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21. (1772) De l’art de la comédie. Livre premier. De ses différentes parties (1re éd.) [graphies originales] « CHAPITRE VII. De l’Exposition. » pp. 139-164

Je sais que, graces aux soins de nos décorateurs, on voit, dès que la toile se leve, si la scene est dans les rues d’une ville ou à la campagne, même dans l’appartement d’une maison bourgeoise ou noble, pauvre ou opulente. […] C’est trop, me disoit-il, c’est trop de la moitié ; Je ne mérite pas de vous faire pitié : Et, quand je refusois de le vouloir reprendre, Aux pauvres, à mes yeux, il alloit le répandre. […] La pauvre femme est jalouse de M. son époux, & ce n’est pas sans raison, puisque le vieux libertin veut faire de Lisette une beauté à la mode. […] faut-il que les pauvres donnent toujours aux riches ? Tout ce que ce pauvre misérable a pu épargner de son petit ordinaire, & en se refusant jusqu’à la moindre chose, elle le raflera tout d’un coup, sans penser seulement à toutes les peines qu’il a eues à le gagner.

22. (1873) Le théâtre-femme : causerie à propos de L’École des femmes (Théâtre de la Gaîté, 26 janvier 1873) pp. 1-38

Pauvre grand homme! […] Autant le seigneur Arnolphe s’est donné de mal, autant cet étourneau d’Horace prend peu de peine ; il ne fait que paraître le long du mur, le nez au vent et le poing sur la hanche, entassant, Dieu merci, étourderies sur maladresses, et le pauvre petit espalier ensorcelé lui tend amoureusement toutes ses branches, secouant au-devant de la jeunesse qui passe le trésor de ses premiers fruits. […] Agnès... je ne dis pas qu’elle ne soit pas d’entre vous, mais elle n’aurait qu’une pauvre demi-voix au chapitre. […] Maintenant, nous sommes plus pauvres, et je ne sais pas si, de nos jours, Molière lui-même, Molière ressuscité, serait encore Molière. — C’est une question. […] Mesdames, je le constate avec des sanglots dans la voix, Berquin, le pauvre Berquin...

23. (1705) La vie de M. de Molière pp. 1-314

Mais plus que tout cela, que deviendront ces pauvres gens que j’ai amenés de si loin ? […] Baron, à qui ce Mondorge s’adressa, s’en aperçut aisément ; car ce pauvre Comédien faisait le spectacle du monde le plus pitoyable. […] Messieurs, leur dit-il, épargnez du moins un pauvre Vieillard de soixante-quinze ans, qui n’a plus que quelques jours à vivre. […] Sortez d’ici, coquins, que je ne vous assomme , dit-il à ces pauvres gens, paraissant en colère. […] Et l’on a toujours remarqué qu’il donnait aux pauvres avec plaisir, et qu’il ne leur faisait jamais des aumônes ordinaires.

24. (1867) La morale de Molière « CHAPITRE II. La Débauche, l’Avarice et l’Imposture ; le Suicide et le Duel. » pp. 21-41

Le don Juan qui débute sur la scène par enlever done Elvire à un couvent44, et qui se lasse si vite du touchant amour qu’il lui inspire45, passe aussitôt, de cette affection où il pouvait y avoir quelque chose de noble et de vrai, à la grossière passion qui lui fait séduire deux pauvres paysannes a la fois46, au moment même où il a failli périr en voulant enlever une jeune mariée47. […] Il y a longtemps qu’il ne croit plus en Dieu, ou du moins qu’il n’y veut plus croire50 ; il ne reste en lui que l’orgueil, qui lui fait accepter un duel51, et mettre en avant cette humanité, au nom de laquelle il donne un louis au Pauvre qu’il n’a pu contraindre à blasphémer52. […] Je ne parle pas des filles mises à mal, c’est d’une vérité trop évidente ; mais ce valet, qui croit en Dieu au fond, qui voudrait avertir et retenir son maître, et à qui sa faible raison ne permet de défendre que ridiculement la cause de la vérité61 ; qui est forcé à mentir62, à insulter63, à cacher comme une honte les moindres bons sentiments64, à partager enfin toute la vie et tous les crimes de don Juan, « parce qu’un grand seigneur méchant homme est une terrible chose : il faut qu’on lui soit fidèle, en dépit qu’on en ait, et la crainte réduit d’applaudir bien souvent ce que l’âme déteste65 ; » ce valet, nous le voyons se gâter, s’endurcir, imiter l’escroquerie du maître66, engager le Pauvre à jurer un peu 67 ; et enfin, après le châtiment de don Juan, n’avoir d’autre sentiment en face de cette mort effrayante, que le regret des gages qu’il perd68 : ah ! […] C’est le tableau de l’avarice, non pas chez le pauvre qui enfouit furtivement quelques pièces d’or sous son foyer sans feu107, mais chez le riche bourgeois, dans sa grande maison, où il pourrait vivre avec aise et honneur, entouré d’une heureuse et aimante famille, dont il devient la honte et presque la perte108.

25. (1884) Tartuffe pp. 2-78

Malheureusement, malgré la sainte obstination des moliéristes, la récolte est pauvre et plus d’un point reste obscur encore. […] Celui sans doute des cadets de famille pauvres, qu’on destinait aux ordres. […] Je ne mérite pas de vous faire pitié… Et. comme Orgon refuse de reprendre rien, à ses yeux il le va répandre aux pauvres. […] je ne lui en veux pas, moi ; le pauvre jeune homme, mais c’est le Ciel : le Ciel ne veut pas que nous vivions ensemble. […] II semble que le pauvre grand homme, qui n’en eut guère, ait voulu épancher dans sa pièce toutes ses tendresses restées sans emploi.

26. (1725) Vie de l’auteur (Les Œuvres de Monsieur de Molière) [graphies originales] pp. 8-116

Mais plus que tout cela, que deviendront ces pauvres gens que j’ai amenés de si loin ? […] C’est aussi la seule chose que la pauvre femme lui recommanda toujours de ne s’abandonner qu’à des personnes d’élite. […] Sortez d’ici, coquins, que je ne vous assomme, dit-il à ces pauvres gens, paroissant en colere. […] Il seroit excellent, par ma foi, lui repartit le Comte ; car le pauvre homme n’extravague pas mal. […] dit-il ; il y a cinquante pauvres Ouvriers, qui n’ont que leur journée pour vivre ; que feront-ils, si l’on ne joüe pas ?

27. (1882) L’Arnolphe de Molière pp. 1-98

La pauvre enfant a grand peur tout d’abord ; mais elle sent son droit, cela la rend forte, et elle tient bravement tête. […] pauvre sot toi-même, qui ne veux pas comprendre que c’est tout simplement que le cœur a plus d’esprit que l’esprit ! […] Et voilà notre homme qui fait la bête, il se jette à genoux, aussi grotesque dans sa soumission que tout à l’heure dans son courroux : Mon pauvre petit bec, tu le peux, si tu veux. […] ce serait pis qu’à là tragédie ; où l’on pleurait sur ce pauvre Holopherne si ; méchamment mis à mal par Judith ! […] Pauvre jeune homme !

28. (1900) Quarante ans de théâtre. [II]. Molière et la comédie classique pp. 3-392

Ce mot obsède la pensée du pauvre Arnolphe. […] Voilà un pauvre homme à bonnes fortunes, et il n’y a pas tant là de quoi se vanter. […] Il a été certes bien cruel pour le pauvre M.  […] Il avait cependant suffi pour inspirer à ce pauvre garçon une confiance sans réserve. […] On serait tenté de lever les épaules, en souriant de pitié : le pauvre homme !

29. (1853) Histoire de la littérature dramatique. Tome II « Chapitre III. Le théâtre est l’Église du diable » pp. 113-135

Mais je ne vous en veux pas de votre sécheresse, ceci est la faute de la critique et non pas la vôtre, mon pauvre ami. […] Elle devrait quelque pitié à l’amour de ce pauvre Arnolphe…, elle se jette à la tête du premier venu qui lui parle. […] Voilà donc que, pour augmenter l’embarras de cette pauvre enfant, le même jour et pour ainsi dire à la même heure, et sans transition, vous la faites passer de L’École des femmes à L’Épreuve nouvelle, de l’Agnès qui se défend à l’Agnès qui attaque, des sentiments bourgeois aux sentiments raffinés, — de la chaise de paille à la chaise longue, du gros mot au mot à double sens, de l’ail au musc, de la bure à la soie ! […] Le moyen d’être jaloux de pauvres diables qui ne seraient pas enterrés en terre sainte, et qui devaient brûler inévitablement et sans rémission dans le feu éternel ? […] C’est l’origine de toutes les occupations tumultuaires des hommes et de tout ce a qu’on appelle divertissement ou passe-temps, dans lesquels on n’a, en effet, pour but, que d’éviter, en perdant cette partie de la vie, l’amertume qui accompagne l’attention que l’on ferait de soi-même. — Pauvre âme qui ne trouve rien en elle qui la contente, qui n’y voit rien qui ne l’afflige, quand elle y pense, il suffit, pour la rendre misérable, de l’obliger de se voir et d’être avec soi.

30. (1853) Histoire de la littérature dramatique. Tome II « Chapitre VI » pp. 394-434

Le géant de l’autre siècle est un nain, à cette heure, pendant que ce pauvre homme oublié, méconnu, méprisé, brille, à cent ans de distance, d’une gloire incontestée. […] les pauvres niais ! […] c’est bien un autre paire de manches que le pauvre de Don Juan ! […] On est jeune, on est tout ; on est roi, on est reine, hélas jusqu’au jour où s’arrête le privilège, où cesse le charme, où s’envole, en poussant un cri plaintif, le printemps des belles années ; alors, enfin, mon pauvre artiste, il est temps de s’inquiéter du succès et de l’avenir ! […] Pauvre société perdue à force d’esprit, d’élégance, de scepticisme !

31. (1730) Poquelin (Dictionnaire historique, 4e éd.) [graphies originales] pp. 787-790

C’est pourquoi, ajoûte l’Auteur, il seroit très-difficile dans une galanterie si confuse de dire qui en étoit le pere ; tout ce qu’on en sçait est que sa mere assûroit que dans son dereglement, si on en exceptoit Moliere, elle n’avoit jamais pu souffrir que des gens de qualité, & que pour cette raison sa fille étoit d’un sang fort noble ; c’est aussi la seule chose que la pauvre femme lui a toujours recommandée, de ne s’abandonner qu’à des personnes d’élite. […] Vous jouez tout le monde ; vous donnez de si bons conseils aux pauvres cocus ; profitez tout le prémier de vos railleries. […] On ne peut contester légitimement aux bons Auteurs le droit de forger de nouveaux mots, puisque sans cela les Langues seroient toujours pauvres, stériles, languissantes. […] La pauvre chose pour lui, que deux gros volumes qui ne contiendroient que ce qui peut plaire à ceux qui se piquent d’un air grave, & d’un goût exquis, & qui voudroient qu’on leur expliquât par monosyllabes les matieres les plus étendues.

32. (1886) Molière et L’École des femmes pp. 1-47

Ou bien devons-nous nous en rapporter au grand juge littéraire du xviie  siècle, à ce pauvre Boileau, qui admirait et recommandait la comédie de Molière pour sa « naïveté » ? […] C’est une enfant qu’il a achetée autrefois à sa mère, qui était trop pauvre pour la garder. […] Voici tout simplement le calcul qu’a fait Angélique : elle s’est dit que ses parents, bien que bons gentilshommes, étaient fort ridicules et fort pauvres ; qu’elle aurait beaucoup de peine à se marier ; qu’un bon parti se présentait pour elle ; qu’elle trouverait avec Dandin une situation, de l’aisance, la liberté ; qu’elle aurait un sot pour mari et qu’elle le traiterait comme tel. […] pauvre Molière !

33. (1879) Les comédiennes de Molière pp. 1-179

Elle lègue sur son héritage de quoi payer chaque jour à perpétuité cinq sous, en l’honneur des cinq plaies de Notre-Seigneur, à cinq pauvres auxquels cette aumône sera faite par le curé de Saint-Paul ; c’est à peu près comme si elle léguait aujourd’hui cinq cents francs de rente perpétuelle aux pauvres. […] Quand Molière conduisit la pauvre Madeleine à Saint-Paul, il sentit que c’était une part de sa vie qu’il mettait au tombeau. […] Il avait héroïquement enlevé la comédienne à ses risques et périls ; il s’était réfugié avec elle dans un pauvre logis de la rue Saint-Jacques. […] Détrompez-vous, je ne suis qu’un pauvre gentilhomme sans feu ni lieu, mais je vous aime à la folie. »Et là-dessus, les amoureux étaient allés au septième ciel, presque au septième étage. Dans une pauvre petite chambre de la rue Saint-Jacques, qui n’était pas une chambre à deux lits, ils furent si heureux que Thérèse oublia, le lendemain, d’aller à la Comédie.

34. (1845) Œuvres de Molière, avec les notes de tous les commentateurs pp. -129

On y remarquait surtout une nouvelle leçon de la scène du pauvre dans le Festin de Pierre. […] Baron, à qui ce Mondorge s’adressa, s’en aperçut aisément ; car ce pauvre comédien faisait le spectacle du monde le plus pitoyable. […] Sortez d’ici, coquins, que je ne vous assomme, dit-il à ces pauvres gens, paraissant en colère. […] leur dit-il ; il y a cinquante pauvres ouvriers qui n’ont que leur journée pour vivre ; que feront-ils si l’on ne joue pas ? […] Cela l’engagea à lui dire : Mon pauvre monsieur Molière, vous voilà dans un pitoyable état.

35. (1706) Lettre critique sur le livre intitulé La vie de M. de Molière pp. 3-44

Si l’Auteur n’avait pas chargé sur les Comédiens, j’aurais cru qu’il serait tombé dans cette faute pour leur faire plaisir ; mais je vois bien que le pauvre homme l’a fait par ignorance, puisqu’il a assez maltraité ces Messieurs-là. […] Mais si la chose est vraie, les amis de ce pauvre Comédien avaient bien raison de le blâmer de n’avoir point accepté cet emploi. […] C’est en cet endroit de la Vie de Molière que les pauvres Comédiens sont accommodés de toute façon.

36. (1863) Molière et la comédie italienne « Chapitre XIV. La commedia dell’arte au temps de Molière (à partir de 1662) » pp. 265-292

Si, pendant la nuit, nous rencontrons un pauvre homme qui n’ait point d’argent, laissez-le passer. […] « Je suis un pauvre homme, répond Arlequin, je n’ai pas moyen d’en avoir davantage. » Isabelle vient pour voir le Docteur, et, ne le trouvant pas, elle le veut attendre. […] Si nous en croyons le biographe de Scaramouche, Angelo Costantini, Scaramouche ne craignait pas de faire allusion à ce rôle scandaleux en parlant à la reine mère : « Voilà, Madame, trois coups mortels pour le pauvre Scaramouche, et il faut que je sois assez malheureux pour être marié ; car, sans cela, dans le chagrin où je suis, je m’irais confiner dans un ermitage pour le reste de mes jours.

37. (1772) De l’art de la comédie. Livre quatrième. Des imitateurs modernes (1re éd.) [graphies originales] « CHAPITRE V. D’Ancourt imitateur, comparé à Moliere, la Fontaine, Saint-Yon, le Sage, Montfleury, &c. » pp. 133-184

mon pauvre neveu, quand deviendras-tu sage ? […] Je suis bien malheureuse, ma pauvre Lisette, d’être exposée. […] Il veut nous éprouver ; & cela n’est ni beau ni honnête de soupçonner ainsi de pauvres innocentes comme nous, & de faire sonder notre pudeur par un peintre & par un maraud de jardinier. […] Le pauvre Julien s’enivroit quelquefois. […] Mais sais-tu bien que tu fais là une méchante action, mon pauvre Charlot ?

38. (1816) Molière et les deux Thalies, dialogue en vers pp. 3-13

Est-il vrai que l’aînée, en son triste dédain, Fasse un indigne accueil à mon pauvre Dandin, À mon vieux Harpagon, à mes autres ouvrages1 ? […] Pauvre Thalie, hélas !

39. (1866) Petite comédie de la critique littéraire, ou Molière selon trois écoles philosophiques « Introduction » pp. 3-17

Si vous dites, pour citer une théorie qui jouit aujourd’hui d’une faveur incroyable, non seulement parmi les pauvres sols tout éplorés qu’Alfred de Musset traîne à ses talons, mais auprès des esprits les plus graves de notre époque, si vous dites que le vrai poète doit être une espèce de don Juan fatal, victime prédestinée de cet insatiable besoin d’aimer qu’on appelle le génie, et semblable au pélican qui donne à ses petits son propre cœur en pâture, s’il vous plaît de répéter cette déclamation, nous vous laisserons faire, et, quand vous aurez fini, nous vous rappellerons simplement l’admirable possession de soi d’un Cervantes et surtout d’un Shakespeare, qui dans la force de l’âge et du talent, cesse tout à coup d’écrire et se met à cultiver son jardin, comme Candide, après avoir eu la tête traversée par un effroyable torrent d’idées et d’images, dont quelques flots auraient suffi pour faire perdre l’équilibre à la plus ferme de nos cervelles. […] Non seulement la critique littéraire comporte d’autres divisions que celles que j’ai indiquées, mais on ne trouverait point de critique assez rigoureux, disons plutôt assez pauvre, assez incomplet, assez mutilé, pour appartenir exclusivement à l’une ou à l’autre de nos trois grandes écoles.

40. (1801) Moliérana « [Anecdotes] — [60, p. 98] »

Que feront, leur répondit-il, tant de pauvres ouvriers ?

41. (1772) De l’art de la comédie. Livre quatrième. Des imitateurs modernes (1re éd.) [graphies originales] « CHAPITRE XV. M. DE CHAMFORT. » pp. 420-441

Cette pauvre malheureuse eut beau fondre en larmes, & lui représenter qu’elle étoit enceinte de ses œuvres ; insensible à toute autre voix qu’à celle de l’intérêt, il ne pensa qu’à profiter de son aveu pour en tirer une plus grosse somme d’un Marchand de la Colonie auquel il la vendit. […] Ce pauvre Turc lui baisa mille fois les pieds en l’appellant son Dieu & son Sauveur, & lui protesta que son premier soin, en revoyant sa famille, seroit de lui faire compter, à Ligourne ou à Genes, le décuple de sa rançon. […] Voilà donc tes pauvres malheureux !

42. (1867) La morale de Molière « CHAPITRE V. L’Éducation des Femmes. » pp. 83-102

Il fit voir une vieille fille devenue folle au bruit étourdissant des madrigaux, du beau langage, des tourbillons et de l’amour platonique304 ; une belle et jeune fille pleine d’espérance, rendue sèche, orgueilleuse, incapable d’amour et de famille305 ; une gracieuse et spirituelle enfant près d’être immolée à l’engouement de sa mère pour un pédant aussi sot qu’intéressé306 ; une brave servante, humble providence de la maison, chassée comme une voleuse À cause qu’elle manque à parler Vaugelas307 ; enfin un père réduit dans sa maison au rôle d’ombre, condamné au silence par son amour de la paix, méprisé par ce trio de précieuses savantes, qu’indigne son peu d’esprit, et forcé enfin de protester contre la science et les lettres par cette immortelle boutade qui est dans la mémoire de tous308 : la guenille de Chrysale, rappelant sur la terre ces folles envolées vers les régions imaginaires du bel esprit, est un mot impérissable comme le pauvre homme de Tartuffe et la galère de Scapin 309. […] pauvre fou, une sotte sait-elle aimer ? […] Après cela, les délicats ont reproché à Molière les mots fameux de la tarte a la crème et des enfants par l’oreille 333 ; les pudibonds se sont indignés de la scène où la pauvre Agnès dit presque, et fait penser une obscénité, à propos du bout de ruban que lui a pris Horace 334.

43. (1885) La femme de Molière : Armande Béjart (Revue des deux mondes) pp. 873-908

Or, Armande s’y surpassa elle-même ; ce fut, dit un contemporain, ce pauvre Robinet, qui sent mieux qu’il n’exprime, ce fut « un charme, » « un ravissement, » expressions que le temps devait rendre banales, mais qui retenaient encore toute leur force. […] On invoque des analogies ; ainsi l’histoire d’Agnès, remarquée par Arnolphe dès l’âge de quatre ans, obtenue par lui d’une mère pauvre et par ses soins élevée. […] Pour moi, je vais faire des vœux afin que vous soyez bientôt content. » C’est l’attitude et le langage de ce solennel imbécile de baron dans On ne badine pas avec l’amour, lorsqu’il répond aux supplications passionnées de la pauvre Camille : « Cela me jettera dans le désespoir pour tout le carnaval… Je serai vêtu de noir ; tenez-le pour assuré… Je vais m’enfermer pour m’abandonner à ma douleur !  […] Quelle différence avec le pauvre et froid petit logis où nous avons vu mourir Madeleine Béjart ! Il semble qu’une seconde lune de miel suivit cette réconciliation, et que le pauvre grand homme connut, du moins, avant de mourir, quatre mois de bonheur intime et de tranquillité.

44. (1877) Molière et Bourdaloue pp. 2-269

Qu’on ne demande plus maintenant jusqu’où va l’obligation d’assister les pauvres, la faim a tranché le doute, le désespoir a terminé la question. […] Nous ne voyons point de riches contents de leurs richesses, et nous voyons des pauvres évangéliques contents de leurs pauvretés. […] Les deux premiers actes passèrent avec langueur ; la bouffonnerie du pauvre homme fit à peine sourire. […] Ce sont de pauvres, de faibles, d’aimables créatures qui cèdent et résistent à l’instinct ; c’est la petite et fragile humanité, penchant à la chute, restant debout. […] Or, la taxe perçue au profit des pauvres sur les recettes du théâtre a pour origine une imposition de 800 livres parisis frappée sur les confrères de la Passion par un arrêt du Parlement de 1541, pour que les pauvres fussent indemnisés de l’extrême diminution que l’établissement des spectacles avait occasionnée dans les aumônes.

45. (1801) Moliérana « [Anecdotes] — [25, p. 52-53] »

Jamais homme, excepté Montmaur*, n’a été tant turlupiné que le pauvre Cotin ; on fit en 1682, peu de temps après sa mort, ces quatre vers : Savez-vous en quoi Cotin Diffère de Trissotin ?

46. (1772) De l’art de la comédie. Livre premier. De ses différentes parties (1re éd.) [graphies originales] « CHAPITRE XXVIII. Du Comique, du Plaisant, des Causes du rire. » pp. 463-473

Sans cette précaution encore, ririons-nous de voir le pauvre Pourceaugnac en proie à un déluge de lavements, de filles de joie, qui se disent ses femmes, de petits fils de pu...... qui l’appellent papa, & contraint enfin à prendre la fuite sous un habit de femme, crainte d’être pendu ? […] mon pauvre argent, mon cher ami, on m’a privé de toi !

47. (1863) Molière et la comédie italienne « Chapitre II. La commedia dell’arte » pp. 10-30

Le pauvre directeur réclama, et le gouverneur embarrassé s’en remit à la décision de l’archevêque. […] Voulant donner la définition de ce qu’on entendait par ce mot, qui, étymologiquement, veut dire liens (lazzi, parole lombarde, au lieu de lacci, parole toscane), Riccoboni se sert de l’exemple suivant : « Dans la pièce d’Arlequin dévaliseur de maisons, Arlequin et Scapin sont valets de Flaminia, qui est une pauvre fille éloignée de ses parents et qui est réduite à la dernière misère.

48. (1863) Molière et la comédie italienne « Chapitre XV. La commedia dell’arte au temps de Molière et après lui (à partir de 1668) » pp. 293-309

Les vieux types de la commedia dell’arte y furent dénigrés, proscrits, par suite de l’influence de la comédie française, avec une rigueur qui ne fut dépassée que par l’Allemagne où, dans une représentation solennelle, le pauvre Arlequin fut brûlé en effigie sur la scène de Leipsig. […] « En ce cas, je suis mort, répondit le pauvre malade, car c’est moi qui suis Arlequin. » La différence qui existait entre le bouffon à la ville et le bouffon au théâtre est curieusement caractérisée dans une anecdote relative au fameux Santeul, le fantasque chanoine de Saint-Victor.

49. (1866) Petite comédie de la critique littéraire, ou Molière selon trois écoles philosophiques « Deuxième partie. — L’école critique » pp. 187-250

Le pauvre Stagyrite ne possédait qu’un os, la comédie grecque ; au lieu que nous, par notre vaste connaissance de la comédie chinoise, grecque, latine, espagnole, anglaise, française, allemande, italienne, etc., nous sommes en mesure de composer bien plus facilement l’idée totale de la comédie. […] Toutefois j’ajoute qu’il ne s’agit que de nos idées à nous, pauvres critiques. […] Pourquoi mépriser Molière, parce qu’il est le poète, non de quelques pédants, mais de l’humanité, et parce que sa pauvre servante le comprenait mieux qu’eux ? […] Elle était simple et bonne, comme cette pauvre Laforêt311 qui ne savait pas lire. […] si ces personnes si sages et si froides n’avaient pas tant de savoir, tant d’esprit ; si, au lieu de l’orgueilleuse sommation des philosophes, Uranie recevait l’humble visite d’un pauvre maître d’école de village, avide de comprendre et de goûter le beau, elle ne serait pas embarrassée.

50. (1801) Moliérana « [Anecdotes] — [4, p. 36] »

Ces messieurs, indignés, forcèrent la porte de la comédie, tuèrent les portiers, et cherchèrent la troupe entière pour lui faire éprouver le même traitement : mais Béjart, qui était habillé en vieillard pour la pièce qu’on allait jouer, se présenta sur le théâtre : Eh, messieurs, leur dit-il, épargnez un pauvre vieillard de soixante-quinze ans, qui n’a plus que quelques jours à vivre.

51. (1775) Anecdotes dramatiques [extraits sur Molière]

Jamais homme, excepté Montmaur*, n’a tant été turlupiné que le pauvre Cotin*. […] Que feraient, répondit-il, tant de pauvres ouvriers ? […] Le pauvre homme se trompa. […] Messieurs, leur dit-il ; épargnez du moins un pauvre vieillard de soixante et quinze ans, qui n’a plus que quelques jours à vivre ». […] Acte III, scène 2 : scène du pauvre qui demande l’aumône.

52. (1801) Moliérana « [Anecdotes] — [77, p. 118-119] »

Vous êtes plutôt le diable, lui répondit ce pauvre garçon qui fut plus de vingt-quatre heures à comprendre comment ce malheureux bas se trouvait toujours à l’envers.

53. (1772) De l’art de la comédie. Livre second. De ses différents genres (1re éd.) [graphies originales] « CHAPITRE VIII. Du Genre gracieux. » pp. 91-102

pauvre ami Bellin, que tu es ignorant, Qui n’entends ce que dit cette noire éventée ! […] (Vous n’eûtes de cela, pauvres pasteurs, onc crainte.)

54. (1801) Moliérana « [Anecdotes] — [23, p. 51] »

[23168, p. 51169] Molière revenait d’Auteuil avec Charpentier170, fameux compositeur de musique, il donna l’aumône à un pauvre, qui, un instant après, fit arrêter le carrosse, et lui dit : Monsieur, vous n’avez pas eu dessein de me donner une pièce d’or ?

55. (1886) Molière, l’homme et le comédien (Revue des deux mondes) pp. 796-834

Lui-même, en effet, jouait assidûment Corneille, il le prit pour collaborateur dans Psyché, il représenta d’original Bérénice et Attila, en payant ces deux pauvres pièces 2, 000 livres chacune ; et jamais encore droits d’auteur n’avaient atteint ce chiffre. […] J’entrevois dans sa vie intime de terribles défaillances ; c’était, comme tant d’autres, une pauvre créature impressionnable, sujette à la tyrannie des instincts et souvent en proie au hasard et à l’aventure. […] Mais, en son propre et seul nom, « il donnait aux pauvres avec plaisir et ne leur faisait jamais des aumônes ordinaires. » En voici une preuve assez curieuse. […] Un moment peut-être il avait pu le saisir, mais, chose étrange, c’était lorsque dans une existence misérable, il tirait tout de lui-même et que, pauvre comédien errant, malgré les mauvais jours et les déboires, il avait la jeunesse, l’espérance et l’avenir. […] disait-il à sa femme et à Baron ; il y a cinquante pauvres ouvriers qui n’ont que leur journée pour vivre.

56. (1866) Petite comédie de la critique littéraire, ou Molière selon trois écoles philosophiques « Première partie. — L’école dogmatique — Chapitre premier. — Une leçon sur la comédie. Essai d’un élève de William Schlegel » pp. 25-96

Dans Le Légataire de Regnard, un pauvre vieillard, accablé d’infirmités, touche à sa fin ; des scélérats le tourmentent pour son héritage, et fabriquent en son nom un faux testament pendant qu’ils le croient à l’agonie. […] Si dans l’état d’innocence Adam a failli, que peut donc faire le pauvre Jack Falstaff dans ce siècle corrompu ? […] J’aimerais en particulier le déguisement de M. de Pourceaugnac en femme, si le danger véritable que court à cette occasion ce pauvre gentilhomme, ne m’inspirait un intérêt trop sérieux pour être compatible avec la gaieté comique. […] Enfin les farces de Molière ne sont pas aussi pauvres qu’on le prétend en plaisanteries proprement dites. […] Il n’y a pas de pièce où l’action soit plus pauvre et se traîne plus péniblement.

57. (1910) Rousseau contre Molière

— Oui, certes, pour ce pauvre Alceste, dit Eliante. […] Jourdain et pleure sur ce pauvre Holopherne si méchamment mis à mort par Judith. […] mon pauvre marquis, nous lui en fournirons toujours assez et nous ne prenons guère le chemin de nous rendre sages par tout ce qui se fait et tout ce qui se dit. […] On le voit enfin sous les haillons du « pauvre » de Don Juan, et le pauvre de Don Juan est héroïque ; mais ici Molière n’a pas allumé sa lanterne et il est bien difficile de démêler s’il a présenté son pauvre pour faire admirer son héroïsme ou pour démontrer à quel point son héroïsme est stupide. […] Il est curieux de voir comme Voltaire en parle : « A la première représentation, il y avait une scène entre Don Juan et un pauvre.

58. (1772) De l’art de la comédie. Livre premier. De ses différentes parties (1re éd.) [graphies originales] « CHAPITRE PREMIER. Du Choix d’un Sujet. » pp. 25-38

Eraste, outré, déchire, aux yeux de la soubrette, l’écrit de la maîtresse, & sort : son valet le suit, en donnant toutes les femmes au diable ; & Marinette, surprise avec raison, s’écrie : Ma pauvre Marinette, es-tu bien éveillée ? […] La pauvre infortunée aime avec violence ; A moi seul de ses feux elle fait confidence, Et je vois dans son cœur des tendres mouvements A dompter la fierté des plus durs sentiments.

59. (1772) De l’art de la comédie. Livre second. De ses différents genres (1re éd.) [graphies originales] « CHAPITRE VI. Des Pieces à scenes détachées, dans lesquelles une Divinité préside. » pp. 61-74

Ce pauvre Sigismond, j’en ai l’ame attendrie ! […] Il veut acheter des almanachs, des curedents, des étuis pour un de ses anciens amis qui est fort pauvre, & qui ne lui est bon à rien ; mais il cherche un superbe cabinet de la Chine pour un homme nouvellement en faveur, sur la protection duquel il compte beaucoup.

60. (1772) De l’art de la comédie. Livre troisième. De l’imitation (1re éd.) [graphies originales] « CHAPITRE IV. » pp. 57-70

Je n’aime point que Moliere donne un étourdissement au pauvre Lélie pour l’introduire dans la maison de Sganarelle ; il avoit déja tiré parti de l’évanouissement de Célie, & une pamoison suffit dans une comédie. […] Je n’aime point la mort parcequ’elle est camuse, Et que, sans regarder qui la veut ou refuse, L’indiscrete qu’elle est, grippe, vousit ou non, Pauvre, riche, poltron, vaillant, mauvais & bon.

61. (1811) Discours de réception à l’Académie française (7 novembre 1811)

Jeune ou vieux, riche ou pauvre, il fut toujours aimable, toujours joyeux. […] Pauvres, elle nous console de nos peines ; riches, elle nous distrait de nos ennuis.

62. (1853) Histoire de la littérature dramatique. Tome II « Chapitre II. Mademoiselle Mars a été toute la comédie de son temps » pp. 93-102

ces pauvres grands artistes sont si peu sûrs d’eux-mêmes), que ses amis ne le voudraient pas, moi à leur tête. […] Pauvre femme !

63. (1863) Molière et la comédie italienne « Chapitre V. Le théâtre des Gelosi (suite) » pp. 81-102

Ensorcelé par cette comédienne diabolique, il amis la pauvre Silvia en oubli, mais il revient à elle et consent à l’épouser. […] Silvia, obligée d’écouter les confidences du capitaine Spavente qui l’entretient de ses nouvelles amours, faisait naturellement entendre les mêmes plaintes que la Lélia des Ingannati : « Pauvre et misérable fille, tu viens d’ouïr de tes propres oreilles, et de la bouche même de cet ingrat, l’amour qu’il te porte.

64. (1863) Molière et la comédie italienne « Chapitre XI. Il Convitato di pietra (le Convié de pierre) » pp. 191-208

Don Juan s’éloigne avec la jeune fille ; Arlequin ajoute, en les voyant partir : “Pauvre malheureuse, que je le plains de croire aux promesses de mon maître ! […] Vous tuez le mari d’une pauvre femme ; vous enlevez la fille d’une autre ; vous débauchez même des religieuses !

65. (1772) De l’art de la comédie. Livre premier. De ses différentes parties (1re éd.) [graphies originales] « CHAPITRE XVIII. De la Décence & de l’Indécence. » pp. 314-341

Une femme mariée qui déteste son mari, qui est amoureuse d’un autre, doit naturellement jouer à son pauvre époux des tours qui lui valent des injures ; tout cela se suit, & coule de source. […] Avec cette belle réputation tous les maris lui amenent leurs femmes, & le pauvre homme n’est plus embarrassé que du choix. […] Moliere, non content de prendre un sonnet & un madrigal dans les ouvrages imprimés de Cotin, pour les analyser & les déchirer sur la scene, avec toute la cruauté possible, parodia encore, avec la plus grande indécence, le nom du pauvre Abbé ; & l’acteur qui joua le rôle de Trisotin ou de Tricotin 47, eut le soin de prendre un habit, un son de voix & des gestes propres à faire reconnoître l’original.

66. (1863) Histoire de la vie et des ouvrages de Molière pp. -252

Le pauvre homme ! […] Mais, plus que tout cela, que deviendront ces pauvres gens que j’ai amenés de si loin ? […] C’était peut-être encore plus pauvre ; c’était la même moquerie, mais déjà usée. […] Le pauvre Molière ne savait où se fourrer. […] a dit quelque part qu’un avare est plus malheureux qu’un pauvre, et un jaloux qu’un cocu.

67. (1739) Vie de Molière

Il venait de donner l’aumône à un pauvre. Un instant après, le pauvre court après lui, et lui dit : Monsieur, vous n’aviez peut-être pas dessein de me donner un louis d’or, je viens vous le rendre. — Tiens, mon ami, dit Molière, en voilà un autre. ; et il s’écria : Où la vertu va-t-elle se nicher ! […] À la première représentation du Festin de Pierre de Molière, il y avait une scène entre Don Juan et un pauvre. Don Juan demandait à ce pauvre, à quoi il passait sa vie dans la forêt. À prier DIEU, répondait le pauvre, pour les honnêtes gens qui me donnent l’aumône.

68. (1769) Éloge de Molière pp. 1-35

Et Pétrone, lorsqu’il représente l’opulent et voluptueux Trimalcion, entendant parler d’un pauvre, et demandant qu’est-ce qu’un pauvre ? […] Je m’entends reprocher de n’avoir point développé l’âme de Molière ; de ne l’avoir point montré toujours sensible et compatissant, assignant aux pauvres un revenu annuel sur ses revenus, immolant aux besoins de sa Troupe les nombreux avantages qu’on lui faisait envisager en quittant le Théâtre, sacrifiant même sa vie à la pitié qu’il eut pour des malheureux, en jouant la Comédie la veille de sa mort.

69. (1862) Molière et ses contemporains dans Le Misanthrope (Revue trimestrielle) pp. 292-316

Le pauvre Molière ne savait où se fourrer. […] En vérité, Molière naturellement froid dans ses démonstrations, comme tout homme d’une sensibilité véritable et profonde ; Molière, doué de cette mélancolie qui accompagne naturellement le génie de la réflexion et qui souvent est le fruit funeste de l’observation attentive du cœur humain (quoi qu’en disent les consolantes doctrines de Droz, dans son Art d’être heureux) ; Molière, qui de son coup d’œil observateur avait embrassé notre pauvre nature humaine et a « pénétré le fond de tant de cœurs cachés18; » Molière, « Dont la gaîté souvent fut voisine des pleurs 19, » et qui, suivant l’heureuse expression de Sainte-Beuve, au milieu des applaudissements et des rires qu’il provoquait, habitait ordinairement « dans les tristes ombres de lui-même, » — n’est pas sans ressemblance avec le Misanthrope. […] Restent quelques personnages secondaires : Cléonte, qui trouve toujours « L’art de ne vous rien dire avec de grands discours, » Damon « le raisonneur, » Timante « l’homme tout mystère, » Géralde « que la qualité entête, » Bélise « le pauvre esprit de femme, » et l’orgueilleux Adraste, et le jeune Cléon « qui s’est fait un mérite de son cuisinier, » et Damis, que l’amitié même de Célimène ne protège pas contre les traits de sa médisance33.

70. (1697) Poquelin (Dictionnaire historique, 1re éd.) [graphies originales] pp. 870-873

C’est pourquoi, ajoûte l’Auteur, il seroit très-difficile dans une galanterie si confuse de dire qui en étoit le pere ; tout ce qu’on en sçait est que sa mere assûroit que dans son dereglement, si on en exceptoit Moliere, elle n’avoit jamais pu souffrir que des gens de qualité, & que pour cette raison sa fille étoit d’un sang fort noble ; c’est aussi la seule chose que la pauvre femme lui a toûjours recommandée, de ne s’abandonner qu’à des personnes d’élite. […] Vous joüez tout le monde ; vous donnez de si bons conseils aux pauvres cocus ; profitez tout le premier de vos railleries.

71. (1922) La popularité de Molière (La Grande Revue)

un problème moral, voire même social, contemporain, certes, mais en un sens aussi universel : la naissance, le rang, la fortune, un ensemble d’avantages exceptionnels qui l’élèvent au-dessus du commun, peuvent-ils permettre à l’homme qui en bénéficie de soumettre à ses passions et à ses caprices, une foule faible, mal défendue, une Elvire, une Mathurine, un pauvre pécheur, un M.  […] De même Sans dot, Le Pauvre Homme, Tartuffe ?

72. (1818) Épître à Molière pp. 6-18

Molière de son temps, N’épargna même pas les pauvres courtisans ; Et, montrant la sottise en robe de comtesse, Sous ses vieux parchemins il tança la noblesse. […] Rappelons la gaîté dans nos vivants tableaux ; Sans la moindre pitié dénonçons sur la scène Les travers de nos jours, et traînons dans l’arène Du pauvre genre humain les plus grands ennemis, Les vices, trop longtemps ici bas impunis.

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