises et transcrites par des particuliers qui les auraient fait imprimer, vendre et débiter en vertu des lettres de privilège qu’ils auraient surprises en notre grande chancellerie, à son préjudice et dommage ; pour raison de quoi il y aurait eu instance en notre conseil, jugée à l’encontre d’un nommé Ribou, libraire-imprimeur, en faveur de l’exposant ; lequel craignant que celle-ci ne lui soit pareillement prise, et que, par ce moyen, il ne soit privé du fruit qu’il en pourrait retirer, nous aurait requis de loi accorder nos Lettres, avec les défenses sur ce nécessaires. » La plainte de Molière mentionnée dans ce privilège, avait principalement pour objet l’édition du Cocu imaginaire, donnée par Neufvillenaine, et, ce qui le prouve, c’est cette instance jugée à l’encontre du libraire Ribou, lequel avait imprimé cette même édition. […] Elles fondent leur incrédulité sur ce qu’il existait une amitié sincère entre ces deux hommes célèbres, et que Chapelle s’est montré l’admirateur de Molière jusqu’à lui donner, dans une lettre qu’il lui écrivait, le nom de grand homme, titre que reçoivent rarement de leur vivant ceux qui en sont jugés le plus dignes après leur mort.

64. (1820) Notices des œuvres de Molière (V) : L’Amour médecin ; Le Misanthrope ; Le Médecin malgré lui ; Mélicerte ; La Pastorale comique pp. 75-436

Ne pouvant juger entre eux, ne devait-il pas leur donner gain de cause à tous ? […] Si Molière n’a pas jugé la lettre de de Visé indigne de précéder son chef-d’œuvre du Misanthrope, il ne m’appartient pas d’être plus difficile. […] L’action ne reçoit de leur manière de juger ou de sentir, aucune impulsion ; et leur langage est simplement déterminé par l’action même.

65. (1772) De l’art de la comédie. Livre troisième. De l’imitation (1re éd.) [graphies originales] « CHAPITRE II. » pp. 20-52

Je n’ai pas encore commencé, jugez si j’ai fini. […] Vous ne pouvez pas en juger, parceque l’amour que vous avez pour Béatrix vous aveugle sur le mien. […] si les savants ne sont point écoutés, Si l’on veut que toujours ils ayent bouche close, Il faut donc renverser l’ordre de chaque chose, Que les poules dans peu dévorent les renards, Que les jeunes enfants remontrent aux vieillards, Qu’à poursuivre les loups les agnelets s’ébattent, Qu’un fou fasse les loix, que les femmes combattent, Que par les criminels les juges soient jugés, Et par les écoliers les maîtres fustigés, Que le malade au sain présente le remede, Que le lievre craintif...

66. (1772) De l’art de la comédie. Livre troisième. De l’imitation (1re éd.) [graphies originales] « CHAPITRE XVII. » pp. 323-356

Mais ayant oui dire que Moliere s’apprêtoit à jouer les Femmes Savantes, elle jugea à propos de ralentir son zele pour les Anciens ; & la crainte de jouer un rôle sur le théâtre moderne, lui fit garder le silence. […]   Cet extrait fait ainsi, & lu par les personnes qui ne jugent jamais que d’après les autres, fera certainement dire : « La piece de Plaute est mot à mot celle de Moliere. […] Apprenons à voir par nos yeux ; lisons nous-mêmes la piece latine ; comparons-la à la françoise que nous allons analyser scene à scene, & jugeons ensuite.

67. (1772) De l’art de la comédie. Livre troisième. De l’imitation (1re éd.) [graphies originales] « CHAPITRE XXV. » pp. 500-533

Jugez quelle atteinte cruelle au cœur de ce triste berger. […] Une peinture, dans quelque genre qu’elle soit, est bien foible quand elle nous laisse le sang-froid de la juger par comparaison : il faut qu’elle nous transporte dans le temps & le lieu où l’action s’est passée : il faut que nous pensions la voir de nos yeux ; que nous partagions, par exemple, les malheurs d’Orgon & ceux de toute sa famille ; que nous craignions de voir échapper Tartufe aux châtiments qu’il mérite. […] Par ce moyen le Lecteur verra une suite d’imitation, & il aura le plaisir de juger par lui-même de la différence prodigieuse qui peut se trouver entre deux imitateurs.

68. (1853) Des influences royales en littérature (Revue des deux mondes) pp. 1229-1246

Si son initiative est au moins fort contestable en ce qui concerne la politique, objet assidu de ses préoccupations, doit-on la croire plus réelle à l’égard de la littérature, qui, à en juger par ses Mémoires, semble avoir attiré beaucoup moins son attention qu’on ne le croit généralement ? […] Si l’on voulait juger de l’esprit de l’époque par les pièces contemporaines, celles de Regnard et de Lesage, qui toutes se rapportent à ces lugubres années, on croirait vraiment qu’alors la France était déjà la France de la régence ; valets escrocs, financiers ridicules, coquettes effrontées, gentilshommes aux gages de quelque vieille débauchée, tous ces héros de Lesage et de Regnard ne songent qu’à se bien divertir, sans scrupule et sans fin. […] En vain le pauvre Mézeray déclara-t-il, dans deux lettres d’une rare platitude, qu’il était prêt à passer l’éponge sur tous les endroits de son livre que l’on jugerait dignes de censure .

69. (1716) Projet d’un traité sur la comédie pp. 110-119

Horace m’apprend à juger de Plaute : At nostri proavi Plautinos et numeros, etIbid. vers. 270 et seq.

70. (1877) Molière et Bourdaloue pp. 2-269

On voit qu’ici l’apologiste se dérobe ; le terrain n’est pas solide sous ses pieds, et il sent que, s’il jugeait son œuvre aux lumières de la conscience, il devrait malgré tout, comme Quinault et Racine, prononcer contre lui-même, quitte à ne pas pleurer comme eux. […] Un seul trait en fera juger. […] Jugez-vous là-dessus, vous qui prétendez juger le monde !  […] L’apparence du mal a chez eux peu d’appui, Et leur âme est portée à juger bien d’autrui. […] Il lut avec soin le Misanthrope, parce qu’il n’est point du nombre de ceux qui jugent volontiers de ce qu’ils ignorent.

71. (1772) De l’art de la comédie. Livre premier. De ses différentes parties (1re éd.) [graphies originales] « CHAPITRE XVI. De l’Entr’acte. » pp. 289-308

J’exposerai mes réflexions, comme je l’ai dit dans ma préface, avec toute la politesse, tous les égards que les gens de lettres se doivent, & mes lecteurs jugeront. […] Voyons : peut-être l’Auteur a-t-il lié si intimement le jeu de ses entr’actes au drame, qu’ils en sont inséparables : mettons mes lecteurs à portée d’en juger sans avoir recours à la piece.

72. (1847) Le Don Juan de Molière au Théâtre-Français (Revue des deux mondes) pp. 557-567

Molière n’a pas jugé à propos de conclure aussi tristement la sienne. […] Il n’a dit incidemment un mot de cette pièce qu’à l’occasion de nos imitations du théâtre de la Péninsule, et remarque seulement qu’à la façon dont Molière a traduit le titre de la pièce de Tirso, on peut juger qu’il n’entendait guère l’espagnol.

73. (1823) Notices des œuvres de Molière (VII) : L’Avare ; George Dandin ; Monsieur de Pourceaugnac ; Les Amants magnifiques pp. 171-571

Ce Shadwell dit en propres termes, que nos meilleures pièces, maniées par les plus mauvais auteurs de son pays, y gagnent toujours ; qu’on peut juger, d’après cela, si L’Avare a perdu à passer par ses mains ; qu’au reste, s’il a eu recours à Molière, ce n’est ni faute d’esprit ni faute d’invention, c’est simplement par paresse. […] La pièce fut jugée excellente, surtout par le maître de la maison ; et, quand elle fut représentée, elle n’eut pas de partisan plus zélé que celui même dont elle retraçait les aventures. […] Si l’on jugeait du mérite d’un ouvrage d’après le nombre des imitations qu’il a produites, Pourceaugnac serait le chef-d’œuvre de Molière. […] Molière avait jugé sa pièce mieux que personne, en la condamnant à l’oubli.

74. (1835) Mémoire pour servir à l’histoire de la société polie en France « Chapitre VI » pp. 50-55

On peut juger de ces leçons et de sa docilité par une lettre adressée au nom de mademoiselle de Rambouillet au marquis de Salle qui était à Strasbourg, et écrite sur le ton qu’elle lui prescrivit.

75. (1862) Corneille, Racine et Molière (Revue chrétienne) pp. 249-266

Pour juger l’homme et le caractère, dans Racine, il se place à un point de vue différent2. […] Aux yeux des masses, qui jugent sur l’apparence, dit M. […] Il faut les juger l’une par l’autre.

76. (1867) La morale de Molière « CHAPITRE PREMIER. Part de la Morale dans la Comédie de Molière. » pp. 1-20

Pouvait-il s’empêcher de juger et ceux qu’il copiait et l’idéale copie qu’il en produisait ? […] Pourtant des critiques, et illustres, ont tour à tour pris dans ses comédies certains personnages pour le modèle de l’honnête homme selon lui : on l’a accusé de juger comme Chrysale les choses de l’esprit, d’être bourru comme Alceste ou indulgent comme Philinte 30, sans s’apercevoir que, dans chaque drame, divers types étaient opposés pour faire contraste, sans qu’aucun fût réellement la perfection, également éloignée de tout excès.

77. (1819) Notices des œuvres de Molière (III) : L’École des femmes ; La Critique de l’École des femmes ; L’Impromptu de Versailles ; Le Mariage forcé pp. 164-421

Ce sont des difficultés que Molière n’a pas vaincues, puisqu’elles étaient insurmontables, ou plutôt que nous devons juger telles, puisqu’il ne les a pas surmontées ; mais heureusement elles ne l’ont pas détourné de son entreprise : il les a bravées avec toute l’audace du génie, et le succès a couronné cette audace. […] On y vit, dans le personnage de Climène, ces femmes prudes et précieuses à la fois, toujours prêtes à prendre la naïveté pour de la bassesse, et la gaieté pour de l’indécence ; dans celui du marquis, ces sots du grand monde, qui condamnent d’un mot l’ouvrage qu’ils connaissent à peine et qu’ils seraient hors d’état de juger ; enfin, dans celui de M.  […] Pour juger des grâces de sa personne, et des charmes de son esprit, il faut lire le portrait que Cléonte fait de sa maîtresse dans Le Bourgeois gentilhomme ; tous les auteurs du temps prétendent que Molière y a peint sa femme sous le nom de Lucile, et cela est fort vraisemblable. […] Pour mal faits, les lecteurs en jugeront, et peut-être seront-ils surpris de la sévérité de l’éditeur.

78. (1809) Cours de littérature dramatique, douzième leçon pp. 75-126

Nous allons examiner brièvement si Molière a vraiment réussi à perfectionner les pièces qu’il a imitées, en tout ou en partie, de Plaute et de Térence ; et nous aurons toujours présenta l’esprit que la comédie latine n’offre qu’une image effacée et peut-être défigurée de la comédie attique, afin de pouvoir juger si l’auteur français aurait surpassé les Grecs eux-mêmes, supposé que leurs ouvrages fussent parvenus jusqu’à nous. […] Il est aisé de juger que l’on fera naître des contrastes plaisants, si l’on joint à l’avarice qui isole les hommes et les renferme en eux-mêmes, un sentiment expansif et généreux tel que l’amour. […] Ce trait, du genre d’Aristophane, bien rendu par l’acteur, produit un grand effet, et nous pouvons juger par là de la force comique du poète grec. […] On peut juger de là que Racine serait devenu un rival redoutable pour Molière, s’il avait continué à exercer le rare talent dont il a fait preuve dans Les Plaideurs.

79. (1739) Vie de Molière

Il accoutuma le public, en lui faisant connaître la bonne comédie, à le juger lui-même très-sévèrement. […] Les hommes jugent de nous par l’attente qu’ils en ont conçue ; et le moindre défaut d’un auteur célèbre, joint avec les malignités du public, suffit pour faire tomber un bon ouvrage. […] Il eût été plus honorable pour la nation, de n’avoir pas besoin des décisions de son maître pour bien juger. […] On peut juger qu’un homme qui n’a pas assez d’esprit pour mieux cacher sa vanité, n’en a pas assez pour faire mieux que Molière.

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