/ 163
18. (1772) De l’art de la comédie. Livre troisième. De l’imitation (1re éd.) [graphies originales] « CHAPITRE VIII. » pp. 144-179

mais la mauvaise & envieuse fortune m’a rompu tous mes plaisirs, parceque le mari est survenu & a gâté tout le mystere. […] Le jour ensuivant, ainsi que Nérin s’en alloit aux champs, il vint, par fortune, à rencontrer Maître Raimon, & lui dit, en le saluant : « Bon jour, Maître Raimon : je vous veux raconter une chose qui vous plaira grandement. […] Témoignez seulement que vous cherchez fortune : Placez-vous dans l’église, auprès du bénitier. […] Vous est-il point encore arrivé de fortune ? […] Il l’accosta tout d’un temps, fit connoissance & amitié avec elle ; il lui découvrit son amour, & lui promit de faire pour le moins sa fortune, si elle le servoit auprès de sa voisine.

19. (1835) Mémoire pour servir à l’histoire de la société polie en France « Chapitre XIX » pp. 207-214

L’élite des courtisans se compose d’hommes puissants, au moins indépendants ou par leur fortune, ou par leur rang, ou par l’éminence de leurs talents, même par l’éminence de leurs vertus, l’élévation de leur caractère, et la grandeur de leurs desseins. […] Pour les hommes vulgaires, les rois sont des sources de fortunes particulières et rien de plus.

20. (1835) Mémoire pour servir à l’histoire de la société polie en France « Chapitre XXX » pp. 330-337

Nous en parlerons plus loin, ici nous suivons le cours de la fortune qui favorisait madame Scarron. […] Elle lui donnait une existence considérable : et ce progrès de la fortune de la gouvernante n’était sans doute pas ce qui plaisait le plus à madame de Montespan, dans l’élévation de ses enfants.

21. (1853) Histoire de la littérature dramatique. Tome II « Chapitre IV. Que la critique doit être écrite avec zèle, et par des hommes de talent » pp. 136-215

Déjà quelque chose s’est dérangé dans la fortune de Don Juan. […] Plus de crédit, plus de fortune, plus de riches habits, plus de fêles somptueuses, et plus d’argent dans votre bourse, seigneur Don Juan. […] Le pauvre dérange celui-là et celui-ci, dans leur existence de bonnes fortunes, de bombance et d’aventures. […] Donc Chremyle, citoyen d’Athènes, s’inquiète fort de la fortune inexplicable des sacrilèges, des rhéteurs, des délateurs, de tant de scélérats inopinément enrichis, et il s’en va à l’oracle, pour demander où se tient la Fortune ? […] ô fortune !

22. (1840) Le foyer du Théâtre-Français : Molière, Dancourt, I pp. 3-112

Il s’agissait de faire une comédie qui rabattit la fortune et l’orgueil de Molière. […] mon cher, viens que je t’embrasse ; tu es né pour Paris ; tu es né pour une grande fortune avec une si belle disposition tu peux aspirer à tout. […] Baron, l’homme à bonnes fortunes par excellence, si l’on en croit la chronique, n’épargna pas son bienfaiteur. […] Ce que l’on appelle dot, les biens de la fortune, ne sont rien à mes yeux. […] Quoiqu’elle ait été jouée sans intermèdes sur le théâtre du Palais-Royal, du temps de Molière, sa fortune n’a jamais été bien grande.

23. (1772) De l’art de la comédie. Livre second. De ses différents genres (1re éd.) [graphies originales] « CHAPITRE XXVII. Du Caractere des Professions. » pp. 284-302

Nous ne pourrons peindre ce Ministre de Thémis n’accordant à une jeune beauté les secours qu’il lui doit qu’en la forçant de manquer à l’honneur ; & cet autre plongeant une famille honnête dans la misere la plus affreuse pour augmenter la fortune d’un client qui n’aura pas craint de le faire rougir en marchandant son suffrage. […] Cet argent répandu sur tant & tant de gens, Loin de les enrichir, feroit mille indigents : Et que toutes ces parts soient réduites en une, D’un seul homme à l’instant elle fait la fortune, Même sans se donner le moindre mouvement. […] Diderot dit, dans ses réflexions sur la Poésie dramatique, page 11 : « Que quelqu’un se propose de mettre sur la scene la condition de Juge ; qu’il intrigue son sujet d’une maniere aussi intéressante qu’il le comporte & que je le conçois ; que l’homme y soit forcé par les fonctions de son état, ou de manquer à la dignité & à la sainteté de son ministere, & de se déshonorer aux yeux des autres & des siens, ou de s’immoler lui-même dans ses passions, ses goûts, sa fortune, sa naissance, sa femme, ses enfants ; & l’on prononcera après, si l’on veut, que le Drame honnête & sérieux est sans chaleur, sans couleur & sans force ».

24. (1772) De l’art de la comédie. Livre second. De ses différents genres (1re éd.) [graphies originales] « CHAPITRE XXXIX. De l’action dans les Pieces à caractere. » pp. 448-468

Car enfin rassemblons, puisqu’il faut avec toi Descendre à des détails si peu dignes de moi, Rassemblons en un point de précision sure L’état de ma fortune & présente & future. […] Il aime mieux se passer de fortune & ne pas se mésallier ; ou si la misere le contraint à déroger, il n’a pas la bassesse de mentir aussi indignement que le Comte, & d’obliger son domestique à soutenir le mensonge. […] Sans entrer en détail, réponds en assurance, Que ma fortune au moins égale ma naissance.

25. (1772) De l’art de la comédie. Livre quatrième. Des imitateurs modernes (1re éd.) [graphies originales] « CHAPITRE XI. M. SAURIN. » pp. 333-353

Madame Béverley la rassure sur ce dernier article, & regrette peu son ancienne fortune pourvu que le Ciel lui conserve son époux : rien ne lui manque dans sa maison quand elle y voit Béverley ; & son fils, obligé de valoir, en vaudra mieux. […] Stukéli a su que la fortune rit à Béverley, il vient le féliciter, lui conseille de ne plus jouer, & tâche de lui en faire naître l’envie par une peinture séduisante des heureux retours du sort : il l’entraîne chez Vilson en lui disant qu’il y trouvera les personnes auxquelles il doit. […] Avant la fin du jour la fortune m’éleve Au faîte du bonheur, au comble de mes vœux, Ou creuse sous mes pas un précipice affreux.

26. (1863) Molière et la comédie italienne « Chapitre XII. Lo Ipocrito et Le Tartuffe » pp. 209-224

La Fortune. […] Il lui donne des leçons de philosophie fataliste et pyrrhonienne : la fortune persécute ceux qui sont sensibles à ses coups ; elle laisse en paix ceux qui s’en moquent.

27. (1853) Des influences royales en littérature (Revue des deux mondes) pp. 1229-1246

Des influences royales en littérature Les écrivains qui recherchent dans l’histoire des langues celle des idées, ou du moins celle des prétentions de chaque époque, devraient bien nous expliquer l’heureuse fortune qu’a faite, depuis cinquante ans, le mot influence. […] Quant à La Fontaine, que son amour pour la rêverie et son indifférence pour la fortune tinrent toujours loin des faveurs, qui, seul avant Fénelon eut au temps de Louis XIV le goût de la solitude et le talent, de peindre la nature, comme on veut bien convenir qu’il ne doit son génie qu’à lui-même, à ses goûts et à ses auteurs favoris, les vieux écrivains du XVIe siècle, il est inutile d’insister sur ce point. […] Plus judicieux dans ses affections, il est aussi plus libéral ; si seul aujourd’hui il donne la gloire, seul également il donne la fortune ; les rentes qu’il fait à ses écrivains, en achetant leurs ouvrages, sont bien autre chose que les maigres générosités accordées jadis par la munificence royale à Corneille, à Molière, à tant d’écrivains illustres. […] Chez ceux qui ont cédé à ces séductions de la fortune, la décadence s’est bientôt fait sentir.

28. (1772) De l’art de la comédie. Livre troisième. De l’imitation (1re éd.) [graphies originales] « CHAPITRE XVIII. » pp. 357-396

La douleur me surmonte ; il faut que je cede, que je succombe : je ne saurois prendre patience dans un si grand renversement de fortune. […] Il est bon de savoir, pour l’intelligence de la scene, que Mégadore, étant riche, a résolu de faire la fortune d’une fille sans bien, mais honnête. […] Quand un favori de la fortune met, comme par caresse, sa main dans la vôtre, comptez que c’est pour vous nuire. […] Vous êtes riche & puissant, vous avez une grosse fortune : moi, au contraire, je suis un petit homme pauvre, chétif, misérable, pied-poudreux, enfin un homme de néant, & le plus gueux de tous les humains. […] Soit : puisque l’affaire est sérieuse, je ne suis pas assez mauvais pere pour empêcher la fortune de ma fille : je vous la promets donc.

29. (1825) Notice sur Molière — Histoire de la troupe de Molière (Œuvres complètes, tome I) pp. 1-

Picard on lit une histoire abrégée, mais suffisante, de la troupe dont Molière était le chef, et dont il suivit les diverses fortunes. […] Molière, âgé de plus de quarante ans, avait eu l’imprudence d’épouser une très jeune personne, la fille de cette même madame Béjart à laquelle il avait associé sa fortune durant ses tournées de province. […] Ils regardaient tous ce bon accueil comme la fortune de Baron, qui ne fut pas plus tôt arrivé chez Molière, que celui-ci commença par envoyer chercher son tailleur pour le faire habiller (car il était en très mauvais état), et il recommanda au tailleur que l’habit fût propre, complet, et fait dès le lendemain matin. […] L’Homme à bonnes fortunes, comédie en cinq actes et en prose. […] Elle joua d’original la Princesse d’Élide, Célimène dans Le Misanthrope, Elmire dans le Tartuffe, Psyché, Lucile dans Le Bourgeois gentilhomme, Angélique dans Le Malade imaginaire, Léonore dans L’Homme à bonnes fortunes.

30. (1772) De l’art de la comédie. Livre quatrième. Des imitateurs modernes (1re éd.) [graphies originales] « CHAPITRE VII.*. M. PIRON. » pp. 277-287

Le pere, aveuglé par sa tendresse, excuse ses enfants, ne se repent pas de sa libéralité ; il est seulement fâché de n’être plus assez riche pour faire un sort heureux à la belle Angélique, fille d’un homme auquel il doit lui-même sa fortune & la vie. […] Les trois fils, loin de s’empresser à relever la petite fortune de leur pere, se disputent à qui ne le fera pas, & achevent par-là d’indigner tout le monde contre eux.

31. (1835) Mémoire pour servir à l’histoire de la société polie en France « Chapitre XXVIII » pp. 305-318

Les femmes les plus considérables par l’honnêteté de leurs mœurs, et à qui leur fortune et leur rang laissaient un loisir dont elles ne pouvaient faire un meilleur usage que de s’instruire, s’étaient appliquées à l’étude du grec et du latin, à la métaphysique de Descartes, aux sciences physiques et mathématiques, quelques-unes particulièrement à l’astronomie. […] Un travers de ce genre, qui ne peut exister que dans des conditions élevées, n’est d’aucune importance pour ces pères de famille que la médiocrité de fortune autorise à blâmer toute occupation qui distrait leur femme du soin de leur ménage : ajoutons qu’attaquer simplement les femmes savantes, c’eut été s’exposer à de dangereuses inimitiés.

32. (1772) De l’art de la comédie. Livre second. De ses différents genres (1re éd.) [graphies originales] « CHAPITRE XLIII. Du But Moral. Philosophie de Regnard comparée à celle de Moliere. » pp. 504-548

Lorsque les Anciens vouloient inspirer à leurs enfants l’horreur que tout honnête homme doit avoir pour l’ivresse, ils ne leur offroient pas pour exemple un buveur d’eau ; ils leur faisoient voir au contraire un esclave ivre ; & l’état affreux de ce misérable produisoit ordinairement l’effet qu’on s’étoit promis : de même, parmi nous, une personne sensée veut-elle exhorter son fils à être ferme sur ses pieds, à prendre une contenance noble & assurée, elle ne lui donnera pas pour modele un chef-d’œuvre de l’art & de Pigale, en lui disant : voilà comme tous les hommes devroient être : elle le menera aux Tuileries, elle lui montrera du doigt quelques-uns de ces faquins qui prennent un air penché, qui affectent l’anéantissement pour faire les hommes à bonnes fortunes, & elle lui fera remarquer l’air de pitié avec lequel tout le monde les regarde. […] Cette piece pourroit être très morale, très philosophique, si, comme nous l’avons dit dans le Chapitre de la fortune des personnages, le héros avoit une fortune à risquer : ajoutons s’il avoit une femme, des enfants, ou quelque emploi qui le mît à même de faire l’infortune de plusieurs personnes par sa malheureuse passion ; si son pere savoit peindre avec force combien il est cruel d’avoir un tel fils ; & si, au lieu de goguenarder son frere sur son amour pour Angélique, il exhortoit les peres à donner à leurs enfants une éducation qui les mît à l’abri des chagrins qu’il éprouve ; si enfin le Joueur méritoit d’être deshérité par son pere, & de recevoir sa malédiction pour un cas plus grave que celui d’avoir mis le portrait de sa maîtresse en gage. […] Le nouvel emploi du Philosophe & son caractere semblent certainement nous promettre de fortes railleries contre la charge dont on le veut gratifier, ou contre ceux qui la briguent, qui se font un honneur de l’exercer, & volent à la fortune sur les ailes rapides du messager des Dieux. […] Ces gens qui, par une ame à l’intérêt soumise, Font de dévotion métier & marchandise, Et veulent acheter crédit & dignités A prix de faux clins d’yeux & d’élans affectés : Ces gens, dis-je, qu’on voit, d’une ardeur non commune, Par le chemin du Ciel courir à la fortune ; Qui, brûlant & priant, demandent chaque jour, Et prêchent la retraite au milieu de la Cour ; Qui savent ajuster leur zele avec leurs vices, Sont prompts, vindicatifs, sans foi, pleins d’artifices, Et, pour perdre quelqu’un, couvrent insolemment De l’intérêt du Ciel leur fier ressentiment ; D’autant plus dangereux dans leur âpre colere, Qu’ils prennent contre nous des armes qu’on révere, Et que leur passion, dont on leur sait bon gré, Veut nous assassiner avec un fer sacré, &c.

33.

Rappelons-nous, pour trancher cette question, qu’Orgon, s’il appartient à la bourgeoisie, a du moins cette grande fortune qui rapproche les rangs : Tartuffe ne l’aurait pas recherché s’il ne l’avait su opulent. […] Pourquoi ne saurait-il être heureux d’un éclatant retour de fortune, s’il ne trouve encore à satisfaire contre qui n’a pas triomphé de sa chute, une sourde amertume ? […] Et nos petits grands hommes d’aujourd’hui se plaignent lorsqu’ils ne font pas fortune avec leur premier livre ou leur première pièce. […] Plus tard même et au plus beau temps de sa fortune littéraire, le Quinault des opéras n’obtint pas un honneur auquel en ce moment Louis XIV ne prétendait pas encore, et qui n’appartenait qu’au grand Condé ainsi qu’au grand Corneille. […] « La Fortune, second récit.

34. (1772) De l’art de la comédie. Livre premier. De ses différentes parties (1re éd.) [graphies originales] « CHAPITRE PREMIER. Du Choix d’un Sujet. » pp. 25-38

Je le répete, lisons tout, excepté nos modernes Romanciers : depuis qu’ils se plaisent à s’égarer dans les tombeaux les plus noirs, Thalie ne fait pas fortune avec eux. […] Occupons-nous présentement de l’état, de la fortune, de l’âge, du rang, du nom des personnages.

35. (1772) De l’art de la comédie. Livre premier. De ses différentes parties (1re éd.) [graphies originales] « CHAPITRE XXXI. De la Catastrophe ou du Dénouement. » pp. 503-516

Ariste porte deux lettres par lesquelles on apprend que la fortune de la famille est renversée. […] Non assurément ; mais je sais très bien la mauvaise fortune qui m’est arrivée depuis que je vous ai vu.

36. (1772) De l’art de la comédie. Livre second. De ses différents genres (1re éd.) [graphies originales] « CHAPITRE XXXVII. Du titre des Pieces à caractere. » pp. 417-432

Je disois que Sophie eut pour pere Pirante ;  Que par le sang & l’amitié Il fut avec Eraste étroitement lié ;  Que d’une fortune brillante  Dépouillé par un coup du sort,  La douleur lui donna la mort. […]  Londres fut un temps mon séjour ; Et puis j’aurai pour moi la fortune & l’amour.

37. (1853) Histoire de la littérature dramatique. Tome II « Chapitre premier. Ce que devient l’esprit mal dépensé » pp. 1-92

Ainsi, don Juan lui-même, au milieu de ses bonnes fortunes, porte à sa lèvre consolée le gage rustique de quelque villageoise ! […] Les Comédiens avaient compté sur Tartuffe pour leur fortune, Molière y comptait pour sa gloire. […] Vous savez, et les races futures le sauront, si les principaux acteurs de cette petite comédie ont eu à subir des fortunes bien diverses. […] Il n’a plus besoin de fortune à présent, pour être considéré. La parole est plus qu’une fortune, c’est une royauté.

38. (1772) De l’art de la comédie. Livre quatrième. Des imitateurs modernes (1re éd.) [graphies originales] « CHAPITRE II. Regnard imitateur de Moliere. » pp. 51-80

Le plaisant de ces deux traits naît du contraste qui se trouve entre la situation malheureuse des deux originaux, & les faveurs de la fortune dont ils prétendent disposer. Par conséquent, Ormin, voulant enrichir un Monarque, est bien plus comique que Toutabas, dont l’ambition se borne à faire la fortune de quelques particuliers. […] La nature, le ciel, l’amour, & la fortune, De tes prospérités font leur cause commune : Tu soutiens ta valeur avec mille hauts faits, Tu chantes, danses, ris, mieux qu’on ne fit jamais.

39. (1852) Molière — La Fontaine (Histoire de la littérature française, livre V, chap. I) pp. 333-352

C’est sans doute sa propre opinion qu’il exprime, lorsqu’il met dans la bouche de Dorante1 ce parallèle de la tragédie et de la comédie : « Je trouve qu’il est bien plus aisé de se guinder sur de grands sentiments, de braver en vers la fortune, accuser les destins et dire des injures aux dieux, que d’entrer comme il faut dans les ridicules des hommes, et de rendre agréablement sur le théâtre les défauts de tout le monde. […] C’est le goût des plaisirs qui l’attira auprès de Fouquet et qui l’y retint jusqu’à la disgrâce, qui fit passer ce corrupteur élégant, ce splendide dilapidateur de la fortune publique, des fêtes plus que royales du château de Vaux à la dure prison de Pignerol. […] La Fontaine ne prétend pas, comme Pellisson, que Fouquet soit innocent et qu’il ait mis du sien dans le gaspillage de la fortune publique ; il gémit, il excuse, il supplie.

40. (1848) De l’influence des mœurs sur la comédie pp. 1-221

Les riches bourgeoises de la finance et de la robe, au lieu de jouir modestement de leur fortune, déployaient dans leurs équipages et leurs toilettes un luxe scandaleux, et se donnaient en outre les grands airs des femmes de qualité. […] Non, dit-il, Ce mélange de gloire et d’argent m’importune ; On doit tout à l’honneur et rien à la fortune. […] Noblesse, fortune, un rang, des places, tout cela rend si fier ! […] Jeune, sa position de fortune lui fit une nécessité de remplir des emplois qui absorbaient tout son temps; et plus tard, on le sait, il se consacra presque entièrement à la politique. […] —Très bien, répond-il; par ma naissance et ma fortune, je suis d’une certaine nuance de la chambre; par mes principes, je suis d’une autre tout à fait apposée.....

41. (1739) Vie de Molière

Son goût pour l’étude se développa ; il pressa son grand-père d’obtenir qu’on le mît au collège, et il arracha enfin le consentement de son père, qui le mit dans une pension, et l’envoya externe aux jésuites, avec la répugnance d’un bourgeois qui croyait la fortune de son fils perdue, s’il étudiait. […] L’Huillier, homme de fortune, prenait un soin singulier de l’éducation du jeune Chapelle, son fils naturel ; et pour lui donner de l’émulation, il faisait étudier avec lui le jeune Bernier, dont les parents étaient mal à leur aise. […] La fortune qu’il fit par le succès de ses ouvrages le mit en état de n’avoir rien de plus à souhaiter : ce qu’il retirait du théâtre, avec ce qu’il avait placé, allait à trente mille livres de rente ; somme qui, en ce temps-là, faisait presque le double de la valeur réelle de pareille somme d’aujourd’hui. […] Molière, heureux par ses succès et par ses protecteurs, par ses amis et par sa fortune, ne le fut pas dans sa maison. […] exemple de l’instabilité des fortunes de cour.

42. (1861) Molière (Corneille, Racine et Molière) pp. 309-514

Son retour à Paris fut un événement heureux pour sa fortune et surtout pour les progrès de son talent. […] Au moment où le notaire est là, et où Chrysale commence à faiblir, il fait arriver deux lettres supposées, qui annoncent à Chrysale la perte de sa fortune. […] On épiait sur leurs lèvres et dans leurs regards le sourire de la fortune autant que le sourire de l’amour. […] Sa femme le traite en demoiselle de haute maison, qui, par des considérations de fortune et de famille, a dû subir l’alliance d’un vilain. […] Partisan décidé des mœurs antiques, il préfère aux démocrates les hommes de Marathon, et le pauvre qui travaille au parasite qu’engraisse la fortune des riches ou de l’état.

43. (1818) Épître à Molière pp. 6-18

Ô Fortune ! […] Les tribunes des deux Chambres ont retenti des accents généreux des défenseurs de nos franchises ; de ces hommes qui préfèrent l’honneur aux honneurs,1a patrie à leur fortune, la liberté à tout : ils ont disputé pied à pied, au pouvoir, la plus sacrée de nos propriétés, le domaine de la pensée ; et la liberté de la presse, sans laquelle la pensée n’a qu’une vie éphémère.

44. (1801) Moliérana « [Anecdotes] — [74, p. 108-114] »

― Mon père est un avocat qui possède une fortune assez honnête. ― « Eh bien !

45. (1886) Molière, l’homme et le comédien (Revue des deux mondes) pp. 796-834

Dans la Critique de l’Ecole des femmes, il avait légèrement traité la tragédie, et le grand Corneille, dit-on, avait reconnu la sienne propre dans celle qui « se guindé sur les grands sentimens, brave en vers la fortune, accuse les destins et dit des injures aux dieux. » De là une vire irritation chez le vieux poète, d’autant plus sensible aux allusions de ce genre qu’il voyait la faveur s’éloigner de son théâtre. […] La première surtout de ces deux anecdotes a fait fortune ; outre qu’elle peut, comme l’a prouvé Alfred de Musset, être un thème à beaux vers, que, surtout, elle se prête à des considérations de haute littérature6, elle donne lieu d’admirer l’attachement de Molière pour ses vieux domestiques et la familiarité, pleine de bonhomie, dans laquelle il vivait avec eux. […] Le médecin Jean Bernier, d’ailleurs fort en colère contre lui, ne peut s’empêcher de dire : « Il étoit encore meilleur acteur que bon auteur ; il avoit, comme on dit, son visage dans ses mains. » De Visé est encore plus explicite : « Il étoit tout comédien, depuis les pieds jusqu’à la tête ; il sembloit qu’il eût plusieurs voix ; tout parloit en lui, et d’un pas, d’un sourire, d’un clin d’œil et d’un remuement de tête, il faisoit concevoir plus de choses que le plus grand parleur n’auroit pu dire en une heure. » A ces qualités supérieures il joignait des talens qui, de nos jours, feraient la fortune de plusieurs acteurs. […] On cite d’habitude, pour marquer la nature de ses rapports avec ses comédiens, une phrase du registre de La Grange : « Tous les acteurs aimoient le sieur Molière, leur chef, qui joignoit à un mérite et à une capacité extraordinaire une honnêteté et une manière engageante qui les obligea tous à lui protester qu’ils vouloient courir sa fortune et qu’ils ne le quitteraient jamais, quelque proposition qu’on leur fit et quelque avantage qu’ils pussent trouver ailleurs. » Ceci se rapporte à l’expulsion de la troupe du Petit-Bourbon, et il se peut bien, en effet, qu’à ce moment tels fussent les sentimens de tous ses membres. […] Former d’excellents comédiens et leur donner des chefs-d’œuvre à interpréter ne suffit pas à la fortune d’un théâtre.

46. (1819) Introduction aux œuvres de Molière pp. -

À son arrivée dans cette ville, il y avait trouvé une autre troupe de comédiens, que le public abandonna promptement pour la sienne, et dont les principaux sujets s’attachèrent à sa fortune. […] En 1658, Molière se rapprocha de la capitale, où l’appelait le pressentiment d’une meilleure fortune et d’une plus grande renommée. […] Il faisait, à douze ans, la fortune d’une troupe enfantine qui courait les foires de Paris et de la province. […] Recherché par beaucoup d’hommes de naissance ou de fortune, tous les repas qu’il recevait d’eux, il tenait à les leur rendre. Il faisait accepter d’assez fortes sommes d’argent aux jeunes auteurs que la nature avait mieux traités que la fortune : Racine en est un exemple.

47. (1732) Jean-Baptiste Pocquelin de Molière (Le Parnasse françois) [graphies originales] « CII. JEAN-BAPTISTE POCQUELIN. DE MOLIERE, Le Prince des Poëtes Comiques en France, & celebre Acteur, né à Paris l’an 1620. mort le 17. Fevrier de l’année 1673. » pp. 308-320

Mais qui peut ignorer les raisons que Moliere a euës de donner dans quelques-unes de ses Pieces quelques Scenes burlesques & d’un Comique un peu trop boufon : il falloit faire subsister une troupe de Comédiens, & attirer le Peuple & l’homme qui ne cherche qu’à rire : les personnes d’érudition & d’un discernement juste & délicat sont en petit nombre, & ne sont pas souvent les mieux traitez de la fortune, & par conséquent hors d’état de faire vivre les Comédiens en allant souvent aux Spectacles occuper les premieres places. […] De ce mariage nâquit une fille unique, qui s’est distinguée par son merite & par la beauté & l’agrément de son esprit ; mais qui ne jouit pas d’une fortune opulente.

48. (1825) Notices des œuvres de Molière (IX) : La Comtesse d’Escarbagnas ; Les Femmes savantes ; Le Malade imaginaire pp. 53-492

Il y a eu depuis Molière, il y a encore aujourd’hui, il y aura toujours des pédantes telles qu’il les a peintes, c’est-à-dire des femmes douées de quelque esprit et ornées de quelques connaissances, mais s’en croyant beaucoup plus qu’elles n’en ont, et brûlant d’en montrer encore plus qu’elles ne s’en croient ; puristes et prudes tout ensemble ; raffinant sur les idées, les sentiments et les expressions ; dédaignant tous les soins d’épouse, de mère et de maîtresse de maison ; méprisant tout ce qui n’est pas de leur coterie, et réservant tout leur enthousiasme pour elles-mêmes d’abord, puis pour quelque petit auteur bien sot, bien vain, bien envieux, qui les flagorne, et qui fonde sur leur engouement l’espoir de sa renommée, souvent même celui de sa fortune. […] Clitandre est un jeune gentilhomme, qui n’est pas d’une assez haute naissance pour se mésallier en épousant la fille d’un roturier, et qui a trop peu de bien pour ne pas désirer de faire un riche mariage, mais qui ne fait pas de son nom un trafic, et de sa recherche une spéculation ; qui aime Henriette bien moins pour sa richesse, que pour ses vertus, ses charmes et ses grâces, et qui se montre désintéressé, en offrant de partager sa fortune avec une famille qu’il croit entièrement dépouillée de la sienne : d’ailleurs, plein d’honneur et de loyauté, sensible au mérite parce qu’il en a lui-même, trop naturel pour ne pas être ennemi de l’affectation, et trop franc pour cacher un sentiment qui peut lui nuire, il est le modèle de ces jeunes gens raisonnables sans froid calcul, sensibles sans exaltation romanesque ; et généreux sans faste, comme sans effort, dont je voudrais pouvoir dire que la société abonde, mais que certainement toutes les mères devraient vouloir pour gendres, ainsi que leurs filles pour maris. […] Le premier, répandu dans le monde, a une vanité sournoise et jalouse qui ne loue que pour être louée, et une galanterie intéressée qui ne feint la passion que pour arriver à la fortune ; le second, vivant dans la poussière de ses livres grecs et latins, a une brutalité d’orgueil et de colère, qui rappelle les injurieux démêlés des Scaliger et des Scioppius. […] Instruments intéressés des passions des plaideurs, on les accuse de nourrir, d’envenimer, d’éterniser les procès, et de bâtir leur fortune sur la ruine de leurs clients. […] Rédacteurs et gardiens des actes qui assurent l’état et la fortune des particuliers, souvent même dépositaires de nos biens et chargés d’en diriger l’emploi, l’honorable importance de leurs fonctions leur inspire naturellement les vertus nécessaires pour les bien remplir.

49. (1772) De l’art de la comédie. Livre premier. De ses différentes parties (1re éd.) [graphies originales] « PRÉFACE. Du Genre & du Plan de cet Ouvrage. » pp. 1-24

Mon ouvrage enfin peut être d’une grande utilité aux Auteurs naissants ; & mon ame s’enivre de plaisir en songeant que je pourrai soulager, aider dans leur travail, des rivaux d’autant plus intéressants pour moi, que je sais combien il faut de courage & de noblesse d’ame pour entrer dans une carriere que l’envie & la jalousie la plus basse assiegent, que l’ignorance tâche de dégrader, qui est semée de dégoûts, de tracasseries, & qui ne conduit jamais à la fortune. […] Il faut les regarder comme des millionnaires auxquels, pour le bien public, on peut enlever, sans déranger leur fortune, ce qui feroit celle d’un autre.

50. (1772) De l’art de la comédie. Livre troisième. De l’imitation (1re éd.) [graphies originales] « CHAPITRE VII. » pp. 125-143

Personne ne s’est conduit plus adroitement que lui dans sa fortune. […] pourquoi n’a-t-il pas tiré parti de ce fâcheux qui aime mieux perdre sa fortune que d’abandonner son martyr ?

51. (1867) La morale de Molière « CHAPITRE VIII. Le Mariage. » pp. 145-165

Qui donc aurait le dévouement de considérer comme une obligation le salut de la fille, du père, de la fortune ? […] Et pourtant, comme, parmi ces grands élans d’amour, ils songent sérieusement aux enfants, au ménage 520, à la fortune même521, en tant qu’indispensable pour rendre le bonheur et la vie possibles !

52. (1835) Mémoire pour servir à l’histoire de la société polie en France « Chapitre XXXII » pp. 355-377

Mais un autre événement marqua bien autrement la révolution qui s’opérait dans la fortune de madame de Maintenon : ce fut la séparation qui eut lieu entre le roi et madame de Montespan, après les prédications de la semaine sainte, où le P.  […] C’est cette mélancolie qui lui rendait insupportables des empressements adressés à sa faveur apparente ; c’est cette sorte de tristesse que madame de Coulanges, femme spirituelle, mais légère et vaniteuse, prenait pour un refroidissement opéré par une fortune inespérée.

53. (1865) Les femmes dans la comédie de Molière : deux conférences pp. 5-58

Voulez-vous Béline, la femme du Malade imaginaire, femme artificieuse et avide, qui caresse son mari pour le dépouiller, et ne serait pas fâchée de mettre Angélique au couvent pour assurer toute la fortune à sa propre fille ? […] Ainsi la jeunesse, la beauté, la fortune, l’esprit, voilà des dons qui expliquent l’attachement d’Alceste pour Célimène. […] Beaucoup de parents, médiocrement favorisés de la fortune, croient préparer à leur fille un mariage meilleur en la montrant au monde dans une parure au-dessus de leur condition. […] Les plus sages se plient à la destinée, et s’accommodent d’un mari de leur fortune et de leur rang ; mais celles-là mêmes rapportent de la pratique du monde des souvenirs qui les rendent malheureuses et des prétentions qui les rendent ridicules.

54. (1823) Notices des œuvres de Molière (VII) : L’Avare ; George Dandin ; Monsieur de Pourceaugnac ; Les Amants magnifiques pp. 171-571

L’avare, à qui ses pères ont transmis de grandes richesses connues du public, ne peut pas vivre avec la même lésine que l’obscur usurier, unique artisan d’une fortune ignorée. […] Molière, chaque fois qu’il composait pour la cour une comédie ornée de divertissements, de danse et de musique, excitait un jaloux dépit dans l’âme de Benserade, qui, dès le commencement du règne, était en possession de faire les paroles pour les ballets dansés par le roi, et qui avait gagné, à ce métier, fortune, faveur et célébrité. […] Tandis que la scène offrait en spectacle l’union d’une grande princesse de l’antique Thessalie avec un simple officier de fortune, une grande princesse du sang royal de France, Mademoiselle songeait en secret à réaliser cette fable, en donnant sa main et ses riches apanages à un cadet de Gascogne, à Péguillin, comte de Lauzun, qui comptait moins d’exploits guerriers que Sostrate, mais beaucoup plus de bonnes fortunes, et qui était aussi avantageux, que le héros grec se montre modeste.

55. (1824) Notices des œuvres de Molière (VIII) : Le Bourgeois gentilhomme ; Psyché ; Les Fourberies de Scapin pp. 186-466

On prétendit, dans le temps, que Molière avait pris pour modèle de son principal personnage un nommé Gandouin, qui, ayant amassé une grande fortune dans l’état de chapelier, l’avait dépensée follement, en fréquentant des grands seigneurs, et en entretenant des coquettes. […] Celle-ci ne dédaignait pas la première, et, souvent, elle recherchait son alliance, afin d’y trouver la fortune ; mais une plus grande délicatesse de sentiments, une plus grande étendue de lumières, une plus grande politesse de mœurs et de langage, la plaçait à la tête de toutes les classes dont se composait la roture, et la mettait presque de niveau avec la noblesse. […] Ce conte eut la même fortune que la fable originale, c’est-à-dire fut aussi transporté sur la scène dans l’opéra-comique de Zémire et Azor.

56. (1800) Des comiques d’un ordre inférieur dans le siècle de Louis XIV (Lycée, t. II, chap. VII) pp. 294-331

On dispute aussi à Baron l’Homme à bonnes fortunes, mais avec moins de vraisemblance. […] Boileau, qui n’avait pas encore fait la fortune que ses talents lui valurent depuis, s’étant trouvé aux eaux de Bourbon, malade et sans argent, Boursault, qui se rencontra par hasard dans le même endroit, le sut, et: courut lui offrir sa bourse de si bonne grâce, qu’il le força de l’accepter. […] Elle fit en naissant une fortune prodigieuse; on assure dans les Recherches sur le Théâtre, de Beauchamps, quelle fut jouée quatre-vingts fois.

57. (1879) Les comédiennes de Molière pp. 1-179

Aujourd’hui l’inventaire de la fortune mobilière de Madeleine s’élèverait à plus de cent mille francs. Il y avait en outre sa fortune en contrats, obligations, rentes et immeubles. […] Elle avait été « sa femme au théâtre », elle avait sauvé sa fortune en plus d’un péril, elle avait travaillé à sa gloire en toute occasion. […] Il parait que ses yeux y faisaient fortune, car il n’y avait que des marquis autour d’elle. […] Il se sauvait du ridicule par le ridicule, riant tout le premier de sa « chienne de fortune » et jouant du luth en pleine rue et en plein soleil quand il avait tout perdu son argent.

58. (1835) Mémoire pour servir à l’histoire de la société polie en France « Chapitre IX » pp. 77-82

Mais elle n’avait encore rien publié alors ; ses premiers écrits n’ont paru qu’après le mariage de mademoiselle de Rambouillet et la mort de Louis XIII, en 1643 : elle fut jusque-là accueillie à l’hôtel de Rambouillet, non comme auteur, mais comme fille d’esprit, convenablement élevée, sœur d’un homme de lettres fort répandu, et aussi comme une personne peu favorisée de la fortune, dont la société, agréable à Julie qui était du même âge, n’était pas sans quelque avantage pour elle-même33.

59. (1835) Mémoire pour servir à l’histoire de la société polie en France « Chapitre XXVII » pp. 298-304

Elle devait même monter plus haut que madame de Montausier ; mais c’est une singularité de sa fortune que la première circonstance par où elle fut signalée, fut l’acquisition de la terre de Maintenon qui appartenait à la maison d’Angennes, dont le marquis de Rambouillet était le chef ; et que, quand le roi donna à madame Scarron, comme on le verra en suivant l’ordre des faits, le titre et le nom de marquise de Maintenon, ce titre et ce nom étaient portés par un des fils d’Angennes ; de sorte qu’elle succéda à un domaine, à un titre, à un nom de l’hôtel Rambouillet, en même temps qu’à la réputation d’esprit et de mœurs, et à la considération de la duchesse de Montausier, dernier rejeton de cette maison.

60. (1863) Molière et la comédie italienne « Chapitre XVI. Les derniers temps de la comédie italienne en France » pp. 311-338

Voilà, mon cher enfant, les préceptes solides que mon honneur et ma conscience me suggèrent et que tu dois suivre, si tu aimes tant soit peu la fortune. […] Car, enfin que vous l’entendiez, quand on veut faire son coup, il faut être dans cette odeur de fortune et d’opulence.

61. (1900) Molière pp. -283

En 1662, à ce moment où il commençait à avoir enfin la fortune, la renommée et la faveur, sa santé est irréparablement atteinte. […] La plus douce, celle qui présente le mariage de Molière avec Armande Béjart sous sa forme la plus acceptable, la voici : dans cette tradition, dans ce système, Armande Béjart, qu’il épouse, est tout au moins la sœur de cette Madeleine Béjart à la suite de laquelle il a couru fortune. […] un grand seigneur méchant homme est une terrible chose 45 . » Cet orgueil absolu du rang, de la richesse, de la fortune éclate dans la scène du Pauvre. […] Chacun sait que prudente et avisée dès le berceau, elle a conclu, il y a de cela trois ou quatre mille ans, une alliance durable avec la Fortune que les gens d’esprit appellent aveugle, probablement, je suppose, parce qu’ils la voient s’égarer de temps à autre jusque chez eux. […] ——— Il ne vaut guère mieux charmer une jeune fille par la beauté du visage, par l’esprit que l’on montre ou par de grandes actions, que de l’éblouir par l’éclat du rang et de la fortune ; car c’est toujours sa vanité qui est séduite.

62. (1863) Histoire de la vie et des ouvrages de Molière pp. -252

Bonnes fortunes de cet acteur. […] Quelle était sa fortune. […] Fouquet, aspirant à la succession de ce ministre, avait sur ses rivaux la supériorité que donne une immense fortune. […] La fortune ne le servait pas moins que la faveur. […] Le comte de Gramont disait que, de tous les fous qui avaient suivi M. le Prince, il n’y avait que L’Angeli qui eût fait fortune.

63. (1772) De l’art de la comédie. Livre second. De ses différents genres (1re éd.) [graphies originales] « CHAPITRE XL. Du dénouement des Pieces à caractere. » pp. 469-474

Le Métromane en finissant la piece, dit : Vous, à qui cependant j’ai consacré mes jours, Muses, tenez-moi lieu de fortune & d’amours.

64. (1772) De l’art de la comédie. Livre premier. De ses différentes parties (1re éd.) [graphies originales] « CHAPITRE IX. Du point où doit commencer l’action d’une fable comique. » pp. 172-177

Il avoit l’ame fiere & indépendante : il ne connoissoit nulle souplesse, nul manege ; ce qui l’a rendu très propre à peindre la vertu romaine, & très peu propre à faire sa fortune.

65. (1863) Molière et la comédie italienne « Chapitre VII. Le théâtre français contemporain des Gelosi » pp. 119-127

Le roi est entouré de tous les cadets de Gascogne qui ont jadis suivi sa fortune ; il a entre les jambes le Gascon gasconnant Antoine de Roquelaure, le compagnon de ses équipées galantes, le maréchal borgne, qui a plus grand nez que son maître.

66. (1835) Mémoire pour servir à l’histoire de la société polie en France « Chapitre III » pp. 30-37

Le marquis d’Urfé devait en grande partie sa célébrité à sa longue et merveilleuse passion pour Diane de Châteaumorand, personne d’une admirable beauté, d’une grande fortune, toute occupée de ses charmes, et pénétrée du respect pour elle-même, au point d’avoir refusé à un neveu de s’arrêter une nuit dans un château qu’il avait sur une route où elle passait, parce qu’on y avait remplacé des vitres de cristal par du verre.

67. (1772) De l’art de la comédie. Livre premier. De ses différentes parties (1re éd.) [graphies originales] « CHAPITRE VIII. De l’Action, du Nœud, des Incidents. » pp. 165-171

Si vous ne vous chargez de ce soin, ma chere, Lucinde, ma gloire, ma fortune... toute la terre ensemble n’en viendroit pas à bout.

68. (1772) De l’art de la comédie. Livre second. De ses différents genres (1re éd.) [graphies originales] « CHAPITRE III. Des Pieces à spectacle. » pp. 30-36

Il change le théâtre, & Mario se trouve assis sur un trône magnifique ; il épouse Flaminia, pardonne à son ennemi, & promet de grandes récompenses à son cher Arlequin, qui, selon moi, est un grand sot de ne pas faire sa fortune lui-même, puisqu’il est si puissant.

69. (1772) De l’art de la comédie. Livre second. De ses différents genres (1re éd.) [graphies originales] « CHAPITRE XXXIV. On peut faire usage de tous les caracteres. » pp. 378-385

L’homme qui l’entretient de ses chevaux, de ses bonnes fortunes, de sa caleche ; celui qui le consulte sur l’air & les pas d’un ballet qu’il vient de composer ; Alcandre qui le prie de lui servir de second, & de porter un cartel pour lui à son ennemi ; Alcippe qui lui raconte ses malheurs dans une partie de piquet ; Oronte & Climene qui le prient de décider si un amant jaloux est préférable à celui qui ne l’est point ; le Chasseur qui lui fait part d’une chasse malheureuse ; l’Homme aux projets, qui veut enrichir la France en l’entourant de ports de mer ; le Savant, qui sollicite la charge de Contrôleur, Intendant, Correcteur, Reviseur & Restaurateur général des enseignes de Paris ; enfin, les divers caracteres de ces fâcheux devant également impatienter Ergaste en l’arrêtant, aucun d’eux ne devoit écraser les autres par une force trop supérieure.

70. (1867) La morale de Molière « CHAPITRE III. L’Honnête Homme. » pp. 42-64

Comme il traite ces marquis oisifs, persuadés qu’il suffit d’un peu de fortune et de beaucoup de vanité pour être d’honnêtes gens et faire leur chemin dans le monde156 ! […] Il n’y a pas de circonstance si grave qu’elle lui permette d’abdiquer sa puissance sur soi-même : ruiné dans sa fortune, dans son amour, qu’il garde, jusque dans ces émotions extrêmes, la force de se modérer209.

71. (1835) Mémoire pour servir à l’histoire de la société polie en France « Chapitre XIV » pp. 126-174

« Le plus beau quartier de la ville de Coquetterie est la grande place, qu’on peut dire vraiment royale 44… Elle est environnée d’une infinité de réduits, où se tiennent les plus notables assemblées de coquetterie, et qui sont autant de temples magnifiques consacrés aux nouvelles divinités du pays ; car, au milieu d’un grand nombre de portiques, vestibules, galeries, cellules et cabinets richement ornés, on trouve toujours un lieu respecté comme un sanctuaire, où sur un autel fait à la façon de ces lits sacrés des dieux du paganisme, on trouve une dame exposée aux yeux du public, quelquefois belle et toujours parée ; quelquefois noble et toujours vaine ; quelquefois sage et toujours suffisante ; et là, viennent à ses pieds les plus illustres de cette cour pour y brûler leur encens, offrir leurs vœux et solliciter la faveur envers l’amour coquet pour en obtenir l’entrée du palais de bonnes fortunes. » On lit dans un autre passage, que dans le royaume, « il n’est pas défendu aux belles de garder le lit, pourvu que ce soit pour tenir ruelle plus à son aise, diversifier son jeu, ou d’autres intérêts que l’expérience seule peut apprendre45 ». […] La princesse de Conti, et sa cour, y étaient venues avec le prince pour ajouter à l’éclat de sa présidence ; c’était Marie Martinozzi, l’aînée des sept nièces que le cardinal Mazarin avait appelées de Florence pour faire leur fortune et assurer la sienne. […] Mademoiselle de Montpensier en a remarqué parmi elles qui font les dévotes par politique, et cette remarque rappelle qu’en 1667, la reine-mère, vieillie et mécontente du cardinal Mazarin qui désormais comptait moins sur elle pour sa fortune que sur ses nièces, et surtout sur l’inclination du jeune roi pour Hortense Mancini, était devenue dévote : de ce moment, il y eut des dévotes à la cour.

/ 163