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22. (1863) Molière et la comédie italienne « Chapitre XI. Il Convitato di pietra (le Convié de pierre) » pp. 191-208

Don Juan met l’épée à la main ; Arlequin se couche à terre sur le dos, tient sa flamberge pointe en l’air, de manière que son adversaire la rencontre toujours en ferraillant ; ce jeu de théâtre bien exécuté faisait le plus grand plaisir. […] Ce jeu se répète plusieurs fois. […] Il nous suffit de montrer où elle en arriva sur le théâtre italien, par une conséquence toute naturelle du jeu comique propre à ce théâtre.

23. (1772) De l’art de la comédie. Livre second. De ses différents genres (1re éd.) [graphies originales] « CHAPITRE XL. Du dénouement des Pieces à caractere. » pp. 469-474

Ne songeons désormais qu’à vous dédommager De la faute où ce jeu vient de vous engager. […] Va, va, consolons-nous, Hector ; & quelque jour Le jeu m’acquittera des pertes de l’amour.

24. (1835) Mémoire pour servir à l’histoire de la société polie en France « Chapitre XXXIV » pp. 394-401

Le 26, madame de Sévigné écrit : « On la croit toute rétablie dans sa félicité. » Enfin, le 2 septembre, elle raconte à sa fille que « la vision de madame de Soubise a passé plus vite qu’un éclair… Au jeu, elle a la tête appuyée familièrement sur l’épaule de son ami. […] Une lettre de madame de Sévigné, du 6 novembre, raconte avec sa grâce ordinaire comment le roi, sous le nom d’un certain Langlée, espèce d’aventurier qui tenait un jeu à la cour, lui donna la plus belle robe dont on eut jamais eu l’idée : « M. de Langlée a donné à madame de Montespan une robe d’or sur or, rebrodé d’or, rebordé d’or, et par-dessus un or frisé, rebroché d’un or mêlé avec un certain or qui fait la plus divine étoffe qui ait jamais été imaginée : ce sont les fées qui ont fait cet ouvrage en secret.

25. (1819) Notices des œuvres de Molière (II) : Les Précieuses ridicules ; Sganarelle ; Dom Garcie de Navarre ; L’École des maris ; Les Fâcheux pp. 72-464

Molière jouait le rôle de Mascarille ; il se servit d’un masque aux premières représentations ; mais ensuite il le quitta, persuadé avec raison que sa figure, dont le jeu était singulièrement comique, valait mieux, pour exciter le rire, que l’immobilité du masque le plus grotesque. […] Charmé du mérite de cette pièce, ainsi que du jeu de Molière dans le rôle de Sganarelle, il avait placé, en tête de chaque scène, des arguments destinés à faire valoir le talent du poète et celui du comédien. […] Comme Molière avait rempli le principal rôle dans ses deux derniers ouvrages, et que la verve comique de son jeu y avait été fort goûtée, ils affectèrent de louer le comédien aux dépens de l’auteur ; ils convinrent que Molière était un fort bon mime qui, par ses gestes et ses grimaces vraiment risibles, faisait beaucoup valoir des scènes grossières et insipides ; mais forcés de reconnaître son talent pour la farce, ils voulurent l’y renfermer ; ils lui firent, pour ainsi dire, défense d’en sortir, le menaçant des choses les plus humiliantes, s’il osait franchir ce cercle étroit où ils l’emprisonnaient ; en un mot, ils le déclarèrent incapable de jamais réussir dans le genre noble et sérieux. […] La passion, disons mieux, le travers qui distingue le personnage principal est essentiellement du domaine de la comédie ; et, d’un autre côté, la condition élevée de tous les personnages, et les intérêts politiques dont le jeu se mêle aux mouvements de la jalousie, donnent à l’ensemble de la composition ce caractère de grandeur et de noblesse que, dans le langage de tous les arts, on est convenu d’appeler héroïque. […] Les divers originaux mis en jeu dans l’ouvrage, au lieu de passer l’un après l’autre sur la scène, pour n’y plus reparaître, dialoguent entre eux, se montrent à plusieurs reprises et participent tous au dénouement.

26.

Les costumes sont magnifiques et exacts ; quant au jeu des acteurs, nous citerons M.  […] C’est au jeu de paume de la Croix-Noire, dit M.  […] Le jeu de paume de la Croix-Noire, où il joua, était, comme vous savez, tout près. […] Peut-être l’aura-t-on choisi pour faire opposition, avec avantage, à l’enseigne du jeu de paume voisin, la Croix-Noire. […] Sur six, y compris le prologue, Molière faisait le jeu des quatre premiers.

27.

La plantation du jeu de quilles, pour laquelle aussi bien je ne professe pas un goût très exclusif, était le modèle de l’ancienne disposition théâtrale ; la comédie moderne a dispersé le jeu de quilles, rompu le développement en façade, remplacé la ligne continue par les lignes brisées, assis les comédiens de profil et de trois quarts. […] D’ailleurs si Me Bruel était là pour se défendre, il aurait beau jeu contre moi en invoquant la prescription. […] Vers le 20 décembre 1644. la troupe de l’Illustre Théâtre après avoir, au moyen de quelques emprunts, réglé ses dettes les plus criardes, avait quitté le jeu de paume des Métayers, situé, comme on sait, au faubourg Saint-Germain, près la porte de Nesle, pour venir s’établir au jeu de paume de la Croix-Noire, rue des Barrés. […] On pourra s’en convaincre plus facilement encore en allant sur les lieux mêmes, étant donné que la salle du jeu de paume occupait tout le côté Est du marché neuf que l’on vient d’inaugurer, ainsi que l’a déjà prouvé M.  […] Il fournissait d’ailleurs de précieux, matériaux à l’esprit assimilateur de Molière, qui ne goûtait pas moins, chez les Italiens, la vivacité naturelle de leurs saillies que l’agrément de leur jeu si fin dans sa bouffonnerie.

28. (1835) Mémoire pour servir à l’histoire de la société polie en France « Chapitre XII » pp. 100-108

Ils ne leur pardonnaient aucun refus, aucune résistance, et se faisaient un jeu de les bafouer, de les humilier, de les combattre. […] Durant la guerre de la Fronde, Mazarin mit en jeu la séduction de celles de ses nièces qui étaient en âge de fixer les regards.

29. (1705) La vie de M. de Molière pp. 1-314

Ils pensèrent bien sérieusement aux moyens d’exécuter leur dessein : et après avoir pris toutes leurs mesures, ils s’établirent dans le jeu de paume de la Croix blanche, au Faubourg Saint Germain. […] Le Jeu de ces comédiens fut d’autant plus goûté, que depuis quelque temps on ne jouait plus que des pièces sérieuses à l’Hôtel de Bourgogne ; Le plaisir des petites Comédies était perdu. […] Molière, qui connaissait l’action par principes, était indigné d’un jeu si mal réglé, et des applaudissements que le Public ignorant lui donnait. […] La différence de jeu avait fait naître de la jalousie entre les deux Troupes. […] Il ne déclamait point au hasard, comme ceux qui destitués des principes de la déclamation, ne sont point assurés dans leur jeu : Il entrait dans tous les détails de l’action.

30. (1819) Introduction aux œuvres de Molière pp. -

Les troubles de la Fronde vinrent interrompre ces jeux. […] Comme il perdait toujours au jeu le peu d’argent qu’il avait, la maison de Molière et des Béjart devint la sienne. […] Le sel réjouissant de cette farce et le jeu plaisant de l’auteur, qui y faisait le principal rôle, excitèrent des rires universels. […] Ses ennemis aimaient à attribuer le succès de ses pièces à la perfection de son jeu. […] J’en serais bien fâché, répondit Molière ;je lui gâterais son jeu : la nature lui a donné de meilleures leçons que les miennes pour ce rôle.

31. (1772) De l’art de la comédie. Livre second. De ses différents genres (1re éd.) [graphies originales] « CHAPITRE XXXVI. De l’opposition des Caracteres. » pp. 398-416

Julie a ruiné Cléon au jeu, il vient l’accabler de reproches. […] Céliante est en opposition avec la tranquille Mélite, sa sœur, qu’elle boude ou embrasse tour-à-tour, selon son caprice : elle est en opposition avec le flegmatique Damon, qu’elle a résolu de désespérer, & qui, par un caractere opposé au sien, releve les agréments de sa vivacité, & met en jeu son humeur capricieuse. […] Vous allez voir beau jeu.

32. (1835) Mémoire pour servir à l’histoire de la société polie en France « Chapitre XXV » pp. 259-278

Elle a de l’intérêt par elle-même ; il n’est pas indifférent à la morale, de voir comment cette femme, née dans une prison, d’un père protestant, qui se ruina au jeu et mourut à la Martinique, où elle fut laissée en gage à un créancier par sa mère obligée de venir chercher du pain en France ; renvoyée à sa mère, à quatorze ans, par ce créancier qui trouvait trop onéreux de la nourrir ; devient à quarante-cinq ans l’amie, la confidente d’un roi galant, parvient à le détacher de ses maîtresses, ne voulant prendre la place d’aucune, et à quarante-huit ans devient la femme de ce roi, plus jeune qu’elle de trois ans. […] Il s’y ruina au jeu. […] Il offre tant de sympathies diverses à satisfaire, il soumet les sympathies physiques à tant de sympathies morales et intellectuelles, il présente tant de points de défense et d’attaque en même temps, il fait naître tant désirs au-delà du désir même, il offre tant à conquérir au-delà de la dernière conquête, il donne tant de jeu aux craintes, aux espérances, il arrête les progrès si près du but et y rappelle si puissamment par l’effort même qui en éloigne, enfin il y a tant de distance entre les voluptés que l’art le plus exercé ou le naturel le plus aimable peuvent donner à l’abandon et le charme de cette retenue mystérieuse qui arrête les mouvements d’un cœur passionné, que rien n’est impossible à une grande passion dans le cœur d’une telle femme.

33. (1725) Vie de l’auteur (Les Œuvres de Monsieur de Molière) [graphies originales] pp. 8-116

Ils penserent bien serieusement aux moyens d’executer leur dessein ; & après avoir pris toutes leurs mesures, ils s’établirent dans le jeu de Paume de la Croix blanche, au fauxbourg Saint Germain. […] Moliere, qui connoissoit l’action par principes, étoit indigné d’un jeu si mal reglé, & des applaudissemens que le Public ignorant lui donnoit. […] La difference de jeu avoit fait naître de la jalousie entre les deux Troupes. […] Il ne déclamoit point au hazard, comme ceux qui destituez des principes de la déclamation, ne sont point assurez dans leur jeu : Il entroit dans tous les détails de l’action. […] Il n’aimoit point le jeu ; mais il avoit assez de penchant pour le sexe ; la de Brie l’amusoit quand il ne travailloit pas.

34. (1863) Molière et la comédie italienne « Chapitre IX. Beltrame » pp. 145-157

L’ordonnance de séquestre a été obtenue par Fulvio, à qui Cintio doit une quinzaine de ducats gagnés au jeu. […] L’étudiant Cintio commence à se décourager ; il a reçu une lettre de son père qui l’invite à demander à Beltrame la main de sa fille ; il s’y résoudrait peut-être s’il n’était pas piqué au jeu par la rivalité de Fulvio.

35. (1863) Molière et la comédie italienne « Chapitre XVII. Conclusion » pp. 339-351

Ils lui apprirent surtout à donner un relief vigoureux aux idées comiques ; ces incidents variés à l’infini, ces situations singulières, ces jeux de théâtre, ces pantomimes expressives, jusqu’à ces lazzi que les Italiens multipliaient et prodiguaient souvent sans autre but que l’action elle-même, Molière les employa avec réflexion. […] Ainsi, lorsque les personnages se cherchent à tâtons dans la nuit noire, se prennent les uns pour les autres, et que Lubin, croyant avoir affaire à Claudine, révèle à George Dandin la trahison d’Angélique, nous sommes en plein sur le terrain de la comédie italienne ; ces jeux nocturnes, ces échanges, ces méprises abondent dans les canevas des Gelosi.

36. (1873) Le théâtre-femme : causerie à propos de L’École des femmes (Théâtre de la Gaîté, 26 janvier 1873) pp. 1-38

Notre chanson est sérieuse, notre théâtre n’est qu’un jeu; un jeu splendide souvent, sublime parfois, mais un jeu. […] C’est encore un jeu.

37. (1879) Les comédiennes de Molière pp. 1-179

N’est-ce pas lui qui, avec Mlle de Brie, a créé le jeu éternel d’Agnès ? […] Aux fêtes de Pâques de 1858, Molière vint avec sa troupe7, à Rouen, au jeu de paume des Deux Maures, donner des représentations. […] Tout se paie ici-bas, même les jeux cruels de la coquetterie. […] Regnard, qui, à son tour, lui donna à jouer ses rôles de soubrettes, se garda bien d’amortir son jeu franc et décidé. […] Il fut aimé pour sa gaieté, pour le naturel de son jeu, pour la vérité de son comique dans les rôles de paysan.

38. (1772) De l’art de la comédie. Livre troisième. De l’imitation (1re éd.) [graphies originales] « CHAPITRE VII. » pp. 125-143

Sire, Votre très humble, très obéissant, très fidele & très savant sujet & serviteur Caritidès, François de nation, Grec de profession, ayant considéré les grands & notables abus qui se commettent aux inscriptions des enseignes des maisons, boutiques, cabarets, jeux de boules & autres lieux de votre bonne ville de Paris, en ce que certains ignorants, compositeurs desdites inscriptions, renversent, par une barbare, pernicieuse & détestable orthographe, toute sorte de sens & de raison, sans aucun égard d’étymologie, analogie, énergie, ni allégorie quelconque, au grand scandale de la République des Lettres & de la Nation Françoise, qui se décrient & se déshonorent par lesdits abus & fautes grossieres envers les étrangers, & notamment envers les Allemands, curieux lecteurs & spectateurs desdites inscriptions... […] Regnier le pere, qui étoit un homme de plaisir, fit bâtir, en 1573, un jeu de paume des démolitions de la citadelle de Chartres, qui lui furent données par le crédit de l’Abbé Desportes son beau-frere ; &, comme ce jeu portoit le nom de Tripot-Regnier, on a dit que le Poëte satyrique étoit fils d’un Tripotier : cependant son pere s’étoit qualifié dans son contrat de mariage d’honorable homme, titre qui dans ce temps-là ne se donnoit qu’aux plus nobles bourgeois ; & son frere, Antoine Regnier, fut Conseiller Elu dans l’Election de Chartres.

39. (1772) De l’art de la comédie. Livre quatrième. Des imitateurs modernes (1re éd.) [graphies originales] « CHAPITRE XI. M. SAURIN. » pp. 333-353

On dit à Jarvis d’aller voir si son maître est encore au jeu, & de le ramener en évitant de lui dire un seul mot qui puisse le fâcher. […] La scene change & représente la maison de Stukéli : on l’y voit méditant d’engager Béverley à jouer les bijoux de sa femme, & projettant de la séduire en les lui rendant : on le voit encore complotant, avec un frippon nommé Bates, les moyens de voler Béverley au jeu. […] Cet acte est tout-à-fait semblable à celui de la piece françoise, avec la différence qu’il n’y a point d’enfant ; que les scenes de Jarvis & de Stukéli se passent dans une salle de jeu où Béverley déplore son malheur auprès d’une table couverte de dés & de cornets ; que Stukéli exhorte encore Bates à se tenir prêt pour ruiner Béverley, & que Leuson, voulant prouver à son ami la fausseté de Stukéli, lui dit : « J’ai connu ce Stukéli au College.

40. (1863) Molière et la comédie italienne « Chapitre XIV. La commedia dell’arte au temps de Molière (à partir de 1662) » pp. 265-292

Des canevas qui le composent, il ressort que la pantomime, c’est-à-dire ce qui consistait en postures, grimaces, sauts et jeux de scène, s’était alors développée considérablement au détriment des autres parties de la comédie de l’art. […] Arlequin se désespère, fait des sauts, des extravagances ; les autres l’imitent en tout, à l’exception du butor qui se remue lourdement. » Ces jeux se continuent longtemps et forment à eux seuls une partie du spectacle ; comme ils n’avaient pas eu grand succès à la première représentation, Dominique les redouble : il inscrit sur son livre : « Il faut que nous fassions des postures d’estropiés, de gros ventres, de tourner les mains derrière le dos, de former des attitudes singulières. […] Je joue déjà assez bien le rôle de l’Ermite ; et d’ailleurs ce serait un vrai moyen de me délivrer de l’importunité de mes créanciers, qui ne cessent de me persécuter. » Les quelques lignes de la fameuse préface que nous venons de rappeler suffisent à nous avertir que les chefs-d’œuvre de la comédie française, L’École des femmes, Le Misanthrope, Le Tartuffe, L’Avare, se succédaient sur le même théâtre où Scaramouche et Dominique faisaient à qui mieux mieux leurs culbutes « et autres singeries agréables, comme dit Gherardi, qui sont du jeu italien ».

41. (1772) De l’art de la comédie. Livre quatrième. Des imitateurs modernes (1re éd.) [graphies originales] « CHAPITRE VIII. M. DE SAINT-FOIX. » pp. 288-296

La brune me dit : Voici ce que nous avons imaginé : le gentilhomme est arrivé en bonne compagnie, il est engagé au jeu, il n’en sortira que dans une heure ; il faut que vous vous laissiez emmaillotter comme une momie ; nous vous coefferons de nuit en femme, & nous vous mettrons dans le lit destiné au gentilhomme, nous tirerons les rideaux ; dès qu’il voudra se coucher, vous lui direz que vous êtes la belle Cléopatre qui sort de son tombeau pour passer une nuit avec lui. […] Il faut en conclure que le hasard est bien singulier dans ses jeux.

42. (1863) Molière et la comédie italienne « Chapitre XII. Lo Ipocrito et Le Tartuffe » pp. 209-224

Il faut donc se faire un jeu de tout ce qui vous arrive. […] Dans l’Arétin, Ipocrito ne joue son jeu que pour soutenir son parasitisme.

43. (1816) Molière et les deux Thalies, dialogue en vers pp. 3-13

Oui, c’est un grand ressort pour émouvoir les âmes, Et qui fut, j’en conviens, mis en jeu par les femmes, Toujours avec succès. […] Il n’y a pas longtemps que Georges Dandin a été sifflé, L’Avare, l’École des Maris, l’École des femmes, etc., sont joués dans le désert ; le Légataire, les Étourdis, les Héritiers, dédaignés des gens du bon ton ; mais la Coquette corrigée, le Jaloux sans amour, la Feinte par amour, les Jeux de l’Amour, etc., voilà ce qui doit plaire éternellement !

44. (1835) Mémoire pour servir à l’histoire de la société polie en France « Chapitre XV » pp. 175-187

Qu’on se figure la multitude de tours, d’images, de mouvements qui ont dû naître de ces conversations, où les sens, l’imagination, le cœur, étaient en jeu ; où l’émulation de plaire et d’étonner excitait les amours-propres ; où la critique n’était pas moins exaltée par les rivalités que le besoin de produire par l’émulation de plaire ! […] On remarquait comme précieux dans un autre ouvrage : que Daphné avait toute son âme dans ses jeux ; Dans un autre : qu’un malheureux avait le front chargé d’un sombre nuage ; Dans un autre : qu’un grand homme voit les troubles des petites âmes du haut de sa vertu… qu’il échappe un sourire de son sérieux… que la frayeur court dans une assemblée.

45. (1819) Notices des œuvres de Molière (III) : L’École des femmes ; La Critique de l’École des femmes ; L’Impromptu de Versailles ; Le Mariage forcé pp. 164-421

J’y ai joint des notes du même genre sur ceux des comédiens de l’hôtel de Bourgogne, dont Molière tourne le jeu en ridicule dans cette comédie. […] Suivant des mémoires du temps, où il ne paraît pas calomnié, il aimait avec excès le vin, le jeu et les femmes ; de plus il avait l’humeur spadassine, querelleuse, violente : c’était assez l’humeur du temps. […] Charmé de son jeu dans le rôle d’Alain de L’École des femmes, Louis XIV ne put s’empêcher de dire : Cet homme-là ferait rire des pierres ! […] Du reste, il contrefait aussi le jeu de Molière, qui lui avait fait l’honneur de contrefaire le sien, et prétend, comme Montfleury, que la parodie des comédiens de l’hôtel, dans L’Impromptu de Versailles, n’est qu’une facétie usée, dont l’auteur payait depuis longtemps son écot à la table des grands. […] Je l’ai déjà fait entendre, la répétition pour laquelle les comédiens sont rassemblés, ne peut être qu’un prétexte, ou, si l’on veut, qu’un principe d’action propre à faire naître des incidents, des épisodes satiriques, tels que cette plaisante imitation du jeu des comédiens de l’hôtel de Bourgogne ; cette arrivée d’un marquis ridicule qui assomme Molière de ses questions, et les actrices de ses fadeurs ; enfin, cette dispute si heureusement imaginée, où Molière, blâmé d’un excès de modération envers ses ennemis, les accable, les écrase par la manière même dont il démontre qu’il a dû les ménager.

46. (1772) De l’art de la comédie. Livre premier. De ses différentes parties (1re éd.) [graphies originales] « CHAPITRE XXVIII. Du Comique, du Plaisant, des Causes du rire. » pp. 463-473

Un Auteur, en faisant son plan, doit le dresser de façon que ses situations, comiques par elles-mêmes, le dispensent de suer sang & eau pour rendre son dialogue plaisant, & d’avoir recours aux saillies, aux gentillesses, aux épigrammes, aux jeux de mots. […] Songez qu’en vous faisant moitié de ma personne, C’est mon honneur, Agnès, que je vous abandonne ; Que cet honneur est tendre, & se blesse de peu ; Que sur un tel sujet il ne faut point de jeu, Et qu’il est aux enfers des chaudieres bouillantes, Où l’on plonge à jamais les femmes mal-vivantes.

47. (1863) Molière et la comédie italienne « Chapitre VI. La commedia sostenuta » pp. 103-118

De part et d’autre, les mêmes ressorts furent mis en jeu : les rapts, les captivités, les retours imprévus, les travestissements, les méprises produites par deux Ménechmes frère et sœur, les substitutions de personnes, les reconnaissances finales, les breuvages soporifiques, etc., étaient le fond commun dont abusaient à l’envi les auteurs et les acteurs. Les types principaux du jeu comique tendaient également à l’uniformité.

48. (1801) Moliérana « [Anecdotes] — [48, p. 80-81] »

[48, p. 80-81] 1705, Grimarest, p. 135-136 Molière n’aimait point le jeu ; mais il avait assez de penchant pour le sexe ; la de ***223 l’amusait quand il ne travaillait pas.

49. (1892) Vie de J.-B. P. Molière : Histoire de son théâtre et de sa troupe pp. 2-405

Les associés jetèrent les yeux sur un jeu de paume situé au fossé de Nesle (depuis rue Mazarine), appelé, du nom de ses premiers propriétaires, le Jeu de Paume des Mestayers. […] Vitu, dans un opuscule sur Le Jeu de paume des Mestayers (1883), a établi que ce jeu de paume occupait l’emplacement que représentent aujourd’hui (1891) les numéros 10, 12-14 sur la rue Mazarine, les numéros 11 et 13 sur la rue de Seine. Par bail du 12 septembre 1643, le maître paumier Noël Gallois leur loua ce jeu de paume moyennant un loyer annuel de 1900 livres. […] Le Jeu de paume des Mestayers n’avait pas été favorable aux débutants. […] Grimarest cite le jeu de paume de la Croix-Blanche, mais sans parler du jeu de paume de la Croix-Noire, de sorte qu’on peut supposer qu’il commet une erreur de nom.

50. (1819) Notices des œuvres de Molière (IV) : La Princesse d’Élide ; Le Festin de Pierre pp. 7-322

Ces plaisirs magnifiques, qui durèrent sept jours, et à la description desquels Voltaire n’a pas dédaigné de consacrer plusieurs pages, étaient dans ce goût moitié guerrier et moitié galant qui rappelle les jeux de l’ancienne chevalerie. […] Molière a employé des personnages du même rang ; mais il en a fait des habitants de l’ancienne Grèce, et les a placés dans cette Élide si fameuse par la solennité de ses jeux olympiques, il vit sans doute, dans ce choix de circonstances, un moyen de rattacher la représentation de sa comédie aux autres épisodes d’une fête héroïque qui avait aussi ses courses, ses joutes, ses prix décernés à l’adresse et à la vigueur. […] « La comédie de La Princesse d’Élide, dit Voltaire, quoiqu’elle ne soit pas une des meilleures de Molière, fut un des plus agréables ornements de ces jeux, par une infinité d’allégories fines sur les mœurs du temps, et par des à-propos qui font l’agrément de ces fêtes, mais qui sont perdus pour la postérité. » Il faut croire que Voltaire, lorsqu’il écrivit ces lignes, n’avait conservé de la pièce qu’un souvenir peu fidèle.

51. (1775) Anecdotes dramatiques [extraits sur Molière]

Plaute* lui paraissait aussi plus ingénieux dans la Scène et dans le jeu du Moi. […] La Pièce et le jeu de Molière furent très mal reçus. […] On sait assez que ces Farces n’étaient que des Improvisades à la façon des Italiens qui ne pouvaient divertir que par le jeu du théâtre ». […] J’en serais bien fâché, reprit Molière ; je lui gâterais son jeu. […] Je l’ai vu applaudir au Jeu forcé de quelques-uns de mes camarades : j’ai chargé mes rôles, pour recevoir les mêmes applaudissements.

52. (1801) Moliérana « Vie de Molière »

Il voulut jouer dans le tragique, mais il n’y réussit pas ; il avait une volubilité118 dans la voix et une espèce de hoquet qui ne pouvait convenir au genre sérieux, mais qui rendait son jeu comique plus plaisant. […] Les caractères sont inimitables, et le jeu des personnages subalternes sont autant de coups de maître.

53. (1835) Mémoire pour servir à l’histoire de la société polie en France « Chapitre XXIII » pp. 237-250

On voit dans une lettre de La Fontaine à mademoiselle Champmeslé, de 1678, que La Fare se partageait entre elle et le jeu. […] Charmez-vous le malheur au jeu, toutes les autres disgrâces de M. de La Fare ?

54. (1824) Notice sur le Tartuffe pp. 91-146

Mais comment supposer que Molière, homme grave et homme de cour, se soit permis de dire au public assemblé : « Nous nous proposions de vous donner ce soir la seconde représentation de Tartuffe, mais monsieur le premier président ne veut pas qu’on le joue. » Il connaissait trop les convenances sociales, il entendait trop ses intérêts pour hasarder un méchant jeu de mots qui eut été justement blâmé, et qui était aussi indigne de son génie que de son caractère. […] L’intervention du monarque dans un dénouement impossible sans que son autorité fût mise en jeu amenait son éloge presque sans effort : ainsi le poète sut concilier ce qu’il devait à l’art et ce qu’il devait au roi ; il plaçait le génie sous l’égide du pouvoir, et, par un accord qui semblait impossible, il liait pour ainsi dire la circonstance à toute la durée de l’avenir. […] Son auteur reçut de publics hommages, on le proclama le vengeur de la religion et du goût, et un autre poète de la même cabale lui adressa une épître de félicitations où l’on remarque ce passage : Molière plaît assez, son génie est folâtre ; Il a quelque talent pour le jeu du théâtre ; Et, pour en bien parler, c’est un bouffon plaisant Qui divertit le monde en le contrefaisant. […] L’un dessine purement un portrait ; la ressemblance est exacte, les traits sont fidèles, les nuances même les plus fugitives sont habilement saisies ; mais ce n’est qu’une figure isolée, sans mouvement et sans vie : l’autre conçoit un vaste sujet ; il groupe autour de son personnage principal d’autres figures qui font ressortir la sienne ; il met en présence le vice et la vertu, l’hypocrisie et la bonne foi ; il presse, il anime, il enflamme son action : du jeu des contrastes les plus opposés il fait sortir la ressemblance ; du choc des passions les plus tristes il fait jaillir la gaieté ; enfin d’un divertissement il tire une haute leçon morale, et du portrait d’un homme il fait le tableau d’une époque. […] Sans doute, si le vrai dévot et l’hypocrite paraissaient ensemble sur la scène, ayant le même extérieur, tenant le même langage, on pourrait s’y méprendre ; mais ce n’est ni par les dehors, ni par les discours qu’on juge les hommes, c’est par leurs actions ; et à peine les deux caractères seront mis en jeu qu’on dira : Voilà le vrai dévot !

55. (1863) Histoire de la vie et des ouvrages de Molière pp. -252

Pour nous, les hypothèses ne sont que des jeux d’esprit, et souvent les plus ingénieuses, les plus piquantes, ne sont que les plus dangereuses pour la vérité. […] Ce théâtre était dressé sur des tréteaux dans un jeu de paume qui existait encore il y a peu d’années. […] Les nouveaux acteurs ne déplurent point, et on fut surtout fort satisfait de l’agrément et du jeu des femmes. […] Elle joignait encore au talent de la déclamation et du jeu de théâtre celui de la danse. […] De Visé y parodiait encore le jeu tragique de Molière et sa manière d’annoncer.

56. (1801) Moliérana « [Anecdotes] — [50, p. 83-85] »

L’un, défenseur zélé des bigots mis en jeu, Pour prix de ses bons mots, le condamnait au feu ; L’autre, fougueux marquis, lui déclarant la guerre, Voulait venger la cour immolée au parterre ; Mais sitôt que, d’un trait de ses fatales mains, La parque l’eut rayé du nombre des humains, On reconnut le prix de sa muse éclipsée.

57. (1772) De l’art de la comédie. Livre premier. De ses différentes parties (1re éd.) [graphies originales] « CHAPITRE XIV. Des Monologues. » pp. 261-273

Si la gaieté de l’Auteur, si les choses agréables que l’acteur dit ou fait, ne tiennent pas au fond de la piece, ne nous apprennent pas des choses ou ne nous préparent pas à d’autres, la gaieté, les madrigaux, le jeu de théâtre, tout devient mauvais puisqu’il n’est pas à sa place. Je vois d’ici un monologue qui est gai, dans lequel le personnage se livre, nous expose son affaire la plus pressante, ses projets, & les met en action ; qui fournit à lui seul plus de jeu théâtral que bien des pieces ; qui est très applaudi, sur-tout quand il est joué par un bon acteur ; & qui avec cela, toute réflexion faite, ne vaut rien.

58. (1772) De l’art de la comédie. Livre quatrième. Des imitateurs modernes (1re éd.) [graphies originales] « CHAPITRE PREMIER. Regnard imitateur comparé avec la Bruyere, Plaute, & la nature. » pp. 5-50

Il a une fois perdu au jeu tout l’argent qui étoit dans sa bourse ; & voulant continuer de jouer, il entre dans son cabinet, ouvre une armoire, y prend sa cassette, en tire ce qu’il lui plaît, croit la remettre où il l’a prise : il entend aboyer dans son armoire qu’il vient de fermer ; étonné de ce prodige, il l’ouvre une seconde fois, & il éclate de rire de voir son chien qu’il a serré pour sa cassette. […] Je ne vois qu’une ressource, c’est de mettre en jeu notre plus proche voisin : je vais donc faire un gros mensonge ; je dirai que Philolache a acheté de cet homme-là. […] Regnard ne s’est tiré d’affaire qu’au moyen de certains traits plaisants, & par les jeux comiques de cette piece ». […] Elle met en jeu la fausseté & l’avarice de la Courtisanne, le penchant que les deux Menechme ont pour les plaisirs, la gloutonnerie du Parasite, les emportements d’une femme cruellement sacrifiée à sa rivale, la patience d’un vieillard qui veut maintenir la paix entre sa fille & son gendre. […] Puisque ce fut là son unique but, rions, avec la multitude, de ses quolibets, de ses jeux de mots : mais rions de lui-même avec les gens de goût, quand, par exemple, dans Démocrite amoureux il peint un pédant ennuyeux au lieu d’un philosophe aimable ; lorsqu’il prévoit que le rôle d’Agélas, Roi d’Athenes, sera joué par un petit-maître François jaloux de sa frisure.

59. (1885) Études sur la vie et les œuvres de Molière pp. -461

C’étaient alors les jeux de paume, qui en servaient. […] Il faut deux choses indispensables : une salle, c’est-à-dire un jeu de paume, et de l’argent. […] Les jeux de paume en servaient alors. […] Il faut deux choses indispensables : une salle, c’est-à-dire un jeu de paume, et de i argent. […] Elles nous rendent une tradition oubliée du jeu de Molière dans Arnolphe : elles auront fait plus qu’elles ne valent.

60. (1863) Molière et la comédie italienne « Chapitre V. Le théâtre des Gelosi (suite) » pp. 81-102

Il se met à pleurer, se lamentant parce qu’il a perdu beaucoup d’argent au jeu de cartes. […] Au 3e, du jeu du ballon, de la joute et de courre la bague.

61. (1835) Mémoire pour servir à l’histoire de la société polie en France « Chapitre XXXIII » pp. 378-393

Qu’on se figure, dans la position de madame de Maintenon, une femme d’un autre caractère : elle mettra en jeu tout ce que l’art de la galanterie aura de plus raffiné, d’abord pour nuire à sa rivale, ensuite pour plaire toujours plus qu’elle-même : elle disputera sa possession autant qu’il faudra pour en exalter le désir jusqu’à la passion. […] Elle écrit à sa fille, le 29 avril 1676 : « La reine a été deux fois aux Carmélites avec Quanto (madame de Montespan).Cette dernière se mit à la tête de faire une loterie ; elle se fit apporter tout ce qui peut convenir à des religieuses ; cela fit un grand jeu dans la communauté.

62. (1825) Notice sur Molière — Histoire de la troupe de Molière (Œuvres complètes, tome I) pp. 1-

Si le jeu de mots qu’on attribue à Molière dans cette circonstance n’est pas inventé, il faut convenir qu’il se vengea d’une manière aussi ingénieuse que cruelle. […] Louis XIV, charmé de son jeu dans le rôle d’Alain de L’École des femmes, qu’il créa, ne put s’empêcher de dire : « Cet homme-là ferait rire des pierres. » Indépendamment des rôles que nous venons de citer, Brécourt jouait supérieurement ceux de l’Avare et de Pourceaugnac. […] Si nous en voulons croire les Mémoires manuscrits de M. de Tralage, Brécourt aimait avec excès le jeu, les femmes et le vin. […] — J’en serais bien fâché, reprit Molière, je lui gâterais son jeu ; la nature lui a donné de meilleures leçons que les miennes pour ce rôle. » Après la mort de Molière, Beauval et sa femme passèrent, en 1673, à l’Hôtel de Bourgogne ; Beauval remplaça Hubert dans les rôles d’hommes travestis en femmes. […] Elle joignit au talent de la déclamation et du jeu de théâtre celui de la danse.

63. (1747) Notices des pièces de Molière (1666-1669) [Histoire du théâtre français, tome X] pp. -419

L’intrigue n’est pas vive, mais il ne fallait que réunir avec vraisemblance quelques personnages qui, par leurs caractères opposés, ou comparés à celui d’Alceste, pussent mettre en jeu, d’une façon plus ou moins étendue, la médisance, la coquetterie, la vanité, la jalousie, et presque tous les ridicules des hommes. […] Il lui fait voir que son sonnet vaut moins qu’un vieux couplet de chanson, qu’il lui dit, que ce n’est qu’un jeu de paroles qui ne signifient rien ; mais que la chanson dit beaucoup plus, puisqu’elle fait du moins voir un homme amoureux qui abandonnerait une ville comme Paris pour sa maîtresse. […] « La coquette paraît un peu mortifiée dans cette scène ; ce n’est pas qu’elle démente son caractère : mais la surprise qu’elle a de se voir abandonnée, et le chagrin d’apprendre que son jeu est découvert, lui cause un secret dépit, qui paraît jusque sur son visage. […] « Le soin avec lequel il avait travaillé à corriger et à perfectionner son jeu s’étendait jusque sur ces camarades. […] Plaute lui paraissait plus ingénieux que Molière dans la scène et dans le jeu du moi.

64. (1898) Molière jugé par Stendhal pp. -134

Jeu. […] Jeu. […] Jeu. […] Jeu. […] Jeu de scène piquant pour faire avaler.

65. (1739) Vie de Molière

Il voulut jouer dans le tragique, mais il n’y réussit pas ; il avait une volubilité dans la voix, et une espèce de hoquet, qui ne pouvait convenir au genre sérieux, mais qui rendait son jeu comique plus plaisant. […] La pièce et le jeu de Molière furent très-mal reçus. […] Il eut un grand succès sur ce théâtre irrégulier ; on ne se révolta point contre le monstrueux assemblage de bouffonnerie et de religion, de plaisanterie et d’horreur, ni contre les prodiges extravagants qui font le sujet de cette pièce : une statue qui marche et qui parle, et les flammes de l’enfer qui engloutissent un débauché sur le théâtre d’Arlequin, ne soulevèrent point les esprits : soit qu’en effet il y ait dans cette pièce quelque intérêt, soit que le jeu des comédiens l’embellit ; soit plutôt que le peuple, à qui Le Festin de Pierre plaît beaucoup plus qu’aux honnêtes gens, aime cette espèce de merveilleux. […] Il en est des comédies comme des jeux : il y en a que tout le monde joue ; il y en a qui ne sont faits que pour les esprits plus fins et plus appliqués. […] Le succès de La Femme juge et partie, et de tant d’autres pièces médiocres, dépend uniquement d’une situation que le jeu d’un acteur fait valoir.

66. (1772) De l’art de la comédie. Livre quatrième. Des imitateurs modernes (1re éd.) [graphies originales] « CHAPITRE XII. M. COLLÉ. » pp. 354-380

Le jeu, la jupe & l’amour des plaisirs Sont les ressorts que Cupidon emploie : De leur boutique il sort chez les François Plus de cocus, que du cheval de Troie Il ne sortit de héros autrefois. […] Le Comte de Gulphar, parent du Chevalier, a du goût pour la Dame : elle s’en apperçoit, lui écrit une lettre fort tendre, & lui donne un rendez-vous, en le priant de lui prêter deux cents louis qu’elle a perdus au jeu. […] Le Chevalier paroît, & lui assure que la Dame n’a point perdu au jeu.

67. (1863) Molière et la comédie italienne « Chapitre XIII. Retour de Molière à Paris » pp. 225-264

Ce n’était pas seulement le sujet qui était le plus souvent emprunté à l’Italie, c’était aussi la méthode, le jeu scénique. […] Molière déployait une verve endiablée dans ces jeux, qui, de son propre aveu, contribuèrent singulièrement à sa fortune. […] À en juger par cette image, le costume de Molière offrait une analogie frappante avec celui des premiers zanni : il a notamment la veste et le pantalon galonnés sur les coutures avec des lamelles d’étoffe, telles qu’on les voit sur l’habit du Scapin des Fedeli ; on croirait distinguer aussi une certaine similitude du geste, de l’attitude et du jeu comique.

68. (1772) De l’art de la comédie. Livre second. De ses différents genres (1re éd.) [graphies originales] « CHAPITRE XV. Pieces intriguées par une ressemblance. » pp. 176-191

Puisque la Nature se plaît à faire des ressemblances parfaites, pourquoi ne nous amuserions-nous pas de ses jeux ? […] Un Auteur doit s’appliquer à prouver au spectateur que la ressemblance qu’il va mettre en jeu pour l’amuser, peut être possible.

69. (1835) Mémoire pour servir à l’histoire de la société polie en France « Chapitre XIV » pp. 126-174

« Le plus beau quartier de la ville de Coquetterie est la grande place, qu’on peut dire vraiment royale 44… Elle est environnée d’une infinité de réduits, où se tiennent les plus notables assemblées de coquetterie, et qui sont autant de temples magnifiques consacrés aux nouvelles divinités du pays ; car, au milieu d’un grand nombre de portiques, vestibules, galeries, cellules et cabinets richement ornés, on trouve toujours un lieu respecté comme un sanctuaire, où sur un autel fait à la façon de ces lits sacrés des dieux du paganisme, on trouve une dame exposée aux yeux du public, quelquefois belle et toujours parée ; quelquefois noble et toujours vaine ; quelquefois sage et toujours suffisante ; et là, viennent à ses pieds les plus illustres de cette cour pour y brûler leur encens, offrir leurs vœux et solliciter la faveur envers l’amour coquet pour en obtenir l’entrée du palais de bonnes fortunes. » On lit dans un autre passage, que dans le royaume, « il n’est pas défendu aux belles de garder le lit, pourvu que ce soit pour tenir ruelle plus à son aise, diversifier son jeu, ou d’autres intérêts que l’expérience seule peut apprendre45 ». […]  » Ce que l’abbé d’Aubignac appelle tenir ruelle, est, comme nous l’avons vu, un moyen employé quelquefois par une précieuse coquette, pour diversifier son jeu ou d’autres intérêts que l’expérience seule peut apprendre. […] Molière, poète de la cour de Conti, avait donc beau jeu pour mettre sur le théâtre de Béziers sa comédie des Précieuses ridicules. […] On voit, dans les Mémoires de Bassompierre, que Henri IV, aidé par la goutte, jouait avec lui et d’autres courtisans, dans la ruelle à droite, et qu’il laissa son jeu pour donner audience à madame d’Angoulême et à Charlotte de Montmorency, dans la ruelle de la gauche.

70. (1852) Légendes françaises : Molière pp. 6-180

Ceux-ci s’étant bien divertis, ayant pris goût à ce jeu et se croyant devenus, en quelques mois, des acteurs consommés, s’imaginèrent de tirer profit et gloire de leurs représentations, et d’ouvrir leur théâtre au public. Le projet était sérieux, si sérieux, qu’ils s’établirent à grand bruit dans le jeu de paume de la Croix-Blanche au faubourg Saint-Germain, où les voilà jouant, tant bien que mal, les chefs-d’œuvre du temps. […] Au mois de mai suivant, il représente la Princesse d’Élide, pièce de circonstance, improvisée comme la précédente, par ordre du roi, pour le magnifique divertissement des Plaisirs de l’île enchantée, fêtes admirables qui durèrent sept jours, avec cavalcades, jeux, courses; le roi y remporta quatre prix. […] Il fut étonné, ravi plus que personne du jeu naïf de cet enfant; aussi, après la pièce, il le retint à souper, puis il envoya chercher son tailleur (car le pauvre enfant était fort mal accommodé), et lui fit faire un habit complet, en recommandant bien qu’il fût prêt pour le lendemain. […] Sa figure, son jeu, sa voix entrecoupée, sa toux même, dans les rôles de vieillard, ne se pouvaient oublier.

71. (1772) De l’art de la comédie. Livre quatrième. Des imitateurs modernes (1re éd.) [graphies originales] « CHAPITRE III. Dufresny imitateur comparé à Moliere, à Champmeslé, son Mariage fait & rompu comparé à l’histoire véritable du faux Martin-Guerre, & à la nature. » pp. 81-99

Il les disposoit & les colloit les unes auprès des autres, selon que le sujet le demandoit ; il lui arrivoit même de changer l’expression des têtes qui ne convenoient pas à son idée, en supprimant les yeux, la bouche, le nez & les autres parties du visage, & y en substituant d’autres qui étoient propres à exprimer la passion qu’il vouloit peindre : tant il étoit sûr du jeu de ces parties pour l’effet qu’il en attendoit. […] Ariste, le héros de cette comédie, lui ressemble beaucoup : c’est un misérable, sans mœurs, sans délicatesse, sans probité, qui se fait un jeu de nier les dépôts, qui paie ses dettes en jurant qu’il ne doit rien, qui veut séduire toutes les femmes.

72. (1886) Revue dramatique : Les Fâcheux, Psyché (Revue des deux mondes) pp. 457-466

A considérer l’ensemble de ces jeux, si ce n’est pas M. le duc de Saint-Aignan ou quelque autre gentilhomme de la chambre qu’on en reconnaît le maître, c’est Lulli. […] Psyché, seulement, passera-t-elle dans une barque ; et précédant des polichinelles et des matassins, deux satyres enlèveront-ils « Silène de dessus son âne, » qui leur servira pour « voltiger et former des jeux agréables et surprenans ? 

73. (1820) Notices des œuvres de Molière (V) : L’Amour médecin ; Le Misanthrope ; Le Médecin malgré lui ; Mélicerte ; La Pastorale comique pp. 75-436

Un procès pour vingt mille francs, une querelle pour un méchant sonnet, et une folle passion pour une coquette, voilà ce qui suffit pour mettre en mouvement la bile d’Alceste, et en jeu le caractère des autres personnages, en un mot, pour animer toutes les parties de cette grande composition. […] Ce qui n’est pas une conjecture, mais une certitude, c’est qu’une autre farce, attribuée à Molière, Le Médecin volant, lui a fourni, pour la même pièce, des scènes, des situations, des jeux de théâtre et des traits de dialogue. […] Jusqu’à la fin de cette année, les jeux et les fêtes de la cour furent suspendus.

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