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13. (1801) Moliérana « [Anecdotes] — [31, p. 59-61] »

S’il faut qu’une190 attente éternelle, Pousse à bout l’ardeur de mon zèle, Le trépas sera mon recours.

14. (1772) De l’art de la comédie. Livre premier. De ses différentes parties (1re éd.) [graphies originales] « CHAPITRE XII. Des Scenes. » pp. 223-249

J’ai douté fort long-temps que ce fût tout de bon, Et je croyois toujours qu’on changeroit de ton ; Mais c’est assez avant pousser le témoignage, Je m’y tiens, & n’en veux, pour moi, pas davantage. […] Allons, ferme, poussez, mes bons amis de cour, Vous n’en épargnez point, & chacun a son tour : Cependant aucun d’eux à vos yeux ne se montre, Qu’on ne vous voie en hâte aller à sa rencontre, Lui présenter la main, &, d’un baiser flatteur, Appuyer le serment d’être son serviteur. […] Les rieurs sont pour vous, Madame ; c’est tout dire, Et vous pouvez pousser contre moi la satyre.

15. (1772) De l’art de la comédie. Livre second. De ses différents genres (1re éd.) [graphies originales] « CHAPITRE XXXVII. Du titre des Pieces à caractere. » pp. 417-432

mais, Monsieur, je m’en souviens : Vous poussiez de grand cris. […] Vous poussiez de grand cris.

16. (1835) Mémoire pour servir à l’histoire de la société polie en France « Chapitre XXXIII » pp. 378-393

Je vous dis le fait sans aucune paraphrase. » Les maîtresses de François Ier, de Henri II, les Châteaubriant, les duchesses de Valentinois, n’ont pas poussé l’impudence aussi loin. […] Il est impossible de pousser l’impudence plus loin que d’affronter tout ensemble, et la maîtresse qu’on a trahie et supplantée, et la reine, qu’on a outragée et que l’on doit outrager encore.

17. (1900) Quarante ans de théâtre. [II]. Molière et la comédie classique pp. 3-392

Et encore ne nous arrêtâmes-nous là que parce que notre érudition ne poussait pas plus loin. […] Il faut que tout le monde y pousse franchement jusqu’au grotesque. […] Si elle n’existait pas, et au degré inouï auquel Molière a cru la devoir pousser, il n’y aurait plus de pièce. […] La scène est très comique, mais de ce comique profond et triste, qui pousse à la réflexion plus encore qu’au rire. […] Jamais il n’a poussé si loin que dans Le Malade imaginaire ce que l’on appelle aujourd’hui la rosserie.

18. (1840) Le foyer du Théâtre-Français : Molière, Dancourt, I pp. 3-112

Le docteur pousse à des intrigues amoureuses un de ses écoliers, et l’écolier commence par séduire la femme de son professeur, malgré toutes les précautions que celui-ci prend pour sauver son honneur. […] Montfleury fils ajoute que si chacun des membres de l’honorable confrérie à laquelle il dédie sa pièce en achète un exemplaire, il est sûr de sa fortune et de celle de son libraire; peut-on pousser l’impertinence plus loin. […] Peut-on pousser l’aveuglement de l’avarice plus loin. […] Lorsque Scapin cherche à excuser auprès d’Argante le mariage de son fils et dit qu’il a été poussé par sa destinée. […] Il était difficile de pousser l’impertinence plus loin.

19. (1882) Molière (Études littéraires, extrait) pp. 384-490

Pour qu’elle s’échappe, il faut qu’on le pousse à bout. […] Mais ne poussons pas trop un parallèle offensant. […] Ces petits-maîtres fanfarons se vantent aussi de savoir pousser galamment une affaire d’honneur. […] Il lui arrive de forcer la couleur et de pousser le trait à outrance. […] Après tout, il regimbe parce que des rebuffades et les menaces du bâton le poussent à bout.

20. (1772) De l’art de la comédie. Livre second. De ses différents genres (1re éd.) [graphies originales] « CHAPITRE XXVII. Du Caractere des Professions. » pp. 284-302

Mais je ne veux pas qu’il pousse à bout un honnête homme comme vous. […] Il faut être humain en certaines occasions, & ne pas pousser à bout des gens qui s’aident, & qui viennent au-devant de vous. . . . . . . . . . . . . . . . . .

21. (1772) De l’art de la comédie. Livre quatrième. Des imitateurs modernes (1re éd.) [graphies originales] « CHAPITRE IX. M. PALISSOT. » pp. 297-316

Vous me poussez à bout. […] Vous me poussez à bout.

22. (1772) De l’art de la comédie. Livre troisième. De l’imitation (1re éd.) [graphies originales] « CHAPITRE II. » pp. 20-52

Mais non : admirez jusqu’où je pousse ma bonté pour vous, quoique vous en soyez indigne. […] Poussez. […] Poussez.

23. (1772) De l’art de la comédie. Livre troisième. De l’imitation (1re éd.) [graphies originales] « CHAPITRE III. » pp. 53-56

La Précieuse de Chappuzeau n’a que le ridicule de parler science ; la Madelon & la Cathos de Moliere poussent l’affectation jusques dans les conversations les plus familieres, & la façon de se mettre.

24. (1772) De l’art de la comédie. Livre second. De ses différents genres (1re éd.) [graphies originales] « CHAPITRE XXV. Des Caracteres généraux. » pp. 263-267

Les Tartufes François poussent des soupirs dans une église ; ailleurs c’est dans une mosquée, devant une pagode, un oignon, un crocodile, une citrouille, &c.

25. (1772) De l’art de la comédie. Livre premier. De ses différentes parties (1re éd.) [graphies originales] « CHAPITRE XVI. De l’Entr’acte. » pp. 289-308

Quelques législateurs dramatiques ont poussé plus loin le parallele de la peinture & de la poésie. […] Je sais encore que si la noble & honnête fermeté qui pousse un homme franc à dire son avis, arme contre lui quelques Auteurs & leurs partisans, une basse & lâche flatterie compromet son jugement & le fait siffler des connoisseurs.

26. (1847) Le Don Juan de Molière au Théâtre-Français (Revue des deux mondes) pp. 557-567

Le brave frère de Pierre Corneille, dont les vers, pendant tant d’années, avaient protégé et fait oublier la prose de Molière, cette prose exquise, quoi qu’aient dit à l’encontre Fénelon et La Bruyère9, est devenu, à son tour, victime d’un de ces revirements de l’opinion publique qui poussent le droit jusqu’à l’injustice. […] On a, d’ailleurs, poussé le respect pour les moindres indications venues de Molière, jusqu’à faire apparaître au cinquième acte le fantôme d’une femme voilée qui se transforme tout à coup en une figure du Temps, avec sa faux à la main.

27. (1835) Mémoire pour servir à l’histoire de la société polie en France « Chapitre XXXII » pp. 355-377

Vous verrez de quelle manière se tournera cette amitié. » Le 28 juin, « Vous jugez très bien de Quantova (madame de Montespan) ; si elle peut ne point reprendre ses vieilles brisées, elle poussera sa grandeur au-delà des nues ; mais il faudrait qu’elle se mît en état d’être aimée toute l’année sans scrupule111 ; en attendant, sa maison est pleine de toute la cour ; les visites se font alternativement, et la considération est sans bornes. » Une autre lettre, du 3 juillet, porte : « Ah ! que l’autorité et la considération seront poussées loin si la conduite du retour est habile ?

28. (1865) Les femmes dans la comédie de Molière : deux conférences pp. 5-58

L’homme seul est un être incomplet ; il sait qu’il lui manque quelque chose, et une force intérieure le pousse à combler le vide qu’il sent en lui. […] On a dit que le spectateur ne rit pas de la vertu d’Alceste, mais de l’excès où il la pousse. […] Sans doute, l’affection du Misanthrope est un peu rude ; il ne sait point pousser le doux, le tendre et le passionné ; il va droit au but par le chemin le plus court, et ne ménage ni Célimène, ni ses complaisants. […] Ne poussons pas à bout sa patience ; il est temps de lui proposer enfin la femme qui doit fixer son choix.

29. (1848) De l’influence des mœurs sur la comédie pp. 1-221

L’hiver, dans un fauteuil, avec des citoyennes, Les pieds sur les chenets étendus sans façons, Je pousse la fleurette et conte mes raisons. […] Il ne l’est pas, non, comme le dit La Harpe, parce qu’il pousse la vertu jusqu’à l’excès, mais plutôt parce qu’il s’en fait une idée complètement fausse. […] Mais, à vous dire vrai, ce n’est pas encor tout, Et vous allez me voir la pousser jusqu’au bout, Montrer que c’est à tort que sages on nous nomme, Et que dans tous les cœurs il est toujours de l’homme. […] C’est par la savante et profonde combinaison des trois principaux personnages de sa comédie, par les passions et les vertus poussées à l’extrême dont il les a doués, que Molière a pu rendre possible la fameuse scène du quatrième acte, où Elmire, en présence de son mari caché sous la table, oblige Tartuffe à se démasquer. […] Mais dans la pensée même qu’on suppose à Tartuffe, qu’il serait charmé de voir administrer à Damis cette correction, il connaît trop bien le caractère têtu de son ami pour ne pas savoir que la résistance en pareil cas est ce qui le pousserait le plus à se satisfaire.

30. (1706) Addition à la Vie de Monsieur de Molière pp. 1-67

C’est une règle de politesse que l’on pousse même jusqu’à un siècle. […] On est désolé d’entendre des Acteurs qui poussent leur voix, comme des possédés, en prononçant, par exemple, un adjectif, et tomber du moins à l’octave en proférant son substantif : Au lieu d’entraîner le Spectateur insensiblement, par degrés conjoints, s’il m’est permis de parler ainsi, jusqu’au terme qui doit lui faire sentir la pensée que l’on exprime. […] J’ennuierais sans doute le Lecteur de pousser plus loin cette matière ; en voilà assez pour faire connaître que mon Censeur a eu tort de se récrier si fortement sur ce que j’ai dit du jeu d’aujourd’hui par rapport à celui d’autrefois.

31. (1772) De l’art de la comédie. Livre second. De ses différents genres (1re éd.) [graphies originales] « CHAPITRE XXII. Des Pieces à caractere. » pp. 253-258

Enorgueillissons-nous, si nous le voulons absolument, d’avoir poussé plus loin que les Anciens l’art dans les pieces à caractere ; mais ne nous flattons pas d’avoir créé ce genre, comme si nous ignorions que nous devons aux Espagnols le premier caractere qui ait paru sur notre scene.

32. (1772) De l’art de la comédie. Livre premier. De ses différentes parties (1re éd.) [graphies originales] « CHAPITRE VI. Des Prologues. » pp. 118-138

Qui eût pensé que Tou-ngan-cou, poussé par la jalousie qui divise toujours les Mandarins d’armes & les Mandarins de lettres, tromperoit le Roi, & le porteroit à faire mourir toute notre maison, au nombre de trois cents personnes ? […] Se peut-il que dans un temps aussi éclairé que celui qui a succédé à Moliere, les Modernes aient poussé plus loin que les Anciens, la folle manie de faire des prologues ?

33. (1772) De l’art de la comédie. Livre second. De ses différents genres (1re éd.) [graphies originales] « CHAPITRE II. Des Comédies Héroïques. » pp. 9-29

Ce dernier outrage le pousse à bout. […] Il pousse aussi-tôt de ce côté-là, & joint les Députés comme ils étoient près d’arriver : c’est par son arrivée que l’aventurier Carlos est reconnu pour le Prince Don Sanche, après quoi la Reine D.

34. (1867) La morale de Molière « CHAPITRE V. L’Éducation des Femmes. » pp. 83-102

Et cette autre Climène, qui se trouve mal pour avoir vu l’École des Femmes, et qui pousse la pudeur jusqu’à l’obscénité 289 : « cette personne qui est précieuse depuis les pieds- jusqu’à la tête, et la plus grande façonnière du monde ; il semble que tout son corps soit démonté, et que les mouvements de ses hanches, de ses épaules et de sa tête n’aillent que par ressorts ; elle affecte toujours un ton de voix languissant et niais, fait la moue pour montrer une petite bouche, et roule les yeux pour les faire paroître grands : » en somme, «  la plus sotte bête qui se soit jamais.mêlée de raisonner290 !  […] Chrysale dit, dans sa protestation contre le pédantisme féminin : Il n’est pas bien honnête, et pour beaucoup de causes, Qu’une femme étudie, et sache tant de choses313 ; et à la délicatesse de cette réflexion dont le vieillard pousse les conséquences trop loin, Clitandre ajoute le dernier mot de la vérité et du bon sens : Je consens qu’une femme ait des clartés de tout.

35. (1772) De l’art de la comédie. Livre premier. De ses différentes parties (1re éd.) [graphies originales] « CHAPITRE XVII. De l’Art de prévenir les Critiques. » pp. 309-313

On se tue à vous faire un aveu des plus doux, Cependant ce n’est pas encore assez pour vous ; Et l’on ne peut aller jusqu’à vous satisfaire, Qu’aux dernieres faveurs on ne pousse l’affaire.

36. (1772) De l’art de la comédie. Livre troisième. De l’imitation (1re éd.) [graphies originales] « CHAPITRE VIII. » pp. 144-179

Il eut l’art de s’introduire chez la dame, sans savoir qu’elle étoit l’épouse de son maître : il eut l’art de lui plaire : il eut l’art enfin de pousser l’aventure bien loin. […] Que ne vous poussez-vous ? […] Toute femme qui veut à l’honneur se vouer,   Doit se défendre de jouer,   Comme d’une chose funeste :    Car le jeu, fort décevant,    Pousse une femme souvent    A jouer de tout son reste.

37. (1901) Molière moraliste pp. 3-32

Jamais il n’a poussé le réalisme si loin que lorsqu’il mit en scène l’adultère, suite presque nécessaire de toute union qu’une femme n’a point librement et spontanément contractée. […] Il ne veut détacher Orgon de sa famille que pour lui mieux ravir son bien ; mais, en définitive, les hommes pieux qui, par conviction religieuse, poussent une fille à renoncer à toute affection terrestre pour n’aimer que Dieu et assurer son salut, un père de famille à s’absorber dans l’amour divin au point d’oublier ses obligations terrestres, ne sont-ils pas, sinon aussi odieux que Tartuffe, du moins aussi nuisibles ? […] Le scandale du monde est ce qui fait l’offense, Et ce n’est pas pécher que pécher en silence… Si nous devons étouffer en nous cette malsaine curiosité qui nous pousse à nous enquérir des malheurs d’autrui afin de les pouvoir conter en tout lieu, et cet instinct de diffamation brutale qui a triomphé depuis, au xixe  siècle et au début du xxe , avec le libre essor du journalisme irresponsable et vénal, il n’en est pas moins vrai que nous devons toujours agir avec franchise et bien vivre.

38. (1772) De l’art de la comédie. Livre troisième. De l’imitation (1re éd.) [graphies originales] « CHAPITRE IX. » pp. 180-200

Oui, cette passion, de toutes la plus belle, Traîne dans un esprit cent vertus après elle : Aux nobles actions elle pousse les cœurs, Et tous les grands héros ont senti ses ardeurs. […] A toi seul destinée par les hommes & les Dieux, à toi seul elle se réserve ; tu peux la posséder aujourd’hui sans te plaindre, sans pousser des soupirs Cependant tu la dédaignes, tu la fuis !...

39. (1867) La morale de Molière « CHAPITRE II. La Débauche, l’Avarice et l’Imposture ; le Suicide et le Duel. » pp. 21-41

Son père, poussé à bout par un déshonneur qui rejaillit sur la famille, vient essayer de lui faire sentir l’indignité de sa vie, et il s’en débarrasse en l’insultant49. […] Jourdain, ou le Spadassin des Fourberies de Scapin ; il s’est moqué hardiment, devant une cour de gentilshommes chatouilleux sur le point d’honneur, de la prétention de faire consister l’honneur dans une provocation bien faite, et un coup d’épée bien donné ou bien reçu ; il a fait rire à gorge déployée de l’habileté de M. de Sotenville à bien pousser une affaire ; les formes du doucereux Alcidas et la raison démonstrative de M.

40. (1884) Tartuffe pp. 2-78

Molière, nous l’avons vu dans sa guerre de 1’École des femmes, était en stratégie un partisan de Condé ; il poussait hardiment ; il eut brusqué son affaire pour l’enlever. […] Molière a donné cette réplique à Dorine ; ce qui fait que, trop railleuse pour Cléante, qu’il a fallu pousser au grave, elle est trop relevée pour Dorine. […] Je ne pousserai pas plus loin l’analyse ; le cinquième acte, d’ailleurs, est l’acte fait après coup en vue de gagner Louis XIV et de rallier les vrais dévots ; plein de choses admirables, mais d’altérations évidentes à la physionomie du héros, qui y devient on ne sait quel traître de mélodrame, fort différent dans ses noirceurs du Tartuffe à l’oreille fleurie que nous ont présenté les premiers actes. […] Tout ce qui sort de la juste nature est du domaine du poète comique ; est-ce la faute de Molière si les excessifs ont poussé la religion sur ses terres ?

41. (1866) Petite comédie de la critique littéraire, ou Molière selon trois écoles philosophiques « Deuxième partie. — L’école critique » pp. 187-250

la logique le pousse ; il a bon vent, bon courage… Il s’arrête net, parce qu’une connaissance a posteriori lui barre le chemin. […] Elle a voyagé en pays étranger, et elle se rappelle encore son premier scandale et sa longue indignation, aux cris d’admiration que poussaient les sauvages pour leur Dante, leur Caldéron eu leur Shakespeare. […] La logique la mène et la pousse rudement le long d’un étroit sentier à part, près de la route royale de la beauté. […] Molière poussait plus loin le scepticisme, pas aussi loin pourtant qu’on pourrait le croire.

42. (1772) De l’art de la comédie. Livre premier. De ses différentes parties (1re éd.) [graphies originales] « CHAPITRE IX. Du point où doit commencer l’action d’une fable comique. » pp. 172-177

C’est le moyen le plus sûr pour surprendre les connoisseurs, & captiver leur suffrage ; mais je dois leur représenter en même temps que nos plus grands Maîtres ont échoué lorsqu’ils ont poussé la témérité trop loin.

43. (1910) Rousseau contre Molière

Alceste, en bonne foi, N’est-il donc pas étrange, et même ridicule, Jusques à cet excès de pousser le scrupule ? […] Je n’ose plus loin pousser cette peinture. […] Il ne l’a pas poussé très loin ni très fort ; mais il l’a connu. […] Ciel offensé, lois violées, filles séduites, familles déshonorées, parents outragés, femmes mises à mal, maris poussés à bout, tout le monde est content. […] Ce serait pousser l’amour, le respect et le culte de la nature jusqu’à une superstition, un fétichisme, un fatalisme oriental qui serait bien surprenant.

44. (1853) Histoire de la littérature dramatique. Tome II « Chapitre V. Comment finissent les comédiennes » pp. 216-393

Un instant le parterre pensa que Nicolas allait parler… On le vit tomber sans pousser un seul cri… Nicolas Joubert, le dernier prince des sots, était mort ! […] Il poussait, à un degré incroyable, la fidélité historique, témoin son rôle de Frédéric II dans Les Deux Pages. […] Quel souffle la pousse, et quel souffle l’arrête ? […] Les larmes ont fini par dominer ; c’est l’histoire de toute comédies en ce monde, quand on la pousse un peu trop loin. […] Il se servait à outrance de cette férule que lui avait donnée son génie, et plus d’une fois il fit pousser des cris de douleur à cet enfant incorrigible, mal élevé, rempli de préjugés et de malice.

45. (1856) Les reprises au Théâtre-Français : l’Amphitryon, de Molière (Revue des deux mondes) pp. 456-

Sans pousser à l’excès la délicatesse, on peut donc affirmer que Molière n’est pas toujours comparable à lui-même.

46. (1835) Mémoire pour servir à l’histoire de la société polie en France « Chapitre XII » pp. 100-108

L’ambition de ceux-ci, leur orgueil, leur turbulence, les poussaient alternativement vers le parti qui leur présentait le plus de chances pour acquérir le pouvoir qui se dérobait toujours à leurs poursuites.

47. (1867) La morale de Molière « CHAPITRE III. L’Honnête Homme. » pp. 42-64

Mais on condamne, sans compromis quoique sans amertume, les autres personnages, dignes d’indulgence parce qu’ils sont hommes, dignes de blâme parce qu’ils se laissent aller sans résistance aux premières poussées du vice, qu’il faut appeler par son nom, si poli, si élégant, si atténué par la mode et l’usage qu’il se présente. […] Alceste, malgré ses boutades, pousse le dévouement jusqu’à l’abuégation sublime ; Eliante joint toute la grâce à toute la charité ; Philinte tombe dans l’égoïsme indigne.

48. (1772) De l’art de la comédie. Livre quatrième. Des imitateurs modernes (1re éd.) [graphies originales] « CHAPITRE II. Regnard imitateur de Moliere. » pp. 51-80

Pour le cœur, dont sur-tout nous devons faire cas, On sait, sans vanité, que je n’en manque pas ; Et l’on m’a vu pousser, dans le monde, une affaire D’une assez vigoureuse & gaillarde maniere. […] (Il pousse Valere jusqu’au bout du théâtre en le menaçant.

49. (1852) Molière — La Fontaine (Histoire de la littérature française, livre V, chap. I) pp. 333-352

L’intention du poète était de faire voir ce qu’il convient d’accorder aux défauts des hommes si l’on veut vivre avec eux, et si Philinte, pour plus de sûreté, pousse, comme il nous semble, la complaisance un peu loin, il est clair qu’Alceste montre trop de rudesse, et qu’avec un caractère tel que le sien il faut tôt ou tard quitter la partie. […] Qu’on ne s’imagine pas non plus que Molière prétende, comme le bonhomme Chrysale, réduire le savoir des femmes À connaître un pourpoint d’avec un haut-de-chausse ; seulement il ne veut pas qu’elles poussent l’amour du grec jusqu’à embrasser des pédants, et surtout à leur donner leurs filles en mariage.

50. (1877) Molière et Bourdaloue pp. 2-269

La nature l’y poussait sans doute, une belle passion le décida. […] Poussez-les un peu plus avant, ils vous en diront autant des nudités, et non-seulement de celles des tableaux, mais encore de celles des personnes. […] Il se dit qu’il a été un sot de pousser si vite l’affaire de la donation et de se méfier si peu des façons engageantes d’Elmire. […] La nature humaine n’est que faible ; elle ne se contraint pas au mal en dépit des illuminations de la conscience de la même manière que l’instinct du vautour et du loup les pousse au carnage. […] Quand Alceste, poussé à bout, veut en finir et propose le mariage, il reste dans son caractère.

51. (1772) De l’art de la comédie. Livre second. De ses différents genres (1re éd.) [graphies originales] « CHAPITRE XLIII. Du But Moral. Philosophie de Regnard comparée à celle de Moliere. » pp. 504-548

S’il faut qu’une attente éternelle Pousse à bout l’ardeur de mon zele, Le trépas sera mon recours. […] Nous avons ailleurs blâmé Moliere d’avoir traité trop cruellement Cotin, & jusqu’au point de le faire mourir de chagrin : nous devons cependant dire ici, pour le justifier un peu, que Cotin l’avoit poussé à bout par l’air d’insolence & de supériorité avec lequel il l’avoit traité, à son arrivée à Paris, dans toutes les sociétés où ils s’étoient trouvés ensemble. […] Les hommes la plupart sont étrangement faits : Dans la juste nature on ne les voit jamais : La raison a pour eux des bornes trop petites ; En chaque caractere ils passent les limites : Et la plus noble chose ils la gâtent souvent, Pour la vouloir outrer & pousser trop avant.

52. (1802) Études sur Molière pp. -355

L’héroïne de Chappuzeau n’affecte que le ridicule de s’entretenir avec des savants ; celles de Molière poussent l’affectation jusque dans les conversations les plus familières, même avec leurs gens, et refusent la main de deux hommes aimables qui se sont écartés des règles prescrites dans les romans, en débutant par le mariage. […] Il ne traversait pas froidement le théâtre pour aller, à l’autre extrémité, se jeter dans un fauteuil, il le trouvait sous sa main, au bord de la coulisse, le poussait brusquement jusque sur l’avant-scène, s’y précipitait avec humeur, et ce seul hémistiche, laissez-moi je vous prie , ainsi préparé, annonçait déjà son caractère. […] Cléante m’a paru pousser bien loin l’envie de faire sa cour au parterre, en lui adressant directement tout ce qui est censé n’être dit qu’au personnage en scène. […] Oui ; mais si intéressante qu’elle demande un acteur de feu, puisque Molière s’y peint lui-même, et que, toujours plein de l’image de son ingrate épouse et de sa passion pour elle, il y pousse la délicatesse jusqu’au point d’embellir les défauts de son visage, et d’excuser les torts de son esprit. […] Jusqu’ici, je n’avais pas cru qu’on pût pousser trop loin la naïveté ; mais, s’il est quelques hommes de génie auxquels on puisse faire ce reproche, on ne le fera jamais au bel esprit.

53. (1900) Molière pp. -283

Puis, il y a des tempéraments littéraires qui ont été outrés dans leurs objections contre Molière ; il y a Dufresny, qui, a-t-on dit, haïssait Molière et ne l’a jamais pu souffrir ; on a prétendu qu’il était poussé par un sentiment de jalousie. […] Molière ne s’est senti tout entier lui-même, il ne s’est senti bien à l’aise, bien au large, que dans les farces poussées aux dernières limites de l’extravagance et de la grossièreté sans loi. […] » — Dom Juan ne dit rien, et Sganarelle poussé dans ses derniers retranchements : « Vous croyez au moins au moine bourru ?  […] Quand elles les voient, elles poussent le premier cri de la nature, un cri de surprise : ce cri, il faut qu’elles l’expliquent, l’une à Argan, son père, l’autre à Bartolo, son tuteur. […] Lui, stupéfait, l’écoute, ne sait que croire, s’abîme dans sa modestie, et, pour peu qu’elle le pousse, se met à envier l’heureuse facilité dont elle débite ses discours et pose ses aphorismes.

54. (1692) Œuvres diverses [extraits] pp. 14-260

L’Âge vieil plus mûr, inspire un air plus sage, Se pousse auprès des Grands, s’intrigue, se ménage, Contre les coups du sort, songe à se maintenir, Et loin dans le présent regarde l’avenir.

55. (1772) De l’art de la comédie. Livre premier. De ses différentes parties (1re éd.) [graphies originales] « CHAPITRE VII. De l’Exposition. » pp. 139-164

Il attiroit les yeux de l’assemblée entiere Par l’ardeur dont au Ciel il poussoit sa priere ; Il faisoit des soupirs, de grands élancements, Et baisoit humblement la terre à tous moments ; Et, lorsque je sortois, il me devançoit vîte, Pour m’aller, à la porte, offrir de l’eau bénite. […] Valere a pris la peine de leur dire que sa mere étoit malade ; il a même poussé la politesse plus loin, il leur a exposé la cause de sa maladie.

56. (1862) Molière et ses contemporains dans Le Misanthrope (Revue trimestrielle) pp. 292-316

» Peut-être nous accusera-t-on à notre tour d’avoir poussé un peu loin nos conjectures sur la personnalité de Molière, mais nous répondrons avec M. […] Voir le commentaire d’Aimé-Martin, qui a poussé un peu loin les allusions dans Le Misanthrope.

57. (1909) Deux ennemis de la Compagnie du Saint-Sacrement : Molière et Port-Royal (Revue des deux mondes) pp. 892-923

La même année il était question, dans l’Assemblée générale du Clergé de France, de proposer au Roi « la translation de toutes les foires qui se tenaient les jours de fête, » et c’était un des membres de la Compagnie du Saint-Sacrement, Mgr de La Barde, qui poussait cette pointe. […] Colbert, Le Tellier, Hugues de Lyonne16 sont tous trois fort peu dévots (le jésuite Rapin, qui les connaît, le déplore dans ses Mémoires à chaque pas,) et l’un d’eux, Lyonne, pousse assez loin le scepticisme de l’homme du monde renforcé de celui du diplomate pour que ses contemporains le classent parmi les libertins avérés. […] Donneau de Visé, Robinet, Montfleury et Boursault ne sont pas simplement poussés par la jalousie littéraire : Molière le comprend bien28.

58. (1772) De l’art de la comédie. Livre second. De ses différents genres (1re éd.) [graphies originales] « CHAPITRE XXVIII. Les Caracteres des hommes n’ont pas plus changé que ceux des professions. » pp. 303-311

Un Auteur moderne ne fera point pousser des soupirs, de grands élancements à son héros : il ne lui fera pas baiser humblement la terre à tous moments : il ne lui fera pas dire à sa maîtresse qu’il a pour elle une dévotion à nulle autre pareille ; mais il manquera son coup s’il ne le peint pas convoitant la femme, la fille52, & le bien de son bienfaiteur.

59. (1835) Mémoire pour servir à l’histoire de la société polie en France « Chapitre IV » pp. 38-47

Voiture, dont nous parlerons beaucoup dans la suite, s’en prévalait sans contrainte et peut-être sans mesure ; il poussa très loin la familiarité avec eux, quand il eut pris pied à l’hôtel de Rambouillet.

60. (1835) Mémoire pour servir à l’histoire de la société polie en France « Chapitre XXXV » pp. 402-412

« Quand la débauche et le dévergondage sont poussés à un certain point de scandale, je suis persuadée, dit madame de Sévigné, que cet excès fait plus de tort aux hommes qu’aux femmes. » Elle s’exprime ainsi à l’occasion d’un marquis de Thermes qui l’avait fort assidûment visitée aux eaux de Vichy et qui n’osa la revoir à Paris, étant là sous le joug de la maréchale de Castelnau, sa jalouse maitresse, qui avait si bien renoncé aux bienséances, que, malgré son veuvage, elle ne prenait pas la peine de cacher ses grossesses… Mais laissons Thermes sous sa férule, » dit-elle en finissant ; « il y aurait encore bien des choses à dire d’une autre vieille férule qui ne fait que trop paraître sa furie ».

61. (1824) Notice sur le Tartuffe pp. 91-146

Je serai le vengeur de la vertu opprimée, et, sous ce prétexte commode, je pousserai mes ennemis, je les accuserai d’impiété, et saurai déchaîner contre eux de zélés indiscrets qui, sans connaissance de cause, crieront contre eux, qui les accableront d’injures et les damneront hautement de leur autorité privée. […] La décence ne permet pas de pousser plus loin la citation ; mais d’après le commencement de la scène on peut juger de la fin. […] La Bruyère n’a pas remarqué qu’après avoir asservi l’époux à force de patelinage et d’adresse, le seul désir ardent qui pousse Tartuffe, c’est la possession d’Elmire. […] Depuis qu’on espère se pousser par la piété dans les emplois, nous avons une multitude de chrétiens improvisés qui s’agenouillent dévotement quand on les regarde ; les gens qui veulent faire leur chemin ne manquent pas un office, et les athées qui ont de l’ambition ne passent pas un jour sans répéter leur Credo.

62. (1914) En lisant Molière : l’homme et son temps, l’écrivain et son œuvre pp. 1-315

Les caractères, tous poussés à la charge, comme il allait de soi dans une pièce de ce genre, sont du reste d’une parfaite justesse. […] Par conséquent ce critérium du ridicule pousse les hommes à mettre tout leur effort à se rassembler les uns aux autres. […] Vous causez, de bonne familiarité, avec votre servante et certainement ; vous seriez fidèle à votre femme s’il ne s’agissait pas de vous pousser auprès d’une marquise et de lui faire une cour galante. […] La seule vertu qu’il ait prescrite avec insistance, et ses apologistes y reviennent toujours, avec raison, mais bien forcés d’y revenir, c’est la franchise, et encore, dans sa plus belle pièce, il a recommandé de toutes ses forces de ne pas la pousser trop loin. […] Un joli portrait, assez poussé, presque complet de la mondaine jeune encore, coquette naissante peut-être et qui pourra le devenir mais qui ne l’est point : voilà ce que Molière nous a donné dans Célimène.

63. (1820) Notices des œuvres de Molière (V) : L’Amour médecin ; Le Misanthrope ; Le Médecin malgré lui ; Mélicerte ; La Pastorale comique pp. 75-436

Mais Molière a une excuse que n’ont pas les écrivains qui, de même que lui, ont poussé trop loin la satire de la médecine. […] Vivant avec les beaux esprits de l’hôtel de Rambouillet, je ne pense pas qu’il poussât la franchise jusqu’à leur dire brutalement que leurs vers étaient détestables (je suppose qu’il avait du goût, et qu’il les trouvait souvent tels).

64. (1772) De l’art de la comédie. Livre second. De ses différents genres (1re éd.) [graphies originales] « CHAPITRE XLII. De l’art d’épuiser un Sujet, un Caractere. » pp. 493-503

Non, non, ne craignez point qu’on pousse votre esprit A violer ici l’ordre qu’on vous prescrit.

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