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18. (1867) La morale de Molière « CHAPITRE IV. Jugement sur les Hommes de Molière. » pp. 65-82

Que tout cela soit fort réjouissant, nul n’en disconvient ; mais n’est-il pas funeste pour la morale de forcer, pendant deux heures, l’honnête spectateur à trouver plein de grâce et d’intérêt le plus insigne des voleurs et des fourbes ? […] Le même reproche s’adresse au Valère du Mariage forcé, au Clitandre de l’Amour médecin, à l’Adraste de l’Amour peintre, au Valère du Médecin malgré lui, à l’Eraste de M. de Pourceaugnac, à l’Octave et au Léandre des Fourberies de Scapin : tous ces jeunes hommes mêlent des ruses honteuses, dégradantes, à la noblesse d’un amour qui touche au sublime par le dévouement et la délicatesse. […] Et s’il faut lui reprocher de nous avoir souvent forcés à applaudir ce que nous devons condamner, d’avoir maintes fois employé la puissance de son génie à flétrir la fleur de notre sens moral par l’entraînement du rire, il faut, sans lui pardonner cette erreur, lui rendre la justice que personne n’a plus fermement parlé le langage du bon sens, qui doit nous conduire dans la pratique de la vie ; personne n’a mieux compris ni montré quel ensemble de vertus supérieures doit se rencontrer en un homme pour qu’il soit honnête homme.

19. (1867) La morale de Molière « CHAPITRE VI. Les Femmes. » pp. 103-120

Enfin, il est impossible d’approuver, même en les acceptant comme typés de satire, des personnes comme la jeune Dorimène du Mariage forcé 413, la Femme de Sganarelle dans le Cocu imaginaire 414, la Martine et la Jacqueline du Médecin malgré lui 415, la Cléanthis d’Amphitryon 416, l’Angélique du Mari confondu 417, qui avait paru déjà dans la Jalousie du Barbouillé 418. […] Jamais sur le théâtre il n’a été possible de forcer la sympathie du spectateur pour la femme vicieuse. […] Le Mariage forcé, Dorimène.

20. (1732) Jean-Baptiste Pocquelin de Molière (Le Parnasse françois) [graphies originales] « CII. JEAN-BAPTISTE POCQUELIN. DE MOLIERE, Le Prince des Poëtes Comiques en France, & celebre Acteur, né à Paris l’an 1620. mort le 17. Fevrier de l’année 1673. » pp. 308-320

Cela arriva comme je l’avois prédit, & dès cette premiere representation, l’on revint du galimatias & du stile forcé. […] Le Mariage forcé, Comédie en Prose, un Acte, 1664. […] La mort (comme on vient de le dire) enleva Moliere presque à la sortie du théatre, où il se força pour jouer le rôle du Malade imaginaire, étant très-incommodé de la poitrine, & n’ayant pas voulu renvoyer un grand nombre de Spectateurs, qu’il avoit vû dans la Salle de la Comédie, avant que de s’aller habiller.

21. (1856) Molière à la Comédie-Française (Revue des deux mondes) pp. 899-914

Aujourd’hui, je suis forcé de le dire, ce dernier rôle est dénaturé d’une étrange manière. […] En parlant du premier, nous sommes forcé de blâmer avec une égale sévérité Elmire et Orgon. […] En parlant de l’Avare et de Don Juan, du Bourgeois gentilhomme et du Malade imaginaire, je serais forcé de répéter à peu près les observations que j’ai présentées en parlant de l’École des femmes et du Misanthrope, de Tartuffe et des Femmes savantes. […] Comment donc forcer les comédiens à la respecter ?

22. (1863) Histoire de la vie et des ouvrages de Molière pp. -252

Molière, brouillé avec Lulli, demande à Charpentier la musique d’intermèdes pour la reprise du Mariage forcé. […] Le rôle qu’on l’avait forcé de prendre lui fit un devoir de s’y rendre. […] Ils se rendirent donc en troupe au théâtre, résolus d’en forcer l’entrée. […] Cependant, si l’on en croit la même autorité, il était également forcé d’abandonner quelquefois son régime. […] Molière, forcé de garder la chambre, remit à Chapelle le soin de faire les honneurs de la maison.

23. (1772) De l’art de la comédie. Livre second. De ses différents genres (1re éd.) [graphies originales] « CHAPITRE XXXIX. De l’action dans les Pieces à caractere. » pp. 448-468

Harpagon a fait choix pour sa fille d’un homme mûr, qui n’a pas plus de cinquante ans, & veut la forcer à l’épouser, parcequ’on vante ses grands biens. […] Valere lui dit qu’il a raison, parcequ’il ne sauroit avoir tort ; mais qu’on ne doit point précipiter les choses, qu’il ne faut point forcer les inclinations des jeunes personnes, &c. […] Cléante demande à la Fleche s’il a trouvé l’argent qu’il est forcé d’emprunter par l’avarice de son pere.

24. (1867) La morale de Molière « CHAPITRE VIII. Le Mariage. » pp. 145-165

Le Mariage forcé, sc. […] Le Mariage forcé, le Mari confondu. […] Le cocu imaginaire, les deux Écoles, le Mariage forcé.

25. (1686) MDXX. M. de Molière (Jugements des savants) « M. DXX. M. DE MOLIÈRE » pp. 110-125

Le Sicilien ou l’Amour peintre ; l’Amphitrion, Le Mariage forcé, L’Avare. […] Scapin, selon lui, est une plaisanterie, qui ne laisse pas d’avoir son sel et ses agréments, comme Le Mariage forcé, ou Les Médecins.

26. (1819) Notices des œuvres de Molière (II) : Les Précieuses ridicules ; Sganarelle ; Dom Garcie de Navarre ; L’École des maris ; Les Fâcheux pp. 72-464

Cela arriva comme je l’avais prédit ; et, dès cette première représentation, l’on revint du galimatias et du style forcé. » Un vieillard s’écria du milieu du parterre : Courage, courage, Molière, voilà la bonne comédie. […] Molière qui s’était réservé le rôle de Dom Garcie, ne s’en étant pas acquitté à la satisfaction du public, fut forcé de le céder à un autre. […] Comme Molière avait rempli le principal rôle dans ses deux derniers ouvrages, et que la verve comique de son jeu y avait été fort goûtée, ils affectèrent de louer le comédien aux dépens de l’auteur ; ils convinrent que Molière était un fort bon mime qui, par ses gestes et ses grimaces vraiment risibles, faisait beaucoup valoir des scènes grossières et insipides ; mais forcés de reconnaître son talent pour la farce, ils voulurent l’y renfermer ; ils lui firent, pour ainsi dire, défense d’en sortir, le menaçant des choses les plus humiliantes, s’il osait franchir ce cercle étroit où ils l’emprisonnaient ; en un mot, ils le déclarèrent incapable de jamais réussir dans le genre noble et sérieux. […] Il est ingénieux et piquant sans doute ; mais j’oserai dire aussi qu’il est invraisemblable ; qu’il appartient à ce comique de convention, à ce comique forcé et chargé, qui caractérise la farce plutôt que la véritable comédie.

27. (1801) Moliérana « [Anecdotes] — [3, p. 35] »

1775, Anecdotes dramatiques, tome I, p. 518 Le fameux comte de Grammont136 a fourni à Molière l’idée de son Mariage forcé.

28. (1772) De l’art de la comédie. Livre premier. De ses différentes parties (1re éd.) [graphies originales] « CHAPITRE XXVIII. Du Comique, du Plaisant, des Causes du rire. » pp. 463-473

Je ne m’amuserai pas à prouver la différence qu’il y a entre le rire de joie, le rire moqueur, le rire forcé, le rire bas, le rire de l’ame, &c. […] Dès que j’en vis briller la splendeur plus qu’humaine, De mon intérieur vous fûtes souveraine ; De vos regards divins l’ineffable douceur Força la résistance où s’obstinoit mon cœur ; Elle surmonta tout, jeûnes, prieres, larmes, Et tourna tous mes vœux du côté de vos charmes.

29. (1866) Petite comédie de la critique littéraire, ou Molière selon trois écoles philosophiques « Conclusion » pp. 355-370

                Le Mariage forcé, scène vi. […] La comédie pourrait peut-être mieux finir ; mais c’est ici un livre de bonne foi, et je suis forcé d’en demeurer là 468.

30. (1867) La morale de Molière « CHAPITRE II. La Débauche, l’Avarice et l’Imposture ; le Suicide et le Duel. » pp. 21-41

Je ne parle pas des filles mises à mal, c’est d’une vérité trop évidente ; mais ce valet, qui croit en Dieu au fond, qui voudrait avertir et retenir son maître, et à qui sa faible raison ne permet de défendre que ridiculement la cause de la vérité61 ; qui est forcé à mentir62, à insulter63, à cacher comme une honte les moindres bons sentiments64, à partager enfin toute la vie et tous les crimes de don Juan, « parce qu’un grand seigneur méchant homme est une terrible chose : il faut qu’on lui soit fidèle, en dépit qu’on en ait, et la crainte réduit d’applaudir bien souvent ce que l’âme déteste65 ; » ce valet, nous le voyons se gâter, s’endurcir, imiter l’escroquerie du maître66, engager le Pauvre à jurer un peu 67 ; et enfin, après le châtiment de don Juan, n’avoir d’autre sentiment en face de cette mort effrayante, que le regret des gages qu’il perd68 : ah ! […] Mais quel trait de génie, de nous le présenter amoureux de la maîtresse de son fils, volé par son fils, qu’il a forcé, par l’excès, de son vice, à ne plus voir, dans cette tête sacrée du père, qu’un indigne rival avec qui toute guerre est permise, un ennemi domestique contre qui toute la maison se ligue, depuis l’héritier du nom paternel jusqu’au dernier valet de cuisine ! […] IV ; le Mariage forcé, sc.

31. (1734) Mémoires sur la vie et les ouvrages de Molière (Œuvres de Molière, éd. Joly) [graphies originales] pp. -

Mais, si l’on ne considére que l’art qui régne dans cette piéce, on sera forcé de convenir que l’école des femmes est une des plus excellentes productions de l’esprit humain. […] Le mariage forcé, ballet du Roi, Le Mariage forcé, comédie-ballet en un acte en prose, représentée au louvre le 29 janvier 1664, & à Paris sur le théatre du palais royal, avec quelques changemens, le 15 novembre de la même année. […] On fut forcé de convenir qu’une prose élégante pouvoit peindre vivement les actions des hommes dans la vie civile ; & que la contrainte de la versification, qui ajoûte quelquefois aux idées, par les tours heureux qu’elle donne occasion d’employer, pouvoit quelquefois aussi faire perdre une partie de cette chaleur & de cette vie, qui naît de la liberté du stile ordinaire. […] Les efforts qu’il fit pour achever son rôle, augmentérent son oppression ; & l’on s’apperçut qu’en prononçant le mot juro, dans le divertissement du troisiéme acte, il lui prit une convulsion, qu’il tâcha en vain de déguiser aux spectateurs par un ris forcé. […] Le Mariage forcé, comédie-ballet en un acte en prose, représentée au louvre le 29 janvier 1664, & à Paris sur le théatre du palais royal, avec quelques changemens, le 15 novembre de la même année.

32. (1801) Moliérana « [Anecdotes] — [4, p. 36] »

Ces messieurs, indignés, forcèrent la porte de la comédie, tuèrent les portiers, et cherchèrent la troupe entière pour lui faire éprouver le même traitement : mais Béjart, qui était habillé en vieillard pour la pièce qu’on allait jouer, se présenta sur le théâtre : Eh, messieurs, leur dit-il, épargnez un pauvre vieillard de soixante-quinze ans, qui n’a plus que quelques jours à vivre.

33. (1772) De l’art de la comédie. Livre troisième. De l’imitation (1re éd.) [graphies originales] « CHAPITRE V. » pp. 71-105

Si cette offre sur vous obtient si peu d’empire Que vous me refusiez de me faire, entre nous, Un sacrifice entier de vos transports jaloux ; S’il ne vous suffit pas de toute l’assurance Que vous peuvent donner mon cœur & ma naissance, Et que de votre esprit les ombrages puissants Forcent mon inconstance à convaincre vos sens, Et porter à vos yeux l’éclatant témoignage D’une vertu sincere à qui l’on fait outrage, Je suis prête à le faire, & vous serez content : Mais il vous faut de moi détacher à l’instant, A mes vœux pour jamais renoncer de vous-même ; Et j’atteste du Ciel la puissance suprême, Que, quoi que le destin puisse ordonner de nous, Je choisirai plutôt d’être à la mort qu’à vous. […] A cet éclat vous voulez me forcer ; Mais je vous apprendrai que c’est trop m’offenser. […] C’est un accident imprévu qui m’y a forcé, vous le savez. […] tu te flattes que l’amour ardent dont je brûle pour toi ; que l’espérance de la possession que tu m’offres, me forcera de te croire, malgré le témoignage de mes yeux ; que j’aimerai mieux m’exposer à tout, que de me priver d’un bien que j’avois desiré avec tant d’ardeur ?

34. (1867) La morale de Molière « CHAPITRE XII. Réflexions Générales. » pp. 241-265

  Et puis, d’une autre part, toujours pour faire rire, il a forcé le cœur à être indulgent pour des gens méprisables, à s’intéresser au succès de ruses honteuses ; il a mis les grâces et l’esprit dans des personnes indignes ; il a chanté des refrains bachiques et des couplets licencieux ; il a fait des plaisanteries grivoises ; il a ri du crime d’adultère comme d’une chose fort comique ; il a tourné en ridicule, avec une verve inépuisable, l’autorité paternelle. […] En un mot, il faut juger, et le triomphe du comédien est de passionner si bien les cœurs que le jugement soit séduit et forcé. […] — Il est étonnant de trouver la même appréciation toute superficielle, répétée à cent cinquante ans de distance, avec la même légèreté, par un critique d’école nouvelle : « Molière, trop pressé, forcé de se plier au ton convenable, gêné par l’alexandrin monotone, n’a pas toujours atteint le style naturel. » H.

35. (1853) Histoire de la littérature dramatique. Tome II « Chapitre premier. Ce que devient l’esprit mal dépensé » pp. 1-92

Mais quoiqu’on doive marquer chaque passion par un plus fort degré et par les traits les plus vifs, pour en mieux montrer l’excès et la difformité, on n’a pas besoin de forcer la nature et d’abandonner le vraisemblable. […] Cette fois Sganarelle veut se marier et se marie malgré lui, excellente occasion pour Molière de nous faire l’histoire du mariage forcé de Sganarelle. […] Au reste, je ne crois guère que ce soit cette anecdote-là qui ait fourni à Molière le sujet du Mariage forcé. […] Restons, chacun dans notre naturel, ne forçons point notre talent. […] Pauvre femme amoureuse ; elle a écrit, d’un doigt tremblant, le nom de Lauzun sur une glace ternie de son souffle brûlant, car Lauzun la força de se déclarer elle-même !

36. (1821) Notices des œuvres de Molière (VI) : Le Tartuffe ; Amphitryon pp. 191-366

Notice historique et littéraire sur Le Tartuffe Le Tartuffe n’est pas seulement un chef-d’œuvre, le chef-d’œuvre peut-être de la scène comique : ce fut aussi un événement mémorable qui agita et divisa l’opinion ; où prirent parti les différentes puissances qui dominent la société ; où l’activité persévérante et courageuse d’un homme eut à lutter, pendant plusieurs années, contre des obstacles, que lui opposaient la magistrature et le sacerdoce ; où le monarque le plus absolu fut longtemps indécis entre les plaintes d’un poète et les alarmes de la religion, entre les penchants de son esprit et les scrupules de sa conscience, et dont enfin l’issue, favorable au théâtre, a eu sur la morale publique une influence qu’on peut qualifier diversement, mais que tout le monde est forcé de reconnaître. […] Si ces attaques n’avaient été dirigées contre lui que par de faux dévots, l’histoire en serait bientôt faite : on n’y verrait que de simples représailles, et l’on concevrait sans peine comment un poète, qui avait annoncé et effectué le projet de démasquer toute une classe d’hommes non moins nombreuse que puissante, dut se trouver exposé aux plus violents effets de leur ressentiment : mais la question n’est pas si simple ; et, à moins qu’on ne veuille confondre dans une même catégorie les vrais et les faux dévots que Molière lui-même a si bien eu le soin de distinguer, on doit être forcé de reconnaître que des hommes sincèrement pieux furent alarmés de sa comédie au premier bruit qui s’en répandit, et s’empressèrent de la combattre dès qu’elle eut paru. […] « Si le libertin, dit-il, est forcé de convenir que toute piété n’est pas fausse, du moins prétend-il qu’elle est suspecte, et qu’il y a toujours lieu de s’en défier : or, cela lui suffit ; car il n’y a point de piété qu’il ne rende par là méprisable en la rendant douteuse ; et, tandis qu’on la méprisera, qu’on la soupçonnera, elle sera faible et impuissante contre lui. […] Mais il est un point essentiel sur lequel Molière était forcé, par égard pour les opinions, ou, si l’on veut, pour les préjugés modernes, d’abandonner les traces de son original : je veux parler de la physionomie du personnage principal, d’Amphitryon.

37. (1772) De l’art de la comédie. Livre premier. De ses différentes parties (1re éd.) [graphies originales] « CHAPITRE VII. De l’Exposition. » pp. 139-164

Le premier acteur qui paroît, la doit au public ; mais comme le public est supposé n’être pas présent, l’acteur est forcé de se la faire à lui-même, ou à quelque autre personnage : il n’y a que ces deux moyens ; chacun peut être bon & très défectueux. […] Si le personnage se fait de sang froid une longue récapitulation de ce qu’il sait déja, la mal-adresse de l’Auteur perce ; l’exposition est mauvaise, parcequ’il n’est pas naturel qu’un homme se fasse confidence à lui-même d’une chose qu’il n’ignore pas : mais l’exposition est bonne, si les événements passés causent à ce même personnage assez de joie ou de chagrin pour que ses transports le forcent comme malgré lui à se les rappeller. […] Du Croisy rit des impertinences qu’il a essuyées de la part des Précieuses ; la Grange en est outré : les voilà suffisamment autorisés à se les répéter sans que leur scene ait rien de forcé.

38. (1852) Molière, élève de Gassendi (Revue du Lyonnais) pp. 370-382

Le péripatétisme intolérant appelant la persécution à son aide, ce sont les questions oiseuses, les distinctions subtiles de la scolastique voilà ce qu’il tourne en ridicule dans le personnage de Pancrace du Mariage forcé. […] Après Pancrace, dans le Mariage forcé, parait Marphurius, dont le risible scepticisme est sans doute une parodie du doute méthodique de Descartes.

39. (1772) De l’art de la comédie. Livre premier. De ses différentes parties (1re éd.) [graphies originales] « CHAPITRE XXVII. Des aparté. » pp. 446-462

On voit que ces aparté n’ont rien de forcé, graces à l’adresse de l’Auteur. […] Le but des inventeurs de cette fausseté est de forcer la vieille à permettre le mariage de sa niece pour calmer le Baron, qui feindra d’être jaloux, & ne voudra s’appaiser qu’à ces conditions.

40. (1772) De l’art de la comédie. Livre premier. De ses différentes parties (1re éd.) [graphies originales] « CHAPITRE XXIX. Des Méprises, des Equivoques & de ce qu’on appelle quiproquo au Théâtre. » pp. 474-489

Voilà qui commence dès ce moment à être forcé. […] On voit qu’elle a été amenée avec vraisemblance, & que pendant le temps qu’elle a duré, elle n’a eu rien de forcé, rien de tiraillé, rien qui distillât la sueur de l’Auteur.

41. (1824) Notice sur le Tartuffe pp. 91-146

Peut-être Louis XIV à Versailles se serait cru forcé de défendre l’ouvrage ; le roi ayant prononcé, il n’y avait plus de recours possible ; mais Molière pouvait en appeler du premier président au monarque, et ce fut sa première pensée. […] Où a-t-il trouvé cette peinture si énergique et si profonde de l’hypocrisie et du fanatisme, ce secret de forcer l’imposture jusque dans ses derniers retranchements, d’arracher la vérité au mensonge même, et de faire jaillir du choc des plus viles passions le triomphe de la vertu ? Presque tous les commentateurs de Molière semblent avoir eu la prétention de prouver qu’ils savaient mieux le français que lui, comme s’ils avaient voulu se dédommager, par la critique de son style, de l’hommage qu’ils étaient forcés de rendre à son génie. […] Molière en a forcé les portes ; il a saisi l’hypocrite jusque sur les marches sacrées, il l’a mis à nu au pied de ces mêmes autels qu’il profanait par ses vices, et en présence de la foule qu’il trompait par ses grimaces. […] Non, ce n’est point Molière qui a introduit dans la comédie la licence et le libertinage ; c’est au contraire lui qui, en peignant les ridicules du les travers des hommes, les a forcés à rougir d’eux-mêmes ; c’est lui qui a épuré à la fois l’art et les mœurs, qui a fait d’un divertissement une leçon, et du théâtre une école de morale.

42. (1840) Le foyer du Théâtre-Français : Molière, Dancourt, I pp. 3-112

On y voit pointer Métaphraste du Dépit amoureux, Pancrace du Mariage forcé, grands amis d’Aristote ; on y trouve aussi le latin équivoque de la comtesse d’Escarbagnas. […] Le piquant de la situation consiste dans l’embarras de ce valet, forcé de jouer le rôle de son prétendu frère en même temps que le sien, et cela, presque sous les yeux de sa dupe. […] N’est-ce pas une chose admirable, eu effet, que de vouloir forcer un amoureux attendant sa maîtresse, à donner son opinion sur les chances du pique ou du carreau ? […] Le mariage forcé était primitivement une comédie-ballet ; le roi y dansa. […] Nous approuvons d’ailleurs Molière de s’en être tenu aux mœurs, quand même il n’y aurait pas été forcé.

43. (1788) Molière (Dictionnaire encyclopédique) « article » pp. 588-589

Si l’on considère Molière comme acteur, si l’on veut savoir quels furent ses talents pour la déclamation, l’auteur répond assez du comédien ; on sent qu’il n’a pu lui manquer que les avantages extérieurs ; on dit qu’en effet ils lui manquèrent ; qu’une voix sourde, des infléxions dures, une volubilité désagréable le forcèrent d’abandonner la déclamation tragique, dont sa seule présence, en rappellant si vivement la comédie, devait trop affaiblir l’impression.

44. (1820) Notices des œuvres de Molière (V) : L’Amour médecin ; Le Misanthrope ; Le Médecin malgré lui ; Mélicerte ; La Pastorale comique pp. 75-436

L’Amour médecin, ce simple crayon , et ce petit impromptu , comme l’appelle Molière, commence par une scène excellente, que j’ai déjà nommée le pendant de la non moins excellente scène par laquelle commence aussi Le Mariage forcé. […] Lui, qui saisit si bien le travers des gens qui donnent des avis intéressés, il sollicite, comme le Sganarelle du Mariage forcé, des avis pour ne pas les suivre : c’est-à-dire que d’avance il a excepté dans son âme la seule chose qu’il soit raisonnable de lui conseiller, le mariage de sa fille ; et, après qu’il a promis par serment à la pauvre Lucinde, de lui accorder tout ce qu’elle pourrait demander, la chose qu’elle demande, est précisément celle qu’il refuse. […] Poète comblé des faveurs du roi, il avait composé à la hâte, pour les fêtes de la cour, Le Mariage forcé, La Princesse d’Élide, et L’Amour médecin.

45. (1772) De l’art de la comédie. Livre premier. De ses différentes parties (1re éd.) [graphies originales] « CHAPITRE XXIV. Des Tableaux. » pp. 422-425

Pour que le lecteur puisse tirer quelque fruit de cet article ; pour bien lui persuader que les tableaux qu’on nous fera d’après des situations foibles, manqueront de vigueur, en ayant un air forcé, comparons à ceux qu’il connoît déja, celui qui est dans le Philosophe marié.

46. (1772) De l’art de la comédie. Livre troisième. De l’imitation (1re éd.) [graphies originales] « CHAPITRE XV. » pp. 290-293

Le voile de la piece italienne & celui de la françoise sont tous les deux les principaux ressorts des scenes qu’ils amenent, & nous paroissent également forcés, parceque nos yeux ne sont pas accoutumés aux grands voiles : ce qui prouve qu’un Auteur, en imitant, ne doit rien transporter sur son théâtre qui blesse les usages de sa nation.

47. (1716) Projet d’un traité sur la comédie pp. 110-119

Mais quoiqu’on doive marquer chaque passion dans son plus fort degré, et par ses traits les plus vifs, pour en mieux montrer l’excès et la difformité, on n’a pas besoin de forcer la nature et d’abandonner le vraisemblable.

48. (1800) De la comédie dans le siècle de Louis XIV (Lycée, t. II, chap. VI) pp. 204-293

Les ressorts forcés et la multiplicité d’incidents dénués de toute vraisemblance excluent ces deux pièces du rang des bonnes comédies. […] Le Mariage forcé, comédie-ballet en un acte, était encore un de ces intermèdes bouffons qui faisaient partie des spectacles de la cour. […] Qui le forçait à soutenir si obstinément une vérité si indifférente ? […] non sans doute; mais le désir de faire rire aux dépens du personnage l’a forcé de le dégrader contre la vérité du caractère. » Et quel est celui que Rousseau voudrait qu’on ait donné au Misanthrope? […] Son avare est haï et méprisé de tout ce qui l’entoure : il est odieux à ses enfants, à ses domestiques, à ses voisins, et l’on est forcé d’avouer que rien n’est plus juste.

49. (1885) La femme de Molière : Armande Béjart (Revue des deux mondes) pp. 873-908

Il en vint, naturellement, à examiner pour son compte l’embarrassante question que soulève le Panurge de Rabelais et que lui-même devait porter à la scène dans le Mariage forcé, c’est-à-dire à se demander pourquoi il n’associerait pas à son existence une jeune femme qui en serait la joie et le délassement. […] Elle ne joue pas dans le Mariage forcé, qui est du 29 janvier 1664, car le 19 elle a donné un fils à Molière. Il y a cependant pour elle un joli rôle de figuration, dont elle prendra possession après ses relevailles, car on trouve, dans l’inventaire dressé à la mort de Molière, parmi les costumes de sa femme, « un habit d’Égyptienne du Mariage forcé, en satin de plusieurs couleurs. […] Le Mariage forcé et George Dandin offrent peut-être des allusions plus directes à son ménage. […] Aussitôt mariée, Armande « se croit une duchesse, » se pare avec fureur et coquette « avec le courtisan désœuvré qui lui en conte ; » elle hausse les épaules aux observations de son mari ; ces leçons lui paraissent « trop sévères pour une jeune personne qui, d’ailleurs, n’a rien à se reprocher. » Avec le Mariage forcé nous sommes au commencement de 1664, au milieu de 1668 avec George Dandin ; après deux ans de mariage, à plus forte raison après six ans, les conséquences fatales de la différence d’âge et de caractère ont dû se produire pour les deux époux.

50. (1825) Notice sur Molière — Histoire de la troupe de Molière (Œuvres complètes, tome I) pp. 1-

C’est dans Le Mariage forcé que se trouve la fameuse dissertation sur la forme et la figure du chapeau : on ne pouvait mieux tourner en ridicule les subtilités de l’école. […] Il est peu de dénouements plus comiques que celui du Mariage forcé. […] Cette comédie était composée depuis longtemps : deux fois l’auteur avait voulu la produire devant le parterre ; deux fois les bigots s’étaient ameutés en fureur, et, par leurs cris, leurs menaces et leurs intrigues, avaient forcé les comédiens à la retirer ; le président Lamoignon lui-même, trompé sur les intentions de l’auteur, prêta l’appui de son autorité à ces cabales remuantes. […] Parmi les rôles de ce dernier genre, on cite celui d’Agnès de L’École des Femmes, qu’elle rendait avec une telle supériorité, que quelques années avant sa retraite du théâtre, ses camarades l’ayant engagée à céder son rôle d’Agnès à mademoiselle du Croisy, et cette dernière s’étant présentée pour le jouer, tout le parterre demanda si hautement mademoiselle de Brie, qu’on fut forcé de l’aller chercher chez elle. […] Mademoiselle Duparc joua d’original Arsinoé dans Le Misanthrope, Dorine dans Le Mariage forcé, dans La Princesse d’Élide, Héro dans Héro et Léandre.

51. (1775) Anecdotes dramatiques [extraits sur Molière]

Quelques années avant sa retraite du Théâtre, ses camarades l’engagèrent à céder son rôle d’Agnès à Mlle Ducroisy ; et cette dernière s’étant présentée pour le jouer, tout le Parterre demanda si hautement Mlle Debrie*, qu’on fut forcé de l’aller chercher chez elle, et on l’obligea de jouer dans son habit de Ville. […] Les plus mutins s’ameutèrent, et résolurent de forcer l’entrée ; ils allèrent en troupe à la Comédie, et attaquèrent brusquement les gens qui gardaient les portes. […] 1801, Moliérana, 3, p. 35 Tome I, p. 518 Cette Pièce [Le Mariage Forcé] fut représentée la première fois au Louvre accompagnée d’un Ballet du même titre, où Louis XIV dansa. […] La Nature se trouvait surprise ; et dans cette illusion d’un art porté à sa perfection ; il eût été mal-aisé que les ris, s’il en eût échappé, n’eussent pas été comme forcés. […] Je l’ai vu applaudir au Jeu forcé de quelques-uns de mes camarades : j’ai chargé mes rôles, pour recevoir les mêmes applaudissements.

52. (1705) La vie de M. de Molière pp. 1-314

Mais le Mariage forcé, qui fut représenté le dernier jour de la Fête du Roi, n’eut pas le même sort chez le Courtisan. […] Mais ces Messieurs ne trouvèrent pas bon que les Comédiens leur fissent imposer une loi si dure ; et ils prirent pour un affront qu’ils eussent eu la hardiesse de le demander : les plus mutins s’ameutèrent ; et ils résolurent de forcer l’entrée. […] Molière s’applaudissant du succès de son invention, pour forcer le public à lui rendre justice, hasarda d’en tirer une glorieuse vengeance, en faisant jouer le Misanthrope seul. […] Ayant remarqué lui-même que l’on s’en était aperçu, il se fit un effort, et cacha par un ris forcé ce qui venait de lui arriver. […] La Cour se plaisait aux spectacles, aux beaux sentiments, de la Princesse d’Élide, des Amants magnifiques, de Psyché ; et ne dédaignait pas de rire à Scapin, au Mariage forcé, à la Comtesse d’Escarbagnas.

53. (1867) La morale de Molière « CHAPITRE PREMIER. Part de la Morale dans la Comédie de Molière. » pp. 1-20

La vigueur avec laquelle sont accusés les traits des personnages, la mesure savante avec laquelle le ridicule est porté graduellement jusqu’à sa dernière limite, excitent des sentiments d’une vivacité insolite et forcent absolument le rire. […] Mais quoiqu’on doive marquer chaque passion dans son plus fort degré et par ses traits les plus vifs pour en mieux montrer l’excès et la difformité, on n’a pas besoin de forcer la nature et d’abandonner le vraisemblable. » Fénelon, Lettre à l’Académie-françoise, VII. — C’est son amour absolu du vrai qui a fait dire à Boileau :   C’est par là que Molière illustrant ses écrits Peut-être de son art eût remporté le prix,   Si, moins ami du peuple, en ses doctes peintures,   Il n’eut point fait souvent grimacer ses figures.

54. (1867) La morale de Molière « CHAPITRE V. L’Éducation des Femmes. » pp. 83-102

Il fit voir une vieille fille devenue folle au bruit étourdissant des madrigaux, du beau langage, des tourbillons et de l’amour platonique304 ; une belle et jeune fille pleine d’espérance, rendue sèche, orgueilleuse, incapable d’amour et de famille305 ; une gracieuse et spirituelle enfant près d’être immolée à l’engouement de sa mère pour un pédant aussi sot qu’intéressé306 ; une brave servante, humble providence de la maison, chassée comme une voleuse À cause qu’elle manque à parler Vaugelas307 ; enfin un père réduit dans sa maison au rôle d’ombre, condamné au silence par son amour de la paix, méprisé par ce trio de précieuses savantes, qu’indigne son peu d’esprit, et forcé enfin de protester contre la science et les lettres par cette immortelle boutade qui est dans la mémoire de tous308 : la guenille de Chrysale, rappelant sur la terre ces folles envolées vers les régions imaginaires du bel esprit, est un mot impérissable comme le pauvre homme de Tartuffe et la galère de Scapin 309. […] Le Mariage forcé, sc.

55. (1809) Cours de littérature dramatique, douzième leçon pp. 75-126

Pourquoi les critiques français attacheraient-ils une haute importance à des règles aussi minutieuses, puisqu’ils doivent être forcés d’avouer que leurs plus grands maîtres ne les ont pas toujours observées. […] Il est vrai que la poésie y déploie moins de richesses, mais c’est parce que la musique forçait Quinault à lui laisser moins d’espace, et que d’ailleurs la nature de la langue et de la versification françaises ne se prête pas à cette magnifique abondance, à cette brillante prodigalité qui sied à la poésie espagnole. […] Quant à Mélanie, cette pièce peut être bonne pour réveiller la conscience d’un père qui veut forcer sa fille à vivre dans un cloître ; mais en quoi les spectateurs ont-ils mérité un pareil tourment ? […] Je ne sais si l’on a déjà remarqué que l’idée principale du Mariage forcé est prise dans Rabelais.

56. (1739) Vie de Molière

Le Mariage forcé. […] L’Amour médecin est un impromptu, fait pour le roi en cinq jours de temps : cependant cette petite pièce est d’un meilleur comique que Le Mariage forcé. […] On admire la conduite de la pièce jusqu’au dénouement ; on sent combien il est forcé, et combien les louanges du roi, quoique mal amenées, étaient nécessaires pour soutenir Molière contre ses ennemis. […] Molière ne pensait pas que Les Fourberies de Scapin et Le Mariage forcé valussent L’Avare, Le Tartuffe, Le Misanthrope, Les Femmes savantes, ou fussent même du même genre.

57. (1914) En lisant Molière : l’homme et son temps, l’écrivain et son œuvre pp. 1-315

Dans les unes toujours on parait se forcer ; Mais les autres, hélas ! […] Le Mariage forcé Le Mariage forcé n’est qu’une simple farce, Molière n’y a pas mis autre chose que ses procédés ordinaires et la verve puissante et abondante qu’il trouvait toujours prête à son service. […] Le public parce qu’il rit de Monsieur Jourdain n’est pas absolument forcé d’être amoureux de Dorante, non plus que parce qu’il rit d’Orgon il n’est forcé d’avoir tendresse d’âme pour Tartuffe. […] Bossuet fait évidemment allusion à la scène viii de l’acte IV de l’École des femmes, au discours de Chrysalde que je suis forcé de reproduire tout entier pour en faire juger. […] Il faudrait un peu adoucir ces brusques chagrins si vous voulez vivre un peu avec les hommes ce qui est forcé, car il n’y a pas de désert.

58. (1772) De l’art de la comédie. Livre second. De ses différents genres (1re éd.) [graphies originales] « CHAPITRE XL. Du dénouement des Pieces à caractere. » pp. 469-474

Les Auteurs seroient forcés malgré eux de s’ingénier pour faire naître l’action & son dénouement du caractere de leur héros, s’ils ne l’entouroient pas d’une infinité d’autres caracteres qui, comme nous l’avons dit plus haut, usurpent tous ses droits, & s’emparent de l’attention du public.

59. (1882) Molière (Études littéraires, extrait) pp. 384-490

Pour le représenter, il fallait donc faire passer devant Alceste les originaux qui le forcent à s’expliquer, par les impressions qu’il reçoit. […] L’intention de son rôle serait plutôt d’impatienter l’ami qu’il contredit, de le mettre hors des gonds, de le provoquer ainsi à forcer ses propres sentiments, et par là même à devenir comique. […] Il lui arrive de forcer la couleur et de pousser le trait à outrance. […] Le Sganarelle du Mariage forcé n’est qu’un célibataire ennuyé de son isolement. […] On peut en douter ; Molière a parfois forcé la note.

60. (1772) De l’art de la comédie. Livre troisième. De l’imitation (1re éd.) [graphies originales] « CHAPITRE IX. » pp. 180-200

Les trois Princes ont préparé des courses & des fêtes magnifiques dans l’espoir de mériter la main de la Princesse ; mais elle déclare à son pere que l’hymen lui déplaît, que ce seroit lui donner la mort que la forcer à prendre un époux. […] Une femme qui a le dépit de voir manquer les armes qu’elle croit les plus puissantes pour ranger un homme sous ses loix, la contrainte d’un amant qui est forcé de cacher les progrès que l’amour & les talents de sa maîtresse font sur son cœur, tout cela auroit-il paru à Moliere indigne d’attacher le spectateur ?

61. (1812) Essai sur la comédie, suivi d’analyses du Misanthrope et du Tartuffe pp. 4-32

Aussi, depuis Molière qui a peint presque tous les caractères, ceux qui ont voulu s’élever jusqu’à sa hauteur, et chercher quelques filons dans cette mine qu’il avait comme épuisée, ont été forcés de partager dans leurs pièces l’attention sur plusieurs caractères à la fois ; ils ont réussi à faire de bonnes comédies de mœurs, mais non des comédies de caractère. […] La vérité et la nature sont un cercle autour duquel nos préjugés, nos idées nous font souvent tourner ; mais tôt ou tard nous sommes forcés d’y rentrer.

62. (1725) Vie de l’auteur (Les Œuvres de Monsieur de Molière) [graphies originales] pp. 8-116

Mais le Mariage forcé, qui fut representé le dernier jour de la Fête du Roi, n’eut pas le même sort chez le Courtisan. […] Mais ces Messieurs ne trouverent pas bon que les Comediens leur fissent imposer une loi si dure ; & ils prirent pour un affront qu’ils eussent eu la hardiesse de le demander : les plus mutins s’ameuterent ; & ils resolurent de forcer l’entrée. […] Moliere s’applaudissant du succès de son invention, pour forcer le Public à lui rendre justice, hazarda d’en tirer une glorieuse vengeance, en faisant joüer le Misanthrope seul. […] Ayant remarqué lui même que l’on s’en étoit apperçû, il se fit un effort, & cacha par un ris forcé, ce qui venoit de lui arriver. […] La Cour se plaisoit aux spectacles, aux beaux sentimens, de la Princesse d’Elide, des Amans Magnifiques, de Psyché ; & ne dedaignoit pas de rire à Scapin, au Mariage forcé, à la Comtesse d’Escarbagnas.

63. (1772) De l’art de la comédie. Livre premier. De ses différentes parties (1re éd.) [graphies originales] « CHAPITRE XXV. De l’Illusion Théâtrale. » pp. 426-433

Cette maniere honnête de mettre le public à contribution, & de le forcer à applaudir, me paroît bien dangereuse ; il fait rarement de bonne grace ce qu’on lui demande : d’ailleurs comment ne pas trembler aux premieres représentations ?

64. (1856) Les reprises au Théâtre-Français : l’Amphitryon, de Molière (Revue des deux mondes) pp. 456-

On est donc forcé de mettre les expressions parasites sur le compte de la nécessité.

65. (1867) La morale de Molière « CHAPITRE X. Du Père, de la Famille, de l’Etat. » pp. 193-216

Que peut-on trouver dans toutes ces maisons-là, que des gens forcés de vivre en commun par la loi et l’usage, les uns bons, les autres méchants, la plupart ridicules, sans qu’ils aient les uns ni les antres aucun sentiment des obligations et des tendresses du sang, ou que nulle part, dans leur intimité, on sente le souffle d’affection qui rassemble et réchauffe les cœurs autour du père ? […] Le Mariage forcé.

66. (1867) La morale de Molière « CHAPITRE VII. De l’Amour. » pp. 121-144

Les deux Écoles, le Mariage forcé, le Misanthrope, l’Avare, le Bourgeois gentilhomme, la Comtesse d’Escarbagnas. […] Le Mariage forcé, sc.

67. (1740) Lettres au Mercure sur Molière, sa vie, ses œuvres et les comédiens de son temps [1735-1740] pp. -89

Moliere a changé, parla supériorité de son génie, le goût de ses contemporains pour l’obscénité, et les a forcés à venir en foule se divertir en gens raisonnables, et non pas en grigous et en crocheteurs. […] ; L’Amour sentinelle, ou les Cadenas forcés 104, 1672 ; Dorimond105, comédien de Mademoiselle106, et auteur de : La Rosélie, ou Dom Guillot, 1641107 ; L’Amant de la Seine ‌ 108, 1661 ; L’Inconstance punie, id.  […] On a de lui : L’Amour sentinelle, ou le Cadenat forcé, comédie, en 1672 ; Le Comte de Roquefeuille, ou le Docteur extravagant, comédie en un acte, 1672174 ; Les Brouilleries nocturnes, comédie, 1669 ; Le Campagnard dupé, comédie, 1671. […] 205« Le Mariage forcé, comédie ballet en un acte, en prose, ainsi intitulé206 parce que le Roy y avoit dansé une entrée dans la représentation qui en fut faite au Louvre le 29 janvier 1664.

68. (1863) Molière et la comédie italienne « Chapitre XIII. Retour de Molière à Paris » pp. 225-264

  Ce qui est certain, c’est que Molière diversifia ensuite le costume autant que le caractère du rôle : il devait faire paraître encore Sganarelle dans cinq comédies, à savoir : L’École des maris, Le Mariage forcé, Le Festin de Pierre, L’Amour médecin et Le Médecin malgré lui ; nous le montrer successivement tuteur d’Isabelle, futur époux de Dorimène, valet de Dom Juan, père de Lucinde, fagotier. […] Après avoir eu recours à la comédie de l’art, au, moins pour la trame du Cocu imaginaire, Molière demande à la comédie soutenue une pièce du genre dit héroïque, Dom Garcie de Navarre, par laquelle, forcé de quitter le Petit-Bourbon, il inaugura, le 4 février 1661, la salle du Palais-Royal.

69. (1835) Mémoire pour servir à l’histoire de la société polie en France « Chapitre XXXVII et dernier » pp. 442-475

Et ce que j’ai dit bien des fois, elle lui fait connaître un pays tout nouveau, je veux dire le commerce de l’amitié et de la conversation sans chicane et sans contrainte ; il en paraît charmé. » Certes, elle devait être d’un grand charme cette amitié qui, dans madame de Maintenon, était de l’amour retenu par la raison, la justice, l’honneur, la bienséance ; cette amitié, où les sens entraient pour quelque chose, mais soumis à de plus hautes et plus puissantes sympathies, celles de l’âme et de l’intelligence, à de plus nobles besoins, ceux de la considération et du respect de soi-même ; cette amitié passionnée que l’honneur forçait à résister au plus doux penchant, qui ne souffrait pas moins de sa résistance que l’ami à qui elle était opposée ; cette tendresse qui avait autant besoin d’être consolée de ses refus que celui qui les essuyait et dont la souffrance parvenait à obtenir des encouragements de l’amant voluptueux et contrarié. […] et des voix qui concertent depuis longtemps (au théâtre), se fassent entendre.… Parce qu’on ne danse pas encore aux Théatins, » demande enfin La Bruyère, « me forcera-t-on d’appeler tout ce spectacle office divin144 ? 

70. (1879) Les comédiennes de Molière pp. 1-179

Il usait aussi fort indiscrètement du mobilier d’un certain mari de Pézenas, et comme, suivant la tradition, il était aidé dans cette besogne par l’épouse du quidam, celui-ci, un beau jour, trouva la chose mauvaise, et força Molière à chercher, par les gouttières et les toits, une voie de salut, dans laquelle il a été suivi, depuis ce temps jusqu’à notre époque, par plus d’un braconnier de l’amour. […] On a remarqué que lorsqu’un notaire fait une estimation, il a toujours peur d’être pris au mot et d’être forcé de payer ce qu’il estime, tant il estime peu. […] Mais quand celle-ci parut sur la scène, les spectateurs se récrièrent et voulurent encore Mlle de Brie ; en ce temps-là le parterre était si absolu qu’on fut forcé d’aller chercher l’amie de Molière, qu’on entraîna malgré elle et qu’on força de jouer « dans son habit de ville. » Ce fut le plus beau jour de sa vie — au théâtre. — Elle en avait eu d’autres avec Molière. […] La charmeuse lui forçait le pas. […] On a dit que c’était pour la Beauval que Molière rima ce sonnet : C’est trop longtemps, Iris, me mettre à la torture, Et si je sois vos lois, je les blâme tout bas De me forcer à taire un tourment que j’endure, Pour déclarer un mal que je ne ressens pas.

71. (1772) De l’art de la comédie. Livre premier. De ses différentes parties (1re éd.) [graphies originales] « CHAPITRE XIX. De la Gradation. » pp. 342-351

Qu’on place le baiser de Crispin à côté de l’interprétation de la lettre, on le trouvera aussi forcé qu’impertinent : qu’on compare ensuite le moyen que Lisette emploie pour retenir Valere, avec le baiser que Crispin a appliqué sur la main de Lucile, il paroîtra bien froid, & cela parcequ’il est précédé par des moyens meilleurs.

72. (1772) De l’art de la comédie. Livre second. De ses différents genres (1re éd.) [graphies originales] « CHAPITRE XXVIII. Les Caracteres des hommes n’ont pas plus changé que ceux des professions. » pp. 303-311

D’ailleurs Harpagon, forcé de donner un repas, Harpagon contraint à laisser un diamant de prix dans les mains de sa maîtresse, ne se trouve-t-il pas, sur-tout dans la derniere scene, dans la situation où l’on desireroit l’Avare moderne ?

73. (1835) Mémoire pour servir à l’histoire de la société polie en France « Chapitre IV » pp. 38-47

M. de Souvray n’y voulait mettre la main, jusqu’à ce que, forcé par S. 

74. (1900) Molière pp. -283

Chez Molière, l’intrigue est nulle, le sujet matériel presque toujours emprunté, le dénouement forcé ; mais les caractères sont d’une vérité que le temps n’a pas encore altérée. […] Dans Le Dépit amoureux, quand il s’agit d’exposer tous les événements autour desquels roule la pièce, le nœud de la pièce, c’est-à-dire ce qu’il y a de plus important, de tout à fait nécessaire pour la conduite de tout le reste, enfin ce qui doit être fait clairement, Frosine fait une phrase de douze vers dont elle ne peut pas sortir, phrase où sont étrangement mélangés des incidents les plus divers, les plus abstrus et les plus forcés ; le forcé du style se joint au forcé de l’action pour jeter le spectateur dans une obscurité complète. […] Dom Juan veut forcer le Pauvre à blasphémer, et le Pauvre s’y refuse. […] Eh bien, vous verrez là Beaumarchais allant chercher Clavijo en Espagne pour le forcer à épouser Marie Beaumarchais : il y a là des débordements infinis de tendresse, desquels Dom Carlos n’éprouve rien. […] Mais quels édits ai-je publiés pour forcer les Romains à croire que je fusse dieu ?

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