Si l’on trouve quelque chose qui convienne mieux au caractere & à la situation de Madame Jourdain, que les propos de Thérese Pança, je conviendrai pour lors que notre comique a eu tort de les transporter sur le théâtre.
D’ailleurs, ne convenait-il pas au poète de prendre toutes ses précautions pour engager la responsabilité du Souverain, et s’en faire comme un paratonnerre ? […] Il faut convenir que ce manège est plus pratique, et plus voisin des conditions communes. […] Pour savoir dans quelle mesure le thème dramatique de Plaute a été renouvelé par Molière, il convient d’analyser brièvement la pièce antique. […] » Avant de réfuter cette thèse par des principes, il convient d’y relever d’abord deux erreurs. […] Tous ces griefs il eût été plus digne sans doute de les oublier ; mais convenons qu’ils autorisaient une revanche.
Notice historique et littéraire sur La Princesse d’Élide Molière avait pu se convaincre, par le peu de succès de Dom Garcie de Navarre, que le genre noble, sérieux et galant ne convenait point à son génie, et probablement il ne se fût pas décidé de lui-même à tenter une seconde épreuve. […] Ce gouverneur d’Euryale, qui, au lieu de blâmer ou de réprimer les tendres sentiments de son élève, les justifie et les encourage, lui confesse qu’il s’inquiétait jusque-là de voir qu’un jeune prince, en qui brillaient tant de belles qualités, ne possédât pas la plus précieuse de toutes, ce penchant à l’amour, qui peut tout faire présumer d’un monarque, et auquel les héros doivent leurs plus grandes actions, mais lui déclare que, rassuré par la passion dont il vient de lui faire l’aveu, il le regarde à présent comme un prince accompli ; cet Arbate, dont le langage convient si peu à son grave emploi, parle en courtisan de Louis XIV, charmé des faiblesses de son maître, et empressé de les flatter, dans l’espoir d’en tirer parti pour sa fortune, ou du moins pour ses plaisirs. […] Je veux parler de ces pièces qu’on appelle quelquefois génériquement des surprises de l’amour, par allusion à deux comédies de Marivaux, nommées de ce titre qui aurait pu convenir à toutes celles du même auteur.
On conviendra que pour le temps elle est très bien écrite, que la poésie en est facile, & le sujet intéressant. […] On est forcé de convenir que cette pastorale, quoiqu’éloignée de la perfection des Graces, lui ressemble cependant beaucoup.
J’ai fait un voyage à la Jamaïque, qui m’a valu cinq mille guinées ; je me suis fait une loi (& ce doit être celle de tout bon Chrétien) de donner toujours le dixieme de ce que je gagne ; c’est une dette que je dois payer à l’état malheureux où vous êtes & dont vous ne voulez pas convenir. […] Il seroit bien étonné sans doute, j’en conviens, mais de notre ridicule.
Il fallut convenir que Molière avait raison ; et quand il montra le miroir, il fit rougir ceux qui s’y regardaient. […] Ne conviendrez-vous pas qu’il vaut encore mieux empêcher une injustice, si l’on peut, que d’avoir le plaisir de perdre son procès? […] Convenons d’abord qu’il n’y attachait aucune prétention ; et ce qui le prouve, c’est que presque toutes ne furent imprimées qu’après sa mort. […] J’abandonne volontiers les deux derniers actes : je conviens que, pour ridiculiser dans M. […] Si j’ai cru devoir réfuter Rousseau au sujet du Misanthrope, je crois devoir convenir qu’il a raison sur George Dandin, dont il trouve le sujet immoral.
C’est Cléonte, assurément ; car la noble et périlleuse sincérité avec laquelle il convient de sa condition, est tout le contraire de la folle vanité de M. […] Rousseau ne pouvait ignorer toutes ces choses ; mais, par une des plus étranges saillies de son humeur sophistique, il a trouvé plaisant d’appliquer cette expression convenue d’honnête homme, à un homme qui n’est rien moins qu’honnête, en en dépouillant celui à qui elle convient dans toutes ses acceptions. […] Dans ce que Molière eut le temps d’exécuter lui-même, quelques traits d’observation comique percent, par intervalle, à travers la dignité obligée du langage ; mais ils sont déplacés, et semblent n’être là que pour attester combien peu le caractère du sujet convient à celui du poète. […] L’auteur de Cinna fit, à l’âge de soixante-cinq ans, cette déclaration de l’Amour à Psyché, qui passe encore pour être un des morceaux les plus tendres et les plus naturels qui soient au théâtre. » Fontenelle convient, avec tout le monde, que jamais Corneille n’exprima avec autant de douceur les doux emportements de l’amour ; mais, ne laissant échapper aucune occasion de témoigner sa haine contre Racine, il prend le parti de ravaler un genre de sentiments que ce poète excellait à rendre, afin de le déprimer lui-même, et il prétend que, si Corneille réussit une fois dans ce genre qui n’était pas le sien, et qu’il dédaignait, c’est qu’ étant à l’ombre du nom d’autrui, il s’abandonna à un excès de tendresse dont il n’aurait pas voulu déshonorer son nom .
Damon dit que de pareils procédés ne lui conviennent point, & sort pour chercher Léandre. […] Malgré ce que je viens de dire, convenons que nombre d’Auteurs auroient peut-être imité plus mal la Nouvelle espagnole, & que la comédie ne mérite pas l’épigramme suivante faite par quelque malin après les trois ou quatre premieres représentations : On représente maintenant Le Curieux impertinent. […] Elle convient qu’il est aimable : mais le Sénat, en le bannissant, a confisqué ses biens ; un amant pauvre n’a plus d’agréments pour elle. […] Timon est forcé de convenir que l’univers n’est pas sans vertu : il montre son trésor à Evandra, lui déclare qu’il veut sans cesse le tenir caché pour prévenir les maux dont on le feroit l’instrument.
J’en aurais donc parlé comme il convient, et j’aurais fait remarquer, tant de beautés éparses, moins populaires que vous ne dites. […] Laissez de côté votre admiration pour Molière, ou plutôt, en convenant avec vous de l’esprit et de la gaieté de cette comédie, L’École des femmes, convenez avec moi que le fond en est obscène, que les détails n’en sont rien moins que pudiques ! Convenez surtout que ce petit rôle d’Agnès est peut-être le rôle le plus égrillard du théâtre. […] Je dois convenir que ce jour-là Molière a été cruellement traité.
La pièce est écrite de manière à faire voir que Campistron, qui n’a jamais pu s’élever jusqu’au style tragique, pouvait plus aisément s’approcher de la facilité élégante qui convient à la comédie noble. […] Baba Hussan (c’est le nom du roi d’Alger) ne se fâche point du tout de la fuite de la belle captive; il finit même par lui rendre la liberté, comme il convient à un amant généreux. […] Il y a des négligences dans ces vers ; mais c’est bien le ton et la manière qui convient à l’épître et à la satire. […] Il y a dans son dialogue de l’esprit qui n’exclut pas le naturel: il rend ses paysans agréables sans leur ôter la physionomie qui leur convient, et il saisit assez bien quelques-uns des ridicules de la bourgeoisie.
Or, il sent bien qu’il l’a joué et il ne veut pas convenir qu’il l’ait joué. […] On conviendra que Molière n’était point par son public excité à viser haut et était plutôt par son public vivement ramené à la farce. […] Et il faut bien convenir que ce n’est pas tout à fait vrai, mais qu’il ne s’en faut pas de beaucoup que ce ne soit exact. […] » On conviendra que « ciel offensé » est un peu court. […] Ce n’est pas ici la loi de l’amour, j’en conviens, mais c’est celle de la nature, antérieure à l’amour même ».
Ils conviennent entre eux de donner à leur niece la terre qui fait le sujet de leur dispute : ils ont été facilement d’accord sur ce point ; ils sont surpris d’avoir pu s’accorder si-tôt. […] Tous deux, pour se faire piece, conviennent de laisser à leur niece la liberté de se choisir un époux, & ils remettent entre les mains d’un tiers leurs donations.
Sganarelle convient tout seul que le parent a raison, & s’appaise. […] On conviendra que le brave Sganarelle imite trop bien jusqu’au jargon du vaillant Jodelet.
Elle écrit à sa fille, le 29 avril 1676 : « La reine a été deux fois aux Carmélites avec Quanto (madame de Montespan).Cette dernière se mit à la tête de faire une loterie ; elle se fit apporter tout ce qui peut convenir à des religieuses ; cela fit un grand jeu dans la communauté. […] Sur ce principe il fut conclu que le roi viendrait chez madame de Montespan ; mais pour ne pas donner à la médisance le moindre sujet de mordre, on convint que des dames respectables et des plus graves de la cour seraient présentes à cette entrevue, et que le roi ne verrait madame de Montespan qu’en leur compagnie.
L’intention du poète était de faire voir ce qu’il convient d’accorder aux défauts des hommes si l’on veut vivre avec eux, et si Philinte, pour plus de sûreté, pousse, comme il nous semble, la complaisance un peu loin, il est clair qu’Alceste montre trop de rudesse, et qu’avec un caractère tel que le sien il faut tôt ou tard quitter la partie. […] N’emploie-t-il pas la plus amère ironie lorsqu’il fait, par l’entremise du serpent, le procès à l’iniquité des puissances de la terre : Mes jours sont dans tes mains, tranche-les ; ta justice, C’est ton utilité, ton plaisir, ton caprice ; Selon ces lois condamne-moi : et, pour qu’on ne puisse pas se tromper au sens de ce réquisitoire, il ose cette fois ajouter de son chef : On en use ainsi chez les grands : La raison les offense ; ils se mettent en tête Que tout est fait pour eux, quadrupèdes et gens ; puis il se ravise, et, comme pour se dérober après s’être trahi, il dira ingénument : Si quelqu’un desserre les dents, C’est un sot, j’en conviens. […] Ils sont bien de leur pays et de leur temps, mais ils conviennent à tous les lieux et à tous les âges.
Empressons-nous de donner des éloges à Baron, il n’en méritera pas souvent dans cette piece, & convenons que cette scene peint bien la passion. […] Je ne suis point injuste, & conviens qu’aujourd’hui, Qui ne me connoîtroit, penseroit comme lui. […] Nous avons vu27 le parti que Moliere a tiré de cette situation ; nous avons admiré dans l’italien la scene originale : nous sommes convenus que dans ce moment les deux Auteurs étoient sublimes. Opposons-leur Baron, & convenons qu’il faut être bien maudit du goût pour défigurer si platement deux bons modeles.
Le style est bas, sans doute ; mais il convient au genre des pièces et à la condition des personnages.
On ne saurait cependant disconvenir que ces sortes de dialogues ne soient ce qu’on appelle communément de l’esprit, mais on devrait, ce me semble, distinguer l’esprit qui convient au théâtre d’avec celui dont on peut faire parade dans un discours académique : or, pour savoir quelle sorte d’esprit a la comédie, il ne faut qu’étudier Molière ; alors on verra que la nature vraie ou simple, quelque variée qu’elle soit, n’admet point dans ses expressions ces gentillesses qui ne vont qu’à la travestir. » Les comédies qui suivirent immédiatement celles de Molière étaient purement comiques ; telles furent les comédies de Montfleury, de Corneille de L’Isle, de Hauteroche, etc. […] L’auteur, qui, par de solides réflexions, et par sa propre expérience, avait appris à distinguer ce qui convenait aux différents théâtres pour lesquels il travaillait, ne crut pas devoir hasarder cette comédie sur le théâtre de Paris, il ne la fit pas même imprimer, quoiqu’elle ne soit pas sans beautés pour ceux qui savent se transporter aux lieux, aux temps et aux circonstances dont ces sortes de divertissements tirent leur plus grand prix. » « [*]Louis XIV lui-même donna le sujet de cette pièce à Molière. […] Je vous nommerais, si cela était nécessaire, deux ou trois personnes de poids, qui, à leur retour de Paris, après les premières représentations de la comédie des Femmes savantes, racontèrent en province qu’il fut consterné de ce coup, qu’il se regarda, et qu’on le considéra comme frappé de la foudre, qu’il n’osait plus se montrer, que ses amis l’abandonnèrent, qu’ils se firent une honte de convenir qu’ils eussent eu avec lui quelques liaisons, et qu’à l’exemple des courtisans qui tournent le dos à un favori disgracié, ils firent semblant de ne pas connaître cet ancien ministre d’Apollon et des neuf Sœurs, proclamé indigne de sa charge, et livré au bras séculier des satiriques. […] Le portrait en effet qu’on lui attribue ne convient point ·à un homme qui a fait des ouvrages qui ont eu une approbation aussi générale que ses Paraphrases sur le Cantique des Cantiques. […] Ce divertissement, disait-on, était sec, peu intéressant, et ne convenait qu’à des gens de lettres.
Il arrive souvent, sur le théâtre, qu’un personnage dit des choses qui ne doivent pas être entendues des autres ; & l’on est convenu d’appeller ce qu’il dit un aparté. […] Le combat fini, les deux amis redevinrent bons amis, s’expliquerent, convinrent qu’ils avoient eu tort de se battre pour une fille dont l’esprit étoit aussi corrompu que le cœur, & jurerent en s’embrassant de ne plus la voir que pour la persiffler.
Convenons qu’il faut avoir de l’humeur pour faire des reproches pareils à Moliere. […] Qu’on dise de ma part à mon maître-d’hôtel Que je ne trouve plus ma dépense assez forte ; Que cela déshonore un homme de ma sorte ; Que le ménage ici ne convient nullement.
Nous sommes convenus que cette piece, fondée sur l’invraisemblance comme l’original, ne pouvoit être bonne. […] M. de Lon... étant entré un matin dans l’appartement de sa femme, dont il fit sortir tous les domestiques : — Madame, lui dit-il, il y a déja du temps que nous ne nous convenons plus.
Il est des caracteres si bons, si vrais, & qui tiennent si bien au cœur humain, qu’ils conviennent non seulement à tous les états, mais qu’ils frappent encore également les hommes dans quelque rang qu’on place le héros de la piece.
Convenons qu’il ne sera question ici que de la belle nature, telle que l’a imité Moliere dans les parties & l’ensemble de ses meilleures pieces ; telle enfin que doit la voir un Philosophe qui se propose de corriger & de faire rire les hommes en leur peignant au naturel leurs gestes, leurs traits, leurs travers, leurs ridicules, leurs vices, enfin toutes les vérités que leur amour-propre leur déguise, ou qu’il tient cachées sous les replis du cœur humain.
Enfin s’il s’agissait de se faire l’idée d’une comédie parfaite, il me semble qu’aucun des comiques anciens ne fournirait autant de traits que Molière ; il a ses défauts, j’en conviens ; par exemple, il n’est pas souvent heureux dans ses dénouements ; mais la perfection de cette partie est-elle aussi essentielle à l’action comique, surtout quand c’est une pièce de caractère, qu’elle l’est à l’action tragique ?
La nôtre ne vous convient point : c’est la dernière ressource de ceux qui ne sauraient mieux faire, ou des jeunes gens déréglés, qui veulent se soustraire au travail.
Toutes les choses changent de face, j’en conviens : mais le fond des choses varie-t-il ? […] Il y a grande différence, me dira-t-on peut-être, entre plaider & juger contre son intérêt : j’en conviens ; mais elle est toute à l’avantage de l’Avocat, puisqu’il peut se récuser plus facilement que le Juge que M.
Quant à Sganarelle, c’est un de ces personnages, moitié réels, moitié imaginaires, dont le caractère et le langage sont convenus, ainsi que le nom et le costume, et qui, d’ordinaire, sont plus bouffons que véritablement comiques. […] Comme Molière avait rempli le principal rôle dans ses deux derniers ouvrages, et que la verve comique de son jeu y avait été fort goûtée, ils affectèrent de louer le comédien aux dépens de l’auteur ; ils convinrent que Molière était un fort bon mime qui, par ses gestes et ses grimaces vraiment risibles, faisait beaucoup valoir des scènes grossières et insipides ; mais forcés de reconnaître son talent pour la farce, ils voulurent l’y renfermer ; ils lui firent, pour ainsi dire, défense d’en sortir, le menaçant des choses les plus humiliantes, s’il osait franchir ce cercle étroit où ils l’emprisonnaient ; en un mot, ils le déclarèrent incapable de jamais réussir dans le genre noble et sérieux. […] La passion, disons mieux, le travers qui distingue le personnage principal est essentiellement du domaine de la comédie ; et, d’un autre côté, la condition élevée de tous les personnages, et les intérêts politiques dont le jeu se mêle aux mouvements de la jalousie, donnent à l’ensemble de la composition ce caractère de grandeur et de noblesse que, dans le langage de tous les arts, on est convenu d’appeler héroïque.
De toutes les petites pièces de Molière, qu’on est convenu d’appeler des farces, Le Médecin malgré lui est peut-être celle à qui ce nom convient le mieux. […] Quant au ridicule, il n’est pas, il ne peut pas être, d’après ce que je viens de dire, produit par le contraste du caractère et de la situation, de la passion et de l’intérêt ; c’est un ridicule de mots, un ridicule exagéré et presque imaginaire, tel qu’il convient au genre de la farce proprement dite.
Je conviens que la chose pourroit absolument être ainsi ; mais les critiques qui vivoient alors n’auroient-ils pas fait passer jusqu’à nous le nom d’un Auteur ridiculisé en plein théâtre ?
Il est cependant certain que si la poésie convient mieux aux sujets où les caractères se développent surtout par le discours, la prose est plus avantageuse dans ceux où ils ressortent principalement de l’action. […] Si le jeu de mots qu’on attribue à Molière dans cette circonstance n’est pas inventé, il faut convenir qu’il se vengea d’une manière aussi ingénieuse que cruelle. […] Il joua successivement les premiers rôles tragiques et comiques, et plusieurs autres, ou qui n’avaient jamais appartenu à son emploi, ou qui semblaient ne devoir plus convenir à son âge7. […] Ce choix convenait à son caractère altier et dominant ; il lui fallait un mari d’une complaisance à toute épreuve, d’une grande docilité. […] Sa taille était avantageuse et bien prise ; sa figure avait ce caractère de beauté mâle qui convient à l’homme : elle prenait un air imposant et fier, tendre et passionné, selon les différents personnages qu’il avait à représenter ; sa voix était sonore, juste et flexible ; sa prononciation facile, nette et d’une grande précision ; ses tons énergiques et variés ; ses inflexions ajoutaient souvent au sens des vers qu’il récitait : on leur trouvait dans sa bouche des beautés qu’ils perdaient quelquefois à la lecture ; son silence, ses regards, les diverses passions qui se succédaient sur son visage, ses attitudes, ses gestes ménagés avec art, complétaient l’effet infaillible de son débit puisé dans les entrailles de la nature.
Grace donc à cette heureuse pensée, conçue et menée à bonne fin par la Comédie-Française, nous avons pu voir, enfin, représenter avec tout l’éclat, tout le talent, toute la pompe même de décorations et de costumes qu’un spectacle aussi singulier exige, le pur et vrai Don Juan de Molière, ce drame en prose et pourtant si poétique, où la réalité s’unit au merveilleux, la fantaisie à l’observation, l’ironie sceptique à la crédulité légendaire ; drame sans modèle en France et resté sans, postérité comme le Cid, et dont les beautés irrégulières font clairement prévoir ce qu’aurait produit en ce genre la muse française, s’il avait pu lui convenir de puiser plus fréquemment aux sources romantiques. […] était alors nécessaire pour rouvrir la scène à un aussi charmant ouvrage ; mais on conviendra que l’œuvre diplomatique et toute de circonstance accomplie par Thomas Corneille s’est maintenue fort au-delà du besoin.
D’un autre côté, madame de Montespan, toujours soupçonnée d’avoir eu peu d’amour pour le roi, était irritée de la préférence qu’elle entrevoyait pour une autre ; un éclat lui convenait, ne fût-ce que comme moyen de reconnaître ce qu’il lui restait de pouvoir et peut-être de rajeunir l’affection du roi. […] Madame de Sévigné ajoute : « Elles conviennent qu’il y a quelque chose, mais que tout est raccommodé (entre le roi et madame de Montespan).
Convenez-en, vous êtes économes Dans les honneurs que l’on doit aux talents ; Si nous avons, moins que vous, de grands hommes, Sur leurs autels, nous brûlons plus d’encens.
Vous êtes son écoliere ; il ne vous convient pas de disputer contre lui avec tant de vivacité. […] Le Prince prie sa sœur de faire coucher avec elle Bélise ; la sœur dit en raillant qu’il faut savoir si le parti convient à son amie. […] Je promets à Rodrigue de me justifier si bien, qu’il conviendra lui-même de mon innocence.
Je conviens que les caractères et les plaisanteries sont aussi usées que le goût. […] L’architecture de nos pères était sans doute de bien mauvais goût si nous la comparons à l’architecture actuelle10 ; mais convenons pourtant qu’elle parlait à l’imagination. […] Quoi qu’il en soit, ce fait a une importance qu’il convient de relever en passant. […] S’il faut rouvrir le débat, c’est ici plus que partout ailleurs qu’il convient de le faire, et nos lecteurs de… partout, n’hésiteront certes pas à nous faire part de toutes les indications qui leur paraîtraient de nature à y faire la lumière. […] Ici encore, on en conviendra, l’analogie est frappante ; et la servante de Shakespeare est cousine germaine du valet de Molière.
Il y fut admis cependant avec répugnance ; l’esprit turbulent de Cyrano ne convenait point avec de jeunes gens, qui avaient déjà toute la justesse d’esprit que l’on peut souhaiter dans des personnes toutes formées. […] Mais pour peu que l’on fit attention à la délicatesse avec laquelle il entrait dans un caractère, et il exprimait un sentiment, on convenait qu’il entendait parfaitement l’art de la déclamation. […] Et à moins que de convenir que l’on vous enterrera avec Monsieur, je ne lui conseille pas de vous confier la sienne. […] Chapelle s’échauffe, et criant du haut de la tête pour convertir son Juge, il ébranla son équité par la force de son raisonnement. ― Je conviens que c’est l’homme du monde qui a le mieux rêvé, ajouta Chapelle ; mais morbleu ! […] Le Moine qui convenait de tout obligeamment, donna aussitôt un signe d’approbation, sans proférer une seule parole.
celui d’École des femmes me paraît convenir bien moins encore. […] Molière trouvait en elle tout ce qui pouvait lui convenir comme homme, comme auteur, comme directeur. […] Notice historique et littéraire sur Le Mariage forcé Le Mariage forcé n’est point une production spontanée du génie de Molière ; c’est ce qu’on est convenu d’appeler un ouvrage de commande. […] Le fameux comte de Grammont, le héros des mémoires. dont Hamilton, son beau-frère, est l’auteur, avait, pendant son séjour en Angleterre, fait une cour assidue à la sœur de son futur historiographe, et pris avec elle des engagements plus sérieux qu’il ne convenait à son humeur fort changeante.
L’ouvrage de l’infortuné rival de La Serre fut imprimé très-mal à propos, puisqu’il ne convenait qu’à l’édition du Molière. […] Il voulut jouer dans le tragique, mais il n’y réussit pas ; il avait une volubilité dans la voix, et une espèce de hoquet, qui ne pouvait convenir au genre sérieux, mais qui rendait son jeu comique plus plaisant. […] On convient qu’il avait tort de vouloir justifier la tarte à la crème, et quelques autres bassesses de style qui lui étaient échappées ; mais ses ennemis avaient plus grand tort de saisir ces petits défauts pour condamner un bon ouvrage. […] Il faut encore convenir que Molière, tout admirable qu’il est dans son genre, n’a ni des intrigues assez attachantes, ni des dénouements assez heureux, tant l’art dramatique est difficile.
Le spectateur, qui est dans cet état, aime à promener ses regards vaguement, sans but et sans suite, sur une infinie diversité de choses, et si le poète ose lui faire violence, en exigeant de lui la disposition sérieuse qui ne convient qu’au spectateur de la tragédie, je veux dire en voulant arrêter jusqu’à la fin ses yeux sur un objet unique, sans incidents, sans interruptions et mélanges bizarres de toute nature pour le distraire, sans jeux d’esprit ou mots piquants pour réveiller à toute minute, sans inventions inattendues, hardies, pour le tenir sans cesse en haleine, la gaieté tombe, le sérieux reste et le comique s’évanouit. […] Si l’on entend par là que la nouvelle comédie est plus régulière que l’ancienne, plus correcte dans sa forme, plus polie dans ses mœurs, j’en conviendrai sans peine. […] Et pourquoi ne pas en convenir ? […] Ce luxe ne convient qu’à une autre espèce d’avare, à celui qui veut soutenir l’éclat d’un certain rang, sans faire les dépenses que ce rang exige. […] Selon toute apparence, ce sont ses propres opinions que Molière a exprimées dans la doctrine étroite de Chrysale sur la destination des femmes, dans celle de Clitandre sur le peu d’utilité du savoir, et ailleurs encore dans des dissertations sur la mesure de connaissances qui convient à un homme comme il faut.
Ce fut alors la comédie telle que nous l’avons, telle qu’elle convient à un peuple vraiment policé, telle qu’elle convient au génie même ; car les bornes que lui prescrivent les bienséances ne lui sont pas moins utiles que celles où les règles le contiennent ; et il n’excelle tant à exprimer les choses qu’il peut dire, que parce qu’il ne lui est pas permis de dire tout ce qu’il veut. […] L’amour satisfait et tranquille ne peut convenir qu’aux amants mêmes : encore en pourrait-on douter, car c’est un état dans lequel ils ne sauraient demeurer longtemps. […] De cette dernière espèce, Molière n’en a certainement aucune à se reprocher ; mais peu d’écrivains, il en faut convenir, ont aussi largement usé du droit d’employer les idées d’autrui. […] La Grèce et Rome n’ont rien qui lui puisse être comparé : leurs plus fanatiques adorateurs en conviennent. […] Le trait, en effet, leur convient à tous deux ; mais leur taciturnité n’avait ni le même caractère, ni le même principe.
Est-ce donc que les demi-dieux se réjouissent du nombre trois : Phèdre, Andromaque, Bérénice, voilà toute la part de Racine en 1883-84 ; à quoi il convient d’ajouter, en 1884-85, Andromaque derechef et Athalie. […] D’ailleurs, écouter une tragédie, fût-ce La Fille de Roland, il est convenu, depuis 1870, chez les classes dirigeantes, que c’est contribuer au relèvement de la patrie autant qu’on peut le faire sous un régime républicain : on s’accommoderait aussi volontiers, pour cet office, de Cinna, voire de Sertorius, ou de Mithridate.
Dès 1674, il sentit qu’il lui convenait de se rapprocher des personnes dont on avait pu le croire éloigné. […] Est-ce un âge auquel convienne l’épithète de belle, que lui donne Boileau ?
Car ce n’est pas le rabaisser que de lui donner le nom qui lui convienne. […] S’il y a dans l’aveu quelque franchise, ce qui l’apparente avec les façons d’Alceste, il y a aussi, convenons-en, une immodestie qui n’est pas trop dans le caractère de notre héros. […] « Son dessein, dit-il, est de peindre les mœurs sans vouloir toucher aux personnes, et tous les personnages qu’il représente sont des personnages en l’air, et des fantômes proprement, qu’il habille à sa fantaisie, pour réjouir les spectateurs… Si quelque chose était capable de le dégoûter de faire des comédies, c’était les ressemblances qu’on y voulait toujours trouver… Car pourquoi vouloir, je vous prie, appliquer tous ses gestes et toutes ses paroles et chercher à lui faire des affaires en disant hautement : Il joue un tel, lorsque ce sont des choses qui peuvent convenir à cent personnes ? […] je le sais bien, on n’aime pas convenir qu’on rit de cet honnête homme, de cet homme d’honneur ; même les sceptiques craindraient qu’on leur reprochât de méconnaître ce qu’il y a de plus noble et de plus douloureux au monde ; et sa défaite en amour le rend cher à ceux qui ont eu plus ou moins à se plaindre de Célimène, c’est-à-dire à… beaucoup de gens.
Ce dont il conviendra, c’est d’être économe, prudent et sage. […] C’est, en effet, celui qui convient le mieux au genre imbroglio qu’il a traité. […] Ces vers, à coup sûr, sont délicieux, pleins d’élégance et de poésie, mais ce genre de poésie est-il bien celui qui convient au théâtre ? […] Singulière vertu, singulière sagesse que celles d’Alceste, on en conviendra, qui lui font mépriser en tout les conseils de la raison pour s’abandonner sans contrainte et donner satisfaction entière à ses ressentiments ou à ses passions ! […] Ce n’est pas qu’il manquât de noblesse, tant s’en faut; sa personne, au contraire, était pleine de distinction, mais cette distinction n’avait rien de l’air grave et austère qui convient au personnage d’Alceste.
On dit que le sujet du Tartuffe ne convient pas à la comédie ; on affirme que Molière l’a corrompue en la forçant à devenir sérieuse. […] Je le louais comme dramatique; il convient d’ajouter que la poésie française compte peu de styles plus franchement poétiques. […] Il s’agit de savoir s’il faut retenir les jeunes filles dans l’ignorance, ou s’il convient de les instruire. […] Le génie et le talent ont toujours un privilège d’exception, un droit de faveur qu’il convient de réserver. […] Si tel est le rôle de la femme, l’instruction qui lui convient est bien celle dont parle Molière.
Quelques-uns en conviennent ; les autres le nient.
J’en conviens ; mais cela s’est fait d’une manière qui peut laisser espérer d’autres grâces.
. ; et elle se joue avec le privilège d’un prince qui gouverne ses sujets avec tant de sagesse et de piété, qui n’a pas dédaigné d’y assister lui-même, et qui n’aurait pas voulu autoriser par sa présence un crime dont il serait plus coupable que les autres ; » et cela en faveur des plates et misérables comédies de Boursault, dont plusieurs ne roulent que sur des équivoques honteuses, dégoûtantes806 ; — Bossuet, en lisant une telle lettre en tête de telles œuvres, sentit ranimée toute son indignation, devenue cette fois, il faut en convenir, légitime807. […] De plus, la postérité conviendra qu’il devait lui être extrêmement difficile, sinon impossible, de distinguer l’auteur comique, sublime dans ses œuvres comme dans son jeu, de l’acteur, avili par l’immoralité ou la médiocrité des pièces que, dans l’intérêt de sa troupe, il se faisait un triste devoir de jouer lui-même, avec une indifférence, hélas !
Mais les défauts de Molière ne sont pas des défauts, ce sont des qualités ; ce que l’on reprendrait chez tout autre, il est convenu qu’on le doit admirer chez Molière ; le style de Molière, la morale de Molière, la philosophie de Molière n’appartiennent pas à la critique ; Molière est en dehors et au-dessus de toute discussion, et comme il n’y a que des pédants enfin pour oser dire qu’en pensant bien, Molière écrit quelquefois mal, il n’y a que des tartufes pour se permettre d’insinuer que le théâtre de Molière n’est pas toujours une école de délicatesse, de mœurs et de vertu. — Boileau, La Bruyère, Bayle, Fénelon, Vauvenargues sont les pédants ; les tartufes s’appellent Racine, Bourdaloue, Bossuet et Jean-Jacques Rousseau. […] La chambre à coucher, tendue tout entière de tapisserie façon de Rouen, était garnie de beaux et bons meubles, comme il convient à la chambre d’un tapissier, ornée de tableaux et d’un miroir de glace de Venise ; nous avons là, comme sauvée de la destruction et réduite en quelques traits, une image de la vie réglée, saine et facile d’il y a deux siècles passés. […] Il convient d’ajouter que la pièce de Quinault est agréablement intriguée et raisonnablement ; mais, par rapport à l’Etourdi elle manque d’ampleur et de fond. […] De plus hardis convinrent du l’ait, mais l’excusèrent aussitôt par les nécessités du théâtre. […] Et nous convenons qu’on n’a jamais, dans aucune langue, écrit plus élégamment que Térence, ni plus simplement, tandis qu’aucun grand écrivain n’est plus abondant en métaphores d’ailleurs inutiles, et n’y met moins d’élégance et de choix.
Sans pousser plus loin qu’il ne convient la ressemblance du personnage et de l’actrice, il est probable que celle-ci n’eut pas trop à violenter sa nature pour entrer dans l’esprit du rôle, et qu’Angélique, avec son humeur impérieuse et son ironie froide, ne pouvait être mieux représentée que par Armande. On la verrait volontiers dans Élise de l’Avare, d’abord parce qu’elle y aurait eu son partenaire habituel, La Grange, et aussi parce que le caractère de cette fille exaspérée lui conviendrait mieux que le rôle passif de Mariane ; cependant, c’est bien celui-ci que lui attribue une distribution datée de 1685. […] Ils convinrent qu’il lui donneroit quatre pistoles par jour sans ses habits et les régals. […] Molière en convenait, mais en ajoutant : « Je suis accoutumé à ses défauts, et il faudrait que je prisse trop sur moi pour m’accommoder aux imperfections d’une autre ; je n’en ai ni le temps ni la patience. » Il y a bien des choses dans ce peu de mots : de la tristesse, de la résignation, le dédain amer de soi-même et d’autrui, peut-être aussi cette espèce d’inconscience qui résulte de certains états d’esprit et de certaines situations.
. ; montrez-les leur en vieux Gaulois ; faites-en la Traduction la plus plate qu’il vous plaira, pourvu qu’elle soit fidelle, vous verrez que ces Dames conviendront que ces pensées sont belles, délicates, fines. […] J’en conviens, me dit-il, mais elles ne laissent pas de divertir certains jeunes gens, qui ne viennent à notre Theatre que pour rire, qui rient de tout, & souvent sans sçavoir pourquoy.
Ricciardo demande si Pandolfo est content de ce qui a été convenu ; Tebaldo lui dit qu’il est très satisfait, et qu’il les prie tous de se rendre chez lui. […] Mais il convenait de reconnaître la part considérable que l’art antérieur de l’Italie occupe dans les commencements de sa carrière, pour montrer combien cet art avait contribué à son éducation dramatique.
C’est convenu, l’argent est un fléau, c’est une trahison, c’est un meurtre, c’est un crime ; l’Argent, c’est tout à la fois le vol, le volé et le voleur. […] » Enfin Louis, resté seul, se dit à lui-même : « Je verrai Lauzun ; son esprit me convient, j’aime presque sa fourberie ; elle ne nous fait jamais bâiller comme les vertus collet-monté ! […] Le roi Louis XIV qui dit d’un fourbe : Son esprit me convient ! […] La terre ne me convient pas — on n’en retire jamais sa rente. […] Il ne tient ni à la naissance, ni au nom, ni même à l’âge, fort peu même à la beauté ; tout lui convient, pourvu que cela soit vite fait.
Je ne disconviendrai certainement point des faits, je conviendrai même, si l’on veut, que l’induction est vraie dans un sens. […] Il obligea sa femme, qui était extrêmement parée, à changer d’habit, parce que la parure ne convenait pas au rôle d’Elmire convalescente, qu’elle devait représenter dans Tartuffe. […] Il faut convenir que Molière a ramené la conduite et les bienséances sur le théâtre, qui avant lui était licencieux à tous égards. […] Je conviendrai avec ce maître de l’art que sa réponse est raisonnable ; mais s’il est de bonne foi, il avouera que Molière aurait mieux fait d’éviter une faute semblable. […] Je conviens de tout cela.
L’ingénue ou la niaise n’est pas notre fait ; je ne pense pas que la savante nous convienne mieux. […] Malgré cette diversité de sentiments et ces préventions, il est aisé de dire ce qui convient à un honnête homme qui ne se contente pas de trouver, en rentrant chez lui, ses chaussettes ravaudées et son dîner cuit à point. […] Voilà la femme qui convient à un honnête homme ; Elmire ou Henriette, je la présente avec confiance à notre jeune amoureux.
Je conviens que la cloison & la fente amenées sans art auroient été ridicules ; mais préparées par une main habile, qu’elles pourroient jetter de naturel & d’intérêt dans une piece ! […] Voyez-vous, cela part de mon invention : Et si l’on a mal fait, j’en conviens, c’est ma faute. […] Parguenne, comme de couteume ; & si ça ne vous convient pas, je m’en gausse : je ne vous cherchons pas ; laissez-nous en repos.
Le temps, il faut en convenir, ne lui avait pas manqué. […] Molière comprit cette seconde exigence, et il fut convenu que le faux dévot s’appellerait Panulfe. […] Il convint d’habiller Tartuffe, non plus comme un échappé de séminaire, mais comme un homme du monde, comme un damoiseau, disait Dorine. […] Pour que la réjouissance soit complète, on feint une réconciliation, et le jour convenu, on emmène à la Comédie les deux pauvres diables, pour qu’ils s’y voient bafoués. […] Il n’y manqua pas, ce furent les Fâcheux, où, vous en conviendrez, celui qui les demandait aurait bien mérité un rôle.
Je me dispenserai d’analyser encore ces différentes pieces pour voir si leurs titres leur conviennent.
Insignifiance de la critique fondée sur le goût Et d’abord, je voudrais bien savoir quelles sont les idées dont l’éloquente expression tient les philosophes modernes suspendus aux lèvres d’Uranie, dans ce grand banquet littéraire où Molière et tous les poètes convient l’humanité. […] On peut blâmer cet énorme contresens littéraire de Plaute ; mais à quoi bon, quand, pour le comprendre, on n’a qu’à jeter les yeux sur les légions toujours en campagne, sur le temple de Janus toujours ou vert, sur ce roi d’Asie prosterné, adorant, la face contre terre, la majesté du sénat et du peuple romain, sur cette profession d’impuissance brutale pour les arts, affichée par Virgile dans les vers les plus ironiques qu’ait jamais inspirés l’orgueil : D’autres, sous leurs ciseaux, d’une main plus légère, Donnent une âme au marbre, amollissent la pierre : J’en conviens. […] Je ne sais pas pourquoi l’on est convenu de considérer comme parfaite une certaine beauté négative, où l’on a évité toutes sortes de fautes ; c’est par une illusion d’optique que l’on croit avoir évité toutes sortes de fautes, et que l’on s’imagine voir dans l’harmonie et la mesure plus de perfection que dans la fougue désordonnée. […] Avant d’avoir dit sur Molière les sottises si excusables que nous te pardonnons, tu avais « morigéné Euripide à la façon d’un maître d’école », Euripide, qui dans ses tragédies n’a montré un laisser-aller plus humain, que parce qu’il connaissait les Athéniens mieux que toi, et parce que ce ton qu’il prenait était précisément celui qui convenait à son époque ; Euripide, que Socrate nommait son ami, qu’Aristote appelait le plus tragique des poètes, que Ménandre admirait, que Sophocle et la ville d’Athènes pleurèrent en vêtements de deuil. […] Quand Oronte vient lire un sonnet devant lui, au lieu d’exiger d’un fat le naturel qu’il ne peut avoir, il le loue de ses vers convenus en phrases convenues, et n’a pas la maladresse d’étaler une poétique hors de propos421.