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17. (1801) Moliérana « [Anecdotes] — [87, p. 131-132] »

[87, p. 131-132281] Racine et Despréaux*, avec lesquels La Fontaine était extrêmement lié, s’amusaient quelquefois à ses dépens : aussi l’appelaient-ils le bonhomme, quoiqu’ils connussent bien d’ailleurs tout ce qu’il valait.

18. (1801) Moliérana « Vie de Molière »

126 Tout, dans cette pièce, semble annoncer qu’elle est moins faite pour amuser les gens délicats que pour faire rire la multitude ; mais une sorte d’intérêt né du sujet, et une plaisanterie gaie compensent ce qui s’y présente de défectueux. […] Petite pièce faite pour amuser, et qui a toujours été applaudie par le peuple.

19. (1823) Notices des œuvres de Molière (VII) : L’Avare ; George Dandin ; Monsieur de Pourceaugnac ; Les Amants magnifiques pp. 171-571

La mission du poète comique consiste à combattre les vices et les ridicules, et plus souvent ; les ridicules que les vices, par la raison que ceux-ci ont quelque chose d’odieux et de révoltant qui répugné à une condition essentielle du genre, celle d’amuser et de faire rire les honnêtes gens. […] Cette comédie, qui fait aujourd’hui lever le cœur des garçons de boutique au parterre, et des filles de comptoir en loge, amusa beaucoup Louis XIV et sa cour, qui apparemment se connaissaient moins en bonne plaisanterie, et n’avaient pas un sentiment aussi délicat des bienséances. […] Tout simplement sot, il ne mériterait pas, il ne vaudrait pas les tours sanglants qu’on lui joue ; et l’extrême facilité qu’on trouve à le berner, nous ferait trouver peu de plaisir à en être les témoins : mais sot avec présomption, avec jactance, et plaçant tout de travers sa confiance ou ses soupçons, il nous amuse de ses infortunes, dont sa suffisance est toujours étonnée ; il nous divertit de ses fureurs, qu’exalte toujours l’idée du mérite qu’il possède et des égards qu’on lui doit. […] Ils s’amusent entre eux d’un sot qu’ils bafouent. Nous nous en amusons comme eux et avec eux : voilà tout l’effet dramatique.

20. (1819) Deux pièces inédites de J.-B. P. Molière [La Jalousie du Barbouillé, Le Médecin volant] pp. 1-4

La farce amusait alors les gens de la meilleure compagnie ; alors, sur la même scène où l’on représentait les premiers chefs-d’œuvre de Corneille, des acteurs enfarinés faisaient rire les spectateurs de leurs quolibets et de leurs équivoques souvent licencieuses.

21. (1899) Salut à Molière, dit par Coquelin cadet, le soir du 15 janvier, pour le 277e anniversaire de la naissance de Molière, sur la scène de la Comédie-française pp. 3-8

Il amuse toujours, mais toujours il avertit et il détruit.

22. (1873) Le théâtre-femme : causerie à propos de L’École des femmes (Théâtre de la Gaîté, 26 janvier 1873) pp. 1-38

Molière va faire une comédie, c’est-à-dire nous amuser beaucoup en nous instruisant un peu. […] La mode, ce despote en enfance qui s’amuse de tout (même du beau!) […] Dans le concert qui vous amuse, il n’y a pas une fausse note, ou pas une note juste, comme vous voudrez : partout où la terreur ne se tord pas de rire, la gaîté pleure à chaudes larmes; partout où la féerie n’ouvre pas son étal de maillots vivants, l’opérette adorée, Antigone de nos décrépitudes, lève la jambe (on dit aussi la gigue) à cent mètres au-dessus du Panthéon, sous l’œil attendri, mais toujours imposant de la Censure!

23. (1772) De l’art de la comédie. Livre second. De ses différents genres (1re éd.) [graphies originales] « CHAPITRE V. Des Pieces à scenes détachées. » pp. 45-60

Dans le Mercure galant le héros ou son valet s’amusent aux dépens des divers personnages qui se succedent sur la scene ; le spectateur n’y rit que de leurs ridicules : ici la chose est bien différente, chaque fâcheux empêche Eraste ou d’aller joindre une maîtresse adorée dont il est attendu avec impatience, ou de s’informer si elle lui est réellement infidelle, ou de s’excuser d’une perfidie dont on l’accuse. Le public s’amuse non seulement du ridicule des fâcheux, il rit encore de l’embarras où ils jettent celui à qui ils s’adressent, de l’impatience qu’ils lui causent, & des efforts qu’il fait pour se débarrasser d’eux.

24. (1801) Moliérana « [Anecdotes] — [56, p. 89-93] »

Plaute* tendait surtout à faire rire ; il se plaisait à amuser et à jouer le petit peuple.

25. (1866) Petite comédie de la critique littéraire, ou Molière selon trois écoles philosophiques « Première partie. — L’école dogmatique — Chapitre IV. — Molière. Chœur des Français » pp. 178-183

Elles amusent, elles étonnent ; mais ce ne sont point des leçons de mœurs270.

26. (1877) Molière et Bourdaloue pp. 2-269

A vrai dire, il ne semble pas beaucoup la prendre lui-même au sérieux ; Tartuffe vient d’être enfin représenté, et l’auteur triomphant a plutôt l’air de s’amuser de ses adversaires vaincus. […] Il s’est amusé des ridicules, vraisemblablement sans ignorer qu’il en viendrait d’autres après ceux qu’il aurait mordillés, comme en effet il en est venu et qui valent au moins ceux dont la défaite l’honore tant. […] On ne les voit pas surtout se dresser contre les gens d’esprit qui s’amusent à la satire. […] La pièce nous met simplement sous les yeux une collection d’oisifs qui s’amusent ou qui se désennuient à médire, et elle serait beaucoup plus logiquement intitulée : Les Médisants. […] Il empoche l’argent du spectateur qui veut s’amuser et il le méprise, parce que ce spectateur grossier le met dans le cas de se mépriser lui-même.

27. (1886) Revue dramatique : Les Fâcheux, Psyché (Revue des deux mondes) pp. 457-466

On découvrira aussi que ce sont des hommes d’une certaine date : on s’amusera, par ce goût du bibelot qui est si vif aujourd’hui, des marques qu’ils en portent ; et, si quelques-unes de ces marques ont des analogues en d’autres siècles, voire de nos jours, on regardera en souriant ces analogies. […] Molière, qui, le plus souvent, nous montre en action et en conflit des types universels et éternels, nous donne ici la lanterne magique avec des fantoches qu’il a pris au passage ; si l’on découvre, à cette occasion, que le grand homme ne dédaigna pas d’être de son temps, on lui en sait gré ; on s’amuse de le surprendre dans cette occupation familière.

28. (1772) De l’art de la comédie. Livre quatrième. Des imitateurs modernes (1re éd.) [graphies originales] « CHAPITRE XIII. M. ROCHON DE CHABANNES. » pp. 381-412

Un fusil vient à frapper ses yeux, Il le met sur l’épaule, & fait le merveilleux, Enfonce fiérement son chapeau sur la tête, Va de droite & de gauche, avance un pas, arrête, Nous ajuste, fait feu, s’amuse de nos cris, Et vole dans nos bras pour calmer nos esprits. […] Il ne tient qu’à lui de s’amuser. […] Jé possede l’heureux talent D’amuser un Grand qui s’ennuie.

29. (1882) M. Eugène Sauzay et Molière (Revue des deux mondes) pp. 207-209

Tout ce qui alors écrivait, parlait, chantait ou dansait, devait se subordonner au caprice d’un monarque qui ne daignait lui-même s’amuser qu’à la condition de prélever une énorme somme d’adulations sur le divertissement de ses sujets.

30. (1772) De l’art de la comédie. Livre premier. De ses différentes parties (1re éd.) [graphies originales] « CHAPITRE XXIV. Des Tableaux. » pp. 422-425

Point du tout : quand il est enchaîné, les Nymphes malignes s’amusent à lui faire des agaceries, & à lui accorder de petites faveurs que ses chaînes rendent bien cruelles, & qui ne peuvent que donner de l’humeur au petit libertin.

31. (1716) Projet d’un traité sur la comédie pp. 110-119

Ils sentent la Farce faite exprès pour amuser, et pour mener le peuple.

32. (1800) De la comédie dans le siècle de Louis XIV (Lycée, t. II, chap. VI) pp. 204-293

Molière se vengea en peintre : il s’amusa à dessiner ses ennemis et fit rire de leur portrait. […] Mais le grand succès de l’École des Femmes, celui des deux pièces qui la suivirent, et la satisfaction qu’en témoigna Louis XIV, dont le bon esprit goûtait celui de Molière, et qui n’était pas fâché qu’on l’amusât des travers de ses courtisans, excitèrent bien un autre déchaînement contre le poète comique. […] Il a découvert que la comédie était un miroir de la vie humaine, où personne n’était fâché de se voir, pourvu qu’il y pût voir ses voisins, parce que l’amour-propre se sauve dans la foule, et que chacun s’amuse aux dépens de tous les autres. […] Rien de tout cela : c’est un homme du monde, qui s’est amusé à ce qu’on appelle des vers de société. […] Convenons encore que la variété d’objets est si nécessaire au théâtre, comme partout ailleurs, et le rire une si bonne chose en elle-même, que, pourvu qu’on ne tombe pas dans la grossière indécence ou la folie burlesque, les honnêtes gens peuvent s’amuser d’une farce sans l’estimer comme une comédie.

33. (1772) De l’art de la comédie. Livre troisième. De l’imitation (1re éd.) [graphies originales] « CHAPITRE XIII. » pp. 274-278

Il le lui rapporta tout en entier, & même quelques endroits particuliers qui lui avoient paru remarquables, & entre autres ce caractere d’un homme de Cour fainéant, qui s’amuse à cracher dans un puits pour faire des ronds.

34. (1772) De l’art de la comédie. Livre troisième. De l’imitation (1re éd.) [graphies originales] « CHAPITRE XXI. » pp. 420-425

Mais sans nous amuser à comparer des bagatelles échappées à deux grands hommes, que la distance de leurs genres met hors de toute comparaison, remarquons plutôt que les deux scenes rapportées dans ce chapitre sont les plus charmantes des ouvrages dont elles font partie : preuve incontestable que nous ne devons rien négliger pour recueillir des richesses étrangeres, lorsque nous aurons l’art de les fondre avec adresse dans nos productions.

35. (1706) Lettre critique sur le livre intitulé La vie de M. de Molière pp. 3-44

Il y en a quelques-unes qui peuvent faire rire les gens qui s’amusent de peu de chose. […] Ç’aurait été là un Ouvrage excellent ; mais cette suite d’aventures communes n’est bonne que pour ces Lecteurs qui s’amusent de rien.

36. (1863) Molière et la comédie italienne « Chapitre XIV. La commedia dell’arte au temps de Molière (à partir de 1662) » pp. 265-292

Diamantine se présente, appelle Arlequin monseigneur, ce qui l’amuse quelque temps et lui déplaît ensuite. […] Lorsqu’il a été manié par des acteurs de quelque génie, il a fait les délices des plus grands rois et des gens du meilleur goût ; c’est un caméléon qui prend toutes les couleurs. » Arlequin, s’il n’était jadis naïf qu’à demi, devient alors tout à fait scélérat : « Arrogant dans la bonne fortune, dit M Jules Guillemot 48 , traître et rusé dans la mauvaise ; criant et pleurant à l’heure de la menace et du péril, en un mot Scapin doublé de Panurge, c’est le type du fourbe impudent, qui se sauve par son exagération même, et dont le cynisme plein de verve nous amuse précisément parce qu’il passe la mesure du possible pour tomber dans le domaine de la fantaisie. » Arlequin, avec ses nouvelles mœurs, court fréquemment le risque d’être pendu ; il n’y échappe qu’à force de lazzi.

37. (1772) De l’art de la comédie. Livre second. De ses différents genres (1re éd.) [graphies originales] « CHAPITRE XVII. Pieces intriguées par une chose inanimée. » pp. 199-203

L’éleve a trouvé la figure d’Arlequin plaisante, il s’est amusé à le peindre ; il lui fait présent de son portrait qu’on laisse sur une table.

38. (1775) Anecdotes dramatiques [extraits sur Molière]

Ce Prince avait connu Molière au Collège, et s’était amusé à Paris des représentations1 de l’Illustre Théâtre, qu’il avait plusieurs fois mandé chez lui. […] Molière, chef d’une Troupe de Comédiens, avait besoin de plaire à la multitude, sans laquelle une pareille Troupe ne peut vivre : il était même souvent obligé d’amuser la Cour, qui, avec un goût délicat, aime encore plus à rire qu’à admirer. […] Ce Divertissement a paru, pour la première fois, en 1675, pour amuser le Public, après qu’on en eut régalé la Cour. […] Il lui en rapporta le sujet, et même quelques endroits particuliers, qui lui avaient paru remarquables ; entre autres, le caractère d’un homme de Cour fainéant, qui s’amuse à cracher dans un puits pour faire des ronds. […] On en fit usage alors pour les Ballets, dont on amusa la jeunesse de Louis XV.

39. (1772) De l’art de la comédie. Livre second. De ses différents genres (1re éd.) [graphies originales] « CHAPITRE XXII. Des Pieces à caractere. » pp. 253-258

Une comédie d’intrigue amuse ; une comédie mixte peut joindre l’utile à l’agréable, en amusant & en instruisant le spectateur, mais moins parfaitement que celle où le principal personnage, mettant tout en mouvement, nous trace par ses actions un portrait frappant des travers, des ridicules, des vices dont nous sommes blessés journellement.

40. (1772) De l’art de la comédie. Livre quatrième. Des imitateurs modernes (1re éd.) [graphies originales] « CHAPITRE XVII. M. DORAT. » pp. 463-467

Ces spectres que la Gouvernante peint à l’imagination de la Princesse, ce poignard qu’elle lui fait voir sous le chevet du lit, afin de lui persuader que le Roi l’a épousée pour la tuer la premiere nuit de ses noces, tout cela ne nous rappelle-t-il pas ces contes d’Ogre 51 avec lesquels les Bonnes amusent ou endorment les petits enfants ?

41. (1772) De l’art de la comédie. Livre premier. De ses différentes parties (1re éd.) [graphies originales] « CHAPITRE VI. Des Prologues. » pp. 118-138

Il lui communiqua plusieurs sujets de comédies presque finies, entre autres, ceux du Joueur & d’Attendez-moi sous l’orme, dans le dessein de les achever ensemble ; mais Regnard, qui sentoit la valeur de cette premiere piece surtout, amusa son ami, y fit quelques changements, la mit en vers, & la donna aux comédiens sous son nom : ce fait est connu. […] Il m’importe peu, quand je lis un roman, de m’intéresser pour le pere, pour le fils, la grand-mere, trente personnes si l’on veut ; tout m’est égal, pourvu que je m’amuse : c’est un défaut, à la vérité, mais il ne tire pas à conséquence comme dans un drame.

42. (1772) De l’art de la comédie. Livre second. De ses différents genres (1re éd.) [graphies originales] « CHAPITRE II. Des Comédies Héroïques. » pp. 9-29

Arlequin s’amuse à cabrioler sur les chaînes qui l’épouvantent. […] Les portes de la prison sont enfoncées, tous les soldats se prosternent aux pieds d’Arlequin : il est dans ce temps-là en petit casaquin, & il s’amuse à sauter après une puce.

43. (1867) La morale de Molière « CHAPITRE PREMIER. Part de la Morale dans la Comédie de Molière. » pp. 1-20

On va à la comédie pour s’amuser : — et vraiment oui, Molière s’en allait content quand on avait ri. […] « Mon esprit se refuse à convenir que l’on doive condamner un écrivain pour avoir songé seulement à nous amuser et à nous intéresser, ni qu on puisse exiger que tous, partout et toujours, se considèrent comme ayant charge d’âme, obligés de nous moraliser. » Galien-Arnoult, Réponse au remerciement de M.

44. (1772) De l’art de la comédie. Livre premier. De ses différentes parties (1re éd.) [graphies originales] « CHAPITRE XVII. De l’Art de prévenir les Critiques. » pp. 309-313

Il ne s’amuse pas à lui demander si son maître l’a regardé en face ; il lui dit : Scapin.

45. (1866) Petite comédie de la critique littéraire, ou Molière selon trois écoles philosophiques « Première partie. — L’école dogmatique — Chapitre premier. — Une leçon sur la comédie. Essai d’un élève de William Schlegel » pp. 25-96

Ne nous amusons pas à dissiper des nuages dans un ciel serein ; c’est du temps perdu, ou plutôt fort mal employé. […] C’était pour les spectateurs un plaisir de se soustraire un instant aux lois de la scène, à peu près comme dans un déguisement burlesque on s’amuse quelquefois à lever le masque28. […] Dans toutes ses pièces à caractères, Molière a cru devoir mettre en regard de chaque ridicule l’opinion raisonnable qui lui est opposée, de peur, sans doute, que le spectateur ne s’amusât sans s’instruire, et qu’il n’eût la fleur sans le fruit93. […] C’est qu’on n’est pas à la représentation du Misanthrope pour s’amuser : Ah ! […] L’on trouve même dans ses pièces en prose, des indices de cette humeur satirique et didactique qui est proprement étrangère à la comédie ; on peut la reconnaître dans la manière dont il s’attaque continuellement aux médecins et aux procureurs, dans ses dissertations sur le ton du grand monde, et en général partout où l’on voit qu’il ne se contente pas d’amuser, mais qu’il veut combattre ou défendre des opinions, en un mot que son intention est d’instruire.

46. (1819) Introduction aux œuvres de Molière pp. -

Molière donc, pour être utile et pour amuser à la fois, s’attacha principalement à la peinture des ridicules. […] L’art du poète a su nous amuser des terreurs imaginaires du premier, des craintes mieux fondées du second, et de la disgrâce trop réelle du troisième. […] Les personnages de Molière n’ont ni une finesse, ni une vivacité remarquables, et ce sont les moins ingénieux qui nous amusent le plus. […] est-ce vous seulement qu’il amuse ? […] Molière, qui ne pouvait certes pas croire qu’un homme sensé dut agir et parler de la sorte, connaissait donc son propre travers, et s’amusait à le jouer en public, au lieu de s’en corriger ?

47. (1835) Mémoire pour servir à l’histoire de la société polie en France « Chapitre XXIV » pp. 251-258

Et qui pourrait affirmer que l’espèce de trahison du roi envers cette même madame de Montausier, lorsqu’il trompa la reine et elle sur ses relations avec madame de Montespan, l’incurable maladie qui accabla madame de Montausier lorsqu’elle fut détrompée, et enfin sa mort, qui arriva pendant que l’Amphitryon de Molière amusait la cour et le public par le spectacle d’un mari malheureux ; qui oserait assurer, malgré les apparences, que ces faits n’eurent aucune influence sur l’esprit du roi ?

48. (1812) Essai sur la comédie, suivi d’analyses du Misanthrope et du Tartuffe pp. 4-32

S’il est un art digne d’attirer notre admiration, de plaire à notre esprit, et de charmer en même temps notre cœur, c’est celui qui, dissipant les épaisses ténèbres qui enveloppent le cœur humain, découvre ses pensées les plus secrètes, pénètre dans ses mystères les plus intimes, découvre à l’homme la marche de ses passions, tantôt l’instruit, l’amuse, tantôt lui cause les émotions les plus fortes et lui fait verser les larmes les plus délicieuses : tel est l’art dramatique. […] Par ce moyen, ils ont ménagé le peu d’étendue de leur sujet principal, par la richesse, la variété de leurs portraits ; ils ont racheté les développements si précieux de la comédie de caractère, et ont instruit et amusé en même temps leurs spectateurs.

49. (1850) Histoire de la littérature française. Tome IV, livre III, chapitre IX pp. 76-132

Il faut, pour ces jeux de situation, des murs perméables, et surtout une absence innocente et primitive de précautions, qui facilite ces entrées et ces sorties dont l’entrecroisement amusait tant le public espagnol. […] La comédie, proprement dite, n’était qu’un jeu d’esprit dont s’amusaient, comme des enfants aux marionnettes, ceux qui devaient plus tard fournir la matière de la vraie comédie, le jour où un homme de génie devait la créer, en mettant le parterre sur la scène. […] L’homme mûr retrouvera son bien dans les essais du jeune homme, qui ne pensait d’abord qu’à s’amuser le premier de ses pièces. […] Molière a moins songé à nous amuser qu’à nous avertir.

50. (1853) Histoire de la littérature dramatique. Tome II « Chapitre IV. Que la critique doit être écrite avec zèle, et par des hommes de talent » pp. 136-215

Certes Molière a dû frémir quand, une fois évoqué, il aura vu se dresser devant lui ce fantôme, et si peu semblable à ces innocents petits seigneurs qui posaient devant le poète pour amuser Louis XIV ! […] Sganarelle, c’est l’enfant du peuple, homme timoré et de bon sens, croyant et crédule, honnête dans le fond, quelque peu fourbe dans la forme, qui pour gagner sa vie, beaucoup par curiosité, et un peu parce que le spectacle et le langage du vice lui plaisent et l’amusent, suit son seigneur et maître dans ce hardi et merveilleux sentier d’esprit, d’orgies, de doute, de libertinage et de débauche. […] Il est donc facile d’expliquer cette tristesse profonde, immense, irrésistible d’une comédie que Molière avait faite tout exprès pour amuser les folles joies du carnaval ! […] Le Roi Louis XIV et sa jeune cour, au milieu des enivrements et des prospérités les plus incroyables de la fortune, s’amusaient volontiers de ces détails de médecine et de pharmacie qui nous sont devenus nauséabonds ; une seringue ne leur faisait guère plus de peur qu’une épée, et les poètes les servaient à leur goût. […] Le roi est absent, mademoiselle de La Vallière, assise sur les marches de ce trône adultère, semble gouverner à la royale, et ses fidèles sujets les poètes, les musiciens, les artistes, composent pour la jeune duchesse, un de ces divertissements qui amusaient tant cette jeune cour.

51. (1843) Épître à Molière, qui a obtenu, au jugement de l’Académie française, une médaille d’or, dans le concours de la poésie de 1843 pp. 4-15

L’autre, dans son allure et libre et familière, Du vieil esprit français pétulante écolière, L’œil ardent, le pied leste, et l’air toujours dispos, Amuse les passants de ses joyeux propos, Transforme chaque scène en plaisante querelle, Confond George Dandin, tourmente Sganarelle, Enveloppe en riant Géronte dans un sac, Lance la pharmacie au dos de Pourceaugnac, Et, se moquant d’Argan sous sa robe d’hermine, Dans un patois latin berne la Médecine.

52. (1772) De l’art de la comédie. Livre premier. De ses différentes parties (1re éd.) [graphies originales] « CHAPITRE VIII. De l’Action, du Nœud, des Incidents. » pp. 165-171

Après la représentation on demanda au paysan s’il s’étoit bien amusé : à merveille, dit-il ; j’ai vu des beaux Messieurs, des belles Dames, tous bien parés, bien enjolivés.

53. (1772) De l’art de la comédie. Livre second. De ses différents genres (1re éd.) [graphies originales] « CHAPITRE PREMIER. Des différents Genres en général. » pp. 1-8

La fleur qui les couvre dans le printemps, me réjouit la vue ; leur ombrage me garantit en été des rayons du soleil ; dans l’automne, je m’amuse à voir mûrir leur fruit, & je le mange pendant l’hiver, auprès du feu que le superflu de leurs branches me fournit ; je trouve en eux l’utile & l’agréable : ainsi, va te promener avec tes chênes, tes marronniers d’Inde, & vis de leur fruit ; il est digne de toi ».

54. (1835) Mémoire pour servir à l’histoire de la société polie en France « Chapitre XXX » pp. 330-337

Je trouverais en mon chemin à vous dire des choses qui ne vous amuseraient pas.

55. (1873) Molière, sa vie et ses œuvres pp. 1-196

Le latin macaronique, où s’amusait l’auteur du Malade imaginaire, en compagnie de Boileau et de La Fontaine, témoigne de la science que possédait le traducteur de Lucrèce. […] Il traçait une farce à la hâte et se donnait simplement la tâche d’amuser son public. […] Molière, lui, allait et venait, courait la ville, écoutait, étudiait, et, avant de monter sur l’Illustre Théâtre, s’amusait aux lazzis de Scaramouche et s’instruisait aux leçons de Gassendi. […] Molière souffrait, mais haussait les épaules et continuait à « amuser les honnêtes gens ». […] Non seulement Lulli dansa souvent dans les ballets ou cérémonies de Molière, mais, pour amuser le roi et désarmer sa défaveur, Lulli joua le rôle de Monsieur de Pourceaugnac et réussit à faire rire Sa Majesté.

56. (1765) Molière dans l’Encyclopédie de Diderot et d’Alembert (compilation) pp. 2668-16723

On s’amuse à recopier le petit maître sur lequel tous les traits du ridicule sont épuisés, & dont la peinture n’est plus qu’une école pour les jeunes gens qui ont quelque disposition à le devenir ; cependant on laisse en paix l’intrigante, le bas orgueilleux, le prôneur de lui-même, & une infinité d’autres dont le monde est rempli : il est vrai qu’il ne faut pas moins de courage que de talent pour toucher à ces caracteres ; & les auteurs du faux-sincere & du glorieux ont eu besoin de l’un & de l’autre : mais aussi ce n’est pas sans effort qu’on peut marcher sur les pas de l’intrépide auteur du tartufe. […] Si dans ces modeles on trouve quelques traits qui ne peuvent amuser que le peuple, en revanche combien de scenes dignes des connoisseurs les plus délicats ? […] Les Athéniens qu’il avoit tant amusés, lui décernerent la couronne de l’olivier sacré. […] Plaute tendoit sur-tout à faire rire ; il se plaisoit à amuser & à jouer le petit peuple.

57. (1853) Histoire de la littérature dramatique. Tome II « Chapitre VI » pp. 394-434

Imprudent qui s’amuse à déplacer des idées, c’est l’expression même qu’il faut déplacer, l’idée arrive ensuite, obéissante à la parole nouvelle. […] En vain les curieux impertinents sont là pour vous dire : « Mais prenez garde, il est peu probable que tous ces portraits soient ressemblants ; prenez garde, cette galerie est incomplète », ou encore : « À quoi bon vous amuser à étudier ces visages dont le nom même est effacé et qu’entoure, à peine, un lointain souvenir ?  […] Le temps, en effet, ne marche que pour ceux et pour celles qui ont à dépenser beaucoup de talent, beaucoup d’esprit, beaucoup de cœur ; quant aux autres, aux immobiles, aux oisifs, aux inutiles, aux inconnus, aux esprits blasés, aux beautés hors d’âge, ils se figurent qu’ils restent jeunes, parce que nul ne s’amuse à compter leurs cheveux blancs. […] Cette femme nous a amusés pendant cinquante ans, nous n’avons pas de temps à perdre à ramasser les cendres éteintes de ce flambeau qui a jeté son feu sur nos plus belles soirées d’hiver.

58. (1772) De l’art de la comédie. Livre second. De ses différents genres (1re éd.) [graphies originales] « CHAPITRE XLIII. Du But Moral. Philosophie de Regnard comparée à celle de Moliere. » pp. 504-548

Démocrite s’amuse à persiffler un maître-d’hôtel & un intendant que le Roi lui envoie. […] Cette clause n’amuse pas Eraste : son valet Crispin entreprend de le rendre légataire universel, & y réussit, en jouant le personnage des deux Normands que Géronte n’a jamais vus, & en faisant mille folies pour indisposer le vieillard contre eux. […] Il y réprimande ces femmes qui, trop peu jalouses de leur réputation, ne prennent pas même le soin de cacher leur conduite déréglée : il y démasque les prudes, qui, se souciant fort peu de bien vivre, ne mettent toute leur étude qu’à cacher leurs désordres : il y tonne enfin contre ces coquettes, qui se font un jeu d’amuser plusieurs amants par de fausses démonstrations d’amour.

59. (1855) Pourquoi Molière n’a pas joué les avocats pp. 5-15

Molière, nous l’avons dit, cherchait à tracer des caractères, et se souciait peu de peindre des individus ; il savait qu’un type isolé peut amuser, intéresser même, mais que le caractère seul .s’élève par sa généralité à la hauteur d’un enseignement.

60. (1856) Molière à la Comédie-Française (Revue des deux mondes) pp. 899-914

Et comment s’amuser, si avant de rire on a besoin de se consulter ? […] Pour un spectateur qui ose dire : Je m’ennuie, ou je m’amuse, on en trouve cent qui disent : Que pensez-vous de la pièce ?

61. (1835) Mémoire pour servir à l’histoire de la société polie en France « Chapitre XXXVII et dernier » pp. 442-475

entre l’art d’amuser et celui d’intéresser ; entre le frivole avantage de montrer de l’esprit, et le talent d’en donner ! […] Ceux des Théatins seront célèbres entre tous les autres… Là, on verra une décoration souvent profane, les places retenues et payées, des livres distribués comme au théâtre (le motet traduit en vers français par LL**), les entrevues et les rendez-vous fréquents, les murmures et les causeries étourdissantes ; quelqu’un monté sur une tribune, qui y parle familièrement, sèchement, et sans autre zèle que de rassembler le peuple, l’amuser… jusqu’à ce qu’un orchestre, le dirai-je ?

62. (1772) De l’art de la comédie. Livre quatrième. Des imitateurs modernes (1re éd.) [graphies originales] « CHAPITRE PREMIER. Regnard imitateur comparé avec la Bruyere, Plaute, & la nature. » pp. 5-50

Un ramassis de distractions plaisantes peut amuser dans un ouvrage où il suffit de coudre les différents traits l’un à la suite de l’autre sans fixer la durée du temps qui les vit naître ; mais dans une comédie où ils doivent tous arriver dans l’espace de vingt-quatre heures, où ils doivent tenir l’un à l’autre, s’enchaîner naturellement & produire des effets toujours plus comiques & plus naturels, le cas est bien différent. […] Monsieur, je suis bien sot de m’amuser au nom. […] Je consens qu’on s’amuse à la représentation de ses Menechmes, quand on n’a pas vu ceux du Poëte Latin : mais après cela, si l’on y rit, on ne pourra du moins estimer cette copie très défectueuse d’un très beau modele.

63. (1772) De l’art de la comédie. Livre quatrième. Des imitateurs modernes (1re éd.) [graphies originales] « CHAPITRE VIII. M. DE SAINT-FOIX. » pp. 288-296

Allons, faites-nous quelque petite histoire pour nous amuser.

64. (1885) Études sur la vie et les œuvres de Molière pp. -461

Le duc, toujours selon Boursault, s’amusait volontiers à raconter cette aventure et à en voir rire ses amis. […] M. de la Feuillade, s’il est vrai, comme je persiste à le penser, que Molière l’eût ici choisi pour modèle, dut être le seul des gens de cour, qui s’amusât peu de la scène de M. […] Alors, en effet, se trouvait à Paris une seconde troupe de comédiens que le roi voulut bien admettre plus d’une fois à l’honneur de l’amuser, le soir, dans sa chambre. […] L’illustre Gros-Guillaume, qui s’y trouvait déjà, avait plus qu’aucun le privilège d’amuser Henri IV et d’être souvent mandé au Louvre. […] Cependant, les bouffons 1 ayant amusé, il voulut leur en tenir compte.

65. (1772) De l’art de la comédie. Livre second. De ses différents genres (1re éd.) [graphies originales] « CHAPITRE XVIII. Des Pieces intriguées par des noms. » pp. 204-215

Tu ne t’amuses pas à voler des vétilles.

66. (1911) L’Étourdi de Molière et Le Parasite de Tristan L’Hermite (De Jodelle à Molière) pp. 292-302

L’essentiel était d’amuser, de tenir toujours le spectateur en joie, de laisser le plus possible sur la scène Mascarille tempêtant, s’adoucissant, fourbant, s’agitant, brûlant les planches.

67. (1819) Notices des œuvres de Molière (II) : Les Précieuses ridicules ; Sganarelle ; Dom Garcie de Navarre ; L’École des maris ; Les Fâcheux pp. 72-464

Sa jalousie n’est ni tout à fait terrible, ni tout à fait ridicule ; on ne peut ni plaindre assez les maux qu’il ressent et qu’il cause, ni s’amuser suffisamment des chimères qu’il se forge et de la confusion qu’il éprouve chaque fois qu’il est désabusé. […] Comme, avec tout le loisir qui avait manqué à Molière, ils n’avaient rien du génie par lequel il y a suppléé, leurs froides imitations, après avoir amusé un moment la malignité contemporaine par la peinture de quelques ridicules fugitifs, sont tombés dans le plus profond oubli.

68. (1853) Des influences royales en littérature (Revue des deux mondes) pp. 1229-1246

Qu’héritier d’une charge de valet de chambre du roi il ait été reçu avec bienveillance par Louis XIV, qu’il ait souvent réussi à l’amuser, lui ait été utile pour ses fêtes, et ait parfois employé à composer des divertissemens et des ballets le temps qu’il eût pu consacrer à donner des successeurs au Misanthrope et au Tartufe, tout cela est vrai. […] Molière, comme Lulli, contribuait aux plaisirs du roi, et c’est surtout à ce point de vue égoïste que Louis XIV semble les avoir associés dans ses regrets. « Il n’y a pas un an, écrivait Grimarest en 1706, que le roi eut occasion de dire qu’il ne remplacerait jamais Molière et Lulli. » On voit jusqu’au bouffon Scaramouche, de mœurs fort scandaleuses, jouir auprès de lui d’une sorte de faveur : c’était quelque chose que de réussir à amuser le grand roi.

69. (1747) Notices des pièces de Molière (1670-1673) [Histoire du théâtre français, tome XI] pp. -284

Le fonds des pièces n’était en aucune sorte intéressant, mais la finesse du dialogue y suppléait : enchâssée avec art, une scène succédait à l’autre, et ces scènes offraient toujours de quoi plaire, ou du moins de quoi amuser. […] Cette dernière partie est celle que l’on voit la première ; elle a des beautés qui amusent agréablement les regards, jusqu’au moment où la scène doit s’ouvrir. […] Ce sont des jeux où il s’amusait avant qu’il fît la profession qu’il a embrassé avec autant d’austérité qu’on sait qu’il la fait maintenant.

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