En tout cas, l’épreuve nous coûtera moins cher, dans tous les sens ; nous en serons quittes pour un peu de temps perdu. […] Toute son étude est de faire aller sa maison et de marier sa fille ; et elle la mariera, car il s’est rencontré un homme assez sage pour distinguer les qualités de sens et de cœur que recouvre cette bourgeoise enveloppe. […] Heureusement, il n’y a plus de femmes savantes, dans le sens où Molière l’entendait, c’est-à-dire de femmes pédantes ; ou, s’il en reste quelques-unes, elles habitent des hauteurs d’où l’humilité de notre condition ne nous permet pas d’approcher. […] Ces excès vont plus loin dans notre nation qu’en toute autre. » On peut dire, en ce sens, que toutes les femmes sont coquettes. […] C’est que le sens moral s’est affaibli, et nous applaudissons à des doctrines que nous serions bien fâchés de voir pratiquées par nos filles.
Mais si vous sçaviez ce que je souffre, vous auriez pitié de moi : ma passion est venuë à un tel point, qu’elle va jusqu’à entrer avec compassion dans ses interéts ; & quand je considere combien il m’est impossible de vaincre ce que je sens pour elle, je me dis en même temps, qu’elle a peut-être la même difficulté à détruire le penchant qu’elle a d’être coquette, & je me trouve plus de disposition à la plaindre qu’à la blâmer. […] Cela veut dire, selon le sens de l’Auteur, que sa Muse avoit reçu de grands bienfaits, encore qu’elle ne les méritât point ; mais selon la Grammaire cela signifie, qu’encore que le Roi ne méritàt point ces bienfaits, il ne laissoit pas de les repandre sur la Muse de Moliere. […] Le sens de l’Auteur est que sa Muse ressembleroit à ses sœurs qui ont beaucoup de babil ; mais selon la Grammaire cela signifie clairement & uniquement qu’elle ne manqueroit pas de caquet comme les autres Muses en manquent.
« Je ne vois, dit l’auteur de la pièce, rien de si ridicule que cette délicatesse d’honneur qui prend tout en mauvaise part, donne un sens criminel aux plus innocentes paroles, et s’offense de l’ombre des choses. […] On est ravi de découvrir ce qu’il y peut avoir à redire ; et, pour tomber dans l’exemple, il y avait l’autre jours des femmes à cette comédie, vis-à-vis de la loge où nous étions, qui, par les mines qu’elles affectèrent durant toute la pièce, leurs détournements de tête, et leurs cachements de visage, firent dire de tous côtés cent sottises de leur conduite, que l’on n’aurait pas dites sans cela ; et quelqu’un même des laquais cria tout haut, qu’elles étaient plus chastes des oreilles que de tout le reste du corps 59. » L’autorité que je reconnais à Molière ne m’empêchera pas de dire qu’il y a peu de bonne foi à reprocher aux critiques d’avoir donné un sens criminel aux plus innocentes paroles et de s’offenser de l’ombre des choses.
Il y en a qui en ont de lents, d’autres de précipités ; quelques-uns en ont de rudes, quelques autres d’affectés, et souvent mal ménagés, faute d’étudier le sens de l’Auteur. […] Il doit ménager son haleine ; de manière qu’il ne la reprenne jamais dans un sens interrompu, afin de conserver l’attention du Spectateur. […] Le repos à la rime, ou à la césure, si la ponctuation n’y oblige, confond le sens de l’Auteur. […] Il faut encore une grande habitude pour donner à sa voix les inflexions qui conviennent ; une bonne poitrine, pour la ménager ; beaucoup de jugement, pour découvrir le sens de l’Auteur ; et donner s’il est possible, à son Ouvrage plus d’esprit qu’il n’y en a voulu mettre. […] J’ai laissé tout cela à penser au Lecteur ; mais mon Censeur ne pense point, et s’en tient au premier sens des termes ; il faut tout lui dire pour qu’il le sente.
Il ne montre pas un sens moins droit ni moins délicat lorsque, parlant en son propre nom2, il combat les scrupuleux qui proscrivent absolument la comédie. […] Si l’on y regarde de près, ou verra que l’invention dans le langage n’a jamais été portée plus loin ; le mot abstrait ne parait pas, la métaphore y supplée de manière à parler aux sens. […] N’emploie-t-il pas la plus amère ironie lorsqu’il fait, par l’entremise du serpent, le procès à l’iniquité des puissances de la terre : Mes jours sont dans tes mains, tranche-les ; ta justice, C’est ton utilité, ton plaisir, ton caprice ; Selon ces lois condamne-moi : et, pour qu’on ne puisse pas se tromper au sens de ce réquisitoire, il ose cette fois ajouter de son chef : On en use ainsi chez les grands : La raison les offense ; ils se mettent en tête Que tout est fait pour eux, quadrupèdes et gens ; puis il se ravise, et, comme pour se dérober après s’être trahi, il dira ingénument : Si quelqu’un desserre les dents, C’est un sot, j’en conviens. […] Molière disait : « Je reprends mon bien où je le trouve, » et La Fontaine, dans le même sens, Mon imitation n’est point un esclavage.
Dans cette passion, comme dans toute leur conduite, ils seront d’abord poussés par ce sens naturel, infus dans toutes les âmes, qui est le fondement de la morale. L’amour, chez eux, ne sera point un entraînement des sens seulement, ni une fantaisie de l’imagination exaltée par quelque circonstance romanesque ; il ne sera pas une affaire de mode, ni un marché d’intérêt, ni une alliance fondée froidement par la raison, non : il sera l’amour, cette inexplicable et toute-puissante attraction d’une âme vers une autre âme, non point nue et abstraite, mais vivante, revêtue d’un corps et d’un sexe, joignant la grâce physique aux charmes de l’esprit et aux caresses du cœur ; enfin ce je ne sais quoi 421, matière infinie des poètes, mystère inexplicable pour Platon, si l’on n’y admet quelque chose de divin422. […] L’amour vrai ne naît point au hasard, par une séduction des sens, par une fascination des yeux, ni même par un agrément de l’esprit : tous ces charmes ne produisent que des caprices passagers, d’autant plus vite éteints qu’ils sont nés plus soudainement425, comme les belles passions de don Juan 426 ou les vieux désirs d’Harpagon 427. […] Il semble qu’Henriette pourrait souffrir les hommages de Trissotin, quand ce ne serait que pour en rire, et pour complaire aux idées de sa mère : non, elle le prendra à part pour lui dire : Je vous estime, autant qu’on sauroit estimer ; Mais je trouve un obstacle à pouvoir vous aimer : Un cœur, vous le savez, à deux ne sauroit être, Et je sens que du mien Clitandre s’est fait maître480.
Oui, malgré vous je sens que ma fureur vous flatte ; Ce qui me désespere est un charme pour vous ; J’écoute mon respect, il retient mon courroux. […] Je n’ose vous promettre une égale tendresse ; Mais je sens que pour vous mon cœur parle & s’empresse. […] Enfin ce que le monde a de plus spécieux, Mon coffre le renferme, & je l’ai sous mes yeux, Sous ma main ; & par-là l’avarice qu’on blâme, Est le plaisir des sens, & le charme de l’ame.
Quel est le sens de ce mot ? […] La personne humaine tend à son but à travers une route barrée ; les obstacles que la nature, dans le sens le plus large de ce mot, oppose à la liberté, voilà le sujet du drame, le principe de la contradiction. […] Pris en lui-même, isolé des principes qui dominent et expliquent la vie, il est faux et dangereux : il n’a pas compris l’immoralité du désespoir, il n’a pas non plus le sens de certains respects.
Onuphre n’est pas dévot, mais il veut être cru tel, etc… » Voilà, au sens de La Bruyère, l’hypocrite parfait, avisé, prudent, ne laissant jamais transpirer ses voies, marchant à pas calculés et toujours couvert de son voile, jamais comique, ne se trahissant jamais, aisément terrible, par conséquent : c’est bien le personnage de Gautier. […] Onuphre n’est pas dévot, mais il veut être cru tel, etc… » Voilà, au sens de La Bruyère, l’hypocrite parfait, avisé, prudent, ne laissant jamais transpirer ses voies, marchant à pas calculés et toujours couvert de son voile, jamais comique, ne se trahissant jamais, aisément terrible, par conséquent : c’est bien le personnage de Gautier. […] Et il démontre à Marianne que plus elle déteste Tartuffe plus elle doit l’épouser : Mortifiez vos sens avec ce mariage. […] c’est qu’elle se met en devoir de vous les faire connaître — en vous trompant. — Et le voilà qui boit les explications d’Elmire : Leur miel dans tous mes sens fait couler à longs traits Une suavité qu’on ne goûta jamais. […] C’est que cette belle-mère est Elmire, — Henriette mariée ; — le bon sens ; le bon sens dans tous les sens du mot, le sens et la bonté, cette admirable tranquillité d’âme qui vient d’un tempérament sain.
La mort seule ici bas, en terminant sa vie, Peut calmer sur son nom l’injustice et l’envie, Faire au poids du droit sens peser tous ses écrits, Et donner à ses vers leur légitime prix. […] Imite mon exemple ; et lorsqu’une Cabale, Un tas de vains Auteurs follement te ravale, Profite de leur haine, et de leur mauvais sens : Ris du bruit passager de leurs cris impuissants.
Mais si vous sçaviez ce que je souffre, vous auriez pitié de moi : ma passion est venuë à un tel point, qu’elle va jusqu’à entrer avec compassion dans ses interéts ; & quand je considere combien il m’est impossible de vaincre ce que je sens pour elle, je me dis en même temps, qu’elle a peut-être la même difficulté à detruire le penchant qu’elle a d’être coquette, & je me trouve plus de disposition à la plaindre qu’à la blâmer. […] Cela veut dire, selon le sens de l’Auteur, que sa Muse avoit reçu de grands bienfaits, encore qu’elle ne les méritât point ; mais selon la Grammaire cela signifie, qu’encore que le Roi ne méritàt point ces bienfaits, il ne laissoit pas de les répandre sur la Muse de Moliere. […] Le sens de l’Auteur est que sa Muse ressembleroit à ses sœurs qui ont beaucoup de babil ; mais selon la Grammaire cela signifie clairement & uniquement qu’elle ne manqueroit pas de caquet comme les autres Muses en manquent. […] A la vérité il a excellé dans ses Portraits, & je trouve ses Comédies si pleines de sens, qu’on devroit les lire comme des instructions aux jeunes gens, pour leur faire connoistre le monde tel qu’il est.
Pour moi, monsieur, je n’ai point étudié comme vous, Dieu merci, et personne ne sauroit se vanter de m’avoir jamais rien appris ; mais avec mon petit sens mon petit jugement, je vois les choses mieux que tous les livres, et je comprends fort bien que ce monde que nous voyons n’est pas un champignon qui soit venu tout seul en une nuit. […] Le ciel a banni de mon âme toutes ces indignes ardeurs que je sentois pour vous, tous ces transports tumultueux d’un attachement criminel..., et il n’a laissé dans mon cœur pour vous qu’une flamme épurée de tout le commerce des sens, une tendresse toute sainte, un amour détaché de tout, qui n’agit point pour soi, et ne se met en peine que de votre intérêt… Je vous ai aimé avec une tendresse extrême ; rien au monde ne m’a été aussi cher que vous ; j’ai oublié mon devoir pour vous, j’ai fait toutes choses pour vous ; et toute la récompense que je vous en demande, c’est de corriger votre vie et de prévenir votre perte. […] La morale naturelle est celle que chacun peut tirer de soi : morale de création divine comme nous-mêmes, qui existe essentiellement en nous tous, qui dit secrètement au cœur de chacun ce qui est bien ou mal ; lumière universelle, plus ou moins affaiblie çà et là, mais jamais éteinte ; dont les préceptes sont appuyés en chacun par le sentiment, par la raison morale, par l’opinion commune, par l’idée plus ou moins prochaine de Dieu : en un mot naturelle, c’est-à-dire fondée sur la nature que Dieu créateur nous a imposée formellement ; dont les règles immuables sont connues par l’observation de nous-mêmes ; dont la pratique est commandée par le sens moral et la conscience, et dont l’éternelle valeur, en dehors de toute révélation, est corroborée, chez les peuples chrétiens, par l’influence latente et générale du christianisme même sur les esprits qui lui sont en apparence rebelles. […] Ce genre de dénouement n’est ni moral, ni vrai, ni vraisemblable : il est simplement pratique, et s’il est volontiers accepté par le public, c’est parce qu’il répond au désir secret qu’éprouve chacun de voir le bonheur des bons et le châtiment des méchants : il répond à notre sens moral, mais il ne peut aucunement être accepté. comme une sanction morale ; car, au contraire, la morale serait détruite, si chaque bonne ou mauvaise action entraînait immédiatement récompense ou peine ; la liberté disparaîtrait, et l’homme, esclave d’une crainte continue, n’aurait plus d’autre conscience que l’intérêt immédiat et la conservation.
Sire, Votre très humble, très obéissant, très fidele & très savant sujet & serviteur Caritidès, François de nation, Grec de profession, ayant considéré les grands & notables abus qui se commettent aux inscriptions des enseignes des maisons, boutiques, cabarets, jeux de boules & autres lieux de votre bonne ville de Paris, en ce que certains ignorants, compositeurs desdites inscriptions, renversent, par une barbare, pernicieuse & détestable orthographe, toute sorte de sens & de raison, sans aucun égard d’étymologie, analogie, énergie, ni allégorie quelconque, au grand scandale de la République des Lettres & de la Nation Françoise, qui se décrient & se déshonorent par lesdits abus & fautes grossieres envers les étrangers, & notamment envers les Allemands, curieux lecteurs & spectateurs desdites inscriptions... […] C’est un homme de sens, & d’un mérite qui n’est pas commun. […] Il faut que je te fasse un récit de l’affaire, Car je m’en sens encor tout ému de colere.
Et comme si ce n’était pas assez de cette évidente leçon, Molière trouve moyen, quand il met en présence la fille philosophe et la fille qui veut un époux et un ménage, de mettre toute la grâce et toute la pudeur du côté de celle-ci, et de faire dire à celle-là des obscénités dans son haut style, avec ses prétentions de ne connaître point les chaînes des sens ni de la matière 500. Bien plus encore, en face d’un homme, d’un amant, c’est l’homme et l’amant raisonnable dont le langage est chaste, et c’est la femme éthérée qui parle des sentiments brutaux, du commerce des sens, des nœuds de chair et des sales désirs 501. […] Ce qu’on y veut, c’en est le mal ; ce qu’on y appelle les belles passions, sont la honte de la nature raisonnable ; l’empire d’une fragile et fausse beauté, et cette tyrannie, qu’on y étale sous les plus belles couleurs, flatte la vanité d’un sexe, dégrade la dignité de l’autre, et asservit l’un et l’autre au règne des sens (chap.
Le style est rempli, à la vérité, de négligences et d’impropriétés ; mais dans les phrases même les plus vicieuses et les plus embarrassées, le mouvement est toujours juste et le sens toujours exact. […] J’ai cru qu’il suffisait de le faire remarquer à mesure dans le commentaire, sans transcrire, pour le prouver, de longs passages d’une prose qui n’est point classique, et dont les vers de Molière reproduisent le sens presque toujours embelli.
Voyons cette lettre en entier : c’est au lecteur qu’il appartient d’en déterminer le sens. […] Je ne veux pourtant pas en sortir encore ; trop de charmes m’y attachent, et à ma faiblesse, je sens que je ferais des efforts inutiles, on vous a dit vrai, si l’on vous a peint mon directeur comme un homme rigide ; mais vous ne devriez pas vous le figurer ridicule, Il ne défend point les plaisirs innocents ; mais il ne permet pas de traiter d’innocents ceux qui sont criminels.
Qu’on se figure la multitude de tours, d’images, de mouvements qui ont dû naître de ces conversations, où les sens, l’imagination, le cœur, étaient en jeu ; où l’émulation de plaire et d’étonner excitait les amours-propres ; où la critique n’était pas moins exaltée par les rivalités que le besoin de produire par l’émulation de plaire ! […] On trouvait ridicule qu’un amant dît à sa maîtresse : Je ne fais des vers qu’en rêvant, mais je vous aime avec étude et de tout mon sens.
Mais, de même que certaines gens font de fort belle prose sans y songer, certains ouvrages, sans avoir été écrits dans un but moral, ont plus que d’autres une influence sur les mœurs, et peuvent insinuer lentement dans le monde, d’une manière presque invisible, mais irrésistible, des éléments de moralité ou de corruption ; il y a des auteurs qui, sans être des moralistes proprement dits, méritent pourtant d’être étudiés comme tels, à cause de leur puissance observatrice, de leur sens droit, de leur popularité, enfin à cause du caractère universel et supérieur de leur génie. […] Enfin, son grand sens, sa délicate sensibilité, son observation pénétrante, toutes ses éminentes facultés pouvaient-elles s’appliquer à la peinture d’un caractère, à l’intrigue d’une passion, à la composition d’une scène de mœurs, sans y laisser jamais percer l’expression d’une opinion intime ou d’une émotion personnelle ? […] Aussi a-t-il le rare privilège de plaire même aux esprits les moins cultivés, chez qui les autres qualités n’existent qu’à l’état de germe, et qui n’ont point le sens des choses fines ni l’habitude des beautés délicates et convenues31.
L’emportement des sens a bornes fixées par la nature elle-même, mais quand la vanité se plaît à revêtir les formes de la lassitude et de la satiété, elle mène à la corruption la plus révoltante. […] Quand une fois on s’est représenté, au lieu de personnages réels, des créatures sans autre langage que le chant, on est bien près de se figurer des êtres sans autre but que l’amour, sentiment qui plane sur les confins de la région des sens et de celle de l’âme. […] Beaumarchais n’a composé que deux drames dans le sens indiqué par son prédécesseur, Eugénie et La Mère coupable, mais ils pèchent aussi par les mêmes défauts. […] On reconnaît çà et là les membres dispersés du poète, mais tout est si renversé, si tourmenté, une confusion si pénible a remplacé la riche simplicité de l’original, que les passages mêmes qui sont traduits mot à mot, perdent en quelque sorte leur véritable sens. […] Un mélodrame français est une pièce en prose emphatique, où l’on représente quelque chose de merveilleux, une aventure fabuleuse ou réelle, avec un grand fracas du spectacle, de mouvement sur la scène, de changements de décorations, et où l’on rassemble tous les brillants accessoires qui concourent à frapper les sens.
En ce sens il est tout naturel qu’une âme tendre qui ne se laisse pas rebuter par l’ignoble, préfère le Roi de Cocagne au Misantrope. […] Obliger a changé de sens. […] Je ne me sens nulle envie d’écouter ce tas de bêtes. […] (Tout ce commentaire est juste, mais je sens en le faisant qu’il est bien commun. […] Je me sens appétit.
Leslie n’est point un étourdi au sens où nous prenons le mot aujourd’hui. […] Ce ne sont point les termes exprès du feuilleton que je n’ai plus sous les yeux ; c’en est au moins le sens. […] Régnier m’assura que ce sens était de tradition, et que pour lui il n’avait jamais songé à un autre. […] Elle y manque, à mon sens, de profondeur et de sensibilité. […] Les fait-il rire, du moins, de ce rire franc, sain, sans réticence, qui épanouit les sens et rafraîchit l’âme ?
L’ami, qui était homme de bons sens, lui dit : Eh !
Il l’est, à mon sens, à proportion de ce qu’il a péché. […] Ce mot, il ne l’entend plus dans le sens restreint d’autrefois. […] Je sens, quand on me parle, une haleine de flamme. […] Je sens toujours des cœurs voler autour de moi. […] Et je sens que du mien Clitandre s’est fait maître.
On dira que ces peintures-là ne produisent pas un grand effet sur les mœurs : en de tels sujets, le jugement du spectateur, comme celui de l’auteur, est fixé d’avance, et l’un et l’autre ont naturellement un sens du bien et du mal, qui décide leur préférence et leur mépris. […] Ces trois caractères du débauché, de l’imposteur et de l’avare, qui à eux trois offrent la réunion de presque tous les vices, prouvent que Molière observait l’humanité avec un sens moral. […] C’est l’esprit qui règne dans la scène de l’Etourdi 113 où Lélie se veut tuer, tient le fer prêt, sans que Mascarille dise autre chose que : « Tuez-vous donc vite. » À quoi Lélie, rappelé à la raison par le sens froid de son valet, répond fort comiquement : Tu voudrois bien, ma foi, pour avoir mes habits, Que je fisse le sot, et que je me tuasse114.
— À quoi bon m’étaler cette bizarre école Du mauvais sens, dis-tu, prêché par une folle ? […] Enfin le poète suppose à sa précieuse une docte demeure, toujours ouverte aux beaux esprits, où se tiennent les bureaux du faux bel esprit, où s’étale une école de mauvais sens prêché par une folle ; aucun de ces traits n’est applicable à madame Deshoulières, qui n’était point une folle, qui ne tenait point école, qui n’avait point de maison, point de cercle, qui était fort pauvre, allait dans le monde chercher le monde, et passait une grande partie de son temps à l’hôtel de Nevers. […] Elle parle aussi dans la même lettre d’une lecture que Boileau doit faire chez ce même cardinal, de son Lutrin et de sa Poétique, il faut que nos commentateurs se croient bien supérieurs en intelligence à cette bonne madame de Sévigné, pour se persuader qu’il leur était réservé de découvrir, à près de deux siècles de distance, une malveillance dont elle était l’objet, et dont elle ne se doutait pas, et pour pénétrer le sens et l’intention d’écrits dirigés contre elle, dont elle avait la sottise d’approuver le fond et la forme et d’aimer les auteurs.
En même temps l’on dévoile le sens d’un oracle qui destinoit ces deux amants l’un à l’autre, & ils s’épousent. […] Son Médecin l’ayant interrogé sur ce qu’il souffroit & sur ce qu’il sentoit : Je ne sens, dit-il, qu’une difficulté d’être.
Son Misanthrope est à mon sens le caractere le plus achevé et le plus singulier qui ait jamais paru sur le Théâtre.
Enfin, ce que le monde a de plus précieux, Mon coffre le renferme et je l’ai sous mes yeux, Sous ma main ; et par là, l’avarice qu’on blâme, Est le plaisir des sens et le charme de l’âme. […] Les plus fières beautés n’ont jamais dans l’Asie D’un aiguillon plus vif piqué ma fantaisie ; Mes regards attachés sur ses yeux languissants Commençaient à parler du trouble de mes sens. […] Percé du trait mortel dont vous m’assassinez, Mes sens par la raison ne sont plus gouvernés; Je cède aux mouvements d’une juste colère, Et je ne réponds pas de ce que je puis faire. […] L’amour que je sens pour cette jeune veuve Ne ferme point mes yeux aux défauts qu’on lui treuve ; Et je suis, quelque ardeur qu’elle m’ait pu donner, Le premier à les voir comme à les condamner. […] On a donc tort, à mon sens, dès son entrée en scène, de lui faire dire avec un ton rébarbatif ces vers qu’il adresse à Dorine : ...
Cette réponse est juste : & le bons sens paroît A ne vouloir jamais faire que ce qui plaît. […] Vous perdez le sens. […] Vous perdez le sens.
Mille tendres sornettes Que l’on a soin d’orner de mots à double sens ; Parler éloquemment cornettes, Et prononcer sur des rubans ; De tout ce qui paroît juger sans connoissance, Hors de propos prodiguer son encens, Et placer bien sa médisance : Voilà des aimables du temps Ce qui fait le mérite & toute la science. […] Lemaure, qui venoit de jouer le rôle d’Amour dans le ballet des Sens.
Nous donnerons donc le titre de comédie allégorique aux pieces dans lesquelles l’Auteur, mettant continuellement sur la figure de Thalie le masque de l’allégorie, change le nom des choses, défigure même les personnes, & laisse au spectateur intelligent le soin de développer le sens caché. […] Je ne les sens non plus que s’ils étoient à vous.
Cette source réside dans les facultés morales ou instinctives les plus élevées2, facultés qui donnent la raison en matière de conduite, le bon sens, le bon jugement, et dont la plus noble est sans contredit le sens moral, sentiment du bien et du mal, toujours accompagné du sentiment du devoir. […] L’imagination, vivement impressionnée par la crainte, exerce une action tellement puissante sur les sens que celui qui craint vivement une douleur peut l’éprouver sans l’intervention de la cause qui devrait la produire. […] Et ce n’est pas par les personnages les plus intelligents et les plus instruits qu’elle est manifestée : c’est par Mme Jourdain, dame fort simple, et par la servante Nicole, femmes dont le bons sens réprouve toutes les extravagances de M. […] Pendant le siège de Paris en 1870-71, les aliénés résidant dans les asiles qui touchent presque aux fortifications, assistaient aux scènes de ce siège sans y croire cependant ; ils interprétaient la canonnade continuelle, le mouvement des troupes, etc., dans le sens des passions qu’ils devaient à leur état cérébral. […] Admirons ici le grand sens psychologique de Molière, qui n’a pas manqué, à rencontre de ce qu’ont enseigné les écoles philosophiques, de dire et de répéter que l’intelligence n’était pas la raison, que l’on peut posséder l’une sans posséder l’autre, et de faire ressortir que l’intelligence prête son concours aussi bien aux éléments instinctifs inspirateurs de la déraison, de l’immoralité, qu’à ceux qui inspirent la raison, la morale.
Quand Louis s’en retournait, en 1672, désespéré, mais non rebuté, les désirs des sens étaient repoussés, le besoin, l’espérance de plaire commençaient à se faire sentir ; le prince, jeune et ardent, était désespéré ; le prince, aimable et charmé, n’était pas rebuté, ou ne se rebutait pas. […] C’est l’homme de la cour qui a le plus de sens et qui donne le moins dans les pièges… » Vers le milieu de l’année 1685, le roi épousa madame de Maintenon, un peu plus de deux ans après la mort de Marie-Thérèse. […] Et ce que j’ai dit bien des fois, elle lui fait connaître un pays tout nouveau, je veux dire le commerce de l’amitié et de la conversation sans chicane et sans contrainte ; il en paraît charmé. » Certes, elle devait être d’un grand charme cette amitié qui, dans madame de Maintenon, était de l’amour retenu par la raison, la justice, l’honneur, la bienséance ; cette amitié, où les sens entraient pour quelque chose, mais soumis à de plus hautes et plus puissantes sympathies, celles de l’âme et de l’intelligence, à de plus nobles besoins, ceux de la considération et du respect de soi-même ; cette amitié passionnée que l’honneur forçait à résister au plus doux penchant, qui ne souffrait pas moins de sa résistance que l’ami à qui elle était opposée ; cette tendresse qui avait autant besoin d’être consolée de ses refus que celui qui les essuyait et dont la souffrance parvenait à obtenir des encouragements de l’amant voluptueux et contrarié.
Je crois que pour y réussir il suffit d’avoir ce qu’on appelle l’esprit de saillies & de bons mots ; mais c’est à mon sens une chose des plus hardies que d’imaginer, comme a fait Moliere, une comédie en trois actes de scenes détachées, telle que les Fâcheux. […] d’un trouble bien grand je me sens agité !
un problème moral, voire même social, contemporain, certes, mais en un sens aussi universel : la naissance, le rang, la fortune, un ensemble d’avantages exceptionnels qui l’élèvent au-dessus du commun, peuvent-ils permettre à l’homme qui en bénéficie de soumettre à ses passions et à ses caprices, une foule faible, mal défendue, une Elvire, une Mathurine, un pauvre pécheur, un M. […] Un Voltaire traduit ce désir de justice et de tolérance, cette aversion des iniquités sociales et politiques, qui s’accompagnent d’assez de tact, de bonne humeur, de sens des réalités pour ne se point dénaturer en un esprit de révolte brutale et violente.
Il est admirable de voir ce que, d’induction en induction, un critique qui se respecte peut tirer d’un mot adroitement détourné de son sens. […] Sa grâce est la plus forte… Et je vais plus loin qu’Alceste, qui ne doutait pas de la corriger de ces vices du temps, — qui sont restés ceux du nôtre ; — je crois que Célimène ne se corrigera jamais, j’en prends mon parti en brave, je l’aime comme cela, je me sens môme si corrompu que je crois que je l’aime à cause de cela et que je ne voudrais pas du tout qu’elle se corrigeât. […] Percé du coup mortel dont vous m’assassinez, Mes sens par la raison ne sont plus gouvernés ; Je cède aux mouvements d’une juste colère, Et je ne réponds pas de ce que je puis faire… Eh bien ! […] Coquelin est celle de tous les acteurs qui ont publié des études sur le caractère d’Alceste ; les littérateurs sont unanimes, au contraire, pour donner un grand sens philosophique à ce rôle. D’abord, je ne nie point que le rôle ait un grand sens ; je le prends autrement que vous, voilà tout.
Sganarelle est le vrai père d’Isabelle ; de même qu’Arnolphe, dans L’École des Femmes, en voulant faire d’Agnès une sotte, en fait une fille de sens, qui aura plus de ressources pour lui échapper que son jaloux pour la retenir. […] Mais écrivant pour la comédie, il n’a pas voulu rendre la vérité triste pour la rendre plus forte ; il a donné pour amants aux deux jeunes filles d’honnêtes jeunes gens qui respectent ce qu’ils aiment ; et c’est encore un trait charmant de vérité, qu’elles aient conservé, malgré leurs précepteurs, un sens moral qui rend leurs tromperies innocentes par la pudeur qu’elles savent y garder, et par le mariage qui est au bout. […] Il l’est, à mon sens, en proportion de ce qu’il a péché. […] Elle n’arrive dans la plénitude de son sens qu’aux esprits cultivés et aux doctes ; les autres, ou la contestent, ou ne la comprennent pas. […] Quiconque y apporte du sens et un cœur est compétent.
Chapelle lui répondit : « J’ai résolu de m’en corriger ; je sens la vérité de vos raisons : pour achever de me persuader, entrons ici ; vous me parlerez plus à votre aise. » Il le fit entrer dans un cabaret, et demanda une bouteille, qui fut suivie d’une autre.
Son Misanthrope, est à mon sens, le caractere le plus achevé & le plus singulier qui ait jamais paru sur le theâtre.
Le véritable motif pour lequel il sera bon désormais de s’abstenir de sonder ces matières, c’est qu’on a dit à leur sujet tout ce qu’il y a d’essentiel dans l’un et l’autre sens, et que le public les connaît assez maintenant pour se croire dispensé d’y prêter encore attention. […] Ces idées, je crois pouvoir en répondre, ne sont pas bien éloignées de celles que professe l’auteur de l’article auquel je fais ici allusion et dont, a mon sens, les moliéristes se sont un peu trop émus. […] Gazier, s’est rallié à mon opinion dans l’article où il a reconnu qu’il n’avait pas pris le mot excommunier dans le sens strict, légal, canonique où je l’avais pris, où il faut le prendre ; l’autre est M. […] Ceci dit, on comprendra le sens véritable de ma note du catalogue Bovet. […] C’est une mode aujourd’hui de voir des énigmes là où il n’y en a point, de chercher des sens cachés et des symbolismes dans presque toutes les grandes créations littéraires.
Il avait un autre sens au théâtre, un sens qui s’est perdu dans le substantif, mais qui s’est conservé dans le verbe : « Vous voilà fagoté d’une plaisante sorte ! […] Elle est conforme au sens de la pièce. […] Elle n’est ni dans les données de l’ancien théâtre, ni dans le sens de la pièce de Molière : Quelle valeur a-t-elle donc ? […] Quand il en fausse le sens, c’est à dessein. […] Alfred Lomé à la Comédie-Française ; il provient de la galerie du cardinal de Luynes, archevêque de Sens, mort en 1788.
Mais Le Misanthrope est, en un sens, la plus dramatique des œuvres de Molière. […] Dans un sens le poète est toujours accompagné. […] La mère de famille joue dans les sociétés humaines un rôle éminemment conservateur, non pas conservateur dans le sens étroit du terme, mais dans le sens le plus élevé. […] Aujourd’hui nous attachons à ces deux mots un sens plus moral et plus bourgeois. […] Molière est sur la voie qui devait conduire à lui donner un sens plus étendu et plus profond.
Nos sens facilement peuvent être charmés Des ouvrages parfaits que le ciel a formés. […] Je sens venir les choses.
Berlinguier, qui croyoit lui avoir mis le visage en capilotade, & qui n’en appercevoit aucune marque, la regardoit avec une surprise, qui le faisoit paroître hors de sens. […] Tout le monde s’étant retiré, Berlinguier demeura comme un homme hors du sens, ne sachant s’il avoit songé cela, ou s’il l’avoit fait au pied de la lettre.
L’affectation en cette matière est pire qu’en toute autre, et je ne vois rien de si ridicule que cette délicatesse d’honneur qui prend tout en mauvaise part, donne un sens criminel aux plus innocentes paroles, et s’offense de l’ombre des choses343. » Que le naturel du cœur et de l’esprit soit son charme344. […] Toutefois, en admirant celte puissance d’esprit, cette justesse de sens, cette délicatesse de cœur, cette hauteur de vue qui rendent immortelles les peintures de femmes faites par Molière, le moraliste mettra quelque restriction aux louanges que l’enthousiasme l’entraînerait à donner.
Ici je remarquerai encore une phrase, qui paraît de peu de sens, et à laquelle j’en trouve beaucoup : « Il y a trois ans que le n’aurais pas vu cette délicatesse. […] Les premières impressions que le roi avait faites sur madame Scarron, à son entrée dans Paris, étaient peut-être de celles que la beauté et la jeunesse font sur les sens d’une femme jeune et sympathique ; mais l’auréole de gloire qui environnait cette belle tête de Louis XIV, la douce et noble fierté de son attitude soumirent aussitôt les sympathies physiques aux sympathies morales.
Je sens, à son aspect, redoubler mon courroux : Ma langue se révolte, & n’est plus retenue.
. — Tu as raison, je dois pouvoir te rendre compte de ce que je sens. […] Sans doute l’individu est un, bien qu’il soit composé de facultés diverses, rempli d’idées contradictoires, combattu de passions opposées, et sollicité souvent en sens contraire par sa naissance et par son éducation ; de même la société est une, bien que ses membres soient en lutte d’intérêts, de passions et d’idées les uns contre les autres ; de même aussi l’humanité est une, bien que les peuples qui la composent soient si différents, que la guerre entre eux semble être l’état de nature. […] De même encore que dans un opéra bien fait tout semble l’épanouissement naturel et nécessaire d’un petit nombre de données fondamentales indiquées dans l’ouverture, si bien que par moments l’auditeur pourrait être tenté de croire qu’une pure déduction mathématique a trouvé ce qui ravit ses sens et son âme, telle est aussi l’harmonie d’une pièce telle que Le Misanthrope ou Les Femmes savantes, qu’aucune scène n’y saurait être ajoutée, retranchée, changée, et que l’esprit se refuse absolument à concevoir que les choses eussent pu être autrement qu’elles ne sont. […] Ce fut une succession de toutes les fantaisies qui peuvent charmer et ravir les sens, travestissements, cavalcades, courses de bagues, concerts de voix et d’instruments, récits de vers, festins servis par les Jeux, les Ris et les Délices, ballets, machines, feux d’artifices, illuminations, loteries, collations. […] Ces remèdes peu sûrs, dont le simple vulgaire Croit que vous connaissez l’admirable vertu, Pour les maux que je sens n’ont rien de salutaire ; Et tout votre caquet ne peut être reçu Que d’un malade imaginaire465.
Vos livres éternels ne me contentent pas ; Et, hors un gros Plutarque à mettre mes rabats, Vous devriez brûler tout ce meuble inutile, Et laisser la science aux docteurs de la ville ; M’ôter, pour faire bien, du grenier de céans Cette longue lunette à faire peur aux gens, Et cent brimborions dont l’aspect m’importune ; Ne point aller chercher ce qu’on fait dans la lune, Et vous mêler un peu de ce qu’on fait chez vous, Où nous voyons aller tout sens dessus dessous.
« Je vois, dit Ulysse dans une tragédie de Sophocle, que nous ne sommes que des images vaines ou des ombres légères. » C’est dans ce sens que disait La Bruyère : « Il n’y a point d’année où les folies des hommes ne puissent fournir un volume de caractères. » Ajoutez : et de Comédies. […] Il n’y a pas jusqu’à ce mot-là : un riche, qui n’ait tout à fait changé de sens et d’acception. […] Eh qu’importe, barbares, si mon talent est jeune, et si rien, dans mon art, ne se fait attendre : la voix, le geste, le sens, le sourire, le talent, la gaîté ? […] La langue qu’il parle est si retenue en ses plus vifs emportements, elle a quelque chose de si réservé, même quand elle ose le plus, elle est si bien le langage de la meilleure compagnie, même quand elle passe par la bouche de Frontin ou de Lisette, qu’il est impossible, aux femmes les plus sévères, de ne pas écouter, malgré elles, et même assez volontiers, ces beaux discours fleuris, à rencontre des choses du cœur, ces folles dissertations d’amour, cette éloquence enivrante qui appartient beaucoup plus aux sens et à l’esprit qu’elle ne vient de l’âme. […] Ajoutez à ces folies de la tête et des sens, un sincère courage, une bienveillance inépuisable, et la profonde conviction parmi, ces rois d’un monde croulant, que leur empire leur échappe, et qu’ils ne seront plus, demain, que des victimes.
Son Misanthrope, est à mon sens, le caractere le plus achevé & le plus singulier qui ait jamais paru sur le théâtre.
Les arts, qui n’ont point à s’occuper du sens emblématique des fables, n’ont vu, dans celle de Psyché, que ce qui pouvait les inspirer, c’est-à-dire une foule de sujets gracieux, touchants ou même terribles. […] Ce vers, Peut-être de son art eût remporté le prix, semble prêter à deux sens, l’un relatif, l’autre absolu ; il peut vouloir dire que Molière l’eût emporté sur tous ses rivaux, il peut signifier que Molière eût atteint, dans son art, le comble de la perfection. Ce dernier sens est raisonnable : le premier serait injuste ; et c’est celui qu’a choisi Voltaire, peut-être uniquement pour s’écrier : « Qui donc aura ce prix, si Molière ne l’a pas ?
Que votre diction soit pure, et cherchez avec soin, par de très belles paroles, les pensées nobles, vives, solides et remplies d’un beau sens ! […] Il y avait toute une société éperdue qui appelait vainement les lois à son aide ; il y avait tous les délires des sens, de la tête et du cœur. […] Voilà pour le libertinage des sens. […] les droits de l’histoire, dans ce royaume de France, livré à toutes les corruptions de l’esprit et des sens. […] C’est qu’en effet quelque chose gémit et se plaint au fond de cette gaieté ; c’est qu’une lamentation immense a traversé, sans fin et sans cesse cette raillerie de l’esprit, cet orgueil des sens, cette seigneurie impitoyable et qui va à l’abîme.