Après avoir déchiré la Sophonisbe de Corneille, il s’était subitement avisé d’en prendre la défense contre l’abbé d’Aubignac ; et, présumant bien qu’on ne manquerait pas de l’opposer à lui-même, il avait essayé de prévenir ainsi le reproche de contradiction ou de versatilité : « Je n’avais été voir Sophonisbe que pour y trouver des défauts ; mais, l’ayant été voir depuis en disposition de l’admirer, et n’y ayant découvert que des beautés, j’ai cru que je n’aurais pas de gloire à paraître opiniâtre et à soutenir mes erreurs. » Il y a plus de naïveté que d’adresse ou de dignité dans cette justification. […] Le succès justifia son audace : il fit preuve, pour cette fois, du talent de dessiner vigoureusement des caractères, et de combiner savamment une intrigue ; et, dans son faux Philinte de Molière, on put admirer du moins un égoïste véritable. […] Shakespeare a converti le dialogue de Lucien en un drame historique où son génie énergique et bizarre a prodigué les beautés et les défauts que sa nation admire en lui presque indistinctement. […] Si Sganarelle n’est pas proprement un caractère, il est du moins l’image fidèle et plaisante d’une espèce d’hommes assez commune dans les derniers rangs de la société, de ces hommes possédant un fonds naturel d’esprit et de gaieté ; fertiles en quolibets et en reparties grivoises ; fiers de quelques grands mots mal appris et plus mal employés qui les font admirer de leurs égaux ; docteurs au cabaret et sur la voie publique ; aimant leurs femmes et leur donnant des coups ; chérissant leurs enfants et ne leur donnant pas de pain ; travaillant pour boire et buvant pour oublier leurs peines ; n’ayant ni regret du passé, ni soin du présent, ni souci de l’avenir, véritables épicuriens populaires, à qui peut-être l’éducation seule a manqué pour figurer, sur une plus digne scène, parmi les beaux esprits et les hommes aimables.
Il s’aime, il se contemple, il court dans une glace Admirer de son port l’élégance & l’audace ; Il nous fait remarquer sa jambe, son mollet : « S’ils étoient emportés, dit-il, par un boulet, La... sérieusement ce seroit bien dommage : Eh bien, j’aurois la croix, oui la croix à mon âge. […] Il est frais & gaillard, il s’admire sans cesse, Et pense valoir mieux que toute la jeunesse. […] Lindor paroît, fait admirer son habit d’ordonnance, vante son cheval de bataille, se promet de faire des merveilles à l’armée, & veut embrasser Marton lorsque sa cousine rentre sur la scene. […] Dorilas ; il vient fort à propos pour admirer un chef-d’œuvre.
Est-ce le style, les caractères ou la disposition des scènes qu’il faut le plus admirer ? […] Ce qu’il faut surtout admirer en lui, c’est le génie avec lequel il s’identifie au caractère, aux mœurs et au langage de ses personnages ; on dirait que ces métamorphoses ne lui coûtent rien ; qu’il a été de tous les états ; qu’il s’est trouvé dans toutes les conditions. […] On va la voir en foule ; tout le monde l’admire ; tout le monde en est surpris, et peu de personnes pouvaient deviner l’artifice de cet instrument. […] Il s’est fait aussi admirer dans le rôle du vicomte de L’inconnu, ainsi que dans ceux de médecins et de marquis ridicules. » Les rôles de femme que Hubert jouait furent donnés à Beauval. […] Sa manière de jouer les grands rôles fit une révolution au théâtre ; mais on ne l’admira pas sur-le-champ autant qu’elle le méritait.
Au mois d’Octobre de la même année, la Salle du Petit Bourbon fut démolie pour ce grand et magnifique Portail du Louvre, que tout le monde admire aujourd’hui. […] Toutes ses Pièces n’ont pas d’égales beautés, mais on peut dire que dans ses moindres il y a des traits qui n’ont pu partir que de la main d’un grand maître, et que celles qu’on estime les meilleures, comme Le Misanthrope, Le Tartuffe, Les Femmes savantes, etc. sont des chef-d’œuvres qu’on ne saurait assez admirer.
L’Académie française a mis au concours cette question : « De la nécessité de concilier dans l’histoire critique des lettres le sentiment perfectionné du goût et les principes de la tradition avec les recherches érudites dites et l’intelligence historique du génie divers des peuples » ; et, bien que les concurrents aient évidemment peu de foi dans cette nécessité, puis que, d’année en année, le prix ne se décerne point, nous ne pouvons-nous empêcher d’admirer avec joie la foi de l’Académie elle-même dans cette nécessité non douteuse ; car, voyez ! […] X… J’admire les théories magnifiques, et c’est tout.
[94, p. 138-139] L’abbé Dubos287 admire dans la scène 7 du troisième acte288 du Misanthrope, la saillie de ce même personnage, qui rendant un compte sérieux des raisons qui l’empêchent de s’établir à la cour, ajoute, après une déduction des contraintes réelles et gênantes qu’on s’épargne en n’y vivait point : « On n’a point à louer les vers de messieurs tels. »289 Cette pensée devient sublime, dit-il, par le caractère connu du personnage qui parle, et par la procédure qu’il vient d’essuyer, pour avoir dit que des vers mauvais ne valaient rien.
Le roi ayant applaudi l’ouvrage, la cour crut l’avoir admiré. […] Du reste, il a mis dans ces changements toute la discrétion, toute la réserve, toute l’absence de prétention personnelle, que commandait le grand nom de Molière à un écrivain digne de l’admirer ; et, comme ces artistes adroits qui rendent une seconde vie aux chefs-d’œuvre du pinceau, en les transportant sur une toile nouvelle, et en réparant les outrages qu’ils ont reçus du temps, il a, si je l’ose dire ainsi, mis sa versification au ton de celle de Molière, évité soigneusement tout ce qui pouvait déceler une touche trop moderne, et mérité qu’en plus d’un endroit on pût attribuer au maître lui-même l’heureux travail de l’élève. […] Ce sont là de ces beautés dont le peuple de tous les pays est idolâtre : il ne faut que des yeux pour les admirer.
Deux volumes ne nous suffiroient pas : chaque page, à la vérité, nous feroit admirer de plus en plus ce célebre Auteur ; mais nous sortirions des bornes que nous nous sommes prescrites. […] Une jeune étrangere très vertueuse & qui manque des choses les plus nécessaires y loge : Freeport ne l’admire point ; mais il l’estime, veut la voir, passe brusquement dans son appartement, se fait apporter la gazette & du chocolat, lui parle sans ménagement de sa misere, lui reproche sa fierté, & lui dit. . . . . . . . . . . . . . . . . . .
J’ai admiré l’heureuse liberté avec laquelle tous les acteurs passent en un moment, d’un vaisseau en pleine mer à cinq cent mille sur le continent. […] Quoi de plus misérable que cette sotte querelle, où l’on ne sait quels aveugles on doit le plus admirer, ceux qui ne voyaient pas l’incomparable beauté de tout ce que l’antiquité avait fait, ou ceux qui ne voyaient pas qu’il fallait faire autrement que l’antiquité ? […] Pour moi, je crois qu’il faut être tolérant pour le goût des Hottentots ; mais je ne crois pas qu’il soit nécessaire d’admirer leur Vénus. […] Et si, plus tard, vous accompagnez Hegel à Paris, si vous allez avec lui aux Variétés, si vous écoutez ses francs éclats de rire quand Odry et Vernet lui font admirer M. […] Ce Descartes, que les femmes savantes admiraient et lisaient, avait commencé, contre l’esprit de routine et de stupide respect pour l’autorité, la guerre de l’indépendance intellectuelle.
C’est là que l’admirent les yeux de tourterelle de cette petite blonde, modeste, tendre, et boiteuse comme la prière, qui s’appelle mademoiselle Louise La Beaume Le Blanc de la Vallière. […] Admirez quelle passion l’anime : il en est tout bouffi ; il enrage. […] …Et dans l’ingénuité de son âme, n’épargnant aucun détail à son interlocuteur étranglé de jalousie, elle conte, en un récit charmant, sa rencontre avec Horace et leur assaut de révérences ; puis, la venue de certaine vieille, envoyée par le jeune homme pour lui peindre les blessures qu’il a reçues de ses yeux et lui en demander remède ; et après ce préliminaire, les visites d’Horace lui-même… Admirez le jeu de Molière pendant cette confidence innocemment assassine ! […] L’amoureux lui veut faire admirer ce fond d’âme, admirable en effet, que révèle chaque mot du billet ; Arnolphe n’y entend qu’une chose : c’est qu’il avait bien raison de ne pas vouloir qu’Agnès apprît à écrire ; voilà à quoi lui sert cet art funeste ! […] Les académistes reprochaient à Molière ses barbarismes, ses incorrections, et les libertés qu’il se donnait d’inventer de nouvelles expressions ; mais c’est tout cela, avec le vieux fonds de farce et de fabliau que La Fontaine allait piller aussi, c’est tout cela qui donne à son style cet éclat si franc, cette saine richesse et ce cossu qu’y admirait Sainte Beuve.
Nous admirons l’adresse de Valere, nous nous intéressons à lui ; mais les réparties brusques de Sganarelle nous alarment. […] Depuis que dans la tête il s’est mis d’être habile, Rien ne touche son goût, tant il est difficile : Il veut voir des défauts à tout ce qu’on écrit, Et pense que louer n’est pas d’un bel esprit ; Que c’est être savant que trouver à redire ; Qu’il n’appartient qu’aux sots d’admirer & de rire, Et qu’en n’approuvant rien des ouvrages du temps, Il se met au-dessus de tous les autres gens : Aux conversations même il trouve à reprendre ; Ce sont propos trop bas pour y daigner descendre, Et les deux bras croisés, du haut de son esprit, Il regarde en pitié tout ce que chacun dit. […] On raconte que Boileau 30 admira beaucoup le Misanthrope à la premiere lecture que Moliere lui en fit, & que ce dernier s’écria : Ah !
La piece ne prouve donc point qu’un caractere propre à une province puisse fournir assez de matiere pour une grande piece ; d’ailleurs, si nous admirons avec juste raison plusieurs scenes de la Réconciliation Normande, nous devons cependant nous garder de prendre pour modele la piece entiere. […] Après avoir admiré les couleurs favorables avec lesquelles M.
Célie fait admirer à sa suivante le portrait de Lélie, est bien fâchée qu’il soit absent, & se trouve mal. […] Camille ramasse le portrait de Célio qu’Eléonora a laissé tomber, & l’admire.
La conversation de Valère avec Ascagne, déguisée en homme, celle des deux vieillards qui se demandent réciproquement pardon, sans oser s’éclaircir du sujet de leur inquiétude, la situation de Lucile, accusée en présence de son père, et le stratagème de Valèrea pour tirer la vérité de son valet, sont des traits également ingénieux et plaisants : mais l’éclaircissement d’Éraste et de Lucile, qui a donné à la pièce le titre de Dépit amoureux, leur brouillerie, et leur réconciliation, sont le morceau le plus justement admiré. » 1659. […] La passion du bel esprit, ou plutôt l’abus qu’on en fait, espèce de maladie contagieuse, était alors à la mode. » « 1Il régnait dans la plupart des conversations un mélange de galanterie guindée, de sentiments romanesques et d’expressions bizarres, qui composaient un jargon nouveau, inintelligible et admiré ; les provinces, qui outrent toutes les modes, avaient encore enchéri sur ce ridicule ; les femmes qui se piquaient de cette espèce de bel esprit s’appelaient précieuses : ce nom, si décrié depuis par la pièce de Molière, était alors honorable, et Molière même dit dans la préface que les véritables précieuses auraient tort de se piquer, lorsqu’on joue les ridicules qui les imitent mal. […] Elle aurait été sans doute plus admirée que les Précieuses, puisqu’encore que le temps lui fût contraire, l’on doute si elle n’a pas eu autant de succès ; jamais on ne vit de sujet mieux conduit, jamais rien de si bien fondé que la jalousie de Sganarelle, et jamais rien de si spirituel que les vers. […] Despréaux ne se lassait point d’admirer Molière, qu’il appelait toujours le contemplateur.
Apollon oppose à ce rapport purement naturel le droit moral de l’époux, et ici la gravité du génie d’Eschyle est digne d’être éternellement admirée. […] Ils ont à un haut degré le sens du vrai, non pas de cette vérité large, concrète, réelle, que j’ai admirée dans Shakespeare, mais d’une vérité plus pure, plus générale et plus philosophique, qui supprime dans les représentations de l’art le détail et l’accident, pour dégager et mettre en lumière l’idée essentielle. […] Hegel admire don Quichotte pour la foi naïve et sérieuse qu’il garde en lui-même et en sa mission jusqu’à la fin. […] 1º Puisque l’auteur comique ne doit pas complètement disparaître derrière ses personnages, je puis admirer l’humour modéré du romancier espagnol, ses prologues, ses parenthèses, l’ingénieuse idée qu’il a eue de faire critiquer son roman par les personnage s mêmes qui y remplissent un rôle, et la façon spirituelle dont il plaisante au sujet de l’âne de Sancho, perdu dans la montagne et monté par son maître, avant que Sancho l’eût trouvé. 2º Puisque le personnage comique doit avoir conscience de sa propre sottise, je puis admirer ce bon Sancho presque d’un bout à l’autre de ses faits et gestes, mais principalement lorsqu’il dit : « Si j’avais deux onces de bon sens, il y a longtemps que j’aurais planté là mon seigneur242. » 3º Puisqu’enfin le personnage comique doit être plein d’esprit dans sa sottise, je puis admirer don Quichotte lui-même, malgré sa malencontreuse naïveté.
Molière, chef d’une Troupe de Comédiens, avait besoin de plaire à la multitude, sans laquelle une pareille Troupe ne peut vivre : il était même souvent obligé d’amuser la Cour, qui, avec un goût délicat, aime encore plus à rire qu’à admirer. […] Le Prince de Conti*, devant lequel on la représenta, admira les talents de l’Auteur, et voulut se l’attacher en qualité de Secrétaire ; mais heureusement pour la gloire du Théâtre Français Molière préféra de suivre l’impulsion de son génie. […] Corneille, après les avoir examinés quelques temps, dit : « Je ne les entends pas trop bien non plus ; mais récitez-les toujours ; tel qui ne les entendra pas, les admirera ». […] Il s’est fait aussi admirer dans le rôle du Vicomte de l’Inconnu, ainsi que dans ceux des Médecins, et des Marquis ridicules. […] Molière, chef d’une Troupe de Comédiens, avait besoin de plaire à la multitude, sans laquelle une pareille Troupe ne peut vivre : il était même souvent obligé d’amuser la Cour, qui, avec un goût délicat, aime encore plus à rire qu’à admirer.
J’admire certainement beaucoup toutes ces subtilités, mais elles nous meneroient trop loin.
Voilà des obstacles qui ne nous permettent point d’admirer ce Poëte selon son mérite, ni en Grec, ni en Latin, ni dans les Versions Françoises les plus fidelles, & les plus polies, qu’on nous en puisse donner. […] N’admirez vous pas que tout ce que j’ai de raison ne serve qu’à me faire connoître ma foiblesse sans en pouvoir triompher ? […] Il a peut-être dit mille fois avec Horace16, j’aimerois mieux passer pour le plus chétif de tous les Auteurs, & être content, que d’avoir un si grand esprit, & un génie si admiré, & souffrir tant d’inquiétudes.
Vous admirerez peut-être Molière un peu autrement que vous n’avez coutume de le faire, mais vous ne l’admirerez pas moins. […] La tradition des critiques classiques, du corps des critiques, je le dis en passant, n’est pas toujours de trop admirer, elle est bien souvent de ne pas assez admirer, et cela est arrivé plus qu’on ne croit en ce qui concerne Molière. […] On admire Shakespeare et Goethe, on se passionne pour Schiller, on ne joue assidûment que nos auteurs. […] Elle ne l’est point cependant ; il faut encore qu’elle persécute tout ce qui ne l’admire point assez et qu’elle écrase ce qui consent de guerre lasse à l’admirer. […] ANAXAGORE Admirez la désolation du bel Alcibiade !
Voilà des obstacles qui ne nous permettent point d’admirer ce Poëte selon son merite, ni en Grec, ni en Latin, ni dans les versions Françoises les plus fidelles, & les plus polies, qu’on nous en puisse donner. […] Il a peut-être dit mille fois avec Horaced, j’aimerois mieux passer pour le plus chétif de tous les Auteurs, & être content, que d’avoir un si grand esprit, & un génie si admiré, & souffrir tant d’inquietudes.
Mais l’éclaircissement du même Eraste & de Lucile, qui a donné à la piéce le tître de dépit amoureux, leur brouillerie & leur réconciliation, sont le morceau de cet ouvrage le plus justement admiré. […] On n’étoit pas dans l’habitude de porter au spectacle de la comédie, ce degré d’attention nécessaire pour saisir les détails & les rapports délicats que l’on a depuis admirés dans cette piéce ; le comique noble qui y régne ne fut point senti ; enfin, malgré la pureté & l’élégance du stile, elle fut reçûë froidement. […] Le peu qui nous en reste, suffit pour nous faire admirer la fécondité & l’étenduë du génie de Moliére, qui sçavoit se plier en tant de maniéres, & se prêter à tous les genres. […] On se contenta d’admirer également & l’art avec lequel Moliere avoit mis en œuvre ce qu’il avoit emprunté de Plaute, & la justesse de son goût dans les changemens, & dans les additions qu’il avoit crû devoir faire. […] A considérer le nombre des ouvrages57 que Moliere a composés dans l’espace d’environ vingt années, au milieu de tant d’occupations différentes qui faisoient partie de ses devoirs, on croira plûtôt, avec Despreaux,58 que la rime venoit le chercher, qu’on n’ajoutera foi à ce qu’avance un auteur,59 que Moliere travailloit difficilement : & l’on y admirera ce génie vaste, dont la fécondité cultivée & enrichie par une étude continuelle de la nature, a enfanté tant de chef-d’œuvres.
Ce ne sont plus deux furieux qui cherchent à terminer bien vîte leur combat par des coups mortels, ce sont au contraire deux athletes qui, placés dans la position la plus favorable pour faire admirer la souplesse, la grace & la vivacité de leurs mouvements divers, se fournissent tour-à-tour les moyens de les développer aux yeux du spectateur charmé. […] J’admire un beau château : Il ne tiendroit qu’à moi d’en avoir un plus beau, Me dis-je.
Monsieur Despréaux ne se lassoit point d’admirer Moliere, qu’il appelloit toujours le Contemplateur. […] Moliere étant pressé par le Roi au sujet de la Comédie des Fâcheux eut recours à Chapelle pour lui faire la Scene de Caritidès, que Moliere trouva si froide qu’il n’en conserva pas un seul mot ; & fit de son chef cette belle Scene que nous admirons dans le Fâcheux.
Il faut lire cent fois cette pièce et l’admirer chaque fois davantage. […] La première scène du premier acte, où la vieille mère Pernelle, en grondant toute sa famille, expose si plaisamment et la pièce et le caractère de chacun ; la cinquième, où Orgon s’informe de la santé de Tartufe, et oublie sa femme et ses enfants, malgré les railleries de Dorine ; la sixième sur les faux dévots entre Orgon et Cléante, scène admirablement écrite ; la quatrième du deuxième acte, où les amants se brouillent par un malentendu, et se raccommodent par les soins de Dorine ; la deuxième du troisième acte, où Tartufe s’annonce ; la troisième, où il fait sa déclaration à Elmire ; la sixième, où Orgon lui demande pardon à genoux pour son fils qui l’a accusé ; la cinquième du quatrième acte, où Orgon est sous la table, scène si singulière, si belle et si hardie : voilà les principales beautés d’un ouvrage que l’Europe admire avec raison.
Dans l’intervalle, admirez la série : le Mariage forcé, la Princesse d’Élide, l’Amour médecin, Mélicerte, Pastorale comique, le Sicilien, George Dandin, M. de Pourceaugnac, les Amans magnifiques, le Bourgeois gentilhomme… Dansés devant le roi, et quelques-uns par le roi, à Vaux, à Fontainebleau, au Louvre, à Versailles, à Saint-Germain, à Chambord, aux Tuileries, avant d’être donnés au public sur la scène du Palais-Royal, (et tous n’y parviennent pas), ce ne sont que ballets, encore ballets, toujours ballets ! […] On admire, dans la « salle des machines, » construite exprès aux Tuileries, « la magnificence des décorations, le nombre des changements, l’excellence des concerts.
C’est ainsi à peu près qu’un beau portrait de Vandick, représentant un, personnage qui depuis longtemps n’est plus et dont le souvenir même n’excite aucun intérêt, est toujours d’un grand prix aux yeux des connaisseurs, qui savent y admirer la correction et la fermeté du dessin, l’éclat et la vérité de la couleur, l’air de nature et de vie, enfin l’art et la main d’un grand maître. […] Les deux premiers actes de L’École des maris sont généralement admirés, l’un comme renfermant une des meilleures expositions qui soient au théâtre, l’autre comme développant avec art l’intrigue la plus ingénieuse et la plus comique. […] Plaute n’est plus qu’un plat bouffon, Et jamais il ne fit si bon Se trouver à la comédie ; Car ne pense pas qu’on y rie De maint trait jadis admiré Et bon in illo tempore ; Nous avons changé de méthode ; Jodelet n’est plus à la mode, Et maintenant il ne faut pas Quitter la nature d’un pas.
le Grand, les Marquis de Villeroy & de Rasan, Mademoiselle de la Valiere, Madame de Rochefort, Mademoiselle de Brancas, s’y firent admirer aussi.
Mais les défauts de Molière ne sont pas des défauts, ce sont des qualités ; ce que l’on reprendrait chez tout autre, il est convenu qu’on le doit admirer chez Molière ; le style de Molière, la morale de Molière, la philosophie de Molière n’appartiennent pas à la critique ; Molière est en dehors et au-dessus de toute discussion, et comme il n’y a que des pédants enfin pour oser dire qu’en pensant bien, Molière écrit quelquefois mal, il n’y a que des tartufes pour se permettre d’insinuer que le théâtre de Molière n’est pas toujours une école de délicatesse, de mœurs et de vertu. — Boileau, La Bruyère, Bayle, Fénelon, Vauvenargues sont les pédants ; les tartufes s’appellent Racine, Bourdaloue, Bossuet et Jean-Jacques Rousseau. […] Et c’est assurément trop, que de voir sacrifier à Molière tous ceux d’abord que leur mauvaise fortune mit jadis en conflit avec lui ; tous ceux ensuite qui, l’ayant sincèrement admiré, ne l’ont pas admiré sans mesure ; et tous ceux enfin qui, pour être grands dans un autre genre et d’une autre manière, ne sont pas moins grands que l’auteur du Misanthrope. […] Est-ce là, je le demande, admirer, aimer, honorer Molière ? […] Alors on admire ce style improvisé, j’entends ici, comme je le disais tout à l’heure à propos de la versification, qui semble improvisé par les acteurs même. On admire cette absence de prétention littéraire, et l’on est heureux de ne pas sentir l’auteur derrière ses personnages.
Quelle prévention que cette qui fait voir un bureau de fade bel esprit dans cette maison, ou le poète le plus mâle de notre littérature et le plus élevé, à qui il n’est arrivé qu’une seule fois de mettre une passion amoureuse sur la scène, allait chercher des conseils et des encouragements, échauffer et exalter son énergique talent, et où il trouvait l’inexprimable bonheur délie goûté, senti, admiré dans son élévation et dans sa profondeur, par des femmes qui s’étaient passionnées dans la noble conversation de Balzac pour la grandeur romaine !
Le malheur est qu’on avait affaire à des parents, à des amis, à des voisins grossiers, qui, n’entendant rien aux grands airs et au beau langage, s’en moquaient, au lieu de les admirer. […] Quand on voit, dans Tartuffe ou dans Le Misanthrope, une foule de personnages, ayant tous des physionomies différentes, qui sont toutes également vraies et frappantes, on admire et l’on ne s’étonne pas. […] Admirons, en nous résumant, dans quelles erreurs étranges peut tomber un homme, d’ailleurs plein de lumières et de bonne foi, quand la prévention lui a mis son bandeau sur les yeux. […] Chrysale, qui aurait droit de donner des ordres à sa femme, n’ose pas même lui adresser des reproches, et il se sert d’un détour pour lui faire entendre quelques vérités qu’il ne peut plus retenir : Clitandre, qui voit le sort de son amour dépendre de cette femme impérieuse, ne saurait se faire violence au point d’admirer ses écrits, et il la blesse sensiblement en perçant devant elle, des traits les plus acérés, l’homme dont elle est enthousiasmée. […] Il faut donc attribuer ce succès extraordinaire à l’honorable empressement du public, qui ne se lassait pas de venir admirer le dernier chef-d’œuvre d’un homme qui en avait produit tant d’autres, et qui n’en devait plus produire.
Et content de l’admirer dans ses Ouvrages, je m’embarrassais peu ni qui il était, ni d’où il était ; l’État n’est nullement intéressé dans sa naissance ni dans ses actions. […] Il y a des noms en blanc ; on s’occupe à les deviner ; cela suffit pour faire dire : Voilà un Livre excellent, pour exciter la curiosité, pour faire admirer l’ordre et le style.
Non, j’écoute, j’admire, & je me tais. […] Cléante fait admirer à Marianne le diamant que son pere porte au doigt, & l’oblige à le garder, malgré le désespoir d’Harpagon.
Argentine s’en charge : un moment après elle trouve sur la table celui de l’objet qu’elle aime en secret, celui de son cher Arlequin ; elle l’admire, elle le baise, lorsque Scapin la surprend : il est jaloux, fait grand bruit, a cru voir le portrait d’Arlequin ; mais Argentine lui persuade le contraire en lui montrant celui de Celio qu’elle a ordre d’apporter à sa maîtresse.
Toi que nous admirons, sans oser nous flatter Que parmi tes enfants tu daignes nous compter, Pardonne notre audace au feu qui nous anime : Que notre amour nous légitime, Et soyons tes enfants, au moins pour te fêter.
On les admirera après que leurs originaux auront disparu : ils respireront toujours la vérité, & l’on s’écriera : Ils devoient être bien ressemblants !
Si l’Européen fut charmé de la tournure, des traits & des graces un peu sauvages de l’Américaine toute nue ; celle-ci n’admira pas moins l’air, la taille & le teint d’un Européen habillé de pied en cap. […] Deux événements si extraordinaires furent admirés de tous les habitants des Smyrne, & les Turcs n’y parurent pas les moins sensibles.
Emilie est aimable, & je lui rends justice : Mais j’admire ses traits, sans en être touché ».
À la cour on n’a ni le droit ni le moyen de se faire écouter, de se faire étudier, de se faire admirer.
Nulle partie n’en est méprisable, nulle sans doute n’est négligée : que dire de la principale, qui se compose des offices de la trinité elle-même, admirés par tout l’univers ? […] Pendant le siège de Paris, j’ai admiré à la devanture d’un magasin une boîte de filet de bœuf conservé, je l’ai achetée fort cher : une tranche de viande, une seule, occupait bien le dessus ; mais dessous, c’était un hachis suspect.
Il écrit à Racine les vers suivants : Et qu’importe à nos vers que Perrin les admire, Que l’auteur du Jonas s’empresse pour les lire ; Qu’ils charment de Senlis le poète idiot127, Ou le sec traducteur du français d’Amyot, Pourvu qu’avec éclat leurs rimes débitées Soient du peuple, des grands, des provinces goûtées, Pourvu qu’ils puissent plaire au plus puissant des rois, Qu’à Chantilly Condé les souffre quelquefois, Qu’Enghien en soit touché, que Colbert et Vivonne, Que La Rochefoucauld, Marsillac et Pomponne, Et mille autres qu’ici je ne puis faire entrer, À leurs traits délicats se laissent pénétrer ! […] Il termine en honnissant … Un tas grossier de frivoles esprits, Admirateurs zélés de toute œuvre insipide ; Que, non loin de la place où Brioché préside Sans chercher dans les vers ni cadence ni son, Il s’en aille admirer le savoir de Pradon !
Le siecle passé a rendu justice à tous ses faiseurs d’églogues, de satyres, d’épigrammes, de romans, de portraits, d’allégories : il les a tous admirés ; & leurs noms parvenus jusqu’à nous, sont certains de ne mourir jamais.
Le Roi même ne dédaignoit pas de les embellir en y faisant admirer son port & ses graces3.
Les Scudéri, les Desmarets ont fait passer sur notre Théâtre l’emphase ridicule des mauvais Auteurs Italiens & Espagnols, & on les a admirés : grands Dieux ! […] Les badauds, les gens qui admirent tout, s’écrient : l’Auteur connoît le monde.
Admirez Molière, avant tout, et de toutes vos forces, et M. […] Admirez cependant quelle différence, et en même temps quelle frappante ressemblance entre Molière et Shakespeare ! […] C’est ainsi que Molière a trouvé Alceste, le grand seigneur des histoires d’autrefois, Alceste qu’on pourrait comparer à un beau calque du sire de Montagne, le grondeur Alceste, éperdument amoureux ; et je vous prie, admirez cela, amoureux d’une Française ! […] Tu subis à ton insu l’admiration qu’on t’a imposée ; tu es trop vieux et trop mal élevé, et trop ignorant des choses poétiques pour admirer sérieusement ces grandes œuvres faites pour le grand siècle. […] La seule chose que j’admire dans Le Barbier de Séville, c’est que Beaumarchais ait trouvé le moyen d’avoir un amoureux dont les poches sont pleines d’or, et cependant cet amoureux est arrêté à chaque pas.
Au lieu d’élever de vains griefs contre le cœur ou la raison de Molière, admirons donc la perfection morale d’un art toujours soucieux, ici comme ailleurs, de traiter les personnages suivant leurs œuvres. […] »Mais il en coûte d’insister sur un jugement que la postérité devait juger à son tour : regrettons seulement de ne pas voir unis par une mutuelle estime tous ceux qu’on respecte et qu’on admire. […] Donc, s’il faut admirer chez Plaute la verve du dialogue, ne lui demandons point une profondeur d’observation qui est la gloire de Molière. […] Admirons donc avec quelle adresse Molière sut enrichir un sujet qui semblait indigent ; car il n’y met en scène qu’un ridicule assez mince dans un cadre assez étroit, sans autre péril qu’un sot mariage s’opposant à une espérance d’union bien assortie. […] Au lieu de flatter une folle et de se faire violence pour l’admirer, il la blesse par les traits dont il perce le sot qui l’encense.
Le Roi admira ce sentiment généreux, et accorda la pension de 6,ooo livres à la troupe entière, dont elle a toujours joui, et qui fut augmentée à la jonction des troupes vers 1680, à 12,000 livres3. […] L’homme ennemi du genre humain, Le campagnard qui tout admire, N’ont pas lu tes écrits en vain : Tous deux s’y sont instruits en ne pensant qu’à rire. […] On a toujours trouvé dans cette comédie le déguisement d’une fille en garçon peu vraisemblable, mais on admire la scène de la brouillerie et du raccommodement d’Eraste et de Lucile. […] Elle avoit auparavant été admirée sur le théâtre du Marais, où elle jouoit tous les premiers rôles sérieux et comiques.
Voilà ce qu’on admire dans les ouvrages de Moliere ; voilà ce qui le fera toujours regarder par les gens sensés comme le dieu de la comédie. […] Il gémit de trouver le public corrompu jusqu’au point d’admirer leurs productions, & de leur prodiguer des éloges : il a recours aux armes qui ont combattu dans ses mains l’affectation du langage & des manieres ; elles vont lui servir pour terrasser celle qui regne dans les ouvrages. […] Le méchant goût du siecle en cela me fait peur : Nos peres, tout grossiers, l’avoient beaucoup meilleur : Et je prise bien moins tout ce que l’on admire, Qu’une vieille chanson que je m’en vais vous dire.
« L’Italie a su dominer l’Europe parla seule astuce, tour de force que n’a encore exécuté, tenté aucune autre nation, ce qui me fait admirer le Papisme. […] Sans admirer en vous l’Auteur de la nature Tartuffe Et je n’ai pu vous voir, parfaite créature, Sans admirer en vous l’Auteur de la nature Et d’une ardente amour sentir mon cœur atteint. […] Philaminte peut admirer de très bonne foi les vers de Trissotin. […] Si vous vouliez de vous nous montrer quelque chose, À notre tour aussi nous pourrions admirer. […] Le gros du public admire un grand dessein, mais ce grand dessein manque son objet, et des scènes qui, étant un peu faibles pour nous, sont bien intelligibles pour lui.
Flaminia l’admirait ; Scapin le prenait afin qu’elle pût le voir mieux, le lui montrait de près, puis l’assurait que Pantalon la suppliait de l’accepter.
Ou bien devons-nous nous en rapporter au grand juge littéraire du xviie siècle, à ce pauvre Boileau, qui admirait et recommandait la comédie de Molière pour sa « naïveté » ? […] Il vaudrait peut-être mieux, plutôt que d’attendre deux cents ans pour découvrir dans un ouvrage des mérites qui ne s’y trouvent pas, reconnaître tout de suite et admirer ceux qui s’y trouvent.
tes vertus te rendent plus cher à ceux qui t’admirent ; mais c’est ton génie qui intéresse l’humanité, et c’est lui surtout que j’ai dû peindre. […] L’un est le Comique attendrissant, trop admiré, trop décrié, genre inférieur qui n’est pas sans beauté ; mais qui, se proposant de tracer des modèles de perfection, manque souvent de vraisemblance, et est peut-être sorti des bornes de l’Art en voulant les reculer.
Le 7 juillet, elle lui dit : « Vous ne pouvez assez plaindre ni assez admirer la triste aventure de cette nymphe (Jo) : quand une certaine personne en parle, elle dit ce haillon.
Il y fut écouté et admiré, et il eut la joie d’éclairer, de ramener, de raffermir et de consoler un grand nombre d’affligés. […] En plein règne de Louis le Grand, son époque si glorieuse et si admirée fut traitée de lie des siècles. […] Plus sa conscience le criera, plus sa bouche le niera ; loin de condamner Molière, il l’admirera d’autant plus que sa diffamation paraîtra plus hardie. […] Est-ce Alceste ou Philinte qu’il faut qu’on admire ? […] Le titre de bouffon, que Bazin donne sans sourciller au moraliste qu’il admire, semble indiquer que l’ancienne signification de ce nom a bien changé depuis cent cinquante ans.