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17. (1853) Histoire de la littérature dramatique. Tome II « Chapitre II. Mademoiselle Mars a été toute la comédie de son temps » pp. 93-102

Ni les uns ni les autres ne songent même à posséder cette belle : ce qu’ils veulent avant tout, c’est une bonne parole et devant témoins ; c’est un tendre regard, en public ; ce sont des lettres qu’ils puissent montrer à tout venant ; et quant au reste, le reste viendra, si veut Célimène. — Et justement voilà pourquoi Célimène, fidèle au rôle qu’elle s’est imposée, est si prodigue envers les uns et les autres de bonnes paroles, de tendres regards, de billets doux ; là est sa force, et elle a besoin d’être forte pour se défendre. […] Rare esprit, âme plus rare encore ; âme tendre et forte qui n’a peur de rien, pas même du ridicule ; dévouement sincère, amour passionné, bonne foi complète, Alceste, en un mot.

18. (1772) De l’art de la comédie. Livre premier. De ses différentes parties (1re éd.) [graphies originales] « CHAPITRE XXVII. Des aparté. » pp. 446-462

Baron, quand vous aimez, avez-vous le cœur tendre ? […] Comment, tendre ? […] Comment, tendre ?

19. (1772) De l’art de la comédie. Livre premier. De ses différentes parties (1re éd.) [graphies originales] « CHAPITRE XXIX. Des Méprises, des Equivoques & de ce qu’on appelle quiproquo au Théâtre. » pp. 474-489

Comme la Dame est beaucoup plus jeune que la Demoiselle, il fait une méprise ; il la croit encore à marier, il en devient amoureux, & écrit une lettre fort tendre, qui, étant adressée à Mademoiselle Cléonte, parvient à la vieille folle : celle-ci est enchantée de sa conquête ; elle paroît tenant dans sa main la réponse au billet doux qu’elle a reçu. […] Sainville écrit une lettre fort tendre à Angélique, qui, croyant avoir des raisons pour se plaindre de son amant, ne veut pas la recevoir. […] M. le Président, peu sensible à son riche embonpoint, lorgna celle d’une jeune Marton qui fut cruelle, avertit sa maîtresse, & l’instruisit si bien, qu’elle surprit son vieux perfide prosterné humblement aux pieds de la fripponne, & lui présentant sa tendre requête.

20. (1835) Mémoire pour servir à l’histoire de la société polie en France « Chapitre XXV » pp. 259-278

Sa femme en attira une meilleure encore, se fit aimer et admirer par des personnes du premier rang, qui l’attirèrent dans leur maison, notamment le maréchal d’Albret ; il était devenu amoureux d’elle n’étant encore que comte de Miossens ; il la fit connaître à la maréchale, dont elle gagna la confiance et la tendre estime. […] Madame d’Albret avait aussi la plus tendre affection pour madame Scarron, et voulait qu’elle fût toujours avec elle. […] Dans ce temps-là aussi, le cardinal d’Estrées, célèbre par ses galantes magnificences, lui avait déclaré de tendres sentiments, auxquels elle refusa toute attention.

21. (1772) De l’art de la comédie. Livre premier. De ses différentes parties (1re éd.) [graphies originales] « CHAPITRE XIX. De la Gradation. » pp. 342-351

tend ce début ? […]tend ce début ?

22. (1835) Mémoire pour servir à l’histoire de la société polie en France « Chapitre XXIX » pp. 319-329

La lettre du 15 novembre, en réponse, est ironique dans quelques expressions, sévère dans d’autres ; mais elle tend surtout au but que se proposait madame Scarron : c’était de faire croire que l’année qu’elle allait passer dans une solitude forcée, avec les enfants dont il fallait cacher l’existence, serait consacrée à une retraite pieuse et à une réforme dirigée par un savant théologien. […] « Madame Scarron, continue madame de Caylus, en fut touchée comme une mère tendre, et beaucoup plus que la véritable.

23. (1772) De l’art de la comédie. Livre troisième. De l’imitation (1re éd.) [graphies originales] « CHAPITRE II. » pp. 20-52

La derniere est déguisée en garçon dès sa plus tendre enfance, pour conserver un bien considérable qui auroit dû passer, sans cela, dans la maison de Polidore. […] Il lui dit qu’il l’a accompagné à son rendez-vous ; que Béatrix elle-même est venue ouvrir la porte du jardin, & qu’elle a tenu à son amant les propos les plus tendres. […] Ils frappent à la porte du Docteur, qui, n’ayant point vu son fils depuis la plus tendre enfance, croit le reconnoître dans Arlequin. […] N’aura de passion aussi pure & si tendre.

24. (1861) Molière (Corneille, Racine et Molière) pp. 309-514

Il avait le cœur tendre, tendre à l’excès. […] Vous avez la chair tendre et jeune... […] Mais un cœur à leurs vœux moins facile et moins tendre. […] La passion qui parle tend, au contraire, à s’évaporer: à force de se répandre elle se dissipe. […] Il ne s’amuse pas à tendre des panneaux aux moutons; c’est chose trop vulgaire : il se fait mouton pour en tendre aux renards.

25. (1900) Quarante ans de théâtre. [II]. Molière et la comédie classique pp. 3-392

C’est là qu’il s’est trompé, et qu’il a tendu le collet à son adversaire. […] Jamais je ne me laisserais prendre à des pièges si visibles, si imprudemment tendus ! […] Il faut avoir pour ces grands écrivains une tendre et respectueuse dévotion qui s’étende à tout ce qu’ils ont fait. […] rien aux transports qu’elle excite ; douce et tendre, au milieu de ces émerveillements qui l’étonnent. […] Delaunay, avec son organe tendre et amoureux, serrant Psyché sur son cœur, et lui frôlant l’oreille de ces mots passionnés !

26. (1836) Une étude sur Molière. Alceste et Célimène (La Revue de Bordeaux et Gironde unies) pp. 65-76

La femme tend à amortir les chocs, à empêcher les secousses violentes. […] La société a ses traditions, ses lois, ou mieux encore son instinct qui la protège contre toute force qui tendrait à la modifier en bien.

27. (1772) De l’art de la comédie. Livre premier. De ses différentes parties (1re éd.) [graphies originales] « CHAPITRE PREMIER. Du Choix d’un Sujet. » pp. 25-38

La pauvre infortunée aime avec violence ; A moi seul de ses feux elle fait confidence, Et je vois dans son cœur des tendres mouvements A dompter la fierté des plus durs sentiments. […] Ils se rendent mutuellement les présents qu’ils se sont faits, déchirent les lettres qu’ils se sont écrites, promettent de ne plus se voir, finissent par se raccommoder, par s’aimer davantage : & toutes les personnes qui ont eu le cœur tendre s’écrient, en voyant exécuter cette scene, ou en la lisant, voilà comme on aime !

28. (1772) De l’art de la comédie. Livre second. De ses différents genres (1re éd.) [graphies originales] « CHAPITRE VI. Des Pieces à scenes détachées, dans lesquelles une Divinité préside. » pp. 61-74

 Te voilà jeune, fraîche, belle ;  Ton amant est tendre & fidele :  Et loin d’avoir cette douceur Qu’annonce de tes traits la grace naturelle,  Tu n’as qu’amertume & qu’aigreur. […]   Mille tendres sornettes Que l’on a soin d’orner de mots à double sens ;  Parler éloquemment cornettes,  Et prononcer sur des rubans ; De tout ce qui paroît juger sans connoissance,  Hors de propos prodiguer son encens,  Et placer bien sa médisance :  Voilà des aimables du temps Ce qui fait le mérite & toute la science.

29. (1802) Études sur Molière pp. -355

Le second, moins délicat, ne balance pas à exiger qu’Elvire s’excuse, aucune crainte ne l’arrête ; et cependant son amour n’en est pas moins couronné par le plus tendre aveu, et par la main de son amante : aussi le dénouement de la pièce française est-il moins vraisemblable, moins intéressant que celui de la pièce italienne. […] ne devrait-il pas au moins payer d’un soupir tant d’expressions tendres, tant de traits délicats échappés successivement du cœur de son amante ? […] S’il paraît l’avoir moins consacrée à sa gloire qu’à sa tendre amitié pour ses camarades, et à sa reconnaissance pour son roi, rendons justice aux motifs qui ont dicté les deux pièces, mais sans renoncer au plaisir d’y trouver le grand homme. […] Troisièmement, la mauvaise plaisanterie de Dorine, en faisant rire le parterre, n’affaiblit-elle pas le tendre intérêt que l’auteur veut inspirer pour un honnête homme persécuté par un scélérat ? […] Je comprends encore moins pourquoi Molière, en ourdissant son canevas, a tendu deux fils qui ne devaient servir à rien.

30. (1835) Mémoire pour servir à l’histoire de la société polie en France « Chapitre XXXIII » pp. 378-393

. — Mot tendre du roi à madame de Maintenon. — Son départ pour l’armée. — Madame de Montespan reste près de la reine son voyage à Bourbon. — Coïncidence de son retour avec celui du roi. — On reprend les anciennes habitudes. — Humeur de madame de Maintenon. — Explication entre elle et Madame de Montespan. […] Verrons-nous l’impudence d’un côté, la résignation de l’autre, se tendre une main aussi familière que serait celle d’une franche amitié dans une parfaite parité de condition, de vertu et d’honneur ?

31. (1867) La morale de Molière « CHAPITRE VII. De l’Amour. » pp. 121-144

Ces ressorts aident le poète à hâter sans invraisemblance la liaison des cœurs qu’il est obligé d’unir en quelques scènes ; et pourtant, ce court espace lui suffit aussi.pour montrer que l’amour vrai est l’amour des âmes, faites par Dieu avec le tendre et noble penchant de se donner tout entières à des âmes dignes d’elles. […] Molière a dit celle vérité au milieu d’une société où le raffinement de l’esprit faisait, dans les meilleurs salons, prendre à la coquetterie la place et le nom de l’amour, et où il n’y avait point de femme à la mode qui ne voulût régner dans un petit royaume de Tendre. Boileau, le champion de la raison, qu’on trouve sur la brèche partout où le goût du temps essaie d’en franchir les remparts, s’est montré là, comme en maint endroit, le digne second de Molière, et il a retrouvé le pinceau de Juvénal pour aider son ami à rendre la coquette à jamais odieuse : D’abord, tu la verras, ainsi que dans Clélie, Recevant ses amants sous le doux nom d’amis, S’en tenir avec eux aux petits soins permis ; Puis, bientôt en grande eau sur le fleuve de Tendre, Naviger à souhait, tout dire, et tout entendre.

32. (1852) Légendes françaises : Molière pp. 6-180

Lui qui avait été pour elle si généreux, si tendre  ! […] Molière, toujours plus tendre et plus expansif à la campagne, lui avoua que ce chagrin lui venait d’être obligé de vivre éloigné de sa femme et de ne pouvoir s’en faire aimer. […] Le voir à ses côtés partager avec lui les applaudissements de la foule, c’était où il tendait. […] Baron avait préparé tout du long du chemin un beau discours pour demander pardon à son bienfaiteur; mais en voyant Molière le premier lui tendre les bras, il ne put que pleurer. […] Que ne restaient-elles dans leur simplicité naïve, douces, tendres, sincères (comme Henriette) ?

33. (1772) De l’art de la comédie. Livre quatrième. Des imitateurs modernes (1re éd.) [graphies originales] « CHAPITRE XII. M. COLLÉ. » pp. 354-380

Les amants attaquent ensemble Dupuis : il les combat vigoureusement, en leur peignant le chagrin d’un vieillard délaissé par ce qu’il a de plus cher ; mais il cede enfin à leur amour, à leurs transports, & à leurs tendres protestations d’être toujours dignes de leur pere. […] C’est la seule joie que puisse goûter dans son affliction votre désolée, mais toujours tendre & affectionnée Peggy ». […] Le Comte de Gulphar, parent du Chevalier, a du goût pour la Dame : elle s’en apperçoit, lui écrit une lettre fort tendre, & lui donne un rendez-vous, en le priant de lui prêter deux cents louis qu’elle a perdus au jeu.

34. (1835) Mémoire pour servir à l’histoire de la société polie en France « Chapitre XXXVII et dernier » pp. 442-475

Le but n’était pas seulement de posséder la personne, c’était aussi et surtout de posséder le cœur et d’obtenir un tendre retour. […] La tragédie, devenue si tendre par la muse de Racine, devient toute pieuse. […]         Je vous dis adieu, muse tendre,         Et vous dis adieu pour toujours.

35. (1772) De l’art de la comédie. Livre second. De ses différents genres (1re éd.) [graphies originales] « CHAPITRE XIII. Des Pieces intriguées par les Maîtres. » pp. 151-168

Je crois que vous devez avoir l’ame contente ; Du moins, pour vous marquer une tendre amitié, Je fais assez pour vous. […] L’une imagine de se venger en écrivant une lettre tendre à Mondor, c’est le nom du fat : elle engage son amie à le traiter de même.

36. (1801) Moliérana « [Anecdotes] — [56, p. 89-93] »

Plaute* tendait surtout à faire rire ; il se plaisait à amuser et à jouer le petit peuple.

37. (1772) De l’art de la comédie. Livre troisième. De l’imitation (1re éd.) [graphies originales] « CHAPITRE XVIII. » pp. 357-396

Scapin fait croire à Pantalon que la jeune beauté dont il est épris le paie du plus tendre retour : elle est, lui dit-il, bien différente des autres femmes, puisqu’elle fait un cas singulier de la vieillesse, & qu’elle méprise les jeunes gens. […]   Monime & Cléante sont dans la même situation, ont les mêmes incertitudes, donnent également dans le piege qu’on leur tend. […] J’en prends Pollux à témoin : je ne suis point venu ici pour vous tendre un panneau : il est faux que je me moque de vous ; & je serois un malhonnête homme si je le faisois. […] Il s’enferme seul ; il prend son cher trésor, le met sur la table, s’assied à côté de lui, l’admire, le regarde avec complaisance, l’embrasse à plusieurs reprises, lui donne les noms les plus tendres, & lui prodigue les épithetes les plus flatteuses.

38. (1884) Tartuffe pp. 2-78

Un des leurs, demeuré tendre à son égard, a écrit son panégyrique‌ 15. […] On sent d’ailleurs que le prince les a fort aimés, ces spectacles qu’il condamne, et, pour tout dire, aimés sans grand discernement ; car il affirme que l’amour, avec toutes ses langueurs, ses passions et ses délicatesses, est tout ce qu’on cherche dans les tragédies ; qu’on n’écoute pas le reste ; que dans le Cid, le récit de la bataille est fort ennuyeux ; que dans Cinna on n’admire pas la clémence d’Auguste, mais les tendres choses que Cinna dit à Émilie, etc., etc. […] L’office achevé, Tartuffe, en grande promptitude, devance Orgon à la sortie et lui tend l’eau bénite : délicat hommage à la qualité du bonhomme, et à sa réputation de piété. […] Il tend l’autre joue, tend tout ce qu’on voudra ; il s’est dit : « Je vais me mortifier ».

39. (1850) Histoire de la littérature française. Tome IV, livre III, chapitre IX pp. 76-132

Corneille tend plus haut qu’aucun autre poète de son temps ; et s’il n’arrive pas tout d’un coup à la comédie, c’est déjà de l’invention que de se priver, par pudeur de génie ou par dédain, des moyens d’effet les plus à la mode, et d’élever le goût du public, avant de lui offrir les vrais modèles. […] C’est d’ailleurs un homme d’esprit ; il a plus de ressources que Sganarelle pour donner une couleur honnête à ses travers ; mais, en revanche, son esprit lui tend plus de pièges. […] Tendre sans être romanesque, son bon sens a conduit son cœur ; si Clitandre s’exalte en lui parlant d’amour, elle le ramène au vrai : L’amour, dans son transport, parie toujours ainsi : Des retours importuns évitons le souci21. […] On reconnaissait Molière, même de son temps, dans Ariste de l’École des Maris ; Ariste, homme déjà mûr, qui doit épouser, comme lui, une fille de seize ans ; comme lui tendre et indulgent, avec une certaine inquiétude de caractère ; comme lui s’étudiant à contenter les goûts innocents de celle qu’il aime, à gagner son cœur par la facilité et la confiance ; comme lui se flattant de se rajeunir à ses yeux par les soins délicats et les bienfaits. […] Tout ce que Cléante dit du faux dévot, Alceste des méchants, Chrysale du bel esprit, Célimène, qui a son bon côté, des sots qui lui font la cour ; tout ce qui sent la haine des méchants, le mépris des gens à la fois malhonnêtes et ridicules, l’amour du bien, du naturel, du vrai ; tout ce qui est, soit une maxime de devoir, soit un conseil de bienveillance, tout cela est sorti du cœur de Molière ; et tel est, sous ce convenu de l’art des vers, le tour naïf, la facilité, le feu, l’entraînement de ce langage, qu’il semble entendre Molière lui-même, et qu’au plaisir de voir des personnages peints au vrai, se joint je ne sais quelle affection tendre pour celai qui les a créés.

40. (1853) Histoire de la littérature dramatique. Tome II « Chapitre premier. Ce que devient l’esprit mal dépensé » pp. 1-92

Entrait Toinette, Toinette brisait la tête du pauvre malade, et cependant Molière, entendant rire Toinette, regrettait tout bas les soins touchants et les tendres prévenances de la bonne Laforêt, sa servante. […] Et pendant que Bartholo livre son menton au rasoir, pendant que le barbier couvre d’écume et de quolibets cette tête grotesque, les deux amants, espionnés de si près, peuvent à peine échanger un tendre regard. […] J’en atteste ces plaintes si tendres et si remplies de résignation que vous pouvez lire dans les Mémoires de Mademoiselle de Montpensier. […] Noble et tendre faiblesse ! […] L’innocente fille était occupée à se regarder dans un miroir, et elle s’y représentait elle-même, à elle-même ; parlant et souriant à sa personne, dans les mêmes postures tendres et naïves qu’elle avait tout à l’heure avec son amant.

41. (1877) Molière et Bourdaloue pp. 2-269

Je sens que mon corps s’affaiblit et tend vers sa fin. […] L’hypocrisie est plus subtile, elle trompe des esprits plus ouverts, elle se garde mieux des embûches qu’on peut lui tendre. […] On prit doucement la scène très-peu tendre des deux amoureux, et l’on ne se dérida un peu qu’aux lazzis d’Orgon, cherchant l’occasion de souffleter Dorine. […] Il faut de la discrétion, mais une discrétion qui aille toujours au terme où le zèle lui-même doit tendre. […] On entend Dorine : Vous êtes donc bien tendre à la tentation !

42. (1772) De l’art de la comédie. Livre quatrième. Des imitateurs modernes (1re éd.) [graphies originales] « CHAPITRE X. M. DIDEROT. » pp. 317-332

Clairville va au devant de Rosalie, se félicite de lui avoir donné de tendres alarmes par son combat, lui apprend que tout le monde sera bientôt content dans la maison, qu’il l’épousera, que d’Orval s’unira à Constance. […] Mario ne veut pas montrer moins de générosité ; &, lorsque Lélio est revenu de son évanouissement, il lui fait de tendres plaintes du peu de confiance qu’il a eu pour lui, & l’engage à recevoir la main de Flaminia, qu’il lui cede : mais Lélio refuse ses offres.

43. (1772) De l’art de la comédie. Livre troisième. De l’imitation (1re éd.) [graphies originales] « CHAPITRE XXV. » pp. 500-533

Il prend soin de les arrêter, ces larmes qu’il trouve si belles ; & l’aimable bergere prend soin en même temps de le remercier de son léger service, mais d’une maniere si charmante, si tendre & si passionnée, que le berger n’y peut résister ; & chaque mot, chaque regard, est un trait plein de flamme dont son cœur se sent pénétré. […] lisons la scene IX, acte III du Bourgeois Gentilhomme : l’Auteur a non seulement imité les caprices que sa femme lui faisoit essuyer, les brouilleries, les tendres dépits, les raccommodements qui s’ensuivoient ; il y copie la taille, la façon de parler, la conversation, les manieres, les traits d’une épouse qu’il adora toujours, & qui, par des infidélités redoublées, sembla s’étudier à prouver que le génie n’est pas le mérite le plus estimé des femmes, ou du moins le plus propre à les fixer. […] Nous entendons pour la premiere fois un morceau de musique bien fait ; qui de nous pense d’abord à examiner si l’air tendre & touchant exprime bien le sentiment d’un cœur foible & passionné ?

44. (1772) De l’art de la comédie. Livre quatrième. Des imitateurs modernes (1re éd.) [graphies originales] « CHAPITRE XIII. M. ROCHON DE CHABANNES. » pp. 381-412

Ce pauvre enfant, disoit-elle, m’aime de toute son ame : rien de plus naturel ni de plus tendre que l’expression de ses sentiments. […] elle est avec son mari ; ils sont le mieux du monde ensemble ; je crois même, Dieu me pardonne, avoir entendu tantôt qu’ils se disoient des choses tendres. […] Monsieur Frontin fait l’agréable ; il adoucit sa voix : il en est sans doute à quelque endroit tendre de son roman.

45. (1910) Rousseau contre Molière

On conviendra que le moment est mal choisi par Dubois ; ou plutôt qu’il est admirablement choisi par Molière pour qu’Alceste, les nerfs tendus, passe sa colère sur son imbécile de valet. […] Le Misanthrope est le miroir qu’on lui tend, où il voudrait se voir en beau, où il se voit en laid et qu’il brise. […] On rit de celui qui est assez sot, assez vain, pour tomber dans des pièges grossiers, sans pour cela approuver celui qui les tend ni avoir pour lui aucune sympathie. […] — A fuir toute extrémité. — Sans doute ; mais à quoi reconnaît-on que l’on donne dans une extrémité ou que l’on y tend ? […] Mais sachez bien à quoi il doit tendre ; car c’est l’important.

46. (1772) De l’art de la comédie. Livre troisième. De l’imitation (1re éd.) [graphies originales] « CHAPITRE VII. » pp. 125-143

                                             Neque semper arcum                                              Tendit Apollo... […] Regnier eut dès sa plus tendre enfance de l’inclination pour la satyre.

47. (1772) De l’art de la comédie. Livre quatrième. Des imitateurs modernes (1re éd.) [graphies originales] « CHAPITRE XI. M. SAURIN. » pp. 333-353

Henriette retient Leuson qui lui fait voir son mépris pour Stukéli ; il la remercie du tendre intérêt qu’elle prend à lui, & la prie de couronner son amour en lui donnant sa main : elle ne peut s’y déterminer tant que sa belle-sœur est dans le chagrin. […] Il voit son fils, se peint les malheurs auxquels il le laisse exposé, s’assied auprès de lui, se leve, veut le délivrer de la vie, prend un couteau dans sa poche : le fils s’éveille, lui tend les bras : le fer tombe des mains du pere.

48. (1835) Mémoire pour servir à l’histoire de la société polie en France « Chapitre XXXII » pp. 355-377

« Madame de Richelieu a reçu des lettres du roi si excessivement tendres et obligeantes, qu’elle doit être plus que payée de tout ce qu’elle a fait. » Le roi, dont l’amour s’était ranimé par l’absence, par la contradiction et par l’ivresse d’une campagne glorieuse, était bien aise que sa maîtresse fut toujours considérée à la cour, et l’entrée en grâce près de la reine. […] Elle était l’objet des secrètes et tendres sollicitations du roi et ne voulait pas y répondre ; et madame de Montespan était de nouveau rendue aux habitudes de ce prince, pour qui le plaisir était un besoin.

49. (1772) De l’art de la comédie. Livre second. De ses différents genres (1re éd.) [graphies originales] « CHAPITRE XVII. Pieces intriguées par une chose inanimée. » pp. 199-203

Arlequin lui fait part de son aventure, & des injures qu’on lui a écrites ; Argentine ramasse les morceaux de la lettre, prouve qu’elle est très tendre, & se découvre enfin.

50. (1772) De l’art de la comédie. Livre troisième. De l’imitation (1re éd.) [graphies originales] « CHAPITRE V. » pp. 71-105

Oui, j’avoue que ce cavalier & moi nous nous sommes plusieurs fois embrassés tendrement : j’avoue encore que, sans ton impatience & ton arrivée imprévue, nous serions ensemble dans le même lit ; j’avoue que je n’ai point été surprise, que c’est parceque je l’ai bien connu que je l’ai reçu dans mon appartement : ce n’est pas le sang qui nous unit, mais ce sont les plus tendres sentiments ; & la tendresse la plus vive lie nos deux cœurs. […] Dans la piece françoise, Elvire écrit à Don Garcie qu’il obtiendra la préférence sur son rival s’il se corrige de sa jalousie : mais faisant réflexion qu’il n’est pas prudent de laisser des lettres tendres entre les mains d’un homme, elle se détermine à faire l’aveu de vive voix ; & c’est la moitié de cet écrit qui alarme le Prince. […] comme elle doit confondre le Prince, augmenter chez lui les regrets de s’être emporté pour un billet doux qui lui annonce son bonheur, & d’avoir, par des éclats impérieux, récompensé si mal les bontés d’une tendre amante !

51. (1772) De l’art de la comédie. Livre quatrième. Des imitateurs modernes (1re éd.) [graphies originales] « CHAPITRE V.*. Destouches imitateur, comparé à Moliere, Plaute, Regnard, Shakespeare, &c. » pp. 185-218

Souviens-toi, mon cher Anselme, que l’honneur d’une femme ne consiste presque qu’en la bonne opinion qu’on a d’elle : contente-toi là-dessus des sentiments de tout le monde & des tiens propres ; & puisque tu connois pour le moins autant qu’un autre la foiblesse des femmes, ne va pas tendre des pieges à la tienne par la simple curiosité d’éprouver si elle pourroit les éviter ; car enfin une belle femme est une glace polie que la moindre vapeur ternit, & une fleur délicate qui se flétrit pour peu qu’on la touche. […] Le mari revient de la campagne, conseille à son ami d’employer le secours de la poésie pour rendre Camille sensible ; il offre de faire des vers tendres, sans se douter qu’il auroit à chanter le bonheur de son rival. […] Après beaucoup de propos tendres & de promesses d’oublier son épouse, celle-ci se démasque, & le mari demande galamment pardon de son inconstance.

52. (1871) Molière

Amoureux d’Isabelle, il lui tendra tous les pièges : il serait honteux de se fier à l’honnêteté d’une fille bien née ; il se fait son espion et son geôlier. […] Elle entourait de tous les soins d’une mère tendre cette santé chétive. […] Il avait déjà vu, dans Les Plaisirs de l’île enchantée (inauguration du palais et des jardins de Versailles en 1664), les jeunes comédiennes mêlées aux jeunes courtisans qui leur donnaient la réplique, et chantaient avec elles les tendres paroles qui faisaient monter un si beau rouge au visage de mademoiselle de La Vallière.

53. (1853) Histoire de la littérature dramatique. Tome II « Chapitre V. Comment finissent les comédiennes » pp. 216-393

Elle était fantasque, bizarre, légère, tendre, impétueuse, indéfinissable, jolie au dernier point. […] Si son mari n’est pas tendre avec elle, faites au moins qu’il soit poli. […] Pas un mot du cœur, pas un tendre sentiment, pas une parole humaine dans les reproches de Lucinde à son cher Moncade. […] C’est un vrai drôle qui tombera dans tous les pièges qu’on voudra lui tendre. […] Au quatrième acte, nouveau guet-apens, tendu à Moncade.

54. (1772) De l’art de la comédie. Livre quatrième. Des imitateurs modernes (1re éd.) [graphies originales] « CHAPITRE XVII. M. DORAT. » pp. 463-467

Je me jette dans ses bras, je l’interroge avec la plus tendre inquiétude : sa douleur, ma curiosité, augmentent ; la terreur me saisit.

55. (1867) La morale de Molière « CHAPITRE V. L’Éducation des Femmes. » pp. 83-102

Or, au milieu de tant de perfection intellectuelle et de génie en toutes choses, régnait, au sujet de la femme, je ne sais quel faux goût, qui fut cause que ni le sublime Corneille ni même le tendre Racine ne firent tout à fait ce qu’on pouvait attendre d’eux : c’est seulement dans l’excès de la passion dramatique que Pauline, Hermione et Phèdre trouvèrent ces accents poignants et simples qui sont des cris de génie. […] Elles crurent remplacer l’esprit par l’affectation, la dignité par le dédain, l’instruction par une recherche risible des mots et des idées, la distinction par un excès ruineux de, toilette, le cœur par un coquetterie de convention qui visitait tous les villages de la carte de Tendre.

56. (1848) De l’influence des mœurs sur la comédie pp. 1-221

Malheureusement l’amour de la patrie et la haine du despotisme n’étaient pas toujours les seuls sentiments que l’on y exaltait; ou du moins, dans certains ouvrages, ces sentiments mal compris et mal interprétés, loin d’exercer sur l’esprit du peuple une influence salutaire, tendaient plutôt à le corrompre. […] « L’espoir... » Ce ne sont pas de ces grands vers pompeux, Mais de petits vers doux, tendres et langoureux. […] Toujours notre pudeur combat, dans ces moments, Ce qu’on peut nous donner de tendres sentiments. […] On dira peut-être que, justement surpris de ce revirement de conduite de la part d’Elmire, Tartuffe ne devait pas croire à la sincérité de ses tendres aveux, et que cela fait tort à son jugement. […] Ainsi, pour en donner une juste idée, il ne faudrait pas, à l’exemple de beaucoup de comédiens, débiter certains passages du rôle avec cet accent tendre et véhément que d’ordinaire on emploie au théâtre pour exprimer les élans d’un amour honnête.

57. (1772) De l’art de la comédie. Livre premier. De ses différentes parties (1re éd.) [graphies originales] « CHAPITRE IX. Du point où doit commencer l’action d’une fable comique. » pp. 172-177

D’ailleurs, en exposant au spectateur une intrigue déja avancée, en l’intéressant pour deux amants qui, déja loin de toutes les simagrées de l’amour, & de ses enfantillages, partagent de bonne foi sa tendre vivacité, & sont sur le point de se voir heureux ou malheureux, un Auteur réunit & l’intérêt de curiosité & l’intérêt de sentiment ; le premier acquiert même beaucoup plus de force quand l’autre l’accompagne.

58. (1835) Mémoire pour servir à l’histoire de la société polie en France « Chapitre III » pp. 30-37

Il était célèbre dans le monde galant par sa beauté, ses grâces, son esprit et son tendre cœur.

59. (1835) Mémoire pour servir à l’histoire de la société polie en France « Chapitre VIII » pp. 70-76

Le fameux qu’il mourût , dans la bouche d’un père moins tendre que citoyen énergique, est une naïveté sublime.

60. (1772) De l’art de la comédie. Livre premier. De ses différentes parties (1re éd.) [graphies originales] « CHAPITRE VIII. De l’Action, du Nœud, des Incidents. » pp. 165-171

Il a paré le coup en grand maître ; il n’est pas un seul de ces incidents qui ne serve au dénouement, puisque tous tendent à faire prendre la fuite au héros qu’on veut chasser.

61. (1772) De l’art de la comédie. Livre second. De ses différents genres (1re éd.) [graphies originales] « CHAPITRE XIV. Des Pieces intriguées par plusieurs Personnages. » pp. 169-175

Après avoir prouvé que plusieurs intrigants nuisent à une piece lorsque leurs ruses tendent toutes au même but, tâchons présentement de faire voir que deux intrigants rendroient au contraire les pieces plus piquantes, si, loin de travailler pour parvenir à la même fin, ils se croisoient au contraire de dessein prémédité, & agissoient pour se nuire.

62. (1772) De l’art de la comédie. Livre troisième. De l’imitation (1re éd.) [graphies originales] « CHAPITRE XX. » pp. 411-419

Les amants mettent dans leur parti un adroit Napolitain, qui va étudier le nouveau débarqué sur la route, lie connoissance avec lui, le trouve très propre à donner dans tous les pieges qu’on lui tendra.

63. (1885) La femme de Molière : Armande Béjart (Revue des deux mondes) pp. 873-908

D’après l’auteur de la Fameuse Comédienne, Armande aurait « passé sa plus tendre jeunesse dans le Languedoc, chez une dame d’un rang distingué dans la province. » Rien n’empêche de tenir le renseignement pour exact. […] Dans ceux-ci elle trouvait un partenaire accompli en la personne de La Grange, le type du parfait amoureux, tel qu’on le voulait alors : tendre avec noblesse, empressé avec respect, d’une simple et grande politesse, comme le Cléonte du Bourgeois gentilhomme, à l’occasion dédaigneux ou hautain, d’une fine ironie ou d’une insolence méprisante, comme le Clitandre des Femmes savantes. […] Elle a fait éclater ensuite une disposition toute divine, et ses pieds amoureux sur l’émail du tendre gazon traçoient d’aimables caractères qui m’enlevoiont hors de moi-même et m’attachoient par des nœuds invincibles aux doux et justes mouvemens dont tout son corps suivoit les mouvemens de l’harmonie. » En paraissant devant la cour avec l’Elmire du Tartuffe, Armande aborde un caractère autrement sérieux que les rôles d’aimable fantaisie et de convention romanesque où nous venons de la voir. […] Les renseignemens positifs manquent aussi sur le personnage qu’elle fit dans les Amans magnifiques ; on voudrait pouvoir lui attribuer en toute certitude celui d’Ériphyle, la princesse aimée par un homme d’une condition inférieure à la sienne et qui lutte entre l’amour qu’elle-même ressent et le sentiment de sa dignité : sorte de Grande Mademoiselle, tendre et fière, engageante et réservée, chez laquelle on a vu, non sans raison, le premier modèle de quelques héroïnes de Marivaux.

64. (1772) De l’art de la comédie. Livre premier. De ses différentes parties (1re éd.) [graphies originales] « CHAPITRE VII. De l’Exposition. » pp. 139-164

Micio conclut de là qu’Eschinus n’est pas revenu de l’endroit où il a soupé la veille ; là-dessus il se livre à tout ce qu’un pere tendre peut craindre pour un fils absent ; & ses alarmes, en nous préparant à tout ce qu’est capable de faire un jeune homme qui a découché, nous apprennent en même temps à quel point le bon-homme s’y intéressera : & tout cela sans affectation, sans que le dessein de l’Auteur perce. […] Un cœur tendre & volage, un esprit vif, ardent Jusqu’à l’étourderie, & toutefois prudent ; Coquette au pardessus !

65. (1772) De l’art de la comédie. Livre quatrième. Des imitateurs modernes (1re éd.) [graphies originales] « CHAPITRE IV. Brueys & Palaprat, imitateurs, comparés avec Térence, Blanchet, un Auteur Italien, & la nature. » pp. 100-132

Ne croiroit-on pas que le marchand est empressé de donner dans le panneau qu’on va lui tendre ? […] Thaïs annonce à Chrémès que Pamphila est cette sœur qu’il a perdue dès sa plus tendre enfance.

66. (1873) Le théâtre-femme : causerie à propos de L’École des femmes (Théâtre de la Gaîté, 26 janvier 1873) pp. 1-38

Autant le seigneur Arnolphe s’est donné de mal, autant cet étourneau d’Horace prend peu de peine ; il ne fait que paraître le long du mur, le nez au vent et le poing sur la hanche, entassant, Dieu merci, étourderies sur maladresses, et le pauvre petit espalier ensorcelé lui tend amoureusement toutes ses branches, secouant au-devant de la jeunesse qui passe le trésor de ses premiers fruits. […] Connaissez-vous la grosse cousine de campagne qui crie quand Je bouchon saute et qui tend son verre tout de même ?

67. (1840) Le foyer du Théâtre-Français : Molière, Dancourt, I pp. 3-112

Rien n’est plaisant comme de voir le tuteur d’Isabelle servir de Mercure à sa charmante pupille, et porter les tendres messages qui tourneront contre lui ; cette bonhomie d’un individu ridicule sans le savoir, et travaillant à sa perte, sera pour le poète une grande source de comique à l’avenir. […] On prétend qu’il avait osé lever les yeux vers l’astre nouveau qui commençait à briller à la cour, vers la jeune La Vallière, cette tendre fille d’honneur. […] Tartufe était trouvé, peut-être est-ce pour cela que Molière a fait son héros si tendre, non-seulement à la tentation du côté des femmes, mais encore aux sensualités de la bonne chère. […] Corneille avait soixante-cinq ans lorsqu’il écrivit ces tendres vers. […] Ce n’est pas que nous blâmions certes l’attachement à l’existence, mais tout ce qui tend à établir la prééminence du corps sur l’âme, des besoins naturels sur les facultés de l’esprit, mérite d’être énergiquement combattu.

68. (1819) Notices des œuvres de Molière (I) : L’Étourdi ; Le Dépit amoureux pp. 171-334

François de Neufchâteau, mon confrère à l’Académie française, a développé la même idée dans un charmant quatrain dont il m’a permis de faire usage : La guerre, et puis la paix ; puis, guerre et paix encore : Voilà du tendre amour tout l’assaisonnement.

69. (1772) De l’art de la comédie. Livre premier. De ses différentes parties (1re éd.) [graphies originales] « CHAPITRE XIII. De la liaison des Scenes. » pp. 250-260

Regle générale ; les liaisons de surprise ne peuvent jamais laisser du vuide sur la scene, puisqu’elles tendent toujours à surprendre quelqu’un des personnages qui l’occupent ; & loin d’en laisser dans l’action, elles redoublent sa vivacité.

70. (1772) De l’art de la comédie. Livre quatrième. Des imitateurs modernes (1re éd.) [graphies originales] « CHAPITRE VIII. M. DE SAINT-FOIX. » pp. 288-296

Il le tend en même temps, vise, & me perce le cœur ; ensuite il se met à sauter en riant de toute sa force, & en me disant : Mon hôte, réjouis-toi avec moi, mon arc est en bon état, mais ton cœur est bien malade.

71. (1835) Mémoire pour servir à l’histoire de la société polie en France « Chapitre XI » pp. 89-99

Ceux qui se sont fait de Julie de Rambouillet une idée romanesque, veulent nous persuader qu’après que le duc de Montausier eut demandé sa main, elle le fit languir treize ans, le soumit à toutes les épreuves imposées aux amours fabuleux des romans du temps, exigea qu’il parcourût, dans toute son étendue, le royaume de Tendre, dont mademoiselle de Scudéry n’eut l’idée et ne publia la carte que dix ans plus tard.

72. (1882) L’Arnolphe de Molière pp. 1-98

C’est là que l’admirent les yeux de tourterelle de cette petite blonde, modeste, tendre, et boiteuse comme la prière, qui s’appelle mademoiselle Louise La Beaume Le Blanc de la Vallière. […] j’aurai dirigé son éducation Avec tant de. tendresse et de,précaution, Je l’aurai fait passer chez moi dès son enfance, Et j’en aurai chéri la plus tendre espérance ; Mon cœur aura bâti sur ses attraits naissants Et cru la mitonner pour moi pendant treize ans, Afin qu’un jeune fou dont elle s’amourache Me la vienne enlever jusque sous la moustache ! […] Je vous en prie, laissez-la venir à vous,comme les petits enfants, avec cette candeur qui lui vient bien plus de.la droiture de sa jeunesse que de l’ignorance où on la tient, avec cet air engageant et ce je ne sais quoi de tendre, que lui donne la bonté de son petit cœur : Oh ! […] Ce charmant Horace, si bien fait pour Agnès, qui a cette candeur des jeunes hommes, la confiance, née au fond de la même ignorance de la vie et de la même générosité de cœur, cet éventé, toujours débordant d’amour et du besoin d’en parler, si bon, si honnête, qui, devant l’ignorance d’Agnès, et les dangers où la fait se jeter la sottise d’Arnolphe, se sentie devoir du respect, qui aimerait mieux mourir que de l’abuser, cet Horace enfin, si tendre, si dévoué, si fou, — Delaunay l’a été si bien, qu’il en a mis un peu dans tous ses rôles.

73. (1882) Molière (Études littéraires, extrait) pp. 384-490

Quant à l’autre prétention, elle ne tendrait à rien moins qu’à donner à l’hypocrisie un laissez-passer, et comme une indemnité privilégiée. […] Pièges tendus à son vice. […] Il y aura là d’autant plus de pièges tendus à la cupidité de ce maître quinteux et brutal, de ce père égoïste et tyrannique, dont le cœur est aussi fermé que la bourse, soit pour ses gens auxquels il apprend l’imposture et la fraude, soit pour ses enfants qu’il forme à la défiance et à la dissimulation, parce qu’il les traite en ennemis. […] Bornons-nous à dire que les tendres soupirs d’Harpagon étaient nécessaires au portrait, ne fût-ce que pour égayer un peu des impressions trop fâcheuses, et mêler le comique à l’odieux. […] Tendre sans être romanesque, elle ne souffre même pas chez Clitandre l’exaltation d’un sentiment qu’elle partage ; et, dès qu’il risque un compliment trop flatteur, elle le tempère par un mot d’ironie souriante qui nous ramène au vrai180.

74. (1835) Mémoire pour servir à l’histoire de la société polie en France « Chapitre XV » pp. 175-187

Cette habitude de respect a été remplacée, dans la famille, par la familiarité plus tendre, qui a autorisé le tutoiement réciproque entre les enfants et leurs parents.

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