Le spectateur ressent le plaisir le plus vif en voyant Francaleu, enchanté de sa tragédie, s’accrocher au premier qu’il rencontre pour la lire ; avouer qu’il avoit cinquante ans lorsqu’il s’avisa de son talent pour la poésie ; n’en vouloir à un homme qui plaide contre lui que parcequ’il l’a empêché d’être Poëte cinq à six ans plutôt ; en le voyant enfin s’avouer pour la Muse originale dont M. […] Un ascendant mutin fait naître dans nos ames, Pour ce qu’on nous permet, un dégoût triomphant, Et le goût le plus vif pour ce qu’on nous défend. […] Il se console aisément des coups que lui a donné son maître ; mais ceux de l’Intendant le piquent au vif.
La facilité avec laquelle nous cédons à ce que vous desirez, vous rendroit-elle déja moins vif, moins empressé ? […] il ne dépend que de vous de me voir tout aussi vif, tout aussi empressé qu’on peut l’être.
Le roi eut successivement deux passions assez vives, mais réputées chastes, d’âme à âme, et ne s’accordant que des jouissances toutes virginales. […] Il trouvait un double avantage à la fréquentation de cette société, celui de satisfaire le goût très vif qu’il avait pour les jouissances de l’esprit, et de se dérober aux inquiétudes jalouses de Luynes, favori de Louis XIII, et défiant à l’égard de toute espèce de mérite, comme le sont d’ordinaire les favoris.
. — Parole du roi qui indique un goût très vif pour madame de Scarron. […] Si les paroles du roi ne prouvent pas en lui réveil d’un sentiment nouveau, il est du moins certain qu’elles durent faire une vive impression sur deux personnes fort intéressées a les étudier, après les avoir entendues.
Il ne s’ensuit nullement qu’elles manquent d’agrément ; loin de là : elles offrent le plus vif attrait à la curiosité littéraire, elles renferment surtout l’histoire littéraire d’un si grand jour qu’elles pourraient être appelées les Mémoires de la littérature française. […] L’historique du Tartuffe est une monographie d’une précision supérieure et d’un vif intérêt, parmi les faits importants démontrés par M. […] Quelle peinture vive et quelle riposte orgueilleuse et imposante dans ce célèbre tableau : « Qu’ont-ils vu, ces rares génies, qu’ont-ils vu plus que les autres ? […] Nous y trouvons tous les griefs du parti dévot, qui, bien loin d’être désarmé par cette vive peinture de l’athéisme, n’y vit qu’une aggravation du scandale de Tartuffe. […] » Ce dernier mot bref et irrité, par lequel don Juan coupe court à la prédication de son valet, ne prouve-t-il pas qu’il a été touché au vif et que les paroles de Sganarelle ont été à leur adresse ?
Le public suivait avec un vif plaisir et un réel intérêt ces jeunes savants dont la parole était si sûre, si élégante et parfois si indépendante. […] Chaque fois que la conspiration est en train, ils sont très vifs l’un pour l’autre : rien de plus cérémonieux, de plus guindé, de plus glacé que la façon dont ils se parlent quand elle n’a plus lieu. […] Et il y a à côté de cela, je regrette de dire un mot si vif, il y a un cuistre, un Sganarelle, une espèce de M. […] Nulle part nous ne saisirons mieux au vif cette transformation que sur la scène comique. […] Ces deux dialogues témoignent d’une vive imagination portée sur une solide observation.
Fritsche, de Stettin (province de Poméranie), prend la chose au vif. […] Fritsche au nom de Sganarelle, le vieux roman et le provençal du xviie siècle l’offraient à Molière de première main : Enganarello (trompeur) est enregistré tout vif par Mistral dans cet état civil de notre langue qui s’intitule le Dictionnaire provençal français (tome I, page 915).
Enfin, il est impossible qu’un homme d’un grand esprit, un profond observateur de l’humanité, n’ait point des principes qui percent dans ses œuvres, et ne tire point continuellement une espèce de morale de l’observation pénétrante qui est la source vive où puise son génie. […] Mais quoiqu’on doive marquer chaque passion dans son plus fort degré et par ses traits les plus vifs pour en mieux montrer l’excès et la difformité, on n’a pas besoin de forcer la nature et d’abandonner le vraisemblable. » Fénelon, Lettre à l’Académie-françoise, VII. — C’est son amour absolu du vrai qui a fait dire à Boileau : C’est par là que Molière illustrant ses écrits Peut-être de son art eût remporté le prix, Si, moins ami du peuple, en ses doctes peintures, Il n’eut point fait souvent grimacer ses figures. […] « Jusque-là, il y avoit eu de l’esprit et de la plaisanterie dans nos comédies ; mais il y ajusta une grande naïveté, avec des images si vives des mœurs de son siècle, et des caractères si bien marqués, que les représentations sembloient moins être des comédies que la vérité même : chacun s’y reconnoissoit, et encore son voisin, dont on est plus aise de voir les défauts que les siens propres. » Perrault, Les Hommes illustres qui ont paru en France pendant le dix-septième siècle, article J.
Que votre diction soit pure, et cherchez avec soin, par de très belles paroles, les pensées nobles, vives, solides et remplies d’un beau sens ! […] En attendant, rentrons au logis, faisons grand feu et grande chère, et vive la joie ! […] Pas une scène de ce drame n’explique mieux le caractère de notre héros ; enfin, savez-vous une façon plus nette et plus vive de préparer l’entrée de Don Juan dans la tombe du Commandeur et la terrible péripétie qui va venir ? […] Vive Lacenaire ! […] — bien que le vent soit vif, je vais lever l’ancre, et, pardieu !
Il n’y a guère que Paris où l’on puisse réunir, un soir, un si grand nombre de personnes instruites, et qui aient un goût si vif de nos vieilles œuvres. […] Je m’étais étonné de voir le jargon des Précieuses obtenir encore aujourd’hui un si vif succès de rire sur le public de 1884. […] La femme est une bonne, honnête, douce et spirituelle créature, qui n’a ni le tempérament bien impétueux, ni les passions très vives. […] C’est de la folie gaie, vive et brillante. […] L’impression serait infiniment plus vive.
Le contemplateur Molière, qui avait été témoin de la scène, en conçut l’idée de cette ingénieuse farce, qui eut le plus grand succès, et qu’on voit encore tous les jours avec le plaisir le plus vif.
Paris en jugea moins favorablement ; il la vit séparée des ornemens qui l’avoient embellie à la cour ; &, comme le spectateur n’étoit ni au même point de vûë, ni dans la situation vive & agréable où s’étoient trouvés ceux pour qui elle étoit destinée, on ne tint compte à l’auteur que de la finesse avec laquelle il développe quelques sentimens du cœur, & de l’art qu’il employe pour peindre l’amour propre & la vanité des femmes. […] L’intrigue n’est pas vive, mais il ne falloit que réunir avec vraysemblance quelques personnages, qui, par leurs caractéres opposés ou comparés à celui d’Alceste, pûssent mettre en jeu, d’une façon plus ou moins étenduë, la médisance, la coquéterie, la vanité, la jalousie, & presque tous les ridicules des hommes. […] Le mot du duc de Montausier, je voudrois ressembler au misantrope de Moliere, a pû donner lieu au reproche que l’on a fait à l’auteur, d’avoir voulu présenter sous une face désavantageuse, un caractére dont tout homme vertueux pourroit se faire honneur ; mais ce mot est plûtôt l’expression vive du cas que l’on doit faire de la vertu, quand même elle seroit poussée trop loin, qu’une critique solide de la piéce. […] La finesse du dialogue, & la peinture vive de l’amour dans un amant italien & dans un amant françois, font le principal mérite de cette piéce, qui étoit ornée de musique & de danses. […] La premiére scéne est aussi heureuse que neuve, aussi simple que vive ; au lieu de ces confidences que l’on y employe si ordinairement, une vieille grand’mere scandalisée de ce qu’elle a pû voir de peu séant chez sa belle fille, sort en donnant à ceux qui composent cette maison, des leçons aigres qui les caractérisent tous ; car on distingue le vray jusques dans le langage de la prévention.
Attentif à ce tableau, qui peut-être lui fournit encore d’autres traits, il conçut alors le nom de son imposteur d’après le mot de tartuffoli, qui avait fait une si vive impression sur tous les acteurs de la scène.
Pour le tirer de sa distraction, Despréaux* et Racine qui étaient naturellement portés à la raillerie, se mirent à l’agacer par différents traits plus vifs et plus piquants les uns que les autres ; mais La Fontaine ne s’en déconcerta point.
L’œil le plus vif, le teint le plus frais !... […] Le trait n’est pas moins fin, moins vif & moins senti. […] Vir ardens, igneus : homme vif, ardent, impétueux. […] Oui, ma vive tendresse Se complaît à le voir l’appui de ma vieillesse : Sentiments inconnus à votre mauvais cœur.
Sa confidente lui dit que Don Garcie sera moins jaloux dès qu’il aura reçu la lettre où Dona Elvire l’assure de la préférence qu’elle lui accorde sur son rival : la Princesse change d’avis, aime mieux faire cette confidence de vive voix. […] Oui, j’avoue que ce cavalier & moi nous nous sommes plusieurs fois embrassés tendrement : j’avoue encore que, sans ton impatience & ton arrivée imprévue, nous serions ensemble dans le même lit ; j’avoue que je n’ai point été surprise, que c’est parceque je l’ai bien connu que je l’ai reçu dans mon appartement : ce n’est pas le sang qui nous unit, mais ce sont les plus tendres sentiments ; & la tendresse la plus vive lie nos deux cœurs. […] Dans la piece françoise, Elvire écrit à Don Garcie qu’il obtiendra la préférence sur son rival s’il se corrige de sa jalousie : mais faisant réflexion qu’il n’est pas prudent de laisser des lettres tendres entre les mains d’un homme, elle se détermine à faire l’aveu de vive voix ; & c’est la moitié de cet écrit qui alarme le Prince. […] Je crois cependant que la scene italienne est beaucoup plus vigoureuse, & qu’elle paroît aussi vive que la françoise, quoiqu’infiniment plus longue.
. — Mademoiselle Doze Nous étions donc réunis tous les trois, chacun de nous rêvant à quelque tristesse cachée ; dans la cheminée le feu était vif, au ciel le soleil était pâle ; le dimanche jetait son froid et son silence dans la ville. — Allons, leur dis-je, vous êtes heureux, vous autres, chantez ou rêvez à votre aise ; moi, il faut que je raconte mon histoire de chaque semaine. […] Le paravent représente tour à tour le palais et la chaumière ; le grand fauteuil joue le rôle du père qui gronde toujours ; la chaise de paille vous représente la soubrette alerte et vive, le guéridon, posé sur un pied, saluez ! […] Il a tort et grand tort de nommer en toutes lettres son ennemi Boursault, comme il aura tort, plus tard, de mettre l’abbé Cottin tout vif dans Les Femmes savantes ; il ne faut pas tuer les gens à coups de massue, un petit coup d’épingle, à la bonne heure ; et puis si vous tuez votre homme aujourd’hui que vous restera-t-il le lendemain ? […] Mademoiselle Duparc, envieuse et jalouse, c’était la prude Arsinoé ; mademoiselle de Brie, indulgente et dévouée, sera plus tard la sage Éliante ; mademoiselle Molière, vive, agaçante, coquette, est déjà Célimène, et le Misanthrope, ne le reconnaissez-vous pas dans Molière ?
Du rapprochement de l’une avec l’autre naît un vif et sympathique intérêt. […] Clitandre a un sentiment très fin des bienséances que la femme cultivée doit observer; mais il ne laisse nulle part percer un sentiment très vif des devoirs qu’elle a à remplir envers elle-même. » Au fond, les torts de Molière en ce sujet sont moins encore les siens que ceux de son pays et de son siècle. […] De même que l’auteur des Pensées repousse tous les divertissements, tout ce qui détourne et amuse, et que de vive force il ramène l’homme en présence des réalités redoutables de la mort et de l’éternité, de même Alceste condamne tous les ménagements et ne connaît d’autre loi que la loi de la sincérité, en tout et partout. […] Ses connaissances sont étendues, son imagination vive, son œil pénétrant.
Rose147, de l’académie française, et secrétaire du cabinet, fit des paroles latines sur cet air, d’abord pour se divertir, et ensuite pour faire une petite pièce à Molière, à qui il reprocha, chez le Duc de Montausier*, d’être plagiaire ; ce qui donna lieu à une vive et plaisante dispute.
Et pourtant, si l’exposition prolongée d’une idole excite l’impatience, c’est un bien vif plaisir que de ressaisir l’habitude extérieure et l’être moral d’un homme de génie. […] Il se pourrait bien que, dans son vif désir d’obtenir des obsèques décentes, elle eût un peu exagéré. […] D’abord, il semble résulter d’une lettre de Chapelle qu’à son arrivée à Paris Molière entretenait un commerce galant avec une de ses comédiennes, Mlle Menou, et qu’il excitait par là de vives jalousies dans la troupe. […] Au penchant vers l’amour et le plaisir il joignait ces qualités affectueuses qui ne sont le privilège d’aucune philosophie, mais que l’on rencontre souvent, elles aussi, chez les épicuriens, car ils n’oublient pas de leur demander un charme aussi vif que celui de l’amour, et il leur manque, pour régler leurs attachemens ou modérer leurs regrets, l’esprit de sacrifice et l’espoir d’une vie future. […] » Molière fit donc pour son jeu ce qu’il faisait pour ses pièces ; prenant son bien où il le trouvait, et l’on s’explique, pour les deux côtés de son génie, la comédie écrite et la comédie jouée, que la jalousie, promptement éveillée par ses débuts, s’écriât : « On ne peut pas dire qu’il soit une source vive, mais un bassin qui reçoit ses eaux d’ailleurs. » Bonne fortune singulière pour le théâtre d’une nation, au moment où, par l’entier développement de ses forces vives et l’équilibre de toutes ses qualités, elle arrivait à son apogée littéraire et social, il se trouvait un grand comédien pour recueillir ce que toute une lignée de « farceurs » nationaux et étrangers avait imaginé de plus excellent, le fixer, le faire sien, et, créant lui-même une tradition, le faire entrer définitivement dans le patrimoine dramatique de notre pays.
Quant à l’effet que l’Exempt produit, on n’a rien à desirer, puisqu’il confond le monstre qu’on abhorre, & qu’il comble de joie une honnête famille à laquelle le spectateur prend le plus vif intérêt. […] Quelle imagination n’a-t-il pas fallu pour épargner au spectateur la peine du travail dans une intrigue très vive, pour lui procurer le plaisir de la voir se dénouer tout naturellement, & celui de voir Sganarelle donner dans les pieges qu’il a voulu tendre !
Croyez-moi, on affichera peut-être bientôt chez votre Libraire : Ci gît au magasin la plus belle des pieces8, Toute vive enterrée à côté des deux nieces. […] La petite étourdie a franchi la barriere ; elle est si vive, qu’on ne peut l’arrêter.
Le roi qui vit Molière le même jour, apprit la chose avec indignation, et la marqua au duc d’une manière assez vive.
Les François dédaignerent pendant long-temps les pieces Espagnoles, par la raison seule qu’elles n’ont que trois actes ou trois journées ; comme s’il n’étoit pas permis à un Auteur de partager son poëme en autant de parties qu’il juge à propos, & si le plaisir du public devoit être plus ou moins vif selon le nombre de ces mêmes parties. […] Il faut finir cette scene par quelque trait intéressant, qui, réveillant toute l’attention du public, & piquant sa curiosité, lui fasse desirer l’acte suivant avec l’intérêt le plus vif ; & de façon, s’il est possible, que le desir de voir la suite, l’emporte sur le desir de critiquer.
Par conséquent que ses regards ne s’arrêtent presque point sur les superficies, & qu’il ne leur donne point la préférence : qu’il soit indifféremment de tous les états ; qu’il vive dans tous ; sur-tout, qu’il ne se fasse point illusion sur la différence des avantages qu’il en retirera. […] Vive la Bourgeoisie !
Oui, je te soutiendrai par vives raisons, je te montrerai par Aristote, le Philosophe des Philosophes, que tu es un ignorant, un ignorantissime, ignorantifiant & ignorantifié par tous les cas & modes imaginables. […] Arlequin y veut consulter, comme Sganarelle, un Docteur qui l’impatiente en se tournant souvent vers la cantonnade, pour apostropher un prétendu savant avec lequel il vient d’avoir une dispute très vive.
Laujon avait daigné sourire à mes premiers essais, et je ne puis, sans une vive émotion, me trouver à la place qu’il occupait dans cette auguste assemblée. […] Qu’est devenue cette joie vive et franche qui charmait leurs loisirs et embellissait leurs fêtes ?
Ma premiere femme étoit assez gentille, Une Bretonne vive, & coquette sur-tout, Qu’Eraste, que je sers, trouvoit fort à son goût : Je crois, comme toujours il fut aimé des dames, Que nous pourrions bien être alliés par les femmes ; Et de monsieur Géronte il s’en faudroit bien peu Que par-là je ne fusse un arriere-neveu. […] Vous avez un fonds de santé admirable, des levres fraîches, un teint vermeil & des yeux vifs. […] Elle est vive & gentille ; Et son époux futur doit en être content.
Partout les ridicules se sont affaiblis, ou du moins ils n’ont plus cette empreinte saillante et vive qui était si favorable à la comédie. […] Quelle différence, en effet, de la publicité des livres les plus répandus, à la publicité des ouvrages dramatiques : l’une, s’adressant à des lecteurs isolés qui ne peuvent se communiquer que de loin à loin leurs froides réflexions ; l’autre, produisant simultanément ses vives et promptes impressions sur un peuple d’auditeurs que paraît animer un seul esprit, et rassemblant mille fois de suite une même foule composée d’individus différents, pour lui faire partager les mêmes émotions, les mêmes sentiments ! […] La peinture des mœurs y est moins étendue, moins générale que dans Le Misanthrope ; mais l’action en est plus vive et plus animée. […] Un amour vif et sincère, né d’une rencontre fortuite, où l’une a reçu de l’autre un important service ; cet amour, traversé par la malveillance intéressée d’une marâtre et par l’imbécile entêtement d’un père ; dans Angélique, un mélange heureux de douceur et de fermeté, de candeur et de prudence ; dans Cléante, un grand fonds d’honneur et de générosité, que relèvent les agréments de la personne et les ressources de l’esprit : voilà ce qui recommande ce couple aimable à l’affection des spectateurs, ce qui range tous les cœurs du parti de leur tendresse. […] D’ailleurs, Cotin ne l’avait pas avouée, et il avait même voulu donner le change au public, en en faisant une censure assez vive dans sa Critique désintéressée.
On ne saurait trouver dépourvue d’intérêt cette histoire, riche d’anecdotes et de faits curieux, qui jette une vive lumière sur les premières années de notre scène nationale. […] Molière était âgé de trente-trois ans : il débuta devant le parterre de cette ville par la comédie de L’Étourdi : c’était sa première pièce en vers ; elle étincelle de vives saillies et de boutades comiques ; le rôle de Mascarille est écrit avec une verve entraînante ; seul il suffirait à la réputation d’un auteur, et cependant il disparaît presque dans la gloire immense de Molière. […] On a peine à croire que l’homme qui poursuivit de railleries si vives la jalousie conjugale, fut lui-même un mari ombrageux ; mais telle est la faiblesse humaine ; il ne suffit pas de connaître un écueil pour l’éviter. […] « D’être avec vous le reste de mes jours, lui répondit Baron, pour vous marquer ma vive reconnaissance de toutes les bontés que vous avez pour moi. — Hé bien, lui dit Molière, c’est une chose faite ; le roi vient de m’accorder un ordre pour vous ôter de la troupe où vous êtes. » Molière, qui s’était levé dès quatre heures du matin, avait été à Saint-Germain supplier sa majesté de lui accorder cette grâce ; et l’ordre avait été expédié sur-le-champ. […] Des connaisseurs, trop sévères peut-être, prétendirent que c’était le seul rôle que mademoiselle Duparc avait bien rendu, et que, dans tous les autres, sa beauté et ses grâces avaient fait tout son succès ; cependant sa perte causa de vifs regrets aux amateurs du théâtre et à ses camarades.
Le style de Beaumarchais est vif, brillant, animé, mordant, spirituel et gai, mais il n’est pas toujours exempt de mauvais goût ni même de jargon. […] Doué d’une imagination vive et romanesque, il s’est laissé entraîner par elle au lieu de la retenir et de la régler. […] Avec un tel esprit, d’où jaillit sans cesse la saillie, la répartie vive, ingénieuse, spirituelle, qui surprend, éblouit et séduit à la fois, que ne peut-on oser et risquer ? […] Vive notre chef ! […] Cette opinion souleva contre lui, dans son temps, une vive polémique, et plusieurs écrivains distingués, quoique d’un mérite bien inférieur au sien, le réfutèrent cependant avec succès.
Il lui restait en propre l’art avec lequel il avait su fondre ces éléments divers, en conservant la verve la plus franche, le trait le plus net et le style le plus vif qu’on eût jusqu’alors admirés sur la scène française. […] La troupe de Molière, qui avait fait son apprentissage dans les provinces du Midi les plus fréquemment visitées par les comédiens d’au-delà des monts, où les populations avaient aussi pour l’improvisation un goût vif et naturel, était demeurée fidèle à ces libres divertissements dont les Italiens avaient, à Paris, le privilège presque exclusif. […] Mais l’œuvre originale est peut-être plus vive et plus attachante.
Bientôt, à ces élèves Gassendi en adjoignit un autre qui n’avait pas seulement de l’esprit, mais aussi du génie, Molière, camarade de Bernier et de Chapelle au collège de Clermont, à Paris, qui l’avait frappé par sa vive et précoce intelligence. […] Cependant, d’après un passage de Grimarest, Molière semblerait avoir été Cartésien et non Gassendiste, et même il aurait eu de vives discussions contre Chapelle en faveur de Descartes.
Il employa inutilement les prieres les plus tendres & les remontrances les plus vives. — S’il a manqué quelque chose aux cérémonies de votre mariage, lui dit-il, je suis en état d’y suppléer. […] Cependant Darviane aime Rosalie ; il s’emporte contre son rival : Mélanide alarmée lui fait les reproches les plus vifs ; il se doute de la vérité ; & pour faire cesser son incertitude, il va joindre le Marquis : ils ont ensemble la scene suivante.
Je comparerois volontiers cette espece de prestige que l’une & l’autre exercent sur nous, à l’artifice des lunettes d’approche qui efface la distance des objets, & qui met en état d’en recevoir une impression si vive & si distincte, que, comme c’est par cette distinction & cette vivacité que je juge de leur proximité, je crois voir la lune au bout du télescope au travers duquel je l’apperçois : il ne fait que la placer à la portée de mes yeux ; &, après cela, c’est la lune elle-même que j’observe, c’est sa lumiere qui agit sur moi, & quelquefois si fortement, que j’en suis ébloui.
Plus naturel que le premier, plus resserré et plus décent que le second, plus agissant et plus animé que le troisième : aussi fécond en ressorts, aussi vif dans l’expression, aussi moral qu’aucun des trois.
Magnifico accable de reproches Célio son commis : celui-ci, qui a une intrigue secrete avec la fille de la maison, se croit découvert, avoue une faute que la tendresse la plus vive lui a fait commettre, & dit qu’il n’a pu résister à l’éclat de deux beaux yeux. […] Cléante, fils d’Harpagon, n’a pu la voir sans ressentir pour elle la plus vive passion. […] Les Dieux veulent que je vive encore. […] Cette scene, dont je ne donne qu’une simple esquisse, est plus ou moins vive, selon le talent de l’acteur qui la joue ; mais le fond est excellent.
N’est-ce pas là toute la scène, et fort bien saisie, même dans ce qu’elle a de plus vif et de plus hardi ? […] Cette intention du père, ce vif désir de voir un de ses fils homme d’Église, trouve sa preuve dans sa persistance même. […] L’abbé répondait à cette amitié par une vive admiration pour ses œuvres ; mais c’est surtout à notre poète qu’il avait voué son estime. […] Le nouveau roi était fait pour en comprendre la vive gaieté et la franchise. […] Eux partis, plus de contrepoids ; adieu le rire, vive la grimace !
On trouva outrecuidant qu’un auteur attaqué se défendit en personne, et, qui pis est, se défendît en poète comique, c’est-à-dire fit de ses critiques une comédie, et des plus vives. […] quand j’étudie le maître, je voudrais l’être, — de deux cent vingt ans au moins pour le pouvoir étudier sur le vif. […] si vain quoique si vif, de revoir et d’entendre un. auteur depuis si longtemps enseveli qu’on ne sait plus même où gît sa cendre, si ce désir est concevable, c’est surtout quand il part d’un comédien, car je ne veux pas être autre chose, et qu’il s’applique à un grand homme qui fut un comédien aussi, et qui, sans aucun doute, faisait de son jeu le commentaire le plus précis et le plus profond de son œuvre. […] Il y a plus de maturité dans les Femmes savantes ; mais il n’y a pas moins de profondeur dans la générosité de l’École des Femmes. — Arnolphe, Horace, Agnès, sont des types impérissables, entrés pour jamais dans notre vie de tous les jours ; et leur histoire, mise à la scène avec tant de hardiesse et de passion, était une des admirations les plus vives de l’homme de notre temps qui s’est le plus trouvé de la famille de Molière, — de Balzac. […] Je soutiens au contraire que dans toute cette guerre, dans la verve de l’École des Femmes, dans les vives attaques de la Critique, dans les ripostes dédaigneuses, les parodies et les audaces de. l’Impromptu, on sent partout la prestesse éveillée, l’éclat, l’entrain et les ressources d’un homme heureux.
Mais le moyen de se débarrasser d’un jeune homme aussi insinuant, aussi vif, aussi gascon que Cyrano ? […] La diversité de caractères dont cette Pièce est remplie, et la nature que l’on y voyait peinte avec des traits si vifs, enlevaient tous les applaudissements du Public. […] ― D’être avec vous le reste de mes jours, lui répondit Baron, pour vous marquer ma vive reconnaissance de toutes les bontés que vous avez pour moi. […] Molière était vif quand on l’attaquait. […] Chapelle fut saisi de douleur à la mort de son ami, il crut avoir perdu toute consolation, tout secours ; et il donna des marques d’une affliction si vive que l’on doutait qu’il lui survécût longtemps.
Mais lui, les pieds dans la rosée, Humant l’air vif, gai du soleil, Dans sa tête fertilisée Glane un vers, fleur de son sommeil. […] Cette vaillante Madeleine Béjart qui avait l’art de jouer les reines avec la haute dignité de la Champmeslé, et les servantes avec le vif éclat de rire d’Augustine Brohan mourut à cinquante-cinq ans, le 17 février 1672, dans sa maison vis-à-vis du Palais-Royal. […] Aussi Molière trouvait-il un vif plaisir dans la compagnie de ce « diable à quatre », selon le mot de Regnard. […] Mme Beauval fut une de ces vaillantes soubrettes qui marquaient au vif leur physionomie, qui traversaient hardiment la pièce, tête haute, allures décidées, fortes en gueule, comme le génie familier de la raison. […] C’est elle qui, à l’âge de huit ans, créa le rôle de Louison dans Le Malade imaginaire ; elle était vive et emportée comme sa mère : la même intelligence et le même feu ; mais ce n’était pas non plus un miracle de beauté.
Je ne ferai point valoir les peines que j’ai prises ; l’exactitude laborieuse que j’ai portée dans mes nombreuses recherches : je ne faisais que remplir un devoir, et ce devoir était un vif plaisir pour moi. […] Mais les médecins ont été l’objet constant de ses plus vives hostilités. […] Ses expositions sont des scènes vives et animées, qui, commençant l’action, ou, mieux encore, la supposant commencée, mettent tout d’un coup le spectateur au fait du personnage principal, et quelquefois même lui donnent une idée du sujet entier de la pièce. […] Gassendi, frappé de l’intelligence vive et pénétrante du jeune Poquelin, l’admit aux leçons particulières qu’il donnait à ses deux élèves. […] Cependant l’entretien vif et brillant de la moderne Leontium n’était ni sans charme, ni sans profit pour lui : il lui soumettait même volontiers ses ouvrages.
Les reparties vives, positives & nettes de Madame Grognac établissent son caractere brusque ; & ses monosyllabes deviennent comiques. […] Non, vous avez, mon oncle, un esprit vif & juste ; Vous jouissez encor d’une santé robuste ; Vous avez de gros biens.
Il faut donc aller au vif, & peindre le vice des professions : mais si la Muse de l’Opéra Comique rougit quelquefois de n’avoir pas laissé sur les boulevarts & aux foires les trois quarts de ses héros, faut-il envoyer Thalie choisir les siens dans les plus viles boutiques ? […] Je suis pour que l’on vive en bonne intelligence, Et ne fais jamais rien contre la conscience.
Dans le Philosophe marié, le caractere vif, plaisant, & bien dessiné de la capricieuse Céliante éclipse, de l’aveu de tout le monde, celui du froid Ariste. […] L’entretien sera vif, & je m’apprête à rire.
Lélie est un amant vif, pétulant : il ne réfléchit point ; mais il a des graces, & ses incartades mêmes le rendent quelquefois intéressant, parceque la vivacité de son amour les occasionne. […] Moliere ne s’est pas contenté de s’approprier les étourderies & les fourberies qui sont chez l’Auteur Italien & chez Quinault ; il en a puisé par-tout, comme l’on voit : aussi en a-t-il plus réuni dans un seul acte que Quinault dans toute sa comédie, ce qui rend sa piece aussi vive, aussi rapide que l’autre est froide & languissante.
Après dix années de fonds de culottes éclaircis sur les bancs, et quelques années encore succédant au baccalauréat, qui donc prend à Polyeucte, à Andromaque, au Misanthrope, ce vif et frais intérêt qu’il faut prendre à des drames ? […] On découvrira aussi que ce sont des hommes d’une certaine date : on s’amusera, par ce goût du bibelot qui est si vif aujourd’hui, des marques qu’ils en portent ; et, si quelques-unes de ces marques ont des analogues en d’autres siècles, voire de nos jours, on regardera en souriant ces analogies.
L’homme se remet en marche, il cherche encore, s’égare encore, et la passion use ses forces vives jusqu’à ce qu’elle l’ait entraîné avec elle dans sa dernière mort. […] Le ciel, source vive des grandes eaux, est fermé pour Molière, comme s’il était d’airain.
Toutefois, le secret de madame de Maintenon ne réside pas uniquement dans son mérite et dans ses charmes ; il faut aussi reconnaître en elle deux autres principes de conduite qui mirent en valeur tous ses avantages : ce furent deux passions que madame de Maintenon ressentit au plus haut point ; savoir : Un amour vif pour Louis XIV, et un grand respect pour elle-même. […] On peut, je crois, regarder la première entrevue du roi et de madame Scarron comme l’époque de la naissance d’un vif désir de se plaire réciproquement, désir qui n’a cessé de faire des progrès jusqu’à la certitude du succès, tout en traversant les nombreuses intrigues de galanterie, même d’amours, dont le roi fut occupé dix années.
L’action simple et peu animée, les beautés fines, délicates, mais quelquefois un peu sérieuses du Misanthrope n’étaient pas de nature à frapper, à saisir, à enlever des spectateurs, que Molière lui-même avait accoutumés à des intrigues plus vives et à un comique plus populaire. […] L’intrigue, sans doute, n’est ni forte, ni vive, ni très attachante par elle-même ; mais cette sobriété de moyens dramatiques, cette simplicité et cette lenteur dans la marche de l’ouvrage étaient autant de conditions nécessaires : une contexture d’incidents plus serrée et un mouvement de scène plus rapide n’auraient laissé ni espace ni temps pour ces larges développements de satire morale qui sont le véritable sujet de la pièce. […] dans la gaieté vive et soutenue, dans la bouffonnerie ingénieuse et originale, dans un dialogue brillant de verve et de vérité.
Jusques-là il y avait eu de l’esprit et de la plaisanterie dans nos Comédies, mais il y ajouta une grande naïveté avec des Images si vives des mœurs de son siècle, et des Caractères si bien marqués, que les Représentations semblaient moins être des Comédies que la vérité même, chacun s’y reconnaissait et plus encore son voisin, dont on est plus aise de voir les défauts que les siens propres.
Ce n’est plus un simple contraste, c’est une guerre vive et déclarée.
Je ne reçois de lettres que d’un seul homme, et si l’on continue, on me persuadera qu’il ne faut faire fond que sur des gens dont l’amitié est plus vive que vous ne le voulez. »Ce seul homme dont elle reçoit des nouvelles, et dont l’amitié est plus vive qu’elle ne voudrait, est évidemment le roi.
Dès l’année suivante, le 18 novembre 1659, il inaugura sa glorieuse carrière par Les Précieuses ridicules, qui attaquaient au vif les mœurs contemporaines. […] Chez La Rochefoucauld, cette préoccupation n’est pas moins vive. […] En cette scène charmante où la gaillarde suivante s’acharne à piquer Marianne au vif, elle est vraiment comme un lutin qui ne saurait lâcher prise123. […] Un Alceste eût seul été de taille à lutter contre un Tartuffe, et à le vaincre de vive force. […] C’est alors seulement qu’elle ligure, sous le titre de Pièce nouvelle ; cette soirée rapporta 1069 fr. 10 centimes, ce qui atteste l’éveil d’une curiosité très vive.
Selon Voltaire, Anne d’Autriche avait apporté à la cour de France une galanterie noble et fière qu’elle tenait du génie espagnol, et y avait joint les grâces, la douceur et une liberté décente qui n’était qu’en France : l’anecdote des férets d’aiguillettes en diamants qu’elle avait reçus du ici, et qu’elle donna presque aussitôt au duc de Buckingham, les vers où Voiture lui parle à découvert de son amour pour ce charmant Anglais et le plaisir qu’elle prit à les lire, le soin qu’elle mit à les garder, ces détails attestés par madame de Motteville annoncent dans la reine toute l’inconsidération d’un goût très vif, et sortent des bornes de cette galanterie noble et fière et de cette liberté décente que Voltaire lui attribue.