« Il y a chez une de ses amies », dit madame de Coulanges, « un certain homme qui la trouve si aimable et de si bonne compagnie, qu’il souffre impatiemment son absence. […] Il les raya et mit 2 000 écus. » Il est évident que ce certain homme c’était le roi, et que celle des amies de madame Scarron, chez qui se trouvait ce certain homme, c’était madame de Montespan ; et que les absences que le certain homme souffrait impatiemment, celaient celles de madame Scarron quand elle retournait dans la maison de Paris94.
Bélise trouve le vide à souffrir difficile et goûte bien mieux la matière subtile; Armande aime les tourbillons, et Philaminte les mondes tombants. […] J’accoutume mon âme à souffrir ce qu’ils font… Oui, je vois ces défauts dont votre âme murmure Comme vices unis à l’humaine nature; Et mon esprit enfin n’est pas plus offensé De voir un homme fourbe, injuste, intéressé, Que de voir des vautours affamés de carnage, Des singes malfaisants et des loups pleins de rage. […] Je m’accommode aises pour moi des petits corps, Mais le vide à souffrir me semble difficile, Et je goûte bien mieux la matière subtile.
Les Dieux m’ont-ils donc fait naître pour souffrir ces affreuses calamités ? […] Mais ne présumez pas que, sans être vengé, Je souffre le dépit de me voir outragé. […] Hautement d’un chacun elles blâment la vie, Non point par charité, mais par un trait d’envie Qui ne sauroit souffrir qu’un autre ait les plaisirs Dont le penchant de l’âge a sevré leurs desirs. […] Les esprits justes, les esprits vrais ne souffrent qu’avec peine que l’on préfere aujourd’hui des comédies composées de saillies & d’épigrammes ou de déclarations amoureuses, aux bonnes comédies, qui ne sont parées que d’une action simple & naturelle.
Lorsqu’elle vient me voir je souffre le martyre, Il faut suer sans cesse à chercher que lui dire ; Et la stérilité de son expression Fait mourir à tout coup la conversation. […] Mais il est véritable aussi que votre esprit Se gendarme toujours contre tout ce qu’on dit, Et que, par un chagrin que lui-même il avoue, Il ne sauroit souffrir qu’on blâme ni qu’on loue. […] Non, Madame, non ; quand je devrois mourir, Vous avez des plaisirs que je ne puis souffrir ; Et l’on a tort ici de nourrir dans votre ame Ce grand attachement aux défauts qu’on y blâme. […] Il me faut de votre ame une pleine assurance, Un amant là-dessus n’aime point qu’on balance : Si l’ardeur de mes feux a pu vous émouvoir, Vous ne devez point feindre à me le faire voir ; Et la preuve, après tout, que je vous en demande, C’est de ne plus souffrir qu’Alceste à vous prétende, De le sacrifier, Madame, à mon amour, Et, de chez vous, enfin, le bannir dès ce jour.
Mais, ajouta-t-il en réfléchissant, qu’un homme souffre avant de mourir ! […] Si de souffrir pour vous est un si grand bien, que sera-ce de régner avec vous ? […] On souffre aisément des répréhensions, mais on ne souffre point la raillerie. […] Il ne peut, dit-il, souffrir les gens qui couvrent leurs vices de l’intérêt du ciel. […] Qui aime Dieu s’offense de le voir offensé, qui aime la justice s’offense de la voir méprisée, qui aime les hommes gémit de leur aveuglement sur Dieu et sur la justice, souffre avec ceux qui souffrent, s’offense des entreprises des méchants.
Plutôt que de souffrir, repliqua-t-elle, la honte dont tu veux me couvrir sans sujet, je me précipiterai dans ce puits. […] Il y a long-temps que je souffre ses débauches, & j’ai voulu le laisser dehors une fois, pour lui faire honte, & pour l’obliger par-là à mieux vivre à l’avenir. […] Elle appelle sa servante, qui savoit sa vie, & qui lui rendoit charitablement tous les services qu’elle pouvoit, & fit tant, qu’elle l’obligea à se mettre au lit en sa place, & à souffrir patiemment, sans se faire connoître, les coups que son mari pourroit lui donner ; avec promesse de l’en récompenser si bien, qu’elle auroit lieu d’être contente.
Mais ma conscience aurait trop à souffrir, si j’avais à élever des enfants de madame de Montespan, qui ne seraient pas du roi. […] Pour conserver l’affection du prince en même temps que son estime, pour ne pas mentir au sentiment qu’il avait inspiré sans y céder, il fallait qu’en résistant à ses désirs, on laissai voir une pressante disposition à y céder, mais en même temps une soumission profonde à une puissance qui ordonne d’y résister ; il fallait, en faisant souffrir de sa résistance, qu’il fût certain qu’on en souffrait soi-même.
C’est pourquoi, ajoûte l’Auteur, il seroit très-difficile dans une galanterie si confuse de dire qui en étoit le pere ; tout ce qu’on en sçait est que sa mere assûroit que dans son dereglement, si on en exceptoit Moliere, elle n’avoit jamais pu souffrir que des gens de qualité, & que pour cette raison sa fille étoit d’un sang fort noble ; c’est aussi la seule chose que la pauvre femme lui a toujours recommandée, de ne s’abandonner qu’à des personnes d’élite. […] Un époux si extraordinaire auroit pu lui donner des remords, & la rendre sage : sa bonté fit un effet tout contraire ; & la peur, qu’elle eut de ne pas retrouver une si belle occasion de s’en separer, lui fit prendre un ton fort haut, lui disant qu’elle voyoit bien par qui ces faussetez lui étoient inspirées ; qu’elle étoit rebutée de se voir tous les jours accusée d’une chose dont elle étoit innocente ; qu’il n’avoit qu’à prendre des mesures pour une separation, & qu’elle ne pouvoit plus souffrir un homme, qui avoit toûjours conservé des liaisons particulieres avec la de Brie13, qui demeuroit dans leur maison, & qui n’en étoit point sortie depuis leur mariage. […] Mais si vous sçaviez ce que je souffre, vous auriez pitié de moi : ma passion est venuë à un tel point, qu’elle va jusqu’à entrer avec compassion dans ses interéts ; & quand je considere combien il m’est impossible de vaincre ce que je sens pour elle, je me dis en même temps, qu’elle a peut-être la même difficulté à detruire le penchant qu’elle a d’être coquette, & je me trouve plus de disposition à la plaindre qu’à la blâmer. […] Il a peut-être dit mille fois avec Horace16, j’aimerois mieux passer pour le plus chétif de tous les Auteurs, & être content, que d’avoir un si grand esprit, & un génie si admiré, & souffrir tant d’inquiétudes.
J’y en connais beaucoup que ma faiblesse m’a contraint d’y souffrir, et je voudrais qu’il me fût aussi facile de l’en purger entièrement qu’il me sera facile de répondre à deux objections qu’on m’a faites. […] Il l’a traitée avec tant d’art dans la huitième partie de son roman, et l’a enrichie d’incidents si bien imaginés, que si le théâtre, dont l’action est plus resserrée, les avait pu souffrir, il aurait été impossible d’y faire jamais rien paraître de plus beau, ni de plus surprenant. » 1658. […] Il fut trouvé incapable de jouer aucune pièce sérieuse, mais l’estime que l’on commençait à avoir pour lui fut cause qu’on le souffrit. […] quoi, monsieur, souffrez-vous, sans l’assommer, qu’un coquin vous joue de la sorte ? […] Sachez donc, avant que je sorte, que puisque Mascarille vous rend visite, vous devez bien me souffrir ; que s’il s’est acquis par ses farces la réputation d’avoir de l’esprit, que j’en fais aussi bien que lui, sans l’aide des Italiens : et qu’enfin si la veuve de Guillot-Gorju, mon maître et le sien, ne lui eût vendu les mémoires de son mari, ces farces ne lui eussent jamais donné tant de gloire.
Don Alvar & Don Lope se rencontrent : ce dernier veut venger la mort de son frere : l’autre le prie de permettre qu’il soit digne de se mesurer avec lui, & de souffrir qu’il se lave auparavant d’un affront fait à sa famille. […] Je sais la différence, mon frere, qu’un Gentilhomme doit toujours mettre entre l’un & l’autre, & la reconnoissance de l’obligation n’efface point en moi le ressentiment de l’injure : mais souffrez que je lui rende ici ce qu’il m’a prêté, & que je m’acquitte sur-le-champ de la vie que je lui dois, par un délai de notre vengeance, & lui laisse la liberté de jouir cependant du fruit de son bienfait. […] Je ne souffrirai point du tout qu’on attaque ses jours ; & je jure le Ciel que je le défendrai ici contre qui que ce soit, & je saurai lui faire un rempart de cette même vie qu’il a sauvée ; & pour adresser vos coups il faudra que vous me perciez.
Nous accommoderons-nous de Mme Pernelle, esprit étroit, caractère acariâtre, qui ne peut rien souffrir de ce que fait sa bru ? […] D’où vient que leur portant une haine mortelle Vous pouvez bien souffrir ce qu’en tient cette belle ? […] Tant qu’il n’a pas trouvé de quoi se remplir, il souffre et appelle douloureusement la moitié qui lui manque. […] Il n’a point cherché à l’abêtir, ni à l’enfermer ; il a souffert qu’elle vît … les belles compagnies, Les divertissements, les bals, les comédies. […] Elle connaît la malheureuse faiblesse de son mari, elle en souffre, et cependant elle a su conserver dans les enfants le respect de l’autorité paternelle.
Jamais on n’a été dans un état plus violent ; Tantale ne souffre pas tant que je souffris ; mes yeux, mon imagination s’accordoient pour me tourmenter & rendre mon supplice cruel.
Il arriva, en effet, que le roi, entre une femme qui l’excédait de ses feintes ardeurs, et une autre qui le lassait par ses résistances, s’abandonna à son humeur avec toutes deux ; l’une avait à souffrir des infidélités sans déguisement, l’autre des froideurs passagèrement affectées. […] Madame de Coulanges et moi nous célébrâmes hier votre santé à Maintenon, et n’oubliâmes pas la chambre des élus. » Plus tard, en 1678 et 1679, l’intimité s’étant établie entre le roi et madame de Maintenon, les relations qu’elle avait conservées avec les personnes de son ancienne société, en souffrirent réellement et durablement.
Souffrez que je réplique ; Je ne vous ai point fait ma légataire unique. […] Laissez donc, croyez-moi, mon modeste héritage, Ou souffrez tout au moins qu’une autre le partage.
Mais hormis quelques figures complètement vouées à la moquerie, telles que la Bélise des Femmes savantes, Mme Pernelle et la comtesse d’Escarbagnas, ne vous semble-t-il pas, Messieurs, que ce n’est qu’à regret qu’il frappe ces chers tourments de notre vie, qu’il faut aimer quoiqu’on en aie, et d’autant plus peut-être que l’on a, comme lui, plus souffert par elles. […] Et pouvais-je, après tout, avoir la conscience De le laisser mourir faute d’une assistance, Moi qui compatis tant aux gens qu’on fait souffrir, Et ne puis, sans pleurer, voir un poulet mourir ? […] En quels excellents termes, aussi vrais qu’animés, elle fait justice de l’hypocrisie de tous ces critiques zélés et de ces prudes à leur corps défendant, Qui ne sauraient souffrir qu’une autre ait les plaisirs, Dont le penchant de l’âge a sevré leurs désirs.
A peine est-il parti, que la Belle va retrouver le Moine, & lui dit, après plusieurs doléances : « Je reviens ici, mon Pere, pour vous avertir que je vais éclater, & que je ne saurois plus souffrir les insolences de votre ami. […] Je vous demande à vous même, mon Révérend Pere, si je dois souffrir un outrage de cette nature. […] A lui souffrir, en cervelle troublée, De courir tous les bals & les lieux d’assemblée ?
Un jour qu’ils sortoient d’une église ensemble, environnés d’un grand nombre de personnes qui baisoient leurs vêtements, & les conjuroient de se souvenir d’eux dans leurs bonnes prieres, ils furent reconnus de ce gentilhomme dont je viens de parler, qui, s’échauffant d’un zele chrétien, & ne pouvant souffrir que trois si méchantes personnes abusassent de la crédulité de toute une ville, fendit la presse, & donnant un coup de poing à Montufar : Malheureux fourbe, lui cria-t-il, ne craignez-vous ni Dieu ni les hommes ? […] Oui, mon cher fils, parlez, traitez-moi de perfide, D’infame, de perdu, de voleur, d’homicide ; Accablez-moi de noms encor plus détestés, Je n’y contredis point, je les ai mérités ; Et j’en veux, à genoux, souffrir l’ignominie, Comme une honte due aux crimes de ma vie. […] Mon frere, au nom de Dieu, ne vous emportez pas ; J’aimerois mieux souffrir la peine la plus dure, Qu’il eût reçu pour moi la moindre égratignure. […] Il souffre à me voir, ma présence le chasse.
L’incontinence générale ne pouvait souffrir patiemment cette réserve de langage et de manières qui faisait ressortir son effronterie ; la décence gracieuse, du genre de celle de la marquise de Rambouillet, de Julie, des Sévigné, des La Fayette, importunait la cour, foyer de la dissolution générale, choquait les personnages importants de la capitale. […] Connoist, conoit, Souffert, soûfert. […] Mais comme l’approbation des veux est d’un ordre inférieur au mérite de ces belles, elles s’élèvent par la raison et par l’esprit, et tâchent de fonder en droit les passions qu’elles peuvent faire naître Il y a les beautés fières et les beautés sévères : les premières souffrent les désirs accompagnés de respect : le respect n’adoucit pas les sévères ; ni les unes ni les autres ne sont invincibles. » De Pure ajoute qu’elles font solennellement vœu de subtilité dans les pensées, et de méthode dans les désirs. […] Elles ont la bonté de souffrir celle des autres, et d’agréer leurs services quand elles en ont besoin. […] Petitot dit que « si les dames de l’hôtel Rambouillet souffrirent patiemment Les Précieuses ridicules, ce fut parce que l’auteur eut l’adresse de leur faire croire qu’il n’avait voulu attaquer que les sociétés de province (les peckes provinciales) ».
À quoi le prince répondit : la raison de cela est, que la comédie de Scaramouche joue le ciel et la religion, dont ces messieurs-là ne se soucient point ; mais celle de Molière les joue eux-mêmes, ce qu’ils ne peuvent souffrir.
Mais Molière qui s’aperçut de son étonnement, lui dit : ne soyez pas surpris de mon emportement ; je viens d’entendre un acteur déclamer faussement et pitoyablement quatre vers de ma pièce ; et je ne saurais voir maltraiter mes enfants de cette force-là, sans souffrir comme un damné.
Ce dernier allant voir cette dame, après la première représentation des Femmes savantes, où elle s’était trouvée, elle ne put s’empêcher de lui dire : Quoi, monsieur, vous souffrirez que cet impertinent de Molière nous joue de la sorte ?
On souffre aisément les répréhensions, mais on ne souffre point la raillerie; on veut bien être méchant, mais on ne veut point être ridicule. » Tous les devoirs du poëte comique, sa mission la plus belle, la plus noble, la plus élevée, sont renfermés dans ce peu de paroles. […] Ses reproches purent éclater d’abord, mais il finit par souffrir sans se plaindre ; jamais d’ailleurs il ne se fût rendu coupable d’une violence pareille à celle d’Alceste. […] On souffre sans doute de voir un amour comme le sien, aussi vrai, aussi passionné, payé de tant de perfidie; mais n’est-on pas aussi un peu en colère de le lui voir si mal placer? […] Pourquoi, dit-elle, Surtout depuis un certain temps, Ne saurait-il souffrir qu’aucun hante céans? […] J’aimerais mieux souffrir la peine la plus dure, Qu’il eût reçu pour moi la moindre égratignure.
Et vous avez souffert qu’on vous interloquât ? […] C’est ce qu’il vous plaira ; Mais juge, de ses jours, ne m’interloquera : Le mot est immodeste, & le terme me choque ; Et je ne veux jamais souffrir qu’on m’interloque.
Tu disois qu’en ta chambre, étant un peu lassée, Tu t’allois renfermer, lorsque je t’ai laissée ; Et tu m’avois prié même, que mon retour T’y souffrît en repos jusques à demain jour. […] Qu’ayant appris le désespoir Où j’ai précipité celui qu’elle aime à voir, Elle vient me prier de souffrir que sa flamme Puisse rompre un départ qui lui perceroit l’ame, Entretenir ce soir cet amant sous mon nom, Par la petite rue où ma chambre répond, Lui peindre, d’une voix qui contrefait la mienne, Quelques doux sentiments dont l’appât le retienne, Et ménager enfin pour elle, adroitement, Ce que pour moi l’on sait qu’il a d’attachement.
J’ose penser que si le public ne croit pas dans la premiere scene voir autant le Philanthrope que le Misanthrope, ce n’est ni au titre ni à l’annonce que l’Auteur en a l’obligation : c’est encore moins à la précaution de mettre dans la bouche d’Alceste des raisons triomphantes & de faire de Philinte un sot ; de bien plaider la cause du Misanthrope, de mal plaider celle du prétendu Philanthrope ; mais à l’adresse de différencier les deux rôles sans les faire contraster, puisqu’Alceste est l’ennemi déclaré du genre humain, & que Philinte, loin d’être l’ami déclaré des hommes, les plaint sans les aimer, souffre leurs défauts uniquement par la nécessité de vivre avec eux, & l’impossibilité de les rendre meilleurs. […] J’observe comme vous cent choses tous les jours Qui pourroient mieux aller prenant un autre cours ; Mais, quoi qu’à chaque pas je puisse voir paroître, En courroux, comme vous, on ne me voit pas être : Je prends tout doucement les hommes comme ils sont : J’accoutume mon ame à souffrir ce qu’ils font ; Et je crois qu’à la Cour, de même qu’à la ville, Mon phlegme est philosophe autant que votre bile.
Le jour où Molière peignit les jalousies d’Alceste, il souffrait d’un mal dont plusieurs souffraient avec lai, et, depuis deux cents ans, aucun de ceux qui ont aimé comme Alceste n’a entendu sans émotion ses reproches à Célimène. […] « Racine, dit-il, souffrait intérieurement. […] Tandis que Corneille s’acharne à cette conception du Romain, dont nous avons signalé le vice, Racine multiplie les héroïnes qui souffrent et ne savent que résoudre.
Ce qu’il ne pouvait souffrir, c’était qu’il fut le mieux renté de tous les beaux esprits, qu’en tous lieux on vantât ses écrits. […] « Il les publie, dît-il dans sa préface, pour faire valoir l’esprit de ses illustres amies, et pour ne rien ôter à si reconnaissance et à leur gloire. » Il ajoute : « Je leur dois rendre le témoignage que leurs innocentes faveurs ont adouci tout le chagrin de ma vie et m’ont mis en état de me passer plus aisément de ce qu’on appelle fortune… Les femmes de qualité ont poli mes mœurs et cultivé mon esprit ; et comme je ne leur ai jamais eu d’obligation pour ma fortune, je n’ai jamais souffert auprès d’elles de servitude ni de contrainte. »Ces paroles ne sont pas d’un homme méprisable.
. — Sanguédimi, je sens bien que je souffre. — Non Monsieur, vous ne souffrez pas...
On parle de modération avec orgueil, de sagesse avec arrogance ; on met tout en doute, et l’on ne souffre pas la contradiction ; la religion avait eu des sectateurs cruels ; la tolérance a des apôtres fanatiques. […] Les grands seigneurs, les magistrats sont parodiés en plein théâtre ; Figaro paraît, et ils permettent, ils souffrent qu’un valet réformateur ose leur donner des leçons !
Je souffre par avance de tout ce que le pauvre enfant souffrira.
Madame de Sévigné nous étale les hommages dont elle est l’objet, dans une lettre du 17 mai : « Madame de Montespan est à Bourbon, où M. de La Vallière a fait donné ordre qu’on la vint haranguer de toutes les villes de son gouvernement : elle ne l’a point voulu, Elle a fait douze lits à l’hôpital ; elle a donné beaucoup d’argent ; elle a enrichi les capucins ; elle souffre les visites avec civilité. […] Je ne puis comprendre que la volonté de Dieu soit que je souffre de madame de Montespan.
Et ne présume pas que Vénus, ou Satan, Souffre qu’elle en demeure aux termes du roman469... […] Il semble qu’Henriette pourrait souffrir les hommages de Trissotin, quand ce ne serait que pour en rire, et pour complaire aux idées de sa mère : non, elle le prendra à part pour lui dire : Je vous estime, autant qu’on sauroit estimer ; Mais je trouve un obstacle à pouvoir vous aimer : Un cœur, vous le savez, à deux ne sauroit être, Et je sens que du mien Clitandre s’est fait maître480. […] Elle est capricieuse ; mais tout sied bien aux belles ; on souffre tout des belles. » On peut reconnaître Molière dans Ariste de l’École des Maris.
Puisque cela est ainsi, répondit l’ambassadrice de Satan, & que vous ne vous souciez pas qu’il vous régale, souffrez au moins qu’il vous visite. […] Quelques voisins m’ont dit qu’un jeune homme inconnu Etoit en mon absence à la maison venu, Que vous aviez souffert sa vue & ses harangues ; Mais je n’ai point pris foi sur ces méchantes langues, Et j’ai voulu gager que c’étoit faussement. […] Et pouvois-je, après tout, avoir la conscience De le laisser mourir faute d’une assistance, Moi, qui compatis tant aux gens qu’on fait souffrir, Et ne puis, sans pleurer, voir un poulet mourir ? […] vous souffrez ainsi cet outrage à vos yeux ?
Puis, il y a des tempéraments littéraires qui ont été outrés dans leurs objections contre Molière ; il y a Dufresny, qui, a-t-on dit, haïssait Molière et ne l’a jamais pu souffrir ; on a prétendu qu’il était poussé par un sentiment de jalousie. […] Elles sont les plus belles du monde ; souffrez que je les baise, je vous prie. […] Voilà ce que je ne puis souffrir, car il n’y a rien de plus vrai que le moine bourru, et je me ferai pendre pour celui-là ! […] Mais la haine vigoureuse de l’injustice, la pitié pour ceux qui souffrent des caprices de l’égoïsme et de l’orgueil, ne vieillissent point ; et nos grands comiques sont pleins de ces deux sentiments. […] ALEXANDRE Il eût fallu souffrir sans doute qu’un Callisthène violât impunément les mystères de la Majesté royale !
Orphise toutefois, malgré son désaveu, Daigne accorder ce soir une grace à mon feu ; Et j’ai fait consentir l’esprit de cette belle A souffrir qu’en secret je la visse chez elle. […] Si nous la souffrons, c’est parceque Préville y joue admirablement bien cinq rôles différents, sur-tout les trois derniers.
Monsieur, continua-t-il, en embrassant ses genoux, souffrirez-vous que je n’emporte aujourd’hui que la honte d’un refus qui nous plonge, ma mere & moi, dans l’état le plus vil & le plus méprisable ? […] Permettez-moi donc de me flatter que mes larmes vous ont touché ; ou souffrez que, pour me punir de vous avoir offensé, je m’arrache une vie qui me devient odieuse si j’ai le malheur de vous déplaire encore. | Le jeune Comte ayant alors ramassé son épée, la tourna contre lui-même, & attendoit la réponse du Marquis, qui le releva, & l’embrassa tendrement
Jourdain, parcequ’on peut souffrir des manieres & des propos grossiers dans un bout de scene, mais non pas durant toute une piece en cinq actes.
On ne vous consulte pas sur cela, répondit Molière à Chapelle*. « Représentez-vous, ajouta-t-il, en s’adressant au jeune homme, la peine que nous avons ; incommodés ou non, il faut être prêts à marcher au premier ordre, et à donner du plaisir quand nous sommes souvent accablés de chagrin ; à souffrir les grossièretés de la plupart des gens avec qui nous avons à vivre, et à captiver les bonnes grâces d’un public qui est en droit de nous gourmander261 pour son argent.
Un « caractère » nouveau c’est un homme ou une femme qui a inventé un nouveau moyen de souffrir soi-même et de faire souffrir les autres. […] Je suis bien malheureux de souffrir cette atteinte ; Et que me sert d’aimer comme je fais, hélas ! […] Et n’est-ce pas assez de souffrir pour vos charmes, Sans me faire souffrir encor pour vos plaisirs ? […] C’est précisément parce qu’il ne l’est point que Rousseau ne peut pas le souffrir. […] Il est très évident que Molière ne peut pas le souffrir.
Et, là, pourtant, je le répète, toute son âme aurait dû éclater en sanglots, car il souffrait alors, à ce moment du Misanthrope, tout ce qu’un cœur aimant peut souffrir. […] Malheureusement pour les plaies de son âme, il ne pouvait recourir à ce palliatif Pyrrhonien, que lui aurait envié son Métaphraste ; il se sentait souffrir et ne pouvait se dire : « Je ne souffre pas. » Voilà pourquoi Argant rit toujours, quand Alceste ne rit jamais. […] Ainsi, je le répète, on le retrouve partout, à chaque scène de son œuvre, se jouant lui-même dans ce qu’il souffrait, ou jouant les autres dans ce que leur sottise ou leurs vices lui faisaient souffrir. […] Le prince n’en voulut plus souffrir dans son gouvernement. […] Son succès n’en souffrit pas.
Molière, né avec des mœurs droites, et dont les manières étaient simples et naturelles, souffrait impatiemment le Courtisan empressé, flatteur, médisant, inquiet, incommode, faux ami. […] Tout cela était un rêve pour un enfant de douze ans, qui était depuis longtemps entre les mains de gens durs, avec lesquels il avait souffert, et il était dangereux et triste qu’avec les favorables dispositions qu’il avait pour le Théâtre, il restât en de si mauvaises mains. […] Molière avait souffert de l’absence de Baron ; l’éducation de ce jeune homme l’amusait dans ses moments de relâche ; les chagrins de famille augmentaient tous les jours chez lui. […] Je viens d’entendre un Acteur déclamer faussement et pitoyablement quatre vers de ma pièce ; et je ne saurais voir maltraiter mes enfants de cette force-là, sans souffrir comme un damné . […] Mais, ajouta-t-il, en réfléchissant, qu’un homme souffre avant que de mourir !
Le voyez-vous tel que nous le rêve Rousseau ; il est irrité contre, d’une façon générale, les défauts universels des hommes ; mais il ne s’en plaint pas dès qu’il en souffre et il suffit qu’il en souffre pour qu’il ne s’en plaigne pas. […] De toutes les injustices dont il est victime « il doit en souffrir sans murmurer, dit Rousseau, il connaît les hommes ». […] Reste que Rousseau souffre surtout de ceci qu’on soit trop dur pour M. […] Il n’a pas une âme cornélienne, et je reconnais que qui vient au théâtre de Molière en comptant y entendre Polyeucte s’expose à souffrir. […] Robert, c’est un vertueux, c’est un généreux ; il ne peut souffrir que Sganarelle batte sa femme : « Holà !
On lui dit que la fille, quoique sans bien & sans appui, est de famille honnête ; & qu’à moins que de l’épouser, on ne peut souffrir ses poursuites. […] Je souffre en damné, Agnès.
Souffrez, dans les transports dont mon ame est pressée... […] Belle Philis, c’est trop, c’est trop souffrir : Rompons ce dur silence, & m’ouvrez vos pensées.
Il se retire à Milan auprès de Mario, qui lui découvre l’état de son cœur, & lui apprend qu’il souffre en ce moment tous les maux que l’absence d’un objet adoré & l’attente d’un bonheur prochain peuvent faire éprouver à un amant passionné : il n’attend que le retour de cette personne chérie, que le Docteur son pere a demandée & obtenue : elle arrive enfin, & Mario la présente à Lélio. […] Flaminia presse vivement Lélio de tenir la parole qu’il lui a donnée à Venise, & de la délivrer par ce moyen des poursuites de Mario, qu’elle ne peut souffrir : elle lui fait ensuite des reproches, & lui témoigne beaucoup de jalousie.
est bien incomparable, D’avoir pu si long-temps souffrir ce misérable ! […] Dites ce qui vous plaît, suivez votre courroux ; C’est à moi de souffrir, puisque je suis à vous : Mais je ne vous dirai, quelque sort qui me suive, Que la vérité même, & que ce qui m’arrive... […] Il faut être, je le confesse, D’un esprit bien posé, bien tranquille, bien doux, Pour souffrir qu’un valet de chansons me repaisse.
Les écrivains ont agi, ont souffert ; ils ont vu les grandes catastrophes, ils ont connu les passions qui vivifient l’intelligence et l’expérience qui l’éclaire. […] Les protections élevées, si intelligentes qu’on les suppose, ont leurs inconvéniens ; la dignité du poète en souffre toujours, sans parler des mauvais vers que lui arrache la reconnaissance, et dont il est trop puni par le ridicule de les avoir faits. […] Cette majesté collective a bien d’autres avantages sur Louis XIV et tous les autres protecteurs des lettres, quand ce ne serait que de permettre, d’aimer même la contradiction ; car un moyen de plaire au public, moyen un peu usé aujourd’hui, a été souvent de lui rompre en visière, de lui dire de brutales vérités, de le calomnier même, et il l’a souffert, et il s’en est réjoui.
qui compromit cette femme illustre, lui fit souffrir un long tourment, et finit par lui causer la mort.
Il ne souffrira, près du berceau de son fils, ni vice, ni ridicule.
Molière, né avec des mœurs droites, Molière, dont les manières étaient simples et naturelles, souffrait impatiemment le courtisan empressé, flatteur, médisant, inquiet, incommode, faux ami. […] Je me suis donc déterminé à vivre avec elle comme si elle n’était pas ma femme ; mais si vous saviez ce que je souffre, vous auriez pitié de moi. […] Molière avait souffert de l’absence de Baron ; l’éducation de ce jeune homme l’amusait dans ses moments de relâche ; les chagrins de famille augmentaient tous les jours chez lui. […] Mais, ajouta-t-il en réfléchissant, qu’un homme souffre avant que de mourir ! […] Racine avait confié à Floridor le rôle de Néron dans Britannicus ; mais cet acteur était tellement aimé du public, que tout le monde souffrait de lui voir représenter Néron et de lui vouloir du mal, ce qui nuisit au succès de la pièce.
Molière avait le cœur fier, et la vocation de comédien, dans ce temps-là surtout, n’était pas de celles où le cœur a le moins à souffrir. […] Je me suis donc déterminé à vivre avec elle comme si elle n’était point ma femme ; mais, si vous saviez ce que je souffre, vous auriez pitié de moi. […] Pendant que sa verve se répandait ainsi en un rire sans fin, il souffrait à la fois et de ses chagrins domestiques et de la maladie qui devait l’emporter. […] Le jour où Molière peignit les jalousies d’Alceste, il souffrait d’un mal dont plusieurs souffraient avec lui, et, depuis deux cents ans, aucun de ceux qui ont aimé comme Alceste n’a entendu sans émotion ses reproches à Célimène. […] Mais il est bientôt payé de cette sotte et ridicule ambition : il souffre tous les malheurs de quiconque se déplace mal à propos et se déclasse.
En effet, ce n’était pas une vaine et frivole distinction accordée à la vanité ; c’était un baptême nouveau qui, mettant en oubli un nom sous lequel elle pouvait se plaindre d’avoir souffert des humiliations, pour lui en donner un autre, annonçait le dessein de faire d’elle, ou plutôt que le roi voyait déjà en elle une autre personne sous cet autre nom et marquait l’époque d’une existence plus élevée. […] Le 27 octobre, elle écrivait, de Bagnères, à l’abbé Gobelin : « Ces agitations (elle parle de celles que lui causait la santé du duc du Maine) ne sont pas les seules que je souffre.
Peut-on souffrir une plus douce peine ! […] Mes cris vous sont indifférents ; Vous n’avez point de syndérèse ; Philis, pour mes dix mille francs1, Souffrez su moins que je vous baise ! […] que l’on souffre de peine, Quand on est absent de vous ! […] Souffrez que je m’en flatte et qu’à mon tour je cède Au chagrinant rival qui comme eux vous obsède, Qui leur fait presque à tous déserter votre cour, Et n’ose vous parler ni d’hymen ni d’amour. […] Et n’est-ce pas assez de souffrir pour vos charmes, Sans me faire souffrir encor pour vos plaisirs ?
C’est un endroit où l’on souffre toute la lassitude, toute la fatigue, tout l’épuisement dont le corps & les membres sont capables...... […] Oui, votre honneur m’est cher, & je ne puis souffrir Qu’aux brocards de chacun vous alliez vous offrir.
Quant à nos Comédiens actuels, je suis sûr que les trois quarts & demi gémissent de la chûte du théâtre ; qu’ils donneroient tout au monde pour le voir dans son ancienne gloire, & qu’on peut leur reprocher tout au plus cette foiblesse, cette indolence avec laquelle ils souffrent que deux ou trois esprits remuants profitent des abus anciens pour en glisser de nouveaux, qu’ils en imposent à leurs supérieurs trop occupés d’affaires plus importantes, qu’ils bouleversent les anciens réglements62, ou s’en fassent à leur guise pour persécuter leurs camarades & rebuter les Auteurs. […] Je souffre pour les Comédiens de voir le public se faire un jeu de casser leurs arrêts.
Prononcez, & souffrez cependant que j’espere.
Nombre de mots que Montaigne, Rabelais, Fromenteau ont employés couramment les mots que Molière, La fontaine et Boileau même ont employés à leur tour, et que Molière a prétendu maintenir dans le langage des honnêtes gens, sont, malgré leur autorité, bannis aujourd’hui du langage du monde poli70 : personne ne les souffrirait maintenant, ni dans un ouvrage de littérature, ni au théâtre, ni dans la conversation.
Enfin les voilà près, en se tuant, de finir cette piece : mais ce pere, dont le naturel est bon, n’a pas la cruauté de souffrir à ses yeux une si tragique aventure. […] Je me suis jetté aujourd’hui plusieurs fois aux genoux de mon pere, le conjurant d’avoir pitié des maux que je souffre ; & je m’en vais savoir de mon valet s’il lui a dit la résolution que j’avois prise de lui désobéir, car je l’en avois chargé.