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16. (1866) Petite comédie de la critique littéraire, ou Molière selon trois écoles philosophiques « Troisième partie. — L’école historique » pp. 253-354

On se donne de grands coups de sabre ; on se jette des montagnes à la tête avec les arbres qu’elles portent, et les neiges qui couvrent leurs cimes, et les rivières qui coulent à leurs pieds. […] Si vous injuriez les crocodiles, prenez garde : je vous accablerai de la ridicule démarche du cygne quand il sort de l’eau, et qu’il ressemble à nos classiques français dès qu’ils s’écartent du style noble, et je vous jetterai à la tête les jambes de fuseau de l’antilope, aussi minces, aussi ténues, aussi grêles, aussi sèches que notre mesquine poésie de salon, qui n’est, a dit Jean-Paul, qu’une épigramme prolongée. […] Ne comprenant rien, ils censurent tout, détruisent tout pour le recommencer, jettent aux hommes le mépris, la moquerie, l’insulte, et osent faire des reproches à Dieu394. […] Dans Shakespeare, la pensée marché par bonds ; les saillies, les écarts se multiplient ; l’intelligence n’a pas eu le temps de comprendre toute une idée, qu’une nouvelle idée se précipite, pressée par une troisième qui en dévore la moitié ; les yeux sont encore éblouis de l’éclat d’une image, qu’une nouvelle image se jette à la traverse, croisée par une troisième qui les efface toutes deux. […] Armande l’injurie, puis se jette à sa tête ; il essuie poliment l’orage, écarte l’offre avec la plus loyale franchise, et sans essayer un seul mensonge, laisse les spectateurs persuades qu’il n’est pas grossier420.

17. (1772) De l’art de la comédie. Livre troisième. De l’imitation (1re éd.) [graphies originales] « CHAPITRE PREMIER. » pp. 5-19

Comme il faut que la piece finisse, Scapin se jette aux pieds de Pantalon, lui dit que son fils est perdu s’il ne lui accorde Turqueta. […] Les vieillards cherchent entre eux un moyen pour enlever l’esclave au jeune homme ; Epidique se jette entre eux pour leur indiquer ce qu’ils doivent faire. […] Mais il faut savoir que tout cet artifice Ne va directement qu’à vous rendre service ; Que ce conseil adroit, qui semble être sans fard, Jette dans le panneau l’un & l’autre vieillard ; Que mon soin par leurs mains ne veut avoir Célie Qu’à dessein de la mettre au pouvoir de Lélie, Et faire que l’effet de cette invention, Dans le dernier excès portant sa passion, Anselme, rebuté de son prétendu gendre, Puisse tourner son choix du côté de Léandre.

18. (1835) Mémoire pour servir à l’histoire de la société polie en France « Chapitre XXVI » pp. 279-297

» Cette lettre, bien expliquée, jette un grand jour sur l’histoire de madame Scarron ; tâchons donc de l’expliquer clairement. […] Aussi, sa réponse à une consultation faite sur une résolution arrêtée, fut qu’elle pouvait, sans scrupule, se charger de l’éducation secrète des enfants de l’adultère, parce que c’était jeter un voile charitable sur les fautes du roi et de madame de Montespan ; il ne voyait pas que c’était aussi jeter un voile d’officieuse complicité sur une habitude condamnable et contribuer à l’entretenir.

19. (1855) Pourquoi Molière n’a pas joué les avocats pp. 5-15

Et pourtant, à cette époque, la profession d’avocat, naguère illustrée par Lemaistre, jetait assez d’éclat pour attirer les regards; c’était le temps où brillait Patru, l’ami de Boileau, de Racine, de la Fontaine; le temps où la foule se pressait aux plaidoyers de Gaultier, oublié aujourd’hui, mais alors célèbre. […] Jetez les yeux sur les détours de la justice.

20. (1901) Molière moraliste pp. 3-32

Je croyais Jeanneton plus douce qu’un mouton, etc… Alceste, en substituant à un sonnet précieux une chanson quelconque, ne sort d’un excès que pour se jeter dans l’autre ; et la vérité, aux yeux de Molière, est entre les deux. […] Nous comprenons maintenant pourquoi la pupille de Sganarelle, la jeune Isabelle de L’École des maris, viendra se jeter d’elle-même, pour ainsi dire, dans les bras de Valère. […] Molière connaît mieux les raisons qui jettent la plupart des femmes hors du monde : chagrin d’amour, dépit, persécutions d’une marâtre. […] Une petite larme ou deux ; des bras jetés au cou ; un mon petit papa mignon, prononcé tendrement, sera assez pour vous toucher… Quelle simplicité, quel excellent réalisme ! […] Une honnête femme, aux discours d’un galant, n’a que faire de jeter les hauts cris. » Elmire dit justement : Que ce n’est point de là que l’honneur peut dépendre Et qu’il suffit pour nous de savoir nous défendre… « Autant que possible, évitez le scandale », dit encore Molière (et c’est là un conseil d’une portée toute générale où il faudrait se garder de voir une coupable tolérance pour le vice), le scandale ne saurait rien enfanter que de déplorable en soi.

21. (1772) De l’art de la comédie. Livre quatrième. Des imitateurs modernes (1re éd.) [graphies originales] « CHAPITRE XVI. M. DE BEAUMARCHAIS. » pp. 442-462

Don Pedre est incognito à Lisbonne, parcequ’il est amoureux de Constance sœur du Comte & d’Arnest : ce dernier découvre son intrigue, l’attend avec quatre braves & son valet Orcame, lui fait mettre l’épée à la main, & reçoit un coup qui le jette à terre. […] Sir Charles se jette entre le Comte & les valets. […] Un honnête homme lui reproche ses indignes procédés pour Fanni : ils la cherchent ensemble, ils voient sur un chemin écarté un enfant de sept ans, beau comme le jour, qui, la larme à l’œil, leur peint ses besoins, ceux de sa mere & de son grand papa : ils le suivent ; le Lord reconnoît Fanni, se jette à ses pieds, lui demande pardon : elle lui présente son fils & le conduit vers le lit de son pere.

22. (1772) De l’art de la comédie. Livre second. De ses différents genres (1re éd.) [graphies originales] « CHAPITRE XXVIII. Les Caracteres des hommes n’ont pas plus changé que ceux des professions. » pp. 303-311

Leur imagination, prompte à s’échauffer, ne voit pas qu’un Auteur dans un de ces moments d’enthousiasme qui lui dicte une belle phrase, une phrase sonore, jette sur le papier, sans scrupule & sans réflexion, une pensée qu’il ne risqueroit point ou qu’il détailleroit s’il traitoit à fond de l’art dont il ne parle qu’en passant. […] Il est fort beau sans doute, & jette quantité de feux.

23. (1848) De l’influence des mœurs sur la comédie pp. 1-221

Le plus souvent même, il jette du ridicule sur les personnages raisonnables de ses pièces qui devaient au moins, par leurs réflexions, flétrir la licence de ces mœurs. […] C’est pour avoir trop perdu de vue cette importante vérité que tant d’auteurs se sont fourvoyés, qu’ils ont négligé l’étude des mœurs et se sont jetés dans la comédie romanesque, sentimentale et larmoyante. […] C’est quelque sort qu’il faut qu’il ait jeté sur toi, Et tu seras cent fois plus heureuse avec moi. […] Couvrez ce sein que je ne saurais voir, il y jetait les yeux à la dérobée avec une expression de concupiscence. […] Qu’il jette en entrant son chapeau, d’accord ; il le faut bien, puisque Orgon doit le saisir par les deux bras au moment où il les étend vers Elmire.

24. (1802) Études sur Molière pp. -355

Avant de déterminer la manière de les rendre, ne serait-il pas à propos de jeter un coup d’œil sur leurs traits les plus frappants ? […] vous vous êtes trompés. » Après avoir dit ces paroles avec une fausse douceur, il s’alla jeter, avec un zèle encore plus faux, aux pieds de son ennemi, et les lui baisant, il lui demanda pardon. […] Secondement, est-ce lorsqu’un exploit jette une famille dans la plus grande désolation, qu’une soubrette, attachée à ses maîtres, doit plaisanter avec l’huissier qui le signifie ? […] et lorsque vous jetez jusqu’à votre manteau, la présence seule du mari empêche qu’on ne crie : baissez la toile. […] , et à la suite duquel les convives, pris de vin, résolurent d’aller se jeter dans la rivière, autant pour se débarrasser, disaient-ils, d’une vie toujours orageuse, que pour avoir le plaisir de mourir ensemble.

25. (1900) Quarante ans de théâtre. [II]. Molière et la comédie classique pp. 3-392

Un murmure d’indignation s’est élevé : Jeter du fromage ! […] Les commentateurs jettent en note en bas de la page : Essuyer la cervelle, locution forcée et vicieuse. […] Il l’a jetée tout d’une haleine avec une rapidité et un nerf de débit, qu’on ne saurait trop admirer. […] Ils ne sont fâcheux que parce que le hasard les jette à la traverse d’un rendez-vous d’amour. […] » Mme Arnould-Plessy, jette la phrase avec un ton de sécurité triomphante qui est vraiment admirable.

26. (1801) Moliérana « [Anecdotes] — [15, p. 45-46] »

Un de ses domestiques prit un cahier de cette traduction pour faire des papillotes : Molière qui était facile à irriter, fut si fâché de ce contre-temps, que dans sa colère il jeta le reste au feu.

27. (1801) Moliérana « [Anecdotes] — [66, p. 102-103] »

Elle est de Chapelle* :   Puisqu’à Paris on dénie   La terre après le trépas,   À ceux qui, durant leur vie,   Ont joué la comédie, Pourquoi ne jette-t-on pas Les bigots249 à la voirie ?

28. (1840) Le foyer du Théâtre-Français : Molière, Dancourt, I pp. 3-112

Il jeta les yeux autour de lui, disposé à reconnaître la faveur du roi, en faisant la guerre aux ridicules et aux vices de son temps. […] Comme dut être heureux, s’il assistait à cette représentation, le vieillard du parterre qui avait jeté naguère à notre auteur une si encourageante apostrophe ! […] Leur faire du bien, c’est comme si on jetait son argent dans un puits. […] Certaines personnes timorées ont pensé que les railleries jetées sans cesse par la comédie à la tête des maris trompés, dégradait l’institution du mariage. […] Jetez un lambeau de pourpre sur un cadavre, vous n’empêcherez pas la corruption.

29. (1801) Moliérana « [Anecdotes] — [18, p. 48] »

Les dévotes jetèrent les hauts cris, et le parlement défendit de jouer cette comédie.

30. (1801) Moliérana « [Anecdotes] — [85, p. 129-130] »

Comme cet ancien Gille ressemble à beaucoup de Gilles modernes, nous allons citer le portrait qu’en fait l’auteur du Misanthrope : C’est de la tête aux pieds, un homme tout mystère, Qui vous jette en passant un coup d’œil égaré, Et sans aucune affaire est toujours affairé.

31. (1772) De l’art de la comédie. Livre troisième. De l’imitation (1re éd.) [graphies originales] « CHAPITRE XXII. » pp. 426-435

Si je te disois qu’il faut que ma fille se jette du haut d’une tour en bas, ou qu’elle courre le monde, comme faisoit l’Infante Urraca, tu aurois raison de te fâcher ; mais si, dans trois pas & un saut, je fais tant qu’on la nomme Madame, & si je la tire du chaume, pour la faire asseoir sous un dais, & sur plus de carreaux de velours, que tous les Almoades de Maroc n’en ont eu en tout leur lignage, pourquoi ne veux-tu pas être de mon avis ? […] On ne jette les yeux qu’en passant sur les pauvres, & on les arrête sur les riches ; si le riche étoit autrefois pauvre, on ne fait que murmurer & en médire, & le pis est que, quand on a commencé, on ne finit point. . . . .

32. (1881) Molière et le Misanthrope pp. 1-83

Ce mot ne jette-t-il pas un jour nouveau sur cette vie de La Bruyère si hermétiquement fermée jusqu’aujourd’hui ? […] … Or, il existe une seconde édition de la lettre ; mais il s’y trouve une légère variante de la phrase qui jette un si grand jour sur les mœurs et les habitudes de La Bruyère, et cette variante, qui est la bonne leçon, la voici : Quant aux circonstances du Passé…, etc. […] La leçon que Molière s’est proposé de donner dans son chef-d’œuvre, nous la chercherons tout à l’heure : mais il parait évident, tout d’abord, qu’il a voulu y peindre la société, disons même la bonne société : et son génie d’auteur comique l’a tout naturellement porté à jeter dans cette société, pour en mettre en relief les côtés bons ou mauvais, l’homme le moins capable d’y vivre ; ce caractère insociable, c’est Alceste. […] — Et si nous ne pouvons consentir à cet excès de franchise, sommes-nous prêts du moins à nous les entendre jeter au nez sans nous fâcher ? […] D’accord ; mais lui-même est pour beaucoup dans son malheur, Molière ne veut pas que nous l’oubliions, et pas plus qu’il n’entend nous faire pleurer quand il jette Arnolphe aux pieds d’Agnès, il ne veut nous indigner ni nous gonfler le cœur de pitié, lorsqu’au quatrième acte il met Alceste et Célimène aux prisés.

33. (1850) Histoire de la littérature française. Tome IV, livre III, chapitre IX pp. 76-132

Ils y jetaient ensuite des personnages de convention, lesquels n’appartenaient aux situations et n’en dépendaient par le lien d’aucun caractère marqué. […] Pourquoi encore cette fable de son duel avec Alcippe, qu’il a percé, dit-il, de deux coups d’épée et jeté sur le carreau, et qui entre au moment même où le menteur le donnait pour mort7 ? […] Il lui met dans la main une pierre, qu’elle promet de jeter au galant ; la pierre est jetée, mais enveloppée d’une lettre. […] La scène du sonnet, si fameuse, est doublement l’effet de son caractère, par la façon dont il y est jeté, et par la façon dont il en sort. […] Il est fort beau sans doute, et jette quantité de feux.

34. (1801) Moliérana « Préface »

On le suivra avec plaisir au milieu de la société, où il épie les ridicules pour les mettre en scène, et on le verra avec peine, dans l’intérieur de sa maison, tourmenté par une femme acariâtre et galante en même temps, qui jeta le dégoût et l’amertume sur ses jours, et les abrégea.

35. (1772) De l’art de la comédie. Livre quatrième. Des imitateurs modernes (1re éd.) [graphies originales] « CHAPITRE XVIII. M. GOLDONI. » pp. 468-479

(Il jette une grosse bourse sur la table.) […] Elle les surprend dans le temps qu’ils se peignent tous les chagrins d’un amour traversé ; elle jette feu & flamme contre eux ; elle est furieuse, elle les accable de reproches ; ils se croient perdus.

36. (1836) Une étude sur Molière. Alceste et Célimène (La Revue de Bordeaux et Gironde unies) pp. 65-76

— Pour arriver à son but, il jette dans une société polie et corrompue, un homme au cœur droit et haut placé, aux allures brusques et franches; un homme qui fait contraste avec tout ce qui l’entoure : Alceste, le misantrope, en un mot. […] Le rire des salons, cette arme défensive des préjugés, s’exerce contre tout ce qui n’est pas jeté dans le moule commun.

37. (1772) De l’art de la comédie. Livre troisième. De l’imitation (1re éd.) [graphies originales] « CHAPITRE V. » pp. 71-105

Otez donc à vos feux ce qu’ils en font paroître, Méritez les regards que l’on jette sur eux ; Et lorsqu’on vous oblige à vous tenir heureux, Ne vous obstinez point à ne pas vouloir l’être. […] La Princesse jette les vains ornements de son sexe, & demande à s’armer pour aller combattre auprès de Don Rodrigue, qu’elle regarde comme son époux. […] Arlequin s’avance, se jette sur la lettre, veut l’arracher des mains de Florente, & n’en enleve qu’une partie en fuyant. […] Puisque je m’engage à te faire avouer toi-même ton injustice, tu dois promettre non seulement de n’aspirer plus à ma main, mais de renoncer pour toujours à mon cœur, d’oublier que tu m’aies connue, de ne plus me regarder, & de ne pas prétendre que je jette les yeux sur toi...

38. (1824) Notice sur le Tartuffe pp. 91-146

Horace et Virgile, en célébrant les bienfaits de la vieillesse d’Auguste, ont jeté un voile de gloire sur les forfaits de la jeunesse d’Octave, de même que Molière et Despréaux ont élevé la renommée du jeune monarque, protecteur des lettres et vainqueur de l’étranger, au-dessus des faiblesses du vieux roi ordonnant les dragonnades, et tournant, à la voix d’un prêtre, le fer de ses soldats contre la conscience de ses sujets. […] Dans les observations qu’il publia sur cette dernière pièce, il débute avec le ton patelin et la fausse modération de ses pareils ; mais il ne peut retenir longtemps la colère qui l’étouffe, et il se jette comme le tigre sur la proie qu’il veut dévorer. […] La foule, irritée de voir maltraiter son idole, se précipite sur l’agresseur ; elle est sur le point de le mettre en pièces ; mais l’hypocrite se jette au-devant de lui comme s’il voulait parer les coups ; il le relève, il le console, il le couvre d’embrassements ; et, s’adressant au peuple : « Je suis le méchant, s’écrie-t-il, je suis le pécheur, je suis celui qui n’a jamais rien fait d’agréable aux yeux de Dieu. […] Ainsi, quand Orgon, éclairé sur la scélératesse du misérable qu’il a recueilli, se jette, comme tous les fanatiques, dans un autre extrême, et s’écrie : C’en est fait, je renonce à tous les gens de bien ! […] Lemercier dans son Cours de Littérature ; quelle délectation cruelle à se retracer la mort d’un homme de génie, qui expira non sur la scène, mais dans les bras de deux religieuses, sœurs de la charité, dont il avait toujours pris soin, qui furent inconsolables de sa perte, et qui se jetèrent en pleurant aux pieds des gens d’église pour en obtenir une sépulture refusée à leur bienfaiteur !

39. (1801) Moliérana « [Anecdotes] — [50, p. 83-85] »

La femme de Molière alla sur-le-champ à Versailles, se jeter aux pieds du roi, pour se plaindre de l’injure que l’on faisait à la mémoire de son mari, en lui refusant la sépulture.

40. (1801) Moliérana « [Anecdotes] — [90, p. 134] »

Le respect qu’elle inspire aux gens du monde comme aux gens de lettres n’empêche pas qu’on jette son corps à la voirie.

41. (1772) De l’art de la comédie. Livre premier. De ses différentes parties (1re éd.) [graphies originales] « CHAPITRE PREMIER. Du Choix d’un Sujet. » pp. 25-38

La fausse Lucile lui a fait promettre qu’il ne s’alarmeroit pas des feintes marques d’amitié qu’elle donneroit à Eraste ; aussi, loin d’être piqué du billet qu’on lui montre, il fait un grand éclat de rire, sort d’un air triomphant, & jette par là dans le plus grand désespoir celui qui vouloit le désespérer lui-même. […] On comprend dans quel trouble cette nouvelle résolution jette Ascagne, qui s’écrie : Ah, ma sœur !

42. (1811) Discours de réception à l’Académie française (7 novembre 1811)

La révolution le jeta dans un état voisin de l’indigence. […] Au premier coup d’œil jeté sur les œuvres de Molière, qui peut méconnaître le siècle où il a vécu ?

43. (1863) Molière et la comédie italienne « Chapitre V. Le théâtre des Gelosi (suite) » pp. 81-102

Oratio l’accueille à coups de poing et le jette hors du théâtre. […] De crainte que de nouvelles mésaventures ne se jettent à la traverse de notre bonheur, nous nous marierons ce jour même, si vous en êtes contente.

44. (1835) Mémoire pour servir à l’histoire de la société polie en France « Chapitre XXI » pp. 220-221

Dans une boutade il avait dit qu’il faudrait jeter dans la rivière les faiseurs de satires : paroles que Boileau a parodiées dans ces vers que j’ai déjà cités :                           Et tout n’irait que mieux Si de ces médisants l’engeance tout entière Allait la tête en bas rimer dans la rivière.

45. (1874) Leçon d’ouverture du cours de littérature française. Introduction au théâtre de Molière pp. 3-35

Paix et Miséricorde se jetèrent à ses pieds; Justice et Vérité plaidèrent contre Paix et Miséricorde, en suite de quoi Dieu déclara que, pour racheter le crime commis, il fallait qu’il se trouvât un homme sans péché, qui consentît à souffrir les tourments et le supplice pour le salut de l’humanité. […] Les serviteurs de Joachim, à cette nouvelle, expriment leur joie, à laquelle, dans leur chant alternatif, ils associent assez poétiquement la nature entière : Les pastourelles chanteront, Pastoureaux jetteront œillades Les Nymphes les écouteront, Et les Dryades danseront Pan viendra faire ses gambades, Revenant des champs Elysées ; Orpheus fera ses sonnades ; Lors Mercure dira ballades, Et chansons bien autorisées. […] Les scènes de la Passion, la Sainte Famille, le mariage de la Vierge, l’Annonciation des anges aux bergers, l’adoration des Mages, les Noces de Cana, les vendeurs chassés du Temple, Pilate se lavant les mains, le Reniement de Saint-Pierre, l’incrédulité de Saint-Thomas, voilà, avec bien d’autres sujets analogues, sur quoi s’exerçait, vous le savez, le talent des Giotto (né en 1366), des Fra Angelico, des VanDyck, des Zemling, des Mantegna, des Luc de Cortone, des Pérugin (15e siècle), ces maîtres renommés, dont les travaux jettent de l’éclat sur le moyen-âge à son couchant. […] Je ne voudrais pas, Messieurs, me jeter dans des considérations historiques, qui ne sont pas de mon domaine, et où vous avez d’ailleurs pour guider, bien plus compétent et bien plus sûr, le jeune et très distingué professeur4 qui m’a précédé dans cette chaire; toutefois il importait de marquer le point précis où liait et commence à se développer chez nous le spectacle dramatique.

46. (1853) Histoire de la littérature dramatique. Tome II « Chapitre VI » pp. 394-434

jetez-vous, à corps perdu, dans les bras de la fée lumineuse embrassez-la, qu’elle vous aime, vous encourage et vous console ! […] Elle l’a redemandée, non pas de cette voix banale et prévue à l’avance qui s’élève dans la salle, en même temps que tombe le lustre, comme si le lustre voulait jeter sa lumière blafarde sur ces faux enthousiastes, mais elle a été redemandée nettement, d’une voix unanime, comme jamais je n’ai entendu redemander personne. […] Elle mourut le 24 mars 1847, et le lendemain de ce jour de deuil le Feuilleton jetait ses dernières couronnes sur cette femme à jamais célèbre. […] La fille du comédien avait abrité son berceau à l’ombre du berceau de la princesse royale… Bientôt l’orage était venu qui avait jeté dans ces prisons du Temple, le roi, la reine et la princesse de Versailles, pendant que la petite Monvel, qui était leur pensionnaire, commençait sa douce vie par des chansons. […] Cette femme nous a amusés pendant cinquante ans, nous n’avons pas de temps à perdre à ramasser les cendres éteintes de ce flambeau qui a jeté son feu sur nos plus belles soirées d’hiver.

47. (1899) Salut à Molière, dit par Coquelin cadet, le soir du 15 janvier, pour le 277e anniversaire de la naissance de Molière, sur la scène de la Comédie-française pp. 3-8

Son amère satire, sans cesser de sourire et de rire, se jette dans la mêlée, s’attaque aux charlatans, aux parvenus, aux vaniteux du jour, aux vices fonciers de l’homme et de la femme.

48. (1746) Notices des pièces de Molière (1661-1665) [Histoire du théâtre français, tome IX] pp. -369

Il a un ami sage et sincère, dont il se défie, et une maîtresse dont il est tendrement aimé, sur laquelle il ne daigne pas jeter les yeux ; au contraire, il a mis toute sa confiance dans un faux ami, qui est le plus indigne homme qui respire, et il a donné son cœur à la plus coquette et à la plus perfide de toutes les femmes. […] Molière, qui a senti ce défaut de bienséance, a imaginé, en corrigeant son original, un coup de théâtre merveilleux ; au lieu d’une bourse et d’une ceinture, la pupille donne à son amant une boîte d’or, dans laquelle est une lettre qu’elle vient de lui écrire ; elle fait accroire à son tuteur que le jeune homme la lui a jetée dans sa fenêtre, et lui persuade encore de reporter lui-même la boîte et la lettre sans la lire. […] Le prince, revenu de l’étonnement où l’a jeté le discours de la princesse, lui répond : [*] Qu’il admire la conformité de leurs sentiments, puisqu’il vient d’éprouver un changement tout semblable ; qu’autorisé par son exemple, il va lui rendre confidence pour confidence, et qu’une des princesses ses cousines, l’aimable et belle Aglante, a triomphé de son cœur. […] « Voilà la surprise de théâtre à laquelle le spectateur ne s’attendait pas, mais qu’il aurait souhaité pour venger le prince qui l’intéresse et jeter la princesse dans la confusion, en la punissant de sa dureté et de sa coquetterie. […] Sur cela, le père la presse de terminer le mariage, mais la princesse, pour s’épargner la confusion où la jette l’aveu qu’elle vient de faire, lui demande du temps d’y penser, et la pièce finit.

49. (1772) De l’art de la comédie. Livre quatrième. Des imitateurs modernes (1re éd.) [graphies originales] « CHAPITRE XII. M. COLLÉ. » pp. 354-380

Ils rencontrent un Bûcheron qui les prend pour des voleurs, se jette à genoux, leur demande la vie, & leur sert ensuite de guide pour les conduire à Lieursain. […] Henri releve tout le monde avec bonté : il jette un regard menaçant sur Concini, lui montre Agathe, lui reproche son crime. […] Ceux-ci parlent, en attendant, de leurs amours : Sophie fait entendre qu’elle a tout accordé au Chevalier : il est honnête homme, & n’en desire que plus d’être uni à sa généreuse amante ; il se jette à ses pieds pour l’en assurer.

50. (1867) La morale de Molière « CHAPITRE XI. De la Religion. Principe et Sanction de la Morale de Molière. » pp. 217-240

Quant à la sublime humilité du repentir, aux trésors de la miséricorde divine, avec quelle grandeur et quelle douceur ces choses sont encore exprimées par done Elvire à don Juan : « Je sais tous les dérèglements de votre vie ; et ce même ciel, qui m’a touché le cœur et fait jeter les yeux sur les égarements de ma conduite, m’a inspiré de vous venir trouver758, et de vous dire de sa part que vos offenses ont épuisé sa miséricorde, que sa colère redoutable est prête de tomber sur vous, qu’il est en vous de l’éviter par un prompt repentir, et que, peut-être, vous n’avez pas encore un jour à vous pouvoir soustraire au plus grand de tous les malheurs. […] Je ne doute point que les gens que je peins dans ma comédie ne remuent bien des ressorts, et ne jettent dans leur parti de véritables gens de bien, qui sont d’autant plus prompts à se laisser tromper qu’ils jugent d’autrui par eux-mêmes. […] Enfin, après une réfutation minutieuse des vingt-six arguments par lesquels l’épicurisme essaie de prouver que l’âme est mortelle, réfutation qui n’occupe pas moins de vingt-sept colonnes in-folio, Gassendi ajoute que son but n’est pas d’apporter à la foi, qui n’en a pas besoin, le secours des lumières de la raison, mais de montrer à ceux qui ferment les yeux pour ne point voir cette lumière, et qui attribuent une haute sagesse aux adversaires de l’immortalité, qu’ils se jettent non-seulement en dehors de la foi, mais aussi en dehors de la saine raison.

51. (1835) Mémoire pour servir à l’histoire de la société polie en France « Chapitre XXXVII et dernier » pp. 442-475

Cette mort, la retraite pieuse qui l’avait précédée, et qui rappelait celle de madame de La Vallière, l’âge, la réflexion dont le roi prenait l’habitude avec madame de Maintenon, le jetèrent dans une tristesse profonde et suspendirent le cours de ses dérèglements. […] Le 10 septembre, elle écrivait de Fontainebleau à madame de Saint-Géran : « Madame de Montespan s’est jetée dans la plus grande dévotion ; il est bien temps qu’elle nous édifie. […] Madame de Maintenon jetait souvent ses regards vers ses anciennes amies ; elles avaient toujours les yeux sur madame de Maintenon.

52.

D’autres, surenchérissant, rapportèrent que le fauteuil, jeté par une fenêtre, s’était cassé un bras dans sa chute et avait été rapporté manchot à la rue Richelieu. […] La magistrature et le barreau personnellement attaqués avaient jeté des cris d’indignation et demandaient dans quel moment d’erreur ou de folie l’auteur avait pu offrir à Floridor, Floridor avec ses camarades accepter cette farce criminelle ? […] À cette époque, il s’en fallait encore de deux ans que Perrault le jetât par terre pour se faire, sur la place nette, les chantiers de construction de la colonnade du Louvre. […] L’entrepreneur n’avait conservé que la rampe de fer postérieure à Corneille, et qui date du xviie  siècle, et il avait jeté ou brûlé, comme trop vieille et vermoulue, la rampe de bois que Corneille avait touchée. […] » Çà et là quelques mots sont jetés sur Paris, bien brefs, bien discrets, et qui ne nous révèlent pas grand-chose.

53. (1885) Études sur la vie et les œuvres de Molière pp. -461

Le sort en était jeté pour Jean-Baptiste Poquelin. […] Que fait, en effet, don Juan, aussitôt après qu’il a jeté son louis au Pauvre, avec cette parole ? […] Un pauvre tend son chapeau à la portière ; il y jette une pièce de monnaie et n’y pense plus. […] L’abbé Roquette, jeté par la fenêtre de la chambre, était homme à rentrer par la porte de la chapelle, et c’est ce qui semble être arrivé. […] Alors, en désespoir de cause, en désespoir de médisance, ils se jetèrent dans la calomnie et s’armèrent de tous ses venins.

54. (1852) Molière, élève de Gassendi (Revue du Lyonnais) pp. 370-382

De la traduction d’Hénault, il n’est resté que l’invocation à Vénus, l’auteur, avant de mourir l’ayant fait jeter au feu par scrupule religieux. […] Molière qui était facile à s’indigner fut si piqué de la destinée de son cahier de traduction que, dans sa colère il jeta sur le champ le reste au feu.

55. (1853) Histoire de la littérature dramatique. Tome II « Chapitre V. Comment finissent les comédiennes » pp. 216-393

Cette fois, il oublia de moucher les chandelles, ou, pour mieux dire, il jeta les mouchettes par terre et il les foula aux pieds. […] l’infortuné perd le fil de sa douce gaieté ; et il se jette à tête perdue, dans les cent mille détours de ses diverses comédies ! […] Pourquoi copier ces tableaux sur lesquels, l’instant d’après il vous faudra nécessairement jeter un voile ? […] Quelle gaieté jetée à pleines mains comme l’esprit ! […] Gros-René, qui se jetait si bien aux genoux de Mari nette ?

56. (1801) Moliérana « [Anecdotes] — [29, p. 54-59] »

Saisissons le moment qui nous fasse le plus d’honneur ; sur les huit à neuf heures du matin, bien à jeun, et devant tout le monde, nous irons nous jeter dans la rivière, la tête la première.

57. (1879) Les comédiennes de Molière pp. 1-179

Parce qu’elle voulait chasser le nuage que la calomnie jetait déjà au ciel de Molière en l’accusant d’épouser sa fille, lui l’ancien amant de Madeleine Béjart. […] Combien de fois il a dû se jeter avec effusion dans les bras de Mlle de Brie, après avoir refroidi son sein à cette cuirasse d’acier qui s’appelait Armande ; et il était trop philosophe et trop humain pour ne pas comprendre la loi fatale de l’amour. […] On appelait cela jeter son feu. […] Heureusement, grâce à la forte en gueule de la troupe qui jette un regard furieux sur les fâcheux, le • voilà qui rentre en lui-même et s’en va, s’effaçant peu à peu parmi les moins bruyants. […] Un soir, au sortir du théâtre, Dancourt se jeta sur son passage et, sans autre préambule, il l’enleva, littéralement parlant, pendant que La Thorillière, père de la comédienne, discutait avec Baron.

58. (1835) Mémoire pour servir à l’histoire de la société polie en France « Chapitre XXV » pp. 259-278

Il est, ce me semble, curieux de savoir comment l’autorité de la société polie, la considération qu’elle donnait aux personnes qu’elle distinguait, celle qu’elle en recevait, celle qu’y sut acquérir madame de Maintenon, parvinrent, à l’aide des agréments personnels et par la conversation de cette femme célèbre, à opérer un changement total dans les mœurs de la cour ; changement qui eut été trop heureux si l’ambition des ministres n’eut jeté l’esprit du roi dans une extrémité opposée ; je veux dire dans l’aveugle dévotion. […] Je crois, au contraire, et la suite apprendra qui d’Auger ou de moi a raison, que madame de Scarron a plu très sensible me ni au roi dans sa première visite ; que le compliment qu’il lui adressa non seulement fut sincère, mais même inspiré par une secrète inclination pour elle, et fut une première amorce, jetée par des espérances confuses de possession plus ou moins prochaine, à un cœur qu’il jugeait disposé à lui céder.

59. (1772) De l’art de la comédie. Livre troisième. De l’imitation (1re éd.) [graphies originales] « CHAPITRE XVII. » pp. 323-356

Mercure, du haut de la maison, l’en empêche, lui dit des injures, lui jette des tuiles, lui défend de troubler la tranquillité d’Amphitrion qui goûte dans les bras d’Alcmene tous les plaisirs d’un raccommodement. […] Sosie se jette du parti de Jupiter, & soutient que son maître est un faux Amphitrion. […] Voilà encore une scene qui n’est pas dans Plaute, que les amateurs de l’antiquité ont critiquée par cette raison même, & que nous devons estimer, comme la derniere du premier acte, pour le plaisant & la variété qu’elles jettent dans la piece.

60. (1882) M. Eugène Sauzay et Molière (Revue des deux mondes) pp. 207-209

Personne plus que cet homme d’esprit, le plus aimable et le plus abominable des directeurs, ne s’entendait à éconduire un solliciteur. « Je vous conseille, monsieur, répondait-il un jour à Maillart, d’aller, en sortant d’ici, vous jeter par la fenêtre d’un cinquième étage, vous et votre partition.

61. (1772) De l’art de la comédie. Livre premier. De ses différentes parties (1re éd.) [graphies originales] « CHAPITRE XXIV. Des Tableaux. » pp. 422-425

Outre le froid insupportable qu’il jette par là dans l’action, je crois voir le peintre d’un tableau informe obligé de mettre au bas de la toile le nom de toutes les choses qu’il a voulu peindre.

62. (1800) De la comédie dans le siècle de Louis XIV (Lycée, t. II, chap. VI) pp. 204-293

Le pauvre Alain ne doit pas être bien fort sur les définitions morales ; cependant la jalousie ne lui est pas inconnue, et, n’en sachant pas assez pour en expliquer le principe, il se jette au moins sur les effets qu’il en a vus; et comme le plus sensible de tous, c’est qu’un jaloux écarte tout le monde autant qu’il peut, ce qui lui vient d’abord à l’esprit après qu’il a bien cherché, c’est cette idée dont on ne peut s’empêcher de rire par réflexion, que la jalousie est une chose qui chasse les gens d’autour d’une maison, ce qui est très-vrai en soi-même, pas mal trouvé pour Alain, et fort bien exprimé à sa manière. […] II introduit sur la scène une Précieuse, qui en arrivant se jette sur un fauteuil, prête à s’évanouir d’un mal de cœur affreux, pour avoir vu cette méchante rapsodie de l’Ecole des Femmes. […] Le peuple irrité se jette sur l’imprudent gentilhomme, et le maltraite au point de le mettre en danger de la vie, si Montafer, saisissant en habile coquin l’occasion de jouer une nouvelle scène, plus capable que tout le reste de le faire canoniser par la multitude, ne se jetait au-devant des plus emportés, et ne prenait la défense de son accusateur. Il faut entendre ici Scarron: on jugera mieux l’usage que Molière a fait de ce morceau : « Il le releva de terre où on l’avait jeté, l’embrassa et le baisa, tout plein qu’il était de sang et de boue, et fit une réprimande au peuple. […] Après avoir dit ces paroles avec une fausse douceur, il s’alla jeter, avec un zèle encore plus faux, aux pieds de son ennemi, et les lui baisant, il lui demanda pardon. » Voilà précisément les actions et le langage de Tartufe lorsqu’il défend Damis contre la colère de son père, et qu’il se met à genoux en s’accusant lui-même et se dévouant à tous les châtiments possibles.

63. (1696) Molière (Les Hommes illustres) « JEAN-BAPTISTE POQUELIN. DE MOLIERE. » pp. 79-80

Il s’attacha à jeter du ridicule sur ces deux vices, ce qui a eu un effet beaucoup au-delà de tout ce qu’on pouvait en espérer.

64. (1835) Mémoire pour servir à l’histoire de la société polie en France « Chapitre XVI » pp. 188-192

Sur qui jettera-t-il les yeux ?

65. (1866) Petite comédie de la critique littéraire, ou Molière selon trois écoles philosophiques « Première partie. — L’école dogmatique — Chapitre III. — Du drame comique. Méditation d’un philosophe hégélien ou Voyage pittoresque à travers l’Esthétique de Hegel » pp. 111-177

Rompre sans cesse le développement rationnel d’un roman tragi-comique, commencer arbitrairement, continuer et finir de même, jeter au hasard, pêle-mêle, sans suite, une foule d’images, de sentiments et de saillies : voilà le programme qu’il suit et qu’il nous propose. […] Schiller dans ses Brigands, Goethe dans son Gœtz de Berlichingen, les romanciers dans leurs romans, ont repris le thème développé dans Don Quichotte, et rien n’est plus propre à jeter du jour sur la vraie nature du comique, que la comparaison de leurs œuvres avec celle de l’auteur espagnol. […] À partir du moment où les lois, dans leur forme prosaïque, se sont constituées et commencent à prévaloir, l’aventureuse liberté des personnages chevaleresques se trouve jetée en dehors des mœurs, et si elle ne renonce pas à sa mission céleste de faire régner la justice, de venger les opprimés, de défendre les orphelins, les filles et les veuves, elle tombe dans le ridicule, et finit en prison ou à l’hôpital234. […] En effet, le personnage ne peut embrasser aucun intérêt général important, capable de le jeter dans une collision grave ; et, lorsqu’il embrasse un pareil intérêt, il laisse seulement voir dans son caractère que, quant à la chose en elle-même, il y tient peu, et qu’il a déjà réduit à rien ce qu’il paraît vouloir réaliser dans son œuvre. […] Pour se faire une idée nette de la forme particulière de l’ordre social, qui est accessible aux représentations de l’art, on n’a qu’à jeter un coup d’œil sur celle qui lui est opposée.

66. (1835) Mémoire pour servir à l’histoire de la société polie en France « Chapitre XXXII » pp. 355-377

L’effroi ou la honte que ces prédications parurent jeter dans l’âme des deux amants, furent plus forts et plus déterminants en 1675 qu’ils ne l’avaient été dans les années précédentes, où les carêmes n’avaient pas été prêches avec moins de véhémence, et où les vérités de la religion n’avaient pourtant rien obtenu. […] L’année suivante n’amènera pas encore le dénouement de ce drame, mais y jettera des incidents propres à en ranimer l’intérêt.

67. (1863) Histoire de la vie et des ouvrages de Molière pp. -252

Enfin, comme pour jeter de l’huile sur ce brasier ardent et en allumer un nouveau, il s’attache à la jeune Béjart. […] La tâche était facile ; mais ce qui ne l’était pas autant, c’était de jeter quelque intérêt sur une discussion toute personnelle. […] Au moment où le cocher fouettait les chevaux, Molière jeta une pièce de monnaie à un pauvre qui lui demandait l’aumône. […] Grimarest a prétendu que Molière, furieux contre son libraire, en fit jeter au feu tous les exemplaires. […] Le mari, repentant et toujours amoureux de sa femme, revient se jeter à ses pieds.

68. (1821) Scène ajoutée au Boulevard Bonne-Nouvelle, pour l’anniversaire de la naissance de Molière pp. -

Yes… Et elle avait jeté au feu les dix premiers volumes d’un petite roman dont le libraire de London il offrait six mille guinées… et je devais payer les dettes à moi avec le roman de ma tante.

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