L’Auteur, après avoir desiré de voir naître un poëte comique, s’exprime ainsi : « Ce philosophe s’assujettiroit sans doute aux conventions de son temps, au ton général qu’il trouveroit établi : les changements arrivés dans les usages lui indiqueroient ce qu’il faut saisir, ce qu’il faut éviter : il ne s’aviseroit pas d’évoquer les manes burlesques29 des frippons d’Athenes & des Merlins, personnages fameux sur nos anciens treteaux. […] « Ce philosophe s’assujettiroit sans doute aux conventions de son temps, au ton général qu’il trouveroit établi : les changements arrivés dans les usages lui indiqueroient ce qu’il faut saisir, ce qu’il faut éviter : il ne s’aviseroit pas d’évoquer les manes burlesques des frippons d’Athenes ».
De là naquit la diversité des tons, des styles, des formes de langage qui s’approprièrent à tous les usages de l’art de parler et de l’art d’écrire. […] L’usage, arbitre suprême entre l’innovation et la résistance de l’habitude, a consacré ces locutions.
Belton, seul, peint l’amour que sa compagne la jeune Belti a pour lui, les preuves qu’il en a, le bonheur dont il a joui avec elle ; mais Arabelle rétablira sa fortune : il espere que Belti excusera cet hymen quand elle connoîtra les mœurs & les usages du pays qu’elle habite. […] Au reste, Belti vantant la façon dont on aime dans les bois, méprisant l’or & l’usage qu’on en fait chez les peuples policés, demandant si elle est riche, voulant qu’on la remene dans les bois où elle ne connoissoit pas la pauvreté, blâmant nos loix, se moquant de nos femmes indolentes, a beaucoup de ressemblance avec Arlequin Sauvage, voulant manger l’argent qu’on lui présente, & ne comprenant pas à quel autre usage il peut être bon ; décidant que nous sommes des frippons en naissant, puisque nous avons besoin de loix pour être bons ; félicitant un plaideur d’avoir perdu son procès qui l’importunoit ; demandant si la Justice est un animal, & s’il mord ; se moquant des personnes qui se font servir comme si elles n’avoient ni bras ni jambes, & sur-tout des hommes qui font avec eux le métier de bêtes ; priant enfin son Capitaine de le remener dans ses bois, où, ne connoissant pas la pauvreté, il étoit son maître & son roi.
Il fallait qu’à cette époque la législation et l’usage n’eussent pas encore bien établi les droits de la propriété littéraire, du moins quant à l’impression des ouvrages dramatiques ; car Neufvillenaine, en faisant imprimer, à son profit sans doute, la pièce d’un autre, crut faire la chose du monde la plus simple et la moins sujette à contestation. […] La pièce de Cicognini, intitulée Le Gelosie fortunate del principe Rodrigo, fut imprimée, suivant l’usage d’Italie, dans les différentes villes où elle fut représentée : la première édition connue est de Pérouse, 1654, et ce fut sept ans après que Molière donna Dom Garcie. […] On aperçoit là tout de suite l’ingénieux stratagème qu’Isabelle met plusieurs fois en usage pour apprendre à Valère qu’elle a remarqué son amour, qu’elle y est sensible, et qu’elle attend de lui qu’il la tirera des mains de son odieux tuteur. […] Cette espèce d’invention, née du hasard et de la nécessité, eut beaucoup de succès, et Molière, par la suite, en fit usage toutes les fois qu’il reçut du Roi l’ordre d’embellir, par quelque production nouvelle, les fêtes que donnait ce prince, ami des plaisirs magnifiques6.
Les scenes de Boursault tiennent certainement mieux au sujet & servent davantage à l’intrigue que celles de Moliere ; elles ne pechent pas si fort contre la vraisemblance : elles sont d’ailleurs rendues très comiques par l’embarras de Crispin & les ruses qu’il est obligé de mettre en usage pour n’être pas découvert, au lieu que Toinette vient trop aisément à bout de son dessein. […] A-t-on plus ou moins de mérite à le traiter, à le mettre en action sur notre scene, à l’assujettir aux regles, aux bienséances du théâtre, à l’accommoder aux usages, aux mœurs de son pays, à faire ressortir du fond même une morale qui soit propre aux hommes de sa nation ? […] Nous naissons tous avec le goût de l’imitation, puisque, dès l’instant où nous commençons à connoître l’usage de nos doigts, le carton, le papier, la cire, le pain même, prennent entre nos mains mille formes différentes, & que nous imitons de notre mieux une poule, un chien, un chat. […] « La chose n’est pas possible, me dira-t-on, puisque le connoisseur est instruit de tous les prestiges mis en usage par l’artiste ».
La pièce se développait peut-être un peu au gré des acteurs, comme il était d’usage dans la comédie dell’ arte. […] C’était l’usage pour tout genre de publications; ainsi, par exemple, le Carnaval, ballet mascarade, représenté en 1675, porte comme date d’impression celle de 1730 ; et à la suite est un prospectus des Ballard, annonçant les opéras de Lully, dont un encore sous presse en 1720, — et Lully était mort en 1687. […] Les masques étaient alors imposés aux danseurs, et ces masques étaient partout en usage. 11 y eut môme jusqu’à des masques personnels. […] C’est peut-être par une tradition se rapportant à l’usage des masques, que le Théâtre-Français, il n’y a pas longues années (et peut-être encore & présent’, représentait les deux médecins dansants de Pourceaugnac avec le visage couvert d’un masque difforme, muni d’un nez de proportions géantes
Ce secret de faire passer sur le théâtre des traits un peu hardis, a été trouvé si bon que plusieurs acteurs l’ont mis en usage depuis avec succès.
L’Auteur ignore le cérémonial. » Si mon Censeur avait dit que l’on était accoutumé à ne point donner du, Monsieur, à Molière ; que j’aurais bien fait de suivre l’usage ; et que ce n’est point par mépris pour cet Illustre Auteur que cet usage s’est établi, j’aurais passé condamnation de cette Critique. […] J’avoue qu’un long et fréquent usage de la langue me fait quelquefois sortir du chemin battu ; mais il me semble que je le fais avec précaution, et dans les occasions, où ce que je hasarde relève le sentiment que j’exprime. […] Quand on les met en usage noblement, avec facilité, avec délicatesse, c’est ce qui constitue l’Acteur.
Dans ses premières comédies d’intrigue, il se conforma à l’usage qui était alors établi sur le théâtre français, et crut devoir ménager le goût du public, accoutumé à voir réunis dans un même sujet les incidents les moins vraisemblables ; c’est plutôt un vice du temps qu’un défaut de l’auteur. […] Pour varier ses inflexions, il mit le premier en usage certains tons inusités qui le firent d’abord accuser d’un peu d’affectation, mais auxquels on s’accoutuma. […] Mais Plaute ne peut corriger que les hommes qui ne profiteraient point des ressources que le hasard leur donne contre la pauvreté : Euclion, né pauvre, veut encore passer pour tel, quoiqu’il ait trouvé une marmite pleine d’or ; il n’est occupé que du soin de cacher son trésor, dont son avarice l’empêche de faire usage. […] Un maître de l’art me répondra peut-être que cinq domestiques chez Harpagon sont autant de ressorts pour faire jouer son caractère, que Molière en a fait un usage admirable, qu’il en a tiré des traits sublimes, et qu’en faveur de ces traits, on peut bien lui pardonner une faute aussi légère. […] Les Italiens y ont ajouté ; et Molière en a fait usage dans la scène de la Cassette, mais en ajoutant de la finesse aux plaisanteries italiennes.
On doit y ranger toutes les pieces qui, comme la suivante, critiquent en même temps & le cœur & l’esprit, même les modes & les usages. […] Comme M. de Boissi semble d’abord avoir voulu saisir tout ce que ce dernier genre a d’avantageux pour réunir l’utile à l’agréable, la morale la plus saine au comique le plus piquant & le plus varié, en critiquant alternativement les modes, les usages, l’esprit & le cœur ; comme, dis-je, l’Auteur semble n’avoir apperçu tous les ressorts de ce dernier genre que pour nous les indiquer & pour ne les employer que superficiellement ou avec gaucherie, sa piece aura pour nous le mérite d’un double exemple.
Voilà comme, sur les petites choses, ainsi que sur les grandes, les hommes adoptent aveuglément la coutume de leurs peres, respectent leurs travers, faute de vouloir se donner la peine de les approfondir, & prennent pour des loix établies par la raison & autorisées par un usage réfléchi, ce qui, chez nos ancêtres comme chez nous, n’a dû son crédit qu’à une aveugle & indolente habitude. […] Cette nouveauté lui fera des ennemis, sur-tout si elle réussit ; mais il aura pour lui toutes les personnes éclairées & sensées, ces personnes qui savent que si le génie doit se soumettre aux entraves de la raison & de la vraisemblance, c’est à lui de franchir celles que l’usage seul voudroit lui donner : elles ne sont pas faites pour lui.
Ils se félicitent entre eux de cet usage de faire des cadeaux aux comédiens, usage répandu parmi les villes d’Italie et auquel ne manquent guère les personnes d’un rang distingué.
Le Misanthrope, Le Tartuffe, Le Bourgeois gentilhomme et Les Femmes savantes ne sont que des chapitres, et les plus importants, de ce cours de morale dramatique à l’usage des gens du monde. […] Sans doute on a fait de détestables comédies, capables de pervertir le cœur et l’esprit ; mais l’abus doit-il conclure contre l’usage ? […] C’est ainsi que ce désœuvré pouvait mieux que personne Faire usage du temps et de l’oisiveté.
Nous avons vu avec quelle adresse Moliere fait usage de la piece latine dans l’Ecole des Maris, comme il sait accommoder le fonds du sujet à nos mœurs, à nos usages, comme il trouve moyen d’en tirer une morale saine. […] Un vieux Président veuf, à ne vous point mentir, Me déplut ; &, pour rompre un pareil mariage, Je ne le cele point, je mis tout en usage. […] Nous avons dit ailleurs que Moliere avoit fait usage d’une partie de cette scene dans l’Etourdi, avec la différence que l’amante intéressée écoute, & non un valet.
On se flatte que le lecteur nous saura gré d’avoir fait usage de tout ce qui regarde ce dernier article. […] Nous devons beaucoup de ces pièces dont nous avons fait usage à la politesse de M. […] On y trouve des personnages froids, des scènes peu liées entre elles, des expressions peu correctes ; le caractère de Lélie n’est pas même trop vraisemblablea, et le dénouement n’est pas heureux ; le nombre des actes n’est déterminé à cinq que pour suivre l’usage qui fixe à ce nombre les pièces qui ont le plus d’étendue, mais ces défauts sont couverts par une variété et par une vivacité qui tiennent le spectateur en haleine, et l’empêchent de trop réfléchir sur ce qui pourrait le blesser. […] Mais nous avons cru devoir suivre les précédentes éditions, et plus encore l’usage établi à la comédie, où elle a toujours été représentée en un acte.
Molière ne fît donc que se conformer au goût du public et à l’usage établi, en composant ces espèces d’atellanes où, sans s’écarter de la trivialité obligée du genre, il mit du moins une bouffonnerie plus ingénieuse que celle des farces tant vantées alors de Guillot-Gorju de Gauthier-Garguille.
On y voit prevenant amas ; autre terme barbare : car le mot prevenant n’est en usage qu’au figuré, & ne signifie pas un homme qui a passé devant d’autres. […] Si nous ne representions que nos anciennes Pieces, me dit-il, notre Hôtel seroit peu frequenté, & je vous répons ce que Cinthio répondit autrefois à saint Evremont, que l’on verroit mourir de faim de bons Comediens avec des Comedies excellentes31. » Souvenons-nous que les frais des Comédiens sont grands, & que l’usage de la Comédie est de divertir le Peuple, aussi bien que le Sénat32. […] Ce ne sont pas seulement les Critiques de Moliere qu’on peut repousser par de telles réflexions : il y a beaucoup d’autres Livres que l’on censure, parce qu’on ne songe pas aux divers usages à quoi ils sont destinez, & parce que l’on y trouve cent choses que l’on voudroit que l’Auteur eût retranchées.
Il est impossible de faire de la grammaire un pire usage. […] On n’attendit pas sans doute pour l’employer à cet usage que Louis Riccoboni en eût tracé le scénario. […] Nous reproduisons ce portrait, qui représente Molière adressant au public le compliment d’usage à la fin du spectacle.
Le restaurateur de la philosophie d’Épicure, Gassendi vivait comme un anachorète, il ne buvait que de l’eau, ne mangeait que quelques légumes et jamais de viande, pratiquant fidèlement le principe que l’usage de la viande est contre-nature, au sujet duquel il avait eu une curieuse polémique contre le philosophe mystique, Jean-Baptiste Van Helmont. […] Il raconte même que Molière, afin que tout le monde pût reconnaître Rohault, lui aurait fait demander son chapeau, qui était d’une forme particulière, pour l’acteur qui devait jouer ce rôle, et que Rohault n’aurait pas été assez philosophe pour le prêter, instruit de l’usage qu’on voulait en faire.
On sait que Molière fut frappé à mort sur le théâtre, en contrefaisant le mort dans le Malade imaginaire, circonstance qui a fourni des épigrammes, tandis que l’événement devait arracher des larmes ; on sait qu’il mourut dans les bras de la piété, et qu’il s’en était rendu digne par sa charité ; il donnait l’hospitalité à deux de ces pauvres religieuses qui viennent quêter à Paris pendant le carême ; elles lui prodiguèrent par devoir et par reconnaissance, les consolations et les soins dans ses derniers moments ; on sait jusqu’à quel point la rigueur de nos usages (qu’il ne s’agit pas ici de juger) fut adoucie en sa faveur à la prière de Louis XIV.
Sous Charles II, prince imbu usages, des opinions et des goûts de la France, les deux genres furent séparés, et la comédie de mœurs se montra sur la scène anglaise. […] Cette grande colère pour une si petite cause, cette indignation outrée pour une faute légère que l’usage autorise au point qu’elle a cessé d’en être une, m’annoncent un homme vertueux et sincère, mais peu sociable, qui pousse la franchise jusqu’à la rudesse, et que l’humeur domine plus encore que l’honneur ne le dirige. […] Les comédiens de l’Hôtel de Bourgogne, depuis la mort de leurs célèbres farceurs, Gros-Guillaume, Gauthier-Garguille, et Turlupin42, avaient renoncé à l’usage de terminer le spectacle par une petite pièce. […] Dix mois avant sa mort, il s’était rapproché d’elle ; et, pour que tout leur fût commun, même le service de la table, il avait discontinué l’usage du lait et repris celui de la viande. […] Treize jours étaient sans doute un demi fort court ; mais il est juste de dire qu’à cet égard, les usages du théâtre n’étaient point alors ce qu’ils sont devenus depuis.
Se donner un directeur, était, pour les femmes du monde de la capitale, un usage, une mode ; pour madame Scarron, c’était quelque chose de plus, du moment qu’elle devait avoir des relations avec la cour, c’était une convenance de signaler son esprit de religion par le choix d’un directeur. […] Voulant être distinguée du roi, lui être agréable, parce qu’elle l’aimait, mais voulant son estime et conserver le respect d’elle-même, pouvait-elle employer des moyens à l’usage des femmes ordinaires, mettre en pratique cet art de plaire, cet art de la cour, qui comprend l’art de nuire à tout ce qui n’est pas soi ; à intriguer contre une favorite a qui et le doit sa place ; à lui tendre des pièges, à lui opposer d’autres femmes dont elle pourra avoir bon marché, à rechercher les occasions de s’introduire près du maître, de surprendre ses regards, de les attirer par des soins et des parures qui déguisent son âge ; à se faire vanter, célébrer par des prôneurs ; à se distinguer tantôt par la finesse de la louange, tantôt par son enthousiasme, toujours par l’à-propos ; à rappeler d’une dis tract ion, à faire revenir d’un caprice par des bouderies, par des querelles, par des minauderies ; en un mot, à pratiquer le manège d’une coquetterie subalterne ?
Il faisoit un excellent usage de tout son bien, étant fort liberal & aidant les Comédiens qui avoient quelques talens. […] Il parloit peu, comme on l’a déja dit, mais toûjours avec une grande justesse : il écoutoit attentivement les pensées ingenieuses & les saillies d’esprit des personnes qui étoient à sa table, & il les écrivoit avec un craïon sur des cartes à jouer, qu’il avoit dans sa poche pour cet usage.
Comme ces deux grands moralistes, il a sans doute eu le tort de condamner, d’une manière trop absolue, un art dont l’utilité, en beaucoup de cas, ne saurait être niée raisonnablement ; de lui contester tous les heureux succès, en lui imputant tous les accidents fâcheux ; enfin de ne pas séparer l’abus de l’usage, et surtout de ne pas distinguer assez l’impuissance qui tient à l’inexpérience, à la présomptueuse impéritie des hommes, de l’impossibilité qui résulte de la nature éternelle des choses. […] À l’époque où fut représenté L’Amour médecin, l’usage des masques n’était pas aboli depuis si longtemps qu’on ne pût facilement le faire revivre ; car c’est un fait constant que Molière joua d’abord sous le masque le rôle de Mascarille des Précieuses ridicules. […] Il est probable que si les atellanes, qui répondaient à nos farces, étaient parvenues jusqu’à nous, nous y verrions des villageois parlant le latin corrompu qui (l’on n’en peut douter) était en usage dans la campagne de Rome.
Le voile de la piece italienne & celui de la françoise sont tous les deux les principaux ressorts des scenes qu’ils amenent, & nous paroissent également forcés, parceque nos yeux ne sont pas accoutumés aux grands voiles : ce qui prouve qu’un Auteur, en imitant, ne doit rien transporter sur son théâtre qui blesse les usages de sa nation.
Joly, dernier éditeur des ouvrages de Corneille, en aurait sûrement fait usage si elle lui eût été connue, puisqu’elle contient plusieurs morceaux qui ne se trouvent point dans les autres. […] On connaîtra par là avec quel esprit et avec quel art Molière fait usage, pour ainsi dire, d’une ombre de coup de théâtre que Vega lui avait fait entrevoir dans sa comédie de La Discreta enamorada. […] « L’original lui fournissait plusieurs scènes qui n’étaient pas inférieures à celles qu’il a choisies, et dont il n’a fait cependant aucun usage, parce qu’il était obligé de resserrer l’action pour laisser de la place aux intermèdes de musique, et aux ballets de la fête que le roi lui avait demandée. […] Il certain que les préliminaires de la fête, le cérémonial, répété par trois personnages différents, de nommer et reconnaître une couleur, et la danse qui doit succéder, forment des longueurs qui fatiguent l’attention du spectateur et suspendent l’intérêt ; et c’est sans doute par cette raison que Molière, ou ne fit aucun usage de tout le reste du second acte, ou qu’il l’aurait tourné autrement s’il s’en était servi, comme on le verra par les détails que je vais ajouter. […] La princesse ordonne au bouffon d’y amener secrètement le prince : son dessein est d’y chanter, et de lui inspirer de l’amour par la beauté de sa voix, et par les grâces de son chant ; mais Molière a fait un bien meilleur usage de cette scène en ne la mettant point en action.
L’exemple de François Ier, celui des quatre successeurs de ce prince, celui de Henri IV, lui avaient persuadé que la France voyait sans scandale des maîtresses attitrées à ses rois, et regardait l’usage qui les avait introduites comme un dédommagement destiné à racheter ce qui manque à la liberté de leur choix quand ils se marient ; mais il n’oubliera pas ce qu’il doit à sa couronne dans le choix des personnes qui seront chargées d’élever son héritier.
Enfin quelques annotations indispensables ajoutées au texte éclaircissent les obscurités qu’il peut offrir de temps en temps, expliquent le sens d’un petit nombre d’expressions vieillies, qui ont dû être employées par Molière, parce qu’elles étaient, à l’époque où il écrivait, d’un usage fréquent dans la familiarité de la conversation. […] L’usage d’adopter un nom étranger a duré longtemps au théâtre ; il est presque entièrement tombé en désuétude, depuis qu’on est assez raisonnable pour sentir qu’il ne peut y avoir de honte à présenter, sous les costumes de divers personnages, d’utiles leçons, de sages conseils, un noble divertissement. […] Les Adelphes de Térence ont fourni l’idée principale de L’École des Maris ; mais les ruses qu’Isabelle met en usage pour tromper son tuteur amènent des situations que le poète latin n’avait pas soupçonnées, et un dénouement des plus ingénieux. […] L’auteur fut obligé de retirer sa comédie après la septième représentation : l’usage était alors de versifier les pièces en cinq actes, et le public sut mauvais gré à Molière d’avoir dérogé à cet usage.
On en peut conclure qu’ils étaient en société, comme c’était l’usage pour les artistes de cette époque ; et, malgré la qualification donnée à Scaramouche, il ne semble même pas qu’il y ait eu parmi eux un véritable chef, comme l’était Molière, par exemple, parmi les siens. […] Dominique, qui était homme d’esprit et de savoir, connaissant le génie de la nation française, qui aime l’esprit partout où elle le trouve, s’avisa de faire usage des pointes et des saillies convenables à l’Arlequin.
Harpagon fait négocier ses amours par l’intrigante Frosine ; Harpin emploie au même usage une intrigante nommée Brichone. […] L’analyse de ces deux pieces doit non seulement prouver la mal-adresse, le peu de goût de d’Ancourt, elle peut encore nous faire juger de la gaucherie avec laquelle les Auteurs les plus spirituels15 ont transporté les pieces étrangeres sur notre théâtre, sans les accommoder à nos mœurs, à nos usages, à nos bienséances, sans même leur ôter leurs invraisemblances les plus ridicules. […] Ils ont pu voir l’art qu’il a mis en usage pour fondre la discreta Enamorada dans l’Ecole des Maris, & Arlecchino Mercante prodigo dans le Tartufe. […] nous en avons fait, Monsieur, un bon usage.
Molière a encore fait usage de la troisième scène du premier acte de La Sœur. […] Rien n’est plus contre l’usage que cette conduite. […] Autre inobservation de l’usage. […] Nous profitons de cette occasion pour parler aussi d’un cabinet curieux, surtout en tragédies et en comédies, appartenant à M. le comte de Boulbon, qui nous en a offert la communication d’une manière extrêmement obligeante, nous ferons usage de cette offre dans les volumes suivants.
Cette langue, qui va bientôt produire Villehardouin et Joinville, intervient de plus en plus dans les récitatifs d’église et de couvent, sans exclure, néanmoins l’ancien usage des dialogues religieux, tout en latin, qui avaient fini par faire en quelque sorte partie du rituel. […] Il était assez d’usage, Messieurs, que, dans ces circonstances, on utilisât les restes des anciens, amphithéâtres des cirques romains. […] Assurément il n’est pas malaisé de reconnaître dans mainte et mainte scène de nos vieux Mystères les mœurs bourgeoises ou les usages seigneuriaux du temps.
Suivant un usage auquel ne dérogent jamais les poètes dramatiques delà les Pyrénées, il y a dans la pièce espagnole un valet bouffon, dont les détestables pointes ne peuvent faire rire qu’un peuple grave, peu connaisseur ou du moins peu difficile en plaisanterie. […] Ce dernier mot, au moins, ne devrait pas commencer par une majuscule, comme un nom propre ; mais le mauvais usage a prévalu.
Disons mieux, il faut être doué du plus rare génie, à moins de mettre en usage les pitoyables ressources qu’indique M.
Je m’abstiendrai de la déclamation d’usage sur la contradiction des goûts nationaux. […] Pasteur et berger sont du plus bel usage ; gardeur de pourceaux ou gardeur de bœufs seraient horribles329. […] Citerai-je Voltaire, exhortant les Français à s’élever au-dessus des usages, des préjugés et des faiblesses de leur nation, à être de tous les temps et de tous les pays369 ? […] Il est trop rompu au bel usage pour tomber jamais dans la pédanterie ; il sait qu’il y a des femmes dans le salon. […] Mais à l’époque de Molière, ce ridicule existait beaucoup moins dans les maisons bourgeoises que dans la haute aristocratie, où il n’était pas aussi ridicule, puisque le rang et la fortune laissent un loisir dont il semble que les dames elles-mêmes ne sauraient faire un meilleur usage qu’en s’instruisant.
C’est apparemment la coutume où l’on a toujours été de voir des pieces sans commencement & sans fin, qui a introduit cet usage.
Du moment que l’abus des richesses, l’usage continu des plaisirs qu’elles enfantent, eurent énervé les Athéniens, leur caractere mou & efféminé se communiqua aux productions du génie.
Cette façon ingénieuse d’animer une action commune & froide par elle-même, avoit déja été mise en usage avec succès par M. de la Dismerie dans un de ses Contes philosophiques & moraux.
Ce qui pourrait sembler contradictoire, c’est que les pièces de Giovanni-Battista Andreini ne laissent pas d’être aussi licencieuses que celles des Gelosi ; mais, comme dit Beltrame, c’était l’usage de l’art.
Le roi était tout-puissant sur la nation par sa gloire, par le noble usage qu’il faisait de sa gloire même : Molière était tout-puissant près du roi par le plaisir qu’il donnait à la cour, par la louange, par le concert de louanges que Racine et Boileau, ses jeunes amis, guidés par ses conseils et son exemple, prodiguaient à l’envi au monarque.
Que peut-on trouver dans toutes ces maisons-là, que des gens forcés de vivre en commun par la loi et l’usage, les uns bons, les autres méchants, la plupart ridicules, sans qu’ils aient les uns ni les antres aucun sentiment des obligations et des tendresses du sang, ou que nulle part, dans leur intimité, on sente le souffle d’affection qui rassemble et réchauffe les cœurs autour du père ? […] Ce nom ne fait aucun scrupule à prendre, et l’usage aujourd’hui semble en autoriser le vol.
Il est de certains mots dont l’usage rabaisse Cette sublime qualité ; Et que, pour leur indignité, Il est bon qu’aux hommes on laisse. […] Mais de moi ce n’est pas de même ; Et je ne puis vouloir, dans mon destin fatal, Aux Poëtes assez de mal De leur impertinence extrême, D’avoir, par une injuste loi, Dont on veut maintenir l’usage, A chaque Dieu, dans son emploi, Donné quelque allure en partage, Et de me laisser à pied, moi, Comme un messager de village.
Et ce sont, pour ainsi dire, des formules comiques que Molière emprunte aux Italiens, sauf à centupler la valeur de ce qu’il emprunte par le parti qu’il en tire, par l’usage qu’il en fait.
— De quelques usages. — De la chaire).
« À propos de ce mot humanité, qui n’était point d‘un usage populaire du temps où fut jouée cette pièce, Aimé Martin remarque justement que Molière, en l’employant, semble pressentir et critiquer à l’avance l’abus qu’en feront au commencement du siècle suivant les esprits forts, et à la fin de ce même siècle les scélérats qui ont fait de la guillotine l’instrument de leur politique. » Œuvres complètes de Molière, édition variorum de Ch. […] Ce qui justifie cette conjecture, c’est que dans sa Préface, il parle « des corrections qu’il a faites, et qui n’ont de rien servi. » Plus loin il ajoute : « Il suffit ce me semble que j’en aie retranché les termes consacrés, dont on auroit eu peine à entendre faire mauvais usage. » Or ce sont ici des termes consacrés, puisque ce sont ceux du Pater.
Pierre de Larivey, dans sa comédie intitulée les Esprits, & Montfleury, dans le premier acte du Comédien poëte, en avoient fait usage avant Regnard. […] Mais toi, réponds-moi : quel usage a-t-on fait de cet argent-là ? […] Il se promet bien de ne la pas rendre, quand il rencontre le parasite de son frere : celui-ci, très piqué qu’on ait dîné chez la courtisanne sans lui, a découvert à la femme de Menechme perdu le vol de la robe, & l’usage auquel elle étoit destinée.
François de Neufchâteau, mon confrère à l’Académie française, a développé la même idée dans un charmant quatrain dont il m’a permis de faire usage : La guerre, et puis la paix ; puis, guerre et paix encore : Voilà du tendre amour tout l’assaisonnement.
Voilà les moyens principaux qui sont mis en usage dans la piece.
Mais le plus plaisant est l’usage que ce Dieu fait de sa métamorphose. […] Usage qui était perdu depuis longtemps, et qui a toujours subsisté depuis. […] Ce secret de faire passer sur le Théâtre des traits un peu hardis a été trouvé si bon, que plusieurs Auteurs l’ont mis en usage depuis avec succès. […] On en fit usage alors pour les Ballets, dont on amusa la jeunesse de Louis XV. […] De l’Usage de la comédie, II.
Mais tenez pour sûr que parmi ces beaux esprits il se trouvait des médecins : certaines expressions techniques, l’exactitude des détails qui prouve une connaissance intime des usages de la Faculté, trahissent, à n’en pas douter, la collaboration ou tout au moins les conseils de gens de profession. […] Donc, si deux des enfants Béjart se rajeunirent de parti pris, avec la complicité de leur mère, ils ne firent que profiter d’une latitude autorisée par l’usage ; ils auraient tout aussi bien pu se vieillir de quelques mois. […] Quand Madeleine, qui de bonne heure, en vraie fille d’huissier qu’elle était, eut le goût des affaires et des spéculations, imagina de se faire émanciper, afin d’acheter une maison et d’emprunter moitié de la somme nécessaire pour la payer, n’avait-elle pas l’âge requis pour les émancipations, c’est-à-dire dix-sept ans, selon les usages de Paris ? […] On dirait qu’une de ces signatures sur parchemin a passé sur le papier que l’humidité et l’usage ont un peu altéré. » L’aimable bibliophile, le meilleur et le plus serviable des hommes, était prompt à s’illusionner et habile à communiquer ses illusions aux autres. […] Toutes ses reliques y figuraient : tapisseries, fauteuils à son usage, ses portraits peints et gravés, si nombreux à cette heure, ses bustes, ses autographes plus ou moins authentiques, les actes civils qu’il a signés, et jusqu’à la poussière de ses ossements.
Une robe-de-chambre étalée amplement, Qui n’a point de ceinture, & va nonchalamment, Par certain air d’enfant qu’elle donne au visage, Est nommée innocente, & c’est du bel usage.
Je ne vous blâme point, ma sœur, vous êtes riche, Il faut vous reposer vous et vos chers enfants, Vivre avec quelques morts, vous moquer des vivants, Et d’un bien superflu m’abandonner l’usage.
L’usage de choisir souvent la rue pour le lieu de la scène, usage que nous ont transmis les Latins, me paraît, dans nos mœurs, choquer la vraisemblance. […] De la Huerta, dans l’introduction à son Théâtre espagnol, montre combien Beaumarchais s’écarte des mœurs et des usages du pays où il place la scène.
Depuis ce temps, l’usage a toujours continué de donner de ces pièces d’un acte, ou de trois, après les pièces de cinq. […] Il faisait de son bien un usage noble et sage : il recevait chez lui des hommes de la meilleure compagnie, les Chapelle, les Jonsac, les Desbarreaux, etc., qui joignaient la volupté et la philosophie. […] Cette scène, convenable au caractère impie de Don Juan, mais dont les esprits faibles pouvaient faire un mauvais usage, fut supprimée à la seconde représentation ; et ce retranchement fut peut-être cause du peu de succès de la pièce.