Don Juan, encouragé par ses succès, veut introduire son valet chez le Jaloux sous l’habit d’une femme. […] Les Magistrats, indignés avec raison de l’extrême licence des Poëtes, leur ôterent non seulement la liberté de nommer ceux qu’ils vouloient jouer, & de spécifier leurs qualités ; ils défendirent encore aux acteurs de prendre des masques & des habits qui fissent reconnoître les personnages que le poëte avoit en vue.
Fleury, au contraire, était avant tout un gentilhomme ; en Fleury, même sous l’habit et le cordon bleu de duc et pair, on reconnaissait le marquis ; il était railleur, malin, fat admirable, et c’est justement pourquoi il n’a jamais été grand dans le rôle d’Alceste. […] Il portait à merveille l’habit habillé que personne ne porte plus guère, depuis que nous sommes tous devenus les égaux de nos supérieurs. […] « Ainsi animée, ainsi rajeunie par les puissantes émanations de ce parterre de dix-huit ans, ainsi applaudie par ces grandes mains honnêtes et vigoureuses qui sortaient de ces habits bleus, trop étroits pour contenir toute cette fougue, mademoiselle Mars s’est, surpassée elle-même.
Il est ridicule que Géronte ayant vu de très près Crispin sous l’habit de campagnard, ne le reconnoisse pas sous celui de Veuve. […] Sbrigani, chargé de rompre le mariage de M. de Pourceaugnac, & de le renvoyer à Limoges, se présente au prétendu beau-pere avec l’habit & le jargon d’un Flamand.
De toutes les imitations, celles qu’on fait d’après la nature même sont les meilleures & les plus flatteuses pour l’Auteur ; mais dans celle-ci Moliere s’est borné sans doute à copier l’habit ou l’allure de son Limousin, puisque tout ce qui arrive au héros de la piece est imité de deux autres comédies, & d’un roman de Scarron. […] Guillot prend ce filou pour un devin, lui donne la bague : le Chevalier d’industrie la met ensuite entre les mains d’un autre frippon, qui paroît en habit de Médecin.
Il veut obliger Sganarelle à se revêtir de ses habits ; celui-ci n’en veut rien faire, & lui conseille de chercher un autre déguisement. […] Don Juan paroît en habit de campagne ; Sganarelle avec une robe de Médecin. […] Il la trouve jolie sous son habit de pénitence, & lui propose de passer quelques jours avec lui. […] Celui-ci, craignant d’être reconnu, troque d’habit avec Philippin. […] Dans la premiere scene du troisieme acte, Don Juan force un pauvre pélerin à lui donner ses habits, & sous ce travestissement il assassine Don Philippe.
Ce sera... ce sera en me livrant mon habit brodé & mon surtout de chasse. […] L’une est gaie, vive, folâtre : Frontin, sous le nom du Chevalier Clique, avec un habit élégant & des manieres sémillantes, la séduit au point qu’elle veut l’épouser. L’autre est une prude : Frontin prend le nom & le titre du Sénéchal Groux, un habit sérieux, un maintien grave, trouve aussi le secret de lui plaire, & de la déterminer au mariage.
Cela expliquerait, dans notre pièce actuelle, ces deux actes employés à préparer l’entrée en scène de Tartuffe (habileté que dans sa préface Molière semble présenter comme une correction, en même temps que Je changement d’habit de son héros). […] Cependant, malgré son habit de gentilhomme, son petit chapeau et son grand collet, Panulphe ne fait illusion à personne, et M. de Lamoignon le remet sous clef. […] I) est venu par le coche en assez piteux équipage ; l’habit rapiécé, les souliers troués, marchant sur la chrétienneté, comme on dit populairement. Quel habit d’ailleurs ? […] Il s’est mis au point depuis qu’il a le vivre et le couvert assurés ; il a quitté son « habit de six deniers ».
Une jeune fille qu’on a élevée sous le nom et les habits d’un garçon, pour retenir un héritage dont elle devait être privée à raison de son sexe, devient amoureuse d’un jeune homme, et se fait épouser par lui, en le recevant nuitamment sous le nom et les habits de sa sœur dont il est épris.
Son valet, jaloux de tâter d’une bonne fortune, prend un habit de son maître, se rend au lieu assigné, & se laisse conduire en Colin Maillard chez la dame, qui est Lucinde. […] Un moment après, Valere veut partir, si Lucile ne s’explique clairement ; il s’éloigne en effet, quand Lisette le retient par son habit ; il croit être arrêté par la veuve, & reste.
On reculera devant le prosaïsme des habits, de la cravate, des souliers, où bien on trouvera un sculpteur juste-milieu qui sculptera , sur le dos de Molière, un habit homérique, et à ses pieds des souliers héroïques.
De même Ariste a élevé Léonor avec une philosophie très indulgente ; elle a vu « les belles compagnies, les divertissemens, les bals, les comédies ; » on lui permet de satisfaire ses goûts d’élégance, de « dépenser en habits, linge et nœuds. » Il est, ce rôle d’Ariste, plein d’une franchise de brave homme, d’une bonté sereine et douce, avec une pointe de mélancolie ; et les beaux vers qui le composent, d’un tour si net et d’un mouvement si aisé, ont jailli sans effort du cœur du poète, car ils traduisaient l’état de son âme. […] Les frères Parfaict rapportent l’avis d’un meilleur juge en ce genre : « Personne n’a mieux su se mettre à l’air de son visage par l’arrangement de sa coiffure, et plus noblement par l’ajustement de son habit. » Non-seulement elle ne suivait pas servilement la mode, mais elle la corrigeait quelquefois avec une telle sûreté de goût qu’elle la faisait et l’imposait. […] Il y a cependant pour elle un joli rôle de figuration, dont elle prendra possession après ses relevailles, car on trouve, dans l’inventaire dressé à la mort de Molière, parmi les costumes de sa femme, « un habit d’Égyptienne du Mariage forcé, en satin de plusieurs couleurs. […] Elle se dédommage par un luxe assez déplacé chez une jeune fille de moyenne condition : son habit se composait d’une « jupe de satin couleur de feu, avec trois guipures et trois volans et le corps de toile d’argent et soie verte. » Elle n’eut qu’une part secondaire dans les représentations de Mélicerte, du Sicilien et d’Amphitryon : on ne sait même pas si elle joua dans la première et la dernière de ces pièces ; dans la seconde elle tenait le rôle de Zaïde, personnage de simple figuration, et elle dut s’y contenter d’un succès de costume, sous une « riche mante, » présent du roi. […] Ils convinrent qu’il lui donneroit quatre pistoles par jour sans ses habits et les régals.
Jusques-là que Molière fit acheter un de ses habits pour le faire porter à celui qui faisait ce personnage dans sa pièce.
Décide & parle haut parmi les beaux esprits ; Impose, plaît, commande aux Belles de Paris ; D’habits tout galonnés remplit sa garde-robe, Et n’a rien en un mot du métier que la robe. […] A dix-huit ans on pourroit l’entourer de vieilles, qui, sous prétexte de former son éducation, chercheroient à l’ébaucher, & de jeunes personnes timides qu’il séduiroit par ses espiégleries, sa fraîcheur, sa bonne grace à cheval, & son habit d’uniforme.
Mondorge parut : Molière l’embrassa, le consola, et joignit au présent qu’il lui faisait, un magnifique habit de théâtre, pour jouer les rôles tragiques.
Dans le Médecin volant de Boursault, scene XI, Crispin en habit de Docteur, prend le bras du pere de Lucrece. […] Ici un amant, déguisé sous l’habit de Médecin, dit à Sganarelle que sa fille ayant la manie de vouloir être mariée, il faut se prêter à sa folie ; qu’il va feindre de se marier avec elle, & que l’homme qui écrit ses remedes, feindra d’écrire le contrat. […] Comme ce n’est pas une fiction, nous n’y mêlons rien de feint, nous ne changeons point d’habits : cette place nous servira de théâtre, & vous verrez toutefois que la comédie n’en sera pas moins divertissante.
On trouverait étonnant aujourd’hui que les principaux acteurs de Paris se trouvassent si honorés d’avoir part à une distribution d’habits. […] Elle aime à dépenser en habits, linge et nœuds ; Que voulez-vous ? […] L’on remarque aisément leurs postures, l’on entend leurs discours, l’on voit leurs habits, et l’on peut, sans beaucoup de peine, venir à bout de leur portrait. […] Il montre Philipin prenant les habits de son maître sous prétexte que, les marquis étant devenus les valets, les valets doivent être les marquis. […] Ainsi vous vous rappelez, dans L’École des maris, les tirades du burlesque Sganarelle contre les modes nouvelles et le luxe des habits.
L’homme est l’être de l’avenir, la femme est celui du passé; quand aujourd’hui la société entière marche à l’égalité, qui conserve religieusement les traditions de castes, de rang, de cotterie , qui parque la race humaine en mille petites catégories d’après des distinctions d’habits, de coiffures, de rubans ? […] Cet homme est à l’étroit dans la société ; il porte un habit qui ne va pas à sa taille, ses mouvemens sont brusques et guindés : on en rit.
il est le dieu d’un siècle qui ne croit plus qu’à l’épée et à l’habit du gentilhomme ! […] Plus de crédit, plus de fortune, plus de riches habits, plus de fêles somptueuses, et plus d’argent dans votre bourse, seigneur Don Juan. […] À peine si Don Juan, revoyant Elvire dans ses longs habits de deuil, trouve en lui-même quelques petits restes d’un feu éteint. — Ce festin des morts et de ceux qui doivent mourir, est d’un effet terrible. […] Supprimez la pauvreté sainte, vous vous condamnez à labourer, à bêcher, à faire les habits, à les laver à la fontaine. […] Dimanche vous perdez vos beaux habits, vos riches dentelles, vos broderies, vos élégances ; plus de fêtes, plus de serviteurs, plus d’argent dans votre bourse, seigneur Don Juan !
Les ridicules ne s’y renouvellent que trop ; la mode en change, en France, comme d’habits. […] Les Marquis de Molière, par exemple, ne réjouissaient-ils pas par leurs turlupinades spirituelles, leurs contorsions et leurs habits ridicules ? […] Valère, qui vient chercher Orgon pour le conduire en lieu sûr, ne profite même pas de l’occasion pour mettre un habit de voyage. […] L’habit de serge jaune garni de radon vert du Médecin malgré lui est devenu légendaire. […] René Delorme voudrait que ce fût l’habit d’Arnolphe dans L’École des femmes ; l’inventaire ne donne pas de costume particulier pour ce dernier rôle ; le même habit servait peut-être pour les deux Écoles.
L’ignorance et l’erreur à ses naissantes pièces, En habits de marquis, en robes de comtesses, Venaient pour diffamer son chef-d’œuvre nouveau ; Et secouaient la tête à l’endroit le plus beau.
DAMIS, en habit à l’Angloise, avec une petite perruque ronde ; FINETTE, avec un petit chapeau à l’Angloise. […] Placé dans la Magistrature, Où l’on vante, à bon droit, son savoir, sa droiture, Il faut bien qu’à la ville il en porte l’habit : Mais, dans cette campagne où d’ordinaire il vit, On s’habille, on se coeffe & l’on toste à l’Angloise.
« Or, nous ne pouvons pas reconnoître aussi facilement la nature quand elle paroît revêtue de mœurs, de manieres, d’usages & d’habits étrangers, que lorsqu’elle est mise, pour ainsi dire, à notre façon. […] Ce même Pourceaugnac est persécuté par une Languedocienne & une Picarde qui se disent ses femmes, & se disputent le plaisir de le faire pendre ; mais leur patois & leurs habits nous indiquent seulement leurs provinces43.
Le Docteur est en habit de marié ; Magnifico l’accompagne. […] Ils le prennent pour Eléonora, parcequ’il porte ses habits, & qu’il s’est couvert de son voile.
Ayant deviné une femme sous l’habit de Lesbino, elles l’emmènent au logis de Flaminia. […] Le fourbe gagne l’argent et les habits de Pedrolino et d’Arlequin, et les laisse en chemise ; les valets se désolent.
Don Juan, furieux, redouble ses menaces, et veut changer d’habit avec Arlequin pour plus de sûreté. […] « Des paysans en habits de noce arrivent en dansant.
Vous faites toujours mes habits trop étroits. […] Faites-moi des habits. […] Faites-moi des habits.
J’ai aussi, ajoûta-t’il, un habit de Theâtre, dont je crois que je n’aurai plus de besoin, qu’on le lui donne ; le pauvre homme y trouvera de la ressource pour sa profession. Cependant cet habit, que Moliere donnoit avec tant de plaisir, lui avoit coûté deux mille cinq cens livres, & il étoit presque tout neuf. […] deshabillez-vous vîte, & prenez un habit convenable à la situation où vous devez être. Peu s’en fallut que la Moliere ne voulut pas joüer, tant elle étoit desolée de ne pouvoir faire parade d’un habit, qui lui tenoit plus au cœur que la Piece. […] Un homme de cette Nation étoit venu à la Cour avec une commission : le Roi qui aimoit alors à briller en toute occasion, lui donna audience avec un habit superbe & chargé de pierreries.
J’ai vu des beaux habits à S. […] Un Paysan dans cet habit peut se conduire bien plus honnêtement que le Milord altier qui se quarre avec sa Jarretiere. […] De votre équipage fastueux & de vos riches habits ?
« Dans Lo Specchio (le Miroir), Isabelle, fille illégitime de Pantalon, est amenée à Rome par sa mère Olympia et introduite dans la maison de son père sous l’habit de page et sous le nom de Fabritio. […] Au même instant, les chasseurs, vêtus d’habits ridicules, traversent la scène à grand bruit et s’éloignent.
En se faisant personnage italien, Pierrot dut changer cet habit ; mais il en garda du moins la couleur. […] Ce qu’est pour l’homme sérieux l’habit dont il se couvre et dont il subit la mode, parce que tout le monde la suit autour de lui. […] On faisait des parties de masques ; l’abbé n’allait pas jusqu’à y prendre part, mais, du moins, applaudissait-il, et même avec une assez plate courtisanerie, à Son Altesse en habit de bal79. […] Souvent la pièce, représentée auparavant, les fournissait ; il arrivait que l’acteur tragique, ayant endossé son habit de farceur, se moquait alors et de lui-même et de ceux qui avaient joué avec lui. […] L’habit de Cantidès, de la même pièce, manteau et chausses de drap, garni de découpures, et un pourpoint tailladé.
Comme elle prévoyait bien que celte pièce attirerait beaucoup de monde, Mlle Molière avait à cœur de s’y faire remarquer par l’éclat de sa toilette ; elle commanda donc un habit magnifique sans en rien dire à son mari, et, le jour de la représentation, elle se mil de très-bonne heure en devoir de s’en vêtir. […] … Déshabillez-vous vite cl prenez un habit convenable à la situation où vous devez être. » J.
Tout le monde se laisse duper par l’habit d’Ascagne, excepté l’Amour, qui la blesse pour Valere, fils de Polidore ; mais Valere est amoureux de Lucile. […] Le jour de l’accouchement arrive, une fille vient au monde ; Magnifico, ne voulant point donner la somme convenue, montre au Docteur le fils d’un de ses cousins, né le jour même, & fait ensuite élever sa fille Diane sous le nom de Fédéric, & sous les habits d’un Cavalier. […] Brighel demande à Diane comment elle a pu faire pour n’être pas reconnue par son époux : elle répond qu’elle avoit soin de prendre un habit de sa sœur, & de contrefaire sa voix.
Tu n’y penses pas : l’habit avec lequel je suis venu est cousu de fil ; mais pour moi je ne sais ce que c’est que de coudre des tromperies. […] Tu mens grossiérement, car tu n’es pas venu avec ton habit, mais avec tes pieds. […] Je n’ai pas cru d’abord à cet autre moi-même, J’ai démenti mes yeux sur ce rapport extrême ; Mais j’ai tant fait enfin que je me suis connu, Je me suis tout conté comme il est avenu, Jusques à me citer la coupe de Pterele ; J’ai mon nom, mon habit, ma forme naturelle ; Enfin je suis moi-même, & deux gouttes de lait N’ont pas, à mon avis, un rapport si parfait.
L’un & l’autre excès choque, & tout homme bien sage Doit faire des habits ainsi que du langage, N’y rien trop affecter, & sans empressement Suivre ce que l’usage y fait de changement. […] Je voudrois bien savoir, sans parler du reste, à quoi sert toute cette broderie dont vous voilà couvert depuis les pieds jusqu’à la tête, & si un habit uni ne suffiroit pas ? […] Le pere arrive sans être attendu ; & malgré les fourberies d’un coquin de valet, il le surprend en partie de plaisir avec un Marquis ivre, qui l’instruit dans l’art de dépenser son bien ; & avec Lucile sa maîtresse, demoiselle très aisée à vivre, qui a une grosse maison, des habits magnifiques, sans avoir un sou de revenu ; qui, pour toute occupation, boit, mange, chante, rit, joue, se promene ; à qui les biens viennent en dormant. […] Livrez à la risée publique le contraste plaisant qu’offrent leur petit savoir & leur morgue, la haute opinion qu’ils ont d’eux-mêmes & le mépris qu’ils ont des autres ; mais laissez en paix leurs noms, leurs habits, & leur personne.
Lorsque les deux bégueules se flattent d’avoir subjugué deux Seigneurs du premier mérite, la Grange & du Croisy arrivent, font dépouiller leurs valets devant elles, en leur disant qu’elles peuvent les aimer, mais qu’ils ne veulent pas qu’ils se servent de leurs habits pour être mieux traités qu’eux.
Arlequin en sort vêtu des habits de femme qu’il a trouvés dans la corbeille, & couvert d’un voile.
Il a aussi entendu admirablement les habits des Acteurs en leur donnant leur véritable caractère, et il a eu encore le don de leur distribuer si bien les Personnages et de les instruire ensuite si parfaitement qu’ils semblaient moins des Acteurs de Comédie que les vraies Personnes qu’ils représentaient.
Zanutzi y remplissait le rôle de Fulvio, non en amant troublé par son amour, mais en fou échappé des Petites-Maisons, ayant un habit couvert de rubans, un bas vert, un autre rouge et quand je lui demandais compte de cette folie, il me soutenait que la signification du mot inadvertito justifiait, exigeait même cette mascarade. […] Enfin, Arlequin, en habit de femme, me plaît mieux que Sganarelle, couvert de sa burlesque cuirasse ; elle ne sert à rien, et le déguisement du premier amène une situation comique, puisque Célio l’enlève, en le prenant pour Eleonora. […] Habits d’été, d’hiver, de printemps, de cour, de ville, de campagne, de deuil, tous ont pris l’air : Montrez-nous des talents, et non pas des habits. […] Mais Elmire était couverte de linon, et je demande si Tartuffe doit trouver du linon sous ses doigts, en disant ce vers : Je tâte votre habit, l’étoffe en est moelleuse ? […] Que les jeunes acteurs perdent beaucoup à n’avoir pas vu Du… et Préville jouer ensemble ces deux rôles ; l’écolier et le maître disparaissaient ; le premier, sous la malignité d’un dieu qui s’amuse à lutiner un homme ; et le second, sous l’habit d’un esclave obligé de céder à l’ascendant d’un dieu.
Chaque année, chaque jour amène avec soi sa comédie, et ce qu’on appelle la société, va changer, en vingt-quatre heures de vices et de ridicules, tout comme une habile coquette arrange et dispose, à son gré, les mouches de son visage et les fanfreluches de son habit. […] Autrefois, le prêteur d’argent était ours immonde ; il habitait une tanière, il était couvert de haillons ; aujourd’hui, l’ours est un jeune monsieur qui paie des actrices, qui hante l’Opéra et se dandine, en bel habit, aux premières loges du Théâtre-Italien ! […] « Nos pères, disait La Bruyère, nous ont transmis, avec la connaissance de leurs personnes, celle de leurs habits, de leur coiffure, de leurs armes offensives et défensives et des autres vêtements qu’ils ont aimés pendant leur vie. […] Alors, au milieu des comédiens en habits noirs et des comédiennes en robes blanches, a reparu mademoiselle Mars. […] Comédienne dans son moindre geste, dans son sourire, dans le pli de sa robe, dans la forme et dans la couleur de ses habits, dans le son de sa voix, cette voix touchante et ingénue, douce musique qui allait à l’âme, raillerie, innocence, bel esprit, moquerie pleine de verve, causerie sans fin, gracieuse façon de tout dire, profond sentiment, non seulement des ridicules humains, mais encore des misères humaines ; sa comédie avait quelque chose de grave et d’ingénu tout à la fois, quelque chose de sérieux et de jeune en même temps auquel il eût été bien difficile de résister.
Si, comme je l’ai dit, il est contraint, pour vivre, à s’unir avec la fille d’un roturier, il croira que son alliance vaut les biens que sa future doit lui apporter, & loin de dérober à tous les yeux son pere, parcequ’il a un mauvais habit, il le croira assez paré de ses titres, sur-tout pour paroître devant de petits bourgeois. […] Il leur apprend le secret de cacher les taches & les trous qu’ils ont à leurs habits.
La reine l’ayant permis, il fit alors tant de grimaces et des figures si plaisantes, que non seulement l’enfant cessa de pleurer, mais encore qu’il fut pris d’une hilarité dont les résultats gâtèrent les habits de Scaramouche, ce qui redoubla les éclats de rire de la reine, et de toutes les dames et seigneurs qui étaient dans l’appartement. Depuis ce jour, chaque fois que Scaramouche venait à la cour, il avait ordre de se rendre auprès du dauphin ; il y venait en habit de Scaramouche sur lequel il mettait un manteau, la guitare sous le bras, et escorté de son chien, de son chat, de son singe et de son perroquet.
Le maître veut profiter de cette étourderie pour connoître à fond le caractere de la belle qu’on lui destine : en conséquence il ordonne à Jodelet de prendre ses habits & son nom, & de jouer son personnage, tandis qu’il jouera celui de valet.
Au lieu de courir chez sa Maîtresse avec les transports d’un Amant, il fait appeler le Tailleur du Prince, et lui filoute un habit galonné ; il escroque à son Banquier un sac d’argent, à un Juif une bague, etc ; et toute l’intrigue roule sur le chagrin que tous ces gens-là causent au véritable Amphitrion pour les dettes contractées par le Dieu ». […] Quelques années avant sa retraite du Théâtre, ses camarades l’engagèrent à céder son rôle d’Agnès à Mlle Ducroisy ; et cette dernière s’étant présentée pour le jouer, tout le Parterre demanda si hautement Mlle Debrie*, qu’on fut forcé de l’aller chercher chez elle, et on l’obligea de jouer dans son habit de Ville. […] Il obligea sa femme, qui était extrêmement parée, à changer d’habit ; parce que la parure ne convenait pas au rôle d’Elmire122 convalescente, qu’elle devait représenter dans le Tartuffe. […] Mondorge parut ; Molière l’embrassa, le consola, et joignit au présent qu’il lui faisait, un magnifique habit de Théâtre, pour jouer les rôles Tragiques. […] Il entre à Trappe, mais s’en prend point l’habit, en sort au bout de deux mois et reparaît au théâtre avec son charmant opéra, L’Europe galante.
Molière ne les attaqua pas seulement dans une compagnie ; il vit qu’ils existaient partout, dans tous états, sous tous habits. […] Il fut étonné, ravi plus que personne du jeu naïf de cet enfant; aussi, après la pièce, il le retint à souper, puis il envoya chercher son tailleur (car le pauvre enfant était fort mal accommodé), et lui fit faire un habit complet, en recommandant bien qu’il fût prêt pour le lendemain. Molière, après cela, interrogea le jeune homme et le fit causer, et il ajouta aux habits six beaux louis d’or. […] On peut ajouter à cette somme, continua-t-il, cet habit de théâtre dont je crois que je n’aurai plus besoin. […] Elle resta elle-même, ainsi que Molière le lui avait bien recommandé, avec ses habits, son patois, ses allures, et jamais personnage ne fut rendu avec une plus grande perfection.
Dans ce moment, Tchao-tun étoit à côté du Roi avec ses habits ordinaires : si-tôt que Chin-ngao le vit, il se mit à aboyer : le Roi me dit de le lâcher, en disant, Tchao-tun ne seroit-il pas le traître ? […] Arrivé à Genes, & ne pouvant voir Claudia, qui, croyant avoir perdu son amant, ne sortoit plus, il trouve le secret de s’introduire auprès d’elle sous le nom & l’habit d’une servante.
Et lui, quand, après la pièce, l’auteur dépouillait le costume de l’acteur, le pourpoint troué d’Harpagon ou l’habit vert d’Alceste, était-ce assez pour lui, que cette franche gaieté dont il avait enivré le parterre, et s’en allait-il content quand on avait ri ? […] Jourdain en habit de marquis13, et secouait encore son ombre aux enfers14.
L’intrigue des Précieuses 285 est nulle : toute la comédie n’est qu’une scène où deux valets du grand monde, sous les habits de leurs maîtres, viennent flatter la préciosité de deux petites bourgeoises infectées de la maladie régnante. […] Comme Ariste dit bien ce que là-dessus l’indulgente raison doit permettre : Elle321 aime à dépenser en habits, linges et nœuds : Que voulez-vous ?
Je revins au logis mes habits tout couverts de boue & le visage tout plein de sang, & je vous dis que j’avois trouvé des voleurs qui m’avoient bien battu & m’avoient dérobé ma montre. […] & qu’il veut donner un vieil habit pour racheter son fils. […] Ce manteau donc, cette cape, cette casaque, cette simarre, cette robe, cette soutane, ce lange, ou cet habit, car on est encore à deviner ce que c’est, & le Syndic des Tailleurs y demeureroit à quia, fait bien dire aux gausseurs, qu’il fait peur aux larrons en leur montrant la corde. […] Du manteau je passerois aux habits ; mais je pense qu’il suffira de dire que chaque piece de son accoûtrement est une antique.
Cet orgueil même tombe enfin : pour se mettre à l’abri des conséquences de ses crimes, il se jette dans l’hypocrisie53 ; il renonce aux conventions de l’honneur54 ; il ne connaît plus de loi aucune que son égoïsme, et le caprice effréné qui lui fait outrager done Elvire par le nouvel amour qu’il conçoit soudain, non pas pour elle, mais pour son habit négligé et son air languissant 55 ; jusqu’à ce qu’enfin il soit foudroyé sur cette parole de damné : « Il ne sera pas dit, quoi qu’il arrive, que je sois capable de me repentir56. » Voilà certes une grande leçon, que le vice arrive à s’emparer de nous jusqu’à nous rendre incapables de repentir. […] C’est l’esprit qui règne dans la scène de l’Etourdi 113 où Lélie se veut tuer, tient le fer prêt, sans que Mascarille dise autre chose que : « Tuez-vous donc vite. » À quoi Lélie, rappelé à la raison par le sens froid de son valet, répond fort comiquement : Tu voudrois bien, ma foi, pour avoir mes habits, Que je fisse le sot, et que je me tuasse114.
Il la produisit sous le tître de l’imposteur, & déguisa le personnage sous l’ajustement d’un homme du monde, en lui donnant un petit chapeau, de grands cheveux, un grand collet, une épée, & des dentelles sur tout l’habit ; & crut pouvoir hazarder Tartuffe en cet état, le38 5 aoust 1667. […] Il obligea sa femme, qui étoit extrêmement parée, à changer d’habit, parce que la parure ne convenoit pas au rôle d’Elmire convalescente, qu’elle devoit représenter dans Tartuffe. […] Mondorge parut, Moliere l’embrassa, le consola, & joignit au présent qu’il lui faisoit, un magnifique habit de théatre, pour jouer dans les rôles tragiques. […] L’ignorance & l’erreur, à ses naissantes piéces, En habits de marquis, en robes de comtesses, Venoient pour diffamer son chef-d’œuvre nouveau ; Et secouoient la tête à l’endroit le plus beau.
J’ai aussi, ajouta-t-il, un habit de théâtre, dont je crois que je n’aurai plus de besoin ; qu’on le lui donne ; le pauvre homme y trouvera de la ressource pour sa profession. » Cependant cet habit, que Molière donnait avec tant de plaisir, lui avait coûté deux mille cinq cents livres, et il était presque tout neuf. […] Comme cette pièce promettait beaucoup, elle voulut y briller par l’ajustement ; elle se fit faire un habit magnifique sans en rien dire à son mari, et du temps à l’avance elle était occupée du plaisir de le mettre. […] Déshabillez-vous vite, et prenez un habit convenable à la situation où vous devez être. »Peu s’en fallut que la Molière ne voulût pas jouer, tant elle était désolée de ne pouvoir faire parade d’un habit qui lui tenait plus au cœur que la pièce. […] Le cardinal de Richelieu lui avait fait présent d’un habit magnifique pour jouer ce rôle. » (Mercure de France, mai 1740.) […] On sait que, dans les Femmes savantes, Molière a joué Ménage et l’abbé Cotin sous le nom de Vadius et de Trissotin ; mais, ne voulant pas que le public pût se méprendre sur le dernier de ces deux personnages, il eut soin de se procurer un des vieux habits de Cotin, et c’est avec cet habit que le rôle fut joué.
Je laisse les concerts galants, Où les habits beaux et brillants ; J’omets les deux Égyptiennes*, Ou si l’on veut, Bohémiennes, Qui jouèrent au dit ballet Admirablement leur rôlet ; Et parurent assez charmantes Avec leurs atours, et leurs mantes. […] Le bouffon en qui la princesse se confie entièrement, et à qui elle ne cache rien des mouvements de son cœur, est valet du prince dont elle veut être aimée ; ce valet se présente pour la première fois à la princesse en habit de médecin, et se dit médecin de l’amour. […] Il ajoute que pour donner plus sûrement à ses remèdes le moyen d’opérer, il a fait accroire à Lucinde qu’il n’était pas un médecin, mais un jeune homme amoureux d’elle, qui sous cet habit venait la demander en mariage ; et que Lucinde ayant ajouté foi à ce discours, la joie avait déjà paru sur son visage ; mais que dans ces commencements, il était important de la confirmer dans son idée, afin d’assurer tout à fait sa guérison. […] « [*]D’abord que la toile fut levée, un des acteurs, comme vous pourriez dire moi, parut sur le théâtre en habit de ville et, s’adressant au roi avec le visage d’un homme surpris, fit des excuses en désordre, de ce qu’il se trouvait là seul, et manquait de temps et d’acteurs pour donner à Sa Majesté le divertissement qu’elle semblait attendre. […] Molière semble en convenir dans l’avertissement des Fâcheux : « [*]Le dessein était de donner un ballet aussi ; et comme il n’y avait qu’un petit nombre choisi de danseurs excellents, on fut contraint de séparer les entrées de ce ballet, et l’avis fut de les jeter dans les entractes de la comédie, afin que ces intervalles donnassent le temps aux mêmes baladins de venir sous d’autres habits.
On la cherche par son ordre ; on trouve Argentine sous l’habit de la Princesse, on ne s’apperçoit pas de sa métamorphose, on la met en prison, on l’en retire pour lui présenter un verre de poison sur une soucoupe.
Carrousels, cavalcades, courses de bague, beaux chevaux, superbes équipages, habits magnifiques, bannières et devises galantes, tout concourait à rendre enchanteresse cette cour voluptueuse et splendide.
Il connoissoit la manie que Moliere avoit de se faire peindre en Empereur Romain, lui qui étoit détestable sous un habit tragique ; & c’est sur ce ridicule qu’il l’attaqua. […] Moliere, non content de prendre un sonnet & un madrigal dans les ouvrages imprimés de Cotin, pour les analyser & les déchirer sur la scene, avec toute la cruauté possible, parodia encore, avec la plus grande indécence, le nom du pauvre Abbé ; & l’acteur qui joua le rôle de Trisotin ou de Tricotin 47, eut le soin de prendre un habit, un son de voix & des gestes propres à faire reconnoître l’original.
Molina enseigne que les religieux peuvent changer d’habit sans pécher, quand ils veulent aller à la comédie ou autre part. […] Il me tarde déjà que j’aie des habits raisonnables (et notez qu’elle est excessivement parée et qu’un petit laquais porte sa queue) pour quitter vite ces guenilles ! […] Ils étaient mal venus ; elles étaient peu intelligentes ; ils étaient cruellement embarrassés dans leurs habits brodés ; elles se retournaient, de temps à autre, pour voir la queue de leur robe, et cette queue les épouvantait, comme eût pu faire un serpent boa. […] Ces gens-là, dans leurs bons moments, vous empruntent votre argent, votre esprit, vos maîtresses, votre bel habit et votre plus beau cheval ; vous les aimez comme un bon oncle aime son coquin de neveu, en raison des sacrifices qu’il fait pour lui. […] Ainsi nous avons vu par hasard, et pour de rire, comme disent les enfants, une comédienne à coup sûr intelligente, habile et bien posée, aborder le rôle de Sylvia ; mademoiselle Anaïs était cette comédienne hardie ; en vain elle se cachait sous les habits de Sylvia, en vain sous les habits de Lisette, aussitôt la supercherie était évidente : un bout de ruban, un coin du sourire, un accent de la voix, un geste, un mot, que sait-on ?
Les comédies appellées palliatae, où le sujet & les personnages étoient Grecs, où les habits étoient Grecs ; où l’on se servoit du pallium : on les appelloit aussi crepidae, chaussure commune des Grecs. […] L’ignorance & l’erreur à ces naissantes pieces, En habits de marquis, en robes de comtesses, Venoient pour diffamer son chef-d’oeuvre nouveau, Et secouoient la tête à l’endroit le plus beau. […] C’étoit la partie d’un habit d’homme qui couvroit le dos, l’estomac & les bras. […] La communauté des marchands Pourpointiers a été réunie en 1655, à celle des tailleurs d’habits.