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19. (1885) La femme de Molière : Armande Béjart (Revue des deux mondes) pp. 873-908

D’après l’auteur de la Fameuse Comédienne, Armande aurait « passé sa plus tendre jeunesse dans le Languedoc, chez une dame d’un rang distingué dans la province. » Rien n’empêche de tenir le renseignement pour exact. […] La présence de Jean Poquelin et de André Boudet aux deux cérémonies prouve d’abord que l’union projetée ne rencontra pas, dans la famille du poète, les résistances dont on a parlé, ou, s’il y eut des difficultés, qu’elles n’empêchèrent pas un accord final. […] Cela n’empêche point la Fameuse Comédienne de faire durer sa liaison avec Mlle Molière jusqu’après les représentations de la Princesse d’Elide, à Chambord ; or cette pièce ne fut jouée qu’après le départ de l’abbé, le 8 mai 1664, et à Versailles. […] Faute ou maladresse, au surplus, la réconciliation n’en fut pas empêchée. […] Il semble, cependant, qu’il ne puisse, malgré qu’il en ait, s’empêcher de lui conserver un peu du rôle qu’elle avait dans la réalité.

20. (1801) Moliérana « [Anecdotes] — [65, p. 101-102] »

Ce dernier allant voir cette dame, après la première représentation des Femmes savantes, où elle s’était trouvée, elle ne put s’empêcher de lui dire : Quoi, monsieur, vous souffrirez que cet impertinent de Molière nous joue de la sorte ?

21. (1835) Mémoire pour servir à l’histoire de la société polie en France « Chapitre XXVIII » pp. 305-318

Madame de Sévigné avait douze ans de plus que madame Deshoulières ; mais ce n’était pas cette différence d’âge qui les empêchait de se voir, c’était l’opposition de mœurs et d’opinions politiques qui séparait de tous les Mancini, hommes et femmes, et de leurs affidés, tels que madame Deshoulières, tout ce qui était en relation d’amitié avec le grand Condé, avec sa sœur la duchesse de Longueville, avec le cardinal de Retz, le duc de La Rochefoucauld, société habituelle de madame de Sévigné. […] Elle n’empêchait pas le crédit de madame Scarron à la cour même, et l’inclination du roi vers les mœurs douces, honnêtes, et polies de la société dont elle était un ornement.

22. (1801) Moliérana « [Anecdotes] — [45, p. 77-78] »

Baron* lui annonça un jour à Auteuil, un homme que l’extrême misère empêchait de paraître ; il se nomme Mondorge217, ajouta-t-il.

23. (1801) Moliérana « [Anecdotes] — [94, p. 138-139] »

[94, p. 138-139] L’abbé Dubos287 admire dans la scène 7 du troisième acte288 du Misanthrope, la saillie de ce même personnage, qui rendant un compte sérieux des raisons qui l’empêchent de s’établir à la cour, ajoute, après une déduction des contraintes réelles et gênantes qu’on s’épargne en n’y vivait point : « On n’a point à louer les vers de messieurs tels. »289 Cette pensée devient sublime, dit-il, par le caractère connu du personnage qui parle, et par la procédure qu’il vient d’essuyer, pour avoir dit que des vers mauvais ne valaient rien.

24. (1801) Moliérana « [Anecdotes] — [46, p. 78-80] »

218 Le moyen qu’emploie Isabelle dans L’École des maris, pour empêcher Sganarelle d’ouvrir sa lettre, « Lui voulez-vous donner à croire que c’est moi ? 

25. (1801) Moliérana « [Anecdotes] — [87, p. 131-132] »

Ils avaient cependant poussé si loin la raillerie, que Molière, touché de la patience de La Fontaine, ne put s’empêcher d’en être piqué pour lui, et de dire à Descoteaux, en le tirant à part au sortir de table : Nos beaux esprits ont beau se trémousser, ils n’effaceront pas le bonhomme.

26. (1801) Moliérana « Vie de Molière »

Ces défauts sont couverts par une variété qui tiennent le spectateur en haleine, et l’empêchent de trop réfléchir sur ce qui pourrait le blesser123. […] Quoique le comique qui caractérise cette pièce, soit d’un ordre inférieur, on ne peut s’empêcher cependant d’y applaudir.

27. (1835) Mémoire pour servir à l’histoire de la société polie en France « Chapitre XXII » pp. 222-236

Le grand Alcandre, pour avoir le plaisir de voir madame de Montespan, allait plus souvent chez madame de La Vallière, et madame de La Vallière, se faisant l’application de ces nouvelles assiduités, en aimais davantage encore madame de Montespan… Mais enfin… elle s’aperçut bientôt de la vérité… elle se plaignit au grand Alexandre, qui lui dit qu’il était de trop bonne foi pour l’abuser davantage ; qu’il aimait madame de Montespan ; mais que cela n’empêchait pas qu’il ne l’aimait comme il devait, et qu’elle devait se contenter de ce qu’il faisait pour elle… Nouveaux pleurs, nouvelles plaintes… Mais le grand Alcandre n’en étant pas plus attendri, lui dit une seconde fois que si elle voulait qu’il continuât de l’aimer, elle ne devait rien exiger de lui au-delà de sa volonté ; qu’il désirait qu’elle vécût avec madame de Montespan comme par le passé, et que si elle témoignait la moindre chose de désobligeant à cette dame, elle l’obligerait à prendre des mesures. […] Elle empêcha ses gens de la maltraiter, et tout éperdue remonta chez elle, s’y trouva mal, et tomba incontinent dans une maladie de langueur qui lui fit fermer sa porte à tout le monde.

28. (1884) La Science du cœur humain, ou la Psychologie des sentiments et des passions, d’après les oeuvres de Molière pp. 5-136

Pensant toujours à son or, ne pouvant s’empêcher d’en parler, il suppose que les autres y pensent comme lui ; il les oblige à y penser alors qu’ils n’y songeaient point. […] Cette comédie ne peut servir qu’à éclairer les personnes morales à cet égard, et à les empêcher de devenir les victimes des fripons qui chercheraient à les exploiter en simulant la vertu. […] Amphitryon, très irrité contre Sosie, veut le rouer de coups, mais il en est empêché par Naucratès. […] Rien ne peut empêcher de surgir ce qui est instinctif en nous ; nous le subissons involontairement. […] Les auditeurs riront toujours des exagérations dans lesquelles Chrysale tombe sous l’influence de son indignation, ce qui ne les empêchera pas d’applaudir aux sages maximes qu’il prononce lorsque, étant calme, il est guidé par son bon sens, par la raison.

29. (1801) Moliérana « [Anecdotes] — [23, p. 51] »

C’est du reste l’ascendant de Lully sur le roi et l’habileté peu scrupuleuse et intraitable du musicien à s’assurer une sorte de monopole à la cour, notamment dans le domaine du spectacle et du théâtre en musique, qui ont empêché Charpentier d’accéder aux plus hautes fonctions et de connaître véritablement la gloire de son vivant.

30. (1801) Moliérana « [Anecdotes] — [90, p. 134] »

Le respect qu’elle inspire aux gens du monde comme aux gens de lettres n’empêche pas qu’on jette son corps à la voirie.

31. (1909) Deux ennemis de la Compagnie du Saint-Sacrement : Molière et Port-Royal (Revue des deux mondes) pp. 892-923

Rien d’étonnant donc que le 28 mars 1658, il ait été résolu en la Compagnie de Paris que, pour se cacher mieux, « Messieurs seraient priés de n’amener avec eux que le moins de train qu’ils pourraient, qu’on n’écrirait plus aux groupes de province que des lettres sans suscription et sans signature, qu’on ne donnerait avis des morts qu’une fois par mois et qu’on ne députerait plus de membres de la Compagnie aux œuvres de charité publique. » Toutes ces précautions n’empêchèrent pas que, celte année même, la Compagnie ne reçût le premier des coups qui la désorganisèrent. […] L’année suivante, la Compagnie de Marseille s’occupait « d’empêcher que les comédiens ne jouassent pendant le jubilé; »en 1662, elle projetait « de mettre un terme au libertinage des masques. »Si quelques-unes de ces attaques ne visaient que des désordres récens, les autres s’attaquaient à de vieilles habitudes et allaient bouleverser les réjouissances traditionnelles des grandes villes. […] On s’ouvrit à plusieurs projets nouveaux : celui de faire ensevelir chrétiennement les corps des suppliciés, « après que les chirurgiens en ont fait l’analomie, » — celui d’une Banque catholique. — Même on resta aussi belliqueux contre tous les ennemis de la foi qu’aux jours de Louis XIII : on empêcha des Huguenots d’entrer dans les Compagnies de commerce; on fit brûler un visionnaire, Simon Morin (14 mars 1663); on contribua grandement, en 1661, à la suppression de « la méchante comédie de Tartufe, » où les membres de la Compagnie du Saint-Sacrement avaient plus d’une raison, comme on le verra tout à l’heure, de s’estimer pris à partie; on travailla encore en 1660 à « procurer » contre les blasphémateurs « une forte déclaration du Roi. » Nulle part on ne « laissa périr l’œuvre de Dieu, » et d’après la correspondance de Paris avec Marseille14, comme d’après la relation de Voyer d’Argenson, les séances de la Compagnie furent toujours « pleines d’affaires. » Toutefois, à partir de 1661, les assemblées plénières, jusque-là hebdomadaires, se font rares. […] Patrocle, gentilhomme de grande vertu qui a laissé une bonne odeur de vie par ses bons exemples. » La date (1612) empêche que ce Patrocle ait été autre chose (juste père ou le frère aîné du trop crédule mari de la réelle Angélique; mais dans la Compagnie du Saint-Sacrement, les dynasties ne sont pas rares : plus d’une fois nous voyons les fils ou les cadets s’y enrôler après leurs pareils ou leurs aînés. […] En outre, cette exclusion, et les raisons dont elle s’appuyait (en particulier l’impossibilité pour « une personne de communauté » de ne pas mettre ses supérieurs dans la confidence) atteignaient encore plus directement la Congrégation, si disciplinée, des Jésuites, et empêchaient ceux-ci d’entrer, au moins ostensiblement et en nombre, dans les Sociétés secrètes du Saint-Sacrement.

32. (1772) De l’art de la comédie. Livre troisième. De l’imitation (1re éd.) [graphies originales] « CHAPITRE X. » pp. 201-217

La colere l’empêche de me voir. […] Sganarelle pousse le Docteur dans sa maison, & tire la porte pour l’empêcher de sortir.

33. (1835) Mémoire pour servir à l’histoire de la société polie en France « Chapitre XXXIII » pp. 378-393

L’intrépide fermeté du duc de Montausier et la parole que lui avait donnée Louis XIV, n’empêchèrent pas ce prince de reprendre bientôt après les chaînes qui le livrèrent encore à la domination de madame de Montespan. […] Je meurs d’envie, il y a sept mois, de me retirer, et la même crainte m’en empêche : c’est une prudence bien timide et qui me fait consumer ma vie dans d’étranges agitations… Je sais bien que je puis faire ici mon salut ; mais je crois que je le ferais mieux ailleurs.

34. (1821) Notices des œuvres de Molière (VI) : Le Tartuffe ; Amphitryon pp. 191-366

Il était d’une piété sincère que nul ne révoquait en doute ; et, quand même il n’eût pas été vraiment religieux, l’élévation de son caractère et de son rang l’aurait empêché de descendre aux basses impostures de l’hypocrisie. […] L’éloquent Chrysostome, dans un discours sur l’hypocrisie même, a dit : « Le libertin ne manque jamais de se prévaloir de la fausse piété, pour se persuader à lui-même qu’il n’y en a point de vraie, ou du moins qu’il n’y en a point qui ne soit suspecte, et pour affaiblir par le reproche qu’elle semble lui faire continuellement de son libertinage. » L’ingénieux Augustin a dit : « L’hypocrisie est cette ivraie de l’Évangile, que l’on ne peut arracher sans déraciner aussi le bon grain. » Louis XIV, qui n’était pas un faux dévot, et qui n’avait pas lu les Pères de l’église, Louis XIV, au milieu d’une fête voluptueuse donnée à la première et à la plus chérie de ses maîtresses, fut frappé des mêmes conséquences, lorsque, parlant du Tartuffe, il craignit qu’une trop grande conformité entre ceux qu’une véritable dévotion met sur le chemin du ciel et ceux qu’une vaine ostentation des bonnes œuvres n’empêche pas d’en commettre de mauvaises, ne fît prendre la vertu et le vice l’un pour l’autre par les personnes incapables d’en faire un juste discernement 3. […] L’amour que ressent pour lui une femme si digne d’en inspirer, cet amour que Jupiter lui envie, en même temps qu’il en usurpe sur lui les plus précieuses marques, contribue à relever son caractère, et à empêcher que, dans une situation toute risible, il ne soit personnellement ridicule. […] Voici textuellement le passage de la description des Plaisirs de l’Île enchantée : « Le soir, Sa Majesté fit jouer les trois premiers actes d’une comédie, nommée Tartuffe, que le sieur de Molière avait faite contre les hypocrites ; mais, quoiqu’elle eût été trouvée fort divertissante, le Roi connut tant de conformité entre ceux qu’une véritable dévotion met dans le chemin du ciel, et ceux qu’une vaine ostentation des bonnes œuvres n’empêche pas d’en commettre de mauvaises, que son extrême délicatesse pour les choses de la religion ne put souffrir cette ressemblance du vice avec la vertu qui pouvaient être pris l’un pour l’autre ; et, quoiqu’on ne doutât point des bonnes intentions de l’auteur, il la défendit pourtant en public, et se priva soi-même de ce plaisir, pour n’en pas laisser abuser à d’autres, moins capables d’en faire un juste discernement. » Cette citation est tirée de l’édition originale publiée, en 1665, par Ballard, et plusieurs fois réimprimée du vivant de Molière.

35. (1765) Molière dans l’Encyclopédie de Diderot et d’Alembert (compilation) pp. 2668-16723

Il est borné pour les lieux & pour les tems, au cercle du ridicule qu’il attaque ; mais il n’en est souvent que plus loüable, attendu que c’est lui qui empêche le ridicule de se perpétuer & de se répandre, en détruisant ses propres modeles ; & que s’il ne ressemble plus à personne, c’est que personne n’ose plus lui ressembler. […] C’est un ridicule de plus, qui ne doit pas empêcher un auteur de peindre les bourgeois avec les mœurs bourgeoises. […] Horace s’en plaint, & dit nettement qu’il y avoit de la sotise à vanter ses bons mots & la cadence de ses vers ; mais ces deux défauts n’empêchent pas qu’il ne soit le premier des comiques latins. […] Enfin je goûte tant cet excellent poëte, que je ne puis m’empêcher d’ajouter encore un mot sur son aimable caractere. […] Je ne puis m’empêcher de citer ici un trait admirable de la comédie du Tartuffe, où le divin Moliere peint la préoccupation d’Orgon contre tous les gens de bien, parce qu’il avoit été dupé par les grimaces pieuses d’un franc hypocrite, avec la réponse sensée que lui fait son frere pour l’en guérir.

36. (1772) De l’art de la comédie. Livre quatrième. Des imitateurs modernes (1re éd.) [graphies originales] « CHAPITRE XII. M. COLLÉ. » pp. 354-380

cette raison même que nous vantons si fort, qu’est-ce autre chose qu’une lanterne obscure, qui nous sert peut-être quelquefois à nous empêcher de nous casser le nez contre un poteau, mais qui, dans le fond, n’est pas plus capable de nous guider hors des brouillards épais de l’erreur & de l’ignorance, que ne le seroit un feu follet de nous conduire hors de ce bois. […] Sa puissance n’empêche point le chien d’un mendiant d’aboyer après lui, & le mendiant lui-même ne salueroit pas sa grandeur. […] Qu’avons-nous fait qui nous en empêche ?

37. (1772) De l’art de la comédie. Livre second. De ses différents genres (1re éd.) [graphies originales] « CHAPITRE XLI. Des Episodes. Maniere de les lier aux Caracteres principaux, & de placer les Caracteres accessoires. Embonpoint d’une Piece. » pp. 475-492

Je le crois : vous êtes homme sage, vous, & je vous empêcherai bien d’être tenté. […] Allons, allons, je vous en empêcherai bien ; allons, allons.

38. (1835) Mémoire pour servir à l’histoire de la société polie en France « Chapitre II » pp. 12-29

Ce mariage n’empêcha pas le cours de ses galanteries. […] Toutefois, il ne put s’empêcher de placer le nom d’Arthenice dans l’ouvrage : Arthenice était l’anagramme de Catherine nom de la marquise.

39. (1866) Petite comédie de la critique littéraire, ou Molière selon trois écoles philosophiques « Première partie. — L’école dogmatique — Chapitre premier. — Une leçon sur la comédie. Essai d’un élève de William Schlegel » pp. 25-96

Leurs erreurs peuvent intéresser l’historien littéraire ; mais comment pourraient-elles ébranler l’inébranlable vérité de la théorie, et de quelle autorité m’empêcheraient-elles, moi, critique philosophe, de considérer la comédie non dans des tragédies manquées, mais dans la pureté de sa véritable essence ? […] Et quand Swift faisant sa proposition modeste pour empêcher que les enfants des pauvres en Irlande ne soient une charge à leurs parents ou à leurs pays, et pour les rendre utiles au public, développe les avantages qu’il y aurait à manger les petits Irlandais, l’ironie qu’il étale est si peu comique qu’elle est plus tragique que la tragédie, et son rire est si peu gai qu’il est beaucoup plus amer que les pleurs. […] Je ne demande point au poète comique une morale positive ; je ne lui demande même pas de s’interdire la représentation de la ruse, du mensonge, de l’égoïsme, des mauvaises passions, de 1 immoralité en un mot ; la comédie ferait mieux de ne rien peindre de pire que des ridicules, mais il lui est permis de produire sur la scène le vice lui-même, pourvu que le poète ait une assez grande intelligence de son art et assez de tact moral pour empêcher que ma conscience ne vienne élever sa voix au milieu delà fête qu’il donne à mon esprit. […] L’orgueil de l’ignorance et le mépris de toute culture intellectuelle sont des ridicules incomparablement plus graves que celui contre lequel il s’escrime, et quand je lis la honteuse tirade où Molière par la bouche de Chrysale exprime ses propres opinions, je ne puis m’empêcher d’épouser la querelle de Philaminte, et de me sentir moi-même atteint personnellement par l’injure que cet impertinent auteur fait à la science58. […] Le secret du poète comique pour empêcher que nos sentiments moraux ne soient blessés, ce n’est pas de tenter entre son art et la morale une conciliation impossible, c’est de les séparer par convenance.

40. (1840) Le foyer du Théâtre-Français : Molière, Dancourt, I pp. 3-112

et, lorsque le fâcheux tire des cartes de sa poche pour mieux faire comprendre son explication, peut-on s’empêcher de rire aux éclats ? […] On sent sous le masque de ce Jupiter le roi Louis XIV dans tout son éclat ; et l’Amphytrion est devenu un des époux de sa cour galante, obligé de tolérer ce qu’il ne peut empêcher. […] Ces sarcasmes mis dans un des plateaux de la balance, l’emportent quelquefois sur le caprice et l’amour-propre, et empêchent un homme de compromettre, dans une union mal assortie, le bonheur d’une existence entière. […] Gabrillon Elle est empêchée. […] Jetez un lambeau de pourpre sur un cadavre, vous n’empêcherez pas la corruption.

41. (1725) Vie de l’auteur (Les Œuvres de Monsieur de Molière) [graphies originales] pp. 8-116

Ses envieux ne purent pourtant s’empêcher de parler mal de son Ouvrage. […] Comment ventrebleu, dit J... qui étoit le plus opiniâtré à se noyer, ces malheureux nous empêchent de nous noyer ? […] Sans la presence d’esprit de Moliere, il seroit infailliblement arrivé du malheur, tant ces Messieurs étoient yvres, & animez contre ceux qui les avoient empêchez de se noyer. […] Je ne puis m’empêcher de rapporter celui qu’il dit à l’occasion d’une Epigramme qu’il avoit faite contre M. le M. de..... c’étoit une espece de fat constitué en dignité, on sait que la fatuité est de tous les états. […] Despreaux, qui d’ailleurs étoit grand Admirateur de Moliere, n’a pu s’empêcher de lui reprocher, à l’occasion de cette piéce, qu’il avoit allié Terence à Tabarin.

42. (1772) De l’art de la comédie. Livre premier. De ses différentes parties (1re éd.) [graphies originales] « CHAPITRE XI. Du Dialogue. » pp. 204-222

L’on croit avoir ajouté au plaisant, en forçant Harpagon à mettre fort long-temps la main devant la bouche de Maître Jacques pour l’empêcher de parler, & l’on a écarté le bon comique, inséparable de la vraisemblance, pour substituer à sa place la farce la plus plate. […] Le moyen de s’en empêcher ?

43. (1772) De l’art de la comédie. Livre quatrième. Des imitateurs modernes (1re éd.) [graphies originales] « CHAPITRE IX. M. PALISSOT. » pp. 297-316

Cela n’empêche pas qu’il ne soit misérable. […] Cela n’empêche pas qu’elle ne me déplaise.

44. (1772) De l’art de la comédie. Livre quatrième. Des imitateurs modernes (1re éd.) [graphies originales] « CHAPITRE X. M. DIDEROT. » pp. 317-332

Rosalie songe à l’union de d’Orval & de Constance, elle ne peut supporter cette idée, elle veut quitter la maison & empêcher son pere d’y entrer. […] Cependant Lélio, sentant qu’il ne peut éteindre sa passion pour Flaminia, ni éviter les persécutions de Silvia, se résout à mourir plutôt que de trahir son ami & de lui enlever sa maîtresse : il charge son valet de se préparer secrètement à partir de Milan ; mais différents obstacles l’empêchent d’exécuter ce dessein.

45. (1794) Mes idées sur nos auteurs comiques. Molière [posthume] pp. 135-160

La première et la deuxième scène du premier acte, dans lesquelles Sganarelle bat sa femme, le voisin Robert voulant l’en empêcher, et celui-ci étant battu par la femme et par le mari ; la scène sixième, où l’on fait dire à Sganarelle, à force de coups de bâton, qu’il est médecin ; la scène troisième du deuxième acte, dans laquelle Sganarelle fait le médecin ; la sixième, où il interroge la malade : voilà les plus jolies scènes de ce petit ouvrage, qui soutint le Misanthrope. […] La scène quatrième, où Merlin prêche son maître, et finit par être de son avis ; la treizième, où Merlin reçoit Géronte, et lui conte mille histoires pour l’empêcher d’entrer ; la seizième, où Géronte et Me Bertrand se parlent, en se croyant tous les deux fous, sont.des scènes d’un comique admirable.

46. (1732) Jean-Baptiste Pocquelin de Molière (Le Parnasse françois) [graphies originales] « CII. JEAN-BAPTISTE POCQUELIN. DE MOLIERE, Le Prince des Poëtes Comiques en France, & celebre Acteur, né à Paris l’an 1620. mort le 17. Fevrier de l’année 1673. » pp. 308-320

Il arriva qu’un jour Moliere étant à la table de ce Prince, les Pages qui y servoient, ne cherchant qu’à badiner & voulant empêcher Moliere de manger les bons morceaux qu’on lui presentoit, lui changeoient d’assiette dans l’instant qu’on les lui servoit ; Moliere s’en étant apperçu, prit promptement une aîle de Perdrix, qu’on ne faisoit que poser sur son assiete, & n’en fit qu’une bouchée jusqu’à l’os, qu’il remit sur l’assiete : le Page qui vint pour lui ôter son assiete, ne fut pas assez alerte, & ne retira que l’os de cette aîle de perdrix, ce qui fit rire Moliere ; M. le Prince lui en demanda la raison ; il lui répondit : Monseigneur, c’est que vos Pages ne sçavent pas lire, il prennent les O pour les L. […] Ce ne fut pas sans difficulté qu’il fut mis en terre sainte au Cimetiere de l’Eglise de saint Joseph, aide de la Paroisse de saint Eustache, sa mort précipitée l’ayant empêché de renoncer au Théatre, & de recevoir ses Sacremens.

47. (1819) Notices des œuvres de Molière (II) : Les Précieuses ridicules ; Sganarelle ; Dom Garcie de Navarre ; L’École des maris ; Les Fâcheux pp. 72-464

Quoique l’ouvrage n’ait pas de but moral, et ne prétende pas même offrir une peinture de mœurs, on ne peut au moins s’empêcher de voir, dans le petit rôle de Gorgibus, une esquisse fidèle des opinions, des manières et du langage des petits bourgeois de ce temps-là. […] Des injures un peu grossières et des plaisanteries un peu bouffonnes donnent au langage même de Sganarelle une couleur, pour ainsi dire, scarronesque ; ce qui n’a pas empêché les meilleurs juges, et Voltaire entre autres, de reconnaître que le style du Cocu imaginaire l’emporte de beaucoup sur celui des précédents ouvrages de Molière. […] tais-toi, tu m’empêches de dormir. — Est-ce que je parle à toi ?

48. (1716) Projet d’un traité sur la comédie pp. 110-119

Enfin, je ne puis m’empêcher de croire avec M.

49. (1800) De la comédie dans le siècle de Louis XIV (Lycée, t. II, chap. VI) pp. 204-293

Je ne vous en ai pas empêché, que je pense. […] S’agissait-il d’empêcher un homme de se tromper sur sa vocation, et de se livrer à des illusions dangereuses? […] Qui empêchait Alceste de se sauver par cette excuse, qui est toujours de mise : Monsieur, je ne m’y connais pas; ou de payer l’amour-propre du rimeur de quelqu’une de ces phrases vagues qui ne signifient rien ? […] Ne conviendrez-vous pas qu’il vaut encore mieux empêcher une injustice, si l’on peut, que d’avoir le plaisir de perdre son procès? […] Je réponds : Oui, c’est ce que doit faire le poète comique; mais c’est ici le cas de rappeler le mot d’Horace : Qui empêche de dire la vérité en riant?

50. (1696) Molière (Les Hommes illustres) « JEAN-BAPTISTE POQUELIN. DE MOLIERE. » pp. 79-80

Molière naquit avec une telle inclination pour la Comédie qu’il ne fut pas possible de l’empêcher de se faire Comédien.

51. (1877) Molière et Bourdaloue pp. 2-269

Là, les rentiers et les négociants libéraux, leurs commis, leurs filles, leurs épouses, troupe chaste, goûtaient les leçons de la vraie morale, — celle qui n’empêche point de vendre à faux poids. […] Ne pouvant tirer le roi du libertinage des sens, elle l’empêchait du moins de tomber dans le libertinage de l’esprit. […] Mille affaires me détournent et m’empêchent de travailler autant que je voudrais à ma perfection, qui néanmoins est la seule chose nécessaire. […] rien ne l’empêchait de savourer tant de lardons qui ne gênent ni n’atteignent son ministère et qui vont tous à l’adresse des papistes. […] Serez-vous bien reçus ou bien recevables à dire que vous n’avez pu consentir que l’on vous traitât d’hypocrites, et que cela seul vous a empêchés de rien entreprendre ni de rien exécuter pour Dieu ? 

52. (1772) De l’art de la comédie. Livre quatrième. Des imitateurs modernes (1re éd.) [graphies originales] « CHAPITRE XI. M. SAURIN. » pp. 333-353

voulez-vous encore m’empêcher de chanter ? […] Mais je ne puis, en honnête homme, m’empêcher de dire à Monsieur le Marquis qu’il se ruine, & que s’il ne met ordre à ses affaires...

53. (1800) Des comiques d’un ordre inférieur dans le siècle de Louis XIV (Lycée, t. II, chap. VII) pp. 294-331

C’est un défaut d’autant plus blâmable, que rien ne l’empêchait de placer son Ésope dans un cadre dramatique, et de lui conserver son costume de philosophe et de fabuliste. […] Peut-être la crainte de dégrader un philosophe célèbre a-t-elle empêché l’auteur de le rendre propre à la comédie; peut-être à toute force était-il possible d’en venir à bout; mais ce qui est certain, c’est que Regnard y a entièrement échoué. […] Cela n’empêche pas que Dufrény ne mérite une place distinguée.

54. (1862) Corneille, Racine et Molière (Revue chrétienne) pp. 249-266

Ce qui nous surprend, c’est de voir que vous voulez empêcher les hommes de les honorer. […] Alors que tous les prenaient au sérieux, il les réduit à quelques observations de bon sens : « Laissez-vous aller de bonne foi aux choses qui vous prennent par les entrailles, dit-il par la bouche de Dorante, dans La Critique de l’Ecole des femmes, et ne cherchez pas de raisonnements pour vous empêcher d’avoir du plaisir. » « On a voulu, dit M. […] C’est un Ariste, un pédagogue chargé de diriger le parterre et de l’empêcher de tirer de la pièce une leçon contraire aux intentions de l’auteur; mais le parterre est un écolier mutin et très indocile, qui se fait sa leçon à lui-même et n’entend pas qu’on la lui fasse.

55. (1772) De l’art de la comédie. Livre quatrième. Des imitateurs modernes (1re éd.) [graphies originales] « CHAPITRE XVII. M. DORAT. » pp. 463-467

Mes cheveux se dressoient sur ma tête : l’horreur de ce qu’on me proposoit m’empêcha de sentir la joie de savoir Alise vivante.

56. (1772) De l’art de la comédie. Livre second. De ses différents genres (1re éd.) [graphies originales] « CHAPITRE II. Des Comédies Héroïques. » pp. 9-29

Le Roi arrive à propos pour empêcher l’exécution. […] (Ici les trois Reines prennent chacune un fauteuil, & après que les trois Comtes & le reste des Grands qui sont présents, sont assis sur des bancs préparés exprès, Carlos y voyant une place vuide, veut s’y asseoir, & Don Manrique l’en empêche.)

57. (1772) De l’art de la comédie. Livre quatrième. Des imitateurs modernes (1re éd.) [graphies originales] « CHAPITRE XV. M. DE CHAMFORT. » pp. 420-441

Mowbrai exhorte Belton à laisser là ses saluts & son chapeau, à se corriger en cessant d’être poli, à le tutoyer ; il lui promet Arabelle & son bien : la reconnoissance l’y oblige ; le pere de Belton l’a jadis empêché de faire une faillite, en lui prêtant généreusement cinquante mille écus. […] Si l’on suppose que la derniere de ces trois pertes empêche un amant d’être sensible aux deux autres, c’est donner à son amour le dernier degré d’impétuosité, & par conséquent rendre encore plus terrible la douleur de s’en voir arracher l’objet.

58. (1867) La morale de Molière « CHAPITRE V. L’Éducation des Femmes. » pp. 83-102

Mais, sans doute, empêcher les femmes d’être coquettes et façonnières. n’était pas une moindre tâche que de rendre les médecins instruits, charitables et modestes ; car, pour elles comme pour eux, Molière se crut obligé de reprendre le même sujet de comédie jusqu’à la fin de sa vie287. […] C’est nous inspirer presque un désir de pécher, Que montrer tant de soins à nous en empêcher ; Et, si par un mari je me voyois contrainte, J’aurois fort grande pente à confirmer sa crainte326.

59. (1863) Molière et la comédie italienne « Chapitre XVI. Les derniers temps de la comédie italienne en France » pp. 311-338

Je ne saurais m’empêcher de pleurer toutes les fois que j’y songe. […] Mais, monsieur, que nous ne vous empêchions pas !

60. (1845) Œuvres de Molière, avec les notes de tous les commentateurs pp. -129

On ne douta plus que Molière ne fût entièrement maître du théâtre dans le genre qu’il avait choisi ; ses envieux ne purent pourtant s’empêcher de parler mal de son ouvrage. […] Toutes les dissertations malignes que l’on faisait sur ses pièces n’en empêchaient pourtant point le succès ; et le public était toujours de son côté. […] — Comment, morbleu, dit J., qui était le plus opiniâtré à se noyer, ces malheureux nous empêcheront de nous noyer ? […] Ils n’en voulaient point, disaient-ils, parce qu’elles les désuniraient. » On ne peut s’empêcher de plaindre et d’admirer ces pauvres gens, et l’on dirait volontiers de leur amitié ce que Molière a dit de la vertu : Où diable va-t-elle se nicher ? […] Ses talents supérieurs n’empêchèrent pas de remarquer ses défauts.

61. (1747) Notices des pièces de Molière (1670-1673) [Histoire du théâtre français, tome XI] pp. -284

Il y a même des pièces d’une grande réputation dont l’action et le mouvement, quoiqu’elles soient en cinq actes, suffiraient à peine pour soutenir un acte seul : c’est moins une action véritable qu’une apparence d’action ; ou plutôt, c’est un simple assemblage d’autant de scènes qu’il en faut pour donner à une pièce la durée ordinaire des représentations : c’est un remplissage de dialogues semés de bons mots, de traits satiriques, qui séduisent le spectateur par leur brillant et l’empêchent de remarquer le vide et le défaut d’action. […] Enfin, quoique les valets, qui, comme des esclaves dans Plaute et dans Térence, font l’âme de la pièce, ne produisent pas un comique aussi élégant que celui dont Molière a le premier donné l’exemple à son siècle, on ne peut s’empêcher d’applaudir à ce comique d’un ordre inférieur. » « [*]Molière n’avait pas fait scrupule d’insérer dans sa comédie des Fourberies de Scapin deux scènes entières du Pédant joué, mauvaise pièce de Cyrano Bergeraca. […] Ce dernier allant voir cette dame, après la première représentation des Femmes savantes, où elle s’était trouvée, elle ne pût s’empêcher de lui dire : “Quoi ? […] Le roi n’avait point parlé à la première représentation de cette pièce, mais à la seconde qui se donna à Saint-Cloud, Sa Majesté dit à Molière que la première fois elle avait dans l’esprit autre chose, qui l’avait empêché d’observer la pièce, mais qu’elle était très bonne, et qu’elle lui avait fait beaucoup de plaisir.

62. (1861) Molière (Corneille, Racine et Molière) pp. 309-514

Mais si, selon son expression, il a su nous prendre par les entrailles, les règles savantes de Schlegel ne nous empêcheront pas de trouver du plaisir au Tartuffe, pas plus que les règles extérieures de Laharpe ne nous empêchent de goûter Shakespeare. […] On parle toujours de la profonde scélératesse de Tartuffe; profonde, elle l’est en un sens, mais cela ne l’empêche point d’être plate et grossière. […] Puis-je empêcher les gens de me trouver aimable ? […] À la femme le soin d’empêcher que la source ne tarisse, et d’en verser l’eau pure dans la coupe du travailleur fatigué. […] Elle entretient le culte des souvenirs, culte bienfaisant, qui inspire et modère, qui attache au passé et empêche les révolutions gratuites.

63. (1882) L’Arnolphe de Molière pp. 1-98

Je ne vous en ai pas empêché, que je pense… Qu’a-t-il à répondre ? […] Cela n’a pas empêché de soutenir qu’il s’y était peint ; et là encore, comme pour le Misanthrope, je rencontre une théorie courante, et qui est chose sacrée pour certains admirateurs de Molière, de très bonne foi d’ailleurs. […] Cet acteur-là n’est pas Talma, voilà ce qui me console ; car on proposa à Talma de prendre le rôle ; il l’étudia et le rendit, disant que dans cette fameuse scène du cinquième acte, quand même on pourrait tourner le reste au tragique, il y aurait toujours une indication, qui l’empêcherait, lui, de comprendre ainsi Arnolphe ; c’était le vers : Veux-tu que je m’arrache un côté de cheveux ? […] Peut-être qu’il y a du mal à dire cela ; mais enfin je ne puis m’empêcher de le dire, et je voudrais que cela se pût faire sans qu’il y en eût. […] Il se peut bien, puisqu’à la fin de sa carrière, ses déceptions ne l’empêchèrent pas de créer cette ravissante figure d’Henriette.

64. (1901) Molière moraliste pp. 3-32

Ce qu’il condamne, c’est la sotte vanité, la lourde suffisance qui nous empêche de nous rendre compte du peu que nous savons, et nous dispense d’interroger les faits. […] Quiconque a lu le Port-Royal de Sainte-Beuve, feuilleté les œuvres du grand Arnauld, ou simplement médité certaines épîtres de Pascal, où le souci de la foi, la préoccupation du salut, le mépris des bassesses humaines sont exaltés avec une passion incroyable, ne pourra s’empêcher de tressaillir en écoutant les conseils que Orgon reçoit de Tartuffe : Il m’enseigne à n’avoir d’affection pour rien. […] Qui m’en empêchera ?

65. (1874) Leçon d’ouverture du cours de littérature française. Introduction au théâtre de Molière pp. 3-35

Ce tableau est fait de main de maître et, quoique Pierre Gringore fût à peine né à l’époque où le poète lui attribue la moralité de 1482, cette licence non impardonnable, tant de fois dépassée d’ailleurs par l’école de la couleur locale, ne saurait empêcher de rendre justice çà la vérité de la peinture. […] C’est du moins ce que démontre, paraît-il, un Allemand, que sans doute les lauriers de Niebuhr, ce terrible démolisseur de rois, empêchaient de dormir. […] J’ai souvent admiré ce chef-d’œuvre de sculpture, ces saintes femmes soutenant le corps allangui du Christ expiré, et je ne puis m’empêcher d’y retrouver la reproduction de l’une des scènes les plus touchantes du Mystère de Metz.

66. (1746) Notices des pièces de Molière (1658-1660) [Histoire du théâtre français, tome VIII] pp. -397

On y trouve des personnages froids, des scènes peu liées entre elles, des expressions peu correctes ; le caractère de Lélie n’est pas même trop vraisemblablea, et le dénouement n’est pas heureux ; le nombre des actes n’est déterminé à cinq que pour suivre l’usage qui fixe à ce nombre les pièces qui ont le plus d’étendue, mais ces défauts sont couverts par une variété et par une vivacité qui tiennent le spectateur en haleine, et l’empêchent de trop réfléchir sur ce qui pourrait le blesser. […] Ces deux pièces ont été accompagnées de la Stratonice 2, dont le style est tout différent : l’auteur de cette pièce ne s’attachant qu’à faire des vers tendres, où il réussit fort bien… Je ne puis m’empêcher de vous dire que le théâtre a perdu l’illustre abbé de Boisrobert, qui par générosité s’est retiré de lui-même, de peur que ses pièces n’étouffassent celles des fameux auteurs qui se sont mis au théâtre depuis peu. […] « [*]On remarqua, dans Le Cocu imaginaire, que l’auteur, depuis son établissement à Paris, avait perfectionné son style ; cet ouvrage est plus correctement écrit que ses deux premières comédies, mais si l’on y retrouve Molière en quelques endroits, ce n’est pas le Molière des Précieuses ridicules ; le titre de la pièce, le caractère du premier personnage, la nature de l’intrigue, et le genre de comique qui y règne, semble annoncer qu’elle est moins faite pour amuser les gens délicats que pour faire rire la multitude ; cependant on ne peut s’empêcher d’y découvrir en même temps un but très moral ; c’est de faire sentir combien il est dangereux de juger avec trop de précipitation, surtout dans les circonstances où la passion peut grossir ou diminuer les objets.

67. (1835) Mémoire pour servir à l’histoire de la société polie en France « Chapitre XXXIV » pp. 394-401

Les jalousies sont vives ; mais ont-elles jamais rien empêché ? 

68. (1819) Notices des œuvres de Molière (IV) : La Princesse d’Élide ; Le Festin de Pierre pp. 7-322

La ligue des faux dévots, grossie d’un assez grand nombre de personnes dont la piété sincère s’alarmait des coups portés à l’hypocrisie, travaillait sans relâche à empêcher la représentation publique de ce chef-d’œuvre. […] Il lui semblait que la punition exemplaire du personnage suffisait pour empêcher la contagion de ses mauvais exemples et de ses pernicieux principes.

69. (1734) Mémoires sur la vie et les ouvrages de Molière (Œuvres de Molière, éd. Joly) [graphies originales] pp. -

Elle est partie à l’antique, puisque c’est un valet qui met la scéne en mouvement, & partie dans le goût espagnol, par la multiplicité des incidens qui naissent l’un après l’autre, sans que l’un naisse de l’autre nécessairement ; on y trouve des personnages froids, des scénes peu liées entre elles, des expressions peu correctes ; le caractére de Lélie n’est pas même trop vraysemblable, & le dénouement n’est pas heureux ; le nombre des actes n’est déterminé à cinq, que pour suivre l’usage, qui fixe à ce nombre les piéces qui ont le plus d’étenduë ; mais ces défauts sont couverts par une variété & par une vivacité qui tiennent le spectateur en haleine, & l’empêchent de trop réfléchir sur ce qui pourroit le blesser. […] Le tître de la piéce, le caractére du premier personnage, la nature de l’intrigue, & le genre de comique qui y régne, semblent annoncer qu’elle est moins faite pour amuser des gens délicats, que pour faire rire la multitude ; cependant on ne peut s’empêcher d’y découvrir en même tems un but très-moral ; c’est de faire sentir combien il est dangereux de juger avec trop de précipitation, sur tout dans les circonstances où la passion peut grossir ou diminuer les objets. […] Mais Plaute ne peut corriger que les hommes qui ne profiteroient point des ressources que le hazard leur donne contre la pauvreté : Euclion, né pauvre, veut encore passer pour tel, quoiqu’il ait trouvé une marmite pleine d’or ; il n’est occupé que du soin de cacher ce trésor, dont son avarice l’empêche de faire usage. […] Enfin, quoique les valets, qui, comme les esclaves dans Plaute & dans Térence, font l’ame de la piéce, ne produisent pas un comique aussi élégant que celui dont Moliere a le premier donné l’exemple à son siécle, on ne peut s’empêcher d’applaudir à ce comique d’un ordre inférieur.

70. (1866) Petite comédie de la critique littéraire, ou Molière selon trois écoles philosophiques « Deuxième partie. — L’école critique » pp. 187-250

Mais, s’il lui manque ce charme secret dont l’œil est enchanté , nous ne saurions nous empêcher d’aimer davantage, d’admirer davantage une pièce moins comique, moins folle et moins bête, mais plus belle. […] Quant à nous, qui aimons Molière, laissons-nous aller de bonne foi aux choses qui nous prennent par les entrailles, et ne cherchons point de raisonnements pour nous empêcher d’avoir du plaisir . […] Chapitre II. — Le goût Laissons-nous aller de bonne foi aux choses qui nous prennent par les entrailles, et ne cherchons point de raisonnements pour nous empêcher d’avoir du plaisir. […] Ne cherchez pas de raisonnements pour vous empêcher d’avoir du plaisir, et quand vous lisez une comédie, regardez seulement si les choses vous touchent.

71. (1772) De l’art de la comédie. Livre premier. De ses différentes parties (1re éd.) [graphies originales] « CHAPITRE IX. Du point où doit commencer l’action d’une fable comique. » pp. 172-177

Cependant la crainte d’essuyer les fiertés d’une épouse outragée & les railleries de ses amis, l’empêche de faire éclater sa tendresse.

72. (1746) Notices des pièces de Molière (1661-1665) [Histoire du théâtre français, tome IX] pp. -369

Corneille explique, dans l’Avis au lecteur de sa comédie du Menteur, les raisons qui l’ont empêché de joindre, au bas des pages, les vers imités de Lope de Vega, comme il avait fait ceux de Guillén de Castro, et de Lucain, dans cette nouvelle édition du Cid et de Pompée. […] Riccoboni, dans le même chapitre que nous avons cité plus haut, après avoir dit que Molière a pris quelques-uns de ses sujets dans les pièces que la troupe des comédiens italiens représentaient sur le théâtre du Palais-Royal, ajoute : « Les Italiens avaient peut-être représenté cinquante fois telle pièce, dont il a tiré quelqu’une de celles dont nous nous avons parlé ; mais cela ne l’empêchait pas de la donner comme nouvelle à ces mêmes spectateurs qui, peu de jours auparavant, en avaient vu, mais sous une autre forme, le fond, le caractère, les lazzis, et quelquefois même des scènes entières. […] Il y a longtemps qu’Aristophane l’a dit ; il se ronge de chagrin quand un seul poème occupe Paris durant plusieurs mois, et L’École des maris, et celle des femmes, sont les trophées de Miltiade, qui empêchent Thémistocle de dormir. […] Notre auteur, qui connaissait parfaitement les mouvements du cœur, arrange si bien sa fable que la princesse, apercevant son amant avec son père, et ne sachant pas de quoi il s’agit entre eux, découvre à celui-ci, dans l’embarras où elle est, et devant tout le monde, qu’elle aime le prince sans cependant se déclarer tout à fait ; le moyen dont elle se sert est la prière qu’elle fait à son père de refuser au prince sa cousine en mariage ; elle cherche à se faire illusion, et veut persuader qu’elle n’agit de la sorte que pour punir le prince de son insensibilité ; ce prétexte, tout spécieux qu’il paraît, fait assez entendre que l’amour est le motif qui l’anime ; cependant le père consent à sa demande, et lui propose en même temps, pour empêcher le prince de se marier avec sa cousine, de le choisir elle-même pour son époux. […] « [*]On peut penser que le sieur de Rochemont est un nom supposé, puisque celui qui lui répond en parle ainsi : Mais lorsque je vois le livre de cet inconnu, qui, sans se soucier du tort qu’il fait à son prochain, ne songe qu’à usurper la réputation d’homme de bien, je vous avoue que je ne saurais m’empêcher d’éclater, et quoique je n’ignore pas que l’innocence se défend assez d’elle-même, je ne puis que je ne blâme une insulte si condamnable et si mal fondée.

73. (1747) Notices des pièces de Molière (1666-1669) [Histoire du théâtre français, tome X] pp. -419

L’estime dont Sa Majesté l’honorait augmentait de jour en jour, aussi bien que celles des courtisans les plus éclairés ; le mérite et les bonnes qualités de M. de Molière faisant de très grands progrès dans tous les esprits, son exercice de la comédie ne l’empêchait pas de servir le roi dans sa charge de valet de chambre, où il se rendait très assidu. […] Baron lui annonça un jour à Auteuil un homme que l’extrême misère empêchait de paraître, il se nomme Mondorge *, ajouta-t-il, je le connais, dit Molière, il a été mon camarade en Languedoc, c’est un honnête homme, que jugez-vous qu’il faille lui donner ? […] Mais Plaute ne peut corriger que les hommes qui ne profiteraient point des ressources que le hasard leur donne contre la pauvreté : Euclion, né pauvre, veut encore passer pour tel, quoiqu’il ait trouvé une marmite pleine d’or ; il n’est occupé que du soin de cacher son trésor, dont son avarice l’empêche de faire usage. […] « Cependant ces comparaisons de Plaute avec Molière, toutes à l’avantage du dernier, n’empêchent pas qu’on ne doive estimer ce comique latin, qui, n’ayant pas la pureté de Térence, avait d’ailleurs tant d’autres talents, et qui, quoique inférieur à Molière, a été, pour la variété de ses caractères et de ses intrigues, ce que Rome a eu de meilleur. […] Un homme supérieur, quand il badine, ne peut s’empêcher de badiner avec esprit.

74. (1843) Épître à Molière, qui a obtenu, au jugement de l’Académie française, une médaille d’or, dans le concours de la poésie de 1843 pp. 4-15

S’il est quelques travers, que ma muse peut-être Railleuse inexorable, empêcha de renaître, J’en vois d’autres qui, pleins de force et de santé, Menacent l’avenir de leur longévité.

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