(Molière aima sa femme d’une passion dévouée, délicate et jalouse, que ne put éteindre ni l’indifférence ni l’infidélité. […] Oui, la source de l’amour est belle, pure, sublime : mais l’amoureux est homme ; et, pour aimer, il n’en est pas moins aux prises avec toutes sortes de misères : il est jeune, il est jaloux, il est fou, il est sans courage et sans conduite, il est susceptible et déraisonnable, il manque de dignité, même d’honneur. […] C’est que nous sommes ainsi faits ; l’amour le plus pur prend les confidents les plus méprisables451 ; le cœur le plus respectueux pour sa maîtresse manque de respect à son père452 ; l’âme la plus ferme, la plus sage, se désespère d’une chimère ou d’un doute453 : pauvres amoureux, comme les voilà pour rien inquiets, jaloux, brouillés, perdus ! […] Les amoureux du Dépit amoureux, du Prince jaloux, du Tartuffe, du Bourgeois gentilhomme, des Fâcheux, etc. […] III, IV ; le Prince jaloux, act.
Montfleury ne se tint pas encore pour battu; il dirigea ses batteries sur un côté plus à découvert : dans la préface d’une de ses pièces, intitulée l’Ecole des Jaloux, et dédiée avec impudeur à cette classe de maris qui ont le droit d’être jaloux, Montfleury, par un trait détourné, cherche encore à atteindre l’honneur de Molière. […] Rendons plutôt justice aux ménagements qu’il fallait que Molière gardât, de peur de déplaire à un monarque jaloux de son autorité, et son protecteur déclaré. […] Combien le mari jaloux sût rendre avec vérité les emportements amoureux d’Alceste et qu’il dût souffrir. […] Mais mon sort ferait bien des jaloux, Dum fundis merum in calices, Si vous étiez toujours remplie. […] Ce fut au tour de Molière à être jaloux.
. — Inquiétude jalouse de madame de Maintenon. — Efforts de madame de Montespan pour se rajeunir. — Elle danse, elle se pare. — Le roi se plaît à la parer. […] Madame de Maintenon croyait que madame de Montespan, cessant d’être jalouse d’elle, c’était à son tour de l’être de madame de Montespan.
Il la tient sous clef, non en jaloux, il est trop vain pour être jaloux, mais par système ; il pense l’avoir formée parce qu’il la voit résignée, et convaincue parce qu’elle cède. […] Sganarelle est le vrai père d’Isabelle ; de même qu’Arnolphe, dans L’École des Femmes, en voulant faire d’Agnès une sotte, en fait une fille de sens, qui aura plus de ressources pour lui échapper que son jaloux pour la retenir. […] Un jaloux dont le bien est menacé, un systématique vaniteux qui voit tous ses plans tourner contre lui, une fille qui craint d’être mariée malgré elle, n’ont pas le loisir d’avoir du trait ; leur esprit, c’est de sentir fortement, et de s’exprimer dans les meilleurs termes. […] Un an après, il mettait dans la bouche de la Climène des Fâcheux une vigoureuse apologie des jaloux, défendant ainsi son propre penchant, ou peut-être, par un scrupule d’honnête homme, voulant se montrer avec ses défauts à cette fille, à laquelle il avait fait voir ses beaux côtés dans le rôle d’Ariste. […] L’Isabelle de l’École des Maris faisant savoir à Valère par son jaloux qu’elle l’aime, c’est la dame d’un conte de Boccace, qui fait dire à un jeune homme, par son confesseur, de ne plus la fatiguer de ses poursuites, et lui apprend ainsi qu’il est aimé.
Notice historique et littéraire sur Dom Garcie de Navarre Dom Garcie de Navarre, ou le Prince jaloux, fut représenté, pour la première fois, le 4 février 1661, sur le théâtre du Palais-Royal. […] Il n’y a guère de milieu : il faut qu’un jaloux fasse frémir et pleurer ; alors c’est un personnage tragique, c’est Orosmane ou Vendôme : ou bien il faut qu’il fasse rire ; alors c’est un personnage comique, c’est Arnolphe ou George Dandin. […] Les deux rôles principaux, celui du jaloux et de sa victime, sont habilement tracés et soutenus ; plusieurs scènes sont préparées et exécutées avec art. […] Delmire, charmée de son jaloux amant, avec qui elle vient de se réconcilier pour la troisième ou quatrième fois, se met entièrement à sa discrétion, et lui dit, en propres termes, de la conduire où il voudra. […] Dans toutes, c’est un tuteur aux prises avec sa pupille qu’il aime, et un jeune homme qu’elle lui préfère ; dans toutes, la ligue des deux amants triomphe des vains efforts du vieillard amoureux et jaloux.
… C’est plus, c’est une nation Jalouse de payer dans sa reconnaissance Deux siècles de plaisirs dont tu dotas la France. […] Ne pourrais-je aisément retrouver parmi vous Et mes maris trompés et mes amans jaloux ?
L’amour voudroit le ramener vers sa femme ; mais le préjugé à la mode & la crainte de se donner un ridicule en avouant son amour, le retiennent ; il devient cependant jaloux de celle qu’il feint de n’aimer point, il l’outrage. […] Dans la même piece, Durval, jaloux, & se croyant trahi par sa femme, l’accable de reproches : elle se trouve mal, c’est dans l’ordre ; elle tire son mouchoir, & laisse en même temps tomber un paquet de lettres. […] Madame, Monsieur votre époux seroit jaloux de mon bonheur, & je l’estime trop. — Oh !
Eraste arrive au rendez-vous en pestant contre un fâcheux qui l’a retenu long-temps ; il craint d’avoir manqué l’heure indiquée, lorsqu’il voit Orphise accompagnée d’un inconnu : il la salue ; elle feint de ne pas le voir : il est piqué de cette marque de mépris ; il ordonne à la Montagne, son valet, de suivre l’infidelle ; il se livre seul à ses réflexions jalouses, quand Léandre vient fort mal-à-propos chanter & danser devant lui une courante de sa composition, & sur laquelle il est bien aise de savoir son avis. […] Orphise paroît dans ce moment, devient jalouse ; & lorsqu’Eraste va la joindre, elle lui dit de ne pas quitter sa compagnie, & se retire. […] Orphise arrive : elle est jalouse de le voir avec des femmes.)
La marquise de Verneuil, qui, comme la reine, était jalouse de Charlotte de Montmorency dit au roi en bouffonnant : « N’êtes-vous pas bien méchant de vouloir coucher avec la femme de votre fils ? […] » Trois personnes furent jalouses de la princesse de Condé, la maîtresse en titre ; la marquise de Verneuil, la reine, le prince de Condé. […] On en rencontre dans les cours des sciences les plus abstraites, et, dans l’Assemblée constituante, on a vu les plus brillants orateurs jaloux de l’attention d’un essaim de femmes célèbres par l’esprit, la beauté et le patriotisme, qui suivaient toutes les grandes discussions.
Il y a si longtemps que le Jaloux désabusé de Campistron n’a été joué, qu’on ignore communément que cette comédie, fort supérieure à toutes les tragédies du même auteur, est en effet son meilleur ouvrage; l’intrigue en est bien conçue, le principal caractère, celui d’un mari jaloux qui ne veut pas le paraître, est comique, et a fourni à La Chaussée le Durval du Préjugé à la mode, et des scènes entières évidemment calquées sur celles de Campistron. Le rôle de Célie, femme du jaloux, est original et intéressant. […] Regnard reproche à Boileau d’être jaloux de lui : il ne travaillait pourtant pas dans le même genre. […] Le Chevalier joueur, ta Noce interrompue, la Joueuse, la Malade sans maladie, le Faux honnête homme, le jaloux honteux, tombèrent dans leur nouveauté, et ne se sont pas relevés, quoique dans toutes ces pièces il y ait des choses très ingénieuses.
c’est ici le coup le plus cruel de tous, Et dont à s’assurer trembloit mon feu jaloux. […] Il accuse Clitandre & Damon de vouloir l’alarmer pour lui faire abandonner un bonheur dont ils sont jaloux. […] Les Auteurs tragiques, devenus jaloux de l’opéra, aiment que la toile, en se levant, présente un coup d’œil agréable : les Auteurs comiques ont une ambition toute opposée.
C’est ainsi qu’il montre et bafoue l’égoïsme jusque dans le cœur des pères, les Géronte, les Argan, les Harpagon ; l’injustice et la tyrannie dans l’amour le plus vrai, comme dans Arnolphe et dans tous ses jaloux ; et dans Orgon, le meilleur des hommes, tout ce que la vénération niaise et dévote peut déterminer d’inhumanité. […] Si on l’écoutait, il faudrait ne recevoir personne, il est jaloux de tout l’univers ; Clitandre est un homme à ménager, Célimène a besoin de lui pour son procès, car elle a un procès aussi (oh ! […] C’est donc pur contre-sens de la pousser au drame et de donner à Alceste les amertumes tragiques, les fureurs jalouses d’Othello, souffletant Desdémone ou la payant comme une fille avant de l’étouffer. […] Voilà le jaloux proprement mis en demeure.— Soit, je ne vous aime pas ; vous ne voulez plus m’aimer ; cela va le mieux du monde : partez donc. — Il reste pourtant ; le voici qui monologue, qui, comme Sganarelle, s’insulte pour se donner du courage : Ciel ! […] distinguons : je ne le condamne qu’à faire rire, comme tous les jaloux de comédie, comme Arnolphe joué par Agnès, comme Bartholo joué par Rosine ; comme Georges Dandin enfin, qui l’a voulu !
Mais depuis le moment que cette frénésie, De ses noires vapeurs troubla ma fantaisie, Et qu’un Démon jaloux de mon contentement, M’inspira le dessein d’écrire poliment : Et tel, dont en tous lieux chacun vante l’esprit, Voudrait pour son repos n’avoir jamais écrit. […] Quiconque voit bien l’Homme, et d’un esprit profond De tant de cœurs cachés a pénétré le fond ; Qui sait bien ce que c’est qu’un Prodigue, un Avare, Un honnête Homme, un Fat, un Jaloux, un Bizarre, Sur une scène heureuse il peut les étaler, Et les faire à nos yeux vivre, agir, et parler.
La même phrase sert de conclusion aux deux œuvres ; voyez pourtant quel contraste : Et, pour tout dire enfin, jaloux ou non jaloux, Mon roi, sans me gêner, peut me donner à vous, dit Done Elvire, et Dom Garcie s’écrie : Ciel, dans l’excès des biens que cet aveu m’octroie, Rends capable mon cœur de supporter sa joie… ! […] Ou jaloux, ou non jaloux, Rodrigue sera mon âme. — Ô mes délices !
J’en excepterais les jaloux, s’il ne l’avait pas été lui-même. Molière jaloux !
Les historiens ont attribué l’indifférence de Louis XIII pour sa jeune et belle reine aux soins que Marie de Médicis et le cardinal de Richelieu, alors en bonne intelligence, prenaient de concert pour l’empêcher de prendre en elle une confiance dont ils étaient jaloux. […] Il trouvait un double avantage à la fréquentation de cette société, celui de satisfaire le goût très vif qu’il avait pour les jouissances de l’esprit, et de se dérober aux inquiétudes jalouses de Luynes, favori de Louis XIII, et défiant à l’égard de toute espèce de mérite, comme le sont d’ordinaire les favoris.
Lisban vient railler sa femme sur sa migraine, sur le refus qu’elle fait de souper chez Dormene, & la croit jalouse de cette Dame. […] Rochon, les scenes de jalousie ressemblent beaucoup à deux ou trois scenes de la Moglie gelosa, l’Epouse jalouse, Canevas de Riccoboni, dont M. Joli a tiré sa Femme jalouse. […] Vous allez donc quelquefois aux Italiens ; vous avez vu l’Epouse jalouse.
La plus sanglante satyre étoit donc sûre de plaire à ce peuple jaloux, lorsqu’elle tomboit sur l’objet de sa jalousie. […] Les Romains sous les consuls, aussi jaloux de leur liberté que les Athéniens, mais plus jaloux de la dignité de leur gouvernement, n’auroient jamais permis que la république fùt exposée aux traits insultans de leurs poëtes. […] Alors parut Moliere, le plus parfait des poëtes comiques, & qui a remporté le prix de son art malgré ses jaloux & ses contemporains. […] C’est ainsi que dans l’Ecole des femmes l’imbécillité d’Alain & de Georgette si bien nuancée avec l’ingénuité d’Agnès, concourt à faire réussir les entreprises de l’amant, & à faire échoüer les précautions du jaloux. […] Les opinions singulieres ont seules le privilege de captiver leurs esprits, soit que l’amour de la nouveauté ait pour eux des appas invincibles, soit que leur esprit, d’ailleurs éclairé, ait été la dupe de leur cœur corrompu, soit que l’irréligion soit l’unique moyen qu’ils aient de percer la soule, de se distinguer, & de sortir de l’obscurité, à laquelle le sort jaloux semble les avoir condamnés.
La moralité. — Bonne ; elle nous prouve à quel point un cœur jaloux peut égarer l’imagination. […] Dom Garcie de Navarre, ou le Prince jaloux ; L’École des maris ; Les Fâcheux. […] Les Espagnols et les Italiens avoient déjà traité le sujet du Prince jaloux. […] Dans Le Prince jaloux, c’est un courtisan ; et Molière, par ce changement seul, est infiniment plus moral. […] Elle eut le plus grand succès ; les jaloux ne la trouvèrent pas digne de leur colère ; ce n’est qu’une farce, disaient-ils ; eh !
Les yeux qui veillaient pour éclairer la reine n’étaient pas plus pénétrants que ceux du marquis de Montespan depuis que sa femme, enivrée de la passion du roi, était devenue dédaigneuse et insolente pour ce mari jaloux. […] La suite prouverait qu’alors les yeux de cette femme respectable furent dessillés sur les relations du roi avec madame de Montespan ; qu’elle fut épouvantée de l’idée d’avoir opposé de la résistance à un mari qu’elle croyait follement jaloux d’une femme irréprochable : il est du moins certain, par le témoignage de mademoiselle de Montpensier, par celui du duc de Saint-Simon, qu’à la suite de l’apparition qui eut lieu dans le passage de l’appartement de la reine, madame de Montausier rentra chez elle malade, ne sortit plus de sa chambre que pour quitter la cour et rentrer dans sa propre maison, à Paris, où elle languit, ne recevant qu’un petit nombre d’amis particuliers.
Il vient de voir une jeune personne fiancée à un paysan qu’elle aime beaucoup : il est jaloux de leur bonheur ; il veut le troubler en enlevant la petite paysanne. […] Le Roi, toujours jaloux de l’honneur de son palais, lui reproche de l’avoir profané avec Octave. […] Le marié, qui se nomme Patricio, est très jaloux de Don Juan. […] Don Juan est jaloux de la félicité de son ami.
Ariste est un sage et Sganarelle est un jaloux : le premier, pour plaire à Léonor, qu’il veut épouser, lui prodigue les petits soins, les tendresses, les respects ; Sganarelle, au rebours de son frère Ariste, est un malappris, un brutal. […] Il était le seul qui fût offensé de ces splendeurs ; il ôtait le seul qui fût jaloux du surintendant Fouquet et de sa fortune ; et, pendant que les seigneurs de la consentaient à pleines mains l’or prodigieux que leur hôte magnifique avait jeté sur leur toilette, le roi, imposant silence à sa haine, contemplait un portrait de La Vallière suspendu à ces murailles insolentes ; même on contera qu’il avait résolu de faire arrêter le surintendant le même jour, sur sa terre, et dans son propre château. […] C’est dans L’École des femmes que nous apparaît, innocente et bien clairvoyante, Agnès, tourment du seigneur Arnolphe, et le châtiment de sa jalouse humeur. […] Enfin, Molière avait tant d’ennemis, c’est-à-dire tant de jaloux ; sa gloire et sa faveur faisaient tant de progrès chaque jour ; il se mettait si vite eu colère, et pardonnait si facilement !
Puis le jaloux s’assure de ses valets, il les style, leur fait répéter la façon dont ils chargeront Horace, s’il sa présente ; il médite de soudoyer pour espion le savetier du coin ; il veut redoubler de précautions… Le nigaud ne sait rien. […] gronde le jaloux. […] Il n’y a rien d’amusant comme cette éternelle confidence de l’amoureux au jaloux. […] Arnolphe a l’âge de Molière ; il est le tuteur d’Agnès ; il l’aime ; il est jaloux ; il n’est pas aimé : cela. suffit : Arnolphe est Molière ; et sans doute Agnès est Armande, et, car il faut être logique, Horace, cet Horace qu’avec tant d’impartialité, Molière a fait si charmant, Horace, ce sera cet impertinent abbé de Richelieu qui fut la première infidélité d’Armande. […] Merveille, je le répète, qu’il pouvait réaliser même loin de 3a scène, en face d’un verre d’eau et d’un encrier, n’ayant que son filet de voix et l’art d’en jouer pour créer une illusion complète et vous faire voir l’Arnolphe de Molière, ce fou fieffé, ce brutal,, avec ses roulements d’yeux de jaloux qu’on dupe et ses. larmes niaises !
Pour venger Molière de tous ses détracteurs, Boileau fit les stances suivantes qu’il envoya à son ami : En vain mille jaloux esprits, Molière, osent avec mépris Censurer ton plus bel ouvrage : Sa charmante naïveté, S’en va pour jamais d’âge en âge Divertir la postérité.
Qu’un jaloux soupçonneux soit trompé par sa femme, Ce n’est qu’une aventure ordinaire et commune8 ; c’est une lutte d’esprit et de ruse où l’homme doit être vaincu. […] Elle est jalouse, envieuse, rageuse. […] Elle n’est pas jalouse de Célimène ; au contraire, elle fait tous ses efforts pour conserver l’harmonie entre les deux amants. […] Elle a pour mère Philaminte, la savante ; pour tante, la folle Bélise ; pour sœur la pédante et jalouse Armande. […] Ce fils et cette fille, qui auraient pu la voir d’un œil jaloux, elle a su se ménager leur amitié.
» Flaminia, entrant dans ses intentions, fait semblant d’être jalouse de son mari. […] Ce recueil fut traduit en français : « Les Bravacheries du capitaine Spavente, divisées en plusieurs discours en forme de dialogue, de François Andreini de Pistoie, comédien de la compagnie des Jaloux, traduites par J.
Ils le savaient jaloux, et, de fait, n’eussent-ils pas pris soin de nous éclairer sur ce côté de son caractère, nous le devinerions aisément, car la jalousie sous toutes ses formes, presque tragique comme dans Don Garcie et le Misanthrope, burlesque comme dans Sganarelle et George Dandin, inspire une bonne part de son théâtre. […] De Villiers ne croyait pas lui-même au bien fondé de son allusion, et la preuve c’est que, dans un recueil par lui publié en cette même année 1663, les Nouvelles nouvelles, il disait de Molière : « Si vous voulez savoir pourquoi, presque dans toutes ses pièces, il raille tant les c…s et dépeint naturellement les jaloux, c’est qu’il est du nombre de ces derniers. Ce n’est pas que je ne doive dire, pour lui rendre justice, qu’il ne témoigne pas sa jalousie hors du théâtre : il a trop de prudence et ne voudrait pas s’exposer à la raillerie publique ; mais il voudrait faire en sorte par le moyen de ses pièces que tous les hommes pussent devenir jaloux et témoigner leur jalousie sans en être blâmés, afin de pouvoir faire comme les autres, et de témoigner la sienne sans crainte d’être raillé. » Voilà qui est bien alambiqué, mais la réserve, du moins, est expresse : dans Molière, De Villiers ne voyait qu’un jaloux. […] La place prépondérante qu’il donne aux femmes, la manière dont il parle des hommes, la haine jalouse qui l’inspire, le choix des médisances ou des calomnies, je ne sais quoi d’oblique et d’insinuant, tout cela dénote une main féminine ; comme aussi la finesse de certaines remarques, la grâce facile et l’agréable négligence des tours. […] Ainsi Molière aurait été malheureux surtout de n’être pas aimé, jaloux, mais sans croire à l’infidélité de sa femme, et Armande une coquette aimant plus les manèges de l’amour et les satisfactions de vanité qu’ils procurent que l’amour lui-même.
Il peut fournir autant de comique que de moral : il a le mérite d’être à la portée de tous les rangs, de tous les états, de tous les âges, de toutes les nations ; cependant je ne craindrai point de dire que ce sujet est extrêmement difficile à traiter : premiérement, parceque le Défiant est un caractere qu’on peut lier à une infinité d’autres ; un jaloux est défiant ; une mere qui veut conserver l’honneur & la réputation de sa fille est défiante ; un philosophe qui connoît les hommes est défiant ; un méchant est défiant, parcequ’il redoute dans les autres les méchancetés qu’il est capable de faire, &c. […] Veut-on peindre la défiance d’un jaloux ? […] Le jaloux croit triompher, & se moque de son rival, lorsqu’il apprend son sort.
. — Madame de Montespan moins jalouse d’elle que de madame de Maintenon. — Grossesse, maladie, mort de madame de Fontanges. — Éloignement définitif de madame de Montespan. — Étroite amitié du roi et de madame de Maintenon. — Triomphe de madame de Maintenon qui obtient du roi un retour vers la reine dont il faisait le malheur. — Le triomphe de madame de Maintenon est celui de la société polie. […] Il serait bien triste que Dieu n’éclairât pas une âme faite pour lui. »Cependant les yeux jaloux de madame de Montespan ont découvert l’intrigue du roi et de madame de Fontanges. […] L’orgueil du prince le plus jaloux de son autorité étant intéressé par ces accusations à la persécution des protestants, d’autres circonstances vinrent l’irriter.
Il ne faudroit pas s’étonner qu’il ait si bien réussi à representer les desordres des mauvais menages, & les chagrins des maris jaloux, ou qui ont sujet de l’être ; car on assûre qu’il savoit (C) cela par expérience autant qu’homme du monde. […] (C) Qu’il savoit par expérience les chagrins des maris jaloux, ou qui ont sujet.]
accordez-vous donc ; & lorsqu’il y a des fourberies à mettre sur la scene, permettez qu’on les fasse faire par ceux qu’elles ne dégradent point, par vos valets, par vos soubrettes ; laissez-les profiter du privilege qu’ils ont de paroître fourbes sans se dégrader, & n’en soyez pas jaloux. […] Mais bien plus, Il m’a dit qu’ayant su combien je lui suis chere, Vous prétendiez pour lui renoncer à me plaire, Mourir plutôt cent fois d’un désespoir jaloux...
Il a ses adorateurs, ses fétichistes, ses jaloux, ses contempteurs ; mais, qu’on l’aime, qu’on le haïsse, on s’incline devant son génie et la voix publique le place sur cette cime accessible à un petit nombre où l’admiration des hommes a juché un Homère, un Dante, un Shakespeare, un Goethe. […] Arnolphe est le type de l’éternel jaloux, mais ce qui donne à sa manie, à son égoïsme, un caractère touchant, sinon poignant, ce sont les accents douloureux dont sa jalousie s’exprime, et cette douleur est trop sincère, trop personnelle pour qu’on n’y retrouve pas l’expression des chagrins secrets dont était torturé le mari malheureux d’Armande Béjard.
Dans Il Giusto castigo (le Juste châtiment), Flavio, mari de Flaminia, jaloux d’Oratio, feint de partir pour la guerre de Hongrie. […] Dans Il Vecchio geloso (le Vieillard jaloux), Isabelle, femme de Pantalon, au milieu d’un bal champêtre, fait une confidence à son mari.
Quelle jouissance plus enivrante et plus pure pour un cœur jaloux des faveurs de la postérité que cet avenir d’applaudissements se perpétuant de génération en génération, que ce concert, que cet écho des louanges du même roi se répétant par tous les siècles et sous tous les règnes ! […] Molière ne se contenta point de se réfugier sous l’égide royale pour résister à la cabale des dévots, il retrancha avec un soin minutieux tous les passages que pouvait envenimer la malveillance jalouse de ses ennemis, il en modifia, il en adoucit quelques autres ; enfin, il fit aux hommes vraiment pieux tous les sacrifices capables d’apaiser jusqu’à leurs moindres scrupules. […] Les médecins, les précieuses, les marquis, tous les charlatans que Molière avait livrés à la risée publique, crient à la fois à l’impiété ; les libertins, les athées sont devenus dévots, et la tourbe des auteurs jaloux s’est changée en une troupe de lévites armés pour les intérêts du ciel. […] Les étrangers, justement jaloux d’un chef-d’œuvre tel que Le Tartuffe, ont fait de vains efforts pour nous en disputer au moins l’invention. […] Il est épris d’une jeune villageoise dont le mari est très jaloux, et il parvient à devenir le confesseur de la belle.
Cet amant, de vos vœux jaloux au dernier point, Souhaite qu’à lui seul votre cœur s’abandonne ; Et sa passion ne veut point De ce que le mari lui donne. […] N’en soyez point jaloux : Vous savez qu’elle n’est écrite que pour vous.
Il ne suffisait pas encore d’y être aimable, il fallait l’être pour la société entière, et ne l’être pour personne en particulier ; il fallait aimer tout le monde, pour être aimée de tout le monde ; ne pas avoir d’amant, pour n’avoir pas d’ennemis ; ne pas faire un heureux, pour ne pas faire vingt jaloux et mille détracteurs. […] Le roi lui dit ces paroles qui me paraissent dignes de remarque : « Madame, je vous ai fait attendre longtemps ; mais j’ai été jaloux de vos amis : j’ai voulu avoir seul ce mérite auprès de vous. » Le compliment, dit Auger, était délicat, mais il n’était pas sincère.
A la vérité, Dupuis, en refusant de marier sa fille, n’est jaloux que de sa tendresse, et la dot qu’il faudrait donner ne lui tient point au cœur : en général, il couvre d’une certaine délicatesse de sentiments, le fond d’égoïsme que Sganarelle montre à nu ; mais Dupuis est un homme de la haute finance du dernier siècle, et Sganarelle est un petit bourgeois de la jeunesse de Louis XIV ; mais Dupuis et Desronais est un drame, et L’Amour médecin est une comédie. […] En vertu, en honneur véritable, il n’avait rien à envier à Alceste : s’il lui cédait en quelque chose, c’était en excès et en travers ; il n’y avait pas de quoi être jaloux. […] On a des raisons de croire que l’auteur de ce ballet, Benserade, voyait déjà Molière d’un œil jaloux et malveillant ; mais, plus fin courtisan qu’habile poète, il crut devoir flatter, dans le rival qui lui faisait ombrage, l’homme qui savait amuser son maître et punir ses ennemis.
c’est la réserve de la pudeur : emportée, jalouse, babillarde ?
Le cardinal, jaloux du poète qui lui échappait, et envieux en même temps de sa gloire, imposa à l’Académie la critique du Cid.
Le Dépit amoureux, le Cocu imaginaire, le Prince jaloux. […] Le Prince jaloux, act.
Après, poussant plus loin cette triste figure, D’un cocu, d’un jaloux, il en fait la peinture ; Tantôt à pas comptés vous le voyez chercher Ce qu’on voit par ses yeux, qu’il craint de rencontrer ; Puis, s’arrêtant tout court, écumant de colère, Vous diriez qu’il surprend une femme adultère, Et l’on croit, tant ses yeux peignent bien cet affront, Qu’il a la rage au cœur et les cornes au front. […] Parmi ces galants d’importance Qui sont jaloux jusqu’à l’excès, Et qui pensent par leur prudence Prévoir et prévenir de dangereux excès, Combien est-il de Jeans Doucets ?
Argentine s’en charge : un moment après elle trouve sur la table celui de l’objet qu’elle aime en secret, celui de son cher Arlequin ; elle l’admire, elle le baise, lorsque Scapin la surprend : il est jaloux, fait grand bruit, a cru voir le portrait d’Arlequin ; mais Argentine lui persuade le contraire en lui montrant celui de Celio qu’elle a ordre d’apporter à sa maîtresse.
— C’est Molière lui-même qui éveille sa troupe, car en ce temps-là il était comédien, il était directeur de comédiens, il était poète,-il était courtisan, il était amoureux, il était jaloux, il aimait sa gloire comme il aimait sa femme. […] Mademoiselle Duparc, envieuse et jalouse, c’était la prude Arsinoé ; mademoiselle de Brie, indulgente et dévouée, sera plus tard la sage Éliante ; mademoiselle Molière, vive, agaçante, coquette, est déjà Célimène, et le Misanthrope, ne le reconnaissez-vous pas dans Molière ? […] Le moyen d’être jaloux de pauvres diables qui ne seraient pas enterrés en terre sainte, et qui devaient brûler inévitablement et sans rémission dans le feu éternel ?
Il y aura toujours des avares, des misanthropes, des jaloux, des fâcheux ; mais les précieuses ont disparu, pour ne pas reparoître, à moins que ce ne soit sous un nouveau masque.
Quelle bonne satire du raffinement d’esprit substitué à la nature du cœur, que cette Orante et cette Climène des Fâcheux, qui s’appliquent sérieusement à discuter, en beau langage, s’il faut qu’un amant soit jaloux ou point jaloux288 ! […] En somme, la juste appréciation de l’École des Femmes est celle qu’exprimait Boileau dans les Stances qu’il envoyait à Molière pour ses étrennes de 1663, quatre jours après la première représentation336 : En vain mille jaloux esprits, Molière, osent avec mépris Censurer ton plus bel ouvrage ; Sa charmante naïveté S’en va pour jamais d’âge en âge Divertir la postérité.
À considérer le fond du sujet, un jeune prince, obligé de feindre l’insensibilité, pour vaincre celle de la beauté qu’il aime, n’a rien de commun avec Louis XIV, faisant partager à mademoiselle de La Vallière, sans ruse et sans effort, la passion qu’il a conçue pour elle, et n’employant dans ses amours d’autre dissimulation que celle qui pouvait en dérober quelque temps le secret à des yeux jaloux, et en augmenter le charme par le mystère. […] Deux troupes françaises, jalouses du succès de la troupe italienne, voulurent en avoir leur part.
Diana reste avec le prétendu Médecin, qui lui tâte le pouls, prétend qu’elle est amoureuse & jalouse. […] Il étoit fort jaloux de ne pas les rendre publiques ; & c’est par une preuve de la plus grande confiance, que j’ai eu une copie de toutes celles qu’il avouoit : je les ai fait relier en 6 vol.
Dom Garcie de Navarre, ou le prince jaloux, comédie héroïque en cinq actes en vers, représentée à Paris sur le théatre du palais royal le 4 février 1661. […] La confidence réitérée que fait Horace au jaloux Arnolphe, toujours la duppe, malgré ses précautions, « D’une jeune innocente, & d’un jeune éventé, le caractére inimitable d’Agnès, le jeu des personnages subalternes, tous formés pour elle, le passage promt & naturel de surprise en surprise, sont autant de coups de maître. […] Pressé par les ordres du Roi, qui ne lui donnérent pas le tems d’écrire sa piéce en entier, il eut recours au grand Corneille, qui voulut bien s’assujettir au plan de Moliere :50 les grands hommes ne sçauroient être jaloux. […] Dom Garcie de Navarre, ou le prince jaloux, comédie héroïque en cinq actes en vers, représentée à Paris sur le théatre du palais royal le 4 février 1661.
Éraste ayant à décider, après un vif débat entre deux dames, quel est l’amour préférable, de celui qui est jaloux ou de celui qui ne l’est pas, rend son jugement par un trait d’esprit qui est encore davantage un trait de bon sens et de vérité : « Puisqu’à moins d’un arrêt je ne puis m’en défaire, toutes deux à la fois je veux vous satisfaire ; et pour ne point blâmer ce qui plaît à vos yeux, le jaloux aime plus, et l’autre aime bien mieux. » L’ÉCOLE DES MARIS ET L’ÉCOLE DES FEMMES. […] » Préoccupé par ses pensées jalouses, il va frapper à la porte de Valère. […] Dans la fureur jalouse qui l’anime, il ne peut sortir de sa bouche que des erreurs et des extravagances ; et en effet, Agnès, à qui s’adresse surtout cette accusation, n’est ni méchante, ni fragile, ni extravagante, ni infidèle, puisqu’elle n’a jamais aimé son tuteur, et surtout elle n’est point imbécile. […] J’ai fait réflexion que pour vous épouser je vous ai dérobée à la clôture d’un couvent, que vous avez rompu des vœux qui vous engageaient autre part, et que le ciel est fort jaloux de ces sortes de choses. […] Ce sont emportements d’une jalouse rage.
Ces deux personnes parlent quelque temps des sentiments de leurs cœurs, et sont interrompues par le Misanthrope même, qui paraît furieux et jaloux : et l’auditeur se persuade aisément, par ce qu’il a vu dans l’autre acte, que la prude avec qui l’on l’a vu sortir lui a inspiré ces sentiments ; le dépit lui fait faire ce que tous les hommes feraient en sa place de quelque humeur qu’ils fussent ; il offre son cœur à la belle parente de sa maîtresse ; mais elle lui fait voir que ce n’est que le dépit qui le fait parler, et qu’une coupable aimée est bientôt innocente. […] On y voit un portrait naturellement représenté de ce que les amants font tous les jours en de semblables rencontres ; le Misanthrope paraît d’abord aussi emporté que jaloux ; il semble que rien ne peut diminuer sa colère, et que la pleine justification de sa maîtresse ne pourrait qu’avec peine calmer sa fureur ; cependant, admirez l’adresse de l’auteur : ce jaloux, cet emporté, ce furieux paraît tout radouci, il ne parle que du désir qu’il a de faire du bien à sa maîtresse : et ce qui est admirable, c’est qu’il lui dit toutes ces choses avant qu’elle se soit justifiée, et lorsqu’elle lui dit qu’il a raison d’être jaloux. […] Dom Garcie de Navarre, ou le Prince jaloux, comédie héroïque en cinq actes, en vers, représentée sur le théâtre du Palais-Royal*, 1661. […] Arlequin, valet de Pantalon, devient jaloux de son crédit, et ne néglige, jusqu’à la fin de la pièce, aucune occasion de le persécuter. […] Mais après un certain nombre de représentations, le monde comprit que la manière de traiter la comédie en philosophe moral était la meilleure, et laissant parler contre Le Misanthrope les poètes jaloux, toujours aussi peu croyables sur les ouvrages de leurs concurrents que les femmes sur le mérite de leurs rivales en beauté, il en est venu avec un peu de temps à l’admirer.
On baille à leur Pantalon avare, à leur Cabinet, à leur Femme jalouse, &c. qui sont des pieces très bonnes, & l’on s’amuse aux représentations du Turban enchanté, d’Arlequin cru Prince, de Camille Magicienne, & du Prince de Salerne, qui ne parlent pas à l’esprit, mais qui amusent les yeux, les surprennent même, & qui malheureusement ne sont que trop faites pour en imposer au grand nombre.
L’homme qui l’entretient de ses chevaux, de ses bonnes fortunes, de sa caleche ; celui qui le consulte sur l’air & les pas d’un ballet qu’il vient de composer ; Alcandre qui le prie de lui servir de second, & de porter un cartel pour lui à son ennemi ; Alcippe qui lui raconte ses malheurs dans une partie de piquet ; Oronte & Climene qui le prient de décider si un amant jaloux est préférable à celui qui ne l’est point ; le Chasseur qui lui fait part d’une chasse malheureuse ; l’Homme aux projets, qui veut enrichir la France en l’entourant de ports de mer ; le Savant, qui sollicite la charge de Contrôleur, Intendant, Correcteur, Reviseur & Restaurateur général des enseignes de Paris ; enfin, les divers caracteres de ces fâcheux devant également impatienter Ergaste en l’arrêtant, aucun d’eux ne devoit écraser les autres par une force trop supérieure.
Envain mille jaloux esprits, Moliere, osent avec mépris Censurer ton plus bel Ouvrage ; Sa charmante naïveté S’en va pour jamais d’âge en âge Enjouer la posterité.
Mendoce s’en retournoit consolé de toutes les disgraces qui lui étoient arrivées, quand le valet du jaloux Don Diegue, nommé Ordogno, qui passa auprès de lui, fit semblant d’avoir une idée confuse de sa personne, & commença de l’appeller Pays, quoiqu’il ne l’eût jamais vu que cette fois-là.
Lysidas, auteur vain et jaloux, dont la peinture a également fourni quelques traits pour celle de Trissotin. […] Leurs ennemis sont les mêmes : c’est l’altière Philaminte, qui veut disposer de sa fille en faveur d’un autre ; c’est la jalouse Armande, qui seconde les projets de sa mère, afin que Clitandre lui reste ou lui revienne ; c’est le ridicule et odieux Trissotin, qui, ne voyant que la dot, épouserait aussi volontiers l’aînée que la cadette, mais qui est obligé de s’attacher aux volontés toutes puissantes de la mère. […] La pédanterie d’Armande est un mélange hypocrite de platonisme et de sensualité ; c’est celle d’une sœur jalouse de sa cadette, qui ne s’est peut-être faite savante que pour complaire à sa mère, maîtresse absolue au logis, et qui est toute prête à sacrifier son horreur pour la matière au désir de rattraper l’amant qui lui échappe. […] Le premier, répandu dans le monde, a une vanité sournoise et jalouse qui ne loue que pour être louée, et une galanterie intéressée qui ne feint la passion que pour arriver à la fortune ; le second, vivant dans la poussière de ses livres grecs et latins, a une brutalité d’orgueil et de colère, qui rappelle les injurieux démêlés des Scaliger et des Scioppius.
Les jaloux se forment mille fantômes qui les tyrannisent. Moliere leur prouve, dans le Prince jaloux & dans le Cocu imaginaire, qu’ils doivent bien souvent leur supplice à leur imagination seule. […] Il y réprimande ces femmes qui, trop peu jalouses de leur réputation, ne prennent pas même le soin de cacher leur conduite déréglée : il y démasque les prudes, qui, se souciant fort peu de bien vivre, ne mettent toute leur étude qu’à cacher leurs désordres : il y tonne enfin contre ces coquettes, qui se font un jeu d’amuser plusieurs amants par de fausses démonstrations d’amour.
Il est jaloux, par-dessus le marché.
Il ne faudroit pas s’étonner qu’il ait si bien réussi à representer les desordres des mauvais ménages, & les chagrins des maris jaloux, ou qui ont sujet de l’être ; car on assûre qu’il savoit cela par expérience autant qu’homme du monde (C). […] (C) On assûre qu’il savoit par expérience les chagrins des maris jaloux, ou qui ont sujet de l’être.]