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19. (1811) Discours de réception à l’Académie française (7 novembre 1811)

Laujon n’a donné que de justes éloges et n’a reçu que d’honorables récompenses ; enfin, Messieurs, il a en un talent bien rare, il s’est fait estimer de ceux qu’il s’était chargé de divertir. […] Mais, quand tout semble conspirer pour l’anéantissement des institutions, quand tous les bras sont en mouvement pour renverser l’édifice social, à quoi pensent les hommes chargés de le soutenir ?

20. (1863) Molière et la comédie italienne « Chapitre XI. Il Convitato di pietra (le Convié de pierre) » pp. 191-208

Le valet bouffon raconte à Don Juan la fable de L’Âne chargé de sel et l’Âne chargé d’éponges, et ne manque pas de lui faire l’application de la moralité de l’apologue.

21. (1844) La fontaine Molière (La Revue indépendante) pp. 250-258

Si l’exécution ne répond pas toujours, ou plutôt répond rarement à la bonne volonté du conseil, c’est que le choix des artistes chargés de cette exécution n’est pas de son ressort, qu’il est abandonné à l’influence gouvernementale, et que celle-ci, peu favorable au talent, n’accorde d’ordinaire ses faveurs qu’à l’intrigue et à la médiocrité. […] L’artiste a voulu donner à Molière l’attitude de la méditation et peut-être exprimer le caractère mélancolique que lui valut une vie maladive et chargée d’ennuis.

22. (1765) Molière dans l’Encyclopédie de Diderot et d’Alembert (compilation) pp. 2668-16723

C’est une question de savoir si l’on peut & si l’on doit, dans le comique, charger les caracteres pour les rendre plus ridicules. […] Il y a en ce genre deux extrémités vicieuses ; & Moliere a connu mieux que personne le point de perfection qui tient le milieu entr’elles : ses caracteres ne sont ni si simples que ceux des anciens, ni si chargés que ceux de nos contemporains. […] Aristophane fut chargé de l’infâme emploi de calomnier Socrate en plein théatre ; & ce peuple qui proscrivoit un juste, par la seule raison qu’il se lassoit de l’entendre appeller juste, courut en foule à ce spectacle. […] Tel est le comique Italien, aussi chargé d’incidens, mais moins bien intrigué que le comique Espagnol. […] Observons, à-propos de cette piece, qu’il y a quelquefois un grand art à charger les portraits.

23. (1825) Notice sur Molière — Histoire de la troupe de Molière (Œuvres complètes, tome I) pp. 1-

Picard, a bien voulu se charger d’écrire la vie d’un grand homme dont il est, plus que tout autre, digne d’apprécier le génie. […] Molière se vit chargé de la direction de tous les divertissements ; et des appointements furent donnés à sa troupe. […] On dit que Molière, en faisant répéter cette pièce, parut mécontent des acteurs qui y jouaient, et principalement de mademoiselle Beauval, chargée du rôle de Toinette ; cette actrice, peu endurante, après lui avoir répondu assez brusquement, ajouta : « Vous nous tourmentez tous, et vous ne dites mot à mon mari ? […] En 1667 Molière le chargea d’aller avec La Grange, son camarade, présenter un placet au roi, dans son camp devant la ville de Lille en Flandre, sur la défense faite à Molière et à sa troupe, le 6 août (même année 1667), de jouer le Tartuffe. […] Elle fut chargée du rôle d’Andromaque qu’elle rendit supérieurement.

24. (1775) Anecdotes dramatiques [extraits sur Molière]

Il y chargea Despréaux des injures les plus grossières, et lui imputa des crimes imaginaires, comme de ne reconnaître ni Dieu, ni Foi, ni Loi. […] Le temps pressait : Pierre Corneille se chargea du reste de la Pièce : il voulut bien s’assujettir au plan d’un autre, et ce génie mâle, que l’âge rendait sec et sévère, s’amollit pour plaire à Louis XIV. […] Je l’ai vu applaudir au Jeu forcé de quelques-uns de mes camarades : j’ai chargé mes rôles, pour recevoir les mêmes applaudissements. […] Chargé d’une nombreuse famille, avec peu de ressources, il eut une existence difficile. […] Orateur chargé à la fin du spectacle de présenter devant le public la pièce suivante, économe, secrétaire, il sut représenter et défendre la troupe à la cour et dans des procès, surtout après 1673.

25. (1739) Vie de Molière

Rouillé chargé alors du département de la librairie, donna la préférence à un nommé La Serre. […] Au lieu même de donner à son fils naturel un précepteur ordinaire et pris au hasard, comme tant de pères en usent avec un fils légitime qui doit porter leur nom, il engagea le célèbre Gassendi à se charger de l’instruire. […] Le curé de Saint-Eustache, sa paroisse, ne voulut pas s’en charger. […] Molière fut chargé du sujet de la fable le plus ingénieux et le plus galant, et qui était alors en vogue par le roman beaucoup trop allongé, que La Fontaine venait de donner en 1669. Il ne put faire que le premier acte, la première scène du second, et la première du troisième ; le temps pressait : Pierre Corneille se chargea du reste de la pièce ; il voulut bien s’assujettir au plan d’un autre ; et ce génie mâle, que l’âge rendait sec et sévère, s’amollit pour plaire à Louis XIV.

26. (1886) Molière et L’École des femmes pp. 1-47

Ce n’est pas lui qui a inventé ce personnage de nos comédies modernes qui est chargé de nous présenter et d’étiqueter tous ses camarades. […] Ensuite on s’est attaqué à Arnolphe, un caractère complet, qui commence la comédie de caractères en France ; on ne l’a trouvé ni bien profond ni bien comique ; et il ne faisait rire, ajoutait-on, que grâce aux pantalonnades de l’acteur qui était chargé du rôle ; l’acteur chargé du rôle, c’était Molière ; on atteignait ainsi l’auteur et le comédien, on faisait coup double.

27. (1772) De l’art de la comédie. Livre premier. De ses différentes parties (1re éd.) [graphies originales] « CHAPITRE VII. De l’Exposition. » pp. 139-164

Dans l’Andrienne, Simon nous apprend assez qu’il est devant la porte de sa maison, en disant à ses esclaves chargés de provisions,   Vos, istæc intrò auferte : abite. […] Tu sais fort bien aussi que la vieille amitié Fit qu’enfin mon vieux maître en eut quelque pitié, Et me chargea de faire en Turquie un voyage, Pour chercher & tirer son ami d’esclavage. […] Vous leur aurez ouï leur disgrace conter, Et leur aurez fourni de quoi se racheter : Mais que parti plutôt pour chose nécessaire, Horace vous chargea de voir ici son pere, Dont il a su le sort, & chez qui vous devez Attendre quelques jours qu’ils y soient arrivés.

28. (1772) De l’art de la comédie. Livre second. De ses différents genres (1re éd.) [graphies originales] « CHAPITRE XX. Des Pieces intriguées par le hasard. » pp. 223-240

Dom Félix arrive, dit qu’au lieu de sortir il s’est caché dans l’escalier, veut savoir quel est l’homme qu’il a vu dans le cabinet, feint d’être un domestique de la maison chargé du soin de le faire sortir. […] Le hasard veut qu’ils soient perdus en route par la servante qui en étoit chargée.

29. (1835) Mémoire pour servir à l’histoire de la société polie en France « Chapitre II » pp. 12-29

Henri IV, qui aimait et considérait particulièrement Pisani, l’avait chargé de négociations importantes ; ensuite il lui avait confié la surveillance de l’éducation de Henri, prince de Condé. […] Gombault fut l’un des académiciens qui, dans la période suivante, fut chargé de revoir le jugement de l’Académie sur Le Cid ; jugement dont Voltaire a confirmé la justesse et loué la décence.

30. (1734) Mémoires sur la vie et les ouvrages de Molière (Œuvres de Molière, éd. Joly) [graphies originales] pp. -

On ne connoissoit guéres alors que des piéces chargées d’intrigue ; l’art d’exposer sur la scéne comique des caractéres & des mœurs, étoit réservé à Moliere. […] Les Adelphes de Térence n’ont fourni que l’idée de l’école des maris : dans les Adelphes, deux vieillards d’humeurs opposées, un pere & un oncle, donnent une éducation très-différente, l’un à son fils, l’autre à son neveu ; dans l’école des maris, ce sont deux tuteurs chargés d’élever chacun une fille qui leur a été confiée ; l’un sévere, l’autre indulgent : le poëte françois a enchéri sur le poëte latin, en donnant à ces deux personnages, non seulement l’intérêt de peres, mais encore celui d’amans ; intérêt si fin, si vif, qu’il forme une piéce toute nouvelle, sur l’idée simple de l’ancienne. […] Ce qui regarde, dans l’impromptu de Versailles, les comédiens de l’hôtel de Bourgogne, peut avoir été dicté par l’esprit de vengeance ; mais, du moins, le bon goût l’a-t-il réglé, & l’utilité publique en pouvoit être l’objet, puisque dans l’imitation chargée du jeu de ces acteurs, on découvroit le ton faux & outré de leur déclamation chantante. […] le caractére chargé d’un gentilhomme de campagne & de sa femme, sont des moyens mis heureusement en œuvre pour rendre cette vérité sensible ; mais on voudroit en vain excuser le caractére d’Angelique, qui, sans combattre son panchant pour Clitandre, laisse trop paroître son aversion pour son mari, jusqu’à se prêter à tout ce qu’on lui suggére pour le tromper, ou du moins pour l’inquiéter. […] Il n’a pas même crû avilir son talent, en se prêtant au peu de délicatesse de la multitude, dans ces piéces, dont les caractéres chargés plaisent toujours au plus grand nombre, & où les gens de goût, sans en approuver le genre, remarquoient des traits que l’usage a consacrés, & a fait passer en proverbes.

31. (1788) Molière (Dictionnaire encyclopédique) « article » pp. 588-589

La bonne comédie naît enfin avec les Précieuses Ridicules ; ce n’était pas encore la perfection du genre, mais c’était l’ébauche du genre le plus parfait ; c’était à quelques égards, une farce, mais une farce morale et philosophique ; si le comique était un peu chargé, il était fort, il était vrai.

32. (1819) Introduction aux œuvres de Molière pp. -

Chargé d’amuser la ville, les états et le prince, Molière fit passer en revue devant eux toutes les pièces de son répertoire, et il l’enrichit du Dépit amoureux, qui reçut un accueil très favorable. […] Un biographe de Molière ne peut donc se dispenser de la raconter aussi ; mais il n’est pas obligé du moins d’admettre dans son récit cette foule de circonstances romanesques dont Grimarest a la manie de charger tous les siens. […] Comme, dans son piteux accoutrement, il n’osait se présenter lui-même, Baron se chargea de sa supplique. […] Rouillé, alors chargé du département de la librairie, donna la préférence au travail d’un nommé La Serre, dont le nom n’était pas de bien bon augure, et dont le talent ne démentait guère ce pronostic peu favorable. […] Molière s’emparait de ce siège, et se chargeait de faire la recette.

33. (1772) De l’art de la comédie. Livre premier. De ses différentes parties (1re éd.) [graphies originales] « CHAPITRE XXI. De l’Amour. » pp. 367-384

Le Baron exhorte Lucile à servir l’amour du Marquis, à se charger d’une lettre pour sa maîtresse. […] Il fut reçu de l’Académie Françoise en 1754, chargé de la rédaction du Mercure en 1755, & il mourut en 1758.

34. (1772) De l’art de la comédie. Livre troisième. De l’imitation (1re éd.) [graphies originales] « CHAPITRE XIX. » pp. 397-410

Le mari saute à son épée, & va à la porte, résolu de charger tout ce qu’il trouveroit. […] Il leur conte l’aventure d’un bout à l’autre ; &, pour leur faire voir qu’il ne disoit rien que de vrai, il leur montre les cheveux qu’il croyoit avoir coupés à sa femme, leur déclare qu’il ne veut jamais la revoir, & les prie de s’en charger.

35. (1765) [Anecdotes et remarques sur Molière] (Récréations littéraires) [graphies originales] pp. 1-26

(En croisant leurs épées avec la sienne, & les rabattant, l’une lui piqua un pied) Moliere, qui peu de temps après donna sa Comédie de l’Avare, chargea Béjart du rôle de la Fleche, de qui Harpagon, dit par allusion : Je ne me plais point à voir ce chien de boiteux là. […] Ce Curé, au lieu de parler en faveur de Moliere, entreprit mal à propos de se justifier lui-même d’une accusation de Jansénisme dont il croyoit qu’on l’avoit chargé auprès de sa Majesté.

36. (1863) Molière et la comédie italienne « Textes et documents » pp. 353-376

En voici le sujet en quelques mots : Chrisoforo (Epidicus de Plaute), valet de Polipo (Strattippoclès), jeune soldat, fils d’un père opulent, a été chargé par son maître, qui est allé au siège de Nicosie, en l’île de Chypre, d’acquérir par tous moyens Flavia, esclave d’un marchand d’esclaves nommé Arpago. […] Costantini partit alors pour l’Allemagne où il reçut des propositions d’Auguste Ier, roi de Pologne, qui le chargea de recruter une troupe.

37. (1835) Mémoire pour servir à l’histoire de la société polie en France « Chapitre XXV » pp. 259-278

Madame de Neuillan n’épargna aucun moyen de l’humilier pour la réduire à la soumission ; elle chargea sa filleule des services les plus bas de sa maison. […] Madame de Montespan la détourna de son dessein, et se chargea de faire réussir près du roi la demande d’une pension.

38. (1853) Des influences royales en littérature (Revue des deux mondes) pp. 1229-1246

C’était lui qui, sous Mazarin, avait été chargé par ce ministre de faire dresser par Costar une liste des gens de lettres ; il n’eut qu’à faire revivre ce projet et à le faire approuver par Louis XIV. […] Après la disgrâce de Fouquet, à laquelle il n’avait pas peu contribué, Colbert crut qu’il était convenable que le roi se chargeât de cette portion de son héritage, et il fit dresser, par Costar et par Chapelain, deux listes des gens de lettres auxquels on pourrait accorder des pensions. […] Quant à Boileau et à Racine, en 1677 le roi les nomma ses histioriographes aux appointemens de six mille francs, et les chargea d’un travail auquel ils étaient peu préparés sans doute ; celui d’écrire l’histoire de ses campagnes.

39. (1772) De l’art de la comédie. Livre troisième. De l’imitation (1re éd.) [graphies originales] « CHAPITRE III. » pp. 53-56

Il voudroit les unir à la Grange & à du Croisy ; mais les deux Précieuses, rebutées par la simplicité de leur déclaration, de leurs propos, de leur parure, de leurs manieres, les rebutent à leur tour : ils sont furieux, & chargent de leur vengeance leurs valets.

40. (1772) De l’art de la comédie. Livre troisième. De l’imitation (1re éd.) [graphies originales] « CHAPITRE XIII. » pp. 274-278

La pâle est aux jasmins en blancheur comparable, La noire à faire peur, une brune adorable : La maigre a de la taille & de la liberté ; La grasse est, dans son port, pleine de majesté : La mal-propre sur soi, de peu d’attraits chargée, Est mise sous le nom de beauté négligée : La géante paroît une déesse aux yeux ; La naine, un abrégé des merveilles des Cieux : L’orgueilleuse a le cœur digne d’une couronne : La fourbe a de l’esprit, la sotte est toute bonne : La trop grande parleuse est d’agréable humeur, Et la muette garde une honnête pudeur.

41. (1706) Lettre critique sur le livre intitulé La vie de M. de Molière pp. 3-44

Si l’Auteur n’avait pas chargé sur les Comédiens, j’aurais cru qu’il serait tombé dans cette faute pour leur faire plaisir ; mais je vois bien que le pauvre homme l’a fait par ignorance, puisqu’il a assez maltraité ces Messieurs-là. […] Racine un Acte d’une Tragédie par semaine ; ou celui-ci était un terrible Poète alors de se charger de fournir ce pénible Ouvrage.

42. (1772) De l’art de la comédie. Livre quatrième. Des imitateurs modernes (1re éd.) [graphies originales] « CHAPITRE XVI. M. DE BEAUMARCHAIS. » pp. 442-462

Alonse paroît en disant à Don Sanche qu’il est chargé par son offenseur de lui demander excuse d’un affront fait par méprise ; il offre, dit-il, de le réparer en donnant la main à votre fille, & ne veut se nommer qu’après la parole donnée. […] Don Sanche apprend que son fils n’est pas mort ; il change alors de dessein, ne veut plus donner sa fille à celui qui l’offensa, veut charger son fils d’une vengeance que sa vieillesse l’empêche de prendre lui-même ; il lui écrit de se rendre bien vîte auprès de lui.

43. (1824) Notices des œuvres de Molière (VIII) : Le Bourgeois gentilhomme ; Psyché ; Les Fourberies de Scapin pp. 186-466

Jourdain auprès d’une belle marquise dont il est lui-même l’amant ; et, ce qui n’est pas une feinte, il enrichit sa maîtresse, qui va devenir sa femme, des dons précieux qu’il est chargé par un autre de lui faire accepter. […] Louis XIV, accoutumé par son éducation et par la flatterie universelle à tout rapporter à sa personne, et d’autant plus avide de divertissement qu’il s’était condamné à plus d’ennui par la sévérité de son étiquette, mettait son plaisir au-dessus de beaucoup de choses, accordait de grands privilèges à ceux qui étaient chargés de le récréer, et considérait quelquefois trop peu les intérêts qui se trouvaient en opposition avec ceux de son amusement. […] Mais, le Roi ayant déclaré qu’il voulait voir plusieurs représentations de l’ouvrage avant le carême, il se vit trop pressé par le temps pour pouvoir achever lui-même ce qu’il avait commencé ; et il eut recours à Corneille, qui se chargea du reste de la pièce, et n’y employa qu’une quinzaine de jours.

44. (1772) De l’art de la comédie. Livre quatrième. Des imitateurs modernes (1re éd.) [graphies originales] « CHAPITRE XVII. M. DORAT. » pp. 463-467

Eumélie, abandonnée dans le bois aux deux parents de Margiste qui doivent la tuer, ressemble beaucoup à Sainte Genevieve de Brabant livrée à deux hommes chargés de la conduire dans une forêt pour la poignarder.

45. (1835) Mémoire pour servir à l’histoire de la société polie en France « Chapitre premier. » pp. 5-11

Sans doute, et c’est un malheur fort ordinaire dans la société, au milieu des esprits élégants et délicats que rassemblait l’hôtel de Rambouillet, se trouvèrent des copies chargées et ridicules qui présentaient des affectations mensongères et hypocrites à la place des nobles délicatesses de leurs modèles.

46. (1772) De l’art de la comédie. Livre second. De ses différents genres (1re éd.) [graphies originales] « CHAPITRE II. Des Comédies Héroïques. » pp. 9-29

Peu de temps après Samson paroît chargé de chaînes, & Phanor remet son sort entre les mains d’Achab, son rival, Samson dit à part : Pour punir mes tyrans, ma haine a profité D’un stratagême heureux, qu’eux même ont inventé. […] Au troisieme acte le théâtre représente la tour ; & Sigismond, chargé de sa premiere chaîne, paroît endormi devant la porte.

47. (1772) De l’art de la comédie. Livre second. De ses différents genres (1re éd.) [graphies originales] « CHAPITRE IX. Du Genre larmoyant. » pp. 103-122

Le Questeur ou le Trésorier de l’épargne, chargé de vendre les prisonniers de guerre, lui propose un Elien très riche & son esclave, qui sont Philocrate & Tindare. […] Il prie Hégion de voir l’action de Tindare du bon côté, & de lui pardonner : il lui en fait remarquer toute la magnanimité, mais il ne peut rien obtenir ; le vieillard est infléxible, la nature ne lui dit rien en faveur de son fils : la sentence qu’il a portée est exécutée : Tindare, chargé de chaînes, est jetté dans les carrieres.

48. (1747) Notices des pièces de Molière (1670-1673) [Histoire du théâtre français, tome XI] pp. -284

« [*]La nature, qui semblait avoir épuisé ses dons en faveur de Molière, parut en être avare pour les poètes qui vinrent après lui : on négligea la perfection des plans et de l’intrigue ; on dédaigna les caractères, on abandonna la noble simplicité de sa diction ; et soit incapacité, soit indolence dans les auteurs qui suivirent ce grand homme, ses ouvrages occupèrent longtemps seuls le théâtre français, avec la supériorité et la justice qui leur étaient dues ; enfin les spectateurs, lassés d’attendre un génie capable d’imaginer avec l’art de Molière des fables nouvelles, et d’imiter aussi heureusement celles des anciens, refusèrent leurs applaudissements à des comédies qu’on leur présenta, parce qu’elles étaient dénuées d’intrigue, ou qu’elles en étaient trop chargées. […]       De Monsieur, un valet de chambre, Ce grand vendeur de musc et d’ambre, À savoir le sieur Martial, Se voulant montrer jovial, Fit par pure réjouissance, Un festin de rare importance, À douze de ses compagnons ; Illec, on ne vit point d’oignons, Mais des muscades, des eaux d’anges, Des orangers chargés d’oranges, Et de très excellents ragoûts, Qui flairaient mieux que des égouts : Mais la fine galanterie, Que j’eusse cent fois plus chérie, Que les plats les mieux apprêtés, Qu’on y voyait de tous côtés Fut, que douze charmantes filles, Jeunes, riantes et gentilles, Ayant toutes beaucoup d’appas, Vers le déclin dudit repas, D’une façon fort agréable, Servirent le dessert sur table ; Anis, sucres, pommes, biscuit, Bref, chacune porta son fruit ; Après, laquelle gaillardise, Une musique assez exquise, De deux, ou trois, ou quatre chœurs, Ravit les âmes et les cœurs ; Ensuite, on but à tasse pleine, La santé du roi, de la reine*, Et de Monsieur, aussi d’Anjou, De la Cour le charmant bijou. […] Il y chargea Despréaux des injures les plus grossières, et lui imputa des crimes imaginaires, comme de ne reconnaître ni Dieu, ni foi, ni loi. […] Le temps pressait, Pierre Corneille se chargea du reste de la pièce ; il voulut bien s’assujettir au plan d’un autre, et ce génie mâle, que l’âge rendait sec et sévère, s’amollit pour plaire à Louis XIV.

49.

C’est que… sans doute le langage de Marinette est très gracieux en français ; mais Compagnoni n’aurait pu, dit-il, conserver ce qu’il a de chargé, sans tomber dans une inconvenance de mauvais goût. […] Il y avait pour le traducteur hollandais un danger de charger ce rôle, que M.  […] On le voit, ce sont les mêmes termes dont se servait sans doute le comédien chargé d’annoncer au public le spectacle que l’on se proposait de lui donner, ce sont les formules ordinaires de l’orateur de la troupe. […] C’est seulement en cette année-là que Benserade commença d’être chargé de la composition des ballets du Roi, et son coup d’essai fut le Ballet de Cassandre, dansé au Palais-Cardinal le 26 février 1651. […] En voici une preuve bien frappante : l’actrice qui est chargée d’un rôle d’homme n’hésite pas, fût-elle jeune, à orner (?)

50. (1901) Molière moraliste pp. 3-32

Acteur par vocation dès l’adolescence, bientôt directeur responsable d’une troupe ambulante, improvisateur de farces, de pièces appropriées au besoin du moment ; puis, une fois établi à Paris, obligé de défendre son théâtre contre la jalousie de l’hôtel de Bourgogne ; sa vie privée contre la calomnie, venimeuse, acharnée ; ses idées contre des attaques véhémentes ; chargé de divertir le plus autoritaire des souverains et non le moins exigeant, Molière suffit à tout, à force d’énergie, lutta jusqu’au bout, quoique malade et rongé de soucis, mourut enfin à son poste en jouant le rôle d’Argan sur cette scène qu’il avait tant aimée. […] Qu’Elmire, cessant de penser, de vouloir par elle-même, d’obéir à son honnête naturel, laisse se substituer à sa propre conscience celle du directeur : elle tombera bientôt dans l’adultère, avec cette consolation, il est vrai, d’être la maîtresse d’un homme d’une dévotion extrême, qui s’est chargé de son plaisir en même temps que de son salut. […] C’est encore au fond d’un petit couvent qu’on s’est chargé d’abêtir Agnès sur l’ordre d’Arnolphe.

51. (1819) Notices des œuvres de Molière (IV) : La Princesse d’Élide ; Le Festin de Pierre pp. 7-322

Louis XIV, dans toute l’ardeur de sa passion pour mademoiselle de La Vallière, voulut donner aux deux reines une fête dont sa maîtresse pût recevoir en secret l’hommage, et Molière fut chargé d’y contribuer. […] La passion du roi pour mademoiselle de La Vallière avait donné à toute sa cour le signal de la galanterie et de la volupté ; parmi les jeunes seigneurs, quelques-uns étaient ses confidents, tous étaient ses imitateurs ; et, dans toutes les fêtes données par le monarque, les poètes chargés de les embellir de leurs talents, offraient l’histoire fidèle de ces nobles amours sous le voile des plus transparentes allégories.

52. (1863) Molière et la comédie italienne « Chapitre VII. Le théâtre français contemporain des Gelosi » pp. 119-127

Après plusieurs altercations, la femme ayant été contrainte de se lever, on ouvre ce coffret, duquel sortent à l’instant trois diables qui emportent et troussent en masse M. le conseiller, le commissaire et le sergent, chaque diable s’étant chargé du sien.

53. (1835) Mémoire pour servir à l’histoire de la société polie en France « Chapitre III » pp. 30-37

Alors les charlatans triomphent, et ils se sentent persuadés de leur puissant génie, en descendant de cette chaire professorale où ils sont montés avec la conscience chargée des avertissements de leur nullité.

54. (1853) Histoire de la littérature dramatique. Tome II « Chapitre IV. Que la critique doit être écrite avec zèle, et par des hommes de talent » pp. 136-215

Le poète a poussé si loin l’enquête de ces crimes, de ce vice et de ce libertinage, il a chargé son héros de tant d’injustices, qu’à défaut de la loi qui se tait, il faut bien invoquer le juge d’en-haut. […] Parmi les danseuses du divertissement, les mêmes noms se retrouvent, mêlés aux noms des artistes suivant la cour ; ceux-là, danseurs et danseuses par métier, restaient chargés des grands rôles, des railleries, des bruits, des chansons et des belles danses en dehors de la danse noble. […] Lui-même, le roi-soleil, le plus roi des rois, disait Leibnitz, en habit d’émeraudes et de perles, il lui fallait se défendre contre tant de jeunes gens, ses rivaux légitimes, chargés de représenter à ses côtés les héros du poème et les dieux de l’Olympe : Lycée, Yolas, Alceste, Télamon et le berger Endymion dans sa grotte du mont Lathmos. […] Chaque fois que son amant la quitte et l’abandonne, aussitôt elle se réfugie au pied de la croix ; échevelée, pleurante, le sein nu, chargée de deuil, alors encore une fois le roi la trouve belle et revient la disputer aux autels, alors aussi, — tant elle a de peine à briser ces liens si charmants, — elle cède à cette volonté implacable, et elle rentre en pleurant à cette cour témoin de ses larmes… Vain espoir ! […] Cet homme est un hâbleur de fausse éloquence ; il ressemble à cette femme ambitieuse et vaine dont parle Bossuet pour s’en moquer : « Elle croit valoir beaucoup parce qu’elle s’est chargée d’or, de pierreries et de mille autres ornements.

55. (1772) De l’art de la comédie. Livre premier. De ses différentes parties (1re éd.) [graphies originales] « CHAPITRE VIII. De l’Action, du Nœud, des Incidents. » pp. 165-171

Si vous ne vous chargez de ce soin, ma chere, Lucinde, ma gloire, ma fortune... toute la terre ensemble n’en viendroit pas à bout.

56. (1772) De l’art de la comédie. Livre second. De ses différents genres (1re éd.) [graphies originales] « CHAPITRE III. Des Pieces à spectacle. » pp. 30-36

D’ailleurs, si l’on donne carriere à son imagination, les acteurs, grands ennemis de la dépense, ne veulent pas se charger de la piece : si l’Auteur, gêné par leurs mesquineries, resserre ses idées, il ne pourra pas soutenir l’admiration du spectateur ; & lorsqu’on cesse, dans ces pieces, de le surprendre, tout est perdu.

57. (1856) Les reprises au Théâtre-Français : l’Amphitryon, de Molière (Revue des deux mondes) pp. 456-

Il y a en effet dans Amphitryon plus d’une période chargée d’expressions parasites, tandis que dans les Femmes savantes il serait bien difficile de rencontrer des expressions de cette nature.

58. (1835) Mémoire pour servir à l’histoire de la société polie en France « Chapitre XII » pp. 100-108

Mademoiselle de Montpensier, madame de Longueville, la princesse de Condé, étaient chargées de commandements militaires.

59. (1772) De l’art de la comédie. Livre premier. De ses différentes parties (1re éd.) [graphies originales] « CHAPITRE X. De la Diction. » pp. 178-203

L’une monte chargée ; & l’autre, qui descend, Semble aider à sa sœur sur le degré glissant : L’une est prête à verser, l’autre reprend haleine : L’œil même qui les voit prend sa part de leur peine. […] Elle me touche assez pour m’en charger moi-même ; & sans autre docteur, je vous dirai que l’honneur d’être votre gendre est une faveur glorieuse que je vous prie de m’accorder.

60. (1772) De l’art de la comédie. Livre troisième. De l’imitation (1re éd.) [graphies originales] « CHAPITRE XX. » pp. 411-419

Grimaret, Auteur d’une vie de Moliere, dit que Pourceaugnac fut fait à l’occasion d’un Gentilhomme Limousin, qui, un jour de spectacle, & dans une querelle qu’il eut sur le théâtre avec les Comédiens, étala une partie du ridicule dont il étoit chargé.

61. (1772) De l’art de la comédie. Livre premier. De ses différentes parties (1re éd.) [graphies originales] « CHAPITRE XVIII. De la Décence & de l’Indécence. » pp. 314-341

il n’est que trop assuré : C’est, de tous les affronts, l’affront le plus sensible ; Et, loin que ce matin ton cœur l’ait réparé,  Tu t’es d’avec moi séparé, Par des discours chargés d’un mépris tout visible. […] Par un vieux Corsaire d’Alger De chaînes je me vois charger, Ainsi conduit droit eu Turquie, Où je croyois passer ma vie Dans le serrail du Grand Seigneur, Où je fus placé par bonheur, Pour y coeffer toutes les belles, Et même pour veiller sur elles.

62. (1825) Notices des œuvres de Molière (IX) : La Comtesse d’Escarbagnas ; Les Femmes savantes ; Le Malade imaginaire pp. 53-492

Ménage prétend qu’il alla jusqu’à faire acheter un des habits de l’abbé Cotin, pour le faire porter à l’acteur chargé du personnage . […] Thomas voit dans Chrysale, qui est de tous les siècles, un homme qui, depuis deux cents ans, n’était plus du siècle de Molière ; il voit surtout en lui le personnage que Molière a chargé d’exprimer l’opinion commune et la sienne propre sur la part qu’une femme doit prendre aux choses de l’esprit, et il n’aperçoit pas, il ne veut pas apercevoir Clitandre, qui, sur ce point où est renfermée toute la moralité de la pièce, professe l’opinion de tous les hommes raisonnables et celle de Molière lui-même. […] Il est probable que, ne pouvant s’en procurer une copie, ils chargèrent quelque obscur écrivain de leur en fabriquer une. […] Rédacteurs et gardiens des actes qui assurent l’état et la fortune des particuliers, souvent même dépositaires de nos biens et chargés d’en diriger l’emploi, l’honorable importance de leurs fonctions leur inspire naturellement les vertus nécessaires pour les bien remplir.

63. (1900) Quarante ans de théâtre. [II]. Molière et la comédie classique pp. 3-392

C’est Coquelin et Got qui étaient chargés de représenter l’un Mercure et l’autre Sosie. […] si Got voulait bien pour une fois se charger de ce bout de rôle ! […] Je me chargerais de prendre n’importe où, n’importe qui et de mettre Tartuffe en scène. […] Chrysale s’est chargé de proposer à sa femme la candidature de Clitandre à la main de Henriette. […] C’est elle qui, chargée d’approcher des fauteuils pour la compagnie, donnera au fils de M. 

64. (1725) Vie de l’auteur (Les Œuvres de Monsieur de Molière) [graphies originales] pp. 8-116

Il y en eut qui accuserent Moliere d’avoir chargé les couleurs & outré les peintures qu’il donnoit : mais Mr.  […] Il avoit très-grande raison de charger sur leur mauvais goût ; ils ne savoient aucuns principes de leur art, ils ignoroient même qu’il en eût. […] On dit que le Pourceaugnac fut fait à l’occasion d’un Gentilhomme Limousin, qui un jour despectacle, & dans une querelle qu’il eut sur le Theâtre avec les Comediens, étalla une partie du ridicule dont il étoit chargé. […] Un homme de cette Nation étoit venu à la Cour avec une commission : le Roi qui aimoit alors à briller en toute occasion, lui donna audience avec un habit superbe & chargé de pierreries. […] Quinaut se chargea de tout ce qui devoit être chanté à la reserve de la plainte Italienne dont on m’a dit que les paroles furent fournies par Lulli.

65. (1863) Molière et la comédie italienne « Chapitre XVII. Conclusion » pp. 339-351

Ton maître t’a chargé De me saluer ?

66. (1840) Le foyer du Théâtre-Français : Molière, Dancourt, I pp. 3-112

Deux poètes, confrères de Molière, Boursault et Monfleury fils, se levèrent à leur tour, chargés en quelque sorte de défendre tous les intérêts opposés. […] Montfleury, par exemple, chargé des grands rôles, semblait avoir le diable au corps; il se démenait si fort qu’il se rompit dit-on, une veine, en s’abandonnant avec trop de rage aux fureurs d’Oreste ; telle fut, à ce que l’on prétend, la cause de sa mort; ce qui fit dire à l’auteur du Parnasse Réformé, que Montfleury était mort d’Andromaque. […] Ce fut Montfleury fils qui se chargea comme nous l’avons dit, de la vengeance commune. […] C’est un rôle plutôt passif qu’actif, et par conséquent d’une grande difficulté pour l’actrice qui en est chargée. […] Nous ne tracerons pas, d’après Dancourt, le caractère du financier; Lesage, contemporain de notre auteur, s’est chargé de ce portrait dans sa pièce de Turcaret, et il l’a fait de main de maître.

67. (1747) Notices des pièces de Molière (1666-1669) [Histoire du théâtre français, tome X] pp. -419

Uniquement rempli du désir d’exécuter promptement les ordres du roi, il ne songeait qu’à répondre, au moins par son zèle, à la confiance que lui témoignait ce prince en le chargeant du soin de l’amuser ; il n’a pas même cru avilir son talent en se prêtant au peu de délicatesse de la multitude dans ses pièces, dont les caractères chargés plaisent toujours au plus grand nombre, et où les gens de goût, sans en approuver le genre, remarquaient des traits que l’usage a consacrés, et fait passer en proverbes. […] Les naïvetés grossières des valets qui trompent George Dandin, le caractère chargé d’un gentilhomme de campagne et de sa femme, sont des moyens mis heureusement en œuvre pour rendre cette vérité sensible ; mais on voudrait en vain excuser le caractère d’Angélique, qui, sans combattre son penchant pour Clitandre, laisse trop paraître son aversion pour son mari, jusqu’à se prêter à tout ce qu’on lui suggère pour le tromper, ou du moins pour l’inquiéter. […] Quiconque a un Maître Jacques, chargé tout à la fois de l’emploi de cuisinier et de cocher, n’a pas ordinairement deux laquais et un intendant. […] Au lieu même de donner à son fils naturel un précepteur ordinaire, et pris au hasard, comme tant de pères en usent avec un fils légitime qui doit porter leur nom, il engagea le célèbre Gassendi à se charger de l’instruire. » « [*]M.  […] « [*]On dit que Pourceaugnac fut fait à l’occasion d’un gentilhomme limousin, qui, un jour de spectacle, et dans une querelle qu’il eut sur le théâtre avec les comédiens, étala une partie du ridicule dont il était chargé.

68. (1865) Les femmes dans la comédie de Molière : deux conférences pp. 5-58

Il a pris chez une paysanne, chargée de famille, une jeune fille qu’il a remarquée dès l’âge de quatre ans pour son air doux et posé. […] Cependant, quand par les lettres que son oncle a supposées, elle se croit ruinée avec sa famille, elle refuse d’épouser celui qu’elle chérit : Je sais le peu de bien que vous avez, Clitandre ; Et je vous ai toujours souhaité pour époux Lorsqu’en satisfaisant à mes vœux les plus doux J’ai vu que mon hymen ajustait vos affaires ; Mais lorsque nous avons les destins si contraires, Je vous chéris assez dans cette extrémité Pour ne vous charger point de notre adversité. […] « La vie, a dit M. de Tocqueville, la vie n’est ni un plaisir ni un supplice, c’est une affaire grave dont nous sommes chargés, et qu’il faut terminer à notre honneur. » Dieu, en nous imposant des devoirs, y attache certains plaisirs qui en rendent l’accomplissement plus facile ; et le bonheur qu’il nous accorde en échange n’est destiné qu’à nous en faire souhaiter un plus complet.

69. (1823) Notices des œuvres de Molière (VII) : L’Avare ; George Dandin ; Monsieur de Pourceaugnac ; Les Amants magnifiques pp. 171-571

Ces faits sont entièrement faux, comme quelques autres de même nature, que j’ai déjà eu occasion de démentir ; et j’emploierai, pour le prouver, le même moyen dont je me suis servi, l’autorité incontestable du registre de la troupe de Molière, tenu par le comédien La Grange, qui était chargé de ce soin, et s’en acquittait avec une exactitude scrupuleuse. […] Hors de ces cas qui doivent être fort rares, le poète ne peut placer la punition d’un personnage vicieux ou ridicule que dans l’action des autres personnages qui l’entourent ; et ceux-ci sont, pour ainsi dire, chargés de représenter les désordres, les disgrâces, les dangers, les inconvénients de tout genre, conséquences naturelles et accoutumées du défaut qu’il s’agit de corriger. […] Molière eût satisfait à cette justice du théâtre, il eût vengé la morale publique outragée par la conduite coupable d’Angélique, s’il lui eût donné pour amant un des libertins pervers, un de ces vils chevaliers d’industrie, en qui le vice né peut être que hideux, et qui se chargent le punir eux-mêmes, tôt ou tard, les complices de leur dérèglement.

70. (1819) Notices des œuvres de Molière (I) : L’Étourdi ; Le Dépit amoureux pp. 171-334

Le style de L’Étourdi est animé d’une verve comique que ne comportait pas Le Dépit amoureux ; mais la diction de ce dernier ouvrage, quoique chargée encore d’un assez grand nombre d’incorrections et d’impropriétés, est cependant un peu plus exacte, et parait surtout avoir obéi plus facilement à la pensée de l’auteur.

71. (1772) De l’art de la comédie. Livre premier. De ses différentes parties (1re éd.) [graphies originales] « CHAPITRE IV. Du Choix du Titre. » pp. 94-102

Dans gli Perdigi le Docteur envoie des perdrix à son voisin Pantalon ; Arlequin, qui les porte, rend compte à Scapin du message dont il est chargé ; Scapin escamote le panier où sont les perdrix proprement couvertes d’une serviette, & met un autre panier à la place, dans lequel il y a une paire de sabots.

72. (1772) De l’art de la comédie. Livre second. De ses différents genres (1re éd.) [graphies originales] « CHAPITRE XXVIII. Les Caracteres des hommes n’ont pas plus changé que ceux des professions. » pp. 303-311

Le Cardinal de Richelieu le chargea de faire un Dictionnaire François, & lui fit continuer une pension de deux mille livres dont il n’étoit pas payé depuis plusieurs années.

73. (1772) De l’art de la comédie. Livre troisième. De l’imitation (1re éd.) [graphies originales] « CHAPITRE XXIV. » pp. 489-499

Vous me voyez, ma sœur, chargé par lui D’en faire la demande à son pere aujourd’hui.

74. (1769) Idées sur Molière pp. 57-67

J’ai entendu blâmer Le pauvre homme répété si souvent; j’ai vu depuis précisément la même scène et plus forte encore, et j’ai compris qu’on ne pouvait guère charger ni les ridicules ni les passions.

75. (1881) La philosophie de Molière (Revue des deux mondes) pp. 323-362

De ces deux écrivains, l’un était chargé de la révision du texte, l’autre de la partie littéraire. […] Desfeuilles, ami de Despois, s’est chargé cette fois de la critique du texte ; M.  […] Mais peut-être est-ce une question de psychologie et de morale, autant que de goût, que de rechercher si Molière n’a pas dépassé la vérité, et chargé les couleurs dans sa peinture de Tartuffe comme La Bruyère l’en a accusé dans ce portrait d’Onuphre, qui passe avec raison pour une critique de Molière. […] Dans L’École des femmes, personne n’est chargé de dire à Arnolphe qu’il est un fou.

76. (1800) De la comédie dans le siècle de Louis XIV (Lycée, t. II, chap. VI) pp. 204-293

J’ai vu depuis précisément la même scène, et plus forte encore, et j’ai compris que, lorsqu’on peignait des originaux pris dans la nature, et non pas, comme autrefois, des êtres imaginaires, l’on ne pouvait guère charger ni les ridicules ni les passions. […] On peut s’imaginer combien ils se récrièrent sur l’amour-propre d’un auteur qui faisait sur le théâtre son apologie, et même son éloge: mais n’est-il pas plaisant que d’ignorants barbouilleurs, qui ont assez d’amour-propre pour régenter devant le public un homme qui en sait cent fois plus qu’eux, ne veuillent pas qu’il en ait assez pour prétendre qu’il sait son métier un peu mieux que ceux qui se chargent de le lui enseigner? […] La fureur de Pancrace à propos de la forme du chapeau n’était point un tableau chargé, clans un temps où l’on rendait encore des arrêts en faveur d’Aristote ; et quand Sganarelle donne des coups de bâton au pyrrhonien Marphurius, en lui représentant que, selon sa doctrine, il ne doit pas être sûr que ce soient des coups de bâton, il se sert d’un argument proportionné à la folie de cette doctrine. […] Ce rôle m’a toujours paru le seul, dans les bonnes pièces de Molière, qui soit réellement ce qu’on appelle chargé. […] Chaque instant de ma vie est chargé de souillures ; Elle n’est qu’un amas de crimes et d’ordures ; Et je vois que le ciel, pour ma punition, Me veut mortifier en cette occasion.

77. (1852) Légendes françaises : Molière pp. 6-180

Et moi je juge que ce n’est ni l’un, ni l’autre ; vous êtes fous tous deux de vouloir vous appliquer ces sortes de choses, et voilà de quoi j’ouïs l’autre jour se plaindre Molière, parlant à des personnes qui le chargeaient de même chose que vous. […] Tout à coup un théâtre chargé de musiciens s’éleva derrière les tables, comme par enchantement, et la comédie commença à la clarté de cinq cents girandoles vertes et argent qui portaient des bougies. […] Louis XIV, instruit de ces désordres, s’emporta, voulut punir; Molière lui conseillant d’user plutôt de douceur, se chargea d’accommoder lui-même l’affaire. […] Vers la fin de 1666, Louis XIV voulant donner à sa cour le grand divertissement du Ballet des Muses (arrangé par Benserade), Molière fut chargé, pour cette fête, de faire une comédie ; il se mit aussitôt à Mélicerte. […] Il se chargea, dans Amphitryon, du rôle de Sosie, mari de Cléanthis, dont l’humeur le fait enrager...

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