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19. (1863) Molière et la comédie italienne « Chapitre XII. Lo Ipocrito et Le Tartuffe » pp. 209-224

Je m’exerce à connaître le cœur féminin ; et, puisque je réussis si aisément en tout ce que j’entreprends, je m’élèverai à des entreprises plus hautes, sauf à alléguer pour excuse que septies in die cadit justus. » La fuite d’Annette et d’autres disgrâces accablent le vieux LISEO. […] Les divagations du vieux Liseo font songer à un autre père malheureux, au roi Lear. […] » Bref, tout le monde est content, sauf qu’Ipocrito ne parvient pas à faire sortir de la tête du vieux Liseo la philosophie éphectique dont il l’a « enivré ».

20. (1840) Le foyer du Théâtre-Français : Molière, Dancourt, I pp. 3-112

Molière s’est, cette fois, inspiré de Rabelais, dont il faisait ses délices, et auquel il a emprunté trop souvent la crudité de son vieux langage. […] Vieilles ou jeunes, elles ne vivent que d’intrigues, et, dans la Parisienne, une petite fille que l’on croit innocente se ménage trois amans. […] Les valets, personnages si importants de notre vieille comédie, sont tous aussi fripons que leurs maîtres. […] En vain le vieux roi chercha à revenir sur les licences de sa jeunesse eu cachant ses dernières amours avec Mmede Maintenon. […] Il en était ainsi de cette vieille société.

21. (1884) Molière et les Allemands pp. 3-12

Fritsche au nom de Sganarelle, le vieux roman et le provençal du xviie  siècle l’offraient à Molière de première main : Enganarello (trompeur) est enregistré tout vif par Mistral dans cet état civil de notre langue qui s’intitule le Dictionnaire provençal français (tome I, page 915). […] Mistral a bien voulu reconnaître et chaleureusement féliciter en moi « un fils de race, un vrai méridional », et cela à propos de notre langue6, que j’ai la prétention de connaître et de parler un peu, par vieille, très vieille tradition de famille.

22. (1772) De l’art de la comédie. Livre premier. De ses différentes parties (1re éd.) [graphies originales] « CHAPITRE XI. Du Dialogue. » pp. 204-222

Je viens de voir par hasard dans ce voisinage une jeune fille qui pleure sa mere qui vient de mourir ; elle est près du corps, & elle n’a ni parents ni amis, personne enfin qu’une pauvre vieille qui lui aide à faire ses funérailles : cela m’a fait une grande compassion : cette fille est d’une beauté charmante. […] Dès le lendemain il va trouver la vieille dont je t’ai parlé, il la prie de lui faire voir cette fille : elle le refuse, & lui représente qu’il a des desseins fort injustes ; que cette fille est citoyenne d’Athenes ; qu’elle est bien élevée ; qu’elle est de bonne famille ; que s’il veut l’épouser, les loix lui en faciliteront les moyens, & que s’il a d’autres intentions, elle ne peut plus l’entendre ni le voir. […] Nous entrons dans une salle ou nous voyons une vieille femme mourante, assistée d’une servante qui faisoit des regrets, & d’une jeune fille qui fondoit en larmes, la plus belle & la plus touchante qu’on puisse jamais voir. […] Eraste, amant d’Agathe, la voit avec Albert, son vieux rival ; il feint de ne pas la connoître : il tâche cependant de lui exprimer ses sentiments de façon que le jaloux ne s’apperçoive point de leur intelligence.

23. (1843) Le monument de Molière précédé de l’Histoire du monument élevé à Molière par M. Aimé Martin pp. 5-33

Il a passé de ville en ville, il ira de bocage en bocage, et le vieux tilleul qui verse son ombre sur l’église champêtre, ne sera plus le seul monument du hameau, lorsque ce hameau aura connu un bienfaiteur, ou qu’il aura vu naître un grand homme. […] Autour du lit funèbre, on voyait, dispersés, Des livres, des papiers, des travaux commencés, Et sur les murs pendaient, parmi de vieux volumes, Des attributs bouffons et d’étranges costumes ; Le mourant, l’œil fixé sur ces objets divers, Semblait se raminer ; il murmurait des vers. […] Mais cette heure viendra ; vieille et fidèle amie, Revendiquant sa gloire, enfin l’Académie Qui l’avait vainement appelé dans son sein, La première a conçu ce glorieux dessein19. […] De vieux laboureurs, qui n’avaient jamais quitté leur commune, accoururent à la ville pour y apporter leur offrande. Une pauvre vieille femme surtout se lit remarquer : toute tremblante, elle déposa son obole en détournant la tête et en s’essuyant les yeux, car elle avait vu Caillié tout enfant et elle disait : celui-ci était le camarade de mon fils ; il était le dernier parmi nous, et voilà qu’aujourd’hui il est le premier.

24. (1772) De l’art de la comédie. Livre troisième. De l’imitation (1re éd.) [graphies originales] « CHAPITRE XXIII. » pp. 436-488

Les deux vieillards reviennent : ils ont projetté, chemin faisant, de cimenter davantage leur vieille amitié ; en conséquence il est décidé qu’Octave, fils d’Argante, épousera une fille que Géronte eut jadis à Tarente, d’un mariage secret. […] Il est fort étonné d’en voir sortir Rodomont, qui lui fait croire qu’il ne s’y étoit caché que pour ne pas épouser une vieille, riche de cinquante mille écus. […] Ce vieux rat de college a un fils qui, je pense, est receleur des perfections que la nature a volées au pere. […] Ce vieux bouc veut envoyer son fils en je ne sais quelle ville, pour s’ôter un rival ; &, afin de venir à bout de cette entreprise, il lui veut faire accroire qu’il est fou. […] vous ne riez pas de ce vieux bossu, de ce maussade à triple étage !

25. (1863) Molière et la comédie italienne « Chapitre II. La commedia dell’arte » pp. 10-30

Louis Riccoboni raconte que, dans sa jeunesse, il avait connu une vieille actrice nommée Lavinia qui avait trouvé dans l’héritage de son père, comédien comme elle, un assez grand nombre de ces précieux canevas revêtus de la signature de Charles Borromée. » Les Académies, si nombreuses et si influentes en Italie, s’empressaient de recevoir dans leur sein les comédiens et les comédiennes distinguées. […] La commerçante Venise caricaturait le vieux marchand, tantôt magnifique, tantôt avare, vaniteux, galant et toujours dupé, et créait messer Pantalon. […] Pour le masque, il n’a rien d’extraordinaire : on portait la barbe dans ce temps-là, et d est un vieux, marchand dans son naturel. » Le Docteur est reproduit d’après la gravure nº 5 de l’Histoire du Théâtre italien de Riccoboni.

26.

Ici, de vieux bouquins, des rouleaux, plans, cartes, estampes, bustes, etc. ; là, des fioles, des seringues, etc. […] Il faut des circonstances particulières pour qu’une vieille affiche ait survécu. […] Souvent enfin, employée comme vieux papier et collée à l’envers, elle a garni quelque vieux carton, ou formé les feuilles d’un paravent. […] Sardou s’inquiète de tout ce qui se rattache aux vieux souvenirs de son Paris. […] Car il a vécu là, dans quelque mansarde de l’un de ces vieux logis ?

27. (1772) De l’art de la comédie. Livre second. De ses différents genres (1re éd.) [graphies originales] « CHAPITRE XXXII. Des Caracteres principaux ou simples, des Caracteres accessoires, des Caracteres composés. » pp. 337-349

Mais je suis assez vieux pour être raisonnable. […] Depuis le moment de votre arrivée, vous m’avez fait un détail de la mort subite d’une vieille plaideuse, & de la maniere dont les Juges veulent accommoder deux familles par un mariage : que trouvez-vous de plaisant à tout cela ? […] Moi, prenant plaisir à continuer d’autres détails, sans répondre à vos questions sur l’héritier, & vous, les y faisant tomber à tous propos : l’héritier est-il jeune ou vieux ?

28. (1800) Des comiques d’un ordre inférieur dans le siècle de Louis XIV (Lycée, t. II, chap. VII) pp. 294-331

Brueys et Palaprat l’ont fort embelli; mais les scènes principales et plusieurs des meilleures plaisanteries se trouvent dans le vieux français de la farce de Pierre Patelin, imprimée en 1656 sur un manuscrit de l’an 1460, sous ce titre: Des tromperies, finesses et subtilités de maître Pierre Patelin, avocat. […] On rira toujours de la scène où le marchand drapier confond sans cesse son drap et ses moutons; et celle où Patelin, à force de patelinage (car son nom est devenu celui d’un caractère) vient à bout, d’attraper une pièce de drap, sans la payer, à un vieux marchand avare et retors, est menée avec toute l’adresse possible. […] Enfin le sorcier, poussé à bout, avoue que son pouvoir commence à tomber depuis qu’il est vieux et qu’il perd ses dents; qu’autrefois il lui aurait été facile de faire ce qu’on lui demandait, quoiqu’il n’eût jamais envoyé son démon plus loin que Stockholm. […] Il est bien étrange qu’on ait imaginé depuis de refaire cette pièce sous le nom du Vieux Garçon, et qu’un autre auteur, tout aussi confiant, ait cru faire un célibataire, en mettant sur la scène un homme de trente ans qui ne veut pas se marier. […] Un trait d’habileté dans l’auteur, c’est d’avoir donné au Ménechme officier, non seulement une jeune maîtresse qu’il aime, mais une liaison d’intérêt avec une vieille folle dont il est aimé.

29. (1772) De l’art de la comédie. Livre premier. De ses différentes parties (1re éd.) [graphies originales] « CHAPITRE XIV. Des Monologues. » pp. 261-273

) Voyez un peu l’imprudence de cette vieille ! […] Pour moi, qu’une imprudence a trop fait discourir, Le remede plus prompt où j’ai su recourir, C’est de pousser ma pointe, & dire en diligence A notre vieux patron toute la manigance. […] Bannissez les monologues, Mascarille, qui n’a point de confident, sera obligé de dire sur le théâtre à son vieux maître toute l’histoire de son fils.

30. (1772) De l’art de la comédie. Livre second. De ses différents genres (1re éd.) [graphies originales] « CHAPITRE VII. Des Comédies Allégoriques. » pp. 75-90

Doublette, femme de Raoullet, Vigneron fort vieux, se plaint de ce que sa vigne demeure en friche, faute d’être façonnée ; son mari se met en colere d’un pareil reproche, & dit :   Qui la voudroit Servir à son gré, il faudroit Houer15 la vigne jour & nuit. […] Un vieux proverbe dit aux Auteurs en particulier, qu’entre l’abre & l’écorce il ne faut pas mettre le doigt. […] On n’en vit jamais de vieille : C’est leur sort infortuné : Le matin fraîche & vermeille, Le soir.... autant de fané.

31. (1772) De l’art de la comédie. Livre premier. De ses différentes parties (1re éd.) [graphies originales] « CHAPITRE VI. Des Prologues. » pp. 118-138

Ceux de Térence ne sont remplis que de plaintes & d’injures contre son ennemi ; aussi lui reprochoit-on, dans son temps même, qu’il n’auroit pas su de quoi remplir ses prologues, s’il n’avoit eu à se plaindre du vieux poëte. […] Voici ce qu’il dit : Présentement, s’il y a parmi vous quelqu’un qui dise ou qui pense que si le vieux poëte n’avoit pas attaqué le nouveau, ce dernier n’ayant à médire de personne, n’auroit pu faire de prologue. […] J’ai fait voir que les Latins s’impatientoient d’entendre Térence déclamer dans tous ses prologues contre le vieux poëte, & ils avoient très fort raison. […] Fanchon promet trente pistoles au poëte s’il veut faire sa cour à la vieille, s’emparer de son esprit, & l’obliger de donner sa niece à Dorante.

32. (1772) De l’art de la comédie. Livre second. De ses différents genres (1re éd.) [graphies originales] « CHAPITRE XLIII. Du But Moral. Philosophie de Regnard comparée à celle de Moliere. » pp. 504-548

& n’est-il pas content du furieux intérêt qu’il exige, sans vouloir encore m’obliger à prendre pour trois mille livres les vieux rogatons qu’il ramasse ? […] Griffon, vieux usurier, veut se marier avec une jeune personne nommée Léonor. […] Il promet à la vieille Araminte de l’épouser, afin de puiser plus aisément dans sa bourse, & poursuit en même temps sa niece. […] Géronte, vieux avare, accablé d’infirmités, promet de récompenser dans son testament Lisette sa servante ; & la fripponne, pour mieux mériter ses faveurs, seconde pendant toute la piece ce qu’on entreprend contre lui. […] Le méchant goût du siecle en cela me fait peur : Nos peres, tout grossiers, l’avoient beaucoup meilleur : Et je prise bien moins tout ce que l’on admire, Qu’une vieille chanson que je m’en vais vous dire.

33. (1772) De l’art de la comédie. Livre second. De ses différents genres (1re éd.) [graphies originales] « CHAPITRE XII. Des Pieces intriguées par une Soubrette. » pp. 135-150

Crémente, vieux ami du mari d’Ismene, est plus humain qu’elle ; il fait partir son valet Champagne pour la Turquie, avec ordre de racheter son ami s’il peut en avoir des nouvelles. Mon drôle qui, sans doute, craignoit l’air de la Turquie, s’arrête à Malthe, y boit de bon vin grec, fait connoissance avec un vieux Parisien qui a été esclave chez les Turcs, se fait instruire de leurs mœurs, & revient en état de pouvoir soutenir qu’il a fait les plus grandes perquisitions dans le voyage qu’on lui a ordonné. […] Laurette les emploie en faveur d’une vieille coquette dont l’amour nous doit faire rire de pitié : contre qui encore ?

34. (1821) Sur le mariage de Molière et sur Esprit de Raimond de Mormoiron, comte de Modène pp. 131-151

Le vieux Bejard s’était fait procureur. […] La vieille madame Bejard, Marie Hervé, la reconnut pour sa fille, quoiqu’elle fut véritablement son aïeule et sa marraine ; le comédien son oncle, la comédienne sa tante, et sa mère elle-même, se prêtèrent à ce déguisement, et y jouèrent leur rôle comme ils l’auraient fait sur le théâtre. […] Le vieux Bejard, devenu procureur, était mort, ainsi que son fils aîné, ce qui facilita vraisemblablement la conclusion.

35. (1885) Études sur la vie et les œuvres de Molière pp. -461

Ainsi, un soir, il avait entendu qu’on racontait une plaisante naïveté du vieux marquis de Nesle, gouverneur de La Fère. […] Faut-il donc toujours vous le dire, mon cher Despréaux, ici comme partout où je puis trouver quelque chose à écouter et à apprendre, je mets en action l’allégorie sculptée sur la vieille enseigne de la maison de mon père ; je suis le vieux singe, et je laisse les jeunes sapajous s’ébattre à mon profit. […] Vous parliez, je pense, de moi d’abord, puis d’une allégorie, d’une fable, d’une vieille enseigne, que sais-je enfin ? […] Je voulus être dans le monde ce que le vieux singe était au pied de son pommier. […] On rechercha les vieilles farces, on les remit en nouveau langage et on les rejoua.

36. (1853) Des influences royales en littérature (Revue des deux mondes) pp. 1229-1246

Quant à La Fontaine, que son amour pour la rêverie et son indifférence pour la fortune tinrent toujours loin des faveurs, qui, seul avant Fénelon eut au temps de Louis XIV le goût de la solitude et le talent, de peindre la nature, comme on veut bien convenir qu’il ne doit son génie qu’à lui-même, à ses goûts et à ses auteurs favoris, les vieux écrivains du XVIe siècle, il est inutile d’insister sur ce point. […] On comprend que Boileau, vieux et chagrin, voyant cette décadence, s’écriât : « En vérité, les Pradons, dont nous nous sommes tant moqués, étaient des aigles auprès de ces gens-là. » Il faut être juste cependant : à cette époque où, sous Mmede Maintenon, la cour voyait succéder la dévotion et la tristesse aux fantaisies brillantes d’autrefois, où Louis XIV, frappé dans ses affections les plus chères, après avoir vu mourir autour de lui ses fils et ses petits-fils, restait presque seul de sa famille dans son palais morne et silencieux, il y a encore un coin de la littérature où toute la vie intellectuelle du temps semble s’être réfugiée : c’est la comédie. […] Si l’on voulait juger de l’esprit de l’époque par les pièces contemporaines, celles de Regnard et de Lesage, qui toutes se rapportent à ces lugubres années, on croirait vraiment qu’alors la France était déjà la France de la régence ; valets escrocs, financiers ridicules, coquettes effrontées, gentilshommes aux gages de quelque vieille débauchée, tous ces héros de Lesage et de Regnard ne songent qu’à se bien divertir, sans scrupule et sans fin. […] Les derniers survivans de nos grands écrivains s’étaient déjà aperçus de cette décadence et la déploraient ; La Bruyère et Fénelon regrettent le vieux et rude langage du XVIe siècle, et en même temps, par une contradiction singulière et comme pour payer aussi leur tribut aux faiblesses du temps, ils condamnent le style de Molière. […] Rien de mieux sans doute ; mais d’abord l’anecdote est un peu suspecte : c’est MmeCampan qui, la première, l’a racontée dans ses Mémoires, publiés en 1822, un siècle et demi après la mort de Molière, et elle dit la tenir de son père, qui la tenait d’un vieux médecin de la cour… Tout cela ne donne pas à cette histoire un grand air d’authenticité.

37. (1863) Molière et la comédie italienne « Préface » pp. -

Sans parler de notre vieux fonds français qui lui fut d’une grande ressource, il y a encore le théâtre espagnol qu’il ne négligea point. […] Polichinelle est plus vieux que cela, sans contredit.

38. (1919) Molière (Histoire de la littérature française classique (1515-1830), t. II, chap. IV) pp. 382-454

Tout ce que nous pouvons dire, c’est que Jean Pocquelin, père de Molière, était de bonne, vieille et riche bourgeoisie. […] En voici le sujet  : un vieux barbon, cacochyme, couvert de gale et d’emplâtres, s’est mis en tête d’épouser une jeune fille aussi pauvre que noble dont le père, enchanté de l’alliance, l’a accepté pour gendre. […] Parmi ces débauchés et ces libres esprits, si l’on veut que Molière ait pris des leçons de philosophie, elles ont donc dû ressembler singulièrement à celles que le « petit Arouet » recevra plus tard à son tour de la vieille Ninon de Lenclos et des habitués de la société du Temple. […] Or la conversation familière recèle un grand nombre de vieux mots, souvent très pittoresques, et qui, pour cette raison même, sont bannis de l’usage relevé, de même que les éclats de voix et les grands gestes ne sont pas admis dans un salon. Aussi bien, — et c’est ici la cinquième raison des archaïsmes de Molière — Molière a-t-il à ce qu’il semble, recherché parfois les vieux mots pour réagir contre l’influence des salons précisément, pour effaroucher les précieuses.

39. (1824) Notice sur le Tartuffe pp. 91-146

On se fit dévot pour être plus aisément libertin ; c’était une suite des mœurs de la Ligue et des désordres de la Fronde ; ce vieux levain des troubles civils fermentait encore dans l’intérieur des familles, et les intrigants ou les fripons, sous le masque religieux, exploitaient aisément la crédulité publique. […] Cette fable n’est pas heureusement imaginée ; on croit avec beaucoup plus de raison que c’est à un vieux mot français que Molière doit le nom de son hypocrite. […] Les uns lui reprochaient d’avoir mis à contribution les vieux comiques italiens, ceux-là recherchaient péniblement dans Boccace, dans Rabelais et jusque dans Scarron, les traits les plus vigoureux et les scènes heureuses de son ouvrage. […] Un aventurier espagnol nommé Montufar est lié avec deux filles suspectes, l’une jeune et l’autre vieille : après avoir joué successivement tous les rôles pour abuser de la crédulité publique, ils arrivent à Séville, où ils prennent le masque de la dévotion, dans l’espérance de faire de nouvelles dupes. […] Les anciennes mœurs doivent être exprimées dans l’ancien langage : gardons-nous d’altérer la couleur de ces peintures d’une autre époque, en leur substituant une triste et froide enluminure ; on ne refait pas plus le style des vieilles comédies qu’on ne corrige l’orthographe des antiques médailles.

40. (1886) Molière, l’homme et le comédien (Revue des deux mondes) pp. 796-834

Si un homme offre plusieurs aspects aux différentes époques de sa vie et, pour ainsi dire, ne se ressemble pas à lui-même, selon qu’il est jeune ou vieux, heureux ou malheureux, tranquille dans son intérieur, ou façonné pour un rôle public, cela est surtout vrai de Molière, qui fut tant de choses, successivement ou à la fois, et dont la carrière diffère tant vers la fin de ce qu’elle fut au commencement. […] De même que sa personne physique est généralement regardée comme un type de beauté, un lieu-commun déjà vieux le comble de toutes les vertus morales. […] J’avoue, pour ma part, conserver quelque chose du vieux préjugé, et ne pas sentir tout le charme du dilettantisme à la Baudelaire, qui trouve la perversité réjouissante et poétique ; car ceci est encore une affectation. […] La Forest, la vieille La Forest, est presque aussi populaire que son maître, grâce à deux anecdotes, venant l’une de Boileau, l’autre de Grimarest. […] Il y avoit peu de domestiques qu’il ne trouvât en défaut, et la vieille servante La Forest y étoit prise aussi souvent que les autres, quoiqu’elle dût être accoutumée à cette fatigante régularité que Molière exigeoit de tout le monde.

41. (1867) La morale de Molière « CHAPITRE VII. De l’Amour. » pp. 121-144

L’amour vrai ne naît point au hasard, par une séduction des sens, par une fascination des yeux, ni même par un agrément de l’esprit : tous ces charmes ne produisent que des caprices passagers, d’autant plus vite éteints qu’ils sont nés plus soudainement425, comme les belles passions de don Juan 426 ou les vieux désirs d’Harpagon 427. […] Mais, en de telles aventures, les âmes se montrent ; le bon naturel de l’esclave égyptienne paraît dans son affection pour sa vieille nourrice ; la noblesse de Cléante éclate dans son ardeur à embrasser la défense d’une femme inconnue431. […] Tenez, mon cœur s’émeut à toutes ces tendresses ; Cela ragaillardit tout à fait mes vieux jours, Et je me ressouviens de mes jeunes amours437, qui n’a devant les yeux cet amour pur et naturel, plein de joie et d’honneur, que Phèdre dépeint avec tant de vérité dans son désespoir de n’en pouvoir jouir : Hélas ! […] Armande et Bélise, dans leur coquetterie de pédantes, ne soupçonnent point ce que c’est qu’aimer467, et la comtesse d’Escarbagnas, dans sa coquetterie de vieille provinciale’, montre en caricature extravagante quelle distance de la terre au ciel il y a de la coquetterie à l’amour468.

42. (1866) Petite comédie de la critique littéraire, ou Molière selon trois écoles philosophiques « Troisième partie. — L’école historique » pp. 253-354

c’était moi ; c’est le vieux Lysidas. […] avant que ces souliers fussent vieux, avec lesquels elle avait suivi le corps de mon pauvre père. […] Quant à moi, je ne vois point comment il pourrait éviter de rentrer dans le sein du vieux dogmatisme qui lui tend les bras. […] Vous me rappelez un vieux professeur de philosophie, qui, pour réfuter Spinoza, disait : Je veux mouvoir mon bras, je le meus. […] Ils goûtaient, comme il faut, notre vieille littérature.

43. (1852) Légendes françaises : Molière pp. 6-180

N’avait-il pas pour lui, au fond de sa tombe, son vieux grand-père ? […] Ils portaient avec eux le génie de la France, et ils adoucirent, au fond de leurs donjons, ces vieux tyrans de nos provinces lointaines. […] Il n’avait cessé, jusqu’à l’École des Maris, d’étudier assidûment les anciens ; mais tout annonce qu’après cette pièce, il passa à nos vieux français (voyez le long sermon d’Arnolphe, le portrait de la vieille, etc. […] Latins, vieux Français, Italiens, Espagnols, point de bouquin, dit un contemporain, qui se pût sauver de ses mains. […] me faire aller à pied à présent que je suis vieux, et que je vous ai bien servi si longtemps !

44. (1772) De l’art de la comédie. Livre second. De ses différents genres (1re éd.) [graphies originales] « CHAPITRE XI. Des Pieces intriguées par un Valet. » pp. 125-134

Il sauroit que nos jeunes gens mêmes ne se fient plus à nos intriguants subalternes, pour tromper les oncles & les tuteurs de leurs maîtresses ; que les modernes amours ont des courtiers plus décents, quoiqu’ils fassent la même chose ; qu’un état ne doit pas empiéter sur l’autre ; que les valets, en un mot, n’ont plus de crédit que chez les vieux garçons ». […] « Que les valets en un mot n’ont plus de crédit que chez les vieux garçons ».

45. (1838) Du monument de Molière (Revue de Paris) pp. 120-

Nous la ferons adroitement étayer; en la laissant vieille, nous tâcherons qu’elle ne s’écroule pas. […] Comme si le monument à bâtir, fût-il splendide comme le Louvre, pourrait jamais valoir la vieille maison de Molière.

46. (1772) De l’art de la comédie. Livre troisième. De l’imitation (1re éd.) [graphies originales] « CHAPITRE XVI. » pp. 294-322

Madame Pernelle, mere d’Orgon, & vieille bavarde, ne veut rien croire de tout ce qu’on reproche à Tartufe, lorsqu’il paroît avec l’Exempt & l’exhorte à remplir son devoir. […] Tiennette connoît heureusement une vieille sorciere très habile : elle vend des fleurs qui endorment ceux qui en respirent l’odeur. […] Helene s’habilla en dévote, & emprisonna ses cheveux dans une coeffure de vieille ; & Mendez, vêtue en béate, fit gloire d’en faire voir de blancs, & de se charger d’un gros chapelet, dont les grains pouvoient, en un besoin, servir à charger des fauconneaux. […] Loin de croire que Moliere, en composant la derniere scene, ait songé à la premiere, je suis persuadé qu’il l’a faite d’après une situation prise dans un vieux roman.

47. (1772) De l’art de la comédie. Livre troisième. De l’imitation (1re éd.) [graphies originales] « CHAPITRE XVIII. » pp. 357-396

La Fleche annonce à son maître qu’il lui a trouvé quinze mille francs à emprunter, mais au plus gros intérêt : de plus, le prêteur n’ayant que douze mille livres comptant, l’emprunteur sera obligé de prendre, pour les mille écus restants, un vieux lit, un fourneau de brique, un luth, un trou-madame, une peau de lézard, &c. […] Pantalon y consent ; mais le Docteur ne lui donne que les deux tiers de la somme : il lui fait voir une liste des choses qu’il lui destine pour l’autre tiers : ce sont de vieilles hardes, la barbe d’Aristote, la ceinture de Vulcain, &c. […] J’ai fait réflexion que je suis trop vieux pour l’épouser, & que tu aurois acquitté ma parole en lui donnant la main. […] Désespéré de trouver un rival chéri dans son fils, il rejette d’abord cette idée importune : il se livre ensuite aux soupçons ; &, pour découvrir la vérité, il fait appeller Monime ; il feint avec elle de se rendre justice, de se trouver lui-même trop vieux pour unir son sort au sien, & lui offre de céder ce bonheur à son fils Xipharès, pourvu qu’elle n’étende pas sa haine jusques sur lui. […] il n’en faut point douter : la vieille sorciere l’aura instruit du trésor : la chose est parlante.

48. (1809) Cours de littérature dramatique, douzième leçon pp. 75-126

Un vieux célibataire demande sa fille en mariage, cette circonstance éveille déjà ses soupçons lui fait craindre qu’on n’ait eu connaissance de ses richesses. […] L’intrigue amoureuse se dénoue avec facilité, le jeune homme qui a usurpé trop tôt les droits du mariage, se trouve être le neveu du vieux célibataire, et celui-ci de son propre gré se retire et lui cède la place. […] Je mettrais fort au-dessus de ces trois pièces Le Vieux Célibataire, de Collin d’Harleville. […] Le passage brusque du chant à la parole, qui se renouvelle souvent après deux ou trois coups d’archet, ou deux ou trois phrases, la bigarrure qui résulte de l’entassement de ces vieilles romances et de ces ponts-neufs, de styles tout à fait disparates, doit déchirer des oreilles habituées à la musique italienne ; mais si l’on passe par-dessus cet inconvénient, il faut convenir que rien n’est plus gai et plus agréable. […] La vogue dont jouissent ces tragédies est due, sans doute avant tout, à ce qu’elles ouvrent à l’incomparable Talma, un champ plus vaste pour déployer son talent, mais cette vogue est toutefois un symptôme remarquable du dégoût que l’on a pour les vieilles routes battues, et du besoin que l’on éprouve d’être remué plus profondément.

49. (1801) Moliérana « [Anecdotes] — [16, p. 46-47] »

[16, p. 46-47] 1724, Carpenteriana, p. 223-224 Molière lisait ses comédies à une vieille servante nommée Laforest ; et lorsque les endroits plaisants ne l’avaient point frappée, il les corrigeait, parce qu’il avait éprouvé plusieurs fois que ces endroits ne réussissaient point.

50. (1801) Moliérana « [Anecdotes] — [75, p. 114-115] »

Si on lui avait dérangé un livre, c’en était assez pour qu’il ne travaillât de quinze jours ; il y avait peu de domestiques qu’il ne trouvât en défaut ; et la vieille servante Laforest y était prise aussi souvent que les autres, quoiqu’elle dût être accoutumée à cette fatigante régularité que Molière exigeait de tout le monde, et même il était prévenu que c’était une vertu ; de sorte que celui de ses amis qui était le plus régulier, et le plus arrangé, était celui qu’il estimait le plus.

51. (1801) Moliérana « [Anecdotes] — [85, p. 129-130] »

[85, p. 129-130] Molière peint dans son Misanthrope, acte 2, scène 4, sous le nom de Timante279, un monsieur de St-Gilles qui était un homme de la vieille cour, et d’un caractère singulier.

52. (1682) Préface à l’édition des œuvres de Molière de 1682

Ses compagnons qu’il avait laissés à Rouen en partirent aussitôt, et le 24 Octobre 1658 cette Troupe commença de paraître devant leurs Majestés et toute la Cour, sur un Théâtre que le Roi avait fait dresser dans la Salle des Gardes du vieux Louvre. […] Il y jouait la Faculté de Médecine en corps, après avoir joué les Médecins en particulier dans plusieurs autres, où il a trouvé moyen de les placer ; ce qui a fait dire que les Médecins étaient pour Molière, ce que le vieux Poète était pour Térence.

53. (1866) Petite comédie de la critique littéraire, ou Molière selon trois écoles philosophiques « Conclusion » pp. 355-370

Toutes les vérités sont vieilles ; mais apercevoir la portée nouvelle d’une vieille vérité, c’est vraiment découvrir.

54. (1850) Histoire de la littérature française. Tome IV, livre III, chapitre IX pp. 76-132

C’est la scène où le père de Dorante, indigné de ses fourberies, l’accable de reproches qui rappellent ceux du vieux Chrémès dans Térence, que Corneille surpassait sans peut-être l’avoir lu. […] Il affectionne les vieilles modes, pour le plaisir de ne pas faire comme son temps ; et il attaque les nouvelles, par dépit d’être seul de son goût. […] J’aimerais mieux Arnolphe muet, tandis qu’Agnès lui raconte les intrigues de la vieille entremetteuse et les visites d’Horace, que son dépit à haute voix en présence d’Agnès, qui est censée ne rien entendre. […] C’est la vieille image du geai paré des plumes du paon. […] Toute une ville entière, avec pompe bâtie, Semble d’un vieux fossé par miracle sortie, Et nous fait présumer, à ses superbes toits, Que tous ses habitants sont des dieux ou des rois.

55. (1866) Petite comédie de la critique littéraire, ou Molière selon trois écoles philosophiques « Deuxième partie. — L’école critique » pp. 187-250

Kant et la Critique du Jugement Bien que mes vieilles objections me semblent n’avoir rien perdu de leur force, j’aurais honte de les reproduire telles quelles, quand je sonde la profondeur de la science nouvelle de M.  […] Qu’ils renoncent à la définir, ou, s’ils ne peuvent consommer ce sacrifice si cher à leur amour effréné des théories, qu’ils s’en tiennent aux bonnes vieilles définitions de Platon et d’Aristote ; qu’ils nomment la poésie une création, d’après l’étymologie du mot, ou une imitation belle, d’après un caractère incontestable de toute œuvre d’art304 : ils ne seront plus précis, ils ne seront plus originaux, mais ils deviendront vrais ; ils nous édifieront moins par leur imagination, autant par leur science, et davantage par leur justice. […] Voilà ma vieille thèse. […] Ce que Molière a voulu peindre, c’est, vous le savez comme moi, le ridicule du vieux jaloux, ses angoisses, ses éclairs d’espérance, et ses tourments d’esprit pour parer les accidents qui le menacent. […] Dorante répète ici, sur la foi de Virgile, un vieux conte.

56. (1873) Molière, sa vie et ses œuvres pp. 1-196

Qui sait s’il n’y a pas, dans l’angle poudreux de quelque vieille bibliothèque, un rouleau sali dont on ne toucherait les feuillets qu’avec respect et dont tout ce qui pense au monde étudierait avec fièvre les lignes a demi illisibles ? […] En 1668, le vieux tapissier Poquelin, qui jadis tenait, à l’enseigne des Singes, une riche boutique de tapisserie, « à verdures et à personnages », Poquelin le père était ruiné. […] Pauvre, il avait peine à faire face à ses engagements de vieux et bon bourgeois et de commerçant honnête. […] À nous, ce vieux génie narquois et vengeur de la vieille France ! […] Bruzen de la Martinière qui compléta ou plutôt refit la Vie de Molière de Grimarest, et se servit des souvenirs d’un vieux comédien de la troupe de Molière, nommé Marcel.

57. (1772) De l’art de la comédie. Livre premier. De ses différentes parties (1re éd.) [graphies originales] « CHAPITRE II. De l’Etat, de la Fortune, de l’Age, du Rang, du Nom des Personnages. » pp. 39-75

Ce sont de vieilles femmes de condition & des gens de lettres qui jouent ; ils n’ont pas beaucoup d’argent à perdre. […] Parcequ’il est vieux, qu’Agnès est jeune ; & que le mot d’amour, toujours ridicule dans la bouche d’un vieillard, l’est encore davantage quand il s’adresse à une jeune personne : témoin cette tirade qui fait rire aux éclats quand Arnolphe la débite à Agnès, & qui, sans en changer un seul mot, deviendroit attendrissante entre deux jeunes amants. […] Faites-la plus vieille, elle n’a plus de quoi plaire, elle cesse d’être intéressante, & nous n’avons plus de piece. […] D’ailleurs les Savants seuls apperçoivent la faute, au lieu que les oreilles les plus ignares sont blessées d’entendre appeller M. le Baron du vieux Bois 13, Madame la Comtesse des Guerets ; j’aime autant voir Arlequin & Scapin se nommer mutuellement le Baron de Cardon d’Espagne, le Marquis de beurre fondu, le Comte de dindon rôti 14.

58. (1853) Histoire de la littérature dramatique. Tome II « Chapitre IV. Que la critique doit être écrite avec zèle, et par des hommes de talent » pp. 136-215

Même, à ce sujet, j’ai retrouvé une lettre piquante de l’amie de Molière, mademoiselle de Brie, sa fidèle conseillère, celle qui venait en dernier ressort, après la vieille Laforest. […] Mademoiselle de Brie et la vieille Laforest, voilà les deux amies de Molière, et ses deux véritables gardes du corps, aussi sont-elles inséparables dans sa vie, et qui veut faire un portrait complet de Molière, le doit représenter entre sa servante et son amie. […] Le vieux Bertrand, resté seul, se dit à lui-même : « Le cœur d’un tourtereau bat sous cette poitrine de lion !  […] vous n’avez sous ces ajustements qu’un vieux corps, une âme vide, un pauvre esprit, un fantôme, un mensonge, un copiste, un faux Shakespeare, un faux Schiller ! […] Accablé de cette misère, il s’en revint chez lui en grand deuil ; il s’enferma dans un vieux château, non loin de Toulouse, et quand ses enfants lui demandaient des nouvelles de leur mère : — Elle est morte, répondait M. de Montespan.

59. (1772) De l’art de la comédie. Livre premier. De ses différentes parties (1re éd.) [graphies originales] « CHAPITRE X. De la Diction. » pp. 178-203

Toute une ville entiere, avec pompe bâtie, Semble d’un vieux fossé par miracle sortie, Et nous fait présumer, à ses superbes toits, Que tous ses habitants sont des Dieux ou des Rois. […] Entendons-la repousser la médisance d’une vieille prude. […] Il vient à la forêt : nous lui donnons alors La vieille meute ; & moi, je prends en diligence Mon cheval alezan.

60. (1801) Moliérana « [Anecdotes] — [90, p. 134] »

Elle joue sans déclamer et avec une réelle intelligence des textes, soutenue pendant quelques années (1720-1729) par le vieux Baron, élève de Molière.

61. (1772) De l’art de la comédie. Livre second. De ses différents genres (1re éd.) [graphies originales] « CHAPITRE VI. Des Pieces à scenes détachées, dans lesquelles une Divinité préside. » pp. 61-74

un chat du complot,  Un beau matin en fit pâture ; A quoi le vieux matois donna telle tournure,  Que le maître n’en sonna mot. […] Damon, vieux libertin, vient consulter le Chevalier sur des emplettes.

62. (1746) Notices des pièces de Molière (1658-1660) [Histoire du théâtre français, tome VIII] pp. -397

Ces deux pièces furent représentées devant le roi, sur un théâtre dressé dans la salle des gardes du vieux Louvre, par la Troupe de Monsieur, (frère unique du roi) le 24 octobre 1658. […] Ses compagnons, qu’il avait laissés à Rouen, en partirent aussitôt, et le 24 octobre 1658, cette troupe commença de paraître devant Leurs Majestés et toute la Cour, sur un théâtre que le roi avait fait dresser dans la salle des gardes du vieux Louvre ; Nicomède, tragédie de M.  […] « Après avoir quelque temps joué de vieilles pièces, et s’être en quelque façon établi à Paris, il joua son Étourdi et son Dépit amoureux, qui réussirent autant par la préoccupation que l’on commençait à avoir pour lui que par les applaudissements qu’il reçut de ceux qu’il avait prié de les venir voir. « Après le succès de ces deux pièces, son théâtre commença à se trouver continuellement rempli de gens de qualité, non pas tant pour le divertissement qu’ils y prenaient (car l’on n’y jouait que de vieilles pièces), que parce que le monde ayant pris habitude d’y aller, ceux qui aimaient la compagnie, et qui aimaient à se faire voir, y trouvaient amplement de quoi se contenter : ainsi l’on y venait par coutume, et sans dessein d’écouter la comédie, et sans savoir ce qu’on y jouait. » « [*]Pendant cela notre auteur fit réflexion sur ce qui se passait dans le monde, et surtout parmi les gens de qualité, pour en reconnaître les défauts : mais comme il n’était encore ni assez hardi pour entreprendre une satire, ni assez capable pour en venir à bout, il eut recours aux Italiens ses bons amis, et accommoda les Précieuses au théâtre français, qui avaient été jouées sur le leur, et qui leur avaient été données par un abbé des plus galants*.

63. (1747) Notices des pièces de Molière (1670-1673) [Histoire du théâtre français, tome XI] pp. -284

Un vieux Bourgeois babillard, le sieur Blondel. Une vieille Bourgeoise babillarde, le sieur Langeais. […] La première comprend le théâtre, et ses accompagnements ; la seconde contient le parterre, les corridors et loges qui font face au théâtre, et qui occupent le reste du salon de trois côtés, l’un qui regarde la cour, l’autre le jardin, et le troisième le corps du palais des Tuileries « La première partie, ou le théâtre, qui s’ouvre par une façade également riche et artiste, depuis son ouverture jusqu’à la muraille qui est du côté du pavillon, vers les vieilles Écuries, a de profondeur vingt-deux toises. […] Ses Œuvres galantes avaient eu un si prompt débit, et il n’y avait pas fort longtemps, qu’il avait fallu que la deuxième édition suivît de près la première ; et voilà que tout d’un coup il devient l’objet de la risée publique, et qu’il ne se peut jamais relever de cette funeste chute : le goût de la vieille Cour n’est pas un rempart bien ferme ; la république du bel esprit est comme la cour de Roboam, l’avis des jeunes conseillers est préféré à celui des vieux.

64. (1772) De l’art de la comédie. Livre premier. De ses différentes parties (1re éd.) [graphies originales] « CHAPITRE VII. De l’Exposition. » pp. 139-164

Tu sais fort bien aussi que la vieille amitié Fit qu’enfin mon vieux maître en eut quelque pitié, Et me chargea de faire en Turquie un voyage, Pour chercher & tirer son ami d’esclavage. […] La pauvre femme est jalouse de M. son époux, & ce n’est pas sans raison, puisque le vieux libertin veut faire de Lisette une beauté à la mode.

65. (1772) De l’art de la comédie. Livre quatrième. Des imitateurs modernes (1re éd.) [graphies originales] « CHAPITRE IV. Brueys & Palaprat, imitateurs, comparés avec Térence, Blanchet, un Auteur Italien, & la nature. » pp. 100-132

Agnelet, sans être moins comique dans la nouvelle piece que dans l’ancienne, y devient plus intéressant ; il ne vole pas son vieux maître pour son compte ; son rôle est sur-tout bien plus essentiel, puisqu’il travaille de concert avec Colette au bonheur des amants. […] Il rencontre Lachès son vieux patron, lui répete ce que Pythias lui a dit. […] voilà des révérences de crieuses de vieux chapeaux.

66. (1819) Introduction aux œuvres de Molière pp. -

Ailleurs une vieille femme marche à pas précipités et se dispose à sortir de chez sa bru. […] Godemer (c’est le nom du vieux serviteur), Godemer, qui connaît son maître, ne fait d’abord aucune attention à ce nouveau caprice. […] Nos comédiens citaient avec orgueil le vieux Corneille. L’Anglais opposait, avec quelque avantage, Shakespeare plus vieux encore. « Messieurs, disait-il à peu près, M.  […] Ils nous entretenaient des vieux comiques, de Turlupin, Gauthier-Garguille, Gorgibus, Crivello, Spinette, du docteur, du capitan Jodelet, Gros-René, Crispin.

67. (1861) Molière (Corneille, Racine et Molière) pp. 309-514

Le vieux génie gaulois avait une inclination naturelle pour ces fantasmagories parlantes. […] Boileau, dont le nom vient si facilement sur les lèvres lorsqu’il s’agit de satire, est à cet égard bien inférieur à Molière et au vieux Régnier. […] Mais le génie de Malherbe a prévalu sur celui du vieux Régnier. […] Et encore, à tenir compte de tout, il est permis de se demander si l’horizon de Molière a autant d’étendue que celui du vieux poète grec. […] Il persécuta Euripide, parce que Euripide était le plus habile des poètes novateurs, qui rompaient avec les vieilles traditions.

68. (1697) Poquelin (Dictionnaire historique, 1re éd.) [graphies originales] pp. 870-873

Cette Troupe commença de paroître devant leurs Majestez & toute la Cour le 24 d’Octobre 1658, sur un Theatre dressé exprés dans la salle des Gardes du vieux Louvre, & eut le bonheur de plaire, de sorte que sa Majesté donna ses ordres pour l’établir à Paris. […] Montrez aux Dames d’esprit certaines pensées d’Horace, d’Ovide, de Juvenal, &c. montrez les leur en vieux Gaulois ; faites en la traduction la plus plate qu’il vous plaira, pourveu qu’elle soit fidelle, vous verrez que ces Dames conviendront que ces pensées sont belles, délicates, fines.

69. (1772) De l’art de la comédie. Livre premier. De ses différentes parties (1re éd.) [graphies originales] « CHAPITRE XXIX. Des Méprises, des Equivoques & de ce qu’on appelle quiproquo au Théâtre. » pp. 474-489

Comme la Dame est beaucoup plus jeune que la Demoiselle, il fait une méprise ; il la croit encore à marier, il en devient amoureux, & écrit une lettre fort tendre, qui, étant adressée à Mademoiselle Cléonte, parvient à la vieille folle : celle-ci est enchantée de sa conquête ; elle paroît tenant dans sa main la réponse au billet doux qu’elle a reçu. […] M. le Président, peu sensible à son riche embonpoint, lorgna celle d’une jeune Marton qui fut cruelle, avertit sa maîtresse, & l’instruisit si bien, qu’elle surprit son vieux perfide prosterné humblement aux pieds de la fripponne, & lui présentant sa tendre requête.

70. (1663) Nouvelles nouvelles pp. 210-243

Après avoir quelque temps joué de vieilles Pièces et s’être en quelque façon établi à Paris, il joua son Étourdi et son Dépit amoureux, qui réussirent autant par la préoccupation que l’on commençait à avoir pour lui que par les applaudissements qu’il reçut de ceux qu’il avait priés de les venir voir. Après le succès de ces deux Pièces, son Théâtre commença à se trouver continuellement rempli de gens de qualité, non pas tant pour le divertissement qu’ils y prenaient (car l’on n’y jouait que de vieilles Pièces), que parce que, le monde ayant pris l’habitude d’y aller, ceux qui aimaient la compagnie et qui aimaient à se faire voir y trouvaient amplement de quoi se contenter.

71. (1922) La popularité de Molière (La Grande Revue)

Argan, vieux, malade, ne serait point ridicule à prendre médecine et à craindre la mort : ce qui nous fait rire, c’est un Argan, gras et frais, tremblant devant les menaces d’un Purgon. […] Chacun la comprend et l’approuve, car elle éveille en nous le vieux fond de sagesse qui sommeille sous la brutalité des passions et la violence des intérêts.

72. (1818) Épître à Molière pp. 6-18

Molière de son temps, N’épargna même pas les pauvres courtisans ; Et, montrant la sottise en robe de comtesse, Sous ses vieux parchemins il tança la noblesse. […] Vétérans de l’orgueil, des anciens préjugés Les défenseurs encor ne sont pas corrigés3 : Leurs faibles yeux du jour redoutent la lumière ; Ils n’ont plus d’avenir, et, toujours en arrière, Reportent leurs regards dans la nuit du vieux temps.

73. (1835) Mémoire pour servir à l’histoire de la société polie en France « Chapitre XIV » pp. 126-174

Vieux, vieu. […] Mais ce qui n’admet point de réplique, c’est ce fait, attesté par Ménage, que madame de Rambouillet voulut réchauffer et réjouir sa souffrante vieillesse du spectacle des Précieuses, à leur première représentation, bien assurée sans doute de rire un moment à leurs dépens, et qu’il ne viendrait dans l’idée de personne de rire aux siens ; et en effet, elle et ses vieux amis y applaudirent de tout leur cœur52. […] N’y aurait-il pas eu effet de l’absurdité à choisir deux provinciales, pour attirer la risée sur deux femmes de la cour ; deux bourgeoises pour représenter le ridicule de femmes de haute naissance ; deux vieilles folles de petite condition, dont la vanité est de se faire une cour d’hommes de qualité, pour ridiculiser des femmes du premier rang, dont les hommes de la plus haute condition sont la société nécessaire, habituelle, sont les amis la famille ? Ne serait-il pas absurde de mettre sur la scène deux vieilles filles qui s’émancipent, et qui sont rappelées aux soins d’un petit ménage et aux habitudes d’économie la plus minutieuse par un père né et vivant dans la médiocrité, et fort éloigné de vouloir se méconnaître et être méconnu de ses enfants, pour faire une leçon d’économie à des femmes dont les pères et les maris sont comblés de richesses héréditaires ?

74. (1732) Moliere (Grand Dictionnaire historique, éd. 1732) [graphies originales] « article » pp. 45-46

Il joua en presence de leurs majestés, obtint la permission de s’établir à Paris, & de jouir de la salle des gardes dans le vieux louvre.

75. (1886) Molière : nouvelles controverses sur sa vie et sa famille pp. -131

On alléguera sans doute que le vieux tapissier n’avait pas seulement hypothéqué sa maison des piliers des Halles, mais tous ses autres biens, meubles et immeubles. Mais il ne possédait pas d’autre immeuble que cette maison, et quant à ses meubles, outre que les objets mobiliers ne sont pas susceptibles d’hypothèque, ils étaient si peu nombreux, si vieux et si délabrés, qu’ils ne furent à sa mort estimés que 1,263 livres 9 sous. […] S’ils laissent au service rendu par Molière à son vieux père tout son caractère délicat et désintéressé, il est impossible pourtant d’en déduire l’intention d’un don gracieux qui eût tourné au détriment de sa fille. […] Il est cependant bien suspect, ce racontar du vieux chapelain, dont l’auteur du Parnasse français ne nous fait pas même connaître le nom, et je l’ai jadis assez irrévérencieusement traité de radotage. […] Ne nous attachons qu’à la phrase du vieux Chapelain où le lieu de la véritable sépulture est indiqué.

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