Dufresny imitateur comparé à Moliere, à Champmeslé, son Mariage fait & rompu comparé à l’histoire véritable du faux Martin-Guerre, & à la nature. […] Le véritable mari vint enfin troubler la fête, & le faux fut pendu pour prix de ses soins. […] Dufresny a lardé dans sa piece un caractere de Gascon flegmatique, qui impatiente & embarrasse souvent le faux Damis ; celui d’une prude, jadis coquette, qui fut l’amante du véritable Damis : elle se doute bien de la supercherie ; mais comme celui qui représente Damis est nanti des lettres tendres qu’elle a autrefois écrites à son amant, elle est forcée, pour les ravoir, de se prêter au stratagême.
Comment être fixé avec un auteur qui se borne à prendre des personnages dans le monde et à les transporter sur la scène, qui nous montre leurs sentiments à eux, qui nous donne leur langage à eux, en un mot, qui nous représente leur vie à eux, sans qu’elle ait jamais une ressemblance véritable avec la sienne ? […] Il a des valets qu’il a choisis soigneusement et qui sont pour lui de véritables complices. […] C’est, à mon avis, la bonne, c’est la véritable, et il ne devrait pas y en avoir d’autre. […] Est-ce qu’il n’y a pas de véritables témoignages sur lesquels nous puissions nous appuyer ?
Mais tous ces ouvrages ne présentaient point encore la véritable comédie. […] La passion du bel esprit, ou plutôt l’abus qu’on en fait, espèce de maladie contagieuse, était alors à la mode. » « 1Il régnait dans la plupart des conversations un mélange de galanterie guindée, de sentiments romanesques et d’expressions bizarres, qui composaient un jargon nouveau, inintelligible et admiré ; les provinces, qui outrent toutes les modes, avaient encore enchéri sur ce ridicule ; les femmes qui se piquaient de cette espèce de bel esprit s’appelaient précieuses : ce nom, si décrié depuis par la pièce de Molière, était alors honorable, et Molière même dit dans la préface que les véritables précieuses auraient tort de se piquer, lorsqu’on joue les ridicules qui les imitent mal. […] Elle est de Somaizea, auteur très ignoré, voici le titre de cet ouvrage : Les Véritables Précieuses, comédie en un acte, en prose, in-12, Paris, Jean Ribou, 1660. […] Cette pièce est fort mal versifiée : elle est précédée d’une préface, où Somaize répète encore tout ce qu’il avait dit contre Molière dans ses Véritables Précieuses. […] « Mais voyons si le pronostic de ces messieurs est véritable, et si Le Cocu imaginaire, qu’il a fait ensuite, n’a pas eu tous les applaudissements qu’il en pouvait attendre ; cependant cette pièce a été jouée non seulement en plein été, où pour l’ordinaire chacun quitte Paris pour s’aller divertir à la campagne, mais encore dans le temps du mariage du roi, où la curiosité avait attiré tout ce qu’il y a de gens de qualité de cette ville : elle n’en a toutefois pas moins réussi, et quoique Paris fut ce semble désert, il s’y est néanmoins trouvé assez de personnes de condition pour remplir plus de quarante fois les loges et le théâtre du Petit-Bourbon, et assez de bourgeois pour remplir autant de fois le parterre.
Parmi celles qui eurent un véritable succès, on peut citer Sertorius, de Pierre Corneille, et L’École des femmes, de Molière. […] Cependant le véritable honnête homme, dont il se défie tant, s’embarque avec lui, et la maîtresse qu’il n’a pas seulement daigné regarder se déguise en page, et fait le voyage, sans que le capitaine s’aperçoive de son sexe, de toute la campagne. […] Molière, en portant cette même surprise au théâtre, semble l’avoir affaiblie, lorsqu’il fait dire à la princesse qu’elle a imaginé un moyen de découvrir les véritables sentiments du prince. […] Le prince ne manque pas de lui représenter que ce n’est que pour mieux observer les règles du jeu qu’il a parlé de la sorte, et que ce ne sont point ses véritables sentiments qu’il a exprimés. […] « Dans la dernière scène du troisième acte, la princesse dit, en quittant le théâtre, qu’elle vient d’imaginer un stratagème qui lui fera découvrir infailliblement les véritables sentiments du prince.
La véritable largeur n’est point dans la sensibilité littéraire ; elle est dans l’intelligence, et le plus bel emploi qu’un philosophe puisse faire de son intelligence, c’est d’expliquer avec calme par une seule cause naturelle ou par une série logique de causes naturelles, tout ce qui étonne, irrite, scandalise, désole, chagrine, impatiente les esprits vulgaires et bornés. […] On sait que, d’après cette théorie, le véritable artiste doit être possédé du diable, et si exclusivement dominé par son imagination, que tout l’équilibre de ses facultés en soit rompu.
On peut assurer cependant qu’il a peu de pièces où brille davantage le mérite de la véritable invention comique, et qu’il n’en a peut-être pas une seule dont l’exécution porte un caractère si marqué d’originalité. […] Le ridicule d’Arnolphe ne tient pas, comme celui de tous les tuteurs du théâtre, au contraste de son âge et de ses prétentions en amour ; son tort n’est pas d’aimer une fille de seize ou dix-sept ans, et de vouloir en être aimé son véritable travers est de croire qu’une femme d’esprit est nécessairement une femme infidèle, et que la stupidité est la meilleure caution de la vertu. […] Laure (c’est l’héroïne de la nouvelle tragi-comique), Laure est une véritable sotte. […] Il composa Zélinde, ou la Véritable Critique de l’École des femmes, et La Critique de la Critique, comédie en un acte et en prose6. […] Le sujet véritable de L’Impromptu de Versailles est la satire des acteurs, des auteurs et des courtisans qui se sont ligués contre L’École des femmes ; le sujet apparent est la répétition de cette pièce que le roi a commandé à Molière de composer : la scène est donc un théâtre, et les personnages sont des comédiens.
La véritable raison fut qu’on ne permit pas à Molière, qui avait purgé le théâtre de tant de folies, d’y reporter lui-même un tissu d’extravagances.
Les trois premiers actes, en effet (mettant à part cette différence d’étendue, qui est le moindre des défauts), sont égaux, en leur genre, à tout ce que Molière a composé de plus parfait ; et, si les deux derniers sont une farce plus folle que plaisante, c’est que les ordres du Roi ne laissèrent pas au poète le temps de finir ainsi qu’il avait commencé, ou peut-être que la destination particulière du spectacle le contraignit de terminer par un de ces divertissements de danse et de musique, qu’il est si difficile de faire sortir naturellement d’une véritable action comique. […] Le Bourgeois gentilhomme est donc un drame d’une composition toute particulière, et qui pourrait même sembler vicieuse, si, dans ces deux premiers actes, où la véritable action n’est pas même entamée, et où le personnage principal ne fait, en quelque sorte, que se montrer, Molière, en faisant parler seulement son héros, ne réussissait à le peindre aussi bien que s’il le faisait agir, et ne nous préparait merveilleusement, par toutes les sottises qu’il lui fait dire, à toutes les folies que bientôt il lui fera faire. […] Elle est une de ces véritables servantes que Molière a mises le premier sur le théâtre, où elles ont retenu son nom, et qu’on y a remplacées, depuis, par ces élégantes et ingénieuses soubrettes, que le tablier seul distingue de leurs maîtresses. […] Je reviens à la tragédie-ballet de Molière, véritable et seul objet de cette Notice.
Il fait voir sa sincérité dans celle du jeune homme qui voulait se faire Comédien ; et ainsi de tous les autres faits que j’ai rapportés, et qui font connaître Molière dans son véritable caractère. […] Mon Ouvrage est broché d’après des Mémoires de Mr le Baron : Donc il est mauvais ; donc il n’est pas véritable. […] Cet Auteur qui veut tout, jusques aux noms des personnes, ne trouve pourtant pas bon que j’aie fait parler Molière contre la Troupe, et supposant que le fait soit véritable, il est de sentiment, que je devais sauver de pareilles vérités à de si honnêtes gens. […] C’est un Auteur grave qui a parlé, donc ce qu’il dit est véritable.
Les sentiments moraux ne s’improvisent point dans la conscience, et un Don Juan repentant, de même que les grands criminels de sang-froid poursuivis par le remords véritable, sont des conceptions idéales, poétiques, qui ne se rencontrent pas dans la nature. […] L’exagération, qui est une véritable perversion, ternit et modifie tellement cette source pure et limpide, que ce qui était vertu devient passion dangereuse et souvent même des plus dangereuses. […] Aveuglé à l’égard des passions qui excitent son courroux et dont il croit les inspirations justes et raisonnables, il n’est point aveuglé cependant à l’égard de son intérêt véritable. […] fasse le ciel équitable que ce penser soit véritable et que pour mon bonheur elle ait perdu l’esprit ! […] Dans l’ordre moral, de même que dans l’ordre organique et dans l’ordre intellectuel, la nature crée des conformations incomplètes, vicieuses, et même de véritables monstruosités.
On sait aussi que, pour quelques-unes de ces œuvres, l’établissement du texte véritable et primitif a été l’objet principal. […] Peut-on, d’un autre côté, attaquer la fausse dévotion sans compromettre la véritable, les signes de l’une et de l’autre étant extérieurement les mêmes ? […] Ceux-ci se prévalent de la fausse piété pour se persuader qu’il n’y en a pas de véritable ou du moins qui ne soit suspecte. […] Par la même raison on ne peut dire qu’il existe un seul dévot véritable : car, plus il sera parfaitement hypocrite, mieux il jouera la dévotion ? […] car Oronte est venu lui demander son avis en toute sincérité ; il le supplie de ne pas le flatter et de le traiter comme un véritable ami.
‘ Un philosophe de nos jours a montré, dans un livre excellent, que la famille est la véritable source de la moralité des peuples658 : Molière n’a jamais mis sur son théâtre l’exemple d’une famille qui ne fût odieuse ou ridicule. […] Aussi, nous n’avons part à la gloire de nos ancêtres qu’autant que nous nous efforçons de leur ressembler ; et cet éclat de leurs actions qu’ils répandent sur nous nous impose un engagement de leur faire le même honneur, de suivre les pas qu’ils nous tracent, et de ne point dégénérer de leur vertu, si nous voulons être estimés leurs véritables descendants. […] L’ignorance et l’inutilité, qui seraient à peine excusables ailleurs, deviennent là de véritables crimes envers la société qu’on doit servir à proportion de ses facultés.
Celle, par exemple, où Marinette & Gros René parodient le dépit & le raccommodement de leurs maîtres ; celle où le pédant, entraîné par la fureur de babiller, parle un quart d’heure tout seul pour déclamer contre le sort qui ne lui permet pas d’ouvrir la bouche, de desserrer les dents ; celle où Valere, cherchant à découvrir si Mascarille a révélé ses secrets à son pere, lui dit qu’il voudroit connoître l’honnête homme qui lui a rendu ce service, pour l’en récompenser ; celle encore où les vieillards, instruits du véritable sexe d’Ascagne, disent à Valere qu’il ne connoît pas la valeur d’un pareil adversaire, & feignent de trembler pour lui dans le combat singulier qu’ils doivent faire ensemble pour vuider leurs différends ; plusieurs autres enfin qu’il seroit trop long de rapporter. […] Comment se peut-il que rien n’ait dévoilé le véritable sexe d’Ascagne aux yeux de sa sœur, de son précepteur, de son pere ?
Elle apparaît pour la première fois dans la comédie Zélinde, ou la véritable critique de l’école des femmes et dans La Critique de la critique de Donneau de Visé en 1663.
Je serois encore plus rigoureux & j’exigerois que l’action véritable ne fût censée avoir duré que le temps nécessaire pour la représenter, à moins qu’il ne fût indispensable d’alonger ce temps pour faire des choses tout-à-fait utiles à l’action même. […] & n’est-ce pas vouloir faire de notre théâtre une véritable lanterne magique ?
Disciple des Collé, des Piron, des Favart, il fut admis par eux à cet ancien caveau, véritable académie du plaisir, qui fut aussi, plus souvent qu’on ne pense, l’académie du bon, goût. […] Tu distinguas l’imposteur de l’homme religieux ; tu saurais séparer le faux philosophe du véritable ami de la sagesse ; le novateur factieux, du citoyen qui travaille à d’utiles découvertes ; le charlatan littéraire, de l’écrivain qui dédaigne les succès d’un jour, et qui n’aspire qu’aux suffrages de la postérité.
Et si, en effet, ce n’est là qu’un gentilhomme dans sa sphère véritable, s’il est habitué, depuis longtemps, à vivre ainsi au milieu des élégants mensonges de la cour, d’où lui vient cet emportement subit ? […] À notre sens, rien ne ressemble moins à l’enthousiasme véritable, que ce jet de bouquets et de fleurs.
Cette sympathie, en s’exaltant dans leur âme, aidait le roi à concevoir le véritable amour où les puissances morales surpassent les jouissances physiques, et à substituer en lui des idées de bonheur aux idées de plaisir. […] La fermeté tranchante du duc de Montausier pouvait n’être pas déplacée dans un homme de sa profession et surtout de son caractère ; mais la longue expérience de Bossuet et sa profonde connaissance du cœur humain lui avaient appris que la douceur, la patience et les exhortations évangéliques sont les véritables armes a un évêque pour combattre les passions et qu’elles servent plus souvent à en triompher que ces décisions brusques et absolues qui obtiennent rarement un si heureux succès.
Fleurant que vérifie le bonhomme Argan : ils ont leur explication dans un véritable compte d’apothicaire contemporain, compte que le Moliériste a publié : les Parties de M. […] Ne nous attachons qu’à la phrase du vieux Chapelain où le lieu de la véritable sépulture est indiqué. […] L’opinion publique peut s’abuser sur l’authenticité de la relique offerte à ses respects ; elle ne se trompe point sur le véritable objet de son culte. […] C’est là qu’il en faut venir si l’on tient à représenter les quittances découvertes aux archives de l’Hérault comme attribuées a tort au véritable. […] Ceci dit, on comprendra le sens véritable de ma note du catalogue Bovet.
Un véritable vieillard poursuivi par tous ces apothicaires ! […] Ils applaudissaient, véritables enfants de la louve, à l’espièglerie abominable du jeune Chrêmes. […] À cette comédie de Térence, commence la langue véritable de l’amour. […] Ce n’est pas celle-là à qui sa mère coupe les vivres, pour en faire un véritable roseau ! […] voilà le véritable chevalier à la mode, le véritable homme à bonnes fortunes, celui à qui pas une ne résiste, qui les prend, qui les dompte et qui les harcèle, sans daigner tourner la tête pour voir la place où elles sont tombées.
Les études historiques reçurent dès la fin du dix-huitième siècle une impulsion dont le véritable promoteur est Kant. […] Qu’on la remette à sa véritable place, qu’on lui rende son soleil, sa terre, qui sait ? […] Aux yeux du savant véritable, tout est bien, parce que tout est naturel. […] La conversation en France est un art véritable, et cet art né au dix-septième siècle avec la formation de la société polie, après avoir brillé quelque temps de cette belle simplicité par laquelle tous les arts commencent, en était déjà à sa période d’affectation et de décadence. […] Comme Mégabate est fort juste, il est ennemi de la flatterie ; il ne peut louer ce qu’il ne croit point digne de louanges, et ne peut abaisser son âme à dire ce qu’il ne croit pas, aimant beaucoup mieux passer pour sévère auprès de ceux qui ne connaissent point la véritable vertu, que de s’exposer à passer pour flatteur.
Il questionne le véritable Eunuque : il découvre que son frere a fait le crime : il va le chercher. […] Ce qui prouve que la véritable Thalie, amie des bienséances & de l’honnêteté, a sa façon de voir la nature, & sur-tout de la peindre. […] « J’avoue, dit-il en parlant de la comédie du Muet, que j’ai toujours eu pour cette piece un véritable foible d’Auteur, aussi grand que si je l’avois faite tout seul.
Tant qu’il vécut, on vit dans sa personne un exemple frappant de la bizarrerie de nos usages : on vit un Citoyen vertueux, réformateur de sa Patrie, désavoué par sa Patrie, et privé des droits de Citoyen ; l’honneur véritable séparé de tous les honneurs de convention ; le génie dans l’avilissement, et l’infamie associée à la gloire : mélange inexplicable, à qui ne connaîtrait point nos contradictions, à qui ne saurait point que le Théâtre respecté chez les Grecs, avili chez les Romains, ressuscité dans les États du Souverain Pontifea, redevable de la première Tragédie à un Archevêqueb, de la première Comédie à un Cardinalc, protégé en France par deux Cardinauxd, y fut à la fois anathématisé dans les Chaires, autorisé par un Privilège du Roi, et proscrit dans les Tribunaux. […] Une intrigue, trop souvent faible, mais prise dans des mœurs véritables, attaqua, non les torts passagers du citoyen, mais les ridicules plus durables de l’homme. […] Mais que Molière eût traité ce sujet, il l’eût dirigé vers un but philosophique ; il eût peint la destinée d’un vieux garçon, qui n’inspirant un véritable intérêt à personne, est dépouillé tout vivant par ses collatéraux et ses valets.
Molière a donc cette fois la véritable initiative, il aborde la critique des mœurs contemporaines, il y exerce son propre esprit d’observation, il est lui-même et doit fort peu aux autres. […] La pièce italienne est passionnée : les sentiments des personnages y ont toute leur énergie et tout leur abandon ; les emportements de Rodrigue sont de véritables fureurs ; ses retours sont sans réserve : aux injures brutales succèdent d’amoureuses litanies où se déroule tout ce que la langue italienne possède d’expressions de tendresse : — O mio bene ! […] Préface des Véritables Précieuses, 1660.
« Ne fallait-il pas, en effet, une bien grande puissance d’observation, un talent profondément humain, pour que les réalités vinssent de la sorte se placer sans cesse à côté des fictions, pour que le public qui écoute et le critique qui annote, en suivant le développement des caractères, aient pris ces caractères pour de véritables signalements et traduit les noms de théâtre par des noms connus de tout le monde1 ? […] En vérité, Molière naturellement froid dans ses démonstrations, comme tout homme d’une sensibilité véritable et profonde ; Molière, doué de cette mélancolie qui accompagne naturellement le génie de la réflexion et qui souvent est le fruit funeste de l’observation attentive du cœur humain (quoi qu’en disent les consolantes doctrines de Droz, dans son Art d’être heureux) ; Molière, qui de son coup d’œil observateur avait embrassé notre pauvre nature humaine et a « pénétré le fond de tant de cœurs cachés18; » Molière, « Dont la gaîté souvent fut voisine des pleurs 19, » et qui, suivant l’heureuse expression de Sainte-Beuve, au milieu des applaudissements et des rires qu’il provoquait, habitait ordinairement « dans les tristes ombres de lui-même, » — n’est pas sans ressemblance avec le Misanthrope. […] Il s’ensuit que Montausier n’a pas plutôt pu: servis de type à Alceste que tout autre contemporain, une telle supposition étant incompatible: avec une notion véritable et complète de l’art.
Aussi le public se prêteroit-il bien moins à l’illusion dans la derniere piece que dans la premiere, si Dufresny, en homme d’esprit, n’avoit supposé le véritable Damis mort. […] Le véritable Mario revient à Milan avec la sœur de Lélio qui la lui accorde, à condition qu’il épousera Flaminia ; & leur querelle de Genes ne sert qu’à les rendre meilleurs amis.
Un soir, après avoir assigné à chaque Auteur mort sa véritable place sur le Parnasse, & distribué aux vivants les premiers fauteuils vacants à l’Académie, on parla des drames en général, de toutes leurs parties en particulier, & sur-tout du juste embonpoint d’une piece. […] Il est très facile de distinguer le véritable embonpoint d’une piece, d’avec le boursoufflage qui lui est nuisible.
Alceste n’est comique que parce qu’il est jeune, sans véritable expérience de la vie, et que sa pseudo-misanthropie a pour cause un amour mal placé et la perte d’un procès. […] Psychologiquement, Tartuffe ne cesse d’être faux et il commet des maladresses, des exagérations dont un véritable hypocrite se garderait prudemment : mais il est théâtralement vrai et Onuphre, plus nuancé, plus habile que lui, serait inintelligible au parterre.
Nous pouvons nous former par là une idée de la science des décors et des machines où les Italiens étaient parvenus grâce à Baldassare Peruzzi et à ses élèves ; mais là n’est pas le véritable intérêt du recueil de Flaminio Scala. […] La scène est divisée en trois arcades, et sous chaque arcade on voit posée, sur un terrain en pente, une rue véritable, bordée de maisons de bois, qui vient du fond du théâtre aboutir sur l’avant-scène, censée une place publique.
Nous le verrons séparer le bon d’avec le défectueux, le médiocre d’avec le détestable ; changer un défaut en beauté ; rendre cette même beauté plus sensible en la plaçant dans son véritable point de vue, & coudre à un même sujet des idées & des scenes qui paroissent tout-à-fait opposées.
[74, p. 108-114] 1705, Grimarest, p. 126-130 Un jeune homme de vingt-deux ans, d’une belle figure et bien fait, vint un jour trouver Molière ; après les compliments ordinaires, il lui découvrit qu’étant né avec toutes les dispositions nécessaires pour le théâtre, il n’avait point d’autre passion plus forte que de s’y attacher ; qu’il venait le prier de lui en procurer les moyens, et lui faire connaître que ce qu’il avançait était véritable.
« Certes il faut avouer que Molière est lui-même un tartufe achevé et un véritable hypocrite. Si le véritable but de la comédie est de corriger les hommes en les divertissant, le dessein de Molière est de les perdre en les faisant rire, de même que ces serpents dont les piqûres mortelles répandent une fausse joie sur le visage de ceux qui en sont atteints. […] Le roi, si imprudemment accusé, vengeait sa propre cause : les ennemis du poète lui avaient préparé un nouveau triomphe ; ils avaient servi à sa fortune en travaillant à sa ruine, contribué à sa gloire en voulant lui ravir sa renommée : tel est le châtiment, tel est le véritable supplice de l’envie. […] Les arrêts de Boileau faisaient loi au Parnasse ; et la seule autorité de sa raison suffisait pour mettre au néant cette nuée de méchants rimeurs, véritables insectes qui bourdonnent autour du talent, et qui réussissent trop souvent à le décourager. […] On se fût alors écrié avec justice : Ce n’est point là un véritable dévot ; c’est un hypocrite.
Un certain Antoine Baudeau se déclara contre lui ; il s’avisa d’une pièce intitulée les Véritables précieuses, pour montrer toute la noirceur de Molière ; mais ne jugeant pas, à ce qu’il paraît, sa pièce suffisante en un si grand dessein, il crut devoir l’accompagner d’une préface. […] Il veut, et plus tard nous insisterons encore là-dessus, des femmes auxquelles la raison, éclairée par l’expérience et vivifiée par le sentiment, ait enseigné leurs véritables devoirs. […] La pitié vous prend en vérité, à voir ce malheureux Arnolphe atteint au cœur d’un véritable amour, et se jetant aux pieds d’Agnès en homme désespéré. […] La réplique de Molière est un véritable modèle pour tout homme que sa position expose, sans qu’il puisse se soustraire, aux quolibets des sots, mais qui ne laisse pas effleurer impunément son honneur. […] C’est peut-être celle de ses pièces dans l il a fait entrer le plus d’éléments connus, et pourtant elle possède une véritable originalité.
Le véritable critique, en ce temps-là, c’était le roi. […] En véritable enfant de Paris, Molière n’estimait guère comme des succès de bon aloi, que les succès qu’il avait à Paris. […] des larmes véritables ? […] À le voir, ainsi plié en deux, la tête enveloppée d’un bonnet et affaissé dans ses coussins, ne diriez-vous pas d’un malade véritable ? […] voilà, en effet, la véritable occupation de Sganarelle, et voilà la seule ambition légitime de sa vie !
Là devait se trouver le véritable texte de Molière. […] Armand Bertin, qui, en nous permettant d’en faire usage pour établir le texte de cette édition, a rendu un véritable service aux admirateurs de Molière, c’est-à-dire au monde littéraire tout entier. […] Nous pouvons donc affirmer hardiment que notre édition est la seule qui jusqu’à ce jour ait reproduit le véritable texte de Molière. […] Nous les avons recueillies dans l’édition de Jean Ribou 1667 : c’est une véritable restauration. […] Mais pour être trop à tout le monde, il n’était point assez à un véritable ami : de sorte que Molière s’en fit deux plus solides dans la personne de MM.
Dans ce moment, se fait leur véritable mariage ; et cet acte imposant, cet acte… pour ainsi dire religieux… ne demande-t-il pas, d’un côté, beaucoup de respect, de l’autre, la plus grande modestie ? […] Mais Molière lui fit dire par Boileau qu’il avait conservé sa véritable scène, et le menaça de la rendre publique, s’il continuait à vouloir usurper la gloire d’autrui. […] Le titre. — Pas juste, en ce qu’il détourne tout à fait de la véritable moralité de la pièce, à moins que Molière n’ait pensé que ses stances sur les devoirs de la femme mariée méritaient les honneurs du titre. […] Nos théâtres abondent en Marton, en Finette ; pourquoi faut-il demander où sont les véritables Dorine ? […] Le titre. — La pièce en a deux : le second est le véritable, il nous annonce le sujet ; à quoi sert le premier ?
Nous avons dit dans le Chapitre précédent que les véritables contrastes étoient ceux des situations avec les caracteres, & des intérêts avec les intérêts. […] Plus ces scenes sont brillantes, plus elles font oublier le véritable héros, lui pour qui le spectateur vient sur la foi du titre, qu’il veut voir briller de préférence, qu’il veut sur-tout voir toujours en action, ou duquel il veut du moins être entretenu quand il ne le voit pas.
Les freres, outrés de ce qu’ils venoient d’entendre, qu’ils ne croyoient que trop véritable, font allumer des flambeaux, & se mettent en devoir d’aller chez leur sœur, résolus de lui faire un méchant parti. […] Les contes que j’ai cités démentent cette fausseté, en indiquant les véritables sources dans lesquelles Moliere a puisé.
Le Fils naturel, ou l’Epreuve de la Vertu, Comédie en cinq actes & en prose, avec l’histoire véritable de la Piece. […] « Quoi qu’il en soit, de cette portion d’une farce en trois actes, j’en fis la comédie du Fils naturel en cinq ; & mon dessein n’étant pas de donner cet ouvrage au théâtre, j’y joignis quelques idées que j’avois sur la poétique, la musique, la déclamation & la pantomime ; & je formai du tout une espece de Roman que j’intitulai le Fils naturel ou les Epreuves de la vertu, avec l’histoire véritable de la piece.
L’imbroglio finit quand on découvre le véritable sexe d’Ascagne. […] Dans ce temps-là le véritable arrive : il se présente à son pere, qui le croit un fourbe. On met les deux Lucindo en présence l’un de l’autre : enfin, le véritable montre des lettres qui justifient ce qu’il est.
Forlise, le héros de la piece, est un de ces prétendus protecteurs qui voudroient avilir les véritables personnes à talent, & s’engouent des originaux qui savent leur en imposer à force d’impudence. […] Je le connois ; c’est une véritable encyclopédie, id est, l’abrégé de toutes les sciences. […] Ou l’Histoire curieuse & véritable du célebre Frontin.
à ce nouveau point de vue, comparez encore les deux époques : au-dessous de Corneille, vous trouvez, parmi ses contemporains, des poètes qui ont souvent un goût équivoque, mais où l’on sent encore une véritable sève ou tout au moins beaucoup d’esprit : Rotrou, Racan, Scarron, Sarrazin, Voiture. […] S’il est vrai, comme le prouve le simple exposé des faits, que notre littérature, pleine de force et de vie avant Louis XIV, soit arrivée promptement sous son règne à un véritable dépérissement, qu’en faut-il conclure ? […] De ces deux listes, on en fit une seule, devenue l’état des pensions de 1663, si souvent cité comme une véritable curiosité.
Je lui répondis là-dessus que j’avois peine à croire qu’une aussi belle piece que celle-là, en cinq actes, & dont les vers sont fort beaux, eût été faite en aussi peu de temps : il me répliqua que cela paroissoit incroyable ; mais que tout ce qu’il venoit de me dire étoit très véritable, n’ayant aucun intérêt de déguiser la vérité ».
Il a aussi entendu admirablement les habits des Acteurs en leur donnant leur véritable caractère, et il a eu encore le don de leur distribuer si bien les Personnages et de les instruire ensuite si parfaitement qu’ils semblaient moins des Acteurs de Comédie que les vraies Personnes qu’ils représentaient.
Non pas le Molière véritable, tel que le montrent ses œuvres, plus accusatrices encore que le témoignage de ses contemporains ; mais le Molière de la légende philosophique, tendre, délicat, même pleureur. […] Molière, soutenant qu’il a tout de bon voulu venger la dévotion véritable, ressemble à Pascal soutenant que les cinq propositions ne sont pas dans Jansénius, et s’appliquant à convaincre les jésuites de mensonge au moyen de textes falsifies. […] » Est-ce que l’auteur du Tartuffe ne fait pas trop de protestations, n’a pas trop la main sur la conscience, n’appelle pas trop en témoignage les véritables gens de bien ? […] A Tartuffe, n’a-t-il pas pris soin d’opposer Cléante, le véritable homme de bien, Elmire, la véritable femme de bien, et encore Dorine qui est certainement la véritable fille de bien ? […] Celte risible providence de comédie, dont tout coquin un peu madré sait se garer, Bourdaloue la remplace par la Providence véritable, qui voit tout, à qui rien n’échappe et que sa voix éloquente sait rendre présente aux cœurs les plus endurcis.
Sous leur nom véritable ils ne s’illustrent gueres ; Et, parmi ces Messieurs, c’est l’usage commun De prendre un nom de terre, ou de s’en forger un. […] Un véritable glorieux préfere une naissance illustre à tout.
Quand don Juan fait sa belle tirade contre le mariage et le faux honneur d’être fidèle, quand il demande à Sganarelle, ébloui par son éloquence sophistique, ce qu’il a à dire là-dessus, le timide bon sens de Sganarelle répond : « Ma foi, j’ai à dire… Je ne sais que dire : car vous tournez les choses d’une manière qu’il semble que vous avez raison, et cependant il est vrai que vous ne l’avez pas… Je suis tant soit peu scandalisé de vous voir tous les mois vous marier comme vous faites, et vous jouer ainsi d’un mystère sacré502… » Et quand Sganarelle n’est pas bridé par la crainte, il ne se gêne pas pour appeler cet épouseur à toutes mains « le plus grand scélérat que la terre ait jamais porté, un enragé, un chien, un diable, un turc, un hérétique, qui ne croit ni ciel, ni saint, ni Dieu, ni loup-garou503 ; qui passe cette vie en véritable bête brute ; un pourceau d’Épicure, un vrai Sardanapale, qui ferme l’oreille à toutes les remontrances chrétiennes qu’on lui peut faire, et traite de billevesées tout ce que nous croyons504. » Qui ne rit encore, en repensant au refrain terrible qui met en fuite le pauvre Pourceaugnac : La polygamie est un cas, Est un cas pendable505 ? […] Non-seulement cent personnages mis sous les yeux du spectateur offrent en exemple la morale du mariage ; mais encore, de tous les discours mis çà et là dans leur bouche, on peut tirer un ensemble de maximes, qui, réunies et mises en ordre, constituent un véritable code moral du mariage : je demande de quel auteur dramatique ou de quel romancier on en peut tirer autant ?
« Deuxième conclusion : Ce que l’on appelle valeur Est une espèce de folie ; La vertu véritable est la poltronnerie, Qui nous fait éviter la mort et la douleur. « Troisième conclusion : Tout l’art de raisonner n’est qu’une invention, Pour nous surprendre avec adresse ; Mais la véritable sagesse Consiste en l’obstination.
On en peut conclure qu’ils étaient en société, comme c’était l’usage pour les artistes de cette époque ; et, malgré la qualification donnée à Scaramouche, il ne semble même pas qu’il y ait eu parmi eux un véritable chef, comme l’était Molière, par exemple, parmi les siens. […] Le véritable est tout à fait confondu lorsqu’il voit paraître aussitôt deux autres Arlequins : “Ô ciel !
Toutefois il est bon de faire ici nos conventions et de distinguer entre la véritable vertu et la pruderie. […] Elle possède d’ailleurs des connaissances véritables, quelque mauvais usage qu’elle en fasse. […] La rudesse d’Alceste part d’une extrême satisfaction de soi-même et d’un grand mépris pour les autres ; il manque à sa vertu, pour être véritable, la tolérance et la charité. […] Le dévouement est en effet l’un des caractères du véritable amour ; et quelle femme est plus dévouée qu’Henriette ?
Entre 1663 et 1670, une véritable campagne de plume se mène contre les Dévots, de laquelle ne témoignent pas seulement des écrits oubliés, ni quelques passages des premières poésies de Boileau (alors ami et commensal des plus avancés « libertins »), où, parlant au Roi même, il dénonce assez vertement 17 « des faux zélés la trompeuse [p.905] grimace. »De ce mouvement deux documens subsistent, que nous ne saurions souhaiter plus illustres : Tartufe et Don Juan, — deux pièces dont aujourd’hui, après tant d’exégèses érudites et de commentaires pénétrons, le lien logique et la filiation apparaissent indiscutablement18; — deux pièces île combat, deux pièces « de colère 19, » amères d’une amertume qui « ne se contient pas, » « faites toutes deux pour exciter l’indignation et même la haine »contre les faux dévots. […] « Il répondit que c’étaient railleries ; il prend Charpy pour le meilleur ami qu’il ait. » On avouera qu’il est difficile de ne pas voir, avec les sa vans éditeurs de Tallemant et de Molière, non seulement dans cette anecdote toute l’intrigue et tous les personnages36 de la pièce de Molière, mais encore dans ce Charpy le personnage véritable qui a dû « fournir le plus de traits » au portrait de l’imposteur galant. […] Et quand, un peu plus tard, le principe fut posé par la Compagnie du Saint-Sacrement de n’admettre aucun membre d’une congrégation régulière, sans doute cette exclusion louchait les Oratoriens comme les autres, — puisque, suivant l’esprit du P. de Condren, ils ne devaient pas se regarder comme un simple groupement d’« honnêtes gens » pieux, mais comme une véritable société de « personnes ôtées du monde ; » — néanmoins, quand des exceptions furent faites par la Compagnie du Saint-Sacrement, elles le furent au profit des membres de cet Oratoire dont l’esprit, toujours selon le Père de Condren, consiste à fuir tout esprit propre et particulier pour n’en avoir point d’autre que celui que Jésus-Christ a donné à son Église : formule identique à la maxime fondamentale du Saint-Sacrement. […] Sans doute, l’avocat de cet isolement sauveur n’est pas tout à fait tranquille avec lui-même ; il voudrait bien pouvoir démontrer que cette fuite craintive du siècle ne fait nul tort à l’amour du prochain, qu’au contraire, par une miraculeuse contradiction, le véritable solitaire s’ouvre à toute sorte de compassion sur ses semblables.
Aucune édition des œuvres de Molière n’en donne donc le véritable texte. […] Mais, tel qu’il est, enfin, le Menteur commence l’ère de la comédie nouvelle, de la vraie comédie, en France, de même que naguère le Cid avait ouvert celle de la tragédie véritable. […] Ils se trompent encore en ce point ; car les véritables hommes de lettres les connaissent, quoiqu’ils ne s’en vantent pas ; et c’est parce qu’ils les connaissent qu’ils les méprisent. […] Il doit nous être doux de penser que celui qui mit dans la bouche de Cléante un si admirable portrait de la véritable piété, n’eut pas le malheur de repousser les vérités qu’elle enseigne à croire. […] Qui ne croirait, d’après de pareilles assurances, que le texte de 1734 est le véritable ?
Ce travail, entrepris pour une satisfaction toute personnelle, nous a causé une certaine joie à mener à bonne fin, nous ajouterons aussi un véritable profit. […] Dans ce même pamphlet, le curé Roulès se plaint de Turenne, « qui n’est point de la religion véritable et catholique ». […] Oui, c’étaient de véritables conférences que ces causeries où Molière commentait et défendait ses propres pièces. […] Le véritable cadre de ce portrait, ce sont les documents que M. […] Thierry sera un événement véritable.
Il donna avant & depuis ce temps-là, plusieurs piéces dans le véritable goût de la comédie, que nos auteurs avoient négligé, corrompus par l’exemple des Espagnols & des Italiens, qui donnent beaucoup plus aux intrigues surprenantes, & aux plaisanteries forcées, qu’à la peinture des mœurs & de la vie civile.