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18. (1772) De l’art de la comédie. Livre second. De ses différents genres (1re éd.) [graphies originales] « CHAPITRE XXXVII. Du titre des Pieces à caractere. » pp. 417-432

 C’est la source de cent travers, Qui de tout le public lui valent l’apostrophe  Du plus grand fou de l’univers. […] Avec ce regard tendre & ce joli visage,  (Jugez combien cet homme est fou !)

19. (1801) Moliérana « [Anecdotes] — [36, p. 64-67] »

Elle a laissé des Mémoires charmants sur cette folle et pittoresque Fronde

20. (1772) De l’art de la comédie. Livre premier. De ses différentes parties (1re éd.) [graphies originales] « CHAPITRE XVIII. De la Décence & de l’Indécence. » pp. 314-341

Nous l’avons vue, tour à tour, fanatique, impie, galante, romanesque, gaie à l’excès, larmoyante jusqu’à la fadeur, plus grave que Thémis, plus folle que la divinité porte-marotte, aussi scrupuleuse, aussi délicate sur l’honneur qu’une vieille prude, aussi indécente dans sa conduite, dans ses gestes, dans ses propos, qu’une Laïs du palais d’Armide. […] Vous êtes folle. […] Enfin tous les acteurs sortent l’un après l’autre, en apostrophant l’Auteur ; & la derniere actrice lui dit fort poliment qu’il est un fou (Signor Poeta mio, voi siete pazzo).

21. (1867) La morale de Molière « CHAPITRE VII. De l’Amour. » pp. 121-144

Oui, la source de l’amour est belle, pure, sublime : mais l’amoureux est homme ; et, pour aimer, il n’en est pas moins aux prises avec toutes sortes de misères : il est jeune, il est jaloux, il est fou, il est sans courage et sans conduite, il est susceptible et déraisonnable, il manque de dignité, même d’honneur. […] Il semble que le Clitandre des Femmes savantes pourrait se laisser aimer par les deux sœurs, et flatter même la passion éthérée de la folle Bélise, pour se ménager des appuis dans la maison : non, il leur déclarera en face quel est son choix, au risque de soulever des jalousies qui compromettront son amour479. […] Les amours de la femme incomprise, de la femme de quarante ans n’ont été peints par Molière que pour exciter le rire fou, comme Bélise des Femmes savantes ou la Comtesse d’Escarbagnas.

22. (1772) De l’art de la comédie. Livre troisième. De l’imitation (1re éd.) [graphies originales] « CHAPITRE VIII. » pp. 144-179

C’est un fou, n’est-ce pas ? […] C’est un fou, n’est-ce pas ? […] C’est un fou, n’est-ce pas ? […] La vieille ne comprenoit rien à ce que lui disoit Laure, & la crut long-temps tout-à-fait folle ; mais à force de questions & de réponses, elle apprit ce qu’elle n’eût jamais pu croire, tant de la simplicité d’une fille de quinze ans, qui devoit tout savoir à cet âge, que de l’extravagante précaution dont son mari se servoit pour s’assurer de l’honneur de sa femme.

23. (1697) Poquelin (Dictionnaire historique, 1re éd.) [graphies originales] pp. 870-873

Car à peine fut-elle à Chambor où le Roi donnoit ce divertissement, qu’elle devint folle du Comte de Guiche, & que le Comte de Lauzun devint fou d’elle.

24. (1772) De l’art de la comédie. Livre premier. De ses différentes parties (1re éd.) [graphies originales] « CHAPITRE XXIX. Des Méprises, des Equivoques & de ce qu’on appelle quiproquo au Théâtre. » pp. 474-489

Mercure pris pour Sosie, le Chevalier Ménechme pris pour son frere, Crispin faisant son testament sous le nom du bon-homme Géronte ; Valere parlant à Harpagon des beaux yeux de sa fille, tandis qu’Harpagon n’entend que les beaux yeux de sa cassette ; Pourceaugnac à qui on tâte le pouls, parcequ’on veut le faire passer pour fou ; & en un mot les méprises, les équivoques de pareille espece, excitent un rire général. […] Comme la Dame est beaucoup plus jeune que la Demoiselle, il fait une méprise ; il la croit encore à marier, il en devient amoureux, & écrit une lettre fort tendre, qui, étant adressée à Mademoiselle Cléonte, parvient à la vieille folle : celle-ci est enchantée de sa conquête ; elle paroît tenant dans sa main la réponse au billet doux qu’elle a reçu.

25. (1772) De l’art de la comédie. Livre second. De ses différents genres (1re éd.) [graphies originales] « CHAPITRE XXXVIII. De l’exposition des Caracteres. » pp. 433-447

La folle ambition n’y trouble point ma vie. […] Dorine feint de ne le pas croire assez fou pour marier Marianne avec un homme qui n’a rien.

26. (1818) Épître à Molière pp. 6-18

Quand des imitateurs dédaignant le sentier Tu voulus nous montrer Molière tout entier ; Quand, dans le Misanthrope, on vit ton éloquence En corrigeant Alceste, essayer sa défense, Et, sans désespérer de sa conversion, Blâmer de la vertu l’exagération ; Quand ta brillante verve exposa sur la scène La prude Arsinoé, la folle Célimène ; Pour la première fois quand tu mis au grand jour La sottise et l’orgueil des beaux esprits de cour, Que tu fus grand ! […] Habile comme vous, d’un pinceau vigoureux Duval en moraliste a tracé sous nos yeux L’intérieur effrayant du Tyran domestique ; Et lorsqu’il s’essayait sur un ton plus comique, De Henry, jeune et fou, nous peignit les travers.

27. (1801) Moliérana « [Anecdotes] — [29, p. 54-59] »

que ce fou de Descartes ait raison, ou cet extravagant Aristote !

28. (1772) De l’art de la comédie. Livre second. De ses différents genres (1re éd.) [graphies originales] « CHAPITRE XXXVI. De l’opposition des Caracteres. » pp. 398-416

Alors les deux Philosophes contrasteroient en effet ; mais le second personnage de la piece, la folle, la capricieuse Céliante qui, dans tout son rôle, ne combat pas d’un mot la manie du héros, n’est tout au plus qu’en opposition avec lui. […] Cléon est surpris que son oncle lui permette de se livrer à ses folles dépenses.

29. (1772) De l’art de la comédie. Livre quatrième. Des imitateurs modernes (1re éd.) [graphies originales] « CHAPITRE IX. M. PALISSOT. » pp. 297-316

Il dévoile à ce gredin le mépris qu’il a pour Cidalise, l’adresse qu’ont les Philosophes d’insérer des traits hardis dans les ouvrages qu’ils dictent à la vieille folle, & qu’elle croit composer. […] Celui-ci donne à Cidalise la lettre qu’on a trouvée chez Carondas, elle est de l’écriture de Valere ; Cidalise la lit : « Je te renvoie, mon cher Frontin, ce recueil d’impertinences que Cidalise appelle son livre : continue de flatter cette folle, à qui ton nom savant en impose.

30. (1765) [Anecdotes et remarques sur Molière] (Récréations littéraires) [graphies originales] pp. 1-26

Despréaux m’a dit, (c’est M. de Monchenay qui parle) que lisant à Moliere sa Satyre, qui commence par : D’où vient, cher le Vayer que l’homme le moins sage Croit toujours seul avoir la raison en partage, Et qu’il n’est point de fou qui pour bonnes raisons Ne loge son voisin aux petites-Maisons. […] Moliere avoit peut-être en vue cette idée, quand à la fin de sa premiere Scene de l’Ecole des Femmes, il fait dire d’Arnolphe par Chrisalde : Ma foi, je le tien fou de toutes les manieres, Arnolphe dit de son côté de Chrisalde : Il est un peu blessé sur certaines matieres.

31. (1867) La morale de Molière « CHAPITRE VI. Les Femmes. » pp. 103-120

Jeune, belle, capable d’inspirer une passion folle, elle s’est enfermée dans sa famille, et, sans quitter le monde, elle a su renoncer aux triomphes mondains. […] Elle ne deviendra pas, comme Béline, un monstre dans lequel l’égoïsme et l’avarice ont effacé tout ce qui restait de la femme369 ; ni, comme Philaminte, une pédante orgueilleuse qui sacrifie son mari, sa fille, sa maison à la vanité, du bel esprit370 ; ni, comme Mme de Sotenville, une folle de Noblesse, en qui l’amour du nom et du titre a tué tout autre sentiment, et qui croit qu’une famille n’est qu’une généalogie371.

32. (1772) De l’art de la comédie. Livre troisième. De l’imitation (1re éd.) [graphies originales] « CHAPITRE XXV. » pp. 500-533

« Quelle idée folle, va-t-on s’écrier peut-être ! […] Ma foi, je le tiens fou de toutes les manieres. […] Boileau n’a-t-il pas dit : Non, il n’est point de fou qui, par bonnes raisons, Ne loge son voisin aux petites-maisons.

33. (1772) De l’art de la comédie. Livre quatrième. Des imitateurs modernes (1re éd.) [graphies originales] « CHAPITRE XIII. M. ROCHON DE CHABANNES. » pp. 381-412

. — Allez, jeune fou, faites votre devoir en galant homme, & ne m’affligez point par des présages qui me font trembler. — Voyez-vous si je n’ai pas dit vrai ? […] petite folle, me dit-il, te voilà bien contente ! […] C’est un fou dont il faut se débarrasser.

34. (1882) M. Eugène Sauzay et Molière (Revue des deux mondes) pp. 207-209

» Ce que cette partition est devenue, Dieu le sait, mais en revanche, nous savons tous que le musicien est devenu fou et qu’il est mort à l’hôpital.

35. (1716) Projet d’un traité sur la comédie pp. 110-119

Ainsi malgré l’exemple de Plaute, où nous lisons : cedo tertiam, je soutiens contre Molière, qu’un avare, qui n’est point fou, ne va jamais jusqu’à vouloir regarder dans la troisième main de l’homme qu’il soupçonne de l’avoir volé.

36. (1772) De l’art de la comédie. Livre troisième. De l’imitation (1re éd.) [graphies originales] « CHAPITRE XXI. » pp. 420-425

Pour une maîtresse Il ne sauroit, je pense, avoir plus de tendresse ; Enfin il en est fou.

37. (1823) Notices des œuvres de Molière (VII) : L’Avare ; George Dandin ; Monsieur de Pourceaugnac ; Les Amants magnifiques pp. 171-571

Toutefois, à l’examiner philosophiquement, plus qu’aucun autre vicieux, l’avare est un véritable fou. […] « Quel est, dit-il, le plus criminel d’un paysan assez fou pour épouser une demoiselle, ou d’une femme qui cherche à déshonorer son mari ? […] Le principal rapport des deux pièces consiste dans l’intervention d’un personnage subalterne, mais assez bien venu à la cour, ici à titre de fou, là en qualité de bouffon, et qui, prenant en main les intérêts d’un amant timide, emploie tout ce que les prérogatives de son office lui donnent d’accès et de privauté auprès d’une princesse, pour sonder son cœur, s’assurer s’il ne renferme pas le germe d’une passion réciproque ; l’y déposer, s’il est nécessaire ; le développer par ses soins, et forcer enfin le double orgueil du rang et du sexe à confesser sa défaite. […] Il lui en coûtait moins de faire quelque anachronisme ou quelque faute de costume : témoin La Princesse d’Élide, sujet des premiers âges de la Grèce, où il introduisit un fou de cour, quoique cette espèce d’office n’eût été créée que dans les temps de la barbarie féodale, dont elle était assurément bien digne.

38. (1800) Des comiques d’un ordre inférieur dans le siècle de Louis XIV (Lycée, t. II, chap. VII) pp. 294-331

Deux ou trois favorites de son maître sont devenues folles de l’esclave : il fait la plus belle défense ; mais pourtant, surpris avec une d’elles dans un rendez-vous très innocent, il se voit sur le point d’être empalé, suivant la loi mahométane, lorsque le consul de France interpose son crédit, et le délivre du pal et de l’esclavage. […] Un trait d’habileté dans l’auteur, c’est d’avoir donné au Ménechme officier, non seulement une jeune maîtresse qu’il aime, mais une liaison d’intérêt avec une vieille folle dont il est aimé. […] Mais enfin le Distrait se soutient par l’agrément des détails, par le contraste de l’humeur folle du chevalier et de l’humeur revêche de madame Grognac, à qui l’on fait danser la courante.

39. (1747) Notices des pièces de Molière (1670-1673) [Histoire du théâtre français, tome XI] pp. -284

Il mit dans cet ouvrage deux personnages qu’il n’avait point encore fait paraître sur son théâtre, un astrologue et un fou de cour. […] « Les fous y étaient aussi à la mode, chaque prince, et chaque grand seigneur même, avait son fou, et les hommes n’ont quitté ce reste de barbarie qu’à mesure qu’ils ont plus connu les plaisirs de la société, et ceux que donnent les beaux-arts. Le fou qui est représenté dans Molière n’est point un fou ridicule, tel que le Moron de La Princesse d’Élide, mais un homme adroit, et qui, ayant la liberté de tout dire, s’en sert avec habileté et avec finesse.

40. (1739) Vie de Molière

Il mit dans cet ouvrage deux personnages qu’il n’avait point encore fait paraître sur son théâtre, un astrologue, et un fou de cour. […] Les fous y étaient aussi à la mode ; chaque prince et chaque grand seigneur même avait son fou ; et les hommes n’ont quitté ce reste de barbarie, qu’à mesure qu’ils ont plus connu les plaisirs de la société et ceux que donnent les beaux-arts. Le fou qui est représenté dans Molière, n’est point un fou ridicule, tel que le Moron de La Princesse d’Élide ; mais un homme adroit, et qui ayant la liberté de tout dire, s’en sert avec habileté et avec finesse.

41. (1901) Molière moraliste pp. 3-32

Ils haïssent seulement : La science et l’esprit qui gâtent les personnes, qui dessèchent le cœur d’Armande, lui font mépriser le mariage, prendre en horreur non pas absolument l’époux, mais les enfants et le ménage ; qui mettent un mauvais orgueil au cœur de Philaminte, l’entraînent à malmener son bon homme de mari, achèvent de rendre folle la pauvre Bélise comme ils ont rendu Cathos et Madelon ingrates et ridicules. […] Vous laisserez sans honte immoler votre fille Aux folles visions qui tiennent la famille, Et de tout votre bien revêtir un nigaud Pour six mots de latin qu’il leur fait sonner haut. […] Est-il possible de mieux montrer aux hommes, par la simple représentation d’une scène qui dut être vécue mainte fois, la tendresse naturelle du père aux prises avec l’entêtement égoïste du maniaque, et l’opinion émue, prête à blâmer aussi durement le père coupable qu’elle l’a doucement averti de sa folle et prié de se montrer meilleur ?

42. (1843) Le monument de Molière précédé de l’Histoire du monument élevé à Molière par M. Aimé Martin pp. 5-33

N’est-il pas son ami, l’ami peuple, son moraliste, son fou, son sage, son législateur ? […] L’art qui l’attire dans ses voies Lui montre de faciles joies, Folles amours, jours sans lien, Succès, revers, pauvreté même, Et, libre comme le Bohême, Il part obscur comédien ! […] Toutes ces riantes figures, Toutes ces jeunes filles pures, Cœurs charmants aux fraîches amours : Lucile, Angélique, Henriette, Folle, aimante, sage ou coquette, C’est elle !

43. (1772) De l’art de la comédie. Livre second. De ses différents genres (1re éd.) [graphies originales] « CHAPITRE XVI. Pieces intriguées par un événement ignoré de la plupart des Acteurs. » pp. 192-198

Le jour que l’hymen se prépare, Son esprit imagine un moyen fou, bizarre, Mais le seul qui pouvoit causer ma guérison.

44. (1772) De l’art de la comédie. Livre troisième. De l’imitation (1re éd.) [graphies originales] « CHAPITRE XII. » pp. 251-273

Les connoisseurs verront facilement combien Moliere est plus simple, plus clair, plus naïf que ses prédécesseurs, & ils le loueront d’avoir passé légérement sur une plaisanterie aussi folle. […] Je pense, ma foi, que vous êtes fou de les interrompre : ne voyez-vous pas bien que tout cela est de leur personnage ?

45. (1866) Petite comédie de la critique littéraire, ou Molière selon trois écoles philosophiques « Troisième partie. — L’école historique » pp. 253-354

Il faut que l’artiste soit incorrect, immoral et fou. […] Qu’est-ce que la sensibilité, sinon cette disposition compagne de la faiblesse des organes, suite de la mobilité du diaphragme, de la vivacité de l’imagination, de la délicatesse des nerfs, qui incline à perdre la raison, à exagérer, à mépriser, à dédaigner, à être injuste, à être fou ? […] Le critique ne blâme ni la beauté harmonieuse, ni la beauté discordante et violente, ni la noblesse oratoire, ni l’imagination folle. Il ne demande pas au poète passionné de calmer sa fièvre, et de se mettre à la diète de la raison ; il ne demande pas au poète sage et tempéré de briser les belles lignes de son éloquence régulière, et d’introduire la folle au logis391. […] Le lendemain, étant sur la terrasse avec la Reine, j’appelai madame de Montespan pour lui dire que j’avais vu son mari, qui était plus fou que jamais, que je lui avais fait une violente correction.

46. (1772) De l’art de la comédie. Livre second. De ses différents genres (1re éd.) [graphies originales] « CHAPITRE PREMIER. Des différents Genres en général. » pp. 1-8

Quel honneur peut vous faire un ami si frivole, Sans aucune conduite, & dont l’audace folle Insulte sans relâche, & livre des combats A l’auguste Bon-sens, qu’elle ne comprend pas ?

47. (1772) De l’art de la comédie. Livre second. De ses différents genres (1re éd.) [graphies originales] « CHAPITRE IV. Des Comédies-Ballets. » pp. 37-44

Veut-on absolument que les Apothicaires dansants, les Médecins chantants ne soient pas tout-à-fait déplacés dans les intermedes d’une piece aussi folle que Pourceaugnac ?

48. (1772) De l’art de la comédie. Livre quatrième. Des imitateurs modernes (1re éd.) [graphies originales] « CHAPITRE XIV. M. BARTHE. » pp. 413-419

J’ai fait jouer par la troupe Italienne le Cabriolet volant, ou Arlequin Mahomet, Drame philoso-comi-tragique extravagant en quatre actes ; & la suite du Cabriolet volant, ou Arlequin cru fou, Sultane & Mahomet, piece en trois actes, dans le même genre que la précédente.

49. (1867) La morale de Molière « CHAPITRE III. L’Honnête Homme. » pp. 42-64

Ne réclamait-il pas, avec toute la force du fou rire rabelaisien, mais avec plus d’autorité que Rabelais193, la rénovation de la philosophie, et ne sonnait-il pas194 aux oreilles des savants la nécessité du bon sens, de l’observation195 et de la modestie, dans les scènes de la Jalousie du Barbouillé et du Mariage forcé 196, qu’on doit conserver dans les archives de l’histoire de la science à côté de l’Arrêt burlesque de Boileau ? Et n’y a-t-il pas, dans l’esprit faussé par le pédantisme et l’orgueil, de certaines erreurs qui vont à la folie, et qu’on ne peut réfuter mieux que par des farces folles, comme celle du Docteur aristotélicien, auquel il faut parler à coups de pierre, et du Docteur pyrrhonien qui ne croit qu’aux coups de bâton197 ?

50. (1900) Quarante ans de théâtre. [II]. Molière et la comédie classique pp. 3-392

Il nous a montré un maniaque, un visionnaire, un homme en proie à l’idée fixe, un fou, mais un fou comme il y en a beaucoup de tels dans le monde, un fou lucide et raisonnant, qui accommode à ses visées particulières l’éducation qu’il donne à une petite fille, voulant en faire sa femme. […] C’était un fou ou, si vous aimez mieux, un original de beaucoup d’esprit que Castil-Blaze. […] Jules Claretie de rétablir la course folle de M. de Pourceaugnac autour de l’orchestre ; ce sont divertissements du Mardi-Gras. […] Toute la salle part d’un fou rire. […] Il est étourdi, éclaboussé par cette joie bruyante et folle qui s’anime par le mouvement même qu’elle excite, et qui !

51. (1772) De l’art de la comédie. Livre troisième. De l’imitation (1re éd.) [graphies originales] « CHAPITRE XX. » pp. 411-419

Eraste prétend le reconnoître, l’engage à venir chez lui ; & feignant de parler à son maître-d’hôtel, afin qu’on traite bien son hôte, il le recommande aux Médecins, auxquels il persuade qu’il leur donne un fou à guérir.

52. (1772) De l’art de la comédie. Livre quatrième. Des imitateurs modernes (1re éd.) [graphies originales] « CHAPITRE II. Regnard imitateur de Moliere. » pp. 51-80

Quelle imagination folle ! […] Moron est un bouffon qui plaisante agréablement sur une idée folle qu’il ne fait même qu’indiquer : Crispin est un lâche qui s’étend sur sa burlesque généalogie, qui la détaille, qui approfondit son déshonneur, qui a la bassesse de vouloir en profiter ; & tout cela en présence d’une femme qu’il veut épouser, & qu’il semble exhorter par ses discours à multiplier le nombre de ses alliés.

53. (1692) Œuvres diverses [extraits] pp. 14-260

Un jeune homme toujours bouillant dans ses caprices Est prompt à recevoir l’impression des vices, Est vain dans ses discours, volage en ses désirs, Rétif à la censure, et fou dans les plaisirs.

54. (1863) Molière et la comédie italienne « Chapitre IX. Beltrame » pp. 145-157

La Mascherata (la Partie de masques) nous le montre mari de la coquette Lucrezia et marchand ruiné par les folles dépenses de sa femme.

55. (1863) Molière et la comédie italienne « Chapitre XVII. Conclusion » pp. 339-351

Au milieu de cette herbe folle, il se trouve bien des germes qui pourront fructifier un jour.

56. (1730) Poquelin (Dictionnaire historique, 4e éd.) [graphies originales] pp. 787-790

Car à peine fut-elle à Chambor où le Roi donnoit ce divertissement, qu’elle devint folle du Comte de Guiche, & que le Comte de Lauzun devint fou d’elle.

57. (1772) De l’art de la comédie. Livre second. De ses différents genres (1re éd.) [graphies originales] « CHAPITRE XXXIII. Examen de quelques Caracteres. » pp. 350-377

On pourroit peindre ces têtes folles qui, jouissant dans leur province d’une fortune & d’un rang distingués, viennent se ruiner dans la capitale, pour se confondre parmi les Grands, & y mener leur train pendant quelques années. Ils font en effet les petits Seigneurs ; mais si l’on veut mettre sur la scene leurs travers, leurs ridicules, leurs folles dépenses, leurs prétentions, on refera le Bourgeois Gentilhomme, au seul titre près.

58. (1772) De l’art de la comédie. Livre quatrième. Des imitateurs modernes (1re éd.) [graphies originales] « CHAPITRE IV. Brueys & Palaprat, imitateurs, comparés avec Térence, Blanchet, un Auteur Italien, & la nature. » pp. 100-132

Le marchand est bien surpris lorsqu’il voit à l’audience le voleur de son drap ; ses idées se confondent ; il parle toujours de six aunes de mouton : ses coq-à-l’âne & les bées du berger persuadent au Juge que les deux parties sont folles ; il les met hors de cour. […] On le croit fou ; on interroge Agnelet, qui répond toujours bée : le Juge lui dit d’aller se faire trépaner, & le met hors de cour.

59. (1769) Éloge de Molière pp. 1-35

Chez lui jamais de ces Marquis burlesques, de ces vieilles amoureuses, de ces Aramintes folles à dessein ; personnages de convention parmi ses successeurs, et dont le ridicule forcé ne peignant rien, ne corrige personne. […] S’il eût pu prévoir qu’un jour dans ce Temple des Arts… Mais non, il meurt, et tandis que Paris est inondé, à l’occasion de sa mort, d’épigrammes folles et cruelles, ses amis sont forcés de cabaler pour lui obtenir un peu de terre.

60. (1853) Histoire de la littérature dramatique. Tome II « Chapitre IV. Que la critique doit être écrite avec zèle, et par des hommes de talent » pp. 136-215

. — L’esprit est roi, il est le maître, il est maître absolu, il appelle la contradiction, il exècre l’esclavage, il se plaît à frôler les divers écueils où tombe, en s’agitant, la raison humaine ; il recherche avec rage tout ce qui brille, et tout ce qui chante, et tout ce qui se voit au loin ; il est fou de couleurs, fou de lumière et de fracas ; le demi-jour lui sied à merveille ; il ne hait pas le crépuscule ; si la nuit est profonde, il saura tirer parti des ténèbres ! […] Séparez Don Quichotte de son écuyer, vous n’avez plus qu’un fou inutile qui se perd dans les espaces imaginaires, et qui reste brisé sans que nul le relève, sous l’aile du moulin à vent ; séparez Don Juan de Sganarelle, vous n’avez plus qu’un libertin obscur qui se cache dans l’ombre, qui fait tous ses coups à la sourdine, que rien n’explique et qui s’en va au hasard, apportant aux premières venues, son éternelle proposition de mariage. […] Il est donc facile d’expliquer cette tristesse profonde, immense, irrésistible d’une comédie que Molière avait faite tout exprès pour amuser les folles joies du carnaval ! […] » N’est-ce pas, je vous prie, une chose étrange, qu’un poète anglais se permette de faire agir et parler, comme une folle, une des plus grandes dames de l’histoire de France, et comme la chose est bien trouvée : Au lit ! […] » Et cette folle, qu’on fait parler ainsi trois pages durant, c’est madame de Montespan, cette superbe dont parle Racine dans Esther, et dont l’orgueil humilia même l’orgueil de Louis XIV !

61. (1865) Les femmes dans la comédie de Molière : deux conférences pp. 5-58

D’ailleurs, elle n’est pas méchante ; mais elle est folle. […] Elle ne peut espérer d’épouser qu’un jeune fou, avec qui elle sera malheureuse, à moins que sa sagesse et sa modestie ne la fassent rechercher par des hommes d’un esprit réglé, et sensibles aux qualités solides. » Mais il y a une autre sorte de coquetterie moins innocente, et Dieu merci, plus rare, que La Bruyère a caractérisée en la distinguant de la galanterie22 : « Une femme galante veut qu’on l’aime ; il suffit à une coquette d’être trouvée aimable et de passer pour belle. […] Elle a pour mère Philaminte, la savante ; pour tante, la folle Bélise ; pour sœur la pédante et jalouse Armande.

62. (1772) De l’art de la comédie. Livre quatrième. Des imitateurs modernes (1re éd.) [graphies originales] « CHAPITRE V. D’Ancourt imitateur, comparé à Moliere, la Fontaine, Saint-Yon, le Sage, Montfleury, &c. » pp. 133-184

Si toutes les bonnes pieces qui sont dans le Recueil de d’Ancourt étoient de sa composition, nous nous garderions bien de ne le placer qu’après Dufresny, Brueys & Palaprat : mais personne n’ignore que l’Impromptu de la Garnison fut envoyé de Namur aux Comédiens ; que la folle Enchere est d’une Dame14, les Trois Cousines de Barrau, & que Saint-Yon est le véritable auteur du Chevalier à la mode & des Bourgeoises à la mode, deux pieces excellentes en cinq actes, qui valent elles seules toutes les comédies de d’Ancourt. […] Ce fut beaucoup ; car le vieillard étoit Fou de sa femme, & fort peu la quittoit. […] Bernard sous l’habit d’une femme, le croit fou, ne veut pas laisser sa niece en si mauvaise compagnie, & l’emmene pour la marier avec Dorante qu’il connoît.

63. (1772) De l’art de la comédie. Livre quatrième. Des imitateurs modernes (1re éd.) [graphies originales] « CHAPITRE VIII. M. DE SAINT-FOIX. » pp. 288-296

Elles me mirent dans mon lit entre deux draps, équipé comme j’étois : elles vinrent ensuite tranquillement se coucher auprès de moi ; elles me caressoient & rioient comme des folles.

64. (1863) Molière et la comédie italienne « Chapitre XII. Lo Ipocrito et Le Tartuffe » pp. 209-224

Il conduit à bien toutes choses, tellement qu’un des gendres de Liseo, dans son enthousiasme, va jusqu’à s’écrier : « Que celui qui n’est ni roi ni fou se fasse hypocrite, et il sera plus que ne sont les rois ni les fous ! 

65. (1882) L’Arnolphe de Molière pp. 1-98

d’Agnès naturellement ; oui, d’un jeune objet, qu’entretient dans l’ignorance certain de la Zousse ou de la Source, vous pensez qu’il a bien autre chose à faire que de s’arrêter au nom, un homme riche, mais un fou, un ridicule… Le connaissez-vous point ? […] j’aurai dirigé son éducation Avec tant de. tendresse et de,précaution, Je l’aurai fait passer chez moi dès son enfance, Et j’en aurai chéri la plus tendre espérance ; Mon cœur aura bâti sur ses attraits naissants Et cru la mitonner pour moi pendant treize ans, Afin qu’un jeune fou dont elle s’amourache Me la vienne enlever jusque sous la moustache ! […] Merveille, je le répète, qu’il pouvait réaliser même loin de 3a scène, en face d’un verre d’eau et d’un encrier, n’ayant que son filet de voix et l’art d’en jouer pour créer une illusion complète et vous faire voir l’Arnolphe de Molière, ce fou fieffé, ce brutal,, avec ses roulements d’yeux de jaloux qu’on dupe et ses. larmes niaises ! […] Ce charmant Horace, si bien fait pour Agnès, qui a cette candeur des jeunes hommes, la confiance, née au fond de la même ignorance de la vie et de la même générosité de cœur, cet éventé, toujours débordant d’amour et du besoin d’en parler, si bon, si honnête, qui, devant l’ignorance d’Agnès, et les dangers où la fait se jeter la sottise d’Arnolphe, se sentie devoir du respect, qui aimerait mieux mourir que de l’abuser, cet Horace enfin, si tendre, si dévoué, si fou, — Delaunay l’a été si bien, qu’il en a mis un peu dans tous ses rôles.

66. (1866) Petite comédie de la critique littéraire, ou Molière selon trois écoles philosophiques « Première partie. — L’école dogmatique — Chapitre premier. — Une leçon sur la comédie. Essai d’un élève de William Schlegel » pp. 25-96

Ne nous laissons pas de lui répondre qu’il est permis au poète d’inventer une fable aussi hardie, aussi fantastique qu’il lui plaît, de la rendre même folle et absurde54, pourvu que toutes les parties en soient d’accord et que chaque détail s’harmonise avec la donnée première. […] Dès ce moment l’inquiétude le rend fou. […] Le trésor enfoui est toujours présent à l’esprit du spectateur ; il est là, comme un mauvais génie, qui tourmente l’avare jusqu’à le rendre fou. […] En effet le sage Alquif possède une bague fée qui a la propriété de rendre fou l’imprudent qui la met à son doigt.

67. (1853) Histoire de la littérature dramatique. Tome II « Chapitre premier. Ce que devient l’esprit mal dépensé » pp. 1-92

je soutiens contre Molière, qu’un avare qui n’est point fou, ne va jamais jusqu’à vouloir regarder a dans la troisième main de l’homme qu’il soupçonne de l’avoir volé. […] À ce moment de l’histoire, il se passait à la cour de France ce qui s’est passé autrefois à la cour de Russie. — Il y avait la vieille cour austère, solennelle, dévouée aux vieux usages, à la vie correcte et réglée ; il y avait la jeune cour, folle, amoureuse, prodigue, avide de mouvement et de plaisirs. […] Henriette d’Angleterre a passé, de cette comédie amoureuse, dans une oraison funèbre de Bossuet où elle jouait un rôle touchant et terrible ; mademoiselle de La Vallière est devenue en peu de jours de ces tendresses folles : sœur Louise de la Miséricorde. […] Je dis admirable comédie, et je n’ai pas d’autre mot pour cette œuvre toute-puissante, Le Philinte, qui, venant après un chef-d’œuvre de Molière, dont elle est la continuation, n’a pas été écrasée par cette rivalité folle. […] et la belle Éliante qui sait à quel point le Misanthrope déteste les procès5, doit penser qu’Alceste est devenu fou.

68. (1900) Molière pp. -283

Prenez la préface des Précieuses, sa première pièce faite à Paris, vous y verrez le plaisir, la joie folle de se savoir devenu enfin quelque chose à Paris, Parisien ! […] En effet, après cette consultation, M. de Pourceaugnac est fou, littéralement fou ; il ne voit plus devant ses yeux que des médecins habillés de noir, des lavements, des purgations, des détersions, des évacuations, enfin toute la médecine. Il est fou, au second acte, par le fait des médecins et de leurs observations froides, symétriques, systématiques. […] Nous n’avons qu’à prendre Argan, le Malade imaginaire lui-même, ce n’est pas purement et simplement un sot et un fou ; Molière n’a jamais bâti de ces personnages tout d’une pièce qui ne sont qu’une passion et qu’une machine. […] ALCIBIADE Timon est un vieux fou.

69. (1772) De l’art de la comédie. Livre second. De ses différents genres (1re éd.) [graphies originales] « CHAPITRE XVIII. Des Pieces intriguées par des noms. » pp. 204-215

La coeffure en arriere, & que l’on fait exprès Pour laisser de l’oreille entrevoir les attraits, Sentant la jeune folle & la tête éventée, Est ce que par le monde on appelle effrontée.

70. (1866) Petite comédie de la critique littéraire, ou Molière selon trois écoles philosophiques « Introduction » pp. 3-17

L’harmonie de la machine humaine est détruite par la folle du logis.

71. (1772) De l’art de la comédie. Livre troisième. De l’imitation (1re éd.) [graphies originales] « CHAPITRE XVII. » pp. 323-356

Amphitrion croit qu’il est ivre ou qu’il est devenu fou. […]  Suis-moi, je t’impose silence ;  C’est trop me fatiguer l’esprit : Et je suis un vrai fou d’avoir la patience D’écouter, d’un valet, les sottises qu’il dit.

72. (1853) Des influences royales en littérature (Revue des deux mondes) pp. 1229-1246

jamais la comédie n’a été d’une si folle gaîté qu’en ce temps de désolation, jamais si licencieuse qu’en ces années de dévotion austère. […] Je suis bien folle de vous écrire de telles bagatelles ; c’est le loisir de Livry qui me tue. » (A Mmede Grignan, 27 avril 1671.)

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