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18. (1848) De l’influence des mœurs sur la comédie pp. 1-221

On y trouve beaucoup d’intérêt et de mouvement. […] Damis, dont l’unique ambition est d’acquérir une grande renommée, résiste aux volontés de son oncle, et s’obstine à ne vouloir point suivre la carrière du barreau où l’intérêt lui semble trop mêlé à la gloire. […] Elle a donc de sa vertu une opinion plus favorable, puisqu’elle avoue hautement l’intérêt qu’il lui inspire? […] Il ne faut donc pas, encore une fois, s’exagérer l’intérêt que le Misanthrope inspire dans cette scène. […] Mais cette espèce de lutte, loin de le décourager, est pour lui d’un puissant intérêt.

19. (1734) Mémoires sur la vie et les ouvrages de Molière (Œuvres de Molière, éd. Joly) [graphies originales] pp. -

La Béjart, comédienne de campagne, attendoit ainsi que lui, pour exercer son talent, un tems plus favorable ; il lui rendit des soins, & bientôt, liés par les mêmes sentimens, leurs intérêts furent communs. […] Ce qui distingue encore plus particuliérement l’école des femmes, & dont l’antiquité ni les théatres modernes n’ont donné aucun modéle, c’est que tout paroît récit & tout est en action ; chaque récit, par sa proximité avec l’incident qui y a donné lieu, le retrace si vivement, que le spectateur croit en être le témoin ; & par un avantage singulier que le récit a sur l’action dans cette piéce, en apprenant le fait, on jouit en même tems de l’effet qu’il produit, parce que la personne qui a intérêt d’être instruite, apprend tout de celle qui a le plus d’intérêt à le lui cacher. […] Le ridicule outré d’un provincial donne lieu à un intrigant de profession, qui est dans les intérêts d’Eraste, d’imaginer divers moyens pour détourner également, & Oronte de donner sa fille à monsieur de Pourceaugnac, & monsieur de Pourceaugnac de finir le mariage qui l’avoit attiré à Paris. […] On retrouva, dans le rôle de Béline, un caractére malheureusement trop ordinaire dans la vie civile ; & l’on vit, avec plaisir, la sensible Angélique oublier les intérêts de sa passion, pour ne voir, dans son pere mort, que l’objet de sa douleur & de ses regrets. […] D’ailleurs, une critique trop sévére ne s’accordoit guéres avec l’intérêt d’une troupe que la gloire seule ne conduisoit pas, & qui ne jugeoit du mérite d’une comédie, que par le nombre des représentations, & par l’affluence des spectateurs.

20. (1850) Histoire de la littérature française. Tome IV, livre III, chapitre IX pp. 76-132

L’intérêt de ces pièces, c’est l’intérêt de la surprise. […] Là où l’intérêt n’est que le plaisir de la surprise, l’effet doit être le gros rire. […] Au lieu de rôles, sous lesquels l’homme perçait, voilà l’homme au naturel ; l’intérêt, c’est le plaisir de la surprise, auquel s’ajoute celui de la voir expliquée. […] Il y a plus d’intérêt, plus d’action, plus de passion. […] Trissotin est un de ces sots qui le sont en toutes choses, sauf sur leur intérêt.

21. (1910) Rousseau contre Molière

Ce qu’Arsinoé fait dans son intérêt à elle, Philinte le fait contre son intérêt à lui. […] N’a-t-il pas pour lui l’intérêt ? […] Dorante n’a-t-il pas pour lui l’intérêt ?  […] C’est elle qui a l’intérêt et c’est à elle que le parterre applaudit. […] C’est sur elle que se concentre tout l’intérêt.

22. (1877) Molière et Bourdaloue pp. 2-269

Des intérêts du ciel pourquoi vous chargez-vous ?... […] Il ne peut, dit-il, souffrir les gens qui couvrent leurs vices de l’intérêt du ciel. […] Les intérêts de Dieu, c’est-à-dire ce qui touche son culte, la religion, sa loi, son honneur, sa gloire ne peuvent jamais être balancés par nul autre intérêt. […] Prétendront-ils l’avoir mieux entendu que lui, avoir eu pour ses intérêts un zèle plus discret que lui ? […] Il en trouve même de surnaturelles pour remplir les grands offices qui peuvent lui être imposés dans son intérêt et surtout dans l’intérêt d’autrui.

23. (1835) Mémoire pour servir à l’histoire de la société polie en France « Chapitre XXXVII et dernier » pp. 442-475

. — La volonté du roi, lui ai-je répondu, mon devoir, ma reconnaissance et l’intérêt de mes proches. […] Dès 1677, les remontrances de l’assemblée du clergé, ou les jésuites avaient de puissants amis, les sollicitations de la cour de Rome, provoquées par les intrigues de la société, les conseils du chancelier Le Tellier et du marquis de Louvois son fils, tous deux ennemis de Colbert, qui protégeait les protestants comme des sujets utiles, enfin l’intérêt particulier de Louvois, ministre de la guerre, qui était atterré, dit Saint-Simon, par le poids d’un armistice de vingt années, à peine commencées, et qui voulait rendre ses troupes nécessaires par la persécution des huguenots, (elles furent les causes des dragonnades de 1683 et 1684. […] Là, sa vertu éclate avec tous ses autres mérites ; là, nul soupçon d’intérêt personnel ne peut l’atteindre ; là fut même pénible sacrifice de ses sentiments, s’il est vrai, comme on n’en peut douter et comme le disait sa clairvoyante rivale, qu’elle aimât ce roi dont elle remettait la reine en possession, et que les désirs qu’elle reconduisit vers la couche conjugale, s’étaient allumés ou éveillés pour elle. […] Elle devait être féconde en jouissances nouvelles cette amitié vive qui, par une conversation animée, sans chicane et sans contrainte, multipliait sans cesse et variait à l’infini ses épanchements vers l’objet aimé, les lui offrait toujours avec intérêt et toujours à propos, provoquait les siens, lui communiquait une vie nouvelle, une existence inconnue, créait en lui un autre homme, avec des facultés jusque-là ignorées de lui-même, l’introduisait dans ce pays nouveau dont parle madame de Sévigné, où avec d’autres yeux il voyait d’autres choses et d’autres hommes, l’introduisait dans son propre cœur où il n’était jamais descendu, l’apprenait à s’étudier et à se connaître, lui donnait une conscience pénétrée du besoin de sa propre estime, une conscience qui lui rendit bon témoignage de lui et de son amie. […] En se défendant par l’intérêt de l’honneur, auquel le roi pouvait opposer la promesse du secret, elle l’aurait rebuté ; en se défendant par la religion, par un devoir et par un intérêt commun ; en se défendant par un devoir qu’elle représentait comme pénible à son cœur, et comme assez contraire à son inclination pour laisser au roi l’espérance d’en obtenir l’oubli dans un moment propice, elle parvenait à la solution habile de cette grande difficulté de renvoyer le roi toujours affligé, jamais désespéré ; en prolongeant son désir, elle en faisait une passion vive et profonde.

24. (1819) Notices des œuvres de Molière (IV) : La Princesse d’Élide ; Le Festin de Pierre pp. 7-322

Ce nombre peut étonner, si, même en mettant à part le peu d’intérêt de la pièce, on considère qu’à Paris elle se montra dépouillée de tous ces brillants accessoires qui, à Versailles, en avaient fait du moins un plaisir pour les yeux et pour les oreilles. […] La troupe de Molière, fâchée sans doute d’avoir été devancée deux fois, mais estimant que la curiosité publique n’était pas encore épuisée, pressa Molière de faire à son tour parler et marcher la statue du commandeur ; et Molière, disposé en tout à se sacrifier aux intérêts de ses camarades, composa un troisième Festin de Pierre, qui fut représenté le 15 février 1665. […] Mais, si, dans Le Festin de Pierre, il n’y a point unité d’action, ni, par conséquent, unité d’intérêt, on peut dire que du moins il y a unité de caractère. […] A la vérité, le comédien Dorimond a donné pour second titre à sa pièce celui de L’Athée foudroyé ; mais ce n’est qu’une qualification sans exactitude ; car ce prétendu athée reconnaît formellement la divinité en plus d’une occasion, sans qu’on puisse supposer en lui l’intérêt ni la volonté de tromper. […] On peut, sans être coupable de cette odieuse imposture, affecter une foi plus ardente et une conduite plus régulière qu’on ne l’a réellement : c’est moins feindre un sentiment qu’en outrer les apparences, et soi-même alors on est dupe le premier de sa propre exagération ; mais celui qui cache une âme perverse et des mœurs infâmes sous les dehors d’une piété profonde, et qui allègue l’intérêt du ciel pour commettre et justifier tous les crimes, celui-là est un véritable hypocrite, et cet hypocrite est nécessairement un athée.

25. (1772) De l’art de la comédie. Livre premier. De ses différentes parties (1re éd.) [graphies originales] « CHAPITRE IV. Du Choix du Titre. » pp. 94-102

L’Auteur a enlevé par là tout l’intérêt de sa piece, & a privé le spectateur d’une agréable surprise, causée par un événement qu’il eût désiré sans oser l’espérer. […] Si l’un des caracteres est subordonné à l’autre, le titre ne doit annoncer que le caractere dominant : si au contraire les deux caracteres sont de la même force, s’ils partagent également l’intérêt, la curiosité, s’ils concourent également à l’intrigue, au dénouement, c’est un défaut essentiel dans la piece, comme nous le remarquerons quand il sera question de l’art de traiter les caracteres ; & l’Auteur ne le corrige pas en l’avouant. […] Regle générale, tous les titres sont bons quand ils exposent aussi simplement, aussi briévement qu’il est possible ce qu’on trouvera dans la piece, sans cependant instruire trop bien le spectateur sur les incidents, & lui enlever, par cette mal-adresse, le plaisir de la surprise ou d’un intérêt gradué.

26. (1772) De l’art de la comédie. Livre premier. De ses différentes parties (1re éd.) [graphies originales] « CHAPITRE XIX. De la Gradation. » pp. 342-351

Ces deux scenes sont parodiées l’une de l’autre, elles offrent à-peu-près la même situation ; mais celle du valet, précédant celle du maître, la fait desirer avec plus d’impatience, & redouble l’intérêt par le desir : aussi plaît-elle. […] Ce qu’il contient paroît n’être dû qu’au hasard : Il semble ne traiter que d’intérêts, d’affaires. […] Dites-moi, s’il vous plait, A vous en imposer ai-je quelque intérêt ?

27. (1824) Notice sur le Tartuffe pp. 91-146

Que, si je viens à être découvert, je verrai, sans me remuer, prendre mes intérêts à toute ma cabale, et je serai défendu par elle envers et contre tous. […] Les médecins, les précieuses, les marquis, tous les charlatans que Molière avait livrés à la risée publique, crient à la fois à l’impiété ; les libertins, les athées sont devenus dévots, et la tourbe des auteurs jaloux s’est changée en une troupe de lévites armés pour les intérêts du ciel. […] « J’espère, dit-il, que Molière recevra ces observations d’autant plus volontiers que la passion et l’intérêt n’y ont point de part Je n’ai pas le dessein de lui nuire, je veux au contraire le servir. […] « L’hypocrite est un homme très madré, mais d’assez bon conseil, qui dirige, pour son intérêt il est vrai, un père de  famille simple et crédule. […] C’est surtout comme peintre de mœurs et comme philosophe qu’il faut juger Molière ; les intérêts de la morale doivent passer avant les scrupules de la grammaire.

28. (1821) Notices des œuvres de Molière (VI) : Le Tartuffe ; Amphitryon pp. 191-366

Attribuant la longue durée de cette interdiction aux intrigues de ceux qui avaient intérêt à ce qu’elle n’eût point de terme, il se vengea d’eux dans un autre ouvrage qui, en leur donnant de nouvelles raisons de le détester, leur fournit de nouveaux moyens de lui nuire. […] Molière, en attaquant un vice que l’église croit souvent devoir ménager, ou que du moins elle se réserve de combattre, n’eut certainement pas le désir de servir les intérêts de la religion, qui étaient plus qu’étrangers aux siens. […] C’était un effet inévitable de sa position ; et son équité naturelle ne pouvait manquer d’en être altérée au point de lui faire voir, dans tout homme religieux qu’un pour zèle poussait à censurer ses écrits, un hypocrite qui n’obéissait, en les dénonçant, qu’aux plus vils motifs de l’intérêt humain. […] Mais l’art du poète qui traduit un fourbe sur la scène, consiste à lui tendre des pièges que ne puisse soupçonner toute sa défiance, ou que ne puisse éviter toute son adresse ; surtout à soulever contre lui ceux de ses vices dont il est le moins maître, afin que, dans le combat de ses passions et de son intérêt, son masque tombe ou se dérange. […] Enfin, si le valet échappe au sort dont son maître est la victime, la suivante devient tellement furieuse qu’elle menace de faire volontairement ce que sa maîtresse a fait sans le vouloir ni le savoir cette complication d’intérêts et de sentiments, ce jeu d’oppositions et de rapports qui anime si plaisamment la scène, est entièrement dû au personnage de Cléanthis.

29. (1852) Molière — La Fontaine (Histoire de la littérature française, livre V, chap. I) pp. 333-352

Cette alliance intime de la royauté et de la France, qui paraissait alors indissoluble comme tous les engagements du cœur, subsista aussi longtemps qu’il fut permis de croire que la puissance qui avait dit l’État c’estmoi ne séparait pas sa propre grandeur de celle de l’État, et qu’elle était la gardienne vigilante et dévouée de tous les intérêts. […] Ces gens qui par une âme à l’intérêt soumise Font de dévotion métier et marchandise, Et veulent acheter crédit et dignités Au prix de faux clins d’yeux et d’élans affectés ; Qui savent ajuster leur zèle avec leurs vices, Sont prompts, vindicatifs, sans foi, pleins d’artifices, Et, pour perdre quelqu’un, couvrent insolemment Des intérêts du ciel leur fier ressentiment : D’autant plus dangereux dans leur âpre colère, Qu’ils prennent contre nous des armes qu’on révère, Et que leur passion, dont on leur sait bon gré, Veut nous assassiner avec un fer sacré. […] Jamais contre un pécheur ils n’ont d’acharnement ; Ils attachent leur haine au péché seulement, Et ne veulent point prendre avec un zèle extrême Les intérêts du ciel plus qu’il ne fait lui-même. […] Si l’on ajoute à cet attrait de la réalité vivante le plaisir que cause le spectacle de l’humanité visible sous ces symboles animés, on aura les deux principes de l’intérêt universel qu’excitent Les Fables de La Fontaine.

30. (1881) La philosophie de Molière (Revue des deux mondes) pp. 323-362

L’historique du Tartuffe est une monographie d’une précision supérieure et d’un vif intérêt, parmi les faits importants démontrés par M.  […] L’Église prétendait qu’à elle seule appartenait le privilège de défendre la vraie religion ; mais le monde répondait que, toute question de piété mise à part, la famille, les intérêts et l’honneur étant menacés par la licence et la cupidité déguisées sous un manteau sacré, il y avait là des intérêts purement humains qui avaient le droit de se défendre par des armes profanes. En un mot, de même que la révolution a détruit plus tard toutes les juridictions ecclésiastiques et ramené au tribunal de la loi commune tous les délits, même ceux commis par les ecclésiastiques, de même Molière a revendiqué pour la juridiction de la comédie, c’est-à-dire de la raison libre, tous les délits moraux menaçant les intérêts et les droits de la société et des individus, lors même que ces intérêts auraient un côté commun avec les intérêts religieux. […] C’est donc par intérêt personnel que le libertin appelle du nom de cagotisme ou de tartuferie toute espèce de piété. […] » On lui reproche aussi de n’avoir pas suscité quelque acteur « pour défendre la cause de Dieu et défendre sérieusement ses intérêts.

31. (1825) Notices des œuvres de Molière (IX) : La Comtesse d’Escarbagnas ; Les Femmes savantes ; Le Malade imaginaire pp. 53-492

Et Molière connaissait-il si peu les intérêts de son art et de sa gloire, qu’il attendît, pour étaler des portraits comiques sur la scène, que les originaux ne pussent plus être aperçus dans la société, ou ne méritassent plus d’y être remarqués ? […] L’intérêt y est beaucoup moins puissant que dans Tartuffe ; mais la marche en est plus régulière et l’exécution plus correcte. […] Ils ont un intérêt, un but commun ; c’est la main d’Henriette, que l’un brûle d’obtenir, et que l’autre brûle de lui accorder. […] L’amour de nous-mêmes et le soin de notre propre conservation sont, sans contredit, nos sentiments, nos intérêts les plus naturels et les plus impérieux. […] Renoncer à cet art, c’était sacrifier à la fois ses intérêts et ses goûts ; c’était surtout laisser sans appui un théâtre qui était son ouvrage, et des comédiens qu’il regardait comme ses enfants.

32. (1835) Mémoire pour servir à l’histoire de la société polie en France « Chapitre XXXII » pp. 355-377

Sa fierté blessée se soumettait à l’intérêt qu’excitait en elle la mauvaise santé des enfants confiés à ses soins. […] Les déclamations des prédicateurs contre les unions illégitimes trouvèrent facilement accès dans des âmes où s’étaient refroidis des intérêts jusque-là sourds et rebelles à leur égard. […] Cela est plaisant, que tous les intérêts de Quanto et toute sa politique s’accordent avec le christianisme, et que le conseil de ses amis ne soit que la même chose avec celui de M. de Condom (Bossuet). […] L’année suivante n’amènera pas encore le dénouement de ce drame, mais y jettera des incidents propres à en ranimer l’intérêt.

33. (1772) De l’art de la comédie. Livre troisième. De l’imitation (1re éd.) [graphies originales] « CHAPITRE XVIII. » pp. 357-396

La Fleche annonce à son maître qu’il lui a trouvé quinze mille francs à emprunter, mais au plus gros intérêt : de plus, le prêteur n’ayant que douze mille livres comptant, l’emprunteur sera obligé de prendre, pour les mille écus restants, un vieux lit, un fourneau de brique, un luth, un trou-madame, une peau de lézard, &c. […] c’est là le payeur d’intérêt ? […] Harpagon & Mithridate, guidés par la même crainte, le même intérêt, ont recours à la même ruse ; & le dernier, au lieu de dire, Le Ciel en ce moment m’inspire un artifice, auroit fort bien pu s’écrier, Moliere en ce moment m’inspire un artifice. […] je vous prie, Euclion, faites-moi le plaisir de m’écouter un peu tranquillement : j’ai à vous entretenir d’une affaire qui concerne également vos intérêts & les miens. […] Sa défiance le fait agir contre ses intérêts ; & puis, l’occasion s’est-elle évanouie, mon homme alors, ayant réfléchi plus sérieusement, en vient au repentir : il voudroit bien renouer l’affaire, mais il n’est plus temps.

34. (1836) Une étude sur Molière. Alceste et Célimène (La Revue de Bordeaux et Gironde unies) pp. 65-76

J’étais persuadé qu’il y avait fort peu de femmes qui méritassent un attachement sincère; que l’intérêt, l’ambition et la vanité font le nœud de toutes leurs intrigues. […] Ma passion est venue à un tel point qu’elle va jusqu’à entrer avec compassion dans ses intérêts; et, quand je considère combien il m’est impossible de vaincre ce que je sens pour elle, je me dis en même tems, qu’elle a peut-être la même difficulté à détruire le penchant qu’elle a d’être coquette, et je me trouve plus de disposition à la plaindre qu’à la blâmer. […] La femme avancée est donc tout au plus l’être du présent. — Pour amener cette transaction entre le passé et l’avenir, pour remplir cette mission conciliatrice entre des idées et des intérêts représentés par des hommes, la femme doit chercher à plaire à tous, mais non à tous de la même manière; c’est sur ce dernier point seulement que Célimène s’était trompée et que d’autres se trompent encore.

35. (1835) Mémoire pour servir à l’histoire de la société polie en France « Chapitre XVII » pp. 193-197

Molière et Boileau avaient besoin de la protection immédiate du roi ; ils en avaient besoin pour le plus noble et le plus cher de leurs intérêts : l’intérêt de leur talent.

36. (1772) De l’art de la comédie. Livre premier. De ses différentes parties (1re éd.) [graphies originales] « CHAPITRE VII. De l’Exposition. » pp. 139-164

Je vois qu’il reprend tout, & qu’à ma femme même Il prend, pour mon honneur, un intérêt extrême : Il m’avertit des gens qui lui font les yeux doux, Et plus que moi six fois il s’en montre jaloux. […] Pour que l’exposition soit bonne il ne suffit pas d’apprendre les événements qui ont précédé l’action à un personnage qui les ignore, il faut encore en instruire seulement ceux qui sont intéressés à les savoir, ou ceux à qui l’on a grand intérêt de les apprendre. […] Ce n’est pas seulement parceque Mascarille n’en est pas instruit ; mais Lélie qui a besoin de Mascarille, lui fait cette confidence pour le mettre dans ses intérêts, comme on le voit par ces vers qui sont dans la seconde scene du premier acte. […] Pour ne pas multiplier les exemples, tâchons d’en trouver un qui prouve en même temps que les Anciens racontoient non seulement leur avant-scene à des personnages qui n’étoient pas intéressés à être instruits, mais encore à des personnages qu’ils n’avoient eux-mêmes nul intérêt d’instruire : la premiere scene de l’Andrienne remplira ce double but. […] Simon a-t-il intérêt à l’apprendre à Sosie ?

37. (1863) Molière et la comédie italienne « Chapitre premier. Préliminaires » pp. 1-8

Aujourd’hui un tout autre sentiment dirige les recherches dans le même sens, c’est l’intérêt de plus en plus vif qui s’attache à tout ce qui a pu servir son génie, c’est le désir de montrer comment l’imagination ne crée point de rien, comme quelques-uns se le figurent, mais transforme et vivifie ce qu’elle touche, et d’une chose morte fait une chose impérissable. […] Il y a, comme on le voit, un grand intérêt à déterminer aussi exactement que possible quel est le contingent que la comédie italienne a apporté à Molière et par lui à notre littérature comique.

38. (1772) De l’art de la comédie. Livre second. De ses différents genres (1re éd.) [graphies originales] « CHAPITRE VI. Des Pieces à scenes détachées, dans lesquelles une Divinité préside. » pp. 61-74

Gresset, vient se plaindre de la Critique qui trouve dans son intrigue un double intérêt. La Critique a tort, répond la Muse, & l’intérêt ne peut être double où l’on n’en trouve point du tout. […] Il demande ensuite quelques éventails communs, des rubans unis pour sa femme, & les plus beaux bijoux pour une Actrice de l’Opéra qu’il entretient ; ce qui fait dire au Chevalier : Du monde perverti tel est le caractere : L’intérêt & l’orgueil prodiguent les écus, Les plaisirs effrénés répandent encor plus ;   Mais l’amitié ne donne guere.

39. (1772) De l’art de la comédie. Livre premier. De ses différentes parties (1re éd.) [graphies originales] « CHAPITRE VI. Des Prologues. » pp. 118-138

Plaute, dans quelques-uns de ses prologues, sollicite pour les acteurs la bienveillance des Juges, la faveur du Peuple, tel que celui du Pseudole : dans les autres, il parle pour son intérêt, en exposant aux auditeurs le sujet de la piece ; c’est même sa méthode la plus ordinaire, & celle qu’il a mise en usage dans le prologue des Captifs, du Pænulus, des Menechmes, &c. […] Nous demandons que tout l’intérêt s’y réunisse sur une seule personne, & que le personnage intéressant, le soit par lui-même ; sans quoi je suis souvent tenté de l’oublier, pour m’occuper de son pere qui m’a trop vivement frappé. […] Aucun motif d’intérêt & de curiosité ne le retient ; il n’a qu’à se retirer, & laisser les acteurs débiter la piece aux coulisses. […] Ce sont les prologues qui exposent les caracteres de tous les personnages du drame, qui les mettent en action, & qui font marcher l’intrigue & l’intérêt de façon qu’ils en font un véritable premier acte.

40. (1772) De l’art de la comédie. Livre quatrième. Des imitateurs modernes (1re éd.) [graphies originales] « CHAPITRE XV. M. DE CHAMFORT. » pp. 420-441

En un mot son pere n’avoit rien oublié pour lui inspirer de bonne heure l’amour du gain, & l’attacher à ses intérêts d’une maniere capable de prévenir l’ardeur naturelle de ses autres passions. […] Mais à l’approche de cette isle, notre jeune homme, rêveur & pensif, vint à considérer le temps qu’il avoit perdu & à calculer tous les jours que son capital ne lui avoit produit aucun intérêt. […] Cette pauvre malheureuse eut beau fondre en larmes, & lui représenter qu’elle étoit enceinte de ses œuvres ; insensible à toute autre voix qu’à celle de l’intérêt, il ne pensa qu’à profiter de son aveu pour en tirer une plus grosse somme d’un Marchand de la Colonie auquel il la vendit. […] Non, lui dit le Génois, je vous ai rendu service sans intérêt, & je m’en crois déja trop bien payé : mais si vous vous croyez obligé à quelque reconnoissance, je vous prie de l’exercer dans votre patrie envers quelques-uns de ces malheureux Chrétiens qui y gémissent dans l’état d’où vous sortez.

41. (1866) Petite comédie de la critique littéraire, ou Molière selon trois écoles philosophiques « Première partie. — L’école dogmatique — Chapitre premier. — Une leçon sur la comédie. Essai d’un élève de William Schlegel » pp. 25-96

Ce n’est pas non plus l’esprit tout politique d’un théâtre où les plus graves intérêts de la République étaient audacieusement discutés, comme du haut d’une tribune burlesque. […] Sans jamais tendre notre esprit par aucun effort d’attention soutenue, sans nous attacher même par aucun intérêt sérieux, son théâtre nous retient par les seuls attraits d’une poésie et d’une gaieté toujours épanouies. […] J’aimerais en particulier le déguisement de M. de Pourceaugnac en femme, si le danger véritable que court à cette occasion ce pauvre gentilhomme, ne m’inspirait un intérêt trop sérieux pour être compatible avec la gaieté comique. […] La manie d’enfouir ce qu’on possède ne va guère avec celle de rien prêter, même à gros intérêts. […] L’auteur comique doit éviter soigneusement tout ce qui pourrait inspirer un intérêt véritable pour la situation de ses personnages : car cela ramènerait infailliblement le sérieux.

42. (1835) Mémoire pour servir à l’histoire de la société polie en France « Chapitre XXXIII » pp. 378-393

Elle ne prétendait pas faire oublier madame de Montespan par les saillies, par les moqueries, par les imitations chargées ; mais elle faisait sentir au roi un intérêt de cœur, elle lui faisait pressentir des jouissances inconnues, elle excitait dans son âme la puissance des sympathies ; la glorieuse, l’amante de la considération s’entendait bien avec l’amant de la gloire sur la valeur de cette jouissance, sur les moyens de se l’assurer. […] Les causes déterminantes, comme nous le verrons dans les événements de cette année, 1680 et des précédentes, qui été l’inconstance du roi, la lassitude des continuelles avanies qu’elle lui attirait, et surtout la douceur, la raison pleine de charmes, le vif intérêt qu’il trouvait dans la conversation de madame de Maintenon, son inclination pour elle, le désir de se fixer à la possession du noble cœur qu’il lui avait reconnu. […] M. de Beausset aurait peut-être dû se défier de l’intérêt qui rattachait à la gloire de Bossuet, et surtout de l’aversion qu’il a dû reconnaître dans le duc de Saint-Simon pour madame de Maintenon ; il n’aurait pas refusé à cette femme illustre un témoignage mérité de son heureuse influence sur le retour du roi à des habitudes régulières, pour l’attribuer exclusivement au prélat qui avait tant d’autres titres à ses hommages.

43. (1835) Mémoire pour servir à l’histoire de la société polie en France « Chapitre XXXVI » pp. 413-441

L’adversité, qui, dans le même temps, menaçait les intérêts politiques du roi, concourut puissamment à arrêter l’essor du poète, devant le changement des mœurs de la haute société. […] Quand on a lu avec intérêt les lettres de madame de Sévigné, on peut concevoir que quelque chose rem péchait de se laisser aller au pathétique des premiers ouvrages de Racine, excepté à celui d’Andromaque. […] Leurs intérêts et ceux de madame de Sévigné étaient liés, leurs goûts étaient communs. […] Mais c’est une politesse que madame de Sévigné a cru devoir à son cousin, en reconnaissance de l’intérêt qu’il témoignait pour La Fontaine, par pure courtoisie pour elle.

44. (1772) De l’art de la comédie. Livre second. De ses différents genres (1re éd.) [graphies originales] « CHAPITRE XIV. Des Pieces intriguées par plusieurs Personnages. » pp. 169-175

On ne peut pas dire que dans une piece bien faite d’ailleurs, mais intriguée de dessein prémédité par plusieurs personnes, l’intérêt soit pour cela partagé, parceque les intrigants, en grand ou en petit nombre, n’y agissent que pour mener le spectateur au but qui seul l’intéresse. Cependant, comme ce même intérêt que le public prend à la chose rejaillit sur les personnes qui se chargent de la faire réussir, j’ai remarqué qu’il aime à ne suivre que la marche d’un seul personnage, & à ne pas partager entre plusieurs l’obligation du succès.

45. (1856) Les reprises au Théâtre-Français : l’Amphitryon, de Molière (Revue des deux mondes) pp. 456-

Menant de front les travaux littéraires et la profession de comédien, obligé de songer aux intérêts de ses camarades, dont il était le chef, il n’avait pas toujours le temps de chercher en lui-même ou autour de lui des sujets nouveaux. […] Venceslas et Saint Genest, sans offrir au point de vue poétique le même intérêt qu’Horace et Cinna, ne sont pas moins dignes d’attention pour ceux qui aiment à suivre les transformations de notre langue.

46. (1835) Mémoire pour servir à l’histoire de la société polie en France « Chapitre XII » pp. 100-108

Mais des ambitions, des vanités de cour et des intérêts de cœur, si l’on peut donner ce nom à des relations de galanterie, se saisirent des griefs populaires. […] Dans les intérêts du gouvernement étaient les femmes de la maison de la reine, et les sept nièces du cardinal, qu’il avait fait venir d’Italie en 1647 : cinq du nom de Mancini ; deux du nom de Martinozzi.

47. (1772) De l’art de la comédie. Livre premier. De ses différentes parties (1re éd.) [graphies originales] « CHAPITRE XXVII. Des aparté. » pp. 446-462

Lorsqu’un acteur en écoute un autre qui ne le voit pas, & qu’il fait des aparté sur ce qu’il entend, il doit attendre, pour faire ses réflexions, ou pour exposer ses desseins, que ce même acteur ait cessé de parler ; ne dire que peu de paroles, & écouter bien vîte, crainte de perdre un mot de ce que vraisemblablement il a grand intérêt à savoir. […] Le Chevalier a intérêt de ménager deux femmes qu’il dupe. […] Madame Patin de son côté est surprise de ce grand intérêt, & en demande la cause.

48. (1772) De l’art de la comédie. Livre quatrième. Des imitateurs modernes (1re éd.) [graphies originales] « CHAPITRE V.*. Destouches imitateur, comparé à Moliere, Plaute, Regnard, Shakespeare, &c. » pp. 185-218

Ce n’étoit pas assez d’éviter cet écueil, il falloit encore intéresser les spectateurs pour l’amant proposé, & donner une gradation vraisemblable aux progrès que cet amant fait sur le cœur de la maîtresse éprouvée : d’ailleurs le plan de cette piece demandoit de joindre à cet intérêt un comique tiré du fonds du sujet. […] On m’avouera que ce trait est assez perfide pour diminuer l’intérêt qu’on seroit tenté de prendre à lui. […] Il falloit mettre à sa place un personnage qui réunît en quelque sorte le double intérêt d’amant & de mari, comme tous les Tuteurs de Moliere, & qui, en perdant une maîtresse infidelle, perdît au moins une somme considérable pour prix de sa curiosité, supposée impertinente par l’Auteur. […] Chez Destouches, les valets, la soubrette ne servent qu’à parodier burlesquement leurs maîtres & à détourner le peu d’intérêt qui pourroit rejaillir sur eux. […] Il la prie (comme nous l’avons dit en passant dans le premier volume, chapitre de l’intérêt), de le conduire vers son tombeau ; il veut lui faire promettre de vivre heureuse : loin d’y consentir, elle se tue en voyant expirer son amant.

49. (1800) Des comiques d’un ordre inférieur dans le siècle de Louis XIV (Lycée, t. II, chap. VII) pp. 294-331

Dorante (c’est le nom du mari) s’oppose à cette union par des vues d’intérêt, et Célie, sous le prétexte de recevoir chez elle les jeunes gens qui courtisent cette jeune personne, est l’objet de mille cajoleries concertées qui désespèrent Dorante dont elle connaît le faible, et lui arrachent enfin son consentement au mariage. […] Il a fidèlement suivi l’original latin dans l’intrigue, qui a de l’intérêt, mais nullement dans la diction, dont il est bien éloigné d’avoir la pureté, la grâce et la finesse. […] Il avait alors près de quarante ans, et la vie qu’il avait menée jusque-là, son goût pour le plaisir, le jeu et les voyages, semblaient promettre si peu ce qu’il est devenu, que quelques détails sur sa personne et ses aventures, d’ailleurs curieux par eux-mêmes, ne feront que répandre plus d’intérêt sur la notice de ses ouvrages dramatiques. […] Mais ce contraste divertit, et l’on se prête à l’illusion pour l’intérêt de son plaisir. Un trait d’habileté dans l’auteur, c’est d’avoir donné au Ménechme officier, non seulement une jeune maîtresse qu’il aime, mais une liaison d’intérêt avec une vieille folle dont il est aimé.

50. (1862) Corneille, Racine et Molière (Revue chrétienne) pp. 249-266

Elle est surtout dans les joies, dans les soucis, et jusque dans les tristesses du foyer domestique ; dans ce drame long, monotone et doux de la vie de famille ; dans le retour régulier de ce qu’attend une espérance modeste; dans les épisodes gracieux, sombres eu touchants que la Providence entremêle à l’épopée de chacune de nos vies ; dans le souvenir respectueux des vertus réelles et pratiques des ancêtres; dans l’estime plus que dans la gloire ; dans un amour intime de la terre natale, de tous ses enfants, de tous ses intérêts; dans la vie intérieure du cœur, vaste et profond théâtre où, dans un demi-jour solennel, se meuvent tant d’idées et de sentiments, d’images et de réalités, de souvenirs et d’espérances ; dans la religion enfin, sans laquelle toute poésie est menteuse ou mutilée, et qui, seule, donnant une valeur impérissable à ce qui ne parait pas, en enlève d’autant à tout ce qui parait et qui éclate. […] Du rapprochement de l’une avec l’autre naît un vif et sympathique intérêt. […] Il se préoccupe moins des intérêts intellectuels et moraux de la femme que des intérêts d’honneur de l’homme qui doit l’associer à sa destinée. […] Aussi le Tartufe a-t-il autre chose qu’un intérêt littéraire; il a une portée historique et morale que l’on ne saurait assez méditer.

51. (1867) La morale de Molière « CHAPITRE VII. De l’Amour. » pp. 121-144

L’amour, chez eux, ne sera point un entraînement des sens seulement, ni une fantaisie de l’imagination exaltée par quelque circonstance romanesque ; il ne sera pas une affaire de mode, ni un marché d’intérêt, ni une alliance fondée froidement par la raison, non : il sera l’amour, cette inexplicable et toute-puissante attraction d’une âme vers une autre âme, non point nue et abstraite, mais vivante, revêtue d’un corps et d’un sexe, joignant la grâce physique aux charmes de l’esprit et aux caresses du cœur ; enfin ce je ne sais quoi 421, matière infinie des poètes, mystère inexplicable pour Platon, si l’on n’y admet quelque chose de divin422. […] Et c’est la vérité : sous toutes ces erreurs et ces hésitations qui sont vraies, il y a l’amour vrai, qu’aucune puissance, aucun intérêt ne pourra arrêter, parce que les cœurs qu’il mène sont poussés par une puissance et un intérêt supérieurs à tous les autres455. […] Il la voulait entière, et, comme on vient de le voir, il n’admettait pas qu’on la sacrifiât aux intérêts de l’amour même.

52. (1882) Molière (Études littéraires, extrait) pp. 384-490

S’il fit le bien, ce fut par intérêt, pour avoir, comme un souverain, son cortège d’adulateurs et de courtisans. […] car il faut être vraiment aveugle pour regarder comme une maladresse une des plus fécondes ressources de l’intérêt comique. […] Le spectacle de cette solidarité n’est-il pas salutaire pour le bon sens, et d’autant plus efficace qu’il parle à l’intérêt bien entendu ? […] C’est dans l’intérêt de leur bonheur qu’elle défend le sien : car ils seront malheureux avec elle. […] Les intérêts de sa troupe furent tout aussi pressants.

53. (1772) De l’art de la comédie. Livre second. De ses différents genres (1re éd.) [graphies originales] « CHAPITRE XXVII. Du Caractere des Professions. » pp. 284-302

Nous n’oserons pas mettre sur la scene ce Conseiller garde-note, prenant sur son compte l’argent qu’il feint de placer, le prêtant au plus fort intérêt, faisant enfin banqueroute : non, sans doute. […] Il y a grande différence, me dira-t-on peut-être, entre plaider & juger contre son intérêt : j’en conviens ; mais elle est toute à l’avantage de l’Avocat, puisqu’il peut se récuser plus facilement que le Juge que M. Diderot suppose obligé de prononcer, puisqu’il peut encore feindre de combattre vigoureusement, n’alléguer pourtant que des raisons foibles, & voir augmenter sa gloire sans rien perdre de ses intérêts.

54. (1772) De l’art de la comédie. Livre second. De ses différents genres (1re éd.) [graphies originales] « CHAPITRE XLIII. Du But Moral. Philosophie de Regnard comparée à celle de Moliere. » pp. 504-548

Mais comme ledit prêteur n’a pas chez lui la somme dont il est question, & que, pour faire plaisir à l’emprunteur, il est contraint lui-même de l’emprunter d’un autre sur le pied du denier cinq, il conviendra que ledit premier emprunteur paie cet intérêt, sans préjudice du reste, attendu que ce n’est que pour l’obliger que ledit prêteur s’engage à cet emprunt. […] & n’est-il pas content du furieux intérêt qu’il exige, sans vouloir encore m’obliger à prendre pour trois mille livres les vieux rogatons qu’il ramasse ? […] Nous ne l’accuserons donc point d’avoir été un de ces prétendus philosophes dont on ne voit que trop de modeles dangereux, un de ces humains isolés sur la terre, qui, regardant la vertu comme quelque chose d’imaginaire, pensent que l’homme peut sacrifier à son intérêt, honneur, réputation, bienséances, & doit toujours satisfaire ses desirs, n’importe par quelle voie : mais nous pouvons, du moins, assurer que ses ouvrages sont pleins de cet esprit ; ils respirent une morale empoisonnée. […] Les comédiens devroient, pour leur propre intérêt, jouer de temps en temps l’Impromptu de Versailles. […] Ces gens qui, par une ame à l’intérêt soumise, Font de dévotion métier & marchandise, Et veulent acheter crédit & dignités A prix de faux clins d’yeux & d’élans affectés : Ces gens, dis-je, qu’on voit, d’une ardeur non commune, Par le chemin du Ciel courir à la fortune ; Qui, brûlant & priant, demandent chaque jour, Et prêchent la retraite au milieu de la Cour ; Qui savent ajuster leur zele avec leurs vices, Sont prompts, vindicatifs, sans foi, pleins d’artifices, Et, pour perdre quelqu’un, couvrent insolemment De l’intérêt du Ciel leur fier ressentiment ; D’autant plus dangereux dans leur âpre colere, Qu’ils prennent contre nous des armes qu’on révere, Et que leur passion, dont on leur sait bon gré, Veut nous assassiner avec un fer sacré, &c.

55. (1819) Introduction aux œuvres de Molière pp. -

Ainsi, cette fois, la susceptibilité et l’intérêt propre des magistrats tournèrent à l’avantage de l’art, qu’ils poussèrent vers sa perfection, ne croyant que réprimer sa licence. […] Tel était le principal ou plutôt l’unique fondement de l’intérêt dans les comédies grecques. […] Harpagon est avare, et il devient amoureux d’une fille sans bien ; il s’emporte contre son fils qui emprunte à gros intérêt, et c’est lui-même qui lui prête à usure. […] Je ne parle pas du métier de préteur à gros intérêt et sur gage, que fait Harpagon : l’usure est une partie de son vice, et il ne la fait qu’en amateur. […] Molière ressentit vivement ces procédés peu délicats qui blessaient son cœur et nuisaient à ses intérêts.

56. (1863) Molière et la comédie italienne « Chapitre XVII. Conclusion » pp. 339-351

On voit si l’intérêt de la scène s’accroît prodigieusement ! […] Dans toute littérature dramatique, il y a une part caduque, tout actuelle, ne pouvant guère survivre au jour qui l’a vue naître ; et il y a une part immortelle que nous n’entrevoyons que vaguement, tant l’intérêt présent nous occupe.

57. (1855) Pourquoi Molière n’a pas joué les avocats pp. 5-15

Tout cela ne vient pas des individus, mais bien de la profession elle même, et c’est de là que naît le comique, c’est là ce qui fait rire même de l’idée de la mort, à chaque instant brutalement répétée ; car autrement, un homme qui de lui-même se jouerait de la vie d’un autre serait odieux, tandis que le médecin, entêté de ses règles, « vous expédiera de la meilleure foi du ‌ monde6. » Mais, en conservant cette même idée, ne faisons que changer de robe; nous voici en Cour d’assises : cet avocat qui est là plaide pour sauver un accusé de la mort ; l’intérêt est le même, c’est de même aussi l’exercice d’une profession, seulement ici le sourire ne saurait trouver place. […] L’avocat n’a pas à créer; il prend les faits dans son dossier; il les explique non pas, avec son imagination, mais avec sa raison et son expérience des affaires ; et quant au public, ignore-t-on que les portes de l’audience ne sont pas ouvertes pour que des esprits oisifs ou blasés viennent chercher le plaisir dans le scandale, l’intérêt dans l’aspect d’un malheureux ?

58. (1769) Éloge de Molière pp. 1-35

Corneille, par un effort de génie, avait pris l’intérêt dans les passions. […] Du commerce des deux sexes naît cette foule de situations piquantes où les placent mutuellement l’amour, la jalousie, le dépit, les ruptures, les réconciliations, enfin l’intérêt mêlé de défiance que les deux sexes prennent involontairement l’un à l’autre. […] Mais que Molière eût traité ce sujet, il l’eût dirigé vers un but philosophique ; il eût peint la destinée d’un vieux garçon, qui n’inspirant un véritable intérêt à personne, est dépouillé tout vivant par ses collatéraux et ses valets. […] On sait, par exemple, que les hommes n’ont guère pour but que leur intérêt dans les conseils qu’ils donnent.

59. (1867) La morale de Molière « CHAPITRE XI. De la Religion. Principe et Sanction de la Morale de Molière. » pp. 217-240

., et il n’a laissé dans mon cœur pour vous qu’une flamme épurée de tout le commerce des sens, une tendresse toute sainte, un amour détaché de tout, qui n’agit point pour soi, et ne se met en peine que de votre intérêt… Je vous ai aimé avec une tendresse extrême ; rien au monde ne m’a été aussi cher que vous ; j’ai oublié mon devoir pour vous, j’ai fait toutes choses pour vous ; et toute la récompense que je vous en demande, c’est de corriger votre vie et de prévenir votre perte. […] Quelque mine qu’ils fassent, ce n’est point du tout l’intérêt de Dieu qui les peut émouvoir ; ils l’ont assez montré dans les comédies qu’ils ont souffert qu’on ait jouées tant de fois en public sans en dire le moindre mot. […] Jamais contre un pécheur ils n’ont d’acharnement : Ils attachent leur haine au péché seulement, Et ne veulent point prendre, avec un zèle extrême, Les intérêts du ciel plus qu’il ne veut lui-même. […] Ce genre de dénouement n’est ni moral, ni vrai, ni vraisemblable : il est simplement pratique, et s’il est volontiers accepté par le public, c’est parce qu’il répond au désir secret qu’éprouve chacun de voir le bonheur des bons et le châtiment des méchants : il répond à notre sens moral, mais il ne peut aucunement être accepté. comme une sanction morale ; car, au contraire, la morale serait détruite, si chaque bonne ou mauvaise action entraînait immédiatement récompense ou peine ; la liberté disparaîtrait, et l’homme, esclave d’une crainte continue, n’aurait plus d’autre conscience que l’intérêt immédiat et la conservation.

60. (1772) De l’art de la comédie. Livre quatrième. Des imitateurs modernes (1re éd.) [graphies originales] « CHAPITRE PREMIER. Regnard imitateur comparé avec la Bruyere, Plaute, & la nature. » pp. 5-50

Voilà le seul intérêt qui regne dans la piece. […] Clitandre emprunte deux mille écus d’un usurier, à gros intérêt. […] Philolache prend chez un usurier quarante mines, à un & demi pour cent d’intérêt. […] J’entends qu’il y a aussi un crédit d’intérêt. […] Son intérêt veut qu’il retienne le maître.

61. (1772) De l’art de la comédie. Livre quatrième. Des imitateurs modernes (1re éd.) [graphies originales] « CHAPITRE V. D’Ancourt imitateur, comparé à Moliere, la Fontaine, Saint-Yon, le Sage, Montfleury, &c. » pp. 133-184

D’ailleurs Léonor se donne tous ces soins pour un amant qu’elle aime, & Angélique pour un homme indifférent, ce qui affoiblit bien l’intérêt. […] Le fils d’Harpagon est contraint d’emprunter à gros intérêt, pour paroître décemment dans le monde ; Clitandre, fils de M.  […] L’Avare prête à gros intérêt, l’emprunteur est son fils ; Harpin & Clitandre se trouvent dans le même cas. […] Je conviens que la cloison & la fente amenées sans art auroient été ridicules ; mais préparées par une main habile, qu’elles pourroient jetter de naturel & d’intérêt dans une piece ! […] Le Lieutenant Particulier qui, pour les intérêts de son inimitié, avoit besoin de la mort de Pivardie, s’obstine à ne pas vouloir le reconnoître ; il est enfin forcé de se rendre à des preuves convaincantes.

62. (1914) En lisant Molière : l’homme et son temps, l’écrivain et son œuvre pp. 1-315

Elle sent la religion protégée, respectée, mais peu aimée, point trop aimée au moins, point jusque-là que les chefs de l’État obéissent à ses ministres ou dirigent la politique dans leur intérêt. […] Cela vient peut-être, que ce qui fait pour nous l’intérêt de Don Juan n’était d’aucun intérêt pour les anciens. […] La morale en effet n’est pas autre chose qu’un effort que font les hommes pour échapper à leur égoïsme naturel, aux inspirations et aux commandements de leur intérêt et, à peu de chose près, les idées moyennes des hommes ne sont pas autre chose que les résultats des réflexions qu’ils ont faites sur leur intérêt bien entendu. […] Corneille dit par toutes ses pièces ou par la plupart ou par les plus belles : « Il n’y a de beau que de vivre dangereusement et il n’y a de beau que d’agir contrai-renient à ses intérêts. »Molière dit : « Il faut vivre prudemment et conformément à ses intérêts bien entendus. […] Agnès est la fille de la nature comme sa voulu Arnolphe et comme il sa beaucoup trop voulu pour ses intérêts.

63. (1772) De l’art de la comédie. Livre premier. De ses différentes parties (1re éd.) [graphies originales] « CHAPITRE XIII. De la liaison des Scenes. » pp. 250-260

On répliquera encore, & la réplique sera juste, qu’il est des circonstances dans lesquelles l’acteur, ou les acteurs qui arrivent sur la scene, ne doivent pas voir tous ceux qui en sortent ou ne doivent pas se trouver avec eux, soit pour leur propre intérêt ou pour celui de l’Auteur. […] De cette façon les événements & les acteurs se succedent mutuellement, sans laisser le théâtre vuide, sans laisser refroidir l’action ; & l’Auteur, d’incident en incident, de personnage en personnage, file chaudement une intrigue, & tient continuellement en arrêt l’attention, l’intérêt & la curiosité du public.

64. (1886) Molière : nouvelles controverses sur sa vie et sa famille pp. -131

Qu’on se rappelle la communauté d’intérêts qui unit si longtemps les deux chefs de la troupe de 1’Illustre théâtre, leurs longues pérégrinations dans le Midi de la France, cette vie nomade sur laquelle justement M. […] Bien différents étaient ceux que rédigeaient les notaires et les officiers de judicature, surtout quand l’âge des parties était un élément de leur validité ; autrement les intérêts des tiers auraient souvent été compromis. […] Il eût évité l’ennui de s’entendre dire qu’il avait consacré moins de 40 pages à son sujet et plus de 400 à ce qui ne l’est pas ; et l’ouvrage, qui est fort instructif, n’y eût rien perdu de son intérêt. […] Cette rectification topographique n’est pas, au fond, d’un grand intérêt ; ce qui importe davantage, c’est que, contrairement encore à l’opinion de ces biographes, l’adolescence de Molière ne s’écoula point dans cette maison. […] Pendant que la peste, la guerre et la famine désolent le pays, la noblesse se préoccupe uniquement de son intérêt et de son plaisir : sa frivolité n’a d’égale que son immoralité.

65. (1884) Molière et les Allemands pp. 3-12

Je suis de ceux qui voudraient couper court à cette erreur, qui est une duperie : de là cette polémique, qui a peut-être son intérêt pour notre Littérature nationale (Nord et Midi). […] — Autre détail domestique dont l’intérêt privé a trait à Molière de plus près.

66. (1801) Moliérana « [Anecdotes] — [88, p. 132] »

1775, Anecdotes dramatiques, tome II, p. 93-94 Molière eut, comme les premiers farceurs, l’objet d’amuser et de faire rire ; mais par des moyens moins libres, et moins éloignés de la vraie comédie. « Je suis comédien aussi bien qu’auteur, disait-il, il faut réjouir la cour et attirer le peuple, et je suis quelquefois réduit à consulter l’intérêt de mes acteurs aussi bien que ma propre gloire. »

67. (1772) De l’art de la comédie. Livre troisième. De l’imitation (1re éd.) [graphies originales] « CHAPITRE II. » pp. 20-52

Il dit que l’intérêt corrompt l’homme. Son valet Brighel paroît, il lui confie son secret & ses remords ; il a envie de tout découvrir au Docteur : Brighel lui représente qu’il seroit obligé de rendre quatre mille écus au Docteur, & les intérêts de la somme ; que cette restitution le ruineroit. […] Le Docteur somme Magnifico de lui rendre les quatre mille écus avec les intérêts ; mais tout s’accorde à l’amiable. […] Consentez-y, Madame : une flamme si belle Doit, pour votre intérêt, demeurer immortelle.

68. (1835) Mémoire pour servir à l’histoire de la société polie en France « Chapitre XIV » pp. 126-174

« Le plus beau quartier de la ville de Coquetterie est la grande place, qu’on peut dire vraiment royale 44… Elle est environnée d’une infinité de réduits, où se tiennent les plus notables assemblées de coquetterie, et qui sont autant de temples magnifiques consacrés aux nouvelles divinités du pays ; car, au milieu d’un grand nombre de portiques, vestibules, galeries, cellules et cabinets richement ornés, on trouve toujours un lieu respecté comme un sanctuaire, où sur un autel fait à la façon de ces lits sacrés des dieux du paganisme, on trouve une dame exposée aux yeux du public, quelquefois belle et toujours parée ; quelquefois noble et toujours vaine ; quelquefois sage et toujours suffisante ; et là, viennent à ses pieds les plus illustres de cette cour pour y brûler leur encens, offrir leurs vœux et solliciter la faveur envers l’amour coquet pour en obtenir l’entrée du palais de bonnes fortunes. » On lit dans un autre passage, que dans le royaume, « il n’est pas défendu aux belles de garder le lit, pourvu que ce soit pour tenir ruelle plus à son aise, diversifier son jeu, ou d’autres intérêts que l’expérience seule peut apprendre45 ». […]  » Ce que l’abbé d’Aubignac appelle tenir ruelle, est, comme nous l’avons vu, un moyen employé quelquefois par une précieuse coquette, pour diversifier son jeu ou d’autres intérêts que l’expérience seule peut apprendre. […] Il n’en est pas de même de la dénégation d’écrivains qui ont cru se faire une place distinguée au temple de mémoire, en accusant de mauvais goût, des personnages de liante célébrité ; ils ont un grand intérêt à mettre à couvert leurs accusations sous une autorité telle que celle de Molière, et ont de bonnes raisons pour nier que Les Précieuses aient été représentées à Béziers, cinq ans avant de l’être à Paris. […] Mais ces précautions ne pouvaient regarder que les précieuses subalternes, qui avaient pu se croire atteintes par l’auteur, et c’est ce que Molière a eu l’attention de faire en séparant les intérêts des véritables précieuses, des précieuses ridicules, c’est-à-dire les honnêtes femmes beaux-esprits, des hypocrites pleines d’affectation. […] Je demande ici, dans l’intérêt de Molière, de quel droit ses commentateurs, lui imputent un plat et bas mensonge, de quel droit ils lui donnent un démenti sur l’intention qu’il déclare avoir eue en composant sa comédie.

69. (1819) Notices des œuvres de Molière (III) : L’École des femmes ; La Critique de l’École des femmes ; L’Impromptu de Versailles ; Le Mariage forcé pp. 164-421

Imaginerait-on que de tels éléments pussent constituer une comédie d’intrigue et de mœurs, en cinq actes, où l’intérêt allât toujours croissant ; où tout fût animé, sans qu’il y eût, pour ainsi dire, de mouvement ; où, enfin, l’exécution la plus riche et la plus variée sortît du fond le plus stérile et le plus uniforme en apparence ? […] Le personnage qui a le plus d’intérêt à tout cacher, informe de tout celui qui a le plus d’intérêt à tout savoir : nous rions de l’imprudente confiance du premier ; nous jouissons de la rage muette et concentrée du second. […] Le roi, qui apprit le même jour cette vengeance brutale, en témoigna son indignation au courtisan qui se l’était permise, et consola Molière par les marques d’intérêt les plus touchantes. […] Ses plaintes parvinrent au roi, qui entra dans ses intérêts assez vivement pour vouloir qu’il se vengeât, et lui en donner l’ordre exprès. […] Observons, d’ailleurs, que Boursault, dont nous plaignons aujourd’hui la disgrâce, en considération de deux ou trois bons ouvrages, et d’autant d’actions honnêtes qui recommandent également sa mémoire, était encore au dernier rang des écrivains, quand il eut la folle audace d’insulter Molière, et que c’est, si j’ose ainsi m’exprimer, par une espèce d’anachronisme assez fréquent dans l’histoire critique des arts, que nous transportons à l’auteur des Cadenas, et du Mort vivant un intérêt qui n’est dû qu’à celui du Mercure galant et d’Ésope à la Cour.

70. (1840) Le foyer du Théâtre-Français : Molière, Dancourt, I pp. 3-112

Deux poètes, confrères de Molière, Boursault et Monfleury fils, se levèrent à leur tour, chargés en quelque sorte de défendre tous les intérêts opposés. […] Parmi les nombreuses maîtresses de Louis XIV, La Vallière, en vérité, est la seule à laquelle on prenne intérêt, parce que l’amour purifia ses faiblesses. […] Les spectateurs, au courant de la mésintelligence conjugale des deux personnages, eurent un intérêt de plus dans la représentation de cette pièce. […] L’intrigue, savamment combinée est pleine d’intérêt, depuis l’exposition, si vive et si théâtrale, jusqu’au dénouement, l’un des plus adroits et des plus heureux du monde. […] N’offrant aucune critique de mœurs, ils sont pour nous sans intérêt.

71. (1747) Notices des pièces de Molière (1666-1669) [Histoire du théâtre français, tome X] pp. -419

Dans L’Étourdi, dans L’École des maris, et dans Le Malade imaginaire, des amants qui ne peuvent s’expliquer autrement déclarent tout haut leur passion à l’objet aimé, en présence même des personnes à qui ils ont intérêt de cacher leurs sentiments. […] D’ailleurs, une critique trop sévère ne s’accorde guère avec l’intérêt d’une troupe que la gloire seule ne conduisit pas, et qui ne jugeait du mérite d’une comédie que par le nombre des représentations et par l’affluence des spectateurs. […] Suivant leur louable coutume, ils ont couvert leurs intérêts de la cause de Dieu ; et Le Tartuffe, dans leur bouche, est une pièce qui offense la piété. […] Le ridicule outré d’un provincial donne lieu à un intriguant de profession, qui est dans les intérêts d’Éraste, d’imaginer divers moyens pour détourner également, et Oronte de donner sa fille à M. de Pourceaugnac, et M. de Pourceaugnac de finir le mariage qui l’avait attiré à Paris. […] Cela est vrai, disait Molière ; mais je trouve qu’il est très dangereux de prendre ses intérêts, au prix qu’il m’en coûte, je me suis repenti plus d’une fois de l’avoir fait.

72. (1801) Moliérana « [Anecdotes] — [35, p. 64] »

[35, p. 64] 1705, Grimarest, p. 116-120 Un jour Molière et Chapelle, revenant d’Auteuil à Paris par la rivière, disputaient sur une question philosophique ; un religieux, assis à côté d’eux, paraissait prendre beaucoup d’intérêt à leur dispute ; tantôt il les encourageait par un air d’applaudissement, tantôt il les enflammait par un air de doute et d’objection.

73. (1772) De l’art de la comédie. Livre second. De ses différents genres (1re éd.) [graphies originales] « CHAPITRE XXI. Du Genre mixte. » pp. 241-252

S’ils se partagent les ressorts à eux deux, l’intérêt que le spectateur partage aussi entre les deux personnages, risque d’affoiblir l’intérêt qu’il prend à l’action.

74. (1772) De l’art de la comédie. Livre quatrième. Des imitateurs modernes (1re éd.) [graphies originales] « CHAPITRE VII.*. M. PIRON. » pp. 277-287

Bientôt ses enfants se lasserent du joug qu’ils s’étoient imposé, & leur intérêt ne les aidant plus à porter le fardeau, ils le laisserent tomber à terre. […] Avec quelles couleurs ne vous dépeindra-t-il pas l’intérêt ?

75. (1835) Mémoire pour servir à l’histoire de la société polie en France « Préface » pp. -

Préface Je prie le lecteur de ne pas demander à cet ouvrage plus d’amusement, d’intérêt, ni d’instruction que le titre n’en promet.

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