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7. (1853) Histoire de la littérature dramatique. Tome II « Chapitre III. Le théâtre est l’Église du diable » pp. 113-135

Comédie, au reste, cela voulait dire (on ne le sait pas toujours) χὼμοι bourgade, et ωδὴ chant, c’est-à-dire chant des faubourgs, le chant de la joie et de la liberté quelque peu avinée, la chanson joyeuse de la vie errante : Vie errante Est chose enivrante ! […] Des gourmands, des oisifs, des buveurs, des amis de la joie et de la bombance, tel fut le nom des premiers comédiens. […] — De la comédie et de ses plaisirs profanes, de ses licences et de sa joie, on a voulu faire un cours de bonne et pratique morale ; on a prétendu que rien ne résistait à ses enseignements… elle s’est toujours ressentie et toujours elle se ressentira de son origine errante. […] En trois heures, ni plus ni moins, vous voulez absolument tout le secret de cette âme, de cet esprit, de ce jeune cœur ; et quand enfin la charmante fille a tout dit, quand vous ne lui avez épargné aucune équivoque, quand elle s’est bien fatiguée à comprendre ou plutôt à deviner vos poètes comiques, vous la rappelez du fond du théâtre, vous voulez la revoir pour l’applaudir, vous êtes ivres de joie, et personne ne prend en pitié cette enfant, la voyant la proie et la victime de votre admiration ! […] Vous jugez de la joie de Molière occupé à écraser, un à un, sous ses deux ongles, M. 

8. (1772) De l’art de la comédie. Livre quatrième. Des imitateurs modernes (1re éd.) [graphies originales] « CHAPITRE XII. M. COLLÉ. » pp. 354-380

Desronais sort dans la plus grande joie, parceque Dupuis, en lui cédant sa charge, semble lui annoncer qu’il lui donne sa fille. Dupuis feint d’être surpris de la joie que montre Desronais pour une charge : Mariane dit que ce n’en est pas là le sujet, & dévoile la véritable cause de ses transports. […] C’est la seule joie que puisse goûter dans son affliction votre désolée, mais toujours tendre & affectionnée Peggy ». […] Le Roi enchanté se livre à la joie avec ses hôtes, & demande une chanson : on fait venir un valet nommé Joseph qui a une voix admirable. […] On se met à table, on boit à la santé du Roi, on chante des couplets qui lui peignent l’amour de ses sujets : il répand des larmes de joie.

9. (1873) Le théâtre-femme : causerie à propos de L’École des femmes (Théâtre de la Gaîté, 26 janvier 1873) pp. 1-38

Je ne connais pas au monde de titre plus attrayant et je vois d’ici mademoiselle Duparc, mademoiselle Béjart, mademoiselle Debrie, mademoiselle Ducroisy et mademoiselle Molière elle-même, cette, jolie perruche dont le bec fit saigner tant de fois le cœur de son mari, cabrioler de joie autour d’une pareille aubaine. […] Aussi, malgré mon vif désir de lettré, je n’ose pas prendre au sérieux cette renaissance tragique qui est saluée de tous, côtés par des cris de joie si respectables.    . […] On sait que vous voulez du piment jusque dans le poivre, on vous sert tout à la tartare, la joie comme la douleur. […] Je me souviens de la grande émotion, de la vive joie littéraire que j’éprouvai à 1’audition du Demi-Monde. […] Il n’y a que la France, c’est une chose singulière, pour se donner cette joie difficile à comprendre, cette volupté baroque de se calomnier elle-même en criant à tue-tête dans un porte-voix : « Je suis la plus perdue de toutes les nations !

10. (1772) De l’art de la comédie. Livre second. De ses différents genres (1re éd.) [graphies originales] « CHAPITRE IX. Du Genre larmoyant. » pp. 103-122

Erreur accréditée par les Auteurs & les Acteurs, qui, privés des dons rares & précieux qu’il faut avoir reçus de la nature pour la peindre gaiement, & pour exciter la joie du public, n’osent avouer leur insuffisance, veulent jouer un rôle dans le monde, & feignent de suivre par raison une carriere où leur foiblesse seule les conduit. […] J’ai fait tout ce que vous venez de dire, & j’ai bien de la joie que vous vouliez vous en souvenir. […] Il fait rompre bien vîte les fers de son fils, qui passe des horreurs de la misere au comble de la joie. […] L’Exempt parle, & soudain nous ressentons la plus grande joie.

11. (1853) Histoire de la littérature dramatique. Tome II « Chapitre II. Mademoiselle Mars a été toute la comédie de son temps » pp. 93-102

« Oui, en effet, elle se souvient, ainsi vaincue par une force irrésistible, de ses jours tout-puissants de triomphe et de victoire ; elle se souvient de l’enthousiasme universel, elle se souvient de ses créations splendides, quand elle faisait, de rien quelque chose : une comédie d’un vaudeville, un membre de l’Institut de quelque faiseur de mauvais vers ; elle se souvient de la joie, de la bonne humeur, de l’applaudissement du parterre ; elle se rappelle tous les triomphes entassés là, à ses pieds : ce théâtre glorifié, cette scène agrandie, et les vrais Dieux venant au-devant d’elle, les mains chargées de couronnes. […] ce fut justement à ce moment-là de son triomphe (derniers moments du bonheur poétique, moments sacrés de cette pure joie des beaux-arts ; pour ces moments-là le dernier bandit des Abruzzes aurait de l’enthousiasme et du respect), qu’un homme caché, perdu dans la foule, attendait mademoiselle Mars, le poignard à la main. […] Le rire et les larmes, la douleur et la joie, et le bravo !

12. (1867) La morale de Molière « CHAPITRE VII. De l’Amour. » pp. 121-144

C’est une œuvre essentiellement morale, de montrer que la passion qui tient le plus de place dans le monde, et dont les excès sont le plus funestes, est pleine de joie et de dignité, quand l’homme sait se garder assez pour n’y céder que dans le temps et les circonstances qui peuvent la rendre utile, noble, et faire d’elle le soutien et le charme de la vie. […] C’est pour eux seuls, pour eux tout entiers qu’ils s’aimeront, ardents à poursuivre une union indissoluble, dans laquelle ils trouveront ce qui manque à leur solitude : la joie d’être deux à vivre, à souffrir434. […] Tenez, mon cœur s’émeut à toutes ces tendresses ; Cela ragaillardit tout à fait mes vieux jours, Et je me ressouviens de mes jeunes amours437, qui n’a devant les yeux cet amour pur et naturel, plein de joie et d’honneur, que Phèdre dépeint avec tant de vérité dans son désespoir de n’en pouvoir jouir : Hélas ! […] Elle est sérieuse : mais voulez-vous de ces enjouements épanouis, de ces joies toujours ouvertes ?

13. (1853) Histoire de la littérature dramatique. Tome II « Chapitre premier. Ce que devient l’esprit mal dépensé » pp. 1-92

Molière, en ce moment, était dans toute la joie et dans tout le bonheur du triomphe. […] Argan se met à parler de testament, Molière pensa avec joie que son testament était fait et qu’il laissait tout à sa femme. […] À cette heure la comédie en est encore aux joies et aux hasards d’une aventure. […] Entendez-vous ces frémissements de bien-être et de joie ? […] Et ce butor de Sganarelle, quelle est sa joie d’être ainsi conseillé ?

14. (1835) Mémoire pour servir à l’histoire de la société polie en France « Chapitre XXXII » pp. 355-377

Il arrive un coup de massue qui rabaisse la joie (la mort de M. de Turenne). […] Cette joie est grande. […] Il n’attendait M. du Maine que le lendemain ; il le vit entrer dans sa chambre, marchant et mené seulement par la main de madame de Maintenon ; ce fut un transit port de joie.

15. (1801) Moliérana « [Anecdotes] — [68, p. 104] »

À la fin de la pièce, ses transports de joie augmentant encore, ses voisins lui en demandèrent les motifs : Ah !

16. (1772) De l’art de la comédie. Livre quatrième. Des imitateurs modernes (1re éd.) [graphies originales] « CHAPITRE XV. M. DE CHAMFORT. » pp. 420-441

Dès que la nuit arriva ils se rendirent l’un & l’autre sur le rivage, où ils eurent la joie & la satisfaction de trouver quelques-uns des gens de ce vaisseau qui étoit Anglois & qui alloit aux Barbades. […] Hassan, seul avec son ami, se livre à la joie : mais Dornal ne peut la partager ; il regrette sa chere Amélie : elle est si belle ; il craint qu’on ne l’ait achetée pour quelque Pacha. […] Enfin, le cœur gros de tendresse & de joie, dans un transport inexprimable de reconnoissance, il se jetta, à la vue de tout le monde, aux pieds de son bienfaiteur ; il s’écria, en les embrassant : O le meilleur de tous les Chrétiens !

17. (1772) De l’art de la comédie. Livre premier. De ses différentes parties (1re éd.) [graphies originales] « CHAPITRE XV. Des Actes. » pp. 274-288

Je coquette fort peu, c’est mon moindre talent, Et de profession je ne suis point galant : Mais j’en ai servi vingt de ces chercheurs de proie, Qui disoient fort souvent que leur plus grande joie Etoit de rencontrer de ces maris fâcheux, Qui jamais sans gronder ne reviennent chez eux ; De ces brutaux fieffés qui, sans raison ni suite, De leurs femmes en tout contrôlent la conduite, Et, du nom de mari fiérement se parants, Leur rompent en visiere aux yeux des soupirants. […] Par pudeur tu feins d’y reculer ; Mais je sais bien la joie où ce discours te jette, Et tu voudrois déja que la chose fût faite.

18. (1899) Salut à Molière, dit par Coquelin cadet, le soir du 15 janvier, pour le 277e anniversaire de la naissance de Molière, sur la scène de la Comédie-française pp. 3-8

Il passe de l’école de la philosophie aux tréteaux de la farce, et, rapide, il comprend que l’immense humanité est à lui pour en faire la joie et la leçon.

19. (1863) Molière et la comédie italienne « Chapitre XIII. Retour de Molière à Paris » pp. 225-264

Les traits de la jeune fille s’éclairent de joie. […] Si l’anecdote était authentique, nous craindrions bien que, dans cette circonstance, Molière n’eût encore été qu’imitateur : ces fausses lettres, faisant succéder rapidement les impressions de chagrin et de joie, fournissaient un trop excellent prétexte à la pantomime, pour n’avoir pas été exploitées par les artistes italiens. […] La même phrase sert de conclusion aux deux œuvres ; voyez pourtant quel contraste : Et, pour tout dire enfin, jaloux ou non jaloux, Mon roi, sans me gêner, peut me donner à vous, dit Done Elvire, et Dom Garcie s’écrie : Ciel, dans l’excès des biens que cet aveu m’octroie, Rends capable mon cœur de supporter sa joie… !

20. (1772) De l’art de la comédie. Livre second. De ses différents genres (1re éd.) [graphies originales] « CHAPITRE XIII. Des Pieces intriguées par les Maîtres. » pp. 151-168

Jugez si ma joie est la vôtre Quand je fausse pour vous compagnie à toute autre. […] Les amants sont au comble de la joie, quand la scene change encore de face.

21. (1772) De l’art de la comédie. Livre second. De ses différents genres (1re éd.) [graphies originales] « CHAPITRE XV. Pieces intriguées par une ressemblance. » pp. 176-191

Que cet embrassement Vous témoigne ma joie & mon ravissement. […] A cette nouvelle la joie fut inexprimable, & ils se proposerent tous d’applaudir cette comédie...

22. (1882) L’Arnolphe de Molière pp. 1-98

Et vous voyez un homme enchanté ; il à réussi ; elle est simple au delà de ce qu’on peut imaginer, elle en dit à le faire pâmer de joie ; jusque là que, l’autre jour, elle est venue lui demander Avec une innocence à nulle autre pareille Si les enfants qu’on fait se faisaient par l’oreille ! […] AGNÈS Vous me ferez plaisir… Et là-dessus, elle remonte, laissant le parterre en joie et Arnolphe dans le ravissement de son ouvrage. […] Ainsi dit l’amoureux, affolé de joie, et il s’enfuit, chercher l’échelle, sans doute. […] La pièce court à sa fin, portée sur la bonne humeur de tous ; Arnolphe se relève exaspéré, fait enfermer Agnès, trahit Horace qui vient le prier d’intercéder pour lui près de son père… Aussi quelle joie lorsqu’on voit le dénouement tourner contre le traître ! […] Cela mit en joie ceux qui, n’étant pas ducs et pairs, n’osaient se frotter au valet de chambre du roi ; et les pièces des Villiers, des Visé, qui font allusion à ce haut fait, invitent clairement à quelque chose de pis.

23. (1900) Quarante ans de théâtre. [II]. Molière et la comédie classique pp. 3-392

C’était une des joies caressées par M.  […] Un murmure de joie court dans tout l’auditoire ; on voit se redresser toutes les têtes. […] On ferait battre des montagnes, et l’on pétillerait de joie à les voir aux prises. […] Tout cet enthousiasme a débordé à l’entr’acte en exclamations de joie. […] Elle a été la joie de cette comédie.

24. (1801) Moliérana « [Anecdotes] — [29, p. 54-59] »

Cela est vrai, dit N*** nous ne pouvons mieux prendre notre temps pour mourir bons amis et dans la joie : notre mort fera du bruit.

25. (1853) Histoire de la littérature dramatique. Tome II « Chapitre IV. Que la critique doit être écrite avec zèle, et par des hommes de talent » pp. 136-215

Alors toute cette joie, et ce luxe, et ces amours, tout cet esprit mêlé à ces scandales parés à la mode des dernières chevaleries célébrées par Cervantès, s’en vont à la suite du spectre. […] En attendant, rentrons au logis, faisons grand feu et grande chère, et vive la joie ! […] Il est donc facile d’expliquer cette tristesse profonde, immense, irrésistible d’une comédie que Molière avait faite tout exprès pour amuser les folles joies du carnaval ! […] N’avez-vous pas honte de cette ruse de fille de joie (Harlot’s trick ?)  […] Vous l’appelez femme-de-chambre, fille de joie, vous voulez la marier, elle, la duchesse de Vaujours, à un fripon.

26. (1858) Molière et l’idéal moderne (Revue française) pp. 230-

La joie qu’il nous apporte est la joie du triomphe : la solidarité nous prend au cœur, et toutes les gloires humaines sont les nôtres.

27. (1772) De l’art de la comédie. Livre troisième. De l’imitation (1re éd.) [graphies originales] « CHAPITRE XXV. » pp. 500-533

Si je m’en mêle, il aura de la joie. […] Je fais voir pour une personne toute l’ardeur & toute la tendresse qu’on peut imaginer : je n’aime rien au monde qu’elle, & je n’ai qu’elle dans l’esprit : elle fait tous mes soins, tous mes desirs, toute ma joie : je ne parle que d’elle, je ne pense qu’à elle, je ne fais des songes que d’elle, je ne respire que par elle, mon cœur vit tout en elle ; & voilà de tant d’amitié la digne récompense !.... […] Veux-tu de ces enjouements épanouis, de ces joies toujours ouvertes ?

28. (1853) Histoire de la littérature dramatique. Tome II « Chapitre VI » pp. 394-434

C’est le riche qui se pique, encore aujourd’hui, d’ouvrir une allée en pleine forêt, d’amener une eau courante à travers les sables en feu, de meubler une ménagerie ; aussi inhabile que les seigneurs d’autrefois, les autres, ceux de La Bruyère, le riche d’aujourd’hui, à rendre une âme contente, à remplir d’une douce joie un cœur blessé, à faire que la pauvreté soit apaisée, heureuse, et que le pauvre puisse mourir en paix. […] À tout jamais on prend congé l’un de l’autre, on ne doit plus se revoir ; alors on redouble de câlineries, de tendresses, d’adorations ; celui qui est faible, pleure tout haut, celui dont l’âme est forte pleure tout bas ; puis quand ils sont bien loin, bien loin, qu’on ne peut plus ni les voir ni les entendre, ils s’en donnent, à cœur joie, de toutes ces larmes ; mais qu’importe ? […]  » Il pouvait ajouter qu’une certaine joie aisée, agréable, piquante, vaut cent fois mieux, dans ces dissertations d’art et de goût, que toutes les formules algébriques. — Mais que fais-je, en ce moment, pourquoi donc cette dissertation à propos de mademoiselle Mars ? […] Mademoiselle Mars aimait, à en mourir de joie, les enivrements de la foule, les applaudissements du parterre, l’enthousiasme du poète, la résurrection solennelle des vieux chefs-d’œuvre sauvés par sa parole, les luttes ardentes des premières représentations, s’il fallait imposer à un public rebelle, quelque renommée à son aurore ! […] Afin que leur joie eût un long souvenir dans l’âme des pauvres gens, le roi et la reine avaient constitué une pension de douze cents livres sur la tête de chaque enfant, venu au monde le même jour que la princesse royale, et cette pension de douze cents livres, qui avait été la fortune de son enfance et de sa jeunesse, mademoiselle Mars l’a touchée jusqu’à la fin de ses jours.

29. (1772) De l’art de la comédie. Livre troisième. De l’imitation (1re éd.) [graphies originales] « CHAPITRE VII. » pp. 125-143

Et moi qui cependant n’étois de la partie, J’esquive doucement, & m’en vais à grands pas, La queue en loup qui fuit, & les yeux contre bas, Le cœur sautant de joie, & triste d’apparence. […] Je regrette encore dans Moliere, ainsi que dans Regnier 16, cet ami d’Horace qui connoît son embarras & qui se fait une maligne joie de l’abandonner à son persécuteur.

30. (1772) De l’art de la comédie. Livre quatrième. Des imitateurs modernes (1re éd.) [graphies originales] « CHAPITRE XI. M. SAURIN. » pp. 333-353

Béverley est dans la plus grande joie, & demande son épouse pour lui annoncer une grande nouvelle. […] Bates, loin de l’assassiner, lui a dévoilé les complots & les fripponneries de Stukéli : celui-ci est confondu, arrêté ; la joie renaît dans le cœur de la plupart des personnages.

31. (1867) La morale de Molière « CHAPITRE VIII. Le Mariage. » pp. 145-165

L’intimité et la joie de cette union est aussi nécessaire, comme conséquence de l’amour vrai, que le désordre et le dégoût comme conséquences de la coquetterie et de la débauche. […] Si la nature y manque, c’est l’École des Maris ou l’École des Femmes 522 ; — si la raison, c’est « le beau mariage de la jeune Dorimène, fille du seigneur Alcantor, avec le seigneur Sganarelle, qui n’a que cinquante-trois ans… 0 le beau mariage, qui doit être heureux, car il donne de la joie à tout le monde, et fait rire tous ceux à qui on en parle523 ; » — si l’amour Savez-vous bien qu’on risque un peu plus qu’on ne pense À vouloir sur un cœur user de violence ; Qu’il ne fait pas bien sûr, à vous le trancher net, D’épouser une fille en dépit qu’elle en ait ; Et qu’elle peut aller, en se voyant contraindre, À des ressentiments que le mari doit craindre524 ?

32. (1835) Mémoire pour servir à l’histoire de la société polie en France « Chapitre XVII » pp. 193-197

Chapelle est admis parmi eux comme homme d’esprit, comme bon convive, pour ajouter à leur attrait mutuel la joie et la gaîté qu’il portait partout avec lui.

33. (1772) De l’art de la comédie. Livre troisième. De l’imitation (1re éd.) [graphies originales] « CHAPITRE V. » pp. 71-105

Rodrigue demande à Pantalon, son ancien gouverneur, le sujet de sa tristesse, dans un moment où tout son peuple marque la plus grande joie de voir finir la guerre, & sur-tout dans un moment où l’hymen va combler tous ses vœux, en l’unissant à Delmire. […] Te reprocher ton crime honteux, ce seroit accroître ta joie : me plaindre de ta trahison, ce seroit augmenter les charmes de ton triomphe. […] si un cœur déchiré comme le mien des plus cruelles douleurs, pouvoit se livrer à la joie pour un moment, ta ridicule proposition me forceroit à rire.

34. (1772) De l’art de la comédie. Livre quatrième. Des imitateurs modernes (1re éd.) [graphies originales] « CHAPITRE XVII. M. DORAT. » pp. 463-467

Mes cheveux se dressoient sur ma tête : l’horreur de ce qu’on me proposoit m’empêcha de sentir la joie de savoir Alise vivante.

35. (1835) Mémoire pour servir à l’histoire de la société polie en France « Chapitre XXVII » pp. 298-304

Sa joie est la plus solide qu’on puisse avoir dans ce monde. » Ces mots sont très significatifs sous la plume de madame de Sévigné, qui affectait toujours quelque chose d’énigmatique dans ce qui regardait la cour.

36. (1772) De l’art de la comédie. Livre premier. De ses différentes parties (1re éd.) [graphies originales] « CHAPITRE VI. Des Prologues. » pp. 118-138

Le Roi montra une grande joie. […] Fulvio épouse Livia ; Lionetto, sa chere Claudia : & Americo, content d’avoir retrouvé un fils qu’il croyoit mort, donne son consentement avec joie. . . . . . . . . . . . . . .

37. (1772) De l’art de la comédie. Livre troisième. De l’imitation (1re éd.) [graphies originales] « CHAPITRE VI. » pp. 106-124

En s’en allant il passa devant la maison de la Belle, qui s’étoit mise à sa fenêtre, & qui témoigna tant de joie & tant de passion en le voyant, qu’il demeura convaincu de la vérité de sa conjecture. […] Le jeune homme se retira avec une joie extrême d’avoir reçu des assurances de l’amour de sa maîtresse, & des présents magnifiques qu’il lui montra de loin en passant sous ses fenêtres.

38. (1867) La morale de Molière « CHAPITRE V. L’Éducation des Femmes. » pp. 83-102

Cette considération que l’honneur doit être gardé pour lui-même, pour la dignité et la joie intime qu’il procure, et non par crainte d’un châtiment, est un des plus beaux préceptes moraux qui se puissent proclamer. […] On ne doit point les brider en tous leurs désirs ni leur refuser toute joie, mais leur apprendre à jouir honnêtement de ce qui est permis, à compter sur la douce bonté de ceux qui les dirigent, et à ne point     redouter comme une source de perdition ce qui ne le devient qu’autant qu’on en abuse.

39. (1877) Molière et Bourdaloue pp. 2-269

O calamités de nos jours, quelle joie pouvons-nous avoir ? […] Il prononce son texte : Réjouissez-vous et faites éclater voire joie : car une grande récompense vous est réservée dans le ciel. […] Il y fut écouté et admiré, et il eut la joie d’éclairer, de ramener, de raffermir et de consoler un grand nombre d’affligés. […] La seule considération de les endurer pour une si digne cause ne devrait-elle pas vous remplir non-seulement de force, mais de joie ? […] Le rire de l’âme, c’est la joie ; mais la joie n’est connue que des âmes pures, et la satisfaction qui grince dans les autres âmes n’est ni le rire ni la joie.

40. (1772) De l’art de la comédie. Livre troisième. De l’imitation (1re éd.) [graphies originales] « CHAPITRE VIII. » pp. 144-179

Le plus prudent & le plus avisé de tous les maris du monde, ou du moins se croyant tel, se leva, s’habilla, désarma sa femme, l’aida à se déshabiller, & l’ayant fait coucher dans le lit qu’il venoit de quitter, en pleurant de joie d’avoir trouvé, à son avis, ce qu’il cherchoit, il lui ordonna de dormir bien tard ; & ayant recommandé à ses servantes de ne la point réveiller, il s’en alla à la Messe & à ses affaires. […] La vieille alla trouver son impatient amoureux, & lui rendit compte de ce qu’elle avoit avancé, elle souriant d’un souris d’enfer, & lui sautant de joie. […] Laure ne le trouva point à redire, & reçut son mari avec autant de joie & aussi peu de ressentiment de la perte de son galant que si elle ne l’eût jamais vu.

41. (1772) De l’art de la comédie. Livre quatrième. Des imitateurs modernes (1re éd.) [graphies originales] « CHAPITRE VI. Baron, imitateur, comparé à Moliere, à Cicognini, à Térence, &c. » pp. 219-261

Moncade revient avec une joie apparente : on l’a traité indignement ; il est guéri de sa passion, dit-il ; il se propose de vendre son régiment & d’aller vivre dans ses terres. […] Simon appelle Sosie, lui peint sa joie, lui dit que Chrémès consent à donner sa fille, après cela il le renvoie. […] Charinus les écoute : il partage leur joie, Pamphile le conduit vers Chrémès pour solliciter en sa faveur la main de Philumene.

42. (1901) Molière moraliste pp. 3-32

Notre nature est bonne, répond Molière : c’est de l’effort personnel libre que nous pouvons attendre un peu de joie pour nous-même et pour les autres. […] Il ne l’a point gardée et elle est venue à lui spontanément, avec joie. […] Elle ne connaît plus la joie de vivre.

43. (1874) Leçon d’ouverture du cours de littérature française. Introduction au théâtre de Molière pp. 3-35

L’évêque d’alors, sir Conrad Bayer, fut le promoteur de la grande solennité, dont l’éclat et les joies concordèrent trop bien avec l’heureux événement de la délivrance nationale, pour que cette concordance ait été l’effet du hasard. […] Les serviteurs de Joachim, à cette nouvelle, expriment leur joie, à laquelle, dans leur chant alternatif, ils associent assez poétiquement la nature entière : Les pastourelles chanteront, Pastoureaux jetteront œillades Les Nymphes les écouteront, Et les Dryades danseront Pan viendra faire ses gambades, Revenant des champs Elysées ; Orpheus fera ses sonnades ; Lors Mercure dira ballades, Et chansons bien autorisées. […] Aux plus terribles moments de la passion, à l’agonie du Jardin des Olives et pendant les souffrances même de la croix, les joies du ciel et ses concerts adoucissent et, suivant l’expression d’Aristote, purifient le sentiment douloureux du spectateur.

44. (1772) De l’art de la comédie. Livre second. De ses différents genres (1re éd.) [graphies originales] « CHAPITRE XVI. Pieces intriguées par un événement ignoré de la plupart des Acteurs. » pp. 192-198

Prêts à l’exécuter, nous sentons tous les deux Qu’aux mains d’un étranger la mere d’Emilie Ne livrera jamais une fille chérie, L’objet de tous ses soins, & son unique espoir, Elle qui met sa joie au plaisir de la voir.

45. (1835) Mémoire pour servir à l’histoire de la société polie en France « Chapitre XXXIV » pp. 394-401

Enfin, la joie était revenue, et tous les airs de jalousie avaient disparu.

46. (1885) Revue dramatique. Le répertoire à la Comédie-Française et à l’Odéon (Revue des deux mondes) pp. 933-944

Ceux-ci sont célébrés avec scrupule, avec joie : on est tranquille là-dessus, on a payé pour l’être ; on voit la Comédie-Française, on voit l’Odéon : en passant devant Notre-Dame, qui douterait que la messe y soit dite régulièrement ? […] Scribe, avec Bertrand et Raton et Bataille de dames, l’un donné dix-neuf fois l’an dernier et l’autre dix-sept, — en ce point, ne nous plaignons pas de la chicherie du comité ; — Dumas père, le plantureux (qui n’a pas un seul drame ici), avec Mademoiselle de Belle-Isle tout uniment ; George Sand, avec Le Marquis de Villemer et Le Mariage de Victorine ; Sandeau, avec Mademoiselle de la Seiglière ; Musset, avec Il ne faut jurer de rien, Le Chandelier, Le Caprice, Il faut qu’une porte soit ouverte ou fermée ; Barrière, avec Le Feu au couvent, une insignifiante petite pièce pour tout bagage ( il est vrai que les Faux Bonshommes, récemment, ont été reçus à correction par le comité, mais, comme on pouvait le prévoir, ils se sont soustraits à la correction) ; Delphine de Girardin, avec La Joie fait peur ; Caraguel, avec Le Bougeoir ; Gozlan, avec La Pluie et le Beau Temps : voilà tous les morts qui se dressent, à consulter les annales de la Comédie depuis dix-sept mois, entre Molière ou Marivaux et M.

47. (1772) De l’art de la comédie. Livre second. De ses différents genres (1re éd.) [graphies originales] « CHAPITRE IV. Des Comédies-Ballets. » pp. 37-44

« Cette piece réussit dans une Cour qui ne respiroit que la joie, & qui au milieu de tant de plaisirs ne pouvoit critiquer avec sévérité un ouvrage fait pour embellir la fête.

48. (1867) La morale de Molière « CHAPITRE X. Du Père, de la Famille, de l’Etat. » pp. 193-216

Pour une fille délicate et tendre comme Molière en a.tant représenté, la joie de l’amour peut-elle être complète sans une mère digne de ce nom ? […] lis ont la joie de laisser après eux quelque reconnaissance et quelque estime.

49. (1772) De l’art de la comédie. Livre troisième. De l’imitation (1re éd.) [graphies originales] « CHAPITRE XX. » pp. 411-419

Ma foi, j’en ai beaucoup de joie.

50. (1772) De l’art de la comédie. Livre premier. De ses différentes parties (1re éd.) [graphies originales] « CHAPITRE XVIII. De la Décence & de l’Indécence. » pp. 314-341

Eraste vient d’apprendre que Moncade a fait une déclaration amoureuse à sa sœur, il se flatte de les voir unis, il vient lui en témoigner sa joie. […] Vous me comblez de joie ; mais je ne saurois dans ce moment : je n’ai pas encore pris mon chocolat ; j’ai la voix & l’estomac un peu foibles.

51. (1885) La femme de Molière : Armande Béjart (Revue des deux mondes) pp. 873-908

Il en vint, naturellement, à examiner pour son compte l’embarrassante question que soulève le Panurge de Rabelais et que lui-même devait porter à la scène dans le Mariage forcé, c’est-à-dire à se demander pourquoi il n’associerait pas à son existence une jeune femme qui en serait la joie et le délassement. […] elle en a, Covielle, du plus fin, du plus délicat. — Sa conversation… — Sa conversation est charmante. — Elle est toujours sérieuse. — Veux-tu de ces enjouemens épanouis, de ces joies toujours ‘ouvertes ? […] Armande dut éprouver dans ce rôle d’enivrantes joies d’amour-propre ; princesse, amante adorée, déesse, elle s’offrait aux applaudissemens avec toutes les séductions que l’art et la poésie peuvent réunir autour d’une comédienne. […] Courte joie : l’enfant ne vivait que onze jours, précédant son père dans la tombe de quatre mois et demi.

52. (1863) Molière et la comédie italienne « Chapitre XVII. Conclusion » pp. 339-351

Va, que je lui souhaite une joie infinie.

53. (1772) De l’art de la comédie. Livre premier. De ses différentes parties (1re éd.) [graphies originales] « CHAPITRE VII. De l’Exposition. » pp. 139-164

Si le personnage se fait de sang froid une longue récapitulation de ce qu’il sait déja, la mal-adresse de l’Auteur perce ; l’exposition est mauvaise, parcequ’il n’est pas naturel qu’un homme se fasse confidence à lui-même d’une chose qu’il n’ignore pas : mais l’exposition est bonne, si les événements passés causent à ce même personnage assez de joie ou de chagrin pour que ses transports le forcent comme malgré lui à se les rappeller. […] Avec joie il l’y voit manger autant que six.

54. (1835) Mémoire pour servir à l’histoire de la société polie en France « Chapitre XXXVII et dernier » pp. 442-475

« On est ici dans la plus grande joie », écrivait le 7 août madame de Maintenon à madame de Saint-Géran ; « le roi a fait un fort beau présent à madame la dauphine. […] Madame de Montespan sèche de notre joie ; elle meurt de jalousie, tout lui déplaît et l’importune, et elle prétend que les couches des autres lui sont aussi funestes que les siennes.

55. (1772) De l’art de la comédie. Livre troisième. De l’imitation (1re éd.) [graphies originales] « CHAPITRE XIV. » pp. 279-289

Monsieur, votre vertu m’est tout-à-fait considérable ; & je vous donne ma fille avec la plus grande joie du monde.

56. (1861) Molière (Corneille, Racine et Molière) pp. 309-514

Sans doute le bûcher de Servet fut salué avec joie dans presque toute la chrétienté protestante; mais il est permis de croire que ni Luther, ni Mélanchthon ne l’eussent allumé. […] Le comique peut être gai, et pourtant il n’enfante pas la joie; il peut être sérieux, et pourtant le sérieux poussé à un certain degré le rend impossible. […] Dans Andromaque, Racine nous dérobe ce qui fait la joie de la veuve d’Hector; dans Le Malade imaginaire, Molière expose hardiment tout ce qui fait la joie de son héros (je dis la joie, car Argant est un de ces malades qui vivent de leurs maux, et qui mourraient s’ils avaient le malheur de guérir); il nous le présente avec tous les attributs de son état, bonnet de nuit, robe de chambre, chaise longue, drogues et comptes d’apothicaire. […] La vie de la femme qui n’a pas connu les joies de la famille, n’est pas complète, dit-on; mais celle de l’homme célibataire ne l’est pas beaucoup plus. […] Ses perpétuelles colères répondent mal à l’esprit de cette religion, qui, par une hardiesse divine, a fait de la joie un devoir.

57. (1824) Notice sur le Tartuffe pp. 91-146

Cette triste rhapsodie, si pauvre de style et de raison, n’en fit pas moins pâmer de joie la tourbe des hypocrites ; elle était colportée dans tous les salons comme un petit chef-d’œuvre ; on s’extasiait sur chaque vers, on y découvrait sans cesse de nouvelles beautés. […] Si le véritable but de la comédie est de corriger les hommes en les divertissant, le dessein de Molière est de les perdre en les faisant rire, de même que ces serpents dont les piqûres mortelles répandent une fausse joie sur le visage de ceux qui en sont atteints. […] La débauche de ses filles, la persécution de ses gendres, ne le touchent plus ; toutes les intrigues se débrouillent, les ennemis se réconcilient, les deux jumeaux se reconnaissent, la paix et la joie rentrent dans le sein de la famille, le tout par les soins de l’hypocrite, qui emploie toujours un langage mystique, et quelquefois des moyens peu délicats, mais qui au fond rend service à tout le monde, et ne travaille que secondairement pour lui-même. […] Comment des milliers de voix ne lui ont-elles pas répondu que les pièces les plus obscènes furent composées par des prélats ; qu’elles faisaient les délices de la cour de Rome et la joie des saints pontifes ?

58. (1705) La vie de M. de Molière pp. 1-314

La Du-Parc pour se mettre bien avec sa nouvelle Hôtesse, lui donna un billet de Comédie : celle-ci s’en servit avec joie, parce qu’il ne lui coûtait rien pour voir le spectacle. […] Il fut agréablement surpris d’y trouver Baron, qui ne put mettre en œuvre un beau compliment qu’il avait composé en chemin, la joie de revoir son bienfaiteur lui ôta la parole. […] Nous ne pouvons jamais mieux prendre notre temps pour mourir bons amis, et dans la joie ; et notre mort fera du bruit. […] Les Hypocrites triomphaient ; mais leur joie ne dura qu’autant de temps qu’il en fallut aux deux Comédiens pour apporter l’ordre du Roi, qui voulait qu’on jouât le Tartuffe. […] Chapelle reprochait toujours à Molière son humeur rêveuse ; il voulait qu’il fût d’une société aussi agréable que la sienne ; il le voulait en tout assujettir à son caractère ; et que sans s’embarrasser de rien il fût toujours préparé à la joie. ―  Oh !

59. (1838) Du monument de Molière (Revue de Paris) pp. 120-

Une des joies de mes loisirs est de voir une colonne de quarante ou cinquante pieds monter comme une borne exagérée au milieu d’un embarras de maisons dont la moindre a deux fois la hauteur des plus hautes colonnes.

60. (1911) L’Étourdi de Molière et Le Parasite de Tristan L’Hermite (De Jodelle à Molière) pp. 292-302

L’essentiel était d’amuser, de tenir toujours le spectateur en joie, de laisser le plus possible sur la scène Mascarille tempêtant, s’adoucissant, fourbant, s’agitant, brûlant les planches.

61. (1772) De l’art de la comédie. Livre troisième. De l’imitation (1re éd.) [graphies originales] « CHAPITRE II. » pp. 20-52

Pour rendre sa joie plus parfaite, il lui annonce l’arrivée de Lucindo, ce fils bien aimé, qu’il laissa au maillot à Naples, quand il vint s’établir à Rome. […] Flaminio vient troubler sa joie, en lui disant qu’il va incessamment se marier avec Béatrix.

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