Quand un auteur n’a pas déclaré lui-même son ouvrage allégorique, on n’est pas autorisé à le supposer tel, par quelques rapprochements arbitraires ; et même quand if donne son ouvrage pour allégorique, il a seul le droit d’en donner la clef. […] Voici d’autres exemples fort remarquables de fausses applications, dans Les Femmes savantes : Charpentier, directeur perpétuel de l’Académie française, et l’un des fondateurs de l’Académie des inscriptions, le même que Louis XIV avait chargé des inscriptions à mettre sous les peintures de Versailles, et de la composition des médailles de son règne, le même que Boileau appelle le gros Charpentier, s’avisa de dire un jour, ou du moins le Carpenteriana lui fait dire que la marquise de Rambouillet s’était indignée de l’impertinence de Molière, qui avait joué les femmes de sa société et elle-même dans Les Femmes savantes, et que Ménage, à qui elle demandait vengeance, avait eu le courage de déclarer la pièce un ouvrage parfaitement beau, au-dessus de tout reproche et de toute critique.
Quand Goethe déclare que « Klopstock n’avait aucun goût, aucune disposition pour voir, saisir le monde sensible, et dessiner les caractères », quand il trouve ridicule cette ode où le poète suppose une course entre la Muse allemande et la Muse britannique, quand il ne peut supporter « l’image qu’offrent ces deux jeunes filles courant à l’envie à toutes jambes et les pieds dans la poussière » : à ce moment-là Goethe est moins content, moins heureux, il jouit moins du plaisir de vivre, du bonheur de sentir que madame de Staël, qui traduit avec enthousiasme cette même ode, et déclare fort heureux tout ce que Goethe trouve ridicule.
Les trois Princes ont préparé des courses & des fêtes magnifiques dans l’espoir de mériter la main de la Princesse ; mais elle déclare à son pere que l’hymen lui déplaît, que ce seroit lui donner la mort que la forcer à prendre un époux. […] Don Carlos déclare son amour, & le fait si vivement, que la Princesse croit l’avoir vaincu : elle est satisfaite, retire sa main que le Prince tenoit, & le traite avec la plus grande fierté. […] Un Chevalier Gascon est l’amant déclaré d’une Marquise.
J’ose penser que si le public ne croit pas dans la premiere scene voir autant le Philanthrope que le Misanthrope, ce n’est ni au titre ni à l’annonce que l’Auteur en a l’obligation : c’est encore moins à la précaution de mettre dans la bouche d’Alceste des raisons triomphantes & de faire de Philinte un sot ; de bien plaider la cause du Misanthrope, de mal plaider celle du prétendu Philanthrope ; mais à l’adresse de différencier les deux rôles sans les faire contraster, puisqu’Alceste est l’ennemi déclaré du genre humain, & que Philinte, loin d’être l’ami déclaré des hommes, les plaint sans les aimer, souffre leurs défauts uniquement par la nécessité de vivre avec eux, & l’impossibilité de les rendre meilleurs.
Le Duc Octave arrive avec son valet, qui lui demande où il va si matin : son maître lui déclare sa passion pour Isabelle, & lui dit qu’il se rend à un rendez-vous qu’elle lui a donné. […] D’abord après la belle scene dans laquelle Don Juan déclare qu’il a feint de se convertir pour se livrer plus commodément à toutes sortes de vices, & pour usurper en même temps l’estime publique, Don Carlos, frere d’Elvire, le rencontre. […] Mais je vous déclare, pour moi, que ce n’est point moi qui veux me battre, le Ciel m’en défend la pensée ; &, si vous m’attaquez, nous verrons ce qui en arrivera. […] La reconnoissance l’oblige à déclarer à son libérateur qu’elle est à la suite de Don Juan, un scélérat qui l’a séduite à Naples, & qui a pris la fuite.
Son fils, qui m’embarrasse, est un évaporé : L’autre diable disant ce que j’ai déclaré, Gare une irruption sur notre fripperie ! […] Il court après lui pour lui tout déclarer.
Pourceaugnac déclare à Oronte qu’il n’est pas la dupe de ses grimaces, & qu’il ne veut pas acheter chat en poche. Oronte lui déclare qu’il ne veut pas donner sa fille à un homme contre lequel des marchands Flamands ont obtenu sentence, & qui, de l’aveu même du Médecin, a la maladie que vous savez bien.
Quand Alceste fuit dans son désert et déclare franchement à Eliante qu’il ne se sent pas digne d’elle, Eliante au lieu de saisir cette occasion d’une coquetterie innocente, lui déclare non moins franchement : Ma main de se donner n’est point embarrassée, Et voilà votre ami, sans trop m’inquiéter, Qui, si je l’en priois, la pourrait accepter478. Il semble que le Clitandre des Femmes savantes pourrait se laisser aimer par les deux sœurs, et flatter même la passion éthérée de la folle Bélise, pour se ménager des appuis dans la maison : non, il leur déclarera en face quel est son choix, au risque de soulever des jalousies qui compromettront son amour479.
Ménage, qu’on trouve toujours prenant le parti de Molière, quoiqu’il ait eu plus d’une fois à se plaindre de lui, Ménage ne craignit pas de déclarer à M. de Lamoignon que Le Tartuffe était une pièce dont la morale était excellente , et qu’elle ne contenait rien dont le public ne pût faire grandement son profit. […] Bourdaloue fut de bonne foi : beaucoup d’autres hommes pieux et éclairés le furent comme lui dans la guerre ouverte qu’ils déclarèrent au Tartuffe et à son auteur. […] L’ouvrage remplit, surpassa même l’attente du public, dont la faveur se déclara si hautement, que, pour cette fois, la médiocrité jalouse fut presque réduite au silence. […] Enfin, tandis que, au dénouement, l’Amphitryon latin, avec une pieuse résignation que nous appellerions une lâche insensibilité, déclare qu’un partage avec Jupiter n’a rien dont il puisse s’affliger, l’Amphitryon français dévore en silence ce glorieux affront, et, pour me servir des expressions mêmes du comique, n’avale qu’avec un extrême dégoût cette pilule que le seigneur Jupiter a si bien pris soin de dorer.
Marton déclare que la Comtesse est sa bête. […] Julie propose le Marquis à sa fille, qui n’ose refuser : Marton parle pour elle, & déclare que Mariane ne peut vivre sans Moncade. […] Le Marquis avoue que la Comtesse l’a pressé de se déclarer rival de Moncade ; mais que, loin de suivre un tel projet, il veut servir la flamme de Moncade, & faire prolonger son congé. […] Moncade lui déclare qu’il ne sauroit l’aimer ; il la prie cependant de lui peindre les torts de Mariane.
Celle que le gantier Robinet déclare « extrêmement jolie et pucelle au pardessus, » l’aquafortiste n’arrive pas à la faire laide, mais il ne donne pas non plus le désir de la faire descendre de son piédestal. […] À peine eut-il cessé de parler, que Mlle Bourguignon déclara, en présence de Dieu et des hommes, qu’elle prenait Beauval pour son légitime époux. Beauval, jusque-là caché, monta sur un banc et déclara qu’il prenait la demoiselle Bourguignon pour sa légitime épouse. […] Jeanne Bourguignon le remarqua, s’en éprit à cette déclaration et lui déclara qu’elle voulait l’épouser. » Le moucheur de chandelles, Jean Pitel, en vit trente-six chandelles. […] » Et Jean se leva, et, sans trop de trouble, déclara aussi qu’il entendait prendre pour femme Jeanne Bourguignon, et qu’il appelait le sacrement.
Wycherley, dit M. de Voltaire, qui fut longtemps l’amant déclaré de la maîtresse la plus illustre de Charles II. […] « Dans la dernière scène, le père, accompagné des deux princes amants de sa fille, et instruit que la princesse vient enfin de se déclarer, laisse éclater des transports de joie. […] « Après avoir obtenu le consentement qu’elle souhaite, elle exige de ces mêmes princes qu’ils applaudiront au choix qu’elle va faire : et les deux princes, qui s’étaient expliqués, ne forment aucun obstacle ; elle déclare qu’elle donne la préférence à celui qui a su vaincre le dédain par le dédain ; alors le prince, lui demandant qui il est, elle répond : toi seul, et lui donne en même temps la main. […] Pour donner encore plus de vraisemblance à l’engagement que ce valet prend avec le prince, contre la princesse, Molière commence par supposer dans Moron (c’est le nom de ce valet) du dépit et de l’indignation de la voir se déclarer si ouvertement contre l’amour ; les présents qu’il reçoit du prince achèvent de le gagner et de corrompre sa fidélité : il forme le projet de faire aimer le prince et d’engager la princesse à consentir à un mariage que son père et ses sujets désirent également. […] Cependant, le prince, malgré le dessein qu’il a de cacher son amour, profite des circonstances pour déclarer sa passion, et il le fait avec tant de vivacité, et d’une façon si vraie, que la princesse, persuadée qu’il l’aime réellement, le rebute avec hauteur.
La Demoiselle se déclare en faveur de Desronais : Desronais s’emporte ; Dupont le fils est plus sot qu’à l’ordinaire. […] Desronais l’exhorte, si cela n’est pas, à faire valoir ses droits : elle déclare qu’elle n’en a point : elle apprend à son amant qu’elle est née avant le mariage de sa mere & de son pere, qui ne subit le joug de l’hymen que pour lui faire un sort. […] Celui-ci, après plusieurs faux-fuyants, déclare qu’il se défie de tous les hommes, & que le mariage ne se fera qu’après sa mort.
Pour les faire cesser, l’auteur déclara n’avoir voulu jouer que les fausses précieuses ; qu’il fallait distinguer entre les grandes et les petites précieuses, entre les illustres, qui étaient au-dessus de toute atteinte, et les ridicules, qui étaient un véritable objet de satire ; il assura que ces dernières seules étaient représentées dans sa comédie. […] Quoique le secret d’ennuyer soit celui de tout dire , et que j’aie déjà dit beaucoup plus qu’il n’était nécessaire pour détourner de l’hôtel Rambouillet l’application des Précieuses ridicules, je ne puis m’empêcher de revenir sur l’opinion des écrivains qui donnent pour une adroite précaution contre les plaintes des personnes de cette société la préface où Molière déclare que sa pièce regarde uniquement les mauvais singes , les ridicules copies des illustres précieuses. Je demande ici, dans l’intérêt de Molière, de quel droit ses commentateurs, lui imputent un plat et bas mensonge, de quel droit ils lui donnent un démenti sur l’intention qu’il déclare avoir eue en composant sa comédie. […] Taschereau dit aussi que « Molière, pour détourner de lui la colère de personnages puissants, crut devoir déclarer qu’il n’avait point en en vue les véritables précieuses, mais celles qui les imitaient mal.
Il devait dire : Je déclare que la comédie à tel ou tel caractère, parce que je préféré Aristophane à tous les poètes comiques. […] Schlegel déclare que l’intrigue est plus essentielle que les caractères ; Jean-Paul, que le comique est… bien des choses, et entre autres la multiplicité des lignes courbes297 ; Hegel, que c’est la personnalité mettant en contradiction ses propres actes, qu’elle détruit par eux-mêmes298, et les plus vraies définitions de la comédie sont après tout celles des philosophes allemands, non parce qu’on ne les entend pas, mais, comme l’un d’entre eux l’a dit299, parce qu’au moins le comique s y trouve — à leur insu et en dépit d’eux-mêmes. […] Le reste étant trop beau pour elle, elle déclarait, avec la franche impertinence de son âge et l’énergie de conviction naturelle aux jugements de goût, que le reste était ennuyeux et laid. […] elle hésite, et déclare que toutes les deux sont également belles, comiques, admirables, chacune dans son genre. […] Boileau s’étonne que l’on ose combattre les règles de son Art poétique, après qu’il a déclaré que c’était une traduction de celui d’Horace.
Dans ce temps-là aussi, le cardinal d’Estrées, célèbre par ses galantes magnificences, lui avait déclaré de tendres sentiments, auxquels elle refusa toute attention. […] Nous verrons en plusieurs occasions qu’elle déclare cette ambition ; qu’elle s’accuse d’être une glorieuse ; que madame de Sévigné se sert de cette expression pour peindre son caractère.
Elle s’avoua, se déclara attachée aux principes de la morale religieuse plutôt que pieuse, et surtout et le ne se fil point dévote. […] Autant vaudrait lui déclarer l’indifférence la plus offensante, du mépris, même de l’aversion, et provoquer sa haine quand on souhaite avec ardeur obtenir de lui un sentiment contraire.
Flaminio arrive sur la scene ; le faux Fédéric lui déclare, en mots couverts, sa tendresse. […] Colombine, pour soulager l’ennui de sa maîtresse, cherche par-tout Fédéric : elle le rencontre enfin, le prie de venir voir Victoire, l’entraîne en appellant Victoire, qui vient déclarer sa passion au faux Fédéric. […] On découvre Diane, qui regarde son pere en lui faisant signe de déclarer le mystere.
Il n’est point de martyre Que je n’aimasse mieux mille fois endurer, Que de prendre sur moi de le lui déclarer.
L’un d’eux, appellé Hortense, déclare l’amour qu’il a pour Emilie.
Je ne parie ici d’un fait si connu que pour faire observer quel hôtel de Rambouillet prit chaudement le parti de Corneille, et contre Scudéry, et contre l’Académie elle-même ; ce qui était se déclarer en même temps contre le cardinal, qui aurait voulu voir Corneille humilié.
Ce n’est plus un simple contraste, c’est une guerre vive et déclarée.
Comme le titre d’homme avantageux est celui que je redoute davantage, & qui me va le moins à tous égards, je déclare que cet ouvrage est une restitution que je fais au public, & non pas un présent. […] Je crois ne pouvoir mieux reconnoître leur mérite, & me déclarer leur admirateur, qu’en les traitant comme Plaute, Térence, Moliere, dont je ferai également remarquer les grandes beautés & les choses qui pourroient être mieux vues.
de l’Empyrée amoureux d’une beauté imaginaire qui l’a charmé par les vers ingénieux qu’elle met dans le Mercure ; lorsqu’il croit les Muses attristées parcequ’il a perdu ses tablettes ; lorsqu’il se déclare malgré lui pour l’Auteur de la piece nouvelle ; sur-tout lorsqu’il seche dans l’impatience d’apprendre le succès de son ouvrage. […] La Fleche lui déclare qu’elle y compte en vain, & lui fait le portrait de l’Avare & de ses lésines.
Je m’en vais passer tout à l’heure dans cette petite rue écartée qui mène au grand couvent ; mais, pour moi, je vous déclare que ce n’est pas moi qui me veux battre : le ciel m’en défend la pensée, et, si vous m’attaquez, nous verrons ce qui en arrivera. » - Je conçois qu’on ait été obligé de faire, en 1677, des retranchements aussi fâcheux ; mais ce qui me paraît le tort grave et personnel du traducteur, c’est d’avoir rempli ces vides si regrettables par des inventions communes et propres seulement à faire perdre de vue le dessein et la haute pensée de l’auteur. […] Jetons un voile sur ces tristes aberrations de goût, et tâchons d’oublier que Fénelon a déclaré l’Avare « moins mal écrit que les pièces de l’auteur qui sont en vers, » et que La Bruyère impute au style de Molière, vers et prose, d’être entaché « de jargon et de barbarisme. » 10.
Pour Le Glorieux, ce fut, dit-on, contre la volonté de l’auteur, qui dut céder aux exigences du comédien Dufresne, et changer son dénouement, ce comédien ayant déclaré ne vouloir point se charger du rôle principal si son personnage était humilié. […] Jugé par un conseil de guerre, il est déclaré coupable et condamné à mort. […] Il avait déclaré sa pensée. […] Quelle délicatesse est la sienne quand il s’abstient de déclarer ses sentiments à Éliante qu’il aime, dans la pensée qu’Alceste serait plus heureux avec elle, s’il pouvait se dégager des liens de l’indigne Célimène ! Enfin, au dernier acte, lorsqu’Éliante lui accorde sa main, et que le malheureux Alceste, qui se croit trahi de toutes parts, déclare en s’éloignant qu’il va . . .
Voltaire, qui le déclare mauvais poète et prédicateur plat, dit néanmoins qu’il était aimable dans le monde34.
Cependant, le prince craint encore de se déclarer. […] Nous nous laissons plus souvent prendre à la feinte franchise d’un mécréant déclaré, qu’au miel toujours suspect de la feinte dévotion. […] Voilà où le dessein de Molière se découvre, où se déclare le parti pris de diffamer la piété. […] une hérésie qui se déclare ? […] Cependant l’aventure se noue, les caractères et les cœurs se déclarent.
C’est du moins ce que déclare le second Placet qui n’aurait point affirmé ce fait, si des paroles récentes n’avaient pas eu l’autorité d’un engagement103. […] C’était déclarer qu’on ne pouvait alors opposer une autre barrière aux envahissements d’un ennemi contre lequel la société civile était désarmée. […] » Il convient donc de déclarer très haut, et surtout dans notre siècle, que nulle faculté ne doit périr faute d’emploi, et que toutes les vérités ont leur prix, même en dehors de l’intérêt public ou privé. […] Molière y rappelle à Louis XIV qu’il « avait eu la bonté de déclarer qu’il ne trouvait rien à dire à la pièce ». […] Déclarer cet égoïsme invraisemblable, c’est oublier ce que peut la superstition greffée sur la bêtise.
Ce gouverneur d’Euryale, qui, au lieu de blâmer ou de réprimer les tendres sentiments de son élève, les justifie et les encourage, lui confesse qu’il s’inquiétait jusque-là de voir qu’un jeune prince, en qui brillaient tant de belles qualités, ne possédât pas la plus précieuse de toutes, ce penchant à l’amour, qui peut tout faire présumer d’un monarque, et auquel les héros doivent leurs plus grandes actions, mais lui déclare que, rassuré par la passion dont il vient de lui faire l’aveu, il le regarde à présent comme un prince accompli ; cet Arbate, dont le langage convient si peu à son grave emploi, parle en courtisan de Louis XIV, charmé des faiblesses de son maître, et empressé de les flatter, dans l’espoir d’en tirer parti pour sa fortune, ou du moins pour ses plaisirs. […] Il est certain toutefois que, dans le temps, un de ces exemplaires ou du moins une copie manuscrite fut envoyée de Paris en Hollande ; car Jacques Le Jeune, libraire d’Amsterdam, qui, en 1683, avait imprimé Le Festin de Pierre en vers, de Dorimond, pour celui de Molière, donna, la même année, la pièce de Molière même, avec les scènes et les passages supprimés ou adoucis ; et ce qu’il y a de vraiment extraordinaire, c’est que cette édition hollandaise, qui fut suivie de quelques autres, resta presque aussi inconnue que les exemplaires non cartonnés de l’édition de Paris, puisque, cinquante ans après (en 1730) Voltaire crut faire une révélation au public, en lui donnant quelques traits de la scène du pauvre qu’il déclarait avoir lue écrite de la main de l’auteur, entre les mains du fils de Pierre Marcassus, ami de Molière.
Béatrice déclare au Médecin l’amour que Rosaura sent pour lui. […] Elle retrouve la parole à l’arrivée d’Onesti, pour annoncer qu’elle l’aime ; que c’est là sa seule maladie, & pour déclarer qu’il ne lui a jamais dit la moindre chose pour la séduire.
Napoléon l’a déclaré : « Le Théâtre-Français est la gloire de la France ; l’Opéra n’en est que la vanité. » La gloire de la France ! […] Mais M. de La Rounat, à qui je l’avais d’abord présentée, m’a fait venir : Monsieur, m’a-t-il déclaré, vous n’avez pas le comique de l’Odéon !
La réserve des mœurs ni celle du langage n’avaient pas attendu la sévérité des habitudes religieuses qui se déclarèrent plus tard, pour s’établir dans la bonne compagnie. […] Il était difficile que ce grand conflit ne donnait pas lieu à quelques débats dans le public, et qu’il ne s’y déclarât pas deux partis, l’un pour Pradon, l’autre pour Racine.
Clarice fait un faux pas, accompagné d’un cri ; le galant Dorante vole à son secours, déclare son amour : & voilà l’action en mouvement.
Il est sans contredit bien flatteur de contribuer aux plaisirs de son Roi, de son Maître, sur-tout quand il se déclare le protecteur des talents, qu’il encourage les Artistes en applaudissant à ceux qui se distinguent, & en laissant tomber sur eux de ces regards favorables qui font autant d’honneur au protecteur qu’au protégé.
C’est trop long-temps, Iris, me mettre à la torture ; Et si je suis vos loix, je les blâme tout bas De me forcer à taire un tourment que j’endure, Pour déclarer un mal que je ne ressens pas.
Les premiers Frondeurs qui se déclarèrent en 1648, furent le duc d’Orléans, frère de Louis XIII, oncle du roi, âgé de quarante ans ; le prince de Conti, frère puîné du prince de Condé, âgé de vingt-cinq à vingt-six ans ; le duc de Beau fort, fils de César de Vendôme, et petit-fils d’Henri IV, âgé de trente-deux ans ; le duc de Vendôme (César), fils ainé d’Henri IV, père du duc de Beaufort, âgé de cinquante-quatre ans ; le duc de Nemours ; le duc de Bouillon ; le maréchal de Turenne, âgé de trente-sept ans ; le prince de Marsillac, depuis duc de La Rochefoucauld, âgé de quarante-cinq ans ; le coadjuteur, depuis cardinal de Retz ; le maréchal d’Hocquincourt.
Le roi avait déclaré, en voyant la douleur que ressentait madame Scarron de la mort du premier de ces enfants, qu’il serait doux d’être aimé par madame Scarron.
Après l’étude qu’on vient de faire, on peut être étonné d’entendre Molière déclarer qu’il n’y a rien de plus « innocent » que ses comédies ; on éprouve le même sentiment qu’en entendant La Fontaine déclarer qu’il n’y a rien de mauvais dans ses Contes 829.
La Princesse, incertaine, interdite, ne sait si elle doit déclarer la tendresse qu’elle a pour Xipharès : elle l’avoue enfin, & Mithridate jure de faire périr son fils. […] Par cette différence seule, la décence est conservée, les leçons que l’Intendant va continuer à Elise, par l’ordre de son pere, deviennent plus piquantes ; par cette seule différence encore, la scene où l’Intendant, accusé d’un crime qu’il n’a pas commis, en déclare un réel, est bien meilleure, & amene bien plus de trouble & d’embarras. […] De mon côté, je vous déclare sincérement, & sans flatterie, que je vous ai toujours regardé comme un bon & fidele citoyen, & qu’encore aujourd’hui je fais le même jugement de vous.
Par éducation et par tempérament littéraire, il avait toujours été l’homme de l’Hôtel de Bourgogne, c’est-à-dire qu’il en était le partisan déclaré, premier point de dissentiment entre Molière et lui. […] Avant que Louis XIV se déclarât pour Les Plaideurs, Molière avait dit tout de suite que ceux qui se moquaient de la pièce de Racine méritaient qu’on se moquât d’eux. […] « Je n’hésite pas à déclarer hautement avec le R. […] Il avoue avoir emprunté à Molière la première scène du second acte et la partie de piquet, dont il a fait une partie de trictrac, et déclare que « celui qui vole habituellement l’esprit des autres, volerait aussi toute autre chose, s’il pouvait le faire avec la même impunité ». […] Dans l’épilogue, l’auteur déclare qu’il a pris sa comédie de Molière, qu’il appelle « le fameux Shakespeare de ce siècle, et comme auteur et comme acteur ».
Elle tint compte de l’observation, et le public ne s’aperçut en rien de cet incident de coulisses, car le chroniqueur Loret déclare qu’on ne saurait jouer avec plus de naturel qu’elle ne fit. […] Dans la grande querelle qui précéda la séparation de 1666, elle déclara bien haut « qu’elle ne pouvoit plus souffrir un homme qui avoit toujours conservé des liaisons particulières avec la de Brie, qui demeurait dans leur maison et qui n’en étoit point sortie depuis leur mariage. » Elle exagérait sans doute un peu en précisant ainsi son grief ; Molière était alors trop épris de sa femme pour l’abandonner si tôt. […] Grimarest donne clairement à entendre que cette affluence de populaire était inoffensive et que, si la veuve en fut épouvantée, c’est qu’elle « ne pouvoit pénétrer son intention. » Dans l’incertitude, Armande employa un moyen infaillible de tourner à la bienveillance déclarée des dispositions douteuses : elle fit répandre par les fenêtres un millier de livres « en priant avec des termes si touchans le peuple amassé de donner des prières à son mari, qu’il n’y eut personne de ces gens-là qui ne priât Dieu de tout son cœur. » Sur la tombe elle fit placer une large pierre, et, deux ou trois ans après, durant un hiver rigoureux, on y alluma par son ordre un grand feu, auquel vinrent se chauffer les pauvres du quartier. […] Très épris d’Armande, mais n’osant se déclarer directement, il se servit d’une entremetteuse, la Ledoux.
ACTE PREMIER Fulvio et Cintio, tous deux amoureux de l’esclave Celia, se déclarent la guerre.
Elle interroge Colette sa servante ; celle-ci déclare que Valere, fils de M. […] On vient dire au Baron qu’un homme le demande dans la cour ; c’est Simon qui déclare au bon-homme toutes les fourberies de Frontin, & qui est reconnu lui-même pour le frere de la nourrice de Zaïde.
Il pense donc à déclarer la chose, et voudrait que Ricciardo se contentât de recevoir ses deux mille écus. […] Ricciardo finit par déclarer le fait, craignant que Pandolfo ne joue l’ignorant par ruse.
Il faut attendre que la grâce agisse. » La rupture du roi avec madame de Montespan fut déclarée définitive et irrévocable par un de ces bienfaits qui acquittent tous les comptes passés : le roi lui donna la charge de surintendante de la maison de la reine, dont madame la comtesse de Soissons eut ordre de se défaire, et ordonna à l’ex-favorite de se retirer de la cour. […] Qui aura le droit d’accuser ici celle qu’ils ont déclarée irréprochable ?
Santillane, le mari de L’École des jaloux, déclaré veuf par le Grand-Turc — un faux Grand-Turc — qui lui prend sa femme et lui offre en échange une charge d’eunuque, Santillane s’écrie dans sa fureur : Ah ! […] (La fin à la prochaine livraison) Quelques-uns de nos lecteurs ayant pris cette étude de notre éminent collaborateur pour la réimpression d’un ancien feuilleton, nous croyons devoir déclarer que l’article « Une mise en scène moderne du Tartuffe », quoique écrit en 1857, est entièrement inédit. […] Ma rougeur et mes pleurs Vous déclarent assez jusqu’où vont mes malheurs ; Mais aussi je vous suis encor si peu connue, Que vous pourriez douter si je suis ingénue, Et sans me faire tort, mettre en doute ma foi, Si j’étais sans témoins qui parlassent pour moi. […] Lisez les Conversations avec Goethe, publiées par Eckermann — qui était à Goethe à peu près ce qu’était La Grange à Molière — et vous y apprendrez comment le plus grand poète de l’Allemagne se déclarait à Eckermann en 1827 : « Depuis mon adolescence, j’aime Molière, et pendant toute ma vie j’ai profité de lui. […] Puis Jean Bernier, en citant deux vers de la comédie d’Élomire hypocondre, déclare positivement que Molière eût vécu plus longtemps « s’il eût observé cet avis d’un meilleur médecin quoique moins bon poète que lui ».
De 1661 à 1666, dans la gène où elle est réduite, « son esprit se conserve néanmoins tout entier, »déclare avec orgueil d’Argenson, « l’on y travailla comme on avait coutume de le faire » dans le temps de la sécurité libre. […] Jules Lemaitre a déclarée plus d’une fois « bizarre, hybride, obscure en diable, » s’éclaire. […] Si Boursault écrit le Portrait du Peintre, c’est pour complaire à des gens « auxquels il ne pouvait rien refuser29. » Et Jean Loret, cette année-là même, déclare que s’il n’ose pas trop parler, « ni bas ni haut, » de théâtre, c’est qu’il en a reçu l’avis impérieux30.
Il ne déclare rien bien positivement.
Une femme voulant se venger de son mari qui l’avoit battue, fut déclarer à un ancien Czar33 que son époux avoit un remede infaillible pour la goutte : on le fit venir.
Notice sur le Tartuffe La comédie du Tartuffe est un des chefs-d’œuvre de notre littérature, et sa représentation un des grands événements de notre histoire : à aucune autre époque un poète n’aurait eu assez de courage pour l’entreprendre, un roi assez de force pour la permettre ; c’était peut-être même la seule du règne de Louis XIV où ce prince pût s’en déclarer le protecteur. […] C’était déchaîner toutes les tempêtes, appeler tous les orages ; c’était, dans une seule comédie, déclarer la guerre à toutes les passions et à tous les vices, déchirer le voile sous lequel ils se cachent, et les exposer dans leur odieuse nudité aux regards qu’ils fascinaient par les dehors d’une piété affectée et d’une austérité factice. […] Enfin, le 29 novembre de la même année, on joua la pièce entière chez Monsieur le Prince, qui s’en déclara toujours le partisan le plus zélé. […] Déclarer la guerre aux esprits forts, montrer l’athée comme un vil scélérat et faire tomber sur sa tête la vengeance céleste, c’était se prémunir contre toutes les accusations d’impiété dont l’accablaient les dévots depuis la première apparition du Tartuffe sur la scène royale de Versailles ; mais Molière, dans une profession solennelle de ses vrais sentiments, n’était pas homme à reculer devant ses ennemis ; un acte de précaution ne fut point un acte de faiblesse ; il attaqua les hypocrites dans l’ouvrage même où il semblait vouloir se prémunir contre leurs saintes fureurs ; il ne lit pas seulement de son athée un franc scélérat, il en fit un faux dévot ; et, tout en se couvrant d’une égide sacrée pour repousser les traits de la calomnie, il préparait l’attaque décisive et terrible qu’il devait porter dans ce chef-d’œuvre qui, après tant d’obstacles, allait enfin paraître au grand jour de la représentation.
Une école bien connue reprend et termine son œuvre qu’elle déclare inachevée. — Vous êtes, dit-elle à sa devancière, fort habile à détruire.
Madame Dacier, fort éprise du mérite de la piece latine, & l’ennemie déclarée de la françoise, mettoit Plaute infiniment au-dessus de Moliere. […] Enfin, dans l’une & dans l’autre piece, Jupiter paroît dans une machine, au bruit du tonnerre, & déclare à l’époux qu’il est son imposteur.